2016 11 AN 161

AN II 161 de novembre 2016

EDITORIAL

Manifester pour la réhabilitation des fusillés de la 1ère guerre mondiale, au fait, pour quoi faire ?

Par exigence de justice, bien sûr ! Mais pas seulement.

Chaque jour qui passe nous raconte ses drames liés à la situation des réfugiés venus en France d’Asie et d’Afrique, après avoir fui le contact direct de guerres qui semblent n’en jamais finir, ou tout simplement une situation économique rendue insupportable par les conflits en cours. Les autorités de la République semblent n’avoir d’autre solution que de déplacer ces populations, comme on déplace un problème.

Le Congrès national de la Libre Pensée 2016 de Bourg-lès–Valence a bien sûr condamné les bombardements et les destructions menés partout dans le monde. « La guerre est sur tous les continents et massacre des centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards. De plus, « Le déplacement forcé atteint un niveau sans précédent. 65,3 millions de personnes étaient déracinées à la fin de 2015" selon le rapport annuel du HCR de l'ONU (20 juin 2016). »

 « La Libre Pensée exprime sa totale empathie avec les migrants qui veulent fuir la barbarie et la mort. Elle en appelle à la solidarité internationale pour leur apporter aide et secours et pour faire respecter  leur désir d’installation dans le pays de leur choix. »

La guerre est une barbarie.

La Libre Pensée a rappelé son engagement anti-militariste et réaffirmé le principe du droit des peuples à disposer d‘eux-mêmes. Elle a exigé l’arrêt des interventions militaires extérieures dans tous les pays. « L’action ininterrompue et unitaire de la Libre Pensée pour la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple est la marque d’une volonté de dire Non à la Guerre et de promouvoir le droit de dire Non à l’oppression et aux massacres de la barbarie militariste. »

Sommes-nous en guerre ? Curieuse question, après tout. Les populations du Moyen-Orient qui subissent les bombardements des « alliés » occidentaux, provoquant la destruction des villes et la mort de populations civiles ne se la posent pas. S’il y a guerre, elle est d’une certaine manière « unilatérale », sauf quand elle se rappelle à nous par l’action de terroristes fanatisés. Ou par la fuite panique de ces malheureux prêts à risquer leur vie pour entreprendre une traversée en bateau, ou simplement monter dans un camion sur une voie d’autoroute.

Il est une autre forme de violence : celle que dénonçait Jaurès contre le peuple, de la part des possédants. « Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, (…). Cela ne fait pas de bruit ; c’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle le broie. »

Guerre organisée depuis les bureaux de l’Union européenne, et relayée par les gouvernements. On trouvera le texte du discours de Jaurès aux pages 10 et 11 de ce n° de l’An II.

Dès lors, Comment s’étonner de la crise politique qui secoue tous les partis institutionnels postulant aux présidentielles prochaines, à commencer par celui du président en exercice, qui vole au secours des intérêts patronaux et s’attache à satisfaire les desiderata de la Commission européenne ? Comment s’étonner que le même président – amnésique au sujet des « fusillés pour l’exemple » ait décidé d’exporter la guerre ?

Impossible, car tout est lié.           P.G.

LAICITe rhone  

Collomb et Wauquiez en audience pontificale

Le maire (PS) de Lyon et le président (LR) d’Auvergne/Rhône-Alpes rencontreront le Pape François, le 30 novembre prochain en compagnie de plus de 200 femmes et hommes politiques de la région. Non pas contraints et forcés, comme le futur Empereur Henri IV à Canossa, mais en réponse à l’invitation gracieuse de Mgr Barbarin, à l’occasion du « Jubilé de la miséricorde ».

D’après le magazine Lyon Mag, Monseigneur Barbarin affirmerait « ainsi un peu plus son importance, en étant le seul grand représentant des catholiques de France auprès du souverain pontife ». Il aura d’ailleurs été reçu quelques jours plus tôt au sujet des affaires de pédophilie.

Mais qu’est-ce qui fait courir M. Collomb ? Le diocèse explique que « parfois, les élus peuvent se retrouver écartelés entre les décisions qu’ils doivent prendre, et – le cas échéant – leur engagement catholique. Comment concilier les deux ? Notre déplacement au Vatican a pour but de les aider à trouver des réponses. » De la part de l’Eglise, il s’agit ouvertement d’une opération de corruption anti-laïque – ce qui ne saurait surprendre. Rien de nouveau de ce point de vue, si ce n’est que ce qui fut longtemps secret, puis discret, s’affiche désormais en place publique.

  1. M. Collomb répond présent et compte même laisser la Métropole prendre en charge sa rencontre avec François (1000 euros d’avion, de repas et d’hébergement pour chacun des participants), dans la mesure où « il aura à Rome plusieurs rendez-vous politiques et économiques ». Pour sa part, M. Wauquiez semble avoir mis la Région devant le fait accompli.

 FOURVIERE : nouveaux travaux sur fonds publics

 

La Fondation Fourvière a annoncé qu’elle allait se lancer dans un vaste et nouveau chantier : trois ans de travaux pour la réalisation d’un pavillon d’accueil, la création d’un centre d’exposition, de réception et de séminaires et la réalisation d’un parcours souterrain. « Il se trouvera en sous-sol de l’esplanade et retracera l’histoire du site et de son histoire », précise la Fondation Fourvière. « Les piétons auront davantage de place et un chemin belvédère contournera la basilique par son chevet »

Les travaux, prévus pour se terminer fin 2019, sont estimés à 16 millions d’euros sur cinq ans (2015-2020). Huit millions seront apportés par le diocèse de Lyon et les collectivités, et trois millions par le mécénat. Pour le reste, la Fondation lance un appel aux dons, comptant sur « la générosité du public ».

Pour la « petite » histoire (elle n’est jamais très grande avec le présentateur-essayiste lyonnais) : Stéphane Bern apporte son soutien au projet de rénovation, dont il est en quelque sorte le « parrain ». 

 

Stéphane Bern à

Fourvière

 

Messe municipale à Pusignan

Nos lecteurs nous signalent : la mairie, qui a déjà fait restaurer  les deux églises de la commune (soit plus de 200 000 euros) a cédé la salle municipale « Odyssée » à la paroisse de Pusignan, le 10 octobre dernier,  pour la « Messe de rentrée des trois paroisses » : Jons, Jonage et Pusignan.

Hélas ! Pusignan est loin d’être la première commune dans ce cas. Cette pratique s’est banalisée.

Interview de SYLVIE BOLEA

 

Sylvie Bolea est secrétaire nationale du SNFOEP (Syndicat National Force Ouvrière de l’Enseignement Privé). Son point de vue est particulièrement intéressant quand on sait que de nombreux enseignants travaillent comme contractuels dans le privé pour des raisons alimentaires et pas idéologiques ou religieuses.

 

L’An II - Sylvie, une réforme de l’évaluation des enseignants est en préparation. Quelles en seront les conséquences pour les personnels de l’enseignement privé ?

 S B : - Le chef d’établissement n’est pas notre employeur, il n’est pas non plus employé ni salarié du Rectorat. Il est salarié par l’OGEC (Organisme de Gestion de l’Enseignement Catholique) et il reçoit une lettre de mission de l’évêque. S’il assure désormais les entretiens d’évaluation, il y aura problème pour tous les personnels qui n’entendent pas s’investir dans tout ce qui relève de la catéchèse ou de la pastorale.

La loi Debré comporte la référence à la « liberté de conscience » des enseignants.

Ainsi un refus de participation à la pastorale ne peut pas être un motif de refus pour l’emploi ou la mutation d’un enseignant dans le privé.

Avec la grille d’évaluation « par compétences », le chef d’établissement pourra pénaliser l’enseignant.

C’est ce que permet par exemple l’item 7 : « Contribuer à l’action de la communauté éducative et coopérer avec les partenaires de l’école/l’établissement ».

 L’item 8 « Coopérer avec les parents d’élèves » aura des conséquences puisque les parents paient et vont donc se trouver en situation de « juger » l’enseignant.

 L’item 1 pose encore un autre problème (« Maîtriser les savoirs disciplinaires et leur didactique ») : de plus en plus les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux invoquent les compétences disciplinaires pour refuser les validations de stage qui permettent l’emploi sur un contrat définitif.

Quant aux suppléants, ils seront encore plus corvéables. Le « caractère propre » des établissements et le rôle des chefs d’établissements s’en trouvent renforcés, sans autre contrôle que celui de la hiérarchie catholique.

 L’An II : - Peut-on, avec cette réforme, continuer à accepter la pseudo-justification de la loi Debré qui, selon ses défenseurs, « contribuerait à l’offre de service public » ?

 S B : - L’autonomie des établissements, voulue et revendiquée par l’enseignement catholique, risque d’accentuer le côté religieux de cet enseignement. Des livrets anti-IVG, édités au nom de la fondation Lejeune, ont fait polémique récemment dans les media. On peut s'attendre à d’autres incidents de ce genre.

 L’An II : - Penses-tu que la réforme du collège puisse avantager l’enseignement privé ?

 SB : - Je ne le pense pas, pour deux raisons : tout d’abord les DHG (Dotations Horaires Globales) sont délivrées par le Rectorat, selon la même règle pour le public et le privé ; d’autre part les classes sont tout aussi surchargées dans le privé. Cependant, comme celui-ci peut demander un paiement aux parents, il peut éventuellement proposer des options supplémentaires sur des heures « hors contrat ».

Il n’est pas du tout sûr que le s parents soient tous disposés à payer.

La seule chose qui ne s’applique pas, c’est l’organisation de la pause méridienne.

Cette question est liée au code de l’Éducation, où il est dit que les établissements privés ont le droit d’organiser la journée comme ils le souhaitent. C’est ce qui se passe dans le primaire avec la réforme des rythmes scolaires.

