2020 05 AN II
- Écrit par BRUYERE
éDITORIAL
|
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le début du « déconfinement » est organisé par les autorités de l’Etat, dans une atmosphère étrange où les millions de Français confinés caressent l’espoir de retrouver une vie normale mais éprouvent aussi la crainte d’avoir à affronter une situation où les conditions de sécurité ne seraient pas assurées.
Cette méfiance s’explique assez par l’expérience vécue au cours de printemps 2020, sans masques de protection ni organisation massive de dépistages réputés « inutiles » du seul fait …qu’on n’avait pas le matériel nécessaire ! Quant à la situation des services de santé, on s’avise un peu tard que la mise en coupe réglée du système hospitalier était grosse d’une catastrophe prévisible. La résistance obstinée des personnels de santé et en particulier des urgentistes n’ayant pas suffi à faire reculer la technocratie dirigeante, on s’est retrouvé avec des services débordés, des personnels épuisés, des patients à traiter selon des priorités de moins en moins médicales. Ajoutons la mortalité en EHPAD est encore très loin d’être connue, et qu’elle est manifestement sous-évaluée.
Toutes ces questions devront trouver une réponse, et les personnels de santé s’y préparent. Ils ont même déjà commencé, si l’on en juge par les prises de position, pétitions en ligne, courriers, motions syndicales dont il ne nous appartient pas de faire le compte. Du reste ce sont les médecins et les soignants qui en parlent le mieux.
C’est une certitude : rien ne sera plus comme avant. Et il ne s’agira pas seulement de « gestes-barrières », mais des questions politiques les plus cruciales. Pour ne prendre qu’un seul exemple : que restera-t-il de l’Europe de Maastricht ? Le respect des « critères de convergence » a volé en éclats face à la crise sanitaire ; et Bruxelles s’est trouvée devant le fait accompli.
Les étudiants dont on supprimait les APL, les retraités dont la modeste pension était grevée par la CSG, les « Gilets jaunes » renvoyés à leur insuffisance en culture économique, les manifestants contre la remise en cause du système des retraites, tout ce « petit » monde découvre avec consternation que l’argent existe, par milliards, dès qu’il s’agit de sauver l’entreprise libérale. Et ils s’en souviendront.
Le journal patronal « les Echos » écrivait le 21 avril : « Le déconfinement progressif qui se fait jour dans la plupart des pays du monde pourrait relancer les mouvements de protestation : troubles sociaux, manifestations violentes, révoltes, voire révolution. » D’une certaine façon, nous partageons la même analyse.
Le rôle de la Libre Pensée n’est pas de se substituer aux syndicats ni aux partis. En revanche, si l’élaboration de programmes sociaux n’est pas notre affaire, il nous importe beaucoup que toute forme d’organisation sociale se fasse sur les principes qui garantissent la laïcité, la liberté de conscience, les droits et libertés individuels et collectifs, le libre choix du citoyen formé à l’école de la République. Nous en en sommes assez loin, quand on voit les mesures d’exception se multiplier, et pas seulement depuis la crise sanitaire.
Au fait : c’est bien beau de réfléchir aux sociétés à venir. Mais aux dernières nouvelles ? M. Emmanuel Macron est toujours président, et il n’a sûrement pas renoncé à dénaturer la loi de 1905.
Commençons donc par là. Car très vite nous devrons être prêts avec tous les laïques pour dire : « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! »
P.G.
BOB DEVILLE
COMMUNIQUE DU 24 MARS 2020
EN HOMMAGE AU MILITANT LAÏQUE BOB DEVILLE
Le Bureau de la Libre Pensée du Rhône a appris avec une grande tristesse la disparition de Robert, dit « Bob » Deville, à l’âge de 90 ans.
Elle présente ses plus sincères condoléances à son épouse Elise, à sa famille et à ses proches.
Pour la Libre Pensée comme pour tous les laïques et les militants de l’Education, le nom de Bob Deville signifiait beaucoup de choses : un engagement de chaque instant au service l’école publique et laïque, un engagement concret de chaque jour qu’il a assumé comme principal de collège dans son village de Villié-Morgon, puis à la direction de la fédération du Rhône des Œuvres laïques, pendant 21 ans, de 1984 à 2005.
On lui doit la création du centre de vacances UFOVAL de Lépin-le Lac en Savoie, fermé en 2005 mais qui a marqué des générations d’enfants pendant un demi-siècle. Donner du bonheur à tous, et donc aux moins fortunés, par la promotion d’un tourisme social, voilà ce qui le motivait.
C’est ce même souci humaniste qui lui faisait dire, au moment de quitter la présidence de la F.O.L. :
« Enseigner, éduquer, c’est permettre de construire des hommes et des femmes différents, mais qui se respectent. A une condition, ne pas avoir d’un côté l’école Sainte-Marie, et de l’autre l’école-ghetto des petits Maghrébins. »
Bob Deville était attaché viscéralement aux principes de laïcité. Il a témoigné de sa vie professionnelle et militante dans un « récit » au titre éloquent : « L’Ecole au cœur » où l’on comprend ce qu’a été le dévouement pour l’école publique de ces instituteurs issus des Ecoles Normales honnies par le Régime de Vichy.
Bob faisait volontiers confidence d’un certain désenchantement politique : jamais il n’a oublié les 11 millions de signatures en 1960 pour l’abrogation de la loi Debré et le « serment solennel » de Vincennes « de lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ».
La trahison laïque de la gauche au pouvoir après mai 81 l’a profondément touché.
Mais Bob ne s’est jamais non plus découragé. Nous avons trouvé en lui un allié sûr, engagé et généreux dans les affaires Bissuel ou Sant ’Egidio, cadeaux offerts aux Eglises et aux cléricaux.
Car Bob était aussi attaché la justice sociale qu’à la liberté de conscience.
Récemment encore, il s’élevait contre l’organisation de la messe et l’installation d’un local paroissial à l’intérieur du bâtiment de la mairie de Vauxrenard, de plain-pied avec l’école communale.
Nous nous souvenons aussi qu’il participait régulièrement aux cérémonies pacifistes organisées autour du monument de Villié-Morgon. Il se proposait même de présider une réunion publique à l’initiative de l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône en 2020, pour présenter le livre sur le monument de Chauny en mémoire des « Fusillés pour l’exemple » de la 1ère guerre mondiale. Il ne sera plus là, mais ce qu’il aurait souhaité sera réalisé.
Qui je suis et d’où je parle ?
Le texte ci-dessous reproduit la 1ère partie de l’intervention de Bob Deville au colloque organisé par la FNEC – Fo le samedi 1er octobre 2011 « Un Combat pour l’Ecole » :
« Je suis un maître d’école retraité. Je suis entré en fonction au lendemain de la guerre de 40, un peu après la Libération, avec, dans ma tête, dans mon cœur et dans ma chair, le souvenir cuisant des restrictions, des bombardements, de la peur d’un occupant agressif, et des arrestations inopinées d’inconnus, d’amis, ou de proches…
Je suis un enseignant d’une autre génération, mais qui a vécu intensément, à différents moments de l’histoire, de grandes et belles luttes pour défendre l’Ecole, l’Ecole publique, l’Ecole de la république, ouverte à tous, sans aucune distinction.
Des luttes qui marquent et qui comptent par l’importance numérique des manifestations qu’elles ont générées :
Comme celle de 1959-1960 à partir et contre la loi Debré, et qui fut marquée par l’inoubliable Dimanche 19 juin 1960 où, avec les 25 000 délégués réunis au parc des expositions de la Porte de Versailles, nous portions les cahiers débordants des 10 813 697 signatures de pétitionnaires hostiles à la loi de division, inoubliable dimanche où nous avons prêté solennellement serment de fidélité à l’école de la République !
Comme celle du 20 novembre 1983, à Yssingeaux, en Haute-Loire. Yssingeaux sans lycée public, Yssingeaux dont l’arrondissement ne comptait, cependant, pas moins de 5 lycées privés… et où nous fûmes 35 000 manifestants !
Ou celle de janvier 1994 contre le projet Bayrou, qui visait à modifier la loi Falloux et apporter une nouvelle aide financière à l’enseignement privé.
Ce 16 janvier 1994 fut une immense manifestation citoyenne, joyeuse et bon enfant, mais ferme et claire, une manifestation qui a stimulé la confiance des laïques de ce pays qui, au-delà des structures traditionnelles des partis, des syndicats et des organisations, ont voulu rappeler qu’il ne faut pas toucher aux valeurs-références de la République, dont la plus précieuse, parce que la plus porteuse d’espérance est l’école, l’école laïque !
Enthousiaste, partout je répétais alors : La laïcité, c’est comme l’oxygène dans l’air… dès qu’on en manque, les Français réagissent !
En 1984, j’ai été élu Président actif de la FOL du Rhône, et pendant vingt-deux années, préoccupé par l’éducation populaire dans ce magnifique réseau de près d’un millier d’associations laïques conduisant dans le Rhône une multitude d’actions sportives, culturelles et de loisirs, en direction des jeunes, en direction des citoyennes et des citoyens, dans chaque quartier, dans chaque village…
C’est dire que j’ai consacré ma vie toute entière à un généreux militantisme, au service de l’instruction et de l’éducation dans l’école, et au-delà, au service de l’éducation populaire.
Deux mots encore, pour dire que j’ai été profondément marqué, dans mon jeune temps, par le régime de l’Etat français du Maréchal Pétain, avec son salut aux couleurs du lundi matin où, l’on faisait chanter aux petits écoliers que nous étions, Maréchal nous voilà et un refrain édulcoré de la Marseillaise… le refrain préféré du Maréchal, Amour sacré de la Patrie !
Comme m’ont marqué les exactions de la milice, et la propagande de cette triste période au cours de laquelle, je le rappelle, la Ligue de l’enseignement, et donc la Fol du Rhône, furent interdites…
Aussi, dès mon entrée à l’Ecole normale d’instituteurs, en 1946, ai-je épousé, pour la vie, la conviction que la laïcité est l’une des plus précieuses valeurs républicaines, porteuse d’un ambitieux projet humaniste et émancipateur, indispensable à la construction du vivre ensemble dont notre société avait déjà besoin… et depuis…, je n’ai jamais cessé de promouvoir et de défendre la laïcité ! »
à propos de l’affaire preynat
COMMUNIQUÉ Lyon, le 20 avril 2020
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée a pris connaissance de l’appel interjeté par l’ancien prêtre Bernard Preynat qui aboutit pour ce prédateur sexuel à une impunité de fait. La libération de Bernard Preynat intervient à l’issue d’une longue procédure, retardée et entravée par la hiérarchie catholique depuis des décennies et à tous les niveaux.
Le « cas » Preynat aurait dû être réglé depuis des décennies, ce qui aurait épargné des souffrances indicibles à tant de victimes, qui en subissent les conséquences encore à l’âge adulte. Par « hiérarchie catholique » nous entendons les archevêques qui se sont succédés à Lyon depuis les années 60, tous cardinaux et primats des Gaules : Renard, Decourtray, Balland, Billé, Barbarin. En somme, le gratin du gratin.
C’est aussi le Vatican, d’où viennent les directives. Mais le cardinal Ferrer, son représentant mis en cause par Barbarin et cité à son procès, a tout fait pour échapper à ses responsabilités. Comme nous l’expliquait François Devaux, président de l’association « la Parole libérée » :
« Il y a eu 3 tentatives pour lui faire remettre une citation à comparaître. La seconde a nécessité de faire traduire et certifier conforme la citation à comparaître en espagnol et italien, je vous laisse imaginer le coût de ces 70 pages. Pour la 3ème on a fait appel à la valise diplomatique car le Vatican est un état. Mais comme Ferrer n’a pas signé l’avis de réception de la requête, la justice française ne peut pas statuer. »
L'association « La Parole libérée » a été créée en décembre 2015 à l'initiative de victimes du prêtre dans les années 80. Elle a rendu le dossier public le dossier et accusé les évêques successifs du prêtre de ne pas avoir pris de mesure immédiate. Après un an de fonctionnement l'association a dénombré 400 personnes victimes d'actes de pédophilie.
Son président, M. Devaux, nous déclarait aussi : « C’est Barbarin qui est au cœur de ce qui nous intéresse, car il représente le système, au-delà des délits de Preynat. » Nous sommes totalement d’accord.
Aux yeux de la libre Pensée, ce système comprend la concussion anti-laïque institutionnalisée à Lyon, avec les subventions au culte catholique et au « dialogue inter-religieux », la promotion du culte marial lors du 8 décembre ou à l’occasion du Vœu des Echevins. Comme on est entre amis, les élus locaux, à commencer par le maire Gérard Collomb, n’ont eu cesse d’accorder leur soutien à l’Eglise et à M. Barbarin en particulier.
M. Collomb était clair à ce sujet, au micro de Jean-Jacques Bourdin. C’était en mai 2016 :
« Je comprends évidemment qu’il y ait eu ces victimes de la part de l’Eglise catholique, ça je condamne totalement. Mais pour connaître Barbarin, ce n’est pas quelqu’un qui cherche à cacher les choses. Je pense qu’il essaie de mettre de l’ordre dans sa maison. C’est peut-être pour cela d’ailleurs que le Pape dernièrement l’a défendu avec autant de vigueur. »
DERRIÈRE PREYNAT : BARBARIN ; ET DERRIÈRE BARBARIN : LE VATICAN.
LA LIBRE PENSÉE DU RHONE EST CONSCIENTE QUE TOUT CELA FAIT SYSTEME, STRUCTURE SUR LES CINQ CONTINENTS.
C’est pourquoi elle livre à la réflexion de chacun cet extrait du blog de Keith Porteous Wood, porte-parole de l’Association Internationale des libres Penseurs et son rapporteur sur les affaires de pédophilie dans l’Église
LIBRE PENSÉE/Association Internationale de la Libre Pensée L’IMPUNITÉ DES ECCLÉSIASTIQUES DEVANT LA LOI UN BLOG DE KEITH PORTEOUS WOOD (*)
Pourquoi les institutions françaises tolèrent-elles et facilitent-elles les actes pédophiles ?
Au mois de mars, un tribunal de Lyon a libéré Bernard Preynat bien que l'ancien prêtre ait été reconnu coupable de violences sexuelles à grande échelle sur des mineurs pendant des décennies.
Preynat avait été condamné à cinq ans de prison mais n'a pas été incarcéré, en attente d'un appel.
85 victimes ont témoigné au cours du procès. Preynat lui-même a admis avoir agressé et abusé sexuellement d'enfants depuis les années 1960 ; on pense que ceux-ci sont au nombre de 2 000.
Malheureusement, la plupart de ces crimes tombent sous le coup du délai de prescription étonnamment court en France. Néanmoins, la peine équivaut à un seul jour de prison pour chacune de ses victimes.
La peine était inférieure au minimum de huit ans recommandés par le procureur.
Même huit ans semblent une peine légère pour un pédophile à une telle échelle qui n'a montré aucun remord pour ses crimes. La plupart des victimes étaient des scouts.
En plus d'abuser de la confiance que l’institution religieuse lui accordait en tant que prêtre, Preynat a abusé de la confiance qu'on lui accordait en tant que chef scout. Il avait des amis haut placés. Il a été protégé par cinq cardinaux archevêques de Lyon successifs : Renard, Decourtray, Balland, Billé et Barbarin.
L'affaire Preynat est devenue célèbre lorsque le cardinal Barbarin a été reconnu coupable de ne pas avoir signalé aux autorités les sévices infligés aux enfants par le prêtre, à l’encontre des lois françaises sur l’obligation de signalement.
Preynat a déclaré au tribunal qu’il avait reconnu ses crimes devant Barbarin en 2010 et 2014.
Cependant, Preynat n'a été défroqué qu'en 2019, plus d'un demi-siècle après que l'Eglise ait appris qu'il abusait sexuellement d'enfants. Le cardinal Barbarin est impénitent sur ce point et sur ses propres échecs à dénoncer Preynat, se considérant comme une victime parce que ses manquements ont détruit sa réputation.
Le ministère public avait refusé de traduire Preynat en justice, obligeant ses victimes à engager des poursuites privées qui ont abouti à un verdict de culpabilité. La condamnation de Barbarin a été annulée en appel, mais les victimes de Preynat font appel de cette décision devant la plus haute juridiction française.
Le puissant film-documentaire sur la lutte des plaignants pour la justice, “Grâce à Dieu”, a provoqué une tempête en France. Le titre est tiré de la remarque de Barbarin aux journalistes choqués : "Par la grâce de Dieu, la plupart des délits sont couverts par la prescription".
De nombreux Français et les victimes elles-mêmes se sentent totalement abandonnés par le système judiciaire français. Certains experts estiment que Preynat, qui a 74 ans, pourrait arriver au bout de sa vie sans avoir purgé une seule journée de prison. La remise en liberté d'un prédateur pédophile aussi dangereux dans l'attente de son appel, qui pourrait prendre des années, est une insulte supplémentaire aux victimes et aux citoyens concernés.
L'affaire Preynat-Barbarin n'est qu'une facette d'un énorme problème. Une enquête de la télévision française a révélé que 25 évêques catholiques ont protégé 32 religieux ayant abusé d'enfants en France au cours du dernier demi-siècle. Certains d’entre eux ont été déplacés dans d'autres paroisses ou même à l'étranger, une stratégie Classique de l'Église catholique.
Quatre de ces évêques sont toujours en fonction et Barbarin n'a démissionné que récemment face à la pression de l'opinion publique et des médias. Aucun d'entre eux n'a été inculpé, et encore moins emprisonné pour avoir bafoué les lois sur l’obligation de signalement par un système judiciaire qui semble ne voir aucun problème à remettre en liberté un prédateur condamné aussi dangereux que Preynat.
L'actuel évêque de Bayeux et ses deux prédécesseurs n'ont pas dénoncé le prêtre Roger Matassoli, accusé de multiples crimes sexuels contre des enfants sur six décennies.
Des sources au sein de la police française ont affirmé que Matassoli avait été protégé. La liste des 25 évêques n'est pas complète ; elle exclut, par exemple, l'évêque de Bayeux.
Et son absence de signalement n'a été révélée qu'en raison de la publicité faite autour du meurtre de Matassoli à la fin de l'année 2019. Le meurtrier présumé affirme que Matassoli a abusé de lui et de son père avant lui et que son grand-père s'est suicidé en apprenant cela. Le suspect a été décrit comme ayant des problèmes mentaux et est actuellement détenu dans un hôpital de la prison.
Si les évêques avaient obéi aux lois sur le signalement obligatoire, les victimes de Matassoli auraient peut-être été épargnées, deux personnes ne seraient pas mortes et un jeune homme ne serait pas confronté à la perspective de vivre dans un asile de prisonniers.
Certains observateurs affirment que sa santé mentale n'est peut-être même pas en cause.
Cela m'amène à la complicité du Saint-Siège (Vatican) au plus haut niveau. Le Comité des droits de l'enfant a vivement critiqué le Saint-Siège en 2014 à propos des "prêtres qui ont été félicités pour avoir refusé de dénoncer les abuseurs d'enfants", en référence à une lettre de 2001 accréditée par le Pape Jean-Paul II.
Des fonctionnaires et des organismes haut placés du Vatican ont activement encouragé la désobéissance aux lois françaises exigeant, entre autres, le signalement des abuseurs présumés.
En 2015, le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi du Saint-Siège a conseillé au Cardinal Barbarin "d'éviter le scandale", au mépris des lois françaises sur le signalement obligatoire, conseil que Barbarin semble avoir suivi avec enthousiasme. Le fait de ne pas signaler un cas de maltraitance d'enfant n'est pas un crime sans victime. Comme le montrent de nombreux documents, de tels manquements ont permis d'autres abus, souvent sur plusieurs décennies, ruinant d'innombrables vies avec un coût énorme pour la société à différents niveaux.
Les citoyens français ont peut-être besoin d'ouvrir un débat sur le maintien du pouvoir de l'Église catholique en France malgré la prétendue laïcité républicaine que de nombreux politiciens invoquent lorsqu'ils veulent se permettre d'interdire le voile du visage et les prières publiques pour les musulmans.
La République française semble certainement être revenue à l'époque prérévolutionnaire où les princes de l'Église et leurs prêtres pouvaient impunément bafouer le droit civil. Tout le monde devrait être égal devant la loi et j'encourage tout le monde, y compris les médias, à attirer l'attention sur tout favoritisme et exceptionnalisme qui profite aux sectes religieuses et leur permet d'agir en dehors de la loi.
Je demande instamment une réforme majeure de la législation sur le signalement obligatoire en France afin de renforcer les sanctions en cas de non signalement des abus commis sur des enfants dans des institutions, y compris les écoles religieuses, les unités de scoutisme et d'autres organismes et, en attendant, la pression publique sur les autorités pour qu'elles appliquent et fassent respecter les lois existantes.
Les lois de prescription de ces crimes doivent être révisées pour tenir compte du fait qu'il faut en moyenne 33 ans aux victimes d'abus pour se manifester et parler de ce qu'elles ont enduré dans leur enfance.
La protection de ceux qui dénoncent ces crimes est également essentielle.
Toutes ces réformes sont recommandées par le groupe de pression MandateNow (**) !
L'application et l'exécution des lois existantes et la réforme de ces lois sont nécessaires pour assurer la conformité de la loi française avec l'article 19 de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, qui vise à "... protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, y compris les abus sexuels".
(*) Keith Porteous Wood est l’un des porte-parole de l’Association Internationale de la Libre Pensée, en charge de la campagne contre les crimes sexuels des Eglises. (**) www.mandatenow.org.uk
aumôneries
AUMÔNIERS, AUMÔNERIES
À L’HÔPITAL ET EN EHPAD PUBLICS
La question des aumôneries dans les hôpitaux : quelles dispositions légales et réglementaires essentielles ?
La loi de 1905 de sur la Séparation des Eglises et de l’Etat a posé : (1).
Dans ans son Article 1 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » et dans son article 2 :
« La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites aux budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons ». Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3. »
C’est à ce titre qu’il appartient aux établissements relevant du titre IV du statut général des fonctionnaires (2) d’assurer le fonctionnement d’un service d’aumônerie destiné à répondre aux besoins spirituels des patients ou résidents qu’ils accueillent.
Au terme de la circulaire du 20 décembre 2006 (3) : « des services d’aumônerie, au sens de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905, peuvent être mis en place pour chaque culte qui le demande, en fonction des besoins exprimés ou recensés par l’établissement hospitalier, social ou médico-social concerné. Quel que soit le culte auquel ils appartiennent, les aumôniers sont recrutés ou autorisés par les chefs d’établissement sur proposition des autorités cultuelles dont ils relèvent en fonction de leur organisation interne : évêchés, consistoires israélites central, régionaux ou locaux, aumônier national hospitalier du conseil français du culte musulman ou des conseils régionaux du culte musulman et commissions nationale ou régionale des aumôneries des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux de la fédération protestante de France ou présidents des Conseils régionaux de l’église réformée de France, etc. En l’absence d’autorité cultuelle clairement identifiée, il ne peut être donné droit à une demande de mise en place d’un service d’aumônerie. »
Nous traiterons plus loin des particularités relatives aux établissements sociaux et médico-sociaux.
C’est aux aumôniers des établissements de santé mentionnés à l’article 2 de la loi du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière (4), qu’incombe la charge d’assurer, dans ces établissements, le service du culte qu’ils représentent et d’assister les patients et leur famille qui en font la demande ou ceux qui, lors de leur admission, ont déclaré appartenir à tel ou tel culte.
Quel que soit le culte auquel ils appartiennent, les aumôniers sont recrutés en qualité d’agents contractuels ou autorisés en tant que bénévoles par les chefs d’établissement, sur proposition des autorités cultuelles dont ils relèvent en fonction de leur organisation interne.
Les aumôniers doivent pouvoir disposer d’un local de permanence pour recevoir à proximité du lieu réservé au recueillement. Les cultes sont célébrés au sein des établissements soit dans un lieu de culte existant, lorsqu’il s’en trouve un dans l’enceinte de l’établissement, soit dans une salle rendue disponible à cet effet.
Il est possible de prévoir une salle polyvalente, partagée entre différentes aumôneries, dès lors qu’il y a accord entre les aumôniers de différents cultes. Ces obligations doivent cependant être conciliées tant avec les exigences du service hospitalier qu’avec les possibilités de l’établissement. Les directions veilleront particulièrement à la bonne signalisation de ces locaux et à ce que les personnes ou les résidents disposent d’une information claire sur les différents services d’aumônerie de l’établissement.
Dans chaque établissement, conformément à la circulaire du 5 septembre 2011 (5), un référent chargé du service des aumôneries hospitalières est désigné. Il est l’interlocuteur privilégié des représentants des différents cultes et doit faciliter les relations entre les aumôniers, les services et les usagers de l’hôpital. Il est chargé d’organiser l’information des patients et de leur famille, dès l’admission et tout au long du séjour, sur la possibilité de faire appel à un ministre du culte de leur choix. Il est chargé de rédiger le projet de service des aumôneries, qui doit chercher avec les différentes obédiences, la meilleure prise en compte des convictions des uns et des autres. Il doit rédiger le rapport d’activité du service des aumôneries.
La Fédération nationale de la Libre Pensée a dénoncé dès le premier jour pour ce qu’elle est, cette circulaire du 5 septembre 2011 et la Charte nationale des aumôneries qui lui est annexée : une circulaire, qui autant par son contenu et sa méthode est profondément anti laïque, élaborée en partenariat avec les chefs religieux.
Qu’on en juge : les aumôniers ont la charge d’assister les patients qui en font la demande (rien de plus normal), mais aussi : « ou ceux qui, lors de leur admission, ont déclaré appartenir à tel ou tel culte. »
Ce qui enclenche le mécanisme suivant : vous déclarez être de telle religion, automatiquement on vous remet entre les mains de tel religieux. C’est du pur communautarisme : la volonté librement exprimée du citoyen, croyant ou non est limitée, sinon abolie par une déclaration d’ordre général. Nombreux sont les patients qui déclarent une religion et qui n’acceptent pas pour autant d’être dérangés dans leur chambre par tel ou tel, fut-il de la religion en question.
