2025 03 LE COUT D UN MISSILE

Modestes propositions pour faire des économies

Et exporter la mort

Quelle connerie la paix !

(un poète anonyme)

Nous traversons une grave crise financière, comme on nous l’explique chaque jour. Et avec la guerre en Ukraine, nous sommes loin d’avoir levé les fonds nécessaires. C'est pourquoi nous devons réfléchir à des sources d'économie innovantes. Or, c'est un grand problème dans ce pays, les enfants scolarisés dans notre système d'éducation coûtent trop cher, même si on les aime bien. Tout cet argent gaspillé, quel crève-cœur !

Songez que la dépense annuelle par élève ou apprenti dans les premiers ou 2nd degrés est de 9300 €. Un élève de moins et cela permettrait presque de financer l'achat d'un missile antichar Malyutka (10024€). Pour un élève de lycée (11 940 €) on arriverait presque à se payer un missile Konkurs (13 000 $). Ce serait même tout à fait possible en faisant disparaître un élève de lycée professionnel (13 760€).

Bien sûr, nous sommes loin du coût d'un missile sol-air à très courte portée mistral 8 qui est un produit français dont nous sommes fiers, et dont le coût unitaire est de 41000€ pour le poste de tir portable et de 160 900€ pour la munition. Avec ces tarifs, c'est presque une classe entière qu'il faudrait faire disparaître. Mais l’enjeu en vaut la chandelle.

Certes, il est une autre source d'économie possible : c'est de toucher aux postes d'enseignants.  Quand on songe que chaque année le coût d'un stagiaire à temps plein est de 13308 € dans le primaire comme dans le secondaire, on imagine le montant de l’économie à réaliser. Un professeur des écoles ou un certifié en fin de carrière nous coûte 30 056 €. Ce n'est pas négligeable. Et si on parle des agrégés, alors là bingo ! Le traitement d'un stagiaire annuel est de 26 868 € et au 11e échelon : 49 320 € pour l'année. Huit postes comme ça en moins et on peut s‘offrir un missile air-air à courte portée AIM-9X block II "Sidewinder" (409 300 €).

Un tel missile détecte ses cibles par la chaleur. Il est particulièrement efficace en combat air-air rapproché, et peut être embarqué sur de nombreux appareils, dont des hélicoptères. Pourquoi se priver ?

Ces solutions paraissent si évidentes qu'on s'étonne que personne ne les ait proposées.

Quoique…                                                                                                      P.G.

2025 03 LE DRAPEAU ROUGE A LYON

LE DRAPEAU ROUGE A LYON

Les Lyonnais savent peu que le drapeau rouge a flotté durant six mois pleins sur l’Hôtel de Ville, du 4 septembre 1870 au 3 mars 1871, sans compter un épisode plus tardif, de moins de 48 heures, au moment de l’insurrection parisienne. Moins encore que drapeau flottait dans les localités circonvoisines. Rien à ce jour ne rappelle ces événements. Et pourtant le drapeau rouge … flottait partout.

 

Depuis la fin du XIXe siècle, ce drapeau a cristallisé l’essentiel des luttes politiques.

 

 En 1871, le drapeau tricolore est devenu l’emblème des versaillais, alors que le rouge devenait clairement celui de la révolution sociale. Puis il s’est affirmé comme celui du socialisme international. Il l’est toujours, et l’on chante toujours Le Drapeau rouge de Paul Brousse (« Regardez, regardez, le voilà… »). Il fut brandi au Congrès général des organisations socialistes françaises, le 3 décembre 1899, salle Japy, quand fut chantée pour la première fois L’Internationale.

Ce n’est pas par amour de l’émeute et des étendards, écrit Jean-Baptiste Clément, que j’arbore ici le drapeau rouge des revendications sociales qui flotta victorieux pendant plus de deux mois à l’Hôtel de Ville de Paris en 1871, après avoir été mitraillé en juin 1848 par les bourgeois multicolores. Loin de disparaître, il se redresse plus écarlate que jamais après chaque étape de nos luttes sociales […] Il plane victorieux, non seulement sur Paris, mais sur le monde entier, car on le voit de partout. Les bourgeois lui ont signé sa feuille de route par les massacres de juin 1848 ; aujourd’hui il est en train de faire son tour du monde.