Communiqué national de la fnlp

 Crèches chrétiennes dans les bâtiments de la République :

Rendre des arrêts ou rendre des services ?

La Fédération nationale de la Libre Pensée, qui est à l’origine de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Églises et de l’État, entend tout faire pour faire respecter la laïcité de l’État.

C’est pourquoi, elle est à la source des recours contentieux contre les décisions de collectivités publiques qui imposent la présence de crèches chrétiennes dans les bâtiments de la République.

Elle entend aller jusqu’au bout de cette affaire et épuiser toutes les voies de recours possibles.

 Les choses sont pourtant simples

La République est laïque et elle assure la liberté de conscience de tous les citoyens et citoyennes et de chaque citoyenne et citoyen. C’est pourquoi « l’État s’arrête où commence la conscience », selon la belle formule de Francis de Pressensé. La République est neutre en matière métaphysique.

Pour respecter la liberté de conscience de nos concitoyens, elle ne doit afficher aucune préférence religieuse.

Même un esprit étroit, réactionnaire et xénophobe, de quelqu’un concourant à une primaire présidentielle, devrait pouvoir comprendre cela.

Tel ne semble pas être le cas aujourd’hui, car derrière « l’affaire des crèches », il y a bien autre chose.

Il y a la volonté de quelques croisés en mal de mise à sac et de prise de Jérusalem, « pour bouter le Sarrazin hors de France », d’instituer une nouvelle guerre de religions dans notre pays.

En effet, comment peut réagir un de nos concitoyens d’origine arabo-musulmane, quand il assiste à une campagne hystérique pour traquer « tout signe de culture musulmane » (voile, burqa, burkini, main de Fatma) dans un domaine où il devrait être librement autorisé, puisqu’il ne dépend pas de la sphère publique que régit le principe de laïcité ;  alors que dans les endroits où la laïcité devrait s‘appliquer, à savoir  les bâtiments de la République, on autoriserait la présence de crèches chrétiennes, dont même un esprit simplet ne peut nier qu’il s’agit d‘un symbole chrétien ?

On voudrait inciter à des affrontements communautaristes qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Il est vrai que pour justifier « l’état d’urgence permanent », rien de vaut une atmosphère de guerre civile entre « communautés religieuses ».

 Que va-t-il se passer maintenant juridiquement ?

Devant la cacophonie juridique instituée par des décisions d’instances de justice administrative qui, sur la base de mêmes faits en interprétant les mêmes textes de loi, aboutissent à des décisions contradictoires, on attend du Conseil d'État qu’il remettre de l’ordre dans le chaos juridique et qu’il fixe une ligne de droit.

C’est donc avec un certain étonnement que la Libre Pensée a pris connaissance des conclusions du Rapporteur au Conseil d'État qui préconise de casser les deux arrêts de Cour d’appel administrative et de rejuger les affaires. En matière footballistique, c’est remettre la balle au centre et demander que le match soit rejoué. Il n’y a donc objectivement aucune raison de penser que le trouble juridique cessera, puisqu’on recrée les conditions de son existence.

Par ailleurs, conditionner la présence de crèches chrétiennes dans les bâtiments de la République en demandant qu’elles ne soient pas « religieuses », c’est faire un tour de force qu’aucun magicien ne pourrait faire :

une crèche chrétienne est un symbole religieux : Marie,  Joseph, Jésus sont des personnages du Nouveau-Testament chrétien. La discussion reste ouverte sur l’âne et le bœuf.

La solution de sagesse consisterait à rappeler l’esprit et la lettre de la loi de 1905 et d ‘indiquer, comme l’a fait le vadémécum de l’Association des Maires de France : au nom de la laïcité, les crèches chrétiennes n’ont pas leur place dans les bâtiments de la République, maison commune de TOUS les citoyens, quelles que soient leurs opinions religieuses ou non-religieuses.

Il existe, quand même, suffisamment d'endroits où l’Église catholique peut mettre ses crèches, à commencer par ses églises, cela pourrait même y amener le public qui semble lui faire défaut. L’adage populaire ne dit-il pas : chacun chez soi ? Ce que Victor Hugo avait traduit par la formule : l’État chez lui, l’Église chez elle !

 La Laïcité ne peut être à géométrie variable selon la religion à laquelle elle s’applique

 Paris, le 21 octobre 2016

 

Fédération du Rhône de

la Libre Pensée et d’Action Sociale

 

Le monument aux morts  de Dardilly (Rhône) :

« Contre la guerre - A ses victimes -  A la fraternité  entre les peuples

Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône

 

A l’initiative de la Fédération Nationale de la Libre Pensée

Pour la réhabilitation collective des

Fusillés pour l’Exemple de la Guerre 1914-1918

rassemblement national

le 11 novembre 2016 à 11h30

devant le monument aux morts pacifiste

de la commune de Gentioux (Creuse)

Durant la Première Guerre Mondiale (1914-1918), en quatre ans de conflit,

  • 195 000 soldats dont 35 000 officiers eurent affaire à la justice militaire.
  • 2 500 furent condamnés à mort pour désobéissance,
  • 639 furent fauchés par des balles françaises par les pelotons d’exécution pour l’exemple,
  • les os de milliers d’autres ont blanchi dans les bagnes d’Afrique du Nord.
  • A cela s’ajoutent les exécutions sommaires.

Une quarantaine de Fusillés pour l’exemple furent réhabilités jusque dans les années 1930.

Près de cent après, il en  reste  600 dont l’honneur  n’a pas été rétabli.

La Justice humaine exige que les 639 Fusillés pour l’exemple soient réhabilités collectivement par une démarche de la République.

Ils avaient le droit de dire NON à la guerre et aux massacres.

C’est ce droit de dire NON à l’horreur que la Libre Pensée et tous ceux qui combattent avec elle le Mouvement de la Paix, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, l’Union Pacifiste de France, de nombreuses sections de la Ligue des Droits de l’Homme - veulent voir reconnu par l’acte solennel et symbolique de réhabilitation collective des 639 Fusillés pour l’exemple.

En 1998 Lionel Jospin déclarait qu’il fallait « réintégrer les fusillés pour l’exemple dans la mémoire collective». En 2008 Nicolas Sarkozy reconnaissait « que les fusillés pour l’exemple n’étaient pas des lâches ». Aujourd’hui François Hollande, tournant le dos à la réhabilitation, reniant l’engagement pris par le Président du Conseil général de Corrèze qu’il était, a fait installer un espace pour les fusillés au Musée des Invalides. Les fusilleurs et les fusillés sous le même toit !

Pour les descendants des fusillés pour l’exemple, pour leurs rendre honneur et dignité une seule mesure s’impose : la « Réhabilitation collective ! »

Il faudra bien qu’un jour, les gouvernements de droite ou de gauche réparent cette lâcheté, celle du refus de rendre justice pour les victimes des pelotons d’exécution. 

Ce rassemblement national à Gentioux dans la Creuseoù, depuis 1988 sans discontinuer, à l’initiative de la Libre Pensée, des centaines de pacifistes, d’antimilitaristes, de libres penseurs, de laïques et d’humanistes se rassemblent chaque 11 novembreen précèdera un autre, au cours du 2éme Trimestre 2017 sur la ligne de front, près du chemin des Dames à Roucy dans l’Aisne, où six soldats furent fusillés pour l’exemple. Il sera aussi  le prélude à la cérémonie qui verra l’inauguration du monument qui rendra hommage, honneur et justice aux 639 Fusillés pour l’exemple de 1914-1918 que la Fédération Nationale de la Libre Pensée a pris l’initiative d’ériger, quelque part sur la ligne de front.

La République réhabilitera les Fusillés ! Nous sommes aussi la République!

A Gentioux, nous célébrerons les mutineries de 1917 qui furent le sursaut des révoltes pacifistes et internationalistes de milliers de soldats qui refusaient de mourir pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs.

Bien entendu, cela sera aussi l’occasion de rendre hommage aux soldats russes de la première brigade, qui se sont mutinés durant l’été 1917, dans le camp militaire de la Courtine, à quelques kilomètres de Gentioux, en constituant leur soviet. La Fédération de la Creuse de la Libre Pensée est d’ailleurs à l’origine de l’érection d’un monument à la Courtine, dont elle est propriétaire, qui rappelle cet évènement historique.

La Libre Pensée entend ainsi amplifier le mouvement profond qui vient de tout le pays pour la réhabilitation collective et qui compte déjà : 31 Conseils généraux, 6 Conseils régionaux, 2 000 Communes. Un sondage réalisé pour le compte du journal l’Humanité a montré que 75% des citoyens demandaient que Justice soit rendue aux Fusillés et à leurs familles.

Nous vous appelons à vous rassembler le 11 novembre, avec la Libre Pensée,  autour de monument aux morts pacifiste de La commune de Gentioux, pour :

  • · dénoncer la barbarie et la sauvagerie de la guerre, et exprimer notre refus des guerres, de toutes les guerres,
  • · manifester notre sentiment de révolte face au traitement honteux infligé aux réfugiés venant de territoires où sévissent les guerres dont les grandes puissances sont responsables,
  • · réaffirmer notre exigence de la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18.

INSCRIVEZ-VOUS

pour aller au Rassemblement national à Gentioux (Creuse), le 11 novembre 2016 !

Nous mettons en place un transport collectif

Les 110 rassemblements pacifistes traditionnels autour des monuments et des lieux symboliques pacifistes auront lieu aussi dans les villes et les villages, pour la plupart les 12 et 13 novembre 2016

A LYON RASSEMBLEMENT PACIFISTE TRADITIONNEL

à l’appel de la  LDH – l’ARAC – du MOUVEMENT DE LA PAIX – de la Fédération du Rhône de la LIBRE PENSEE – du Cercle E. HERRIOT et de  l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône de l’Union Départementale F.O. et de L’Union Départementale C.G.T.