À supposer qu’il soit légal d’interroger les patients et donc de les ficher sur leur appartenance religieuse.
Ajoutons, après expérience personnelle, que les représentants des aumôneries ne se gênent pas, quelquefois et tant qu’il n’y a pas un rappel à la loi, de circuler dans les couloirs des hôpitaux pour aller proposer leur service aux malades dans les chambres sans que ces derniers les aient sollicités. Il arrive que le(a) représentant(e) de l’aumônerie et le(a) bibliothécaire proposant, dans les chambres des livres et revues au hospitalisés, soit une seule et même personne installant une confusion sur laquelle il est facile de jouer.
Plus grave encore, « les aumôniers éclairent, le cas échéant, l’équipe médicale et soignante sur les implications que peuvent avoir certaines de leurs décisions au regard des convictions et pratiques religieuses des patients. » Que les aumôniers « éclairent » les équipes, voilà qui est tout à fait inacceptable.
C’est au patient et à lui seul, (par directives anticipées ou par personne de confiance interposée, le cas échéant) qu’il revient de donner ou pas un consentement libre et éclairé aux soins !
Ce principe fondamental de liberté individuelle pour le patient et d’éthique professionnelle pour les équipes ne peut ni ne doit être remis en question. Pur communautarisme encore le fait de prétendre que le chef religieux parle « de droit » au nom du citoyen réduit ici à n’être que le fidèle soumis aux dogmes.
Ce n’est pas un détail non plus qu’un fonctionnaire hospitalier, désigné comme « référent du service des aumôneries », soit chargé de rédiger le « projet de service » et le « rapport d’activité » du service des aumôneries, comme s’il s’agissait d’un service hospitalier participant à la prise en charge des malades et non plus comme une simple possibilité offerte par la Loi de Séparation au citoyen qui voudrait à titre personnel pratiquer le culte de son choix durant une période d’hospitalisation.
La Libre Pensée rappelle qu’elle a demandé, dès sa parution, l’abrogation de cette circulaire du 5 septembre 2011, qui à ce jour ne l’est toujours pas.
La Libre Pensée rappelle également que l’intervention d’un représentant d’une religion auprès d’un patient ne peut, en tout état de cause, se faire qu’à la demande exclusive du patient.
L’application de la loi de 1905 dans les Etablissements d’Hébergement des Personnes ÂGÉES Dépendantes publics (EHPAD) : quelles dispositions légales et réglementaires essentielles ?
Les EHPAD sont régis par le code de l'action sociale et des familles.
Ils constituent la catégorie d'établissements mentionnés au 6° de l'article L. 312-1 du CFAS (6).
En général, les EHPAD sont dotés de la personnalité morale (ils sont autonomes), parfois publique, en majorité privés. Ils peuvent être annexé à un Etablissement Public de Santé ou dépendre service municipal. Bien sûr, et quelle que soit la nature de la personnalité du gestionnaire de l'EHPAD, les personnes qui y sont admises disposent de l'intégralité des droits et libertés fondamentales (sous réserve de curatelle, curatelle renforcée ou tutelle), conformément à l'article L. 311-3 du CFAS qui garantit notamment le respect de leur vie privée.
Par conséquent, outre ce que nous avons pu écrire concernant les personnes hospitalisées, les résidents d’un EHPAD, public (ou privé) peuvent manifester leur appartenance religieuse :
- Dans le cadre entièrement privatif de leur chambre
- Mais aussi dans celui des parties communes, de même que chacun est libre d'exhiber une belle croix romaine dans le hall de son immeuble.
- Ils sont également fondés à recevoir un ministre du culte de leur choix ou à se rendre à un office religieux de son choix et s’ils ne peuvent se déplacer, celui doit être organisé au sein de l’établissement.
Il sera utile d’examiner d’autres aspects de l’application de la laïcité dans les établissements hospitaliers publics et les EHPAD publics, comme :
- La situation des patients, des visiteurs, au regard de la Laïcité, c’est-à-dire de la liberté de conscience, à l’Hôpital comme en EHPAD, au regard des droits et libertés de choix des patients, des résidents, au regard de l’alimentation, du traitement, du choix du médecin, de la pratique éventuelle d’un culte ;
- Les droits et devoirs des personnels.
J’attire l’attention sur le paragraphe 7 des points d’alerte de l’avis du 30 mars du Conseil scientifique placé auprès du Président de la République pendant la crise sanitaire pris au mépris de la loi de 1905 et de l’obligation de neutralité de l’Etat en matière religieuse et, qui ne peut que conforter la Libre Pensée dans son opposition la circulaire du 5 septembre 2011 et son incitation à engager ses adhérents à faire remonter tous les cas de violations de la laïcité qui viendraient à leur connaissance et à multiplier les initiatives pour son abrogation:
« 7. Accompagnement spirituel. En termes de santé publique, le « soin pastoral » est également essentiel dans toute réponse à une crise épidémique. Le Conseil scientifique recommande de soutenir l’initiative des principaux représentants des communautés religieuses pour la création d’une permanence téléphonique nationale. Cette permanence prendrait la forme d’accompagnement spirituel et bénéficierait d’écoutants sélectionnés, proposés et pris en charge par chacun des cultes, qui sont disposés à les mettre à disposition dans les plus brefs délais. Les écoutants, qui répondront dans une démarche inter-cultes, pourront orienter ceux qui le souhaitent vers des personnes désignées par chaque culte pour répondre à leurs besoins spécifiques. Le Conseil scientifique souhaite attirer l’attention sur la nécessité d’accompagner les initiatives actuelles notamment de création d’une permanence téléphonique nationale d’accompagnement spirituel inter-cultes. »
La Libre Pensée n’entend pas renoncer au combat pour le retour au respect intégral de la Loi de Séparation de l’État et des Cultes de 1905, telle qu’elle fut votée par la majorité républicaine de l’époque.
Xavier Hyvert.
- (1) Légifrance - Version en vigueur au 23 avril 2020.
- (2) Légifrance -Loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière. Version en vigueur au 23 avril 2020
- (3) Légifrance - Circulaire DHOS/P1 n° 2006-538 du 20 décembre 2006 relative aux aumôniers des établissements mentionnés à l’article 2 de la loi no 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière.
- (4) Légifrance - Loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière. Version en vigueur au 23 avril 2020
- (5) Légifrance – Circulaire n° DGOS/RH4/2011/356 du 5 septembre 2011 relative à la charte des aumôneries dans les établissements mentionnés à l'article 2 de la loi 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière.
- (6) Légifrance - Code de l'action sociale et des familles – Version en vigueur au 23 avril 2020 - Section 1 : Etablissements et services sociaux et médico-sociaux - Article 312-1- I.-
Libres propos, libres pensées
Comment Taïwan a contenu le Coronavirus
On peut sans conteste juger du degré de civilisation d'un État à la façon dont il traite, respecte, écoute et protège sa population. Et on peut aussi faire des comparaisons... RJ
Interviewé le 3 avril 2020 par Amy Goodman (Democracy Now! New York), le Dr Jason Wang, directeur du Centre pour Politiques, Conséquences et Prévention de l'Université Stanford (Silicon Valley, Californie) décrit les mesures prises par le gouvernement taiwanais.
En dépit de la faible distance (160 km) de la Chine continentale, avec des vols réguliers de et vers Wuhan, Taiwan a réussi à contenir la propagation du Covid19 par une action précoce et des mesures énergiques, telles que l'accroissement immédiat et spectaculaire de la production d'équipements médicaux et un suivi avancé des citoyens détectés et assignés à quarantaine, démontrant que gouverner ne se résume pas à interdire.
Voici une synthèse des propos du Dr Jason Wang sur les mesures prises à Taïwan
- Fin 2019, dès les premières rumeurs de nouveau Coronavirus, le gouvernement taiwanais a envoyé aussitôt des médecins de son Centre de Contrôle et Prévention des Maladies (CDC) pour enquêter à Wuhan.
- Ils ont constaté que cela pouvait mener à une nouvelle épidémie et même une pandémie. Ils ont immédiatement décrété un niveau de vigilance élevée, comportant une campagne de dépistage massif.
- Dès le 1er janvier 2020, ils ont commencé à monter dans les avions arrivant de Wuhan pour inspecter tous les signes et symptômes sur les passagers et vérifier s'ils avaient de la fièvre et des symptômes respiratoires.
- Ils ont ainsi pu trier à l'intérieur même de l'aéroport tous les passagers avant leur sortie, plaçant les passagers malades en secteur 3 (confiné). Puis ils ont stoppé tous les vols venant de Wuhan et activé l'alerte de niveau 3.
- Il a été imposé à tous les passagers passés par le secteur 3 de subir une quarantaine de 14 jours, pendant lesquels le gouvernement leur a procuré nourriture et contrôle médical trois fois par jour. (NdR : Selon le vice-président Chen Chien-jen, un épidémiologiste et ancien ministre de la Santé, initiateur de la stratégie taïwanaise, la quarantaine à impliqué 50 à 60.000 personnes revenues de l'étranger.)
- Si une personne décidait de rompre la quarantaine, il lui serait infligé une grosse amende.
- Si leur état empirait, le gouvernement les dirigeait par un cheminement médical spécial, loin des grands hôpitaux pour les amener dans un hôpital spécial pour états fiévreux.
- Puis ils ont intégré leur programme d'Assurance Santé Nationale à la base de données du programme d'immigration et des douanes, mais (pour protéger les données privées), seulement pour les 14 derniers jours.
- Ainsi, si un médecin doit voir un patient et constate (par son accès aux données croisées) qu'il a été à Wuhan dans les derniers 14 jours, il s'assure que lui-même et les soignants soient équipés des vêtements de protection appropriés pour procéder aux tests, ce qui permit à tous les employés de santé en première ligne d'être protégés.
- Ils ont fait dès janvier 2020 un rapide inventaire de tous leurs stocks disponibles en équipements médicaux : il y avait 44 millions de masques chirurgicaux disponibles, soit presque deux masques par personne.
- Ils ont décrété la fin immédiate des exportations de masques afin de pourvoir leur population en priorité.
- Ils ont aussitôt interdit à tous les fabricants des trois couches des textiles nécessaires pour la confection d'un masque d'en vendre, afin de les réserver à la fabrication locale.
- Ils ont établi 60 lignes de productions de masques. En trois semaines la production est passée de 2 millions à 12 millions par jour et ils ont pu faire des donations de masques à l'UE et aux USA.
- Le gouvernement s'est préoccupé d'équiper en priorité tous les professionnels de santé en 1ère ligne en équipements spéciaux PPE (Personal Protective Equipment).
- Ils ont interdit de stocker à titre personnel ou spéculatif tous les équipements de protection : pour obtenir des masques il faut obligatoirement présenter sa carte de Sécurité Sociale.
- Chaque citoyen normal peut obtenir 10 masques par semaine. Il peut ainsi en changer et continuer à aller à l'école, travailler, prendre le métro, mener une vie normale et non confinée.
- Le gouvernement a misé sur le dépistage précoce, l'information, l'éducation et le civisme des citoyens. Il insiste massivement depuis le début de la pandémie sur la nécessité absolue de l'hygiène des mains, du port du masque et de rester strictement à la maison si l'on est assigné à quarantaine suite à des tests positifs.
- Dès le début le gouvernement a utilisé des méthodes qui lui ont été reprochées en Occident (la paille et la très grosse poutre…) car jugées invasives et liberticides (suivi des personnes en quarantaine par GPS/Bluetooth) pour contrôler le respect absolu de la quarantaine pour ceux qui y sont astreints, mais selon le Dr Wang ceci est de moins en moins nécessaire, car cette règle est très largement respectée.
- Ce pouvoir spécial de surveiller de près les gens contaminés a été accordé au gouvernement grâce à un pacte transpartisan démocratique unanimement accepté et de façon provisoire et exceptionnelle, qui ne pourra en aucun cas être prorogé au-delà de la crise, étant ainsi largement accepté par la population.
- Jason Wang termine en disant que si le gouvernement n'avait pas eu le support massif du public, il n'aurait pu agir et cela se traduit par un taux de 90% de satisfaction de la gestion de la crise dans les sondages.
|
Et maintenant vous pouvez cocher tout ce que notre propre gouvernement n'a pas, ou mal fait.
- BILAN : Au 27/4/20, TAIWAN, 23 millions d'habitants, n'a toujours que 429 cas confirmés et 6 décès (1,39 %). La plupart des écoles et des entreprises restent ouvertes. L'économie fonctionne.
- Même date : FRANCE, 67 millions d'habitants, 160.847 cas confirmés et 22.856 décès (14,20 %) L'économie est à l'arrêt.
(Chiffres du CSSE de la John Hopkins University à Baltimore, Maryland.)
POUR MÉMOIRE : "À 63 reprises entre 2011 et 2018, la Commission Européenne a recommandé aux États membres de l’UE de privatiser certains pans du secteur de la santé et de réduire leurs dépenses publiques en matière de santé."
(Déclaration de Martin SCHIRDEWAN, Eurodéputé allemand Die Linke) CQFD ?
2020 03 AN II
- Écrit par BRUYERE
éDITORIAL
Reconquête républicaine ?
Le 17 février, Emmanuel Macron a commencé à dévoiler sa stratégie de lutte contre « le séparatisme » et le radicalisme islamiste. Il s’est ensuite rendu à Mulhouse dans des quartiers où, dit-il, « la République doit réaffirmer sa présence ». C’est ce qu’il a appelé la « reconquête républicaine. »
S’agissait-il d’aider enfin l’hôpital public grevé par des budgets en perdition ? de rétablir un véritable service des urgences, que les personnels en souffrance et les usagers réclament à cor et à cri ? Non.
Ou bien de rétablir un bac national, fondé sur des épreuves nationales et anonymes ? d’assurer une instruction publique au travers de parcours cohérents, sous l’autorité de professionnels de l’enseignement issus de la Fonction Publique ? Pas davantage !
Voulait-il parler d’une indépendance à nouveau reconnue aux communes, foyers de démocratie menacés par les différentes lois de décentralisation et d’inter-communalité, devenus des casse-têtes pour ces purs gestionnaires que tendent à devenir les maires depuis des années ? …Vous n’y êtes pas !
Non : il s’agit de « laïcité ». C’est ce qui se dit.
Abrogation de la loi Debré et sa suite de lois anti-laïques ? Abrogation du statut concordataire d’Alsace-Moselle ? …Allons ! Sur ces sujets, les réponses sont données depuis longtemps.
Ou intrusion de l’Etat dans des domaines ressortissant à l’organisation d’un culte (en l’occurrence le culte musulman) pour régler des problèmes qui relèvent de l’ordre public ? Ce serait une grave entorse à la loi de 1905. La Libre Pensée, comme les autres associations laïques, a été reçue cette semaine au Ministère de l’Intérieur. Apparemment, le gouvernement n’envisage plus de mesures liées au financement des cultes.
Pour le reste, comme l’indique la FNLP : « … sous réserve d’un abandon d’une partie des ambitions affichées en janvier 2019 et au prix d’une présentation du projet plus habile qu’il y a un peu plus d’un an, les données du problème restent les mêmes, tant du point de vue des modifications envisagées que de la configuration du camp laïque. Toutefois, le contexte général a évolué. D’une part, notre action passée a porté ses fruits puisque le Gouvernement fait preuve aujourd’hui d’une plus grande prudence. D’autre part, celui-ci s’est encore affaibli au cours des treize derniers mois écoulés. »
Ainsi, plus que jamais : « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! »
Le Congrès de la Fédération du Rhône a eu lieu samedi 18 janvier 2020.
Le rapport d'activité a porté sur :
- ü La défense de la laïcité et les menaces pesant sur la lettre et l’esprit de la loi de 1905, ceci dans un contexte social fortement marqué par les tensions générées par le projet de réforme des retraites. Les questions sociales ne peuvent être séparées de nos préoccupations traditionnelles qui tournent autour de liberté de conscience,
- ü La mise en place en place du SNU (Service National Universel) et ses conséquences pour les programmes scolaires de l’enseignement secondaire. La mise en conformité des programmes d’EMC annoncée par M. Blanquer doit nous alerter, car elle signifie que les enseignants seront amenés à jouer un rôle actif dans la mise en place du SNU, et ceci alors que la redéfinition de leurs carrières est mise à l’ordre du jour par la refonte de leur système de retraite.
Après une large discussion, ce rapport a été adopté à l’unanimité (idem pour le rapport financier). Le succès remporté devant le Tribunal Administrative de Lyon dans l’affaire de la « 1ère » crèche Wauquiez s’appuie sur les conclusions du Conseil d’État et montre que loin d’être à contre-courant, nous portons une vraie demande de transparence sur les questions de laïcité et de façon plus générale sur toutes les questions liées à la défense des libertés démocratiques.
Le quitus financier a été donné au trésorier sortant qui ne se représente pas. Remerciements à Jean-Louis Andrieu pour tout le travail accompli depuis de nombreuses années.
A l’issue d’une large discussion, l’assemblée a adopté la résolution suivante, afin de réaliser l’union de toutes les forces laïques afin de défendre la loi de 1905 :
Aux élus, militants et associations laïques se réclamant du respect de la loi de 1905,
Les libres-penseurs du Rhône, réunis en congrès de la fédération départementale samedi 18 janvier 2020, ont pris connaissance de la proposition lancée par la Fédération Nationale de la Libre Pensée d’une initiative nationale en vue de s’opposer à toute modification de la loi de 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.
Les pistes avancées par l’exécutif iraient en effet dans le sens d’un renforcement des pouvoirs accordés aux cultes en leur offrant de nouvelles sources de financement (alors que l’Eglise catholique profite déjà très largement des subsides publics), mais aussi en leur confiant un rôle régalien de police des consciences dans le cas du culte musulman, qui deviendrait de fait une communauté reconnue par l’Etat.
Tel est notre point de vue, qui ne demande qu’à être discuté.
La communication très sélective et contradictoire du chef de l’Etat sur ce qu’il entend faire en matière de laïcité n’est pas faite pour dissiper nos inquiétudes. La Libre Pensée n’a pas été reçue, et n’a obtenu aucune réponse à ses questions.
Ce qui nous réunit, c’est l’attachement à la loi de 1905 dans sa lettre et dans son esprit. Nous avons participé à des actions et conférences communes pour réaffirmer cet attachement. Ensemble nous avons porté cette exigence, les 9 et 10 novembre 2018, par un rassemblement suivi d’une délégation à la Préfecture du Rhône.
Ensemble nous nous situons dans la lignée des 10 813 697 pétitionnaires du Serment de Vincennes prononcé le 19 juin 1960 contre la loi Debré institutionnalisant le financement public de l’enseignement privé.
L’année 2020 verra le 60e anniversaire du Serment de Vincennes.
Parce que pour notre part nous avons toujours été fidèles à cet engagement, nous nous adressons à vous pour demander : n’est-ce pas le moment de rassembler le camp laïque sur ses fondamentaux ?
Quelles que soient la date et la forme retenues, nous vous proposons d’en discuter autour d’une même table. C’est pourquoi nous prendrons prochainement contact avec vous – si vous en êtes d’accord – pour définir les modalités pratiques d’une telle rencontre.
Avec l’expression de nos salutations laïques et républicaines,
Vœu adopté à l’unanimité, samedi 18 janvier 2020
Fin novembre dernier, le magazine « L’Obs » faisait paraître, un riche article sur Philippe Barbarin, récemment éclaboussé et jugé pour son rôle dans l’affaire Preynat.
L’auteur de l’article, Frédéric Martel, est l’auteur de « Sodoma », enquête sur l’homosexualité au sein de l’Eglise catholique vendue à 450 000 exemplaires. F. Martel est plutôt confiant quant à la capacité de l’Eglise romaine de réformer ses mœurs, même si les premiers engagements du Vatican pour éradiquer la pédophilie de ses rangs datent désormais du siècle dernier. Comme l’écrivait C. Eyschen dans une note de lecture (La Raison mai 2019) : « (…) l’ouvrage fonctionne sur la thématique suivante : le pape actuel est un brave homme, ses prédécesseurs n’étaient pas reluisants et la seule question est qu’il est mal entouré. » Quant à la couverture des crimes de pédophilie par la hiérarchie catholique, la question n’est quasiment pas abordée. Si Frédéric Martel n’a rien d’un anticlérical – et justement pour cela ! - ses analyses sur Barbarin et le diocèse de Lyon n’en sont que plus intéressantes. Sa caractérisation de la « machine à cash » que constitue la Fondation Fourvière rejoint toute l’hypocrisie juridico-commerciale que la Libre pensée dénonce depuis des années.
Laissons de côté l’affaire Preynat, les procès en cours, les anecdotes plus ou moins croustillantes sur M. Barbarin. L’essentiel n’est pas là. Et on aura l’occasion de reparler de l’affaire Preynat.
(…) Dès son arrivée entre Saône et Rhône, il [Barbarin] comprend que l’Eglise de Lyon a une très haute opinion d’elle-même. Son chef doit avoir une ambition pour deux. Il se lance dans un incroyable programme de séduction et de collecte : les grandes familles richissimes de la ville d’abord (…) ; les grandes entreprises de la région ensuite (…) ; le petit patronat catholique enfin (…). Il a également des visées hégémoniques sur la Fondation Fourvière, finalement contrariées. Alors, pour financer les activités de son diocèse, il crée sa propre machine à cash : la Fondation Saint-Irénée. (…)
Pour récolter les chèques des patrons et les subventions des élus locaux, il contourne les règles de la loi de 1905 par le tourisme. Si la laïcité interdit de financer la basilique Notre-Dame-de-Fourvière… elle n’a rien à redire aux aménagements urbains de « la colline qui prie » si c’est pour attirer les curieux. Il imagine donc un pèlerinage de masse pour Fourvière.
Le projet ? Au lieu des deux millions de visiteurs réguliers chaque année, la « montagne mystique » et sa basilique pourraient en attirer cinq. Des étoiles dans les yeux (nuitées d’hôtels, notes de restaurants, royalties en tout genre…) l’élite économique et politique lyonnaise se met à rêver avec lui. Promettant monts et merveilles, Barbarin lance, avec le soutien du maire ; « Cap 2011 » avec un objectif de 37 millions d’euros de fonds collectés.
S’il y a un mystère dans cet écosystème lyonnais qui se met en branle comme un seul homme derrière le primat des Gaules, c’est la relation atypique qui naît entre le maire alors socialiste Gérard Collomb et le nouveau cardinal (…)
A la traditionnelle cérémonie du vœu des Echevins, chaque 8 septembre, tous les réseaux laïques se retrouvent à la basilique de Fourvière. Cette année, Gérard Collomb a fait applaudir Barbarin, absent du fait de sa condamnation en première instance – suscitant de vives critiques.
tuna altinel
Vendredi 24 janvier était annoncé l’acquittement de Tuna Altinel, ce mathématicien enseignant-chercheur à l’Université Claude Bernard, privé de visa et jugé pour de prétendus liens avec le terrorisme kurde alors qu’il était en vacances en Turquie. Il avait été traducteur lors d’une réunion publique en février 2019 à Villeurbanne, en présence d’un ex-député kurde en exil.
On devait déchanter quelques jours plus tard, après un pourvoi en cassation du ministère public pour vice de procédure, non motivé. Il est probable que Tuna Altinel devra encore patienter longuement pour son retour en France, en espérant qu’il ne soit pas condamné et emprisonné.
Il aurait pu, il aurait dû être présent ce mercredi 27 février pour une nouvelle édition de la réunion tenue il y a un an presque jour pour jour – ce qui aurait constitué un magnifique pied-de-nez à ses juges, et l’affirmation publiquement assumée qu’il n’est en rien un terroriste, mais un citoyen révolté et un militant des Droits de l’Homme.
La Réunion-Débat à l’initiative du Comité Lyonnais pour la Libération de Tuna Altinel
« Cizîr/Cizre/Djizré : histoire d'un massacre » a eu lieu jeudi 27 février 2020 au Palais du Travail de Villeurbanne avec la participation de Faysal SARIYILDIZ, ancien député HDP (Parti Démocratique des Peuples), témoin des événements.
Cizre, les faits : L’année 2015 voit une percée du HDP, Parti démocratique des peuples, aux législatives du 7 juin. Mais l'espoir est vite noyé dans le feu et le sang à partir de fin juillet. Un attentat commis par un sympathisant de Daech le 20 juillet, suivi de l'assassinat deux jours plus tard de deux policiers turcs.
Cela sert de prétexte à l'état turc et à son maître ERDOĞAN pour reprendre la guerre contre le PKK, la guérilla kurde dont la branche syrienne a arrêté Daech en Syrie.
En août, de nombreuses villes du Kurdistan de Turquie proclament une « autonomie démocratique », inadmissible pour l’État. Ces villes sont encerclées et bombardées par l’armée et les forces « spéciales » turques qui emploient les grands moyens (artillerie lourde, chars d’assaut). C'est la politique de la terre brûlée contre une guérilla urbaine formée par des jeunes des quartiers. Dans chaque ville l'État suit la même stratégie : un couvre-feu est annoncé et les habitants sont sommés de quitter le quartier ou la ville. Ceux qui resteront sont considérés comme « terroristes » et traités comme tels, parfois abattus sans jugement. Cizre subira plusieurs couvre-feux, de plus en plus violents. En tant que « centre » régional, la ville subira les pires atrocités.
Le bilan (non officiel évidemment) conclura à 251 morts « militaires » pendant le siège (Kurdes et soldats turcs) et 175 morts civils dans les caves, dont 150 brûlés vifs. La Présidente de la Fondation Turque pour les Droits de l’Homme, Şebnem Korur Fincancı, conclura à une « intention génocidaire ».