Le drapeau rouge fut déployé sur les barricades de 1848 et sous la Commune de 1871.

Depuis longtemps le pavillon rouge avait été brandi lors de manifestations ouvrières. Sa première utilisation est attestée en 1768 lors de la grève des ouvriers du port de Londres. Le rouge est la couleur du sang, qui coulait à l'exécution d'une « peine afflictive » sur les navires, en punition d'un fait grave. Les prolétaires ont adopté ce symbole.

Mais il y eut autre chose :  lors de la Révolution française, par la loi du 21 octobre 1789, le drapeau rouge était déployé par la troupe comme ultimatum avant une intervention imminente. Après quoi on ouvrait le feu sur les manifestants. C’est ainsi qu’il fut déployé au  Champ-de-Mars, lors de la fusillade du 17 juillet 1791,

C’est après la Commune de Paris de 1871 que le drapeau rouge est devenu le symbole de la révolution socialiste et de l’internationalisme ouvrier, alors que le drapeau bleu-blanc-rouge représentait la répression bourgeoise. Il était devenu le drapeau des socialistes pendant la révolution de 1848, au cours de laquelle il fut proposé comme emblème de la République. Une tentative eut lieu pour l’imposer, avec quelque chance de succès dans un premier temps, lorsque la foule envahit l'Hôtel de Ville en criant : « le drapeau rouge ! ». C’est alors que Lamartine se fraya un passage, harangua la foule et permit au drapeau tricolore d’être adopté. Il faut souligner que pour les révolutionnaires, le drapeau rouge n'était nullement un insigne de terrorisme et de vengeance, mais l’emblème de l’unité d’une société nouvelle. Il n'était pas le drapeau du sang, mais celui de l'utopie.

Oscar Testut rapporte qu’en 1866, lors du congrès de Genève, en tête de la colonne des délégués se rendant à la salle du congrès était porté un drapeau rouge ou était inscrite la devise de l'association internationale : « Pas de droit sans devoir ». Et lors du meeting parisien du 24 février 1868, le drapeau rouge était présenté comme « symbole de la révolution prochaine ».  On vit alors s'avancer une députation de la société ouvrière allemande portant un drapeau rouge qu'elle plaça près de la tribune au milieu des cris de « Vive la République démocratique et sociale ! » Testut, historien malveillant de la première Internationale et indic de police, n’aura de cesse de flétrir « cette hideuse loque rouge qui a flotté sur le dôme de l'hôtel de ville pendant plus de 6 mois et que l'on retrouve encore à la mairie de la Guillotière la veille de l'insurrection du 30 avril. »

« Hideuse loque rouge ! » On trouve de tels expressions ordurières chez les principaux témoins. Joannès Guetton, très clérical auteur des « Six mois de drapeau rouge à Lyon » emploie la même expression et d’autres telles que « fanion du crime et de l’insurrection »ou « trophée boueux ». Il est vrai que son drapeau à lui n’est ni tricolore ni rouge, mais « l’étendard de la Croix ».  La bourgeoisie a les moyens d’écrire, ce ne sera guère le cas des communards. C’est un problème pour l’histoire de toute la Commune de Lyon : les ouvrages qu’on nous a laissé sont l’œuvre, pour la plupart, d’ennemis déclarés de l’insurrection populaire,

 

Communes de 1870-1871

Et oui, Communes au pluriel, et dès 1870 !

Le 18 mars 1871, sur la Butte Montmartre, commence la Commune de Paris. Rapidement les Communards décident la promulgation du drapeau rouge comme drapeau officiel, (alors que le drapeau rouge et noir est utilisé par certains anarchistes).