LE 12 NOVEMBRE APRES-MIDI

AU MONUMENT AUX MORTS DE LYON (Sur l’Ile du Souvenir au Parc de la Tête d’Or).

Un appel spécifique est en cours de finalisation avec les associations et organisations amies.

Question à l'étude

Proposée par la Fédération des Hauts-de-Seine

« Syndicalisme et Laïcité »

La laïcité est un système institutionnel qui vise à l’affirmation de la liberté de conscience et à l’émancipation de chacun. Elle affirme la neutralité de l’Etat et des services publics en matière  métaphysique.

Le syndicalisme vise, in fine,  à l’émancipation intégrale. Il regroupe les salariés indépendamment de leurs convictions métaphysiques. Voici ce que dit la Charte d’Amiens, adoptée en 1906, par la vieille CGT : « « Le Congrès confédéral d'Amiens confirme l'article 2, constitutif de la CGT :

« La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat... Le Congrès précise, par les points suivants, cette affirmation théorique : dans l'œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l'accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l'augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n'est qu'un côté de l'œuvre du syndicalisme : d'une part il prépare l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste, et d'autre part, il préconise comme moyen d'action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale.

Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d'avenir, découle de la situation des

salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait, à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d'appartenir au groupement essentiel qu'est le syndicat.

Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme l'entière liberté pour le syndiqué, de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu'il professe au dehors. En ce qui concerne les organisations, le Congrès déclare qu'afin que le syndicalisme atteigne son maximum d'effet, l'action économique doit s'exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ».

Y-a-t-il un rapport entre ces deux conceptions (Laïcité et Charte d’Amiens) ? Si oui, lequel ?

Le combat de défense de la laïcité a toujours été porté par le syndicalisme qui se réclame de la Charte d’Amiens. Pourquoi ?

Ce combat est-il toujours d’actualité et doit-il être réaffirmé ?

Y-a-t-il une rencontre possible et nécessaire entre la Libre Pensée et le Mouvement ouvrier syndical organisé ?

 « Violence patronale, violence ouvrière »

(Jaurès et Clemenceau, 1906)

Jean Jaurès : J’estime que l’action légale peut être aujourd’hui plus puissante, plus efficace que l’action convulsive. Nous voulons demander à la classe ouvrière de s’organiser légalement pour échapper à toute tentative et à toute possibilité de violence ; mais, Monsieur le Ministre de l’Intérieur, nous ne sommes pas, nous ne pouvons pas être les dupes de l’hypocrisie sociale des classes dirigeantes. [...]

Ce qu’elles entendent par le maintien de l’ordre…, ce qu’elles entendent par la répression de la violence, c’est la répression de tous les écarts, de tous les excès de la force ouvrière ; c’est aussi, sous prétexte d’en réprimer les écarts, de réprimer la force ouvrière elle-même et laisser le champ libre à la seule violence patronale.

Ah ! Messieurs, quand on fait le bilan des grèves, quand on fait le bilan des conflits sociaux on oublie étrangement l’opposition de sens qui est dans les mêmes mots pour la classe patronale et pour la classe ouvrière. Ah ! les conditions de la lutte sont terriblement difficiles pour les ouvriers !

La violence, pour eux, c’est chose visible…

 

  1. M. le Ministre de l’Intérieur (Georges Clemenceau) : Fressenneville (1) se voit, ce n’est pas un écart de langage, cela !

Jean Jaurès : Oui, Monsieur le Ministre, la violence c’est chose grossière…

  1. M. le Ministre de l’Intérieur : Cependant, elle ne vous frappe pas !

Jean Jaurès : … palpable, saisissable chez les ouvriers : un geste de menace, il est vu, il est retenu. Une démarche d’intimidation est saisie, constatée, traînée devant les juges. Le propre de l’action ouvrière, dans ce conflit, lorsqu’elle s’exagère, lorsqu’elle s’exaspère, c’est de procéder, en effet, par la brutalité visible et saisissable des actes. Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale.

Cela ne fait pas de bruit ; c’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle le broie. [...]

La même opposition, elle éclate dans la recherche des responsabilités. De même que l’acte de la violence ouvrière est brutal, il est facile au juge, avec quelques témoins, de le constater, de le frapper, de le punir ; et voilà pourquoi toute la période des grèves s’accompagne automatiquement de condamnations multipliées.

Quand il s’agit de la responsabilité patronale – ah ! laissez-moi dire toute ma pensée, je n’accuse pas les juges, je n’accuse pas les enquêteurs, je n’accuse pas, parce que je n’ai pas pu pénétrer jusqu’au fond du problème, je n’accuse pas ceux qui ont été chargés d’enquêter sur les responsabilités de Courrières (2), et je veux même dire ceci, c’est que quel que soit leur esprit d’équité, même s’ils avaient le courage de convenir que de grands patrons, que les ingénieurs des grands patrons peuvent être exactement comme des délinquants comme les ouvriers traînés par charrettes devant les tribunaux correctionnels, même s’ils avaient ce courage, ils se trouveraient encore devant une difficulté plus grande, parce que les responsabilités du capital anonyme qui dirige, si elles sont évidentes dans l’ensemble, elles s’enveloppent dans le détail de complications, de subtilités d’évasion qui peuvent dérouter la justice. [...]

Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité.

Vous me disiez, monsieur le ministre, que nous vous accusions d’avoir caché un cadavre ; non, nous ne vous avons pas accusé d’avoir caché un cadavre, mais il y a 1 400 cadavres que la société capitaliste est en train de cacher ! »

  1. 1. Commune de la Somme où, en 1906, une grève dans la serrurerie avait provoqué une émeute. Le château du principal patron de la commune  fut incendié. Plusieurs grévistes furent arrêtés et incarcérés.
  2. 2. Commune du Pas-de-Calais qui fut le théâtre de la  plus meurtrière catastrophe minièred'Europe, le samedi 10 mars 1906, qui fit officiellement 1 099 morts. Un coup de grisou suivi d'un coup de poussier dévasta 110 kilomètres de galeries. Trois jours après l'explosion, les recherches pour retrouver les survivants furent abandonnées et une partie de la mine condamnée, pour étouffer l'incendie et préserver le gisement. Le 30 mars pourtant, vingt jours après l'explosion, treize rescapés réussissent à retrouver le puits par leurs propres moyens. Un quatorzième fut retrouvé quatre jours plus tard.  La catastrophe provoqua une crise politique et un mouvement social qui débouchèrent sur l'instauration du repos hebdomadaire.

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N° 314        Dossier « Rome-Washington »

 
 
     
     

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Populismes, migrations et interventions "libératrices" : tout est lié

 

Les européens s'alarment en général à juste titre de la montée des "populismes" liés aux graves crises économiques et migratoires de notre époque.

Mais ce populisme inquiétant qui fait tache d'huile (et fait tache !) ne fait que traduire le désarroi des peuples sur leur avenir et celui de leurs enfants.

Et comme toujours, beaucoup sont tentés à défaut d'alternatives démocratiques crédibles de faire confiance à des démagogues tendance autocrates leur promettant la fin de leurs inquiétudes. 

Curieusement le mot vilipendé "populisme" qui est usuellement rattaché à l'extrême-droite en Europe (pas toujours, il sert aussi à discréditer un peu à gauche, par exemple en mettant tout le monde dans le même sac...) n'a pas toujours eu la connotation péjorative qui lui est attribuée de nos jours. 

Il désignait initialement un courant progressiste né à la fin du XIXème siècle qui fut, en particulier aux USA, engagé dans les réformes sociales du "New Deal" ou du mouvement des Droits Civiques qui était légitimement attaché à soulager la misère des travailleurs pauvres condamnés à vivre dans des taudis comme des rats (comme souvent l'ont été nombre de nos propres ancêtres) et leur procurer des conditions de vie et de travail décentes. 

Quel esprit malveillant peut s'élever contre cela ?

Le mot "démagogues" fait donc très bien l'affaire pour désigner les profiteurs électoraux de tous bords qui fleurissent toujours quand les peuples doutent de leur avenir et de leurs dirigeants.

On s'étonne donc que dans nos pays en grave  crise démocratique où, grâce à la "concurrence libre et non faussée", "les travailleurs détachés", les délocalisations, les licenciements boursiers, la dérégulation sociale et fiscale, tous ces fléaux ayant été encouragés ou pour le moins non freinés ni entravés par les caciques de l'UE enfermés dans leur croyance aveugle en l'idéologie néolibérale, que le travail décemment payé et stable soit devenu un luxe inaccessible pour beaucoup. Et que les travailleurs, y compris les immigrés de vieille date, s'inquiètent d'un afflux incontrôlé de migrants pour  qui il est instamment demandé de faire de la place.

"Wir schaffen das !  -  On va se débrouiller !" a dit Mme Merkel à ses compatriotes dont beaucoup sont déjà astreints par force à de  minables petits boulots sous-payés sous peine de se voir supprimer leurs maigres allocations de survie (loi Hartz IV) et inquiets de voir arriver un flot démesuré et famélique de "gastarbeiter" (travailleurs-invités !) Et cela déclenche des polémiques sans fin sur leurs cultes, leurs coutumes, leurs langues et surtout leur capacité à s'intégrer, dont certaines aussi grotesques que sur le "burkini" que quasiment personne n'a jamais vu qu'en photos étalées dans une presse surtout avide de faire du buzz tout en en étouffant les questions de fond. Ceux qui s'interrogent sur l'infériorité supposée des victimes de ces conflits géostratégiques pétro-gaziers où la religion n'est là que pour fournir une motivation "spirituelle" à des  combattants, devraient s'intéresser un peu plus aux chefs-d'œuvre innombrables générés par les très anciennes civilisations d'où ils proviennent, de nos jours si méprisées par les imbéciles ignorants. 