Amitiés Kurdes de Lyon, Association France Kurdistan 69, Comité universitaire de soutien à Tuna Altinel, Ensemble ! 69, Espace Culturel Mésopotamie, FSU 69, Gauche Républicaine et Socialiste 69, Génération.s 69, Ligue des droits de l’homme 69, Libre Pensée 69, NPA 69, PCF 69, Parti de Gauche 69, UD CGT 69, CNT 69, Union Syndicale Solidaires 69
Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
C’est donc un militant des Droits de l’Homme, un citoyen curieux de s’informer en conscience sur des exactions commises par son propre pays, qui a été accusé et qui encore retenu loin de la France où il travaille. Alors que les représentants de l’Université Lyon I sont curieusement absents des initiatives prises en soutien d’un de leurs chercheurs, les maires de Bron et de Villeurbanne ont pris l’initiative de prendre position dès le mois de juin pour que M. Altinel soit totalement innocenté. Le 27 mai, M. Pierre-Luc Devinaz a pris la parole au nom de la municipalité de Villeurbanne. Puis la parole a été donnée à Tuna Altinel, par vidéo interposée, qui a donné lecture de sa déclaration face à ses juges :
DÉCLARATION DE TUNA ALTINEL FACE À SES JUGES
Messieurs les juges,
Aujourd’hui sont présents des amis, collègues et représentants d’organisations de Turquie et de différents pays du monde. Je voudrais commencer par les remercier pour leur soutien. (…) Malheureusement, la fin du mois de janvier évoque aussi un événement douloureux, qui reste dans les mémoires de tous ceux qui refusent de faire taire leur conscience. Écoutons :
(un enregistrement sonore pris au téléphone fait entendre des coups de feu, des cris épouvantés dans une angoisse interminable)
https://m.bianet.org/bianet/insan-haklari/171683-cizre-deki-yaralilarin-48-saat-onceki-son-ses-kaydiyayinlandi
Ces cris ne sont pas sortis d’un film. Ils se sont élevés à Cizre, le 30 janvier 2016.
On peut encore trouver l’enregistrement sur internet, sur des sites d’information. Qui a poussé ces cris ?
Des hommes politiques, des activistes, des gens du quartier, des jeunes, des vieux, des Kurdes, des Turcs… Peu importe. Ils avaient en commun d’être restés prisonniers sans défense des sous-sols où ils allaient perdre la vie. Ils ont été tués par les forces de sécurité dans le chaos où la Turquie était plongée.
C’étaient des « terroristes ». Leur identité, leur nombre, pourquoi ils étaient dans ces sous-sols d’immeubles, cela importait peu. On a remis à leurs proches des sacs avec leurs os carbonisés. « Tiens, c’est ton père ».
|
Par la suite, de nouveaux immeubles ont rapidement remplacé les bâtiments détruits, comme s’il ne s’était rien passé (…)
Comment est-il possible qu’une violence irraisonnée soit employée, au vu et au su de tous et que, si peu de temps après, au lieu de panser les plaies, on se conduise comme s’il ne s’était rien passé ?
La première chose que j’ai faite pour interroger, apprendre, et me confronter à cette réalité fut de me rendre dans les villes où ces événements avaient eu lieu, de parler aux gens.
(…) Ce sont les mêmes sentiments qui ont motivé ma participation à la rencontre “Cizre, Histoire d’un massacre”, organisée le 21 février 2019 par l’Association Amitiés kurdes Lyon-Rhône-Alpes, dont je suis membre, raison pour laquelle je comparais aujourd’hui devant vous. (...)
Faysal Sarıyıldız, fit une intervention, qui fut suivie par un débat. Pour que l’information, le débat et la confrontation aient la portée la plus large possible, tous les écrits et les paroles furent exprimés en trois langues, le kurde, le turc et le français. Les enregistrements de cette soirée sont toujours disponibles sur des plateformes accessibles à tous, Facebook par exemple.
Ce caractère public était d’ailleurs l’un des objectifs visés, pour pouvoir toucher tout le monde.
Quelle a été la réaction du pouvoir politique ?
Le consulat général de la République de Turquie à Lyon, a espionné cette réunion organisée en France, par une association fondée légalement et dirigée par des citoyens français, qui avait obtenu toutes les autorisations officielles pour l’organisation d’une telle soirée.
Ce même consulat a dénoncé cette association comme une “organisation affiliée au PKK” à son ministère de tutelle, et par l’intermédiaire de ce ministère au ministère de l’Intérieur.
En conséquence, lorsque je suis entré en Turquie le 12 avril 2019, mon passeport m’a été confisqué. Le motif ne m’a pas été communiqué. (…) Un procès pour appartenance à une organisation terroriste a été ouvert contre moi. J’ai passé 80 jours en prison.
Le 30 juillet 2019, lors de la première audience, le tribunal a décidé de ma remise en liberté, sans contrôle judiciaire ni interdiction de sortie du territoire. Cependant, ma requête pour recouvrer mon passeport a été refusée (…)
Il s’agit d’une grave attaque contre la liberté de pensée et d’expression. (…)
Messieurs les Juges, le verdict que vous rendrez dans ce procès est d’une importance cruciale pour la liberté de pensée et d’expression en Turquie. La tolérance face aux critiques les plus sévères, la liberté d’exprimer des idées différentes par des voies légales, qu’il s’agisse de médias divers ou de réunions, peuvent se résumer en un seul mot dans ce procès : acquittement !
Dans le cas contraire, vous aurez posé une pierre de plus sur la voie de l’arbitraire, où les juges et procureurs d’aujourd’hui seront les accusés de demain.
À vous de décider !
Tuna Altınel, le 24 janvier 2020
M. Faysal SARIYILDIZ, ancien député HDP (Parti Démocratique des Peuples), était présent à Cizre.
Témoin des événements, il en a commenté le déroulé en turc en commentant une série de photos parfois insoutenables. Il est ensuite revenu sur la question kurde en Turquie au travers d’un dialogue avec la salle, une question comparable par certains aspects à celle du génocide arménien – mais beaucoup plus sensible en réalité, du fait que les événements sont actuels. La nation kurde, c’est près de 40 millions d’habitants répartis sur cinq pays, auxquels il faut ajouter une diaspora importante. Elle est la plus grande nation au monde sans état.
Cela ne signifie pas que la question kurde puisse se résoudre par la création d’un État (le « Kurdistan » est beaucoup trop morcelé et mêlé à d’autres populations. Elle ne peut se résoudre que par la reconnaissance des droits du peuple kurde, de sa langue, de sa culture, de son droit à l’existence tout simplement.
|
|
||||
|
|
Charlie Hebdo 3 avril 2019
Libres propos, libres pensées
Retour sur la chute du Mur de Berlin : une si bonne affaire ?
Il n'aura fallu que 30 ans pour que nos médias s'avisent enfin que la "réunification" n'a pas donné, (et de loin) les résultats promis et a été de facto un "Anschluss" menant au démantèlement brutal des structures du pays pour s'approprier son patrimoine et son/ses marché/s à l'Est. On n'hésite plus à parler de colonisation pure et simple. Quelle nouvelle ! Une ex-allemande de l'Est le dit à la radio : "Je suis descendue dans la rue pour obtenir des réformes en RDA, pas pour être annexée par la RFA." Raté !
Mais selon le principe de la "stratégie du choc" selon laquelle c'est en période de troubles que l'on peut faire passer les pires "réformes", la RDA a été phagocytée par la RFA capitaliste. Privatisée. Challenges (nov. 2019) : "80% de la population a connu le chômage." Le rêve de liberté a débouché sur un traumatisme inattendu… mais indélébile.
Un Ossie le résume amèrement ainsi : "Nous étions libres ("frei" : libre, signifie aussi "sans") : libres d'emplois, libres de rues sécurisées, libres de soins de santé gratuits et libres de sécurité sociale". (Cf. l'historien belge Jacques Pauwels).
Le chef d'orchestre Daniel Barenboïm qui dirigea à Berlin-Est un concert gratuit trois jours après la chute du mur fait part de son sentiment très mitigé : "Il y a eu le triomphalisme de l'Occident : on a gagné, on a gagné, etc. Le communisme n'a pas marché, mais le capitalisme crée lui aussi beaucoup de problèmes. Le monde a raté une chance unique de créer un système entre les deux."
Au lieu de cela on fit tabula rasa, tout fut jeté à la rue : les produits de la RDA (avec les étagères !), des milliers d'entreprises fermées, des bibliothèques entières jetées à la décharge et brûlées (comme en 1933 !), des orchestres classiques démantelés (il y en avait 85), la totalité des 260 maisons d'éditions fermées, qui pour la plupart publiaient des ouvrages non idéologiques (livres d'enfants, littérature, techniques, sciences, médecine, etc.). On jeta tout !
Le D-Mark était devenu l'étalon ultime.
La culture ? Le chef d'orchestre emblématique de la RDA Kurt Mazur, mort à 88 ans aux USA, tint bon jusqu'au bout : "Ce fut une catastrophe pour la culture." La plupart n'eurent évidemment jamais assez d'argent pour réaliser leur rêve de pouvoir voyager dans un Occident fantasmé et l'exotique banane si désirée, ce symbole de la consommation de l'Ouest qui faisait tant rêver les Ossies a un goût bien amer : 30 ans après elle n'est toujours pas digérée. Mais la chute du mur de Berlin a-t-elle été une si bonne affaire pour nous tous ?
Interprétée par nos prop-médias comme la légitime victoire de la liberté (le capitalisme) sur l'oppression (le socialisme), elle a avant tout signifié l'immixtion de la cupidité la plus débridée dans la vie des travailleurs du monde entier et à commencer bien sûr par ceux de l'Allemagne de l'Est qui l'ont aussitôt expérimentée à leurs dépens. Depuis, fait inédit dans l'histoire du monde, de nos jours 162 individus possèdent plus que la moitié la moins riche de l'humanité (OXFAM janvier 2020).
Car le capitalisme qui avance toujours les mots "liberté", "démocratie", "concurrence", n'en a que faire et s'efforce surtout de les réduire pour pouvoir les supprimer dès que possible. Business first !
Ce ne sont là que des mots creux destinés aux nigauds qui les gobent, puis en seront les victimes.
Car si défectueux, oppressif, peu attractif qu'était devenu le bloc communiste, il était cependant un considérable croquemitaine et une vraie entrave à l'hégémonie capitaliste mondiale, et obligeait celle-ci à présenter un visage humain, social et (un peu) partageux aux peuples placés sous son système, de peur qu'ils ne le contestent et se soulèvent.
Depuis lors, bas les masques ! On a pu ouvrir les vannes de la mondialisation néo-libérale pour pressurer le monde entier sans frein, exacerbant la compétition de tous contre tous. Ce fut le signal du saccage préprogrammé de l'État social solidaire se préoccupant du bien-être de sa population et où, par la mutualisation des risques de santé, de chômage, d'éducation, retraites, services publics, etc. ceux-ci échappaient à l'insatiable cupidité du Kapital.
Pour, en un mot, vivre dans une société civilisée.
L'époustouflante réussite de la Chine avec son économie mixte mais sous ferme contrôle de l'État nous enseigne au moins ceci : que l'accusation classique d'inefficacité de l'État et du secteur public est totalement fallacieuse et ne résiste pas aux faits.
L'économiste universitaire américain R. D. Wolff estime qu'aussi bien les russes que les chinois ont prouvé leur formidable capacité à transformer en quelques décennies un pays arriéré semi-féodal en une grande puissance technologique moderne.
Mais les soviétiques, largement ruinés, détruits et décimés par les destructions infligées par les nazis ont commis après la guerre des erreurs dont celle, fatale, de se laisser entraîner par les USA dans une infernale course aux armements au détriment du
bien-être quotidien de leurs peuples et des libertés, ce qui a finalement conduit à la chute du Mur et l'effondrement en 1990 du système soviétique.
Erreur fatale, selon Wolff, que les chinois se sont bien gardés de réitérer en faisant passer leur montée en puissance économique bien avant leur puissance militaire. Car si chacun peut sans doute contester la forme, la réalité est incontestable : la sortie rapide de la misère absolue et de l'illettrisme de centaines de millions de chinois, amenant leur classe moyenne éduquée à plus de 420 millions, de 4% en 2002 à 31% de nos jours. Qui dit mieux ?
Ellen Brown : "Neoliberalism Has Met Its Match in China"- (Le néolibéralisme a trouvé son égal en Chine). Elle écrit : "Le parti communiste sait bien que pour conserver son pouvoir, il devra lutter contre les inégalités et orienter l’économie vers un modèle plus efficace et plus écologique." Le désastre soviétique a été bien étudié et compris !
Et ce qui nous est présenté par Hollywood comme la victoire "américaine" sur le nazisme, n'a pu être possible que parce que l'Armée Rouge avait au prix le plus fort brisé irrémédiablement les reins de la puissante Wehrmacht (90% des pertes militaires allemandes sont dues à l'Armée Rouge).
La défaite allemande était alors inéluctable et les alliés occidentaux ont pu aller au secours de la victoire en se précipitant en Allemagne, certes au prix de pertes militaires très importantes mais absolument incomparables avec celles subies par l'URSS, mais surtout pour éviter qu'elle ne soit envahie par les soviétiques avant eux, d'où la partition en deux États de notre ennemi historique récent le plus acharné, un très puissant voisin qui nous a attaqués et occupés deux fois en 25 ans : "J'aime tellement l'Allemagne que je suis ravi qu'il y en ait deux ! " disait François Mauriac. À tort ?
(L'Allemagne unifiée n'a existé qu'à partir de 1871, après notre désastreuse guerre de 1870 contre une ligue d'États germaniques menée par la Prusse).
Unité perdue certes retrouvée, mais en vassal modèle des USA, toujours occupée par 25 bases US, dopée par l'ouverture vers les marchés de l'Est et sa main d'œuvre bien formée mais bon marché, l'Allemagne est (re-)devenue le poids lourd de l'Europe, son centre de gravité, la France occupée in fine victorieuse étant ravalée en sous-vassal.
Ursula Von der Leyen, ex-ministre des armées RFA, nouvelle présidente de la große Kommission Européenne n'hésite pas à déclarer :"L’Europe doit apprendre à utiliser le langage de la force". (Horizons et Débats, Suisse). On ne se refait pas !
L'€uro de la BCE réputée indépendante de Francfort n'est en fait que le D-Mark rebaptisé et étendu à presque toute l'UE avec des effets économiques gravement néfastes pour des États enfermés par traité léonin dans un carcan monétaire et budgétaire et l'obligation faite d'emprunter "sur les marchés" (c.-à-d. aux banques !), États qui ont ainsi renoncé à leur pleine souveraineté. Il ne leur (et ne nous) reste plus que l'austérité (mais pas pour tous !) comme valeur d'ajustement. On est dedans !
Et les Églises (catholique, orthodoxe & C°) et les hobereaux de l'Europe de l'Est convertie au capitalisme le plus sauvage et débridé ont récupéré leur lustre, leurs biens confisqués et toute leur influence (culte, enseignement, charité, etc.) : Poutine est diabolisé uniquement parce qu'à la différence de son ex-mentor, le poivrot notoire et corrompu Boris Eltsine qui les laissait faire, il tient les prédateurs financiers occidentaux à distance des immenses richesses de son pays. Il a les siens !
Et on devrait considérer tout cela comme un progrès ? RJ
info des amis d'etienne dolet
"L’imprimerie et la librairie sont libres" (art. 1, Loi 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
|
||||
|
||||
(La fresque exposée sur le mur de la salle principale du Château Sans-Souci)
La proximité et les aléas des élections municipales, sans parler de la confusion politique actuelle à Lyon ne permettent pas d’espérer une inauguration avant des mois. Si jamais elle a lieu, les résultats pouvant réserver des surprises. Nous avons demandé que l’offre soit officialisée. Nous avons en effet expérimenté déjà bien des déboires, la fresque a été censurée et finalement interdite par la mairie centrale, sous divers prétextes.
Dolet a toujours des adversaires dans cette ville. Restons prudents. L’association vous tiendra au courant.
Cotisations 2020 : 10 € à l’ordre des Amis d’Etienne Dolet –
chez Marcel Picquier 7 avenue Berthelot 69007 Lyon
2020 01 AN II
- Écrit par BRUYERE
ÉDITORIAL
Avec la réforme des retraites, la valeur du point serait recalculée chaque année par une Caisse nationale de retraite universelle, dont le pilotage de celle-ci serait contraint par les lois de finances proposées par le gouvernement, et par la situation économique. Le risque d’une baisse du point pour raisons budgétaires existe. Règle d’or : le total des dépenses liées au versement des pensions serait fixé à un maximum de 13,8 % du PIB. Et ce, quel que soit le nombre de retraités.
Comme l’a écrit le secrétaire national de la CFE-CGC dans le journal patronal « Les Echos » : « En diminuant l’assiette de cotisation, en décrétant la baisse nécessaire de la répartition dans le PIB, en renvoyant le calcul des pensions à une seule valeur de point aussi aléatoire que les crises économiques à venir sont certaines, le projet de l’exécutif rend nécessaire l’établissement de régimes complémentaires par capitalisation. » C’est une bonne synthèse.
Ce sera aux « partenaires sociaux » de s’entendre pour fixer la valeur du point, sans quoi cette valeur sera fixée en dernier recours par le Parlement. Si cela ne se fait pas, Bruxelles montrera son mécontentement. L’Europe trouve que 13, 8%, c’est déjà trop !
C’est la subsidiarité. Bonne année quand même ! Et courage à ceux qui vont continuer à se mobiliser au cours des semaines à venir… P.G.
Communiqué de la fédération du Rhône de la Libre pensée
« Crèches Wauquiez 2019 » (27décembre 2019)
Pour la 4e année, une crèche a été installée mardi 3 décembre dans le hall d’accueil de l’Hôtel de Région, sur décision du président de la Région Auvergne - Rhône-Alpes.
Pareil à un gamin qui teste l’autorité parentale, M. Wauquiez semble jouer avec les limites de la jurisprudence pour dégrader le principe de laïcité. Le 5 octobre 2017, deux recours, déposés par la Fédération du Rhône de la Libre Pensée et par la Ligue des Droits de l’Homme, avaient pourtant conduit à condamner la Région pour l’installation d’une crèche chrétienne au sein d’un bâtiment de la République en décembre 2016. Le jugement rendu était en pleine conformité avec les avis rendus par le Conseil d’Etat : l’installation d’une crèche ne saurait être légale que dans des cas précis où elle aurait un caractère « culturel, artistique ou festif ». Aucune de ces conditions n’était remplie, et le jugement a été confirmé devant la Cour d’appel.
Nullement découragé, M. Wauquiez a récidivé en 2017 par l’installation de cinq crèches, jouant sur le fait qu’il s’agissait d’une « exposition » relevant des métiers d’art et de la tradition santonnière. Il reniait ainsi le caractère cultuel de son installation, pourtant revendiqué l’année précédente. La crèche installée était encore un « symbole de nos racines chrétiennes » (réponse écrite à une demande de recours amiable de la Libre Pensée). Ce n’était plus vrai en décembre 2017. Moyennant cette discrète apostasie, il obtenait satisfaction devant le Tribunal Administratif. Une crèche : non ! Cinq crèches : oui. C’est ainsi qu’on finasse avec les règles de la laïcité républicaine.
En décembre, dans la commune d’Oingt où existe pourtant une petite tradition d’exposition de crèches aux devantures des magasins, récente mais réelle, le maire-délégué de la Communauté de communes du Val d’Oingt a eu la sagesse de renoncer cette année à installer une crèche dans la mairie. Il a choisi – semble-t-il - d’entendre les remarques émanant de citoyens et libres-penseurs de sa commune. Voilà un exemple dont M. Wauquiez aurait pu s’inspirer !
M. Wauquiez affirme s’être mis en conformité avec la loi de 1905. Personne ne croira à cette tartufferie : après son pèlerinage d’élu au Vatican en 2013, c’est lui qui décida d’un plan massif d’aide aux lycées privés de la Région, essentiellement confessionnels. Il justifiait ses choix en déclarant : « La réussite du privé doit être un moteur pour l’ensemble du système éducatif. »
Pour la Libre Pensée, la reconduction des crèches à l’Hôtel de Région participe d’une entreprise cléricale qui se développe pour vider de son contenu la loi de 1905. Elle passe par les minables manœuvres qu’on observe ici et là autour des crèches, avec l’espoir, comme le dit le P. Stella-Bardillon, que « le contexte social tendu de cette fin d’année va éclipser les polémiques sur la laïcité. » Elle prendrait sa forme institutionnelle avec la dénaturation de la loi de 1905 concoctée dans les cuisines de l’Elysée, avec le double-objectif d’assurer un nouveau financement des cultes et de pousser un islam estampillé « républicain » à assurer certaines fonctions régaliennes de l’Etat.
La Libre Pensée n’est pas dupe des manigances du président de Région. Du reste, qui le serait ? Etant à l’initiative de la rédaction et de l’adoption de la Loi de 1905, elle restera vigilante sur l’application stricte de la loi, aussi bien dans sa lettre que dans son esprit. Elle sait qu’elle pourra compter sur la solidarité de l’ensemble des forces laïques qui se sont déjà mobilisées dans le Rhône pour dire, plus que jamais :
« Ne touchez pas à la loi de 1905 ! »
Appel du 9 décembre 2019 de la Ligue des droits de l’Homme, de la Ligue de l’enseignement et de la Libre pensée
Notre inquiétude est grande. Depuis maintenant de trop nombreuses années, la laïcité est l’objet de remises en cause qui en faussent le sens et la portée.
Ses plus anciens adversaires l’utilisent pour exclure une partie d’entre nous et en font l’étendard de leur haine raciste tandis que certains en contestent les fondements et veulent enfermer chacun dans des identités figées. D’autres enfin, y voient l’occasion de mettre en avant le fantasme d’une société amputée de toute diversité.
Aujourd’hui, ces discours et ces actes émanent d’acteurs politiques, associatifs et religieux, de penseurs célébrés, de femmes et d’hommes de tous horizons. Comme si l’urgence était à la multiplication de ces atteintes intolérables au contrat social !
Car c’est bien de cela dont il s’agit : adversaires et faux amis de la laïcité s’acharnent à saper ce que la République a mis plus de deux siècles à construire. Il est urgent d’y mettre un terme.
La laïcité est un principe issu des valeurs fondatrices de notre contrat politique commun.
La liberté, d’abord, car elle garantit à chacun une liberté de conscience absolue, de pratiquer, y compris publiquement, le culte de son choix ou d’en changer, comme le droit de n’en pratiquer aucun et de contester les dogmes et leurs pratiques.
L’égalité, car, en assurant la séparation des cultes et de l’état et la stricte neutralité de celui-ci vis-à-vis de ceux-là, elle implique de respecter les droits et libertés de toutes et tous sans discriminations.
La fraternité, car elle s’ancre dans l’universelle humanité qui précède en chacun de nous la diversité de nos appartenances.
Malgré les obstacles qu’ils ont rencontrés et qu’ils rencontrent encore, ces principes sont inséparables d’une société ouverte à l’Autre et respectueuse des choix de chacune et chacun. Les remettre en cause, au nom du soupçon, de l’amalgame ou de la haine de telle ou telle religion, en désignant celui ou celle qui serait l’ennemi de la République et de nos libertés, ne fera qu’alimenter la division, le ressentiment et la violence.
C’est pourquoi, nous réaffirmons notre attachement à l’esprit et à la lettre de la loi de 1905 et à sa conséquence, la neutralité de l’État et des services publics.
Nous en avons plus que jamais besoin pour affronter, ensemble, les défis posés aujourd’hui par l’urgence sociale, l’urgence environnementale, l’urgence démocratique
C’est pourquoi nous condamnons les actes et les propos qui feraient de la laïcité une arme d’exclusion ou de discriminations ou l’alibi d’une assignation à résidence, comme ceux qui justifieraient la prééminence d’un dogme sur les lois de la République.
C’est enfin pourquoi nous nous engageons à respecter et faire respecter ces principes et que nous appelons les pouvoirs publics à s’engager dans la même voie et à être irréprochables en la matière.
Avec le soutien de :
Syndicats : Confédération générale du travail (CGT), Fédération nationale de l'enseignement, de la culture et de la formation professionnelle Force ouvrière (Fnec FP-FO), Fédération syndicale unitaire (FSU), Syndicat des avocats de France (Saf), Union nationale des étudiants de France (Unef), Union syndicale solidaires
Partis : Ensemble !, Europe écologie les verts (EELV), Gauche démocratique et sociale (GDS), Génération.s, La France insoumise et groupe parlementaire de l’Assemblée nationale, Parti communiste français (PCF), Parti de gauche, Place publique
Associations : Action droits des musulmans (ADM), Amis du 68 rue de Babylone, APF France handicap, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association des Marocains de France (AMF), Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne (Attac), Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Céméa), Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid), Chrétiens pour une Eglise dégagée de l’école confessionnelle (Cedec), La Cimade, Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), Comité Adama Traoré, Comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ), Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Confédération nationale du logement (CNL), Crap - Cahiers pédagogiques, L'Economie sociale partenaire de l'école de la République (L'Esper),Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), Fédération Léo Lagrange, Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et Gens du voyage (Fnasat-Gens du voyage), Fédération nationale des Francas, Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Fondation Copernic, France Libertés - Fondation Danielle Mitterrand, Jeunesse étudiante chrétienne (Jec), Jeunesse au plein air (JPA), Mémorial 98, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Nous sommes aussi l’Eglise, Observatoire chrétien de la laïcité, Pas sans nous, Le Planning familial, Solidarité laïque, SOS Racisme, Union rationaliste.
La faculté catholique de Lyon s’étend, avec l’appui financier et institutionnel de la Région.