Pourtant c’est l’année précédente, le 4 septembre précisément, que pour la première fois le drapeau rouge est hissé sur un bâtiment officiel. Dès le matin, du balcon de l’Hôtel de Ville, siège de la préfecture et de la commission municipale (imposée, à Lyon comme à Paris, en vertu d’une loi d’exception), la République et la Commune libre sont proclamées d’un même mouvement. Le Comité de salut public déclare : « Les malheurs de la patrie nous dictent notre devoir. Nous décrétons immédiatement l'armement de la Nation, la déchéance de l'Empire et la proclamation de la RÉPUBLIQUE. »

Guetton rapporte les faits ainsi, minimisant sans doute l’affluence populaire :

« L'effervescence augmente. Par la rue Romarin débouche une troupe d'individus portant un petit drapeau rouge. On entend, sur plusieurs points, des cris de : Vive la République ! Un rassemblement d'une centaine de personnes parcourt la rue Impériale (nom de l’actuelle « rue de la Ré »), se dirigeant vers la préfecture et chantant la Marseillaise. Vers dix heures, la foule qui n'a pas cessé de grossir, force l'entrée de l'Hôtel de Ville. Au bout de quelques instants, le tocsin sonne. Un citoyen escalade le beffroi pour détrôner le drapeau tricolore (…) en plaçant une loque rouge à l'un des oeils-de-boeuf du beffroi. Un second citoyen, plus heureux, parvient à descendre le drapeau tricolore, dont on enlève les deux couleurs blanche et bleue pour ne laisser subsister que le morceau rouge, qui apparait enfin et flotte au sommet de la préfecture. Le grand balcon, au-dessus de la porte d'honneur de l'Hôtel de Ville, est envahi par trente ou quarante citoyens qui, tous à la fois, déclarent l'Empire déchu et la République proclamée. Les acclamations de la foule leur répondent. De nombreuses cocardes rouges commencent à fleurir aux boutonnières des habits. »

On lisait dans Le 1er n° de l’Antéchrist, journal libre-penseur, le 15 octobre 1870 : « Des préjugés regrettables, propagés par la malveillance, persistent à présenter le drapeau rouge comme un emblème de désordre et de terreur. (…) Cette opinion est née d'une interprétation inexacte des querelles de nos assemblées de la Révolution, elle a été consacrée par le mot si faux et si applaudi de Lamartine. (…) Le Drapeau Rouge, pendant notre grande Révolution, n'a jamais été que l'insigne de la force militaire déployée soit pour le maintien de l’ordre intérieur, soit pour l'expulsion de l'étranger. (…) Il est pur de toute tache, de toute honte, de tout mélange. »

Le mercredi 28 septembre, vers midi, une immense colonne de milliers d'ouvriers débouchait par la rue Puits-Gaillot, sans armes, portant un drapeau rouge frangé d'or ; Saigne et Cluseret en tête, accompagnés des orateurs de la Rotonde, la grande salle des meetings populaires, aujourd’hui disparue. Ces 6 à 8000 ouvriers venaient demander des augmentations de salaire. C’est ce jour-là, à la faveur de cette mobilisation sociale, que les manifestants réunis derrière Bakounine s’emparaient de l’Hôtel de Ville et proclamaient « l’abolition » de l’État bourgeois, afin de lui substituer un État révolutionnaire, reposant sur une Convention révolutionnaire du Salut de la France constituée des délégués de chaque département. On sait que cette tentative fit long feu et finit en débandade.

Aux yeux du préfet Challemel-Lacour, le drapeau rouge de l'hôtel de ville était « un défi à la République et au bon sens ». Il n’était pas le seul à s’en scandaliser, rejetait la faute sur les internationalistes (lettre à Delescluze du 13 septembre 1870) mais demeurait impuissant. Même Andrieux, partisan de l’ancien drapeau national, le reconnaît : le préfet exagérait l’importance de l’AIT au sein du Comité de Salut Public et dénaturait la signification du drapeau rouge, « symbole de la Commune et de la révolution sociale bien plus que le signe des revendications internationalistes. » Quant au Conseil municipal nouvellement élu au        , il s’efforçait déjà d’atténuer la signification du drapeau rouge, faisant afficher le 24 septembre : «  Considérant que, le 4 septembre en face de la France envahie, la ville de Lyon a proclamé la Patrie en danger, et en arboré le signe ; considérant que le péril est plus grand que jamais, délibère : Le signal de la patrie en danger restera arboré sur l'hôtel de ville jusqu'à ce que le péril ait cessé. » Par la suite l'argument de la patrie en danger allait permettre de repousser toute objection contre le drapeau de la Commune, nonobstant les tiraillements internes du Conseil.