Car la vraie et bonne question serait plutôt de se demander pourquoi des gens qui avaient dans leurs

pays des logements, des familles, des métiers, en bref une vie normale se précipitent en masse sur des routes terrestres et maritimes très dangereuses ou mortelles qui ne les amènent que dans des culs-de-sac avilissants et des situations kafkaïennes. 

Car la vocation et le désir de la très grande majorité des êtres  humains est bien de vivre dans le pays où ils sont nés et où ils parlent leur langue. Mais pour cela il faudrait qu'ils y aient des conditions de vie décentes et qu'il y règne la paix. Sauf les cas isolés de jeunes gens curieux et aventureux, l'émigration est toujours provoquée par une situation intenable dont les vraies causes sont à examiner.

Du Dr Mossadegh chassé par la CIA en Iran (1953) à la Syrie ravagée (depuis 2011) en passant par le dépeçage de la Yougoslavie, l'Irak et l'Afghanistan envahis, la Lybie détruite, le Honduras, l'Ukraine, le Brésil, etc, (la liste est interminable), où et qui sont les vrais instigateurs de cette kyrielle de "coups", de "regime change", d'expropriations, de spoliations de ressources, d'invasions, de tragédies, d'exodes, de renversements bien orchestrés de gouvernements légaux représentés à l'ONU, toutes ces actions violant pourtant délibérément les lois internationales interdisant de s'immiscer dans les affaires intérieures de nations souveraines ?

Et nous, français, que ferions-nous si une coalition étrangère se mêlait (et généralement à l'insu ou contre la volonté de leurs peuples qui paieront la note par leurs impôts, leur dette "souveraine" et l'austérité infligée à leur population), de vouloir changer par la tromperie, la duplicité ou la  force nos institutions, nos lois, notre gouvernement, même si celui-ci ne nous convient pas, pour nous imposer ses propres règles sous le fallacieux prétexte qu'elles seraient "meilleures" ? Pour qui ? Et en sommes-nous définitivement à l'abri ?       

 RJ

L’idée fixe des cléricaux : à bas 1789 !

 Sous la signature de Dominique Mentré,  président du Foyer ND des Sans-abri de Lyon,  dans leur bulletin  de sept. 2016, on  lit : «  Notre pays est aujourd’hui empêtré dans une confusion de langages et d’idées étroitement liée à la primauté du droit issu de 1789, où toute référence à plus grand que l’homme a été anéantie. »

 Ce  monsieur s’attaque évidemment à la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de  1789 que le pape Pie VI allait condamner parce qu’elle supprimait toute référence à Dieu, privait les hommes de toute transcendance , c’est-à-dire mettait fin au monopole politique de l’Église catholique.

Nos bons apôtres d’évêques viennent de diffuser une lettre pastorale de même style - comme par hasard - qui s’en prend vivement à la laïcité accusée de vouloir imposer «  une sorte de neutralisation religieuse de cette société, en expulsant le religieux de la sphère publique vers le seul domaine privé où il devrait rester caché… »

La LP nationale a répliqué  par  un communiqué :

«  Bien entendu, les Évêques ne peuvent accepter que la religion catholique soit reléguée à la seule sphère privée et ils revendiquent qu’elle reprenne la place dirigeante qu’elle avait, sous l’Ancien- Régime, dans  l’État et  la société. Car sous un discours masqué, c’est aussi la démocratie politique républicaine de délégation issue de la Révolution française qui est remise en cause. »                            

MP 19 octobre 2016

Etienne dolet

 AMIS d’ETIENNE DOLET, SALUT !

Nous ne sommes pas  de ceux qui renoncent jamais à la défense de la liberté de pensée et à la liberté d’expression. Le refus de la municipalité de LYON de voter une subvention pour la réalisation de la peinture murale du « BANQUET des HUMANISTES » ne nous arrêtera pas.

Je viens d’informer la municipalité  que  « l’association des Amis d’Etienne Dolet espère pouvoir conduire à son terme, matériellement et financièrement, le projet de peinture murale – le Banquet des Humanistes - sur le mur de l’école Etienne Dolet. Le projet, plus modeste pour être moins coûteux, respectera le cadre de l’accord de principe et de l’autorisation de réalisation fournis au nom de la municipalité par M. Jean-Louis Touraine, votre 1er adjoint  par courrier du 3 juillet 2013 (Ref : JLT/DD/MP). Il s’agira toujours d’honorer l’Humaniste Etienne DOLET au milieu de ses amis de la Renaissance, au nom de la défense de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. »

Dans le même courrier nous demandons la remise en état du mur de l’école, travaux qui « peuvent être pris en compte techniquement » nous avait-on écrit à deux reprises.

Nous ne disposons pour l’instant que de la maquette du dessin déjà publié par nos soins en photo-montage. Il peut y en avoir d’autres.  On choisira. 

Nous ouvrirons une souscription en temps voulu. Les donateurs bénéficieront d’une remise d’impôts de 66%.

N’hésitez pas à donner votre avis.

Lyon  le 19 octobre 2016  - Marcel PICQUIER

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AN 160

AN II 160 DE JUILLET 2016

EDITORIAL

 « TOUS AUX ABRIS ! »

Etrange rentrée 2016 ! Jusqu’alors c’étaient les professeurs qui disaient aux élèves : « Ouvrez vos cartables ! ». Désormais ce sont les militaires. Le document reproduit ci-dessous a été distribué pour affichage dans les classes et prépare les exercices de confinement/prévus. On voudrait mettre en tête aux élèves que terrorisme est un phénomène « normal» en collège qu’on ne s’y prendrait pas autrement. .En collège, c’est peut-être ce qui conservera le plus un caractère « national » dans un enseignement marqué par la réforme et désorganisé par la mise en place d’horaires, de programmes, de « compétences » et d’organisation du travail locaux.

La Libre Pensée s’est prononcée pour la levée de l’état d’urgence. Il apparaît clairement que la surenchère sécuritaire est l’ultime argument de ceux qui entendent imposer un ordre social basé sur l’éclatement républicain et la liquidation des droits collectifs au travers de la loi dite « loi-travail » rejetée par tout ce que le monde ouvrier compte de syndicats réellement indépendants.

Le congrès de la Libre Pensée de Bourg-lès-Valence » l’a affirmé nettement (extrait):

« La Libre Pensée a condamné dès le début la mise en place de l’état d’urgence qui crée un état d’exception permanent contre les libertés démocratiques. Elle a agi aux côtés de la Ligue des Droits de l’Homme et d’une centaine d’associations pour sa levée et a protesté contre son renouvellement permanent.

La Libre Pensée a, récemment encore, en avril  2016, signé une déclaration commune avec la LDH et le Ligue de l’Enseignement réaffirmant : « Il ne faut pas toucher à la loi de 1905 ! Il faut défendre les libertés publiques ! ».

L’union nationale, suite aux barbares attentats, n’aura pourtant pas survécu à la réalité sociale du conflit d‘intérêts qu’on appelle la lutte des classes. Le corporatisme a été une nouvelle  fois mis en échec sur ce terrain-là aussi. »

Le congrès de Bourg-lès-Valence a décidé pour sa « question à l’étude » du congrès 2017 de se pencher sur les rapports entre la loi de 1905 et la Charte d’Amiens :

« Y-a-t-il un rapport entre ces deux conceptions (Laïcité et Charte d’Amiens) ? Si oui, lequel ?

Le combat de défense de la laïcité a toujours été porté par le syndicalisme qui se réclame de la Charte d’Amiens. Pourquoi ?

Ce combat est-il toujours d’actualité et doit-il être réaffirmé ?

Y-a-t-il une rencontre possible et nécessaire entre la Libre Pensée et le Mouvement ouvrier syndical organisé ? »

 , ce n’est pas un hasard :  

Paris verra en 2017 la tenue d’un autre congrès que celui de la Fédération nationale : celui de l’Association internationale de la Libre Pensée.  

Il s’agira de concrétiser les pas accomplis depuis Oslo. Ils sont considérables, à commencer par ce qui se réalise déjà en Amérique latine, qui a vu la réussite du congrès de Montevideo et la naissance de nouvelles sections.

Le 20 septembre 2015, la libre penseuse uruguayenne Victoria Cortatense, déclarait, dans le cadre du congrès de l’AILP, dans les jardins de l’hôpital italien de Montevideo:

 « Le monde entier assiste à des assauts contre la laïcité, la liberté de conscience et la libre pensée, pour cela aujourd’hui, nous devons redoubler notre engagement, de façon à ce que cette lutte nous trouvent unis face aux ennemis de la raison et que nos hommages ne soient pas de simples manifestations un jour par an, nous devons lever les drapeaux de la libre pensée plus haut tous les jours »

Rappelons que l’AILP a décidé trois campagnes permanentes :

ð   pour la défense et la mise en œuvre du principe de Séparation des Eglises et de l’Etat,

ð   contre le financement public des cultes,

ð   pour que justice soit rendue aux victimes des Eglises.

D’autres campagnes continueront à revêtir une importance particulière, pour l’AILP mais aussi en lien avec les associations amies : défense de la contraception et de l’IVG, droit de mourir dans la dignité, défense des sciences et de la théorie de l’Evolution.

La Fédération du Rhône y prendra toute sa part ! P.G.

LAICITE RHONE

Pédophilie diocésaine : où en est-on ?

On apprenait le 1er juillet que le citoyen Barbarin relevait quatre prêtres de leur ministère du diocèse de Lyon, après avis d’un collège d’experts. C’était le début d’une grande lessive annoncée. Pour les prêtres concernés, tous mis en cause publiquement au cours des derniers mois mais dont l’identité n’était pas révélée, les faits étaient connus de l’autorité judiciaire. Il est donc clair que c’est la peur du scandale – et rien d’autre – qui aura fait réagir l’autorité diocésaine. En effet, nul besoin d’un « collège d’experts » pour prendre la mesure de la crise.