Nous publions avec intérêt l’appel lancé à l’initiative de nos camarades savoyards :
NON AU FINANCEMENT PUBLIC
de la construction d'une Université catholique à Annecy
« Fonds publics à l’École Publique, fonds privés à l'école privée »
Les contribuables soussignés, militants laïques, associatifs, syndicalistes, élus et citoyens :
• informés par la presse d'un projet de construction d'une Université privée catholique à ANNECY qui serait financée à 50 % par des fonds publics
• informés des détails donnés le 14 novembre à la Maison diocésaine dans une conférence de presse en présence de M. l’Évêque d'Annecy, des responsables de l'enseignement privé et d'élus des
collectivités locales
• informés du montant de l'investissement de 10 millions d'euros, dont la moitié avec des fonds publics. Le département de Haute-Savoie s’est engagé à apporter 1,5 million d’euros, l’Agglo
d’Annecy 1,5 million d'euros et la Région Auvergne-Rhône-Alpes 2 millions d’euros.
Les soussignés considèrent :
• qu'il s'agit d'une entorse à la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État. La loi de 1905
institue la République laïque. Elle garantit la liberté de conscience des citoyens, libres de croire
ou de ne pas croire et elle institue la neutralité de l’État dans son article 2 :
« La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte »
• que les fonds publics, qui sont le produit de l’impôt donc l'argent des citoyens, doivent être
réservés uniquement au financement des services publics qui manquent cruellement de moyens en
suivant le principe républicain :
« Fonds publics à l’École Publique, fonds privés à l'école privée »
Les soussignés estiment :
• que le besoin d'une Université Publique est reconnu en Haute-Savoie. L’État et les Collectivités
doivent consacrer les fonds publics nécessaires pour construire une Université Publique de plein
exercice et digne de ce nom.
A chaque rentrée universitaire, des milliers d'étudiants subissent la sélection et une orientation non
choisie, et bien souvent restent sans affectation faute de places avec la loi ORE et le dispositif Parcoursup.
Les bacheliers hauts-savoyards sont contraints de s'externaliser à Chambéry, Grenoble ou Lyon pour
rester dans le service public mais beaucoup renoncent faute de moyens financiers pour leur transport et
leur hébergement.
L'Université souffre d'asphyxie budgétaire et manque cruellement de moyens, de postes, de locaux… et de bourses pour les étudiants dont beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté (1 sur 5). L'étudiant de Lyon qui s'est immolé par le feu entraînant la révolte légitime de toute la jeunesse est là pour nous le rappeler.
Adopté le 9/12/ 2019 (jour-anniversaire du vote de la loi de 1905) par : LDH – FOL – Libre Pensée - FCPE – FSU - FO – CGT - Solidaires
TUNA ALTINEL : lettre de la Libre Pensée du Rhône à
M. le Consul général de Turquie (87 rue de Sèze Lyon 6e)
« Monsieur le Consul général,
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée a été informée de la situation préoccupante de M. Tuna Altinel, maître de conférences turc en mathématiques à l’Université Lyon I – Claude Bernard, membre actif des « Universitaires pour la paix » et pacifiste convaincu.
M. Altinel a été arrêté le 10 mai 2019 à l’occasion d’un retour au pays natal, et placé en détention préventive pour « appartenance à une organisation terroriste », chef d’inculpation requalifié depuis « propagande terroriste ». Son passeport lui a été retiré et, après une période de détention, il est aujourd’hui en attente d’une nouvelle audience de son procès, prévue le 24 janvier 2020. Il risque entre un et cinq ans de prison.
Son « crime » semble avoir été son rôle de traducteur au cours d’un débat tenu à Villeurbanne le 21 février 2019 organisé par l’association « Amitiés franco-kurdes » auquel participait, parmi d’autres un député en exil du parti Démocratique des Peuples. En France, de tels échanges sont parfaitement légaux, et même salutaires à nos yeux car ils participent du dialogue démocratique.
La Libre Pensée du Rhône, profondément attachée à la liberté de conscience, vous demande d’intervenir pour que son passeport soit restitué sans conditions à M. Tuna Altinel, afin qu’il puisse librement circuler, et pour qu’il soit mis fin à toute forme de harcèlement à son encontre.
Ce serait se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, que la Turquie a du reste ratifiée (…) »
Questions à François Devaux : "La Parole libérée"
L’An II : Quelle est l’actualité juridique de vos actions ?
Du 13 au 17 janvier il y aura le procès de Preynat et le 28 novembre le procès en appel de M. Barbarin.
C’est Barbarin qui est au cœur de ce qui nous intéresse, car il représente le système, au-delà des délits de Preynat. Notre expertise juridique met en avant la notion "de continuité de délit de non dénonciation ", bien plus forte que la notion "d'instantanéité de délit", ne serais ce que pour la durée de prescription.
Mais c'est pas gagné. Mais s'il le faut on ira en cassation.
L’An II : Que peux- tu nous dire des actions vis à vis de Ferrer, directeur de la doctrine de la foi à Rome ?
Cette action est portée par les parties civiles individuelles, soutenues par l’association. Et il y a eu 3 tentatives pour lui faire remettre une citation à comparaître. La seconde a nécessité de faire traduire et certifier conforme, la citation à comparaître en espagnol et italien, je vous laisse imaginer le coût de ces 70 pages. Pour la 3e on a fait appel à la valise diplomatique car le Vatican est un état. Mais comme Ferrer n’a pas signé l’avis de réception de la requête, la justice française ne peut pas statuer.
L’An II : Pour conclure...
Le Chemin de notre action est difficile, on est face à une forte puissance, l'action militante demande beaucoup aussi, on prend sur soi. Mais on continue !
l'admd et la libre pensée
Déclaration de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée
Représentée par Xavier Hyvert, à l’occasion de la 12ème Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, à la réunion publique ADMD (en présence de J-L ROMERO (Pdt national ADMD) et J-L TOURAINE (Député LREM) le 2 novembre 2019, à l’Espace citoyen de la Mairie du 8ème arrdt de Lyon.
« Monsieur le Président Jean-Luc ROMERO, Président de l’ADMD, Monsieur Hubert Sapin, son Délégué du Rhône, Monsieur le Député Jean-Louis Touraine, chers ami(e)s de l’ADMD, Mesdames et Messieurs, les liens entre la Libre Pensée et l’ADMD sont anciens et puissants.
Ils reposent sur une même vision humaine et laïque : le droit de choisir sa destinée en toute conscience.
Ni l’ADMD, ni la Libre Pensée n’ont une vision pessimiste de l‘Histoire et de la vie. Bien au contraire, si nous nous préoccupons de la fin de vie, c’est parce que nous voulons une Humanité heureuse qui s’assume pleinement et qui ne permette pas que d’autres dictent nos choix.
Et, comme l’écrivait M. le Député de la 3ème circonscription du Rhône : « il est temps maintenant de sortir de l’hypocrisie qui prive certains d’une aide souhaitée et qui impose à tous une agonie pénible. Il convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps et, c’est essentiel, de leur destin. »
Mettant ces actes en accord avec ses écrits, il contribua au dépôt d’un projet de loi le 27 septembre 2017 dont l’article unique énonce : « Toute personne majeure et capable, en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une douleur physique ou une souffrance psychique insupportable, peut demander, dans les conditions prévues au présent titre, à bénéficier d’une assistance médicalisée active à mourir. »
Ce droit de mourir dans la dignité, que l’ADMD porte haut et fort, est un droit démocratique des plus essentiels. La Libre Pensée partage pleinement le point de vue de votre Président, Jean-Luc Romero.
Si la revendication de la dépénalisation de l’euthanasie est une condition nécessaire, elle n’est plus une condition suffisante.
La problématique de l’IVG nous a ouvert le chemin à parcourir.
Il fallait obtenir la dépénalisation de l’avortement. Et dans ce mouvement, la conscience humaine a obtenu que cela soit considéré comme un acte médical à part entière et remboursé par la Sécurité sociale. Sans cela, le droit à l’IVG serait un droit sans effet. Il ne faut jamais s’arrêter en chemin, si on veut obtenir satisfaction.
Même si on sait que le droit à l’IVG est sans cesse remis en cause par des politiques d’austérité, sous-tendues par des idéologies réactionnaires et obscurantistes.
Et nous savons tous que le droit à mourir dans la dignité a les mêmes adversaires que ceux qui s’opposent depuis toujours au droit à l’IVG.
Oui, il faut revendiquer l’aide active à mourir, car sans elle, le droit à l’euthanasie resterait un vain mot, un droit sans effet. Après différentes études, on pouvait espérer que le projet de loi bioéthique traiterait du problème de la fin de vie :
- avec l’avis du Conseil Economique Social et Environnemental d’avril 2018 on pouvait, comme l’ADMD se réjouir : avec sa « sédation profonde explicitement létale », il s’agissait de créer un nouveau droit qui consisterait en un soin ultime, un droit sous condition à une euthanasie (acte pratiqué par le médecin) ou à un suicide assisté (acte pratiqué par la personne elle-même). Cet avis du CESE avait validé tant
- - les constats sur la fin de la vie en France et à l’étranger que les recommandations de l’ADMD en matière de nécessaire évolution des dispositifs accordés aux Français arrivés à la fin de leur vie
- - ainsi qu’une « dépénalisation conditionnelle de l’aide à mourir ».
- celle de l’Agence de la bio-médecine, en janvier 2018,
- celle réalisée par le Conseil d’État, en juin 2018,
- et l’avis rendu par le Comité Consultatif National d’Ethique, en septembre 2018, au terme des Etats-généraux consacrés à cette question et en particulier l’Opinion du « Comité citoyen sur la fin de vie » mis en place dans ce cadre: «Les deux-tiers d’entre nous tiennent la position suivante : « Nous souhaitons donc que la loi puisse ouvrir la possibilité au suicide assisté et à l’euthanasie au sein des alternatives de la fin de vie, et de les intégrer aux possibilités des directives anticipées sous les conditions suivantes :
- L’ouverture au suicide assisté et à l’euthanasie ne doit pas remettre en cause la possibilité d’avoir accès à des soins palliatifs de qualité sur l’ensemble du territoire.
- Il convient de s’assurer que le patient ait bien pris connaissance des conséquences de son choix, accompagné de son médecin traitant et d’une personne de confiance. Ces droits doivent être limités aux patients atteints d’une maladie incurable, avec une espérance de vie inférieure à six mois. »
Des millions de citoyens le demandent (au moins deux sondages) et cela militait également pour que l’Assemblée nationale s’en empare une nouvelle fois :
- l’étude IFOP d’octobre 2014 pour l’ADMD l’a largement démontré.
- C’est confirmé par celui de mars 2019, réalisé par IPSOS pour ‘’Lire la Politique’’, intitulé « La situation des libertés publiques en France » : 96% des Français se déclarent en faveur de la légalisation de l’euthanasie).
Nous connaissons la présence d’une réaction influente et active au sein de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la révision de la loi relative à la bioéthique. Des spécialistes auto-proclamés de la morale y défendent leurs valeurs cléricales. (M. Touraine, vous êtes bien placé pour le savoir !)
Cela explique sans doute que la mission ait écarté de son champ d’information l’aide médicale à mourir en faveur des personnes en fin de vie, atteintes d’un mal incurable à l’origine de souffrances physiques et psychiques intolérables : « Nous pouvons et devons toujours prendre soin des vivants, sans raccourcir leur vie de nous-mêmes mais sans non plus résister à leur mort.– François » et, d’ailleurs la Conférence des Evêques de France reprend à son compte que: « L’agonisant ne demande en général pas à mourir. Inconscient, même s’il râle, il ne souffre le plus souvent plus ».
Ces mêmes résistances expliquent sans doute que mardi 15 octobre 2019, la loi qui a été adoptée, sur le point qui nous préoccupe ce matin, a tourné le dos à l’aspiration majoritaire de la population.
Le CCNE et le Conseil d’État avaient au moins examiné cette question.
La Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP) a regretté fortement que la question ait été rejetée sans autre examen. Aussi, il convient de le réaffirmer, le législateur doit ouvrir aux patients atteints d’une maladie incurable entraînant des souffrances insupportables, le droit de bénéficier, à leur demande, d’une aide médicale à mourir.
- Au regard de la liberté de conscience reconnue à tout individu par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 et compte tenu également de la dépénalisation du suicide depuis la Révolution française, la sédation profonde et continue ne répond pas à tous les cas de détresse des patients face à la maladie.
- C’est pourquoi, à l’instar de ce qui se pratique dans des pays voisins, notamment la Belgique et la Suisse, la LP est favorable à la création d’un droit à une aide à mourir en faveur des malades atteints de maladies incurables et subissant des souffrances insupportables.
Oui, comme le concluait la Tribune cosignée par 156 députés, dont M. Jean-Louis Touraine, issus d'horizons divers, parue dans Le Monde du 28 février 2018 : « Il est temps de sortir de l’hypocrisie qui prive certains d’une aide souhaitée et qui impose à tous une agonie pénible. Il convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps et, c’est essentiel, de leur destin. ». Je vous remercie. »
notre librairie
Nous vous proposons deux ouvrages récents qui feront date :
Le 1er : "Chauny, le 6 avril 2019" (Éditions de la Libre Pensée) 64 pages ; 15 € + port
Cet ouvrage retrace la journée d'inauguration du 6 avril à laquelle vous avez peut-être participé !
Le 2ème : "De Genthioux à Chauny, autour des monuments pacifistes de France"
(Éditions de la Fédération nationale laïque des monuments) 434 pages ; 35 € port compris.
C'est un hommage aux monuments pacifistes, contre la guerre et la barbarie, antimilitariste, dû au travail inlassable de Danielle et Pierre Roy ; c'est le seul ouvrage aussi complet sur le sujet.
- Le cinquième volume des "Actes des colloques de la L.P." sur la guerre de 14-18 vient de sortir
(Éditions de la Libre Pensée) 495 pages ; 20 € port compris.
Cet ouvrage est divisé en deux parties :
- - La 1ère partie (colloque de Dijon) décortique le traité de Versailles, fauteur de guerre, facteur de révolutions, et ses conséquences historiques et politiques.
- - La 2ème partie (colloque d'Aix en Provence) traite de l'armée d'Orient et du Front d'Orient.
Les 5 volumes des "Actes des Colloques" constituent une énorme compilation de connaissances, éléments historiques et analyses sur cette Grande Boucherie qu'a été la guerre de 1914-1918, et aussi une manière de rendre hommage à la mémoire de toutes les victimes, et finalement de se positionner contre l'abomination, l'absurdité, la barbarie de la guerre.
Sont encore disponibles :
Actes du colloque de Soissons (2014) : 8 € (275 pages)
Actes du colloque de Franchesse et Saint-Nazaire (2015) : 12 € (475 pages)
Actes du colloque d'Aix en Provence et de Toulouse (2016) : 12 € (475 pages)
Actes du colloque de Lyon (Pétain) : 15 € (495 pages)
|
||||
|
||||
Retrouvez la Libre Pensée sur France Culture
chaque deuxième dimanche du mois de 9H40 à 10H
Et sur son site national www. Fnlp.fr
libres propos, libres pensées
libres p"L'opinion, ça se travaille ! " (suite)
Dans un article précédent, nous avons présenté Edward BERNAYS, double neveu de FREUD qui fut un maître-expert en manipulation de l'opinion.
Voici un bel exemple de ses "coups" : l'American Tobacco Company, le trust US contrôlant alors le tabac, s'avisant que le tabou social interdisant aux femmes de fumer en public limitait fâcheusement son chiffre d'affaires à la seule moitié masculine des USA, missionna Bernays pour améliorer cela.
Il s'y prit de la façon suivante : en 1929 à New-York, avant la grande parade annuelle de Pâques, il persuada au préalable le groupe des suffragettes qui défilaient pour revendiquer les droits des femmes, de cacher des cigarettes pour les sortir d'un coup et les allumer devant la foule stupéfaite et les nombreux reporters, journalistes et photographes à l'affût, car prévenus à l'avance qu'un coup d'éclat surprise et retentissant allait avoir lieu.
L'impact fut énorme et la presse et la radio en parlèrent pendant des semaines. Les suffragettes expliquèrent à tous vents que les cigarettes ainsi allumées étaient leurs "flambeaux de liberté" (torches of freedom). Immédiatement, les ventes explosèrent, car fumer était soudainement devenu un symbole de rébellion et de liberté de penser.
La cigarette ainsi promue d'un seul coup signe ostensible d'émancipation, les femmes venaient de gagner le droit fondamental de ruiner leur santé.
Les suffragettes "libérées" d'un tabou social oppressif, ainsi que leurs supporters mâles gagnés dans la foulée par la nouvelle symbolique libertaire de la cigarette purent ainsi contribuer à améliorer notablement la bottom-line des bilans comptables de l'American Tobacco Company, sans se douter un instant qu'ils avaient été bernés par Bernays (et qu'il y avait des droits bien plus vitaux à revendiquer).
Edward Bernays vécut 104 ans et a consacré sa vie à utiliser les avancées en psychologie collective pour les mettre au service des entreprises, des partis politiques et autres entités désireuses d'amener les foules à adopter des comportements voulus et s'est enrichi en étant persuadé qu'avec la manipulation de l'opinion il faisait œuvre utile d'éducation et d'information, car quand on trompe ainsi le monde, il vaut bien mieux avoir bonne conscience.
Il pensait tout aussi sincèrement que les foules étaient collectivement incapables de réfléchir et encore moins de se gouverner et qu'il valait mieux que le pouvoir soit concentré "entre les mains des plus capables" (traduisez : des plus riches).
Il s'agissait de faire en sorte que "la masse" se contente de choisir parmi les membres des classes supérieures les "hommes responsables", auxquels il reviendra le soin de gérer la richesse de la nation.
Pour qu'elle se contente de jouer ce rôle, il sera nécessaire d'opérer une "vraie révolution dans la pratique de la démocratie" (Walter Lippmann), à savoir la manipulation de l'opinion pour "fabriquer du consentement", comme LE moyen indispensable pour gouverner le peuple en pseudo-démocratie.
"Le public doit être mis à sa place, écrit Lippmann, afin que les hommes responsables puissent vivre sans craindre d'être piétinés ou encornés par le troupeau de bêtes sauvages". Pas moins !
Et de nos jours divers médiacrates ou "chiens de garde" (cf. Paul Nizan) de luxe, grassement payés par leurs patrons, les milliardaires qui possèdent l'essentiel de nos médias nous désinforment en nous racontant des fables qui, hélas ! peuvent s'avérer mortifères : des millions de gens voient leurs vies ravagées par des guerres, des "coups" et "sanctions" juste parce que les foules occidentales l'acceptent : Afghanistan, Irak, Syrie, Iran, Libye, Yémen, Palestine…, la liste des cibles de leur vindicte est interminable, ce qui selon un simple iranien de rencontre (un sage !), "ne reflète que les conflits d'intérêts de nos dirigeants". Faux ?
Les médias modernes sont de formidables outils qui pourraient servir à informer, éduquer, distraire, cultiver. Mais de nos jours ils ont été kidnappés par une minorité à qui ont déjà été laissées les clés d'un autre outil de pouvoir qui est l'argent, la finance.
Sous le prétexte que cela leur donnait la capacité "d'investir et de créer des emplois", ils s'en sont servis pour saisir le pouvoir de contrôler nos vies, nos idées, nos déplacements, notre consommation et pour finir nos libertés, de plus en plus menacées.
Ainsi, dans un paysage médiatique dévasté où la plupart des journalistes sont anxieux de garder leur emploi souvent très mal payé, précaire ou à la pige, l'autocensure est une sage garantie de survie, alors que certains "journalistes", "économistes" et autres pseudo "experts" empochent de grasses prébendes de dizaines ou même centaines de milliers d'euros pour influencer les foules par des articles, des livres ou des "débats" biaisés organisés pour discrètement (mais pas toujours) détourner l'opinion, diffamer et glisser des peaux de bananes aux partis critiques du pouvoir, gilets jaunes, syndicats et autre réfractaires à cette mainmise. C'est de l'information, ça ? RJ
Un bel exemple de "journalisme" en marche : ce que l'on dit… et ce que l'on ne dit pas
Vu à la TV le 3/11/19 sur la 5 : lors du volet de C-Politique sur les élections américaines, une "journaliste" présenta la jeune députée US d'origine portoricaine Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), étoile montante de la gauche américaine, comme "Ocasio-Cortez, l'ancienne serveuse". Terminé !
AOC qui a, faute d'argent, abandonné ses études supérieures, a effectivement dû travailler comme serveuse dans le Bronx pauvre où elle est née (et est l'élue surprise du Bronx-Queens) et elle poursuit opiniâtrement un but ouvertement socialiste et anticapitaliste (de très gros mots aux USA), anti-pauvreté, environnemental, etc., elle n'hésite pas à lever le poing dans les meetings et pourtant "l'ancienne serveuse" a un cursus universitaire dont ladite "journaliste" n'oserait même pas rêver.
Jugez-en : à 18 ans, en 2007, un astéroïde a été baptisé à son nom (23238 Ocasio-Cortez) par le célèbre Massachusetts Institute of Technology MIT. Elle avait remporté le deuxième prix d'un concours de la Intel International Science and Engineering Fair avec un projet scientifique en microbiologie qu'elle avait commencé lorsqu'elle était encore lycéenne et aspirait alors à devenir gynécologue.
Mais un stage de quatre mois dans une maternité de brousse au Niger la bouleversa, lui fit prendre conscience que c'est la politique et l'économie qui sont à la base de toute transformation sociale et elle changea ses buts : elle est en 2011 diplômée cum laude (avec honneur), 4ème de sa classe en Économie et Relations internationales de l'Université des Arts et des Sciences de Boston.
Le décès de son père qui l'aidait financièrement l'obligea alors à abandonner ses études et travailler.
D'une incroyable pugnacité, AOC s'engage au sein des Democratic Socialists of America et devient en 2018 à 29 ans avec 78% des voix ! la plus jeune candidate jamais élue au Congrès malgré un budget électoral de 194.000 $ contre les
3,4 millions $ de son adversaire (14% des voix !).
Un séisme national ! Et elle n'est pas la seule à être ainsi élue dans des conditions similaires qui ridiculisent tous les "sondages" des prop-médias aux ordres de leurs maîtres hyper-milliardaires.
Mais ravaler en "l'ancienne serveuse" un parcours aussi remarquable et inspirant mais qui dérange le système en place, c'est tellement plus parlant ! Et honnête ? RJ
2019 11 AN II
- Écrit par BRUYERE
éDITORIAL
Depuis des semaines, la campagne xénophobe parée des plumes de la laïcité s’étale dans les media. Mais c’est bien de la liberté d’expression qu’il s’agit. Dans cette corrida où d’aucuns rêvent de mettre à mort les libertés démocratiques pourtant garanties par la constitution, le voile est agité comme une muleta.
Agression d’une femme voilée par un élu RN au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, projets d’interdiction de listes politiques, amendements et projets de loi de tous bords sur fond de suspicion généralisée et d’appel à la délation, la réaction fait flèche de tout bois. A l'université de Cergy-Pontoise, on diffuse un formulaire destiné à détecter les « signaux faibles de radicalisation.» Au Sénat une proposition de loi est déposée pour interdire les signes religieux chez les accompagnants scolaires, qui sont pourtant des bénévoles sans aucun statut lié à la Fonction publique : une idée que M. Blanquer juge « contre-productive » aux dernières nouvelles. Au sénat toujours, Bruno Retailleau, président du groupe LR, préconise d’interdire à certaines listes dites « communautaires » de se présenter aux élections.
Cela ne va pas sans contradictions, et des plus insurmontables. De même qu’il est difficile aux « catho-laïques » (appelons-les ainsi) de refuser aux musulmans les subventions dont eux-mêmes profitent, de même l’interdiction de listes posera problème : la « manif pour tous » n’a-t-elle pas déjà investi l’espace électoral ? Où serait la différence ? Qu’importe ! certain(e)s sont prêt(e)s à tous les sacrifices. La députée LR Valérie Boyer fait son chemin de Damas à l’envers. Porteuse d’un pendentif cruciforme, elle assure approuver l’idée de soumettre les élus à une « stricte neutralité » dans l'exercice de leur mandat, elle en arrive à déclarer : « Si retirer ma croix permet de lutter contre l'islam politique, alors je l'accepterai. »
|
Un coup de force contre la laïcité semble donc imminent, et pourtant d’une certaine façon improbable. Car il relève d’une réelle difficulté face à l’opposition des principales associations laïques sur des positions que la Libre Pensée a rappelées et défendues depuis le début. La coopération des associations cultuelles n’est pas non plus acquise, qui veulent conserver leur souveraineté. La loi de 1905 sera-t-elle remise en cause : formellement non, du moins quant à ses deux premiers articles. Le gouvernement peut agir par voie réglementaire, décrets ou ordonnances. Et jusqu’où ira-t-il ? Nous n’en savons rien.
Du reste, le pire n’est pas toujours sûr. Et nous ne partons pas battus.
Notre tâche, pour l’heure : échanger avec tous les laïques, convaincre les citoyens conscients d’avoir à préserver leurs acquis démocratiques, préparer la mobilisation, continuer à affirmer haut et fort :
Ne touchez pas à la loi de 1905 !
P.G.
soirée du 20 septembre
|
Sous la présidence de Pierre GIROD, Benoit SCHNECKENBURGER philosophe, libre-penseur, membre de la France insoumise, a introduit le débat sur la laïcité et la loi de 1905, en rappelant : « Il s’agit bien d’un principe – non de valeurs ou encore moins d’un dogme ! La laïcité est l’une des solutions historiques à la question des relations entre le politique et le religieux. Il s’agit pour moi d’une des conditions nécessaires à l’exercice de la souveraineté démocratique : seule une loi issue de la volonté populaire est légitime. Le politique doit donc être soustrait aux influences de dogmes, et par conséquent l’État doit-être séparé des Églises. Le deuxième point, c’est qu’elle conditionne la possibilité d’une vie commune, une res publica, pacifiée. N’oublions pas que la loi de 1905 est venue clore, après la Révolution de 1789, plusieurs siècles de guerres de religions, au moment même d’ailleurs où l’affaire Dreyfus semblait en déclencher une nouvelle. Et enfin, la laïcité relève de la liberté : elle assure le droit fondamental à la liberté de conscience, laquelle concerne tout autant et indifféremment non-croyants, agnostiques ou croyants. »
Xavier HYVERT, délégué par la Fédération du Rhône de la Libre Pensée au congrès de la Fédération Nationale de la Libre Pensée réuni du 26 au 30 août 2019 à Alizay dans l’Eure, après avoir détaillé le contenu du projet remettant en cause les principes essentiels de la loi de 1905, conclu son intervention en indiquant : « les congressistes ont lancé un APPEL AU MOUVEMENT LAÏQUE, aux syndicats, aux associations philosophiques, aux militants de la laïcité, à tous les laïques, à toutes celles et ceux qui se réclament de la défense et de la pérennité de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l‘Etat « ne baissons pas la garde. Renforçons la mobilisation laïque dans l’unité la plus large ! » Dans ce domaine comme dans d’autre, la division est la seule arme du gouvernement ! et pose la question : « Ne faut-il pas préparer dès maintenant une marche nationale à Paris ? Pour dire, ensemble : Ne touchez pas à la loi de 1905 !»