Peu de jours après l’arrivée à Lyon du nouveau préfet, un garde national menaçait d’abattre quiconque toucherait au drapeau, ajoutant : « C’est notre consigne », signe d’une tension qui ne faiblit pas et du peu d’autorité détenu par le pouvoir central. Andrieux rapporte encore que le 17 novembre le général Bressoles avait fait enlever un drapeau rouge qui décorait le fortin des Mercières, récemment achevé, au chantier national. Il s’ensuivit une grande agitation parmi les ouvriers des chantiers, et le préfet dut intervenir.

La proposition du retrait revint régulièrement en débat au Conseil municipal, appuyée par le nouveau préfet Valentin (nommé le 4 février 71). Mais chaque fois jusqu’au 3 mars, la légitimité du drapeau est confirmée.

Le 14 février, l’ancien révolutionnaire Joseph Benoit demande son retrait, en précisant que le drapeau rouge sera déposé aux archives de la ville. Barodet, futur maire de Lyon, propose que les deux drapeaux, le rouge et le tricolore, flottent de conserve. Il devait plus tard déclarer, lui traditionnel partisan du drapeau rouge, que sa proposition avait été « aiguisée en paratonnerre pour dégager l’électricité populaire et conjurer l’orage. »

Le 18, le Conseil vote pour la quatrième fois le maintien du drapeau rouge ; puis le 23, une cinquième fois.  

Enfin, le 3 mars, il est décidé que le drapeau rouge cessera de flotter sur l'Hôtel de Ville. Il y sera resté six mois jour pour jour et sera remplacé par le drapeau tricolore, et pendant trois jours par un drapeau noir en signe de deuil. Au soir, on en lisait l’annonce placardée sur les murs de la ville. La délibération du Conseil municipal, adoptée à l’occasion des préliminaires de paix avec l’armée prussienne, mérite d’être reproduite :

« Le Conseil municipal,

Vu l'acceptation des préliminaires de paix par l'assemblée réunis à Bordeaux ;

Considérant que le sacrifice et l'humiliation qu'il s'agissait d'épargner à la France sont maintenant consommés, et que les patriotiques espérances dont le drapeau rouge était l'emblème se trouvent, par le fait du traité de paix, ajournées à des temps meilleurs ;

Considérant d'ailleurs qu'il est bon de faire disparaître tout ce qui peut être à un titre quelconque une cause de division entre tous ceux qui veulent sincèrement la République ;

Délibère :

ARTICLE PREMIER. - le fier drapeau de la Patrie en danger et de la résistance à outrance ne survivra pas à l'humiliation de la France ; le drapeau rouge de la Commune de Lyon cessera de flotter sur le dôme de l'hôtel de ville à partir du 3 mars 1871.

ART. 2. - Le drapeau noir sera hissé pendant 3 jours au balcon de l'hôtel de ville en signe du deuil de la patrie mutilée. »

On retiendra que les espérances sont « ajournées à des temps meilleurs » et on constatera que la délibération fait silence sur l'installation du drapeau tricolore. Qu’en conclure si ce n'est que, comme l'écrit Andrieux, « pour les exaltés des quartiers révolutionnaires, la destinée de la République semblait liée à la couleur du drapeau » ?

… Mais le drapeau réapparaîtra une dernière fois, pour un peu moins de quarante-huit heures : le 22 mars, alors que quatre jours auparavant l’insurrection parisienne vient d’éclater, un comité de salut public nouvellement élu fait apporter un immense drapeau rouge, qu’on est parvenu à se à se procurer « au prix de mille peines » et on invite les curieux à aller se coucher, pendant que le comité « veille au salut de la France ». Le lendemain le drapeau flotte sur le beffroi de l'Hôtel de Ville et sur le balcon de la place des Terreaux. Mais la tentative des « communeux » tourne court. Le 25 au matin, le drapeau a disparu, par suite de l'arrivée des mobiles de Belfort et l'échec de l'insurrection. Il sera resté moins de 48 heures, remplacé par le drapeau tricolore.