Comme l’a déclaré l’une des victimes du père Jêrôme B. : « Tout ce que fait Barbarin, il le fait sous la pression. »

Barbarin a déclaré : « L’heure est venue de réexaminer les vieux dossiers et d’accomplir un grand travail de purification. » Cela doit se traduire par des mesures immédiates qui sont : 1°) la mise en place d’une « cellule d’écoute », 2°) celle d’un « collège d’experts » (magistrats, médecins, psychanalystes, encadrés par des dignitaires ecclésiastiques), 3°) un « accompagnement » du personnel du diocèse et des paroisses. D’autres mesures devraient compléter cette panoplie.

Signe des temps : les prêtres mis en cause pourraient faire l’objet d’une « procédure canonique » et retourner à l’état laïc. Ce n’est pas rien. Rappelons que l’Eglise a toujours considéré comme une abomination pour un prêtre de se défroquer.  Un prêtre est prêtre pour l’Eternité, il ne peut quitter l’Eglise. Même si, comme jusqu’à présent, il ne peut endurer le célibat sans commettre de crimes sur les mineurs confiés à sa garde.

Cela dit, d’un certain point de vue cela reste le problème de la seule Eglise, et ne concerne le citoyen que dans la mesure où la justice s’est trouvée circonvenue par une politique de dissimulation organisée. L’Eglise a toujours trouvé plus grave d’ébruiter les turpitudes de ses bergers que de protéger ses agneaux par le recours à la loi (la vraie, pas celle dont elle s’arroge le privilège au nom de Dieu).

Jusqu’où ira cette opération « mains propres » que l’on pourrait aussi bien appeler d’un nom plus païen « Ecuries d’Augias ». Car la tâche s’annonce herculéenne.

Une nouvelle cérémonie laïque ? …le vœu des échevins !

Que le lecteur ne se pince pas tout de suite. Un vœu des échevins symbole de laïcité, c’est en substance ce que vient d’expliquer Gérard Collomb, apostrophé par l’association « Le Poing commun » qui lui demandait, dans une lettre du 6 septembre 2016, d’expliquer la participation d’élus de la République à la fête de la Nativité et au renouvellement du vœu des échevins : acte qui vient illustrer symboliquement la soumission du pouvoir politique au pouvoir religieux par la remise d’un écu d’or à Fourvière.

La Fédération du Rhône de la Libre Pensée, en particulier dans les colonnes de l’An II, a régulièrement condamné cette atteinte hautement symbolique à la laïcité institutionnelle, fondée sur un certain nombre de mensonges historiques. Nous ne les rappellerons pas dans cet article ; il suffit de savoir que la médecine et l’hygiène ont considérablement progressé à Lyon à l’époque de la peste.

Gérard Collomb ne s’est pas démonté. Devant un parterre d’élus et de chefs d’entreprise, où figurait aussi le gouverneur militaire, il a répondu : « J'invite tous ceux qui s'interrogent sur la place des religions et sur la laïcité dans la société à relire Aristide Briand. Cette loi [celle de 1905] n'est pas une loi contre les religions mais [une loi] qui doit permettre à chacune et à chacun d'exercer la religion de son choix, ou d'en exercer aucune. »

Le maire de Lyon, fustigeant la « conception étroite » de la laïcité de ses détracteurs,  a repris des passages de l'homélie prononcée par l'archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, lors de l'hommage au père Jacques Hamel, pour expliquer qu’une société ne pouvait pas se réduire à un consortium d’intérêt. Et de conclure : « Je vois bien tout ce qui peut diviser ou fragmenter une sociétéIci, à Lyon, pour nous la confluence n'est pas ce lieu seulement géographique mais aussi symbolique : la confluence des cultures, des idées, des spiritualités. C'est cela que marque l'esprit de Lyon. »

Plus c’est gros, plus ça passe 

Nous n’avons aucune envie de polémiquer avec le maire de Lyon, qui a déjà sa religion en la matière. Mais les poings se serrent (ou se lèvent) quand il ose se réclamer d’Aristide Briand, plus précisément du Briand  rapporteur de la loi de 1905.

Quant au parcours politique ultérieur de Briand abandonnant toute référence au socialisme – à l’instar d’un Emmanuel Macron – on comprend que cela séduise M. Collomb, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit !

Il suffit en effet de lire le texte de la loi ou celui des débats parlementaires pour voir que Briand n’aurait certes jamais eu l’idée d’empêcher M. Collomb de s’alimenter d’hosties ou de se désaltérer d’eau bénite si cela lui chantait, à condition qu’il le fît à titre privé. M. Collomb n’a pas bien compris ce qu’était la séparation.

Le 13 avril 1905, Aristide Briand répondait à un député qui proposait  de maintenir un concours financier au budget des cultes tout en affirmant la neutralité religieuse de l’Etat : « La majorité de la Chambre a considéré que l’Etat avait le droit de reprendre sa liberté pleine et entière et sans conditions. Nous avons dit et répété que les biens de l’Eglise n’avaient jamais été sa propriété. Ce fut la doctrine de la Révolution. Louis XIV lui-même l’avait affirmé. En reprenant la libre disposition de cette propriété, la nation a mis fin à la gestion de l’Eglise comme c’était son droit. Elle ne devait pour cela au clergé ni indemnité, ni réparation. La Convention au moment où elle a supprimé le service public du culte a fait disparaître en même temps les traitements du clergé.

Je trouve singulièrement grave qu’un républicain vienne à la tribune proclamer que l’Etat se fera voleur s’il supprime le budget des cultes. »

Ce député s’appelait Paul Beauregard. Aujourd’hui c’est M. Gérard Collomb qui arrose de subventions le dialogue inter-religieux et concourt au financement public des différents cultes. Une chose est sûre : cette « laïcité » à la sauce lyonnaise n’est certainement pas celle qu’aurait approuvée M. Aristide Briand !

libres propos, libres pensées

Journalisme ou bourrage de cerveaux disponibles ?


Le journal zurichois Zeit-Fragen a examiné la thèse du Dr. Uwe Krüger de l’Université de Leipzig, diplômé en sciences-po et journalisme, "Le pouvoir d'opinion", qui analyse les conditions de travail et de dépendance très, très problématiques des journalistes d'aujourd'hui dans le système euro-atlantiste et les accointances malsaines qui lient les élites politiques et celles des grands médias institutionnels : ils sont du même monde et ont les mêmes objectifs.

Un organe de presse comprend des cadres, comme dans n'importe quelle entreprise, chargés de tracer et faire respecter la ligne et des "pisse-copie" chargés de faire et d'écrire ce qu'on leur dit, quand on leur dit.

Aux uns les bons salaires, les honneurs et une très grande longévité professionnelle, aux autres les rémunérations à la pige, les CDD et une très grande insécurité existentielle. Cela calme les indociles.

Très rares sont les jeunes journalistes sortis d'écoles spécialisées qui disposent d'une vraie et vaste culture et du temps et des moyens nécessaires pour faire de l'investigation : place aux communicants chargés de "fabriquer du consentement" (Noam Chomsky) : faire accepter une "réforme", vendre une guerre, distordre une info, un sondage, éreinter un syndicat, etc.)

Les débats radio-TV se font entre gens du même bord, formatés à l'identique, à quelques divergences près visant à accréditer l'idée qu'il y a "débat".

Les émissions dérangeantes sont reprogrammées d'abord à des heures de faible écoute, puis si cela ne suffit pas à casser leur audience, supprimées.

Les micros et les interviews sont presque toujours proposés aux mêmes "experts" omniprésents du courant dominant, qui pontifient pour le compte de "groupes de réflexion" privés (mais pas d'argent).

Avec des objectifs différents, le principe de la propagande est exactement le même que celui de la publicité : répéter, répéter, répéter, pour faire entrer des désirs ou des crédos dans l'inconscient collectif.

Et de la propagande à la désinformation, il n'y a qu'un pas. Un point de vue partial ou un mensonge répétés urbi et orbi deviendront une vérité tellement admise que peu de gens la mettront en doute sans se voir accusés de "complotisme" ou de

"populisme"  qui font partie de ces anathèmes chargés d'opprobre destinés à disqualifier d'emblée

son auteur et étouffer dans l'œuf toute amorce d'expression contestataire.

Le détournement de vocabulaire est devenu la règle : paix, libertés, démocratie, république, droits, laïcité, réformes, etc., sont honteusement dévoyés pour semer la confusion dans les esprits crédules, peu curieux ou peu critiques et visent à mieux enterrer ces notions.

Mais, diront certains, il n'y a pas dans nos pays démocratiques de Ministère de la Propagande ou de l'Information, la presse est libre ! Certes…

Mais que l'on soit en démocratie ou en dictature, nous vivons avant tout dans un système économico-financier qui désire que ses intérêts, ses préceptes et ses objectifs ne soient pas ou pas trop contestés. 

Au lieu que les moyens d'informations soient contrôlés par un ministère dédié, il suffit que leur capital appartienne majoritairement à quelques très riches leaders de l'oligarchie régnante et le résultat est le même. Il leur aura suffi de faire main basse sur des médias légitimement respectés de longue date et d'y placer des gens qui, sans qu'on leur donne la moindre consigne, savent par conviction ou instinct (de conservation) ce qu'il faut écrire ou (surtout) escamoter. Résultat : 9 milliardaires contrôlent quasiment tous nos quotidiens, tous nos grands hebdos et  chaînes d'infos TV en continu.