Après un large débat, de nombreuses contributions et questions, les participants ont pris connaissance des deux messages :
- Le premier de la Fédération des Œuvres laïques du Rhône : « Chers amis, chers militants, République, et malgré un recul face à la réaction des organisations laïques, la vigilance et la mobilisation sont plus que jamais nécessaires. Aussi, fidèle à ses valeurs : la laïcité, la citoyenneté et la solidarité, la Fédération de Oeuvres Laïques du Rhône et de la Métropole de Lyon, composante départementale de la Ligue de l’enseignement, se trouvera toujours avec celles et ceux qui les défendent. Ne touchons pas à une loi qui - si elle appliquée avec l’esprit qu’elle sous-tend – permet à tous nos concitoyens, quelles que soient leurs origines, leurs croyances ou leurs convictions, de bien vivre dans notre République. Par définition, la République française est une communauté de citoyens, ne laissons pas nous imposer une communauté de communautés. Seul un rapport de forces, regroupant toutes les structures attachées au respect de la Loi de 1905, peut empêcher ce qui est envisagé. Pour le Conseil d’administration. Jacques Gelly. »
Le second de la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme : « Je suis désolé de ne pouvoir y assister. Mais tu voudras bien transmettre à l’ensemble des participants que la LDH est tout à fait d’accord avec vos différentes positions notamment en ce qui concerne la laïcité il faut être vigilant quant aux modifications que le gouvernement veut apporter à la loi de séparation des églises et de l’Etat.la loi qui existe actuellement nous convient parfaitement et vouloir la modifier semble-t-il sera dans un sens rétrograde. Une avancée a été obtenue en ce qui concerne la justice quand Monsieur Balkany a pu être incarcéré mais il reste beaucoup à faire dans ce pays en ce qui concerne l’indépendance du parquet mais surtout beaucoup à faire en ce qui concerne la police. Le constat est sans appel, les manifestations sont ressenties par les gouvernants comme une atteinte à leur pouvoir non comme une expression de la démocratie. Au nom de l’ensemble des militants de la LDH je vous donc une rencontre débat très fructueuse avec notre soutien complet. » William Goldberg, président de la fédération 69 LDH.
La soirée s’est poursuivie par un banquet des plus animé, d’une cinquantaine de convives.
algérie Libertés démocratiques
Pour la libération des détenus politiques en Algérie.
Un débat à la Bourse du Travail
Depuis le début du soulèvement citoyen en Algérie en février dernier, des dizaines et des dizaines de militants ont été emprisonnés en raison de leurs positions et actions politiques. Des dizaines et dizaines de militants, de citoyens, un héros de la lutte d’indépendance comme Lakhdar Bouregaâ, des chefs de partis comme Louisa Hanoune du PT (Parti des Travailleurs), ou Karim Tabbou, de l’UDS, des activistes, des jeunes, comme Samira Messouci, élue du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), souvent pour le simple port du drapeau amazigh, sont maintenus arbitrairement depuis des mois dans les prisons pour leurs opinions, pour leurs positions politiques…
Pour soutenir les Algériens et exiger la libération de Lakhdar Bouregaâ, Louisa Hanoune, Samira Messouci et de tous les détenus pour délits d'opinion, une réunion publique a eu lieu jeudi 5 septembre 2019 à la Mairie du 1er arrondissement, en présence de Mme Nathalie Perrin-Gilbert (maire du 2e arrondissement) devant une salle pleine à craquer.
Jeudi 26 septembre au consulat d’Algérie à Lyon, rue Vauban, plus de 100 personnes étaient réunies pour la libération de Louisa Hanoune, Lakhdar Bouregaâ, Samira Messouci, Karim Tabbou et de tous les détenus d’opinion en Algérie, pour le respect des libertés démocratiques et du droit de manifester.
Ce rassemblement était organisé avec le soutien de la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée, du Mouvement de la Paix, du Forum de Solidarité Euroméditerranéenne (FORSEM), du Parti Ouvrier Indépendant (POI 69), du Groupe de réflexion et d'actions métropolitain (GRAM), du Collectif des Algériens de France (CAF), de l’U.D. CGT du Rhône, de l’U.D.Force Ouvrière du Rhône, du NPA 69, de La France Insoumise Lyon 8ème, d’Europe Ecologie Les Verts (EELV 69), d’Ensemble ! 69 et des associations Tamurt et Jean El Mouhoub Amrouche,
Dans la foulée de cette mobilisation, le Forum de Solidarité Euroméditerranéenne organisait une conférence : « L’Algérie, une révolution pacifique inédite » en présence de Lahouari Addi, sociologue et de Tahar Khalfoune, juriste. C’était ce mercredi 23 octobre, à la Bourse du Travail de Lyon.
Les interventions introductives et le débat avec la salle montraient comment le régime militaire en place, a confisqué la démocratie depuis la guerre d’indépendance au détriment du pouvoir civil. On comprenait aussi comment les prochaines « élections » présidentielles ne trompaient personne sur la nature réelle du régime, conduisant le pays dans une impasse dont seule une révolution démocratique peut le tirer. Une révolution de la jeunesse, aussi mûre que déterminée, et souvent bien loin des clichés colportés en occident par les media.
Difficile de résumer ce débat d’une grande richesse, c’est pourquoi nous avons souhaité donner la parole à Tahar Khalfoune, l’un des initiateurs de cette soirée.
La Parole à Tahar Khalfoune
L’An II : Tahar, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis juriste, universitaire et auteur de nombreuses publications dont la dernière est « Mélanges en l’honneur de l’historien Gilbert Meynier » (l’Harmattan, mai 2019). Gilbert Meynier, ami de l’Algérie et de l’avis même de ses collègues est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire franco-algérienne.
L’An II : Quel regard portes-tu sur la mobilisation qui a commencé en France, et spécialement à Lyon, en solidarité avec le peuple algérien et pour la libération des détenus politiques ?
Les liens historiques, culturels, la proximité géographique et surtout les liens humains (un français sur six a un lien direct avec l’Algérie, et en retour un Algérien sur sept a des attaches en France !) entre la France et l’Algérie ne peuvent laisser indifférente la société française face au soulèvement citoyen qui agite l’Algérie depuis plus de huit mois. Un soulèvement qui a forcé l’admiration des peuples du monde entier par son caractère rassembleur, unitaire et surtout pacifique et par la détermination inébranlable des Algériens à dégager le régime. Un régime disqualifié, à bout de souffle et sans rémission possible. Le soutien de la société française est d’autant plus nécessaire qu’il existe une tradition de son engagement à l’étranger à travers l’action de ses organisations dès lors qu’est constatée une violation des droits humains.
En l’occurrence, malgré le caractère pacifique manifeste de l’insurrection citoyenne, les autorités n’ont pas hésité à arrêter Lakhdar Bouregaa, un vétéran de la guerre d’indépendance, Louisa Hanoune, dirigeante du Parti des travailleurs, Karim Tabou, porte-parole de l’Union démocratique et sociale, Abdelwahab Fersaoui, président du Rassemblement action jeunesse, Samira Messouci, élue du Rassemblement pour la culture et la démocratie à Tizi Ouzou… Et plus d’une centaine d’Algériens arrêtés depuis février 2019 pour avoir exprimé leurs opinions critiques ou pour avoir brandi tout simplement l’emblème amazigh. Cet état de violation caractérisée des droits humains crée un devoir de solidarité et de soutien aux Algériens dans leur lutte admirable pour leur dignité.
À Lyon, nous organisons depuis plusieurs mois des rassemblements et des conférences avec nombre d’organisations françaises et algériennes, comme la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), la Fédération du Rhône de la Libre Pensée, l’Union départementale Force Ouvrière (FO) du Rhône, le Mouvement de la Paix, le Forum de Solidarité Euroméditerranéenne (FORSEM), le Parti Ouvrier Indépendant (POI 69), Ensemble ! 69, le Groupe de réflexion et d'actions métropolitain (GRAM), l’Association Jean El Mouhoub Amrouche, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA 69), l’Europe Écologie Les Verts (EELV69), La France Insoumise Lyon 8ème, l’Union départementale CGT du Rhône… pour informer et sensibiliser l’opinion publique sur la révolution en marche en Algérie et pour exiger les détenus pour délits d’opinion.
L’An II : Il a été dit, lors de la conférence du 23 octobre, que les élections n'auraient pas lieu - ou que même si elles auraient lieu, elles n'auraient aucune crédibilité. Es-tu optimiste sur la capacité du peuple algérien à imposer une constituante ?
En effet, le rejet du scrutin présidentiel du 12 décembre prochain est affirmé massivement et sans détours tous les mardis et vendredis lors des imposantes marches hebdomadaires. En s’attachant à organiser à tout prix l’élection présidentielle le 12 décembre prochain, quand bien même elle est fortement contestée et sa tenue reportée à deux reprises, le chef d’état-major de l’armée manifeste clairement une volonté de passer en force pour régénérer le régime. L’Algérie a organisé depuis son indépendance 10 scrutins présidentiels, mais aucune n’a refondé le régime sur de nouvelles bases, celles d’un État de droit et démocratique tant attendu par les Algériens. Si d’aventure, cette élection n’est pas reportée de nouveau puisqu’elle est massivement rejetée, le risque est grand de voir s’installer à la tête de l’État en 2020 un président politiquement faible, car souffrant d’un déficit de légitimité du fait du taux exceptionnellement élevé d’abstentions et de fraudes qui auront entaché ce scrutin.
Aujourd’hui force est de constater que s’il y a une question qui fait l’unanimité au sein des manifestants, des organisations politiques, syndicales et associatives…, c’est le rejet de ce régime et les ingrédients d’une rupture sont plus que jamais réunis. Et en période révolutionnaire, et c’est bien le cas en l’occurrence, ce sont souvent les assemblées constituantes qui sont sollicitées. De toutes les dispositions de la constitution, seuls deux articles (7 [1]et 8[2]), disposant clairement que la souveraineté et le pouvoir constituant appartenant au peuple, sont instamment convoqués par les manifestants qui exigent leur application sur-le-champ.
Et il n’y a rien de plus contraire à la révolution en cours que de conserver la constitution du régime, alors qu’elle est d’autant plus caduque que plusieurs millions d’Algériens réclament à cor et à cri depuis huit mois le démantèlement du régime et ses symboles, au premier rang desquels sa constitution.
L’assemblée constituante est sans doute l’un des procédés les plus à même de provoquer une rupture avec l’ordre constitutionnel antérieur et de marquer symboliquement et politiquement le passage à l’ordre juridico-politique nouveau et de mettre ainsi fin aux pratiques bonapartistes d’octroi de constitutions par le fait qu’elle procède d’une assemblée élue et non du fait du prince, dont les constitutions que l’Algérie a connues sont l’illustration. Celles-ci ont toutes été octroyées. La technique consiste à coopter d'abord un homme issu très souvent des rangs de l'armée, « élu » ensuite président de la République par des procédés souvent peu respectueux du suffrage universel. Quelques années plus tard, il octroie une constitution au peuple en prenant le soin de la soumettre à l'approbation des électeurs par un référendum. Enfin, se doter d’une nouvelle constitution est, certes, nécessaire pour rompre avec les instruments juridiques et politiques de l’ancien régime, mais cela ne suffira pas à garantir son effectivité - véritable talon d’Achille de toutes les constitutions adoptées jusque-là - quand bien même elle serait l’œuvre d’une assemblée constituante.
Encore faudra-t-il veiller à sa stricte application, notamment lors des premiers mois de son adoption, car un arbre planté de travers ne saurait monter droit. Une authentique Cour constitutionnelle, composée de juristes professionnels, professeurs en droit, magistrats…) doit prendre ab initio soigneusement garde à la constitutionalité des premières décisions politiques dès l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fondamentale.
- Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple ».
- « Le pouvoir constituant appartient au peuple… ».
les amis d'étienne dolet
« Je voudrais faire élever sur une place publique de Lyon une statue à Etienne DOLET,
le grand humaniste, l’homme de pensée et de courage, le martyr de la place Maubert. »
(Edouard HERRIOT à Auguste RODIN – 12 octobre 1908)
Association laïque des amis d'Etienne Dolet
|
|
||||
Je vous prie de bien vouloir reconsidérer la décision de la Ville de Lyon qui nous été transmise par Mme le Maire du 3° arrondissement, suivant laquelle :
« la Ville de Lyon […] refuse la création de nouvelles œuvres d’art nécessitant un entretien et ne s’inscrit pas non plus dans une démarche d’œuvre temporaire sur le mur d’une école ».
L’application aveugle, immédiate, d’une telle décision aurait pour résultat d’interdire la réalisation de l’œuvre du « Banquet des Humanistes, en hommage à Etienne Dolet » sur le mur de l’école Dolet.
La mesure se comprend mais elle ne peut s’appliquer au cas qui nous intéresse :
- 1- La mairie centrale a donné l’autorisation de cette réalisation en 2012 et ne l’a jamais remise en question. Elle ne peut revenir sur sa parole.
- 2- Invitée, par Mme le Maire du 3ème, à participer à une commission de travail sur ce sujet, en février 2019, l’association, qui a pris à sa charge le coût de l’œuvre et son installation, a fait réaliser, à ses frais, une maquette du tableau nécessaire à la commission. La réalisation de l’œuvre, toute prête à être finalisée, a donc été engagée avec l’aval municipal,
- 3- La décision municipale s’expliquerait par le refus d’assurer l’entretien de l’œuvre. Mais notre œuvre, de dimensions modestes, placée en hauteur à l’abri des tags, ne nécessitera aucun entretien puisqu’il s’agit non d’une fragile peinture murale mais de l’impression d’encres de couleurs sur plaques de dibond, résistantes à la chaleur, au gel, à la sécheresse et à la pluie.
Le refus de la municipalité de respecter l’accord donné et son engagement pourrait apparaître comme un déni de démocratie et une insulte à la mémoire des Humanistes de la Renaissance et d’Etienne Dolet, martyr de la liberté d’expression et de l’indépendance de la pensée.
Il nous faudrait alors faire appel à l’opinion démocratique.
Mais vous ne retiendrez pas un tel choix car il serait tout le contraire de la politique constante des maires républicains de la Ville de Lyon, d’hommage et respect envers Dolet et ses amis, depuis Antoine GAILLETON qui a créé la Rue Dolet, Edouard HERRIOT qui a voulu élever un monument à l’humaniste ou Gérard COLLOMB qui a accompagné les initiatives de notre association.
Nous demandons que soit différée, pour ce qui regarde l’implantation du « Banquet des Humanistes », la décision de refus de toute nouvelle œuvre d’art, afin que l’association, en accord avec les services, puisse mener à son terme, dans les meilleurs délais, la réalisation du projet.
Veuillez agréer, avec nos remerciements, nos salutations républicaines.
Marcel PICQUIER, président de l’Association
Association laïque lyonnaise des Amis d’Etienne Dolet,
|
chez Marcel Picquier, 7 avenue Berthelot 69007 – Lyon - Mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. – tél : 04 78 58 92 80
|
Attachés aux libertés nouvelles, ces hommes de la Renaissance donnaient une image de paix et de concorde en un siècle de querelles, de persécutions et bientôt de guerres de religion.
Ce jour fut un jour de gloire pour Etienne Dolet qui venait d’obtenir une grâce royale et pour l’audace de ses idées. Nous avons donc voulu donner une allure fringante, même s’il était déjà marqué par la maladie, à cet homme jeune, de vingt-huit ans, déjà illustre, appelé à devenir une figure emblématique des libertés, comme le souligne l’inscription mémorielle.
L’écolière qui l’accueille fait la jonction entre le passé et notre présent. Elle symbolise la transmission des valeurs défendues par Dolet et ses amis, valeurs toujours menacées et toujours à défendre.
tuna altinel
L’enseignant-chercheur en mathématiques de l’université Claude-Bernard Lyon 1 Tuna Altinel a été incarcéré le 11 mai 2019 en Turquie pendant ses vacances. On lui reprochait d’avoir participé, en février, à un événement organisé à Villeurbanne par l’association des Amitiés kurdes, et d’avoir signé, en janvier 2016, un appel indiquant « Nous, enseignants-chercheurs de Turquie, ne serons pas complices de ce crime » à savoir l'intervention des forces militaires turques dans des provinces du sud-est de la Turquie depuis l'été 2015.Le 11 juillet était organisé, à Lyon, un rassemblement pour la libération de Tuna Altinel, en présence d’unecentaine de personnes à l’appel du comité lyonnais pour la libération de Tuna Altinel. La Libre Pensée du Rhône y était naturellement présente (voir L’An II de juin 2019).
« Tuna Altınel, rappelaient les organisateurs, maître de conférences à l’université Claude Bernard Lyon 1 depuis 1996 et membre de l’Institut Camille Jordan (…). Il est un mathématicien internationalement reconnu ; comme enseignant, sa clarté et son sérieux sont des modèles. Il est également engagé dans la défense des droits humains dans le mouvement des « Universitaires pour la paix ». Tuna Altinel a été libéré en septembre mais reste poursuivi pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». En cause, la réunion publique qui s’est déroulée à Villeurbanne en février. La seconde audience de son procès est prévue pour le 19 novembre.
Communiqué de la fnlp
Débaptisation dans l’Église catholique
Pour en finir avec un privilège clérical exorbitant, Campagne : un cas pour une cause !
Savez-vous que ….
La législation est censée progresser de manière constante pour protéger les droits des individus au respect de leur vie privée. C’est ainsi que s’est mis en place, sous l’égide de l’Union européenne, le Règlement général de protection des données (RGPD).
Les administrations, les services publics, les associations, les partis, les syndicats, les Obédiences maçonniques ont maintenant obligation, entre autres, de demander l’autorisation de leurs usagers ou membres pour collecter et garder des informations personnelles sur les individus.
Il est même prévu la possibilité que ces données puissent être effacées à la demande des intéressés.
C’est ce qu’on appelle « le droit à l’oubli ».
Mais savez-vous que les Églises chrétiennes sont les seules structures qui échappent à ces obligations légales ?
La Libre Pensée n’a cessé d’agir à côté des personnes qui souhaitaient voir supprimer dans les registres paroissiaux (sous la responsabilité et le contrôle des diocèses) la mention de leur baptême, baptême qui leur avait été imposé alors qu’ils étaient enfants, c’est-à-dire sans qu’ils aient pu donner leur consentement éclairé. Avant l’entrée en vigueur du RGPD, elle avait notamment préconisé de modifier le deuxième alinéa de l’article 31 de la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés afin d’y préciser que les organismes religieux ne pourraient conserver d’informations nominatives, dès lors que leurs anciens membres en demanderaient l’effacement.
La Libre Pensée constate que les registres paroissiaux sont des fichiers de fait, sans que jamais l’Église catholique n’ait demandé leur accord aux personnes qui y figurent.
C’est une dérogation exorbitante du droit commun et du principe d’égalité.
La bataille a été rude contre l’Église catholique, mais celle-ci a été contrainte de mettre en marge des registres paroissiaux : « a renié son baptême ».
Ce fut une première étape qui n’a pas été simple à obtenir. Mais cette situation nouvelle permettait de créer un fichier des « apostats », ce qui est contradictoire avec le respect de la vie privée des individus. Imaginons que nous revivions les affres noires d’une période comme le Régime de Vichy, quels risques pourraient courir les personnes qui auraient « renié » leur appartenance au catholicisme ?
Rappelons que nombre de juifs ont pu être sauvés des rafles par de faux certificats de baptême.
Que se passerait-il avec des « vraies attestations de reniement » du culte catholique ?
C’est pourquoi, le Libre Penseur René Lebouvier avait demandé, sur la base de cette avancée, que soit effacée à tout jamais des registres de l’Église la mention de son baptême qu’il avait renié, dès son âge de raison. Il ne voulait pas que son nom figure dans un quelconque document de l’Église catholique, tant il était révolté par le cynisme de cette institution qui ne parle que de morale, mais qui évite de se l’appliquer à elle-même (dans les affaires de crimes de pédophilie, entre autres).
C’est ainsi qu’en première instance au Tribunal de Coutances, René Lebouvier avait obtenu gain de cause, au motif que cette inscription portait atteinte à la vie privée.
Toutefois, la Cour d’Appel de Caen a infirmé le jugement de Première instance et la Cour de Cassation a entériné cette décision. La Cour de cassation parlant même, à propos du baptême, de « fait historique qu’on ne pouvait effacer » en mentionnant le baptême.
Y aurait-il deux jugements possibles, selon que vous êtes catholiques ou pas ?...
Devant ce déni de justice, la Libre Pensée a décidé d’aller jusqu’au bout pour faire reculer l’Église catholique dans ses prétentions exorbitantes et inégalitaires.
La Libre Pensée va mener deux actions dans le temps si nécessaire :
- - Une saisine de la CNIL d'un cas exemplaire sur la débaptisation pour qu’elle s'assure, au vu du RGPD, du respect par l’Église catholique des droits de la personne concernée ainsi que de ses obligations en matière de tenue de fichiers.
- - Le cas échéant, faire une action judiciaire d'un cas exemplaire sur la débaptisation, en allant jusqu’au bout des procédures : Première instance, Cour d’Appel et Cour de Cassation si besoin, y compris à l’étranger, puisque nous avons, des cas en Algérie, en Australie et en Italie.
Mais pour cela, il faut 10 000€ pour toutes les actions à mener
Nous vous appelons à verser massivement si vous êtes attachés à la défense de la liberté de conscience. La question des moyens financiers ne doit pas être un obstacle à l’établissement de la Justice, au respect du principe de l‘Égalité et à la défense de la liberté de conscience.
Le message de l’Église catholique et de ces affidés est clair : dès que vous êtes baptisés, même et surtout sans votre consentement, vous appartenez ad vitam aeternam à l’Église catholique et jamais personne ne pourra effacer ce fait. C’est la religion obligatoire qui vous poursuivra même dans la tombe et pendant des générations et des générations après vous. Alors que l’Église catholique s’effondre, elle entend imposer un lien éternel avec ceux qui ont eu le malheur de croiser sa route.
Elle entend imposer son talon de fer, alors que la société toute entière la rejette.
En voici deux exemples :
- - ■ En 2000, il y a eu 400.327 baptêmes d’enfants de 0 à 7 ans
- - En 2017, il n’y en a plus que 208.009 (Source : Conférence des Évêques de France)
- - ■ En 1970, 90% des enfants en France faisaient le catéchisme
- - En 1982, ils n’étaient plus que 60%
- - En 1990 : 43%
- - En 2019 : 17 % (Source Communio, revue catholique internationale)
Pour la Libre Pensée, l’objectif est de faire reconnaître que les Églises sont des associations comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes obligations que les autres.
En aidant la Libre Pensée, vous aiderez la démocratie et la liberté de conscience.
Versez massivement pour la liberté !
Bon de soutien à l’action en justice de la Libre Pensée
Nom : …………………………………………………..
Prénom : …………………………………………..
Adresse : ……………………………………………………………………………………………………….
Je verse : ………………€. Chèque à l’ordre de la Libre Pensée (Mettre Débaptisation au dos du chèque). Envoyer à : Libre Pensée 10/12 rue des fossés Saint-Jacques 75005 Paris.
À votre demande, un reçu fiscal vous sera délivré.
Libres propos, libres pensées
"L'opinion, ça se travaille ! "
Cette phrase prononcée par un général de l'OTAN sert de titre en 2000 à un opuscule de Serge Halimi sous-titré "Les médias, l'OTAN et la guerre du Kosovo". Il expose les mensonges propagés par les médias pour nous vendre les conflits extérieurs.
Car en démocratie, le pouvoir légalement élu est censé ne pas brutaliser ses citoyens (quoi que…). Pour obtenir leur consentement à agir contre eux et leurs propres intérêts, il convient donc de les en convaincre insidieusement afin de les persuader d'adhérer délibérément à leur servitude volontaire.
Mais cela nécessite qu'ils ne soient pas trop pourvus d'esprit d'analyse critique, qu'ils aient l'attention détournée vers des sujets superficiels et éphémères montés en épingle, qu'ils soient éduqués mais juste assez pour faire fonctionner la machine capitaliste sans surtout avoir l'idée de la contester.
Edward BERNAYS, né à Vienne, double neveu de Freud dont il exploita abondamment le nom, est l'auteur de "Propaganda" (du latin "Prõpãgõ", propager) paru en 1928 à New York. Le chapitre n°1 s'intitule : "Organiser le chaos" (sic) ! Inconnu du public, c'est pourtant le manuel de référence des "communicants" en politique. Noam Chomsky le cite dans son livre "De la propagande" (2001) :
"Nous devons insuffler aux gens une philosophie de la futilité et nous assurer qu'ils seront intéressés exclusivement par les choses superficielles de la vie et les effets de mode du consumérisme. Ils doivent chercher à satisfaire ce que l'on appelle des besoins imaginaires. Nous créons ces besoins, puis obtenons d'eux qu'ils se focalisent dessus. Cela acquis, ils ne nous dérangeront plus". Assez clair ?