Ce sont des faits divers qui permettent d’imaginer à quel point le drapeau rouge était partout présent pendant toute cette période de la Commune, au fronton des mairies, aux fenêtres, aux balcons ou en tête des innombrables manifestations. L'affaire de Vaugneray, très étonnante, est révélatrice : à la mi-juillet 1871, le curé du village demande à Louis Andrieux de faire procéder à l’enlèvement du drapeau sur le clocher de son église. On apprend, par le récit qu’en fait Andrieux, qu’un juge conservateur avait lui-même acheté l'étoffe et l'en avait distribué à toutes les communes du canton après le 4 septembre, dans l'intérêt de l'ordre et sur toutes les églises ! Mesure d’apaisement opportuniste ou conviction politique assortie d’anticléricalisme ?

 

Autre

anecdote : le 30 janvier, Challemel-Lacour fut mis en difficulté à la tribune de l’Assemblée nationale pour des propos scandaleux sous la plume d’un préfet (ils ne le seraient plus au temps des Versaillais) : « Fusillez-moi tous ces gens-là ». Il s’agissait d’un bataillon de mobiles envoyés dans le village de Vénissieux où ils s’étaient mal conduits, « ne respectant ni les femmes, ni les poulaillers, ni la République » au témoignage du maire de la commune. Mais on apprend incidemment – et c’est sans doute ce qui a le plus choqué le maire – que les mobiles avaient été envoyés pour enlever le drapeau rouge qui flottait sur la mairie ! C’est donc ce fait-divers qui nous apprend la présence du drapeau dans ce village tranquille, bien différent du Vénissieux d’aujourd’hui, aussi bien qu’à Lyon et probablement dans bien d’autres lieux publics et chez des particuliers.

Le 30 avril 1871, lorsque la commune de Lyon s'acheva dans le sang, c'est encore le drapeau rouge qui flottait sur sur la mairie de la Guillotière.

2025 01 Jean-Jacques Rousseau à Lyon : encore un « abusé de l’Eglise »

Jean-Jacques Rousseau à Lyon : encore un « abusé de l’Eglise » ?

En 1830, âgé de 20 ans, le jeune Jean-Jacques Rousseau se trouve à Lyon. Ses mésaventures dans notre ville sont narrées dans un numéro des « Rues de Lyon » (n° 112, avril 2024 – « Les mésaventures lyonnaises du promeneur solitaire »). La BD reproduit la rencontre qu’il a eu avec un prêtre libidineux. Comme quoi lcertains invariants traversent les siècles. Il nous a paru intéressant de rapporter cet épisode tiré du livre IV des « Confessions ».

Rousseau raconte d’abord, en termes pudiques, comment un homme l’avait déjà abordé place Bellecour, venant s’asseoir à ses côtés pour assez vite lui proposer de « s’amuser de compagnie ». Le futur philosophe attendit de savoir quel était cet amusement, et, dit-il, « sans rien ajouter, il se mit en devoir de m'en donner l'exemple. Nous nous touchions presque, et la nuit n'était pas assez obscure pour m'empêcher de voir à quel exercice il se préparait. » Jean-Jacques s’enfuit à toutes jambes.

Peu après, il a une aventure du même genre, qui le met en plus grand danger. A bout de ressources, il se résout à passer une nuit à la belle étoile. Laissons-lui la parole :

« … déjà je m'étais établi sur un banc, quand un abbé qui passait, me voyant ainsi couché, s'approcha, et me demanda si je n'avais point de gîte. Je lui avouai mon cas, il en parut touché. Il s'assit à côté de moi, et nous causâmes. Il parlait agréablement : tout ce qu'il me dit me donna de lui la meilleure opinion du monde. Quand il me vit bien disposé, il me dit qu'il n'était pas logé fort au large ; qu'il n'avait qu'une seule chambre, mais qu'assurément il ne me laisserait pas coucher ainsi dans la place ; qu'il était tard pour me trouver un gîte, et qu'il m'offrait, pour cette nuit, la moitié de son lit. J'accepte l'offre, espérant déjà me faire un ami qui pourrait m'être utile. Nous allons. Il bat le fusil [i.e. : il allume un briquet]. Sa chambre me parut propre dans sa petitesse : il m'en fit les honneurs fort poliment.