Mais comme les citoyens sont des humains aussi intelligents que des "élites" générées par un système de sélection et de reproduction sociale faussé où l'origine, la formation, les réseaux, le népotisme sont déterminants, ils ne font dans leur majorité plus confiance à des médias qui sont, non seulement entre des mains privées (surtout d'éthique), mais en plus lourdement et arbitrairement subventionnés par nos impôts (sinon ils disparaîtraient à la vitesse d'un tsunami, tant la désaffection du public est grande).

La "grande presse" est en grande crise et ses tirages sont en berne : les gens ne s'y reconnaissent plus et se tournent vers Internet, dernier espace d'air (encore) oxygéné mais où la manipulation fleurit aussi.

D'un "grand" média à l'autre on entend la même musique, les mêmes paroles, les mêmes opinions  censées être majoritaires : au référendum de 2005 Laurent Ruquier a pu dire en riant stupidement : "Je voterai OUI, puisque tout le monde me dit qu'il faut le faire" ! Tel quel !

Et malgré un inimaginable et malhonnête matraquage médiatique où les "nonistes" passaient pour des benêts qui n'avaient rien compris au texte (en réalité trop bien !), le NON a gagné !

Mais ce n'était qu'un regrettable revers, bien corrigé depuis. Et quid du BREXIT ?

Démocratie, quand tu nous tiens !

Et on se rend bien compte que tout l'enjeu de ce déploiement hyper-coûteux n'est pas de convaincre la totalité de l'opinion, tâche évidemment impossible, mais d'en extraire les quelques grammes qui feront pencher la balance démocratique du "bon" côté.

Et ces grammes-là n'ont pas de prix !        

 

R.J.

 

 

 

 

 

L’Église contre la République : l’exemple de l’archevêché de Lyon

 

L’Église a été l’ennemie de la République dès sa proclamation le 21 septembre 1792. Et même avant ! L’Église de Lyon a été exemplaire dans ce combat. Trois archevêques, trois étapes : de la tragédie à la farce

 

I -Yves Alexandre de MARBEUF ( archevêque 1788-1799)

 

Cet aristocrate, homme d’Église, avait reçu de Louis XVI, la charge de ministre de la « Feuille », c’est à dire  de la répartition des bénéfices ecclésiastiques, plus  celle de préparer les nominations des évêques soumises par le roi au pape.

Lui-même devient archevêque de Lyon -  riche de 50 000 livres de rente annuelle – en1788.

Il ne mettra jamais  les pieds dans la ville, redoutant d’y être mal reçu. En effet,  dès la préparation de la réunion des États généraux, ce prélat conservateur s’était fait remarquer à Lyon en s'inquiétant des troubles et du désordre que cette initiative allait engendrer, à ses yeux. Des groupes de lyonnais l’avaient raillé dans une mascarade, et il craignait que sa venue provoque des émeutes.

Un citoyen, dans une lettre du 4 mars 1789,  restée anonyme, avait pourtant opposé aux instructions  royalistes et réactionnaires  de l’archevêque  une position,  laïque avant la lettre, dont le respect aurait  épargné à la Nation bien des conflits :

 

« Faut-il donc vous l’apprendre, Monseigneur, un évêque n’est pas un publiciste. Comme pasteur et ministre de J.C. il n’a aucun droit de s’immiscer dans les affaires civiles et politiques […] Vous

 

 

faites un criminel abus des paroles de l’Écriture pour émouvoir les esprits et allumer le flambeau de

la discorde ». (cité dans l’article Marbeuf du  Musée du Diocèse de Lyon, édition informatique).

Il choisira  bientôt l’émigration, refusant (le 5 décembre 1790) de rejoindre son siège, comme le lui avait enjoint le Directoire départemental de Rhône et Loire. Il ne renoncera pas pour autant à lutter contre la Révolution  et  la République, conduisant ses activités contre-révolutionnaires par l’intermédiaire de ses vicaires généraux, à qui il adresse instructions et mandements de 1789 à sa mort en1799 à Lübeck.

Certains de ses vicaires généraux sont arrêtés, d’autres émigrent ou se cachent. L’un deux, l’abbé LINSOLAS, revient à Lyon, clandestinement, le 21 novembre 1792. Il sera le plus zélé et le plus efficace  des vicaires généraux ; il  organisa la lutte clandestine de l’Église de Lyon et son soutien à la rébellion royaliste et girondine de 1793.

Il échappa à la répression de la Convention qui frappa cent six prêtres et religieux.

L’hommage rendu à Joseph Chalier, le martyr des jacobins,   vit rebondir la lutte-anticléricale : on  fit défiler un âne coiffé d’une  mitre et revêtu d’habits épiscopaux. La ville de Lyon, largement déchristianisée, devint un pays de mission.

 

II - Pierre GERLIER (archevêque 1937-1965)

 

Franchissons les années. L’acharnement antirépublicain ne se relâcha pas tout au long du XIXème  siècle, avant comme après l’instauration de la IIIème République en 1875 : le clergé et les notables de Lyon,  royalistes, ultramontains et piliers  de l’ordre moral, feront construire la basilique de Fourvière comme symbole de la volonté de reconquête catholique de la ville.

Pierre Gerlier fut nommé archevêque de Lyon en 1937. Il avait compris, dès sa jeunesse,  l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891) jetant les bases de la doctrine sociale de l’Église, opposant à la lutte des classes, le corporatisme. Pour ne pas  disparaître dans un monde de plus en plus déchristianisé, l’Église devait  renoncer, dans un pays comme la France, à lutter pour le retour à l’Ancien Régime et se tourner vers les classes déshéritées. Gerlier, dans sa carrière, favorise  les mouvements d’action catholique  tels que la JOC, la JEC ou la JAC. Mais l’effondrement de la République en 1940 sera bien, pour lui, comme pour toute la hiérarchie, une « divine surprise » selon le mot de Charles Maurras.

Il accueillera le maréchal Pétain dans sa cathédrale le 18 novembre 1940 avec  la formule célèbre d’adhésion politique active de l’Église de France au nouveau régime : «  La France, c’est Pétain. Pétain, c’est la France ». La promulgation du programme corporatiste de la « Révolution Nationale » accompagnant    l’interdiction de tous les partis et syndicats,  la chasse aux Francs-Maçons, la dissolution des Écoles Normales d’instituteurs,  des associations démocratiques comme la Ligue des Droits de l’Homme, la Libre-Pensée etc. sera saluée devant le Congrès de la Ligue ouvrière chrétienne par le cardinal Gerlier qui a reconnu les bases de la doctrine sociale de l’Église : « Travail , Famille, Patrie, ces trois mots sont les nôtres. »

 

L’évolution de la guerre, les premières défaites de l’Allemagne nazie vont amener certains cercles catholiques à réviser leurs choix politiques. Mais  les liens idéologiques  entre l’Église et l’État de Vichy sont étroits, et profonde la duplicité de la hiérarchie.

Ils vont être révélés à Lyon, après la guerre,  par l’affaire Paul Touvier. Ce chef de la milice de Lyon a été un assassin et un gangster cupide. Il a fait tuer, entre autres, Victor Basch, président de la LDH clandestine et sept juifs en 1944 pour  venger l’exécution par la Résistance du Goebbels de Vichy, le sinistre  Philippe Henriot. Touvier  sera condamné à mort par contumace en 1946. Cependant il  échappera  à la justice, caché, dès septembre 1944,  par l’abbé Stéphane Vautherin,  dans la cachette aménagée sous le plancher de sa maison de Fourvière. Les complicités en sa faveur vont loin : il s’échappe du palais de justice en 1967, comme par miracle, le président Pompidou lui accordera la grâce présidentielle en 1971. Il sera protégé et caché jusqu’en 1989, par de multiples membres élevés du clergé, plusieurs évêques,  des bénédictins, des chartreux, des dominicains (au couvent d’Eveux) ou le Provincial des Jésuites.

Son  protecteur le plus fidèle et dévoué a été Mgr Charles Duquaire, qui,  après avoir été secrétaire du cardinal Gerlier, passera au service du  cardinal Villot, secrétaire d’État du pape Paul VI.

La commission d’enquête confiée à l’historien catholique  René Rémond  que l’archevêque Decourtray chargera, en1989,  de faire la vérité sur l’affaire épargnera Gerlier mais  ne pourra blanchir l’Église.

La duplicité de l’Église de Lyon et de son cardinal éclatera une fois de plus à la mort d’Herriot en 1957. Le cardinal Gerlier porte la honte d’avoir  voulu falsifier l’histoire  et faire croire qu’Édouard Herriot, laïque, athée et libre penseur notoire,  avait demandé des funérailles religieuses  sur son lit de mort, « en parfait état de lucidité ».

Des remous s’ensuivirent  pendant deux ans auxquels la veuve mit fin par cette phrase « Lorsque le cardinal lui a fait visite, le président n’avait plus sa conscience et ne pouvait reconnaître personne ». (Le Progrès 15 novembre 1959).

III Philippe BARBARIN – (archevêque depuis 2002)

A la date du 13 août, Le Progrès de Lyon, s’interroge : « Mais où est le cardinal Barbarin ? »

 

« Pas d’archevêque pour la procession ni pour la messe du 15 août, célébrée lundi à Fourvière. D’ordinaire, ce  jour-là, fête de l’Assomption, c’est bien le Primat des Gaules qui officie dans la basilique dédiée à Marie. Mais  cette année Philippe Barbarin n’est pas là… Il préside le pèlerinage de Lourdes… »

Absence bizarre ! On formulera l’hypothèse que le cardinal n’a pas pris  le risque de s’exposer aux lazzi et aux interpellations publiques de fidèles – comme ceux qui lui reprochent d’être resté sourd et aveugle pendant des années aux plaintes des victimes des prêtres pédophiles de son diocèse et de s’être refusé à porter ces actes criminels à la connaissance de la justice. Son prédécesseur, on l’a lu, de Marbeuf, n’avait pas osé affronter les lyonnais. 1789, c’était l’ouverture de la tragédie révolutionnaire.