Ses manuels d'intox figuraient dans la bibliothèque de Goebbels qui s'en inspira pour sa campagne de diffamation haineuse contre les juifs allemands.
Bernays qui fut le chantre du "gouvernement invisible des élites", (c.-à-d. de l'oligarchie, qu'on appelait alors aux USA "les barons voleurs") est reconnu comme de loin le principal théoricien du "spin doctoring", c'est-à-dire la manipulation de l'info, des médias et de l'opinion publique pour, entre autres, gagner les quelques dixièmes de % d'opinion qui en démocratie feront la différence.
Ensuite, le pouvoir exécutif élu pourra faire ce que lui dicte le "gouvernement invisible", qui tient l'argent (pour acheter et corrompre) et tous les grands médias (pour anesthésier l'opinion) mais il faut d'abord absolument gagner les élections.
Car comme en sport, il y a toujours en politique une part inconnue d'incertitude (les rivalités sont nombreuses), qu'il faut réduire au strict minimum par de la "communication", mot politiquement bien plus acceptable par le public que "propagande".
Mais quand on voit l'abyssale et crasse médiocrité intellectuelle, l'absence d'humanité de la plupart des dirigeants politiques issus de ces manipulations, on ne peut que constater que cela marche. Hélas !
Un des moyens est de dénoncer les coupables des tristes maux qui nous accablent : crise économique hautement sélective, précarité croissante, inégalités intolérables, santé et retraites menacées, chômage élevé par délocalisations, donc désindustrialisation, privatisation-pillage des biens publics, changement de climat bien perceptible, immigration incontrôlée etc… mais évidemment pas les vrais coupables !
Diffamer immigrants, opposants, services publics, fonctionnaires, syndicats, musulmans, tout est bon.
Ainsi (entre autres…) notre propagande bien à nous nous dresse depuis peu contre la Chine qui réprime si durement des manifestants qui veulent la démocratie, (mais pas chez nous ? Gilets Jaunes : 10.000 arrestations, 1.800 condamnés, 200 blessés graves dont 25 mutilés !), cette Chine qui nous vole nos industries, nos emplois, donc notre prospérité.
Mais la Chine n'a fait qu'accepter avec joie le marché qu'on lui a proposé ! : offrir sa pléthore de main d'œuvre pas chère et (supposée) docile, en échange des capitaux et technologies nécessaires à l'installation clés en mains d'usines low cost sur son sol. Grâce à cette géniale stratégie la Chine est en train de viser la place de 1ère puissance mondiale !
Ce deal faisandé à relent raciste (on supposait les chinois incapables de se hisser à notre niveau) a considérablement enrichi nos capitalistes "libéraux" tout en affaiblissant nos structures sociales, pendant qu'une économie de marché "mixte" mais sous la tutelle exclusive et ferme d'un État chinois très dirigiste, évoluait à pas de géant en formant, éduquant et sortant de leur misère immémoriale des centaines de millions de ses citoyens, donnant amplement raison à Lénine : "Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle on les pendra".
Il suffisait pour cela de leur faire entrevoir de fabuleux profits à court terme : leur patriotisme ne peut résister à de gros dividendes, même si cela ruine les vies de millions de leurs concitoyens.
Les déficits commerciaux abyssaux des pays occidentaux avec la Chine ne sont que le résultat pourtant très logiquement prévisible des efforts de leurs capitalistes pour optimiser leurs profits.
L'épicentre de tout cela, les États-Unis, ont ainsi perdu 40% de leurs emplois manufacturiers, des millions de jobs très qualifiés ont été exportés pour satisfaire la soif inextinguible de profits de leurs actionnaires, sans le moindre égard pour l'american way of life de leurs compatriotes, de + en + souvent voués à la précarité sociale ou une pauvreté abjecte.
Mais en quarante ans, entre 1978 et 2018, la rémunération des PDG américains a augmenté en dollars constants en moyenne de 940%, celle de leurs salariés de 12% ! (Economy Policy Institute, USA). 25 managers de la finance gagnent DEUX FOIS PLUS que L'ENSEMBLE des enseignants de maternelle et les trois Américains les plus riches possèdent plus de richesse que la moitié inférieure de la société américaine. C'est normal ?
La Chine n'est, et de loin, pas irréprochable mais dans le même temps elle a sorti 770 millions de ses citoyens de l'extrême pauvreté (une population équivalente aux USA + l'UE à 27 !) démontrant que le sacro-saint "laisser-faire-le-marché" néolibéral ne fait, lui, que creuser les inégalités).
Et les ÉNORMES gains de productivité réalisés grâce aux nouvelles technologies ont été en Occident empochés sans vergogne et sans la moindre idée d'en faire profiter les producteurs réels des biens et services, ceux qui travaillent et font marcher la machine économique.
Alors, comment expliquer ou camoufler tout cela sans recourir à l'enfumage de l'opinion ?
C'est vraiment la faute de la Chine ? R.J.
2019 08 an II
- Écrit par BRUYERE
éDITORIAL
L’affaire « De Rugy » est un des événements qui ont défrayé la chronique de juillet, avec la révélation de dîners fastueux dans un cadre qui tenait autant de la fête privée que de la communication politique.
Rien d’illégal, nous dit-on, …ou si peu. Pour le pouvoir l’affaire est terminée. Pas de quoi fouetter un chat. Il n’y a pas d’affaire « De Rugy », et même pas d’affaire « Rugy » tout court. En même temps que son portefeuille, le ministre a perdu sa particule. L’heure n’est pas à étaler les privilèges …du moins dans les media.
L’entre-soi des possédants
L’affaire est terminée… là où peut-être elle ne fait que commencer. Car le problème n’est pas tant le prix du homard ni des bouteilles à 500 € que de la relation incestueuse entre milieux d’affaires, lobbies, décideurs occultes et les relais qu’ils ont trouvés au même de l’Etat, et qu’ils ont contribué eux-mêmes à sélectionner : un De Rugy par exemple, ex-candidat aux primaires de la gauche qui s’était engagé à soutenir celui qui sortirait vainqueur de l’élection. Ce fut Hamon.
De Rugy en profita pour tourner casaque et se rallier à Macron. Comme dit l’un des personnages dans la série « Kaamelot » : « Quand est-ce qu’on trahit ? » Pour De Rugy, la réponse est à l’évidence : « le plus vite possible ». On jugea en haut lieu qu’il ferait un bon ministre.
Comme l’écrit Juan Branco, qui a expliqué comment le « produit » Macron avait été fabriqué et programmé par les Niel, Bernard Arnault et la caste oligarchique qui dispose désormais en France de la quasi-totalité des media : « En ces mondes, la question des compétences devient secondaire, tant on voit à quel point les individus sont conditionnés par des réseaux d’allégeance et de contre-allégeance qui leur retirent toute autonomie. » Un monde où tout s’achète et tout se vend, comme les charges d’Ancien Régime.
Branco, qui connaît bien son sujet pour être lui-même issu du « sérail » explique également comment ladite caste apprend à pérenniser ses privilèges, dès l’enfance, dans des établissements scolaires qui n’ont rien à voir avec votre collège de secteur. Réservés aux rejetons de la moyenne, haute, voire très haute bourgeoisie, ils cultivent l’entre-soi par un recrutement entièrement contrôlé, et par des droits d’inscription prohibitifs. A l’Ecole alsacienne où Branco a été élève, les professeurs sont payés par nos impôts et l’établissement sous contrat « se contente de prélever une dîme de 2700 euros par an pour en organiser le vivre-ensemble ». L’école se trouve à deux pas des jardins du Luxembourg.
Si vous voulez vous retrouver seulement entre gens fréquentables, les établissements à connaître à Paris ont pour nom Stanislas, Notre-Dame -de-Sion, Saint-Dominique, Saint-Louis de Gonzague. Ils sont plus rares en Province mais on se doit de mentionner La Providence à Amiens, qui s’enorgueillit d’avoir formé le petit Emmanuel.
Encore et toujours : défendre la loi de 1905
Comment pourrait-on faire confiance à ces gens pour garantir la laïcité ? Sans parler de l’élitisme républicain dans son sens le plus noble qui passe par un véritable système d’instruction publique, et par des diplômes nationaux et anonymes ? On connaît les coups que le ministre Blanquer vient encore de porter au bac, non sans menacer de lourdes sanctions les professeurs récalcitrants.
Pour la Libre-Pensée, il en va de même de la loi de 1905. Celle-ci a déjà été partiellement dénaturée, sous différents gouvernements. Malgré un recul apparent face à la mobilisation des laïques à l’automne dernier, rien n’est garanti. C’est sur les actes qu’il faudra juger, et que l’on peut même juger déjà : la loi de 1905 ne sera pas pour nous un objet de négociation.
Ni dans sa lettre, ni dans son application effective.
Nous aurons l’occasion d’y revenir lors de notre rencontre du 20 septembre à Vénissieux. Tous les laïques, tous les républicains y seront les bienvenus.
Une bonne nouvelle pour finir : la Région a été déboutée en appel dans l’affaire de la crèche Wauquiez à l’Hôtel de Région.
La loi de 1905 est toujours debout !
P.G.
liberté d'expression
Le 11 juillet était organisé, à Lyon place de la République, un rassemblement pour la libération de Tuna Altinel, en présence d’une centaine de personnes.
« Tuna Altınel, maître de conférences à l’université Claude Bernard Lyon 1 depuis 1996 et membre de l’Institut Camille Jordan, a été emprisonné samedi 11 mai 2019 par les autorités turques. Il est un mathématicien internationalement reconnu ; comme enseignant, sa clarté et son sérieux sont des modèles. Il est également engagé dans la défense des droits humains dans le mouvement des « Universitaires pour la paix ».
Tuna Altınel est poursuivi par la justice turque pour avoir signé en janvier 2016 l’appel « Nous, enseignants-chercheurs de Turquie, ne serons pas complices de ce crime » qui dénonce l'intervention des forces militaires turques dans certaines provinces du sud-est de la Turquie à partir de l'été 2015 (rapport du HCDH de l'ONU) et demande la reprise des pourparlers pour que la paix soit rétablie » comme l’indique son comité de soutien.
Signataires : Association Culturelle Mésopotamie, Amitiés Kurdes de Lyon Rhône Alpes, Association France Kurdistan du Rhône, Comité universitaire de soutien à Tuna Altinel, Ligue des droits de l’homme Rhône, Comités génération-s de la métropole de Lyon, Ensemble ! Rhône, Europe Écologie Les Verts 69, Parti Communiste Français du Rhône, Confédération nationale du travail Rhône, Union départementale CGT 69, Union Syndicale Solidaire du Rhône
Texte de la déclaration de Xavier Hyvert, représentant la Libre Pensée :
« La Fédération du Rhône de la Libre Pensée s’associe à la demande de libération de Mr Tuna Altınel, professeur de mathématiques, enseignant à Lyon I. Pour les mêmes raisons…
ð qu’en France, nous sommes au côté des associations, des syndicats, pour exiger l’arrêt de la répression, qui n’est certes pas nouvelle mais qui a atteint un niveau de violence inconnu depuis la guerre d’Algérie, contre les mouvements sociaux,
ð que nous avons manifesté à Lyon le 13 avril avec de nombreuses associations, syndicats et partis pour demander le retrait de la loi liberticide mal-dite « anticasseurs » qui devrait plutôt s’appeler loi anti manifestants.
ð Et que nous n’acceptons pas non plus que des enseignants soient arrêtés pour avoir dénoncé un projet de loi qui détruit l’école.
ð que nous demandons avec les syndicats, les associations, les démocrates, comme dans plus de 70 pays, la libération de Louisa Hanoune et de tous prisonniers d’opinions en Algérie, au côté du peuple algérien engagé dans ce que l’on peut appeler une révolution ;
Nous demandons la libération de M. Tuna Altınel emprisonné, comme le précise son comité de soutien, pour avoir signé en janvier 2016 l’appel
« Nous, enseignants-chercheurs de Turquie, ne serons pas complices de ce crime » qui dénonce l'intervention des forces militaires turques dans certaines provinces du sud-est de la Turquie à partir de l'été 2015 et demande la reprise des pourparlers pour que la paix soit rétablie.
La liberté d’expression est un droit humain fondamental énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, comme vient de le rappeler l’Unesco.
Cet Article 19 énonce que : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. »
Parce que nous défendons cette liberté première et fondamentale qui s’appelle la liberté de conscience, le droit de dire non, non à la guerre, non aux guerres d’aujourd’hui qui obéissent à la même logique qui faisait écrire à Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels », ces guerres qui sont la misère des peuples : avec les syndicats, les associations, les citoyens, ces collègues, et son comité de défense nous exigeons la liberté pour Tuna Altinel. »
libres propos, libres pensées
Démocratie directe, Laïcité et État-Nation Souverain : des notions indissociables
En France la situation créée par la révolte brusque et inattendue des Gilets Jaunes divise de facto les partisans de la démocratie en deux camps
Les "légitimistes" qui pensent que Macron ayant été élu démocratiquement, il a donc le droit de faire ce qu'il veut durant son mandat, (y compris brader notre patrimoine public et notre souveraineté sur le territoire, sur l'exemple du très (trop) discret Traité franco-allemand d'Aix la Chapelle du 22/01/19).
Les "révocateurs" qui pensent qu'un président démocratiquement élu mais qui agit sciemment à l'encontre de leurs intérêts et des espoirs mis en lui par une majorité d'électeurs (bien à défaut dans son cas !) ne doit pas rester en place et doit être soumis à un référendum citoyen où le peuple souverain tranchera s'il mérite de rester par Oui ou par Non.
Car la démocratie n'est pas une :
Le vote des sénateurs argentins en août 2018 contre la légalisation de l'avortement nous en apprend beaucoup sur la démocratie et ses variantes, variables, variées et bien trop souvent avariées.
En effet, dans un pays où les avortements illégaux sont estimés entre 350.000 et 500.000 par an, une (meule de) paille ! la population argentine y étant très majoritairement favorable, la chambre des députés ayant voté en sa faveur quelques semaines plus tôt, il a suffi du véto de CINQ sénateurs pour renvoyer la question dans les limbes. Dehors la loi !
Avec (évidemment !) en soutien l'appui public et largement relayé du bon pape argentin François le 1er, ce pape réputé si "progressiste" et tant choyé par les médias, qui pontifie à Rome en faisant des bulles derrière les murs bien clos et les secrets honteux bien gardés de son "État" du Vatican, créé en 1929 par la bonne grâce de Mussolini. Un gage de démocratie !
Alors qu'en Suisse voisine la question aurait fait l'objet d'une votation populaire et que le verdict (positif ou négatif, qu'importe !) eût été net et sans appel, puisque reflétant réellement la conviction la plus intime de la majorité de la population, il a suffi en Argentine de cinq gérontes réactionnaires pour balayer un consensus général pourtant majoritaire.
Mais aux USA c'est encore bien mieux !
À la Cour Suprême qui tranche in fine les questions de société du même type, il peut suffire d'UNE voix (ils sont neuf) d'un juge NOMMÉ À VIE par le bon vouloir d'un Président, pour imposer SA propre vision du monde aux 325.000.000 d'américains !
Nommés par Trump, Neil Gorsuch, et Brett Kavanaugh, jeunes quinquas, représentent la droite chrétienne la plus réactionnaire et antisociale et ils ont de très longues années de sévices devant eux.
Le 27 juin 2019, la Cour Suprême sollicitée sur la question décréta par 5 voix contre 4 que le problème ultra-bouillant du "gerrymandering" (charcutage électoral) et du "disenfranchisement" (radiation ou refus abusif d'inscription d'électeurs) n'était pas de son ressort, abandonnant ainsi les vannes encore plus grandes ouvertes à ces procédés déjà largement pratiqués par maints barons locaux dans divers états.
Pour un pays qui veut imposer au monde sa démocratie et son capitalisme (mais surtout par bombes, menaces, coercition, corruption, chantage et pillage), c'est vraiment très, très prometteur !
Lesdits Conseils Constitutionnels ou équivalents sont ainsi partout bien trop souvent les tout derniers bastions du conservatisme régressif contre les volontés de vrais changements démocratiques et sociaux, exprimées clairement par leurs peuples.
Démocratie et souveraineté sont indispensables :
Mais revenons en Suisse : Marianne Wüthrich, docteur en Droit, publie un article dans Zeit-Fragen, "L'État souverain est indispensable", vibrant plaidoyer pour la défense de l'État-nation suisse et sa démocratie directe qu'elle estime gravement menacés par les sirènes et pressions européistes néo-libérales en vue de la signature d'un Accord-cadre : pourquoi en effet s'accrocher à l'État-nation souverain alors que le monde est ouvert comme il ne l'a jamais été, alors que des politiciens suisses, des professeurs de droit, des diplomates, des "groupes de réflexion" (financés par qui ?) déclarent que la souveraineté jalouse et ancestrale de leur petit pays est obsolète dans un monde globalisé et, dit-elle "qu’ils désirent donc scier eux-mêmes la branche sur laquelle ils sont confortablement assis" ?
Elle pense qu'au contraire c'est justement parce que le monde est plus ouvert que jamais que l'État nation doit exercer plus que jamais et au plus près des citoyens son office de régulation de la société.
Elle rappelle qu'un État-nation souverain se définit par "une population vivant dans des frontières fixes (circonscrivant son électorat) et se soumettant volontairement aux lois qu'elle se donne", c'est-à-dire l'exact inverse de ce qu'est l'UE : une construction supranationale floue, aux frontières fluctuantes et mal contrôlées, largement perméables aux concurrences déloyales, importations frelatées, fraudes, fuites fiscales, trafics d'êtres humains, où les peuples sont en concurrence sociale et fiscale et mis sous la tutelle de lois sur lesquelles ils n'ont plus aucune prise - comme c'est (encore) le cas en Suisse.
Mais, s'inquiète-t-elle, jusqu'à quand ?
Car chacun sait chez nous qu'une grande majorité des lois votées au Parlement français ne sont que la simple promulgation de "directives" prérédigées par Bruxelles - et généralement à notre détriment.
Avec en perspective le morcellement programmé de longue date des États-nations en "régions" soi-disant "autonomes" (mais surtout impuissantes !).
Par concept, selon elle, "l’État-nation est le garant des droits fondamentaux, des lois, de leur application par les tribunaux, des pensions de retraite, de l’organisation du territoire, de la politique sociale, de la gestion et de l'entretien des infrastructures (pensez donc aux victimes du viaduc privé (d'entretien) de Gênes !) ainsi que de son approvisionnement et de la gestion des déchets".
Comme la laïcité, l'État-nation n'est donc qu'un principe rationnel d'organisation de la société qui n'a absolument rien à voir avec le chauvinisme raciste et nationaliste exclusif et discriminatoire.
Rappelons aussi que les citoyens sont collectivement héritiers et propriétaires de tout ce que possède leur État et que leurs élus et fonctionnaires n'en sont que les gestionnaires, hélas pas toujours scrupuleux.
Privatiser ce qui a été payé par le labeur et l'impôt, ce n'est pas créer de l'activité entrepreneuriale, ce qui serait (paraît-il) la vertu première du capitalisme, c'est simplement transférer la propriété collective aux intérêts privés, c'est donc piller la population.
Et sous prétexte "d'économies" on propose chez nous (et pourquoi donc ?) de réduire drastiquement le nombre de parlementaires alors que la population augmente et a besoin au contraire de représentants bien plus proches et plus soucieux de leur quotidien.
Selon Marianne Wüthrich, la conséquence en est le manque de respect généralisé des populations face à des institutions qui ne fonctionnent plus à leur profit. Quand le mot très chargé de positivité "réformes" devient synonyme de "régressions sociales", peut-il en être autrement ?
"Le manque d’estime face à l’État mène dans une impasse. Nous créons des marchés au-delà de la taille contrôlable ; nous établissons des règles mondiales ne prenant nullement en compte la diversité réelle des besoins et des préférences ; nous affaiblissons les États-nations traditionnels sans les remplacer par autre chose de plus efficient".
Les profondes et croissantes inégalités et injustices générées par la mondialisation ont des causes profondes liées à la faiblesse des États face à d'énormes entités marchandes supranationales devenues bien plus puissantes qu'eux, où l'argent indécent accaparé par une minuscule minorité achète de l'influence médiatique, du pouvoir politique, de l'impunité judiciaire et fiscale et finit ainsi par supplanter le droit de vote individuel des citoyens.
Le résultat en est l'asthénie de nos démocraties qui réside dans l'absence croissante de participation des citoyens à la gestion de leurs propres affaires, celles-ci étant abandonnées à de supposés "experts" et à du personnel politique professionnalisé sponsorisé, élu, réélu par l'argent électoral intéressé de leurs mécènes, car ce sont eux qui font (et défont) les lois.
Et (est-ce le but ?) partout des citoyens modestes découragés s'abstiennent de plus en plus de voter.
Mais les parlements seront toujours aussi pleins !
Et elle nous met solennellement en garde :
"Là où les États-nations échouent, les effondrements économiques et les guerres civiles en sont les conséquences".
À bon entendeur…
RJ
2019 05 an II
- Écrit par BRUYERE
EDITORIAL
Mardi 26 février, la Libre Pensée reçue par l’Observatoire de la laïcité (alors qu’elle ne l’a jamais été sur ces questions par la Présidence de la république), mettait « en garde contre l’éclatement du cadre républicain dans le cadre d’une loi qui favoriserait les cadres concordataires. »
Depuis, Emmanuel Macron a déclaré renoncer à toute modification de la loi de 1905, ce qu’il a confirmé jeudi 25 avril lors de sa conférence de presse organisée en clôture du « grand débat national ». La tendance serait même à « renforcer la loi », ce qui ne peut qu’éveiller notre méfiance. Si on renforce, on modifie. Ou s’agit-il d’autre chose ?
Un travail avec les associations et un contrôle accru « des financements venant de l'étranger » seraient les axes retenus. Une nouvelle fois, seul le culte musulman poserait difficulté et constituerait une menace. Or la Libre Pensée, en accord avec l’ensemble des associations ayant signé l’appel « ne touchez pas à la loi de 1905 ! » considère que le titre V de la loi « Police des cultes » répond suffisamment aux questions soulevées par les menaces à l’ordre public.
La Fédération nationale avait déjà attiré l’attention des laïques lors de la mise en place des assises de l’Islam, quand le 25 juin 2018, « dans la continuité du discours qu’il a prononcé à la rupture du jeûne par la Conseil français du culte musulman », le ministre de l’Intérieur avait publié un communiqué annonçant la tenue « d’assises territoriales » ayant pour objet « d’aborder les thèmes de la représentation institutionnelle de l’Islam de France, de la gouvernance des lieux de culte, du financement du culte et de la formation des ministres du culte (…) dans la continuité des instances de dialogue organisées depuis 2015.»
Il s’agit donc de poursuivre dans la voie d’une « laïcité » indéfiniment négociée, mettant en présence dans la même instance de dialogue les représentants des différents cultes entre lesquels un équilibre devra être trouvé. Le cadre n’est plus celui de la loi républicaine garantissant une stricte neutralité, mais celui d’accommodements entre gens « raisonnables », les religions étant réputées sages par nature. Et peu importe si elles approuvent toutes peu ou prou la phrase prononcée par Philippe Barbarin au sujet du mariage gay : « Le Parlement n’est pas Dieu le Père. »
Et pendant ce temps-là…
Le projet de loi « pour une école de la confiance » prépare le regroupement d’écoles maternelles et élémentaires au plan communal ou intercommunal, la création de regroupements d’écoles et d’un collège au sein « d’un même établissement public local d’enseignement » baptisé « établissement public des savoirs fondamentaux » (EPSF), là où « les communautés éducatives l’estiment utile ».
De nouvelles économies seraient réalisées pour l’État, avec moins de fonctionnaires (un seul chef d’établissement pour plusieurs écoles). Le chef d’établissement de l’EPLE cumulerait les compétences attribuées au directeur d’école et celles du principal du collège. Les compétences du Conseil d’Administration fusionneraient celles du C.A. du collège et celles du conseil d’école, et établiraient l’autonomie pédagogique, financière et administrative de l’EPLE. Organisation de la concurrence.
Ce serait par là-même la mise sous tutelle pédagogique, administrative et financière de l’Ecole communale et de ses personnels, et un nouveau coup porté à la liberté pédagogique des enseignants, à leur statut, à leur indépendance et à leur neutralité.
Il s’agirait donc d’une rupture du lien historique commune-école, et de la fin de l'école communale, laïque et républicaine, instituée avec les lois Ferry de 1882 et Goblet de 1886, la fin de notre système républicain d’écoles communales laïques.
Tout cela logiquement complété par le cadeau aux écoles privées confessionnelles, au détriment des collectivités et de l’Ecole publique laïque, d’une scolarité obligatoire à 3 ans obligeant le financement des écoles maternelles privées par les communes, et par l’ouverture à la concurrence des « jardins d’enfants » qui pourront assumer cette scolarité en lieu et place de la maternelle !
Et tout cela, bien entendu, « sans toucher à la loi de 1905 » !
PG
Communiqué LP du Rhone
|
|
POUR LA LIBERTE DE MANIFESTER
L’ABROGATION DE LA LOI ANTI-MANIFESTANTS
|
POUR L’ARRET DE LA REPRESSION ET DE L’UTILISATION DES LBD
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée condamne les violences policières extrêmes subies par les manifestants samedi 13 avril à Toulouse. Il fallait à l’évidence éviter, dans cette ville, comme ailleurs, que ce réalise la jonction entre les Gilets Jaunes, les organisations qui avaient appelé à manifester contre la loi anti-manifestants et pour défendre le droit de manifester.
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée, dans les mêmes termes que le collectif des organisations dans le Rhône a utilisé dans son communique du 15 mars 2019, « condamne la répression intolérable que le gouvernement mène contre les manifestations du samedi des gilets jaunes, avec des centaines de blessés graves : personnes éborgnées, mains arrachées … auxquelles nous apportons notre soutien et notre solidarité. »
Et, comme, à « Lyon, nous avons apporté toute notre solidarité notamment à Daniela, à Thomas et à Ludovic gravement blessés », comme nous exprimons notre solidarité à Geneviève Legay, blessée à Nice, nous apportons la même solidarité aux nombreux blessés de Toulouse où les manifestants ont été gazés, attaqués au LBD et au canon à eau sans discontinuer toute l’après-midi comme le montre les vidéos qui circulent.