(…) Soit que, sachant que je pouvais être entendu, il craignît de me forcer à me défendre, soit qu'en effet il fût moins confirmé dans ses projets, il n'osa m'en proposer ouvertement l'exécution, et cherchait à m'émouvoir sans m'inquiéter. Plus instruit que la première fois, je compris bientôt son dessein, et j'en frémis. Ne sachant ni dans quelle maison ni entre les mains de qui j'étais, je craignis, en faisant du bruit, de le payer de ma vie. Je feignis d'ignorer ce qu'il me voulait ; mais, paraissant très importuné de ses caresses et très décidé à n'en pas endurer le progrès, je fis si bien qu'il fut obligé de se contenir. Alors je lui parlai avec toute la douceur et toute la fermeté dont j'étais capable ; et, sans paraître rien soupçonner, je m'excusai de l'inquiétude que je lui avais montrée sur mon ancienne aventure, que j'affectai de lui conter en termes si pleins de dégoût et d'horreur, que je lui fis, je crois, mal au coeur à lui-même, et qu'il renonça tout à fait à son sale dessein. 

 (…) Comme à Paris, ni dans aucune autre ville, jamais rien ne m'est arrivé de semblable à ces deux aventures, il m'en est resté une impression peu avantageuse au peuple de Lyon, et j'ai toujours regardé cette ville comme celle de l'Europe où règne la plus affreuse corruption. »

2024 10 AFFAIRE RIBE ET VITRAUX DE ST MARTIN

Une rencontre a eu lieu le 29 octobre 2024 à 14:30 à l’école de St Martin de Cornas.

Étaient présents : Annick Moulin, Elisabeth Bazin et Luc Gemet représentant le collectif

Solange Fornengo présidente, la trésorière, la secrétaire et 2 adhérents de l’association de sauvegarde du patrimoine de St Martin.

Après une présentation et un historique du collectif et de l’association, nous sommes entrés dans le vif du sujet : les vitraux de RIB : pourquoi voulons-nous qu’ils soient déposés (et aussi détruits mais chaque chose en son temps)

Les échanges ont duré 2h30 et nous pouvons nous targuer de maigres avancées :

- les personnes présentes ne remettaient pas en cause la nécessité d’apporter une réponse et une compensation à ce que nous avons vécu 

- cependant la dépose des vitraux n’est pas envisagée.

La raison n’a pas été exposée clairement.

Ce n’est paraît-il pas une question d’argent puisque l’association ne souhaite pas que (comme le diocèse s’y était engagé) la partie financière soit prise en charge par l’église.

Pourtant l’argument avancé par l’association de préservation du patrimoine, c’est que des personnes membres de l’association de préservation du patrimoine ayant versé des sommes importantes pour rénover ces vitraux, leur remplacement n’etait pas envisageable. 

Le collectif pense que ce remplacement marquerait un geste fort pour La Défense des victimes de RIB et pour le respect des victimes de pedocriminalité.

Tout comme dans l’affaire abbé Pierre, on change le nom de l’association (abbé Pierre), on change le nom des rues, des places, on efface les portraits,on démonte les statues.

Pas d’honneurs, pas d’hommage pour les pedocriminels, notre combat est légitime !

La présidente a néanmoins concédé à enlever un vitrail sur les 3 de RIB. Ce vitrail serait celui qui représente un enfant nu de dos (agressé sexuellement par RIB).

C’est pour nous insupportable que l’on préfère conserver ces tableaux, ces vitraux.

Mais il faut rester raisonnables, c’est ce que nous suggèrent l’asso du patrimoine et la société française toute entière.