En 2016, personne ne persécute l’Église, l’attitude de Philippe Barbarin relève de la farce.

Il a eu cette barbarinade incroyable, aveu qu’il connaissait les faits et qu’en les cachant, jusqu’à leur prescription, il agissait sciemment : « La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits … ».

Il ne semble pas que les actes coupables de ses prêtres aient beaucoup  alarmé les scrupules moraux  et chrétiens du cardinal, pourtant défenseur de l’ordre moral,  qui n’a jamais  manqué  de jouer les donneurs de leçons, pour dénoncer les IVG, l’avortement, comme le Droit à mourir dans la dignité ! Il s’est surpassé dans la campagne politique  contre la loi du mariage pour tous à laquelle il a participé au premier rang. Une autre de ses barbarinades passera à la postérité, à ce propos :

  • -
  • - «  Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou quatre. Après, un jour, peut-être, l’interdiction de l’inceste tombera. Il y aura des demandes incroyables qui commenceront à se faire jour. »

Un procureur de la République a clos le dossier le 1er août.

Si on peut parler de « farce », c’est parce que, sous la Révolution, l’archevêque aurait risqué sa peau  s’il avait manifesté contre la République, mais la Vème République n’a de République guère plus que le nom.

Le gouvernement affiche ses accointances avec les Eglises. Le cardinal a été ouvertement défendu aussi bien  par le maire « socialiste » de Lyon, Gérard Collomb, que par le président « L.R. » de la Région, Laurent Wauquiez, sans parler du pape. 

L’Église de Lyon a, depuis des années,  investi les institutions de la République : elle en a reçu des subventions énormes et Gérard Collomb a embauché comme adjoint l’ex-président de la Fondation Fourvière, Jean-Dominique Durand, un des premiers officiers de l’archevêché.

Le mot de la fin sera accordé à un prêtre retraité, présent à la réunion présidée par le Cardinal le 25 avril à Écully,  traitant  des affaires de pédophilie dans l’Église, Georges Favre.

Il a déclaré à des journalistes, se croyant spirituel mais révélant cyniquement la vérité sur les mœurs ecclésiastiques :

  • - « Ma position ? Je n’ai pas violé beaucoup d’enfants ; je suis assez clean à ce sujet-là. Heureusement, parce que vous auriez pu en faire partie, comme vous êtes très jeunes les uns et les autres ».
 

 

Pour rester dans le domaine de la farce, Philippe Barbarin  a tenu à faire connaître, dans le premier interview donné au Progrès  - en  2002 - , sa passion pour le personnage de Tintin, création du dessinateur belge Hergé, qui fut lui-même un personnage politique douteux.

Il a installé à l’archevêché un musée Tintin.

Ce héros inattendu du cardinal «lisse et conformiste, misogyne, antisémite et raciste », selon un journaliste,  lui aurait, de son propre aveu, tout appris de la vie et de la société !

Faut-il commenter ?               

M.P. –août 2016

Mata Hari, espionne d’opérette, fusillée pour raison d’État

 Au cours de leur combat pour la réhabilitation collective des fusillés « pour l’exemple » de la 1ère guerre mondiale, la Libre Pensée et les organisations démocratiques associées se sont vu opposer l’argument spécieux selon lequel, parmi les fusillés, se trouveraient des condamnés de droit commun  ou des espions.

Pour l’État-major, tout comme la fameuse Mata Hari, ces traîtres méritaient le poteau d’exécution !

Mais qu’en est-il de la célèbre espionne ?


On dispose maintenant d’une liste reconnue des condamnés présentés devant la justice militaire pour l’exemple, soldats victimes de l’arbitraire parce qu’ils refusaient d’aller à l’abattoir, choisis souvent parmi les « fortes têtes », quand ce n’était pas pour des peccadilles, voire au hasard et de façon totalement arbitraire.

Certes, Mata Hari n’entre en aucune façon dans la catégorie « chair à canon ». Avec elle, c’est d’une autre chair qu’il s’agit (que ne dédaignèrent pas Messimy, futur ministre de la guerre des gouvernements Caillaux et Viviani, ni Malvy, futur ministre de l’intérieur !) Huîtres, champagne, caviar et vodka, l’existence qu’elle mena avant et pendant la guerre est plutôt représentative de la condition des « planqués », viveurs et profiteurs de guerre enrichis.  Pourtant, à y regarder de plus près, son cas relève d’une autre forme de l’arbitraire militaire et manifeste la barbarie d’une époque où la vie humaine ne valait pas la valeur d’une cartouche.

Considérée longtemps par le grand public comme « l’espionne » de haut vol par excellence (popularisée par une abondante littérature et par le cinéma), elle est aujourd’hui tenue pour une espionne sans envergure ni professionnalisme, et – toutes questions de vertu ou de moralité financière mises à part – autant coupable que victime.

Un article paru dans la « Revue historique des Armées » se conclut sur ces mots : « Le 24 juillet [1917], le procès débute. Après une première séance publique, le procès se poursuit à huis clos à la demande de l’accusation.

L’affaire est rondement menée. Mornet dénonce en elle « la Salomé sinistre qui joue avec la tête du soldat français ». Mata Hari est condamnée à mort. La date d’exécution est fixée au lundi 15 octobre 1917.

Elle meurt avec dignité sous les balles des douze sous-officiers de zouaves qui composent le peloton d’exécution.

La demi-mondaine qui fut agent double, sans probablement avoir jamais réellement espionné, entre désormais dans l’histoire. » (1)

Quant aux accusations d’espionnage, le même André Mornet, avocat général qui obtint la tête de Mata Hari  (par la suite collabo et procureur du procès Pétain !)

devait reconnaître plus tard  qu’« il n’y avait pas là de quoi fouetter un chat ». Il s’agissait en effet de ragots,  de secrets de polichinelle ou d’informations trop générales et donc sans portée. Exemple : « On dit que les Français se préparent à une grande offensive. ».

Ainsi la Revue historique des Armées rejoint, un siècle après,  la position alors très isolée du journal « Le Bonnet rouge », d’inspiration libertaire et pacifiste, qui allait lui-même subir les foudres de la justice d’État.

Dans son n° du 16 juillet 1917, un certain Julien Sorel mettait en doute le rôle de la pseudo-espionne : « L’affaire est mystérieuse et, à la Sûreté, où nous avons voulu obtenir quelques renseignements, on observe le silence le plus énergique. Mata Hari espionne !

Cela ne semble guère possible. Elle n’était pas taillée pour jouer ce rôle. […] Se polir les ongles, se rosir les orteils, minutieusement épiler le triangle sacré, telles étaient les occupations de Mata Hari. » (2)

 Qui était Mata Hari ?

Margaretha Geertruida Zelle est née le 7 août 1876 à Leeuwarden aux Pays-Bas. Elle est la fille gâtée d’un père faussement affublé du titre de « baron » qui quittera le domicile conjugal après son divorce et sa banqueroute.

Margaretha, élevée comme une « reine » mais tombée bien vite dans une gêne relative, cherchera toute sa vie le luxe. Autre goût immodéré qui la perdra : le prestige de l’uniforme.

Elle épouse sur un coup de tête un officier, Rudolf Mac Leod, qu’elle suit aux Indes néerlandaises. Le ménage n’est pas heureux longtemps. De retour en Europe en 1903, Margaretha divorce de son capitaine, violent et ivrogne. Elle gagne Paris où elle débute comme danseuse de charme sous les apparences d'une princesse javanaise dénommée Mata Hari (« L'oeil de l'Aurore » en malais) parrainée par le riche orientaliste Émile Guimet.

Sous un alibi ethnographique, elle s’offre nue en scène à la déesse Siva. Cette conception du sacré plaît beaucoup aux riches messieurs  qui se l’arrachent pour des spectacles privés. Elle devient ainsi la coqueluche de Paris et des capitales européennes où elle se produit. Elle multiplie les liaisons et collectionne les protecteurs haut placés. Peu à peu, son étoile décline et ses besoins d’argent iront croissant.

 

 

Le début des ennuis

Lorsque la guerre éclate, en août 1914, Mata Hari se trouve à Berlin où elle a comme amant un officier du cru.  Sur le chemin du retour elle est approchée par les services secrets allemands. Sa carrière d’espionne ne sera pas brillante : avant même son 2e retour à Paris, elle est « grillée ». En fait elle se pique de rendre service tout en soutirant de l’argent aux services d’espionnage ou de contre-espionnage qu’elle s’imagine mener par le bout du nez. Sa sympathie pour la France ne fait guère de doute (sinon pour ses futurs accusateurs) mais va bien davantage à l’argent facile.

Si elle pouvait, elle livrerait volontiers aux Français des secrets diplomatiques ou militaires. Seulement voilà : soit on ne la prend pas au sérieux, soit on se méfie d’elle à cause de sa propension à inventer, dissimuler, embellir son rôle, et à son incurable naïveté.

On la surveille, on la piège pour connaître son jeu, et à l’occasion on la manipule pour désinformer l’adversaire. Rapidement et des deux côtés, on cherche à s’en débarrasser.

De toute façon ce n’est pas en couchant dans le lit d’un diplomate de haut rang, qui plus est en se vantant de son carnet d’adresses,  qu’on pénètre les secrets d’un conflit mondial.

Pour cette période, ses biographes divergent sur de très nombreux points de détail : il faut dire que ses petits mensonges, ses intrigues où la vie privée et amoureuse interfère avec les potins de la diplomatie internationale, rendent leur tâche complexe !

Seule constante : partout comme au Grand Hôtel de Paris, elle mène grand train, malgré son déclin irréversible sur la scène du grand monde.

Elle connaît une ultime passion pour un capitaine russe au service de la France, Vadim Maslov, âgé de 21 ans. Cette passion, coûteuse, l’amène à commettre de nouvelles imprudences.