Oui, la loi « adoptée par l’Assemblée nationale qui prétend encadrer le droit de manifester reste, malgré la censure du Conseil constitutionnel, une atteinte grave aux libertés publiques et à l’équilibre des pouvoirs. »
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée est prête, au lendemain de cette manifestation, à apporter son soutien, dans l’unité des organisations ouvrières et démocratiques, aux initiatives pour :
Arrêter cette répression, qui va crescendo, contre les manifestants !
Défendre le droit de manifester !
Obtenir l’abrogation de la loi anti-manifestants et de toutes les dispositions liberticides.
Publication
« Insoumission – Émancipation – Laïcité »
Un précis de laïcité par Benoît Schneckenburger
On connaît Benoît Schneckenburger, libre-penseur, spécialiste de philosophie matérialiste et politique, récemment interviewé dans la revue « La Raison ». On se souvient aussi qu’il est intervenu le 22 novembre 2018 lors de la conférence de défense de la loi de 1905 en tant que l’un des initiateurs de « l’appel des laïques ».
Militant de la France Insoumise, Benoît Schneckenburger est candidat « FI » aux prochaines élections européennes. C’est un peu à l’usage de ses camarades FI qu’il publie ce bref ouvrage, présenté le jeudi 11 avril lors d’une conférence-apéro au Bar à Vins Vieille Canaille (Lyon 7e). De façon claire et concise, l’auteur passe en revue tous les fondamentaux sur la laïcité en général et sur les problèmes actuels en particulier, en dénonçant les dérives dues à l’ignorance et à l’hypocrisie.
Ou pour employer les mots de l’auteur : ses « renoncements » et ses « falsifications ».
Conférence brève, mais dense dans son contenu, à l’image de l’ouvrage présenté !
|
|
libres propos, libres pensées
Débaptisation ou Apostasie ?
libres propos, libres pensées
En 2011 notre camarade libre-penseur René Lebouvier obtenait satisfaction auprès du tribunal de grande instance de Coutances, qui jugeait que la mention de son baptême devait être effacée des registres. Il avait dans un premier temps demandé au curé de Fleury et à l’évêque de Coutances de porter la mention : « a renié son baptême le 31 mai 2001 » en marge de la transcription dans le registre de l’Église. Il demanda ensuite la radiation totale en 2009 de manière à ne plus figurer dans aucun des fichiers tenus par l’Église catholique. Mais en 2013 la cour d’appel de Caen invalidait ce jugement. Le juge d’appel estimait en effet qu’aucune « divulgation fautive » des informations consignées sur le registre des baptêmes n‘était établie.
Il jugeait au surplus que l’Église n’avait pas violé les dispositions de la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés.
René Lebouvier était ensuite débouté en Cour de cassation et condamné aux dépens.
Quant à la Cour européenne, sans formuler aucune motivation, elle se déclarait incompétente pour choisir entre la loi des hommes et le droit canon. Elle reconnaissait ainsi qu’il s’agissait bien de droit canon lequel, pas plus que la charia, n’a pas sa place dans la République.
Il semble que les demandes de débaptisation soient devenues beaucoup plus nombreuses ces derniers mois.
Mais le fait nouveau est qu’elles ne sont plus formulées par des athées ou agnostiques, mais par des croyants.
Les tombereaux de révélations déversés sur les affaires de mœurs dans l’Église suffisent à expliquer un phénomène dont il est difficile de mesurer la portée.
Du reste l’Église reconnaît le droit à être radié des fichiers de baptême, mais sans aller jusqu’à effacer les noms. Elle avance pour cela des problèmes techniques (qui ne trompent personne) et le fait que le baptême ayant eu lieu, il est un « fait historique » dès qu’il est consigné : elle s’appuie pour cela sur la jurisprudence.
Mais il est un autre problème : c’est l’utilisation du terme générique « Apostasie » pour toutes les demandes de débaptisation, même pour celles qui émanent de citoyens n’ayant jamais été croyants.
Or « l’apostat » est celui qui a renié sa religion. Problématique pour des croyants, il est inacceptable pour des athées ou des agnostiques. Consonnant avec le mot « renégat », il possède même une connotation sulfureuse qui nous renvoie à l’empereur-philosophe Julien dit « l’Apostat ».
Julien, très tolérant et pas plus mauvais souverain qu’un autre – bien loin de là ! - voulut rétablir les cultes païens. Mortellement blessé par une flèche dont on s’est demandé si elle n’était pas venue de son propre camp (une flèche chrétienne), lors d’une bataille en Orient, il mourut en 363 à 31 ans environ.
|
|||
|
|||
Le Second Anschluss : l'édifiante "réunification - privatisation" de la RDA
En l'an 2000, l'Allemagne constata avec effroi que ses résultats à l'étude PISA de l'OCDE (évaluation comparative des systèmes scolaires) étaient désastreux alors que la toute proche Finlande obtenait la meilleure note.
Ses ministres, pédagogues, experts et journalistes se précipitèrent alors vers ce petit pays afin de lui soutirer le secret de son succès, pour s'entendre dire que son système était largement inspiré du système éducatif de l'ex-RDA !
Ceci est absolument caractéristique de ce qu'a été la "réunification" allemande tant vantée : au lieu de faire une synthèse rationnelle des meilleurs aspects des deux systèmes en présence, les allemands de l'Ouest partirent du principe que leur modèle était le meilleur des mondes possibles et ont tout jeté au rebut : les institutions, les entreprises, la culture, l'identité, l'histoire et les hommes avec, avec un seul souci : en effacer toute trace au plus vite.
L'économiste italien V. Giacché a publié un livre très documenté titré "Le second Anschluss" d'où il ressort que la "réunification" a bien plus ressemblé à une agressive conquête coloniale ou à une OPA hostile, celle-ci étant définie en bon langage capitalistique comme "l'annexion par incorporation pure et simple d'un concurrent par un autre, en l'éliminant pour s'emparer de ses parts de marché".
L'Allemagne met volontiers en avant tout ce qu'a coûté la réunification à ses contribuables, mais bien moins tout ce qu'elle a rapporté à ses entreprises : l'accès inespéré aux marchés des pays de l'Est européen, à une main d'œuvre hautement qualifiée et peu payée et à de la sous-traitance bon marché, ceci expliquant amplement sa position centrale à nouveau dominante en Europe, perdue en 1945 (et à quel prix !) avec son apocalyptique défaite.
La petite RDA et ses 16 millions d'habitants était, contrairement à la légende tant colportée par les médias CAC40, loin d'être économiquement à l'agonie : entre autres elle était le 5ème exportateur de machines-outils au monde et était de loin l'économie la plus avancée du bloc de l'Est.
Si ses habitants réclamaient à grands cris des réformes en matière de libertés, exprimaient leur ras-le-bol de la surveillance omniprésente de la Stasi, leur besoin de s'exprimer librement et d'influencer les décisions politiques, ils n'exigeaient pas dans leur majorité la réunification, qui leur fut servie par ce que Naomi Klein appelle "la Stratégie du Choc" : profiter de troubles politiques ou de catastrophes naturelles et de l'effet induit de sidération des populations pour les amener à accepter des décisions ou des "réformes" qui ne sont pas dans leur intérêt.
La réunification qui prit le monde entier par surprise (y compris les citoyens de la RDA) fut en réalité l'objet d'un deal perdant entre Gorbatchev et George Bush I contre la promesse verbale que, réunification accomplie, l'OTAN ne s'étendrait pas plus à l'Est. Sans eux, rien n'eût été possible. On connait maintenant la validité de cette promesse !
Helmut Kohl s'est ensuite chargé avec zèle de la réunification politique (ou plutôt de l'annexion). Une fois celle-ci réalisée, il fallait prendre le contrôle socio-économique de l'ex-RDA (DDR).
Pour cela, il a suffi d'établir la parité immédiate et sans transition des marks Ouest et Est : 1 pour 1.
Comme le mark DDR était une monnaie faible, la RDA a perdu ainsi du jour au lendemain tous ses débouchés traditionnels, n'étant plus du tout compétitive (ses prix ont augmenté dans la nuit de 350 à 400% !) livrant d'un coup son marché intérieur et à l'export aux innombrables produits et services des entreprises capitalistes de l'Ouest.
Il ne restait alors plus qu'à liquider tout l'énorme patrimoine et avoirs appartenant à l'État (par exemple les sols et sous-sols, qui ne pouvaient faire l'objet de transactions en RDA socialiste).
Peu connu : il y avait toutefois un très important tissu de 36.000 PMI et PME privées en RDA.
Ainsi les fonds injectés des années durant par l'État de la RDA à taux de 0,5% dans ses propres entreprises pour financer leurs investissements (comparables à des fonds propres injectés par des actionnaires) devinrent miraculeusement de la dette, baptisée "vieille dette" dont les banques d'État entre temps privatisées et rachetées pour une bouchée de pain par des banques de l'Ouest s'empressèrent de réclamer 10% d'intérêt annuel.
Par exemple (entre bien d'autres !), une banque d'État de Berlin-Est privatisée pour 49 millions de DM, se retrouva à la tête d'un portefeuille de 11,5 milliards de DM de cette "vieille dette" totalement inventée et illégitime à recouvrer, garantie par les contribuables ! Car leur faire cautionner ou renflouer les banques privées est une belle tradition très répandue dans les pays capitalistes !
La privatisation de tous les avoirs mobiliers et immobiliers de l'État Est-allemand fut confiée à la Treuhand (Société Fiduciaire) qui en seulement quatre ans d'existence a cassé la quasi-totalité de l'économie de la RDA dans des conditions totalement irréversibles et reconnues depuis comme absolument scandaleuses (fraudes, pas de contrôle d'antécédents judiciaires ou de compétences des acheteurs, corruption, favoritisme, biens bradés sans aucune enchère et largement sous-estimés) la laissant en peu de temps selon l'auteur dans un état comparable à la destruction de richesses et de capacités de production causées par une guerre !
Selon l'auteur italien, elle se trouve depuis dans une situation permanente bien pire que le Mezzogiorno, le sud italien caractérisé par la désindustrialisation, une économie durablement anémique, une économie parallèle mafieuse, un chômage endémique extrêmement élevé, la désertification, l'émigration et la dénatalité.
Ce que confirme l'historien Nicolas Offenstadt, auteur du livre "Le pays disparu. Sur les traces de la RDA" qui parle, trente ans après la réunification, d'un "territoire toujours en friches" et "d'un écrasement symbolique visible partout".
La population de l'ex-RDA a depuis diminué de 25%, passant de 16 à 12 millions, elle a vieilli, le parc immobilier et industriel est excédentaire, sa main d'œuvre la plus qualifiée a émigré à l'Ouest par nécessité et la natalité a chuté dramatiquement.
De très grosses agglomérations ont vu en 4 ans fondre leurs emplois industriels (la région de Halle où travaillaient 110.000 personne a vu ce chiffre tomber à 17.000, à Leipzig de 90.000 à 10.000 !) et actuellement 47 % des adultes de l'ex-RDA dépendent pour survivre d'aides sociales, ce qui permet de mieux comprendre trente ans après la chute du mur une Ostalgie (nostalgie de l'Est) persistante et la montée apparemment inexorable des partis dits "populistes" ou "néo-nazis".
En même temps que la "liberté", les allemands de l'Est ont aussitôt découvert l'insécurité sociale et le chômage qui était inexistant et même interdit par leur Constitution ! Mais la notion de liberté a-t-elle un sens quand vous êtes pauvre ou au chômage ?
La très grande majorité des élites administratives, économiques, scientifiques, universitaires, etc. suspectées de "collaboration" ont été jetées à la rue par un processus revanchard et aveugle bien plus large et sévère que la soi-disant et superficielle "dénazification" des élites après 1945 (grâce à la Guerre Froide, nombre de dignitaires nazis avaient été très bien recyclés à l'Ouest de diverses façons) et à de très rares exceptions près été remplacées à tous niveaux de responsabilités par des Wessis, des allemands de l'Ouest, ce qui justifie l'appellation par l'auteur de "prise de contrôle colonial" du pays.
Depuis, pour masquer ces graves méfaits et ce fiasco éclatant, les énormes dégâts économiques et humains causés, les statistiques sont copieusement manipulées et le gouvernement allemand a décidé de ne plus publier de sondages sur les sentiments des Ossis, les ex-citoyens de la RDA qui se sentent (2 sur 3, sauf à Berlin) toujours considérés comme des citoyens de seconde zone, selon ces sondages !
Car ceux-ci mettent régulièrement en exergue que l'Allemagne réunifiée néo-libérale, capitale Berlin, soutient de moins en moins la comparaison !
Car leur ressenti général a posteriori est que :
"Il y avait de sérieuses réformes à faire, mais on y vivait bien. Pour à la sécurité sociale, les crèches partout y compris usines et universités, l'éducation professionnelle et supérieure gratuites, l'accès à la culture pour tous, les rapports sociaux, l'égalité hommes-femmes, le soutien aux familles, la protection contre la criminalité, la justice sociale, la RDA avait plus de côtés positifs que négatifs".
Le miroir aux alouettes de l'apparente corne d'abondance capitaliste avait donc admirablement fonctionné, mais la prospérité promise ne fut pas au rendez-vous pour la plupart, loin de là.
Largement soutenues par l'Ouest, comme en Pologne où l'Église catholique de Jean-Paul II a été à la manœuvre des contestations, les églises luthériennes et évangéliques de la RDA ont mené depuis leurs lieux de culte l'agitation qui a abouti à la "réunification" (Angela Merkel, universitaire, docteur en physique formée en RDA et un des très rares exemple d'élites de l'Est ayant percé en RFA, est fille de pasteur).
Et les archives de la Treuhand (ou ce qu'il en reste, car elles ont été volontairement largement dispersées) ne s'ouvriront qu'en 2050, quand tous les protagonistes de cette époque, voleurs et volés, auront disparu de la scène. Il n'y aura alors plus d'Ossis, plus d'Ostalgie, plus d'histoires, cela ne sera plus que de l'Histoire. Du passé, quoi !
En bref, une réussite exemplaire méconnue !
Mais… à propos ! Cela ne vous évoque rien ?
Dissolution d'États souverains dans une union néo-libérale, privatisation forcenée à la découpe de tous leurs patrimoines, casse acharnée de leurs services publics et sociaux, éducation publique en ruines, monnaie fiduciaire unique qui étouffe des économies trop inégales, délocalisations induisant la dramatique désindustrialisation de nos régions, austérité imposée uniquement aux classes moyennes et populaires, les conduisant à un déclin progressif, scandaleuses inégalités (voir OCDE) en hausse constante, retour organisé au grand galop des religions comme auxiliaires des pouvoirs dans des domaines jusqu'ici publics, montée inexorable des extrémismes, n'est-ce pas là JUSTEMENT tout ce que l'UE est peu à peu en train de nous servir ? Tirons-en au moins la leçon ! RJ
2019 03 an II
- Écrit par BRUYERE
Jeudi 10 janvier dernier, le gouvernement a présenté aux représentants des cultes les axes de la réforme qu’il veut engager autour de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Etaient présents douze invités (catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans, bouddhistes) auxquels « Emmanuel Macron a remis une note de trois pages synthétisant les contours de la réforme, destinée à favoriser une meilleure organisation du culte musulman » (Le Monde, 11 janvier 2019). Tel quel.
Ce n’est donc plus seulement à l’Etat (même de manière indue) mais aux catholiques, aux protestants, aux bouddhistes et aux israëlites d’organiser le culte musulman ? C’est bien étrange. On nous cache quelque chose.
Attendre d’un président qui affirme vouloir « réparer » le lien de nos institutions avec l’Eglise qu’il renforce la laïcité, voilà un autre sujet de perplexité, pour le moins.
La note remise était intitulée : « Renforcer la laïcité, garantir le libre exercice du culte » et affirmait la volonté de l’exécutif de « conforter les principes de 1905 » sans toucher aux articles 1 et 2 de la loi. Cette affirmation de principe vise d’abord à amadouer les associations « laïques » qui se sont opposées à toute retouche de la loi de 1905.
Et pour cause ! Le régime des associations « loi 1905 » serait rendu plus attractif. Elles bénéficieraient de la garantie d’emprunt et des baux emphytéotiques administratifs (par lesquels les mairies aident les associations à construire un lieu de culte). Elles pourraient détenir des immeubles de rapport – une source de financement aujourd’hui interdite. Pour bénéficier de ces avantages, elles devraient voir reconnue par le préfet leur qualité d’association cultuelle, en s’engageant à « respecter non seulement l’ordre public, mais aussi les droits et libertés garantis par la Constitution. »
C’est donc bien d’une « labellisation » qu’il s’agit, et d’une aide au financement de tous les cultes.
Notre projet législatif ne crée aucune ingérence dans l’organisation du culte proprement dit », indique l’exécutif. Simplement, pour préserver l’ordre public, les sanctions prévues au titre de la « police des cultes » seraient renforcées. Ainsi, des propos appelant à la haine seraient passibles d’un an d’emprisonnement et de 60 000 euros d’amende. Serait facilitée la dissolution d’associations (loi 1901 comme 1905) qui ne feraient pas cesser des troubles à l’ordre public dans leurs locaux.
Pour cela, nul besoin de réécrire la loi de 1905. Une mise à jour du code pénal suffit.
Le document affirme que les associations qui gèrent un lieu de culte ne seraient pas obligées d’opter pour le régime prévu par la loi de 1905. Ceux qui demeureraient en « loi 1901 » devraient respecter de nouvelles obligations, dans la présentation de leur été comptable.
Ceci concerne les associations « 1901 », ce qui est un autre problème. Là encore, nul besoin de mettre en cause la loi de 1905, sauf s’il s’agit de la rendre « plus attractive » financièrement, ce qui ne manquera pas de satisfaire tous les cultes.
Confirmation : « Nous ne sommes plus seulement dans la consultation, mais dans la concertation, se félicite François Clavairoly, le président de la Fédération protestante de France. Et nous sommes maintenant tous d’accord pour dire qu’il faut adapter le cadre dans lequel s’exercent les cultes, sans toucher aux grands principes de liberté et de séparation. » Tous d’accord ? Au nom de qui parle M. Clavairoly ? Au nom des cultes ? Au nom des institutions ? Certainement pas au compte des associations laïques qui ont lancé l’appel du 14 novembre et se sont aussitôt rendues devant les préfectures pour dire :
« La loi de 1905 repose sur deux principes essentiels que doit mettre en oeuvre la République pour garantir à tous la liberté de conscience :
La non-reconnaissance des cultes
Le non-financement des religions
Ne touchez pas à la loi de 1905 ! »
Tout ça dans un climat délétère…
Dire que le gouvernement Macron traite les associations laïques avec désinvolture est un euphémisme. Les Eglises sont mieux considérées. Il est vrai que c’est avec leur concours, en bonne « concertation », qu’on réinterprète la laïcité. On attend alors de la Libre Pensée, et d’autres associations laïques et démocratiques, qu’elles servent de caution à l’opération de com gouvernementale.
Une preuve en a été donnée les lundi 18 et mardi 19 février derniers, après les insultes adressées par un manifestant au philosophe Alain Finkielkraut et d’autres actes antisémites. Il s’agissait de l’organisation d’une réunion avec les « représentants des cultes, des associations laïques, de la Libre Pensée et des Obédiences maçonniques. »
La condamnation de l’antisémitisme ne se discute pas. Mais la forme importe, et même beaucoup. La Libre Pensée n’était pas au courant qu’elle était initiatrice de cette réunion organisée dans l’urgence. Le procédé du ministre de l’intérieur était pour le moins cavalier ! Il s’en est s excusé, mais a persisté à considérer comme normal de convoquer les cultes et les associations laïques, de rédiger en leur nom un projet de déclaration, à signer dans un délai de trois heures.
Ainsi le gouvernement décide, les Eglises exécutent et les associations laïques soutiennent ! Voilà une ingérence concordataire caractérisée dans la vie des religions, et un irrespect total de l’indépendance des associations. Où est la Séparation des Eglises et de l’Etat ?
Les responsables de la FNLP informaient alors qu’ils ne se rendraient pas à la réunion dans ces circonstances. Ils ne signeront pas non plus « l’appel de Beauvau ».
La liberté de conscience mise en cause
D’autant que la lutte contre l’antisémitisme commence à prendre un tour inattendu... Des exactions et profanations inacceptables ayant eu lieu à un moment opportun pour l’exécutif, on a entendu dans les medias tout un discours sur la résurgence des « forces obscures » libérées par le mouvement social. Pour certains la « bête immonde » n’est jamais bien loin ; elle semble avoir remplacé le Diable auquel l’Eglise elle-même ne croit plus.
Emmanuel Macron rappelait le 22 lors du dîner du CRIF, sans guère nuancer son propos par la suite : « Je l'ai dit lors du 75e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv, l'antisionisme est une des formes modernes de l'antisémitisme. »
L’UJFP (Union juive française pour la paix) organisation juive, laïque et, universaliste, lui avait répondu par avance, quatre jours avant de façon cinglante :
« Nous sommes juifs et nous sommes antisionistes
Nous sommes Juifs, héritiers d’une longue période où la grande majorité des Juifs ont estimé que leur émancipation comme minorité opprimée, passait par l’émancipation de toute l’humanité.
(…) Nous sommes antisionistes parce que nous refusons la séparation des Juifs du reste de l’humanité.
Au moment où ceux qui défendent inconditionnellement la politique israélienne malgré l’occupation, la colonisation, le blocus de Gaza, les enfants arrêtés, les emprisonnements massifs, la torture officialisée dans la loi … préparent une loi liberticide assimilant l’antisémitisme qui est notre histoire intime à l’antisionisme,
Nous ne nous tairons pas. »
Quand on sait que l’UJFP a compté dans ses rangs des personnalités comme Pierre Vidal-Naquet ou Stéphane Hessel, voilà que les positions de M. Macron prennent un tour beaucoup plus pétainiste !
Et quand on entend M. Macron s’enflammer contre ces Gilets Jaunes « capables du pire » (les mots sont pesés) et traitant de complices criminels ceux qui persistent à manifester pour leur pouvoir d’achat, pour la défense des services publics (acquis de 1945 – qu’en penserait Stéphane Hessel ?), tous passibles d’arrestations arbitraires et soumis à des opérations de fichage, la face pétainiste de l’exécutif se précise encore. Le projet de loi à venir entend subordonner le droit individuel à manifester à l’autorité des préfets, sans jugement : lire à ce sujet le communiqué ci-après).
Voilà qui nous ramène loin en arrière ! P.G.
vie de la fédération
Le congrès annuel de la fédération du Rhône a eu lieu samedi 19 janvier 2019
L’ ordre du jour comportait le rapport moral et d'activité de la fédération, adopté à l’unanimité après une large discussion sur la situation générale et les propositions pour 2019 :
Campagne en défense de la loi de 1905
Déplacement à Chauny
Le rapport financier et le rapport de la commission de contrôle ont également été adoptés à l’unanimité.
Après une large discussion sur nos charges financières et en particulier celle que représente celle de l’An II (impression et envoi aux adhérents), il a été décidé d’augmenter le montant de la cotisation à 80 € en 2020, le montant pour 2019 étant de 74 €. Toutes les dernières augmentations que nous avons connues ont correspondu à l’augmentation de la part de la Fédération Nationale. Il s’ensuit un retard que nous sommes à présent contraints de rattraper.
Mandat a été donné au Bureau pour poursuivre l’envoi de l’An II par voie numérique, afin d’équilibrer les comptes, et de prendre toutes mesures utiles pour cela. Comme certains d’entre vous l’ont déjà fait, chaque adhérent peut accepter la version papier numérique seule. Sans accord explicite de votre part, la version papier sera bien sûr envoyée.
Le Bureau a décidé d’augmenter le montant de l’abonnement papier à 15 € (soit 3 € au n°) pour un total de cinq numéros annuels (février, avril, juin, septembre, décembre).
Comme chaque année, afin de pouvoir se consacrer aux tâches militantes toujours plus nombreuses, il est souhaitable que le renouvellement des cotisations se fasse dans les premières semaines de l’année nouvelle, au pire avant la fin du 1er trimestre. D’autant que cette année, les tâches que nous avons à assumer dans le cadre des orientations et objectifs que nous nous sommes donnés sont nombreuses et lourdes:
ð tenir notre place dans la bataille pour la défense de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat attaquée dans ses fondements; réunir les conditions d’une riposte nationale et unie.
ð inaugurer le monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple, avec les associations amies
ð renforcer notre association en organisant diverses initiatives, réunions, centrales ou locales.
Il nous faut donc, à la fois renforcer nos capacités budgétaires et disposer d’une trésorerie suffisante.
- • Aux adhérents qui n’ont pu être présents lors de l’assemblée de reprise de carte, il est demandé, dans toute la mesure du possible, d’adresser le renouvellement de la cotisation 2019. Il est possible de procéder au paiement en 1 ou plusieurs fois, et donc (dans la même enveloppe) 1, 2 ou 3 chèques.
Information à tous les adhérents :
- • Il faudra, dès réception de la carte d’adhérent qui sera remise à réception de la cotisation, retourner le « volet à signer par l’adhérent », (par la poste, email, scan du document, remise en main propre) de la carte dûment, signée. Le reçu fiscal vous sera alors remis.
Cette contrainte indépendante de notre volonté découle du Règlement Général sur la Protection des Données du 25 mai 2018 (RGPD) imposant la collecte et la centralisation à la Fédération Nationale du volet signé par l’adhérent, la Fédération Nationale étant dans l’obligation de tenir un registre des reçus fiscaux délivrés. Pour 2020, le problème se règlera plus simplement.
"Grâce à Dieu…" un film de François Ozon
|
père Preynat revient à Lyon et est toujours au contact d'enfants. Scandalisé, mais ne trouvant au fil de multiples entretiens avec la hiérarchie catholique, dont Barbarin, qu'une écoute hypocrite et des paroles lénifiantes sans résultat concret, ni même auprès de sa propre famille qui l'accuse de remuer la merde, il décide de porter plainte auprès de la justice, ce qui déclenche une enquête de police officielle.
Sachant pertinemment qu'il n'était pas la seule victime du prédateur, il recherche d'autres victimes, ce qui remue chez tous des souvenirs qu'ils tentaient d'enfouir profondément dans les tréfonds de leur inconscient.
Certains y ont échappé par le suicide, d'autres sont psychologiquement brisés avec toutes les déviances sociales que cela implique. Le résultat est la création de leur association, car "grâce à Dieu", tous les faits ne sont pas prescrits.
Le film est l'histoire de leur combat pour la reconnaissance des faits par l'Église, de leurs succès et échecs, et de leur pleine conscience de s'attaquer à une institution extrêmement puissante et bien soutenue par une grande partie de l'élite politique lyonnaise.
À voir, donc ! RJ
pacifisme
LE 6 AVRIL, TOUS A CHAUNY (AISNE)
où nous inaugurerons le monument pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple
Dans le Rhône, plus de 1600€ ont été collectés pour contribuer à ce que soit érigé ce monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple de la guerre 1914-1918.
Nous remercions chaleureusement les citoyens, les amis, les camarades, les personnalités, les associations, les syndicats pour leur importante contribution à cette campagne qui va permettre l’érection d’un monument en hommage à ces soldats abattus par des balles françaises parce qu’ils voulaient simplement que la boucherie s’arrête. Nous remercions en particulier :
- • La Section Interprofessionnelle des Retraités CGT de Vénissieux, la Section Cheminots des Retraités CGT de Vénissieux, le Mouvement de la Paix de Vénissieux
- • Madame Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, qui a soutenu sur ses deniers personnels ainsi que Monsieur GERIN, ancien député,
Nous mesurons ce que représente ce soutien financier pour un citoyen, une association, un syndicat, dans la conjoncture présente et quand de difficiles et onéreuses batailles sont menées pour s’opposer aux remises en cause majeures dont sont l’objet les acquis sociaux et démocratiques fondamentaux.
Cela n’a été possible que parce que depuis de nombreuses années, ensemble, associations amies et syndicats - Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône, Fédération du Rhône de la Libre Pensée, Union Départementale des Syndicats CGT du Rhône, Union Départementale des Syndicats CGT-FO du Rhône, Institut d’Histoire Sociale CGT du Rhône, Comité du Rhône de l’Association Républicaine des Anciens combattants, Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme, Cercle Edouard Herriot, le Poing Commun, en particulier dans les rassemblements pacifistes annuels du 11 novembre - agissent ensemble, en particulier dans les rassemblements pacifistes annuels du 11 novembre, pour exiger la Réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple; inscrivant leur action dans le cadre du combat contre la guerre, contre toutes les guerres et pour l’arrêt de celles d’aujourd’hui.
Ces contributions, dans le Rhône, ont participé à ce que les sommes nécessaires à la conception, à la réalisation, à l’installation du monument soient réunies.
Une campagne de près de trois années, autour d’une initiative de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, lancée lors de son congrès annuel de 2015 pour aboutir à cette réussite importante qui n’a pu être enregistrée que grâce au soutien des citoyens pacifistes, bien au-delà de la Libre Pensée et des Associations Amis des Monuments Pacifistes.
Presque au terme de cette bataille, il nous reste à réussir l’inauguration de ce monument
Ce monument rappellera, clairement, que des citoyens-soldats ont été abattus et leur famille mis au ban de la société parce qu’ils refusaient de mourir pour des industriels, parce qu’ils étaient conscients que « la guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui eux se connaissent mais ne se massacrent pas » (Paul Valéry)
Ce monument symbolisera la volonté majoritaire dans le pays, l’approbation des citoyens, des associations pacifistes, des syndicats que justice soit rendue, que soient réhabilités les Fusillés pour l’exemple abattus devant le front des troupes, car comme l’a montré feu le Général André BACH : « à la terreur engendrée par les combats, l’État-major opposa la terreur de l’exécution pour abandon de poste devant l’ennemi ».
Ce monument rendra hommage aux soldats coloniaux car un des personnages en porte l’uniforme.
100 ANS APRÈS CES TRAGIQUES ÉVÈNEMENTS
Alors que dans notre pays, le mot "réhabilitation" n’a toujours pas été prononcé ; alors que tous les gouvernements de la Vème République ont tourné le dos à la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple, à l’approbation majoritaire existant dans le pays, aux dizaines de Conseils généraux ayant émis un vœu dans ce sens, comme à celles des Conseils régionaux, aux milliers de communes, à celle exprimée par 60 descendants de fusillés (représentant 32 familles), nous répondrons à l’appel de Louis Barthas :
« Et dans les villages on parle déjà d’élever des monuments de gloire, d’apothéose aux victimes de la grande tuerie, à ceux, disent les patriotards, qui « ont fait volontairement le sacrifice de leur vie », comme si les malheureux avaient pu choisir, faire différemment.
Je ne donnerai mon obole que si ces monuments symbolisaient une véhémente protestation contre la guerre, l’esprit de la guerre et non pour exalter, glorifier une telle mort afin d’inciter les générations futures à suivre l’exemple de ces martyrs malgré eux. »
(Les carnets de guerre de Louis Barthas, 19e cahier, Tonnelier -La Découverte 2008)
|
|
Programme de la journée d’inauguration du 6 avril 2019 à Chauny
¦ à 11H, inauguration officielle par M. le maire de Chauny, Marcel Lalonde, suivie d’un vin d’honneur en mairie,
¦ à 12H30, banquet républicain à Chauny (voir bon ci-dessous pour l’inscription au repas)
¦ à 15H, inauguration par la LP et les associations amies (ARAC, UPF, Mouvement de la Paix, LDH, CGT, CGT-FO, FSU)
Un abri, comportant des toilettes et permettant de prendre son casse-croute, a été sollicité auprès de la commune pour ceux qui ne pourraient participer au banquet.
Pour la délégation du Rhône, tenant compte des délais de route importants, notre objectif est d’arriver, sinon pour l’inauguration officielle, en tout cas avant 15 heures pour participer à l’inauguration par les associations et syndicats.
Évaluation du coût du voyage en minibus : un aller-retour en minibus de Lyon à Chauny (596 Km) coûte environ 900€ (avec 3 chauffeurs assurés – Carburant et péages compris).
Cela donne une idée du montant global du financement à trouver pour auto-financer totalement le voyage.
Des informations plus précises seront données bientôt, mais pour ce faire nous avons besoin de connaître le plus vite possible le nombre approximatif de participants.
BON D’INSCRIPTION ET / OU DE SOUTIEN
À LA DÉLÉGATION DU RHÔNE QUI IRA À L’INAUGURATION
DU MONUMENT EN HOMMAGE AUX FUSILLÉS POUR L’EXEMPLE
LE 6 AVRIL 2019 A CHAUNY, DANS L’AISNE
À remplir et à joindre à votre chèque
Je m’inscris pour faire partie de la délégation à Chauny et je verse : ……………
Je soutiens la montée à Chauny, et je verse : ………………
NOM : ……………………………………………………………… PRÉNOM ……………………………………………
ASSOCIATION, SYNDICAT : …………………………………………………………………………………………………
ADRESSE : ………………………………………………………………………………………….………………………
COURRIEL : …………………………………………………………..………. TÉLÉPHONE : ……………….……………….
Merci de libeller votre chèque à l’ordre de : « Fédération du Rhône de la Libre Pensée »
À envoyer ou remettre à : Xavier Hyvert, 24, rue Marcel Sembat 69100 VILLEURBANNE
(Association Laïques des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône)
Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. – 06 76 09 86 44
Un documentaire relatant toutes les étapes de la construction du monument, de sa conception à son inauguration, est en cours de réalisation : interview du sculpteur Frédéric Thibault, des descendants des fusillés, des responsables des associations. Il sera disponible à l’été 2019.
Le livre de Danielle et Pierre Roy : « De Gentioux à Chauny » sera disponible. Il est possible d’en passer commande à l’adresse suivante, afin d’éviter des frais de port :
AEMHFE 49 rue Quentin Barré 02100 St Quentin
En joignant un chèque de ... x 30 euros à l'ordre de FNLP
Quelques renseignements pratiques (pour ceux qui iraient par leurs propres moyens) :
¦ Le monument se situe dans le parc Notre Dame, à 5 minutes de la gare.
¦ Train : Paris- Chauny 8h34 - 9h51 ; Chauny - Paris 17h09 -18h26 ou 17h53- 19h41.
¦ Peu d'hôtels à Chauny (L'Inattendu, autour de 100 €) ; sinon le Bellevue à Coucy le Château (N70 €), le Florence à St Quentin (N55 €) ; le Campanile à Soissons ou à Laon (N45 €).
¦ Pour le banquet, il faut s'inscrire. Ne seront prises en compte que les inscriptions accompagnées du paiement de 25 €. Menu : apéritif, ficelle picarde, carbonnade flamande, fromages dessert, café, vin compris. La salle du banquet se situe 168 avenue Jean Jaurès à Chauny.
Ne tardez pas, le nombre de places est limité. Pour tout renseignement : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
La parole à l'admd
|
||||||
|
||||||
|
||||||
Hubert Sapin : - Je suis né en mai 1968 et j’ai adhéré à l’ADMD en 1988. J’ai, en effet, eu l’occasion de perdre des proches durant mon enfance et mon adolescence (grands-parents paternels, oncles) et surtout ma mère à 17 ans. J’ai donc réfléchi assez tôt sur ma fin de vie de manière sereine en sachant qu’un jour je pourrai être confronté à la maladie ou au handicap.
L’An II : - Où en est l'ADMD du Rhône ? Quelles sont les actions qu'elle mène régulièrement ?
Hubert Sapin : - La délégation du Rhône de l’ADMD organise une permanence le 1er jeudi du mois de 15 à 17 h 30 au palais du travail de Villeurbanne (9 place Goujon). De même, il y a une réunion annuelle (la prochaine aura lieu le 27 avril) ainsi qu’une distribution de tracts, un pique-nique le 1er samedi de septembre et une manifestation a lieu le 2 novembre (plantation d’un arbre ou lâcher de ballons) lors de la journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité.
L’An II : - Vous allez arriver au terme de votre mandat. Quel bilan tirez-vous de cette période de responsabilité ?
Hubert Sapin : - Lorsque j’ai pris la tête de la délégation du Rhône en 1992, il y avait 800 adhérents. Désormais nous sommes 2200. La communication se faisait alors par courrier exclusivement. Désormais, le contact se fait grâce aux SMS, mails et Internet ce qui permet de diffuser rapidement une information. Enfin, il y a de plus en plus de jeunes de 18 à 36 ans qui rejoignent l’ADMD.
L’An II : - Venons-en à l'actualité : la mission d'information de l'Assemblée nationale vient de déposer son rapport, établi par M. Jean-Louis Touraine. La mission d'information aborde de nombreux points, mais elle a écarté de son champ d'information l'aide médicale à mourir. Comment interpréter, selon vous, ce nouveau report d'une demande approuvée pourtant par une grande majorité des français ?
Hubert Sapin : - Je ne suis pas étonné par la mise à l’écart dans le cadre des lois de bioéthique de l’aide active à mourir. La fin de vie était abordée lors des débats qui ont précédé le rapport de la mission parlementaire mais je crois que cela avait pour but de calmer nos concitoyens en leur laissant espérant une avancée législative.
L’An II : - Restez-vous optimiste pour l'avenir ?
Hubert Sapin : - J’essaye d’être optimiste malgré les appels que je reçois de la part d’adhérents qui n’ont d’autres solutions que d’envisager de s’exiler en Suisse et qui ne peuvent attendre le vote d’une loi. L’espoir repose sur les 156 parlementaires qui soutiennent la proposition de loi déposée par M. TOURAINE.
L’An II : - Une refonte de la loi de 1905 est annoncée, alors que le président a parlé de la "réparation du lien avec l'Église" ? Pensez-vous que loi de 1905 soit menacée? Etes-vous d'accord avec le mot d'ordre : "Ne touchez pas à la loi de 1905 » ?
Hubert Sapin : - L’ADMD a inscrit dans l’article 1 de ses statuts qu’elle est une association Laïque. J’avoue ne pas comprendre pourquoi la loi de 1905 est remise en cause.
Retrouvez la Libre Pensée sur France Culture
chaque deuxième dimanche du mois de 9H40 à 10H
Et sur son site national www. Fnlp.fr
libres propos, libres pensées
Le cardinal "à la Triste Figure" et la fin du pouvoir judiciaire ecclésiastique
"C’ÉTAIT MIEUX AVANT", au bon vieux temps, quand le Clergé catholique dispensait la justice dans ses tribunaux ecclésiastiques des Officialités, appuyés sur l’Inquisition ou Saint-Office au Vatican.
|
|||
|
|||
"J'ai alerté Rome […]. Rome a répondu qu'il fallait retirer sa charge pastorale à Bernard Preynat. […].
Seul le pape a le droit d'exclure quelqu'un de son état clérical », a expliqué le cardinal Barbarin"
Il "a alerté Rome". Ainsi, c’est l’Officialité et la Curie romaine qui auraient le droit de juger les crimes d’un prêtre, en application du droit canon. Le cardinal ne s’est surtout pas adressé au tribunal de la République, pour ne pas risquer, c’est son mot, "un scandale public". C’est réussi !
On ignore ce que décidera le tribunal, la procureure n’ayant, à l’étonnement de beaucoup, requis aucune peine, mais ce procès a eu, entre autres mérites, celui de renforcer l’arrêt de jurisprudence de la Cour de Cassation du 17 décembre 2002 :
En 2001, une perquisition, dans les locaux de l’Officialité du diocèse de Lyon, le 6 août 2001, ce qui était une première judiciaire, avait permis de s’emparer des dossiers, de "l’enquête canonique" dans une affaire de viol imputé à un prêtre. Le prédécesseur du cardinal Barbarin, le cardinal Billé, outré, avait attaqué en justice au nom du secret pastoral, privilège clérical, dans une enquête uniquement destinée à la hiérarchie ecclésiastique et fini par perdre en Cassation : le droit canon, les tribunaux des Officialités, n’ont plus aucun privilège ni droit pour rendre la justice ou l’entraver dans notre pays.
La puissance de la justice ecclésiastique, Etienne Dolet l’avait subie, quand l’Officialité de Lyon en octobre 1542, l’avait condamné à mort. Il avait pu faire "appel comme d’abus", auprès du roi - la justice civile royale commençait à disputer sa puissance judiciaire à l’Église – mais la haine cléricale de l’Inquisition restait bien vivante et le poursuivit jusqu’au bûcher.
Vive la République laïque ! Amis de Dolet, la bataille se poursuit : Macron veut s’attaquer à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 !
PS : un extrait d’une lettre de la Curie romaine - Congregatio Pro Clericis - datée du 8 septembre 2001 (publiée dans la revue GOLIAS) adressée à Pierre Pican, évêque de Bayeux ; elle s’applique à Philippe Barbarin.
"Je vous félicite de n’avoir pas dénoncé un prêtre à l’administration civile […] En effet la relation entre les prêtres et leur évêque n’est pas professionnelle, c’est une relation sacramentelle qui crée des liens très spéciaux de paternité spirituelle."
Prêtres et Hôtesses de l'Air, même combat ?
"L'article 12 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme dispose qu'à partir de l'âge nubile, l'homme et la femme ont le droit de se marier et de fonder une famille."
Dans les années 60, il existait une clause de célibat dans les contrats d'hôtesses de l'air, parce que leur employeur estimait qu'il serait plus difficile pour une hôtesse de l'air mariée et de surcroît mère, "d'être totalement disponible pour exercer sa profession". Jusqu'au jour où… une hôtesse s'est rebellée, s'est mariée et a porté plainte. Et a gagné. Une héroïne !
Dans un arrêt du 30 avril 1963, la Cour d'Appel de Paris a jugé de la nullité des clauses de célibat dans tous les contrats de travail, hôtesses de l'air ou autres, et en l'occurrence ceux d'Air France.
Par la suite, le Conseil constitutionnel a reconnu la constitutionnalité de la totale liberté matrimoniale (celle de se marier ou de ne pas se marier, sans y être soumis(e) par une contrainte). C'est assez clair ?
Ceci réglait donc définitivement le problème des clauses professionnelles indues imposant le célibat.
Le cas de l'Église catholique est encore bien pire, puisque si les hôtesses de l'air devaient par contrat renoncer à se marier ou avoir des enfants pour des raisons "pratiques" (pour leur employeur !) ce qui les conduisait à l'obligation de démissionner, il ne leur était point demandé de rester chastes. En plus !
Car dans tous les débats sur le célibat des prêtres et religieuses, une question n'est jamais posée : est-il légal d'exiger par statut le célibat ET la chasteté ?
Dans un acte à titre professionnel, (car les prêtres sont bien des employés de l'Église, rémunérés pour leur fonction) la loi refuse d'admettre ces clauses.
En cas contraire, ces contrats sont nuls en droit.
Les prêtres ont donc légalement le droit de se marier sans être professionnellement punis pour cela.
Comment se fait-il donc que ce qui a été jugé totalement illégal et même inconstitutionnel pour ce qui concerne les hôtesses de l'air et toutes les autres professions ne le soit toujours pas pour les religieux(ses) de la confession catholique ?
Parce qu'une fois de plus cette religion se place elle-même au-dessus du vote des lois républicaines séculières et se protège à l'intérieur par sa propre "justice" et est protégée à l'extérieur par une omerta généralisée (mais n'est-ce pas là un mot italien ?).
Rappelons les mots fameux de Sarkozy, le célèbre chanoine du Latran (20 décembre 2007) : “Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé […] parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance", entre autres stupidités lénifiantes.
Or c'est bien cette omerta généralisée, et même au plus haut niveau de l'État comme on le voit, qui est responsable des honteuses pratiques actuellement et heureusement dénoncées dans le monde entier (cf. le film "Grâce à Dieu", par ex.).
Il tombe sous le sens de quiconque doté d'un minimum de raison, que les affaires sexuelles dans l'Église catholique sont reliées à la promesse d'abstinence (la tant vantée "radicalité du sacrifice") imposée statutairement à des hommes et des femmes faits de chair et de sang comme tout un chacun, donc soumis à des besoins et pulsions sexuels que la nature (donc Dieu ?) impose à tous les êtres vivants, y compris aux sermonnaires de l'Église catholique.
Vouloir exiger la chasteté d'un être humain est comme vouloir l'empêcher de dormir ou manger : certains pourront (peut-être) résister, d'autres non.
Comment alors ne pas comprendre qu'une relation sexuelle étant l'affaire du contexte social ambiant et d'opportunité, les religieux catholiques de tous poils en sont donc réduits à leur environnement le plus proche, c'est-à-dire leur paroisse ou bien pire aux enfants qui leur sont confiés à des fins "éducatives" (et dans confier, il y a bien la notion de confiance ?).
Si les prêtres fautifs sont juridiquement les seuls responsables des délits sexuels qu'ils commettent en contravention avec la loi et avec leur promesse (bien oubliée) de chasteté, c'est toutefois bien leur Église (leur employeur) qui leur impose par statut la situation de grande misère sexuelle et de frustration permanente dans laquelle ils se trouvent.
Or c'est bien pour des raisons "pratiques", (hypocritement camouflées en "théologie") pour l'employeur, ici l'Église catholique, (comme dans le cas des hôtesses de l'air !), que le célibat fut imposé après des siècles (et des siècles) de mariage de ses prêtres, (presque toutes les autres branches du christianisme n'ont pas renoncé au mariage de leurs prêtres) : un homme seul est bien plus malléable qu'un couple soudé, il sera bien plus facilement corvéable, déplaçable, il aura besoin de bien moins de moyens d'existence que s'il a un ménage avec les nombreux enfants voulus par Dieu à élever, il ne désirera pas divorcer, son héritage familial, s'il en a un, reviendra à l'Église, etc. Du pain bénit !
Mais c'était compter sans la nature humaine, cette très imparfaite création de Dieu... RJ
an II janvier 2019 echo des benitiers
- Écrit par BRUYERE
ÉCHOS DES BéNITIERS
Querelles orthodoxes
Jean-Michel Dhimoila, ancien moine de 48 ans, a été condamné par la 6e chambre du tribunal correctionnel de Lyon, pour « dénonciation calomnieuse ».
L’ancien moine a écopé d’une amende de 1 000 € et d’1 € symbolique de dédommagement, pour ses propos tenus contre Nikolaos Kakavelakis, représentant de l’église grecque orthodoxe à Lyon depuis 2012.
L’ancien moine dénonçait des supposées dérives, à longueur de blog et de courrier, en particulier auprès de l’ambassade de Grèce à Paris, l’employeur du prêtre. « C’était devenu une obsession, un acharnement », a plaidé l’avocat de la partie adverse, le 20 novembre dernier. La thèse du lanceur d’alerte, avancée par la défense, n’a pas été retenue par le tribunal. M. Dhimoila ne s’y était pas présenté, mais il a annoncé qu’il ferait appel.
Gangs of Chicago
À Chicago et dans tout l’Illinois, l'ampleur du scandale des prêtres pédophiles n’en finit pas de finir (comme de la Californie à la Nouvelle-Angleterre). Vendredi 14 décembre, la justice américaine a publié les noms de 700 membres du clergé de l’Illinois accusés d'agression sur mineur. Parmi eux, 185 sont prêtres visés par des « accusations sérieuses ».
La procureure de l'Illinois avait lancé une enquête en août. Ses services ont épluché les archives des six diocèses. Leurs conclusions sont accablantes, même dans ce qui n’est encore qu’un rapport d’étape.
En effet « la plupart des cas n'ont pas fait l'objet d'enquêtes appropriées, ou n'en ont pas du tout fait l'objet » indique la procureure en regrettant que la justice n'ait pas été saisie.
Elle note également le manque de respect et de transparence des autorités ecclésiastiques.
Plus blanc que blanc
Le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, a montré toute son intrépidité en publiant immédiatement un communiqué de contrition. Puis, soulignant que la grande majorité des agressions avaient eu lieu plusieurs décennies avant, il s’est vanté d'être, avec ses prédécesseurs « à la pointe de la réponse au scandale des abus sexuels dans l'Église depuis près de trois décennies ».
Nouveau monde
L’enquête de l’Illinois avait été lancée après un rapport sur l'Église de Pennsylvanie qui avait suscité une onde de choc. Les révélations du Boston Globe de 2002, popularisées dans le film Spotlight, avaient libéré la parole des victimes à Boston …et ailleurs.
Depuis, de nombreux prêtres ont été exclus du clergé et poursuivis en justice. L'Église a versé des sommes importantes pour dédommager les victimes. On a même craint le défaut de paiement.
Rebelote cet été, les services du procureur de Pennsylvanie ont détaillé les abus perpétrés par plus de 300 prêtres sur un millier d'enfants au cours de plusieurs décennies.
L'archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl, accusé d'avoir contribué à étouffer le scandale, a dû démissionner. Des listes noires ont été publiées et une dizaine d'États ont initié des investigations.
Grâce à Dieu
Inspiré de l’histoire des victimes lyonnaises de pédophilie dans l’Église, le film « Grâce à Dieu », tourné dans la plus grande discrétion, est une fiction inspirée des affaires de pédophilie dans le diocèse de Lyon.
Sa sortie est prévue le 20 février.
« Le film est un portrait de ces hommes abusés, comment ils ont vécu avec leur traumatisme, comment ils ont libéré leur parole et quelles ont été les conséquences familiales et sociales. Ce film est vraiment raconté du point de vue des victimes », confiait François Ozon au journal Le Progrès le 5 octobre.
Le fait générateur du film est l’affaire Preynat. Le prêtre avait été mis en examen en janvier 2016 pour des agressions sexuelles sur des scouts lyonnais entre 1986 et 1991.
Le procès de ceux qui l’ont couvert aura lieu du 7 au 9 janvier 2019 (à moins d’une manœuvre de dernière minute du Saint-Esprit, qui ne manque pas d’expédients). Comparaîtront le cardinal Barbarin et six autres prévenus pour non-dénonciation de ces agressions. Puis viendra le procès de Preynat lui-même.
|
Dans le secret des Borgia
On n’en est pas loin, puisque tout s’est passé à la Chapelle sixtine.
Le Vatican a lancé une enquête pour soupçons de blanchiment, fraude aggravée et détournement de fonds sur le produit des concerts visant le directeur administratif et financier du Chœur de la Chapelle sixtine.
Le directeur musical, Massimo Palombella, est lui aussi directement mis en cause. Des accusations de mauvais traitements ont été portées par des parents de petits chanteurs à l’encontre du « maestro ». Ratzinger frère l’avait déjà prouvé avec son chœur de Ratisbonne : la musique n’adoucit pas les mœurs ecclésiastiques.
Déménagement de la Madone Paul Bert- Baraban
Depuis que l’immeuble de l’ancienne Charade, rues Paul-Bert et Baraban, a dû être démoli puis rebâti, des habitants du quartier se sont interrogés sur le sort réservé à la madone installée à l’angle des deux rues.
Au cours d’une réunion sur le devenir des bâtiments, Thierry Philip, maire du 3e, a depuis longtemps précisé qu’elle serait sauvegardée et proposée à la paroisse voisine.
L’ancienne Vierge a donc rejoint l’église du Sacré-Cœur. L’Église y perdrait-elle ?
Non, car la madone sera remplacée par une nouvelle œuvre plus ambitieuse de l’artiste Christine Cornillon : une « Vierge de Miséricorde » protégeant des enfants.
Ce n’est pas un luxe, avec tout ce qui se passe de nos jours.