Nous avons donc laissé la balle à l’association du patrimoine qui est dans leur camp désormais. À eux de colporter notre vision et de changer (si elles ils le souhaitent vraiment) les choses.

Tout cela est tellement trop long pour nous…

Nous attendons leur retour pour janvier 2025…

Et je (nous) restons convaincus que rien ne change en France pour la protection des survivantes que nous sommes, pour les survivants que nous sommes mais aussi pour les enfants victimes aujourd’hui de maltraitantes sexuelles…

Ou en tous cas pas assez.

Pour ceux qui gardent un souvenir amer, une colère envers l’INIRR, une manifestation a eu lieu devant la conférence des évêques de France à Paris le samedi 16 novembre 2024 à 14:30.

Notre colère est légitime et n’empêche pas les démarches de reconnaissance et de réparation auprès de l’INIRR.

Les organisateurs (Yolande Dufayet, Francois Devaux / la parole libérée/De la parole aux actes) nous ont permis de rencontrer d’autres associations de victimes, d’autres victimes et mettre en commun nos expériences et nos ressentis.

Pour les vitraux :

- le chantier de Charly est terminé, les vitraux sont remplacés 

- Pour Caluire et Loire sur Rhône ,le maître verrier a commencé la réalisation des vitraux de Caluire. Le service communication nous informera et nous conviera lorsqu’ils seront posés. Suivra ensuite Loire sur Rhône…

À ce propos, le diocèse peut prendre en charge les frai s de déplacements pour les trajets que vous engagez pour vous rendre au rendez vous fixés par le collectif (St Martin de cornas, rdv vitraux, etc…)

Nous souhaitons toujours désinscrire les productions de RIB au titre des monuments historiques (Chambost-Allieres). Pour l’instant le ministère de la culture et la DRAC font la sourde oreille, nous prenons ça pour du mépris.

Toutes ces démarches, toutes ces actions n’ont qu’un seul but : nous faire sortir de notre statut de victimes, nous rendre notre dignité.

(Pour le collectif)  Luc Gemet

2024 10 22 A propos de Yves Klein

"Yves Klein, la pureté du pur" : Rencontre avec Alain Leduc au Bal des Ardents le 26 novembre à 19h

Yves Klein (1928-1962), l'homme des bleus monochromes, est l'un des monstres sacrés de l'art contemporain. Notre camarade libre-penseur Alain Leduc lui conscre une biographie qui montre qu'il ne fut pas que cela, et qu'en particulier, il fut un compagnon de route assidu du phalangisme franquiste, un jeune premier des réseaux mussoliniens du monde de la culture en Italie, un protégé de l'OAS. Plus qu'une mise au point politique sur un mythe de l'art du 20e siècle, l'ouvrage d'Alain Leduc est aussi l'analyse de la façon dont ces mythes d'avant-garde sont construits par tout un milieu d'hommes d'affaires, de galeristes et d'intercesseurs dont la préoccupation, au tournant des années 1950 et 1960, fut de promouvoir un art contemporain "pur", comprendre: épuré de toute velléité de révolution sociale.

https://www.babelio.com/livres/Leduc-Yves-Klein-ou-la-purete-du-pur/1732151

Alain Leduc et son préfacier Oliver Brax seront à Lyon au Bal des Ardents (17 rue Neuve, Lyon 1er) le soir du 26 novembre pour présenter l'ouvrage.

2024 10 24 Soutien à Georges Ibrahim Abdallah

Georges Ibrahim Abdallah, prisonnier de l'état français

Bonjour à toutes et tous. 

Je m'exprime ce soir au nom du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien. Tout d'abord, merci à nos amies et amis de la Campagne Unitaire pour l'organisation de ce rassemblement et à toutes les organisations signataires. Notre présence à tous et toutes aujourd'hui est essentielle car soutenir Georges Abdallah, défendre sa vie, exiger sa libération n'est rien d'autre en réalité qu'une lutte plus que légitime en faveur de la justice et de la démocratie.

Il s'agit d'une lutte démocratique parce que Georges Ibrahim Abdallah, enseignant, résistant communiste libanais - "combattant arabe" comme il aime à le préciser - est détenu illégalement en France depuis maintenant 40 ans. 

Nous sommes aujourd'hui le 24 octobre 2024 ; et c'est le 24 octobre 1984 ici même, à Lyon, que les autorités françaises arrêtent Georges Abdallah. Il est condamné dans un premier temps à quatre ans de prison, pour détention de faux papiers. En 1987, à l'issue d'un procès qui relève de la mascarade, c'est à la prison à perpétuité qu'il est condamné, accusé de complicité dans l'assassinat d'un membre du Mossad  et d'un diplomate américain (en 1982). Des faits qu’il a toujours niés. Durant toute cette période, Georges Abdallah doit subir une campagne médiatique calomnieuse, pour dresser l'opinion publique contre lui.

Son propre avocat était en fait un agent des services secrets français, payé par le gouvernement pour le trahir et assurer sa condamnation. Cet homme, Jean-Paul Mazurier, déclara à la télévision : "Je reconnais devant vous que j'ai les mains sales, que j'ai fait un sale boulot ; mais surtout, mais avant tout, j'ai agi sur ordre, j'ai agi sur ordre de l'état". 

Georges Ibrahim Abdallah est éligible depuis 1999, c'est-à-dire 25 ans maintenant, à une libération conditionnelle ; à ce jour, toutes ses demandes ont été rejetées.  

Pourtant, en 2013, la Chambre d'Application des Peines de Paris accepte enfin sa demande de libération. Mais c'est cette fois le gouvernement français lui-même, sous pression des USA, qui intervient pour bloquer sa sortie. Laurent Fabius et Manuel Valls, sur demande d'Hillary Clinton, refusent de signer l'arrêté d'expulsion nécessaire à son retour au Liban, qui a pourtant déjà demandé le retour de son ressortissant.

Sa défense dénonce depuis des années cette pression mise par les Etats-Unis. Et son pays, le Liban, a réaffirmé son accord pour son retour à maintes reprises. Dernièrement, en juin 2024, le Premier Ministre libanais Najib Mikati a de nouveau demandé aux autorités françaises de libérer Georges Abdallah. Chaque année se tiennent à Beyrouth des manifestations populaires et des rassemblements devant l'ambassade de France pour exiger la libération de celui qui est le plus vieux prisonnier politique d'Europe.

Sa dernière demande de libération conditionnelle a été déposée en juin 2023. Nous sommes à quelques jours du délibéré de cette dixième demande, après pas moins de neuf refus par la Justice française. Aujourd'hui, cela fait quatre décennies que Georges Ibrahim Abdallah, âgé de 73 ans, est détenu dans les geôles de l'état français. 

Ce traitement que la France lui inflige est contraire aux Droits Humains. Ce refus de le remettre en liberté est en total opposition avec le Droit International.

A titre d'exemple, en 2021, la Cour Européenne des Droits de l'Homme avait condamné la Hongrie pour avoir prononcé une peine de plus de 40 ans d'emprisonnement, ce qu'elle considère comme "un traitement inhumain et dégradant"

Comment tout cela est-il possible ? 

C'est parce qu'en vérité, Georges Abdallah est une cible politique pour les USA et la France et son maintien en détention est éminemment politique. Même Yves Bonnet, ancien patron des services secrets français, décrit une vengeance d'état. Il déclara à la télévision : "Il y a des pressions. Je ne vois pas d'autres raisons d'ailleurs, de le maintenir en détention que des pressions émanant de services extérieurs, en l'occurrence des américains et des israéliens."

En réalité, l'emprisonnement de Georges Abdallah nous laisse à voir la nature véritable de la démocratie libérale et de la France, qui se targue sans cesse d'être "le pays des Droits de l'Homme". L'Etat français se proclame défenseur des droits humains quand dans le même temps, il bafoue les droits démocratiques les plus élémentaires. 

Comme Georges lui-même le disait déjà en 1987 : « Qu’un combattant arabe soit jugé par une Cour Spéciale en Occident