Afin d’assouvir cette passion, d’autant que son amant a des soucis d’argent, elle se fait régulièrement envoyer de l’argent par un « protecteur » hollandais. Elle en a déjà reçu d’un peu tous les côtés –et même d’Allemagne - mais pas pour services rendus dans le renseignement. Cela finira de la perdre, car il lui sera impossible de prouver qu’elle n’a pas touché ces fortes sommes des mains de l’ennemi.

D’ailleurs est-ce cela qui intéresse l’état-major ?

Raison d’État

L’année 1917 est celle des mutineries. Personne ne comprend pourquoi la guerre s’éternise.  Pourquoi cette boucherie interminable ? Il faut à l’opinion publique des « coupables ». C’est le moment où « l’espionnite » devient la réponse à tous les problèmes, et le soupçon de trahison une paranoïa nationale. Grève des ouvrières de

l’armement à Paris ? Trahison ! Les bolcheviques en Russie ? Trahison ! L’ennemi est partout.

Nombreux sont les espions – et les espionnes- exécutés en 1917. Mata Hari ne sera pas la seule victime, mais elle est célèbre et donc une coupable idéale.

Qui plus est, elle est toujours de nationalité  néerlandaise. C’est une étrangère !

On connaît la suite : arrestation, procès bâclé, condamnation sans preuve. On était incapable de citer un seul « secret » livré aux Allemands par l’aventurière !

Parfois le roman d’espionnage côtoie le vaudeville. Auguste Messimy, le ministre de la guerre de 1914, est convoqué comme témoin au procès. Retenu chez lui par d’astucieux rhumatismes, il délègue son épouse qui lit sa lettre où il prétend n’avoir jamais rencontré Mata Hari. Celle-ci explose : « Ah, il ne m’a jamais connue, celui-là ! Eh bien ! il a un riche toupet ! »

Après l’exécution de l’espionne, le dossier s’est dégonflé. En 1937, la célèbre « Fraülein Doktor », qui travaillait pour le renseignement allemand à Anvers et à qui Mata Hari aurait dû rendre des comptes, affirma dans ses mémoires: « Pas une des nouvelles qu'elle a envoyées n'était utilisable, et ses informations n'ont eu pour nous aucun intérêt politique et militaire. »

L’histoire montra que les informations données étaient sans importance. Mata-Hari était une espionne d’opérette. A la scène elle s’était forgé un personnage fictif grâce à ses années passées en Indonésie.

Elle fit de même en en voulant « jouer dans la cour des grands », ceux qui mènent vraiment les destinées du monde. Elle paraît même n’avoir jamais soupçonné la gravité de ses actes, du moins à une époque où on fusillait sans hésiter au nom de la raison d’État.

En 2001, l’ancien résistant Léon Shirmann, qui a épluché les archives françaises et allemandes a rassemblé un dossier qui reprend tout ce qu’on pensait savoir sur Mata Hari (3).

Selon  son éditeur, Jean-Pierre Turbergue, « preuve serait faite que plusieurs membres du contre-espionnage français auraient délibérément menti sous serment pendant le procès, car "elle avait une attitude qui pouvait révolter les Français" en temps de guerre. » (Ce qui, en soi, n’est pas faux).

Depuis 1992, la fondation néerlandaise Mata Hari et la ville natale de la danseuse, Leeuwarden, ont engagé une requête en révision du procès.

En 2001, Marylise Lebranchu, ministre de la Justice, seule habilitée à donner suite à une démarche n'émanant pas des descendants de la condamnée, a rejeté la requête.

La demande  insistait sur le fait que les droits de la défense auraient été bafoués par la justice militaire. Tiens donc ! Nous aussi, nous en savons quelque chose.

 P.G.

 (1) Frédéric Guelton, « Le dossier Mata Hari », Revue historique des armées, 247 | 2007, 82-85.

  • (2) Cité par Jean-Marc Loubier « Mata Hari la Sacrifiée» - Acropole, 2000, p. 152.
  • (3) Léon Schirmann « Mata Hari - Autopsie d’une machination» 2001, ed. Italiques

Du Célibat polygamique  (3e partie)

Dans la 2e partie de cet article, nous en étions restés au concile de Trente (1545 – 1563) lequel décida :

« Si quelqu’un prétend que le mariage est préférable à la virginité ou au célibat, qu’il soit anathème ! »

C’était le triomphe du célibat. Pourtant des tentatives avaient eu lieu. Elles offrent des analogies étonnantes.

 Sirice d’abord, évêque de Rome de 384 à 399. Avec lui, pour la première fois un avis de l'évêque de Rome devenait une loi pour l'ensemble de l'Église. Il est le premier pape et l’auteur de la première décrétale connue (lettre pontificale sur des questions de discipline ou de droit canonique). 

Par ses missives il enjoignait aux évêques d'Afrique d’appliquer les canons conciliaires.

Le premier concernait précisément la consécration de l'évêque et l'obligation de chasteté des clercs.

Le second exigeait une enquête préalable sur les candidats aux ordres. Ainsi naît la papauté.

Les clercs n’en deviendraient guère plus vertueux.

Puis Grégoire VII (1073-1085) : connu comme un des grands papes de l’Histoire, autrement dit… comme un des plus fanatiques, Grégoire VII était préoccupé d’asseoir la primauté absolue de Rome. Il réforma l’Église en autocrate et pour cela il lui fallait un personnel « aux ordres ».

Notons que c’est sous son pontificat, en 1078,  que l’archevêque de Lyon fut élevé au titre de « primat des Gaules ». Rien d’étonnant, en somme,  à ce qu’il imposât l’ancienne coutume du célibat des prêtres (très inégalement observée) avec une rigueur toute particulière. Cette réforme ne dura pas et la nature reprit ses droits.

 Saint Jérôme, qui fut son contemporain, disait de Sirice : « C’est un imbécile ». Pierre Damien, collaborateur de Grégoire VII, appelait « saint Satan » ce prêtre qui aurait fait deux siècles plus tard un grand Inquisiteur très présentable.

Y a-t-il corrélation entre les jugements peu flatteurs portés sur ces deux pontifes, leur fanatisme, leurs volonté d’enrégimenter le clergé et leur souci de ne pas voir les clercs se reproduire par la voie naturelle ? Nous laisserons le lecteur méditer sur ces questions.

Encore le catholicisme n’était-il pas en danger sous Sirice ni sous Grégoire. Il en allait autrement au temps de la Réforme protestante.

Libre interprétation des Écritures, rejet de la simonie, des indulgences, de l’idolâtrie et de l’autorité papale, tout cela sur fond de révolte des cités et de provinces dans toute une partie de l’Europe : ce n’était plus une alerte comme au temps des grandes hérésies, mais un embrasement général. L’Église papiste devait réagir.

Le célibat des prêtres fut l’une des conséquences, cette fois définitive, de la Contre-réforme.

 Georges Las Vergnas cite à propos ce dicton espagnol : « Torero marié, torero fini» ainsi que les propos de Lyautey : « Un de mes hommes qui se marie est un homme diminué de moitié » (cette moitié étant précisément sa femme). 

Or il fallait à la papauté une armée nouvelle de clercs dévoués jusqu’au sacrifice, sans attaches matérielles ou familiales,  prêts à observer une obéissance complète : « perinde ac cadaver », ce qui signifie littéralement « à la manière d'un cadavre ».  Hormis dans quelques films d’épouvante, les cadavres n’ont pas de vie sexuelle.

Les justifications théologiques allaient suivre, au mépris des textes bibliques qui se ressentent encore de la méfiance juive envers le célibat, même chez les Apôtres : pour les Juifs il fallait « croître et se multiplier », une nombreuse descendance étant signe d’élection divine.

Il ne faudrait pas croire pourtant que les chrétiens furent les premiers à sacraliser la chasteté et appris à mortifier la chair. Certaines tendances du judaïsme, tels les Esséniens ou Thérapeutes, professaient déjà l’abstinence. Les cultes à mystère pouvaient aller plus loin encore : les prêtres de Cybèle et d’Attis, les Galles, pratiquaient l’auto-castration à l'occasion de la fête annuelle des sanguinaria. Si cela pouvait les rendre heureux !

Il ne faut pas oublier non plus que tous les guérisseurs, voyants, faiseurs de miracles comme le furent probablement certains des premiers personnages de l’Église, étaient assimilés à des magiciens. On leur demandait de protéger les récoltes, de guérir les maladies, de veiller aux sources. Et les magiciens ont toujours été situés par la superstition populaire hors de la société commune, obéissant à des règles de vie particulières. Cette singularité se retrouve dans bien des religions : sinon pourquoi aurait-on demandé aux Vestales d’être des Vierges consacrées ?

La théologie chrétienne considère elle aussi qu’on ne peut être à la fois marié à une épouse charnelle et à l’Église, corps mystique du Christ.

Le célibat requis de la part des prêtres allait se heurter à un dernier obstacle : la chasteté absolue est une grâce, comme le don de parler en langue ou celui de guérir les écrouelles.

Or on ne peut imposer une grâce, qui ne dépend pas de la volonté humaine, mais d’un choix divin. On passa outre : pour le prêtre pas d’échappatoire, et le résultat fut monstrueux.

Laissons le dernier mot (provisoirement) à Georges Las Vergnas : « Au lieu de la fuite, on impose aux clercs un perpétuel supplice de Tantale qui conduit la plupart d’entre eux à la névrose, beaucoup au libertinage, quelques-uns au crime. (…) C’est au défaut d’échappement, dit Gide, que la force sexuelle doit sa violence. »

Dans un prochain article nous verrons quelles formes revêt cette tension érotique et quelles déviations trop prévisibles en sont la conséquence.

 (à suivre)  

P.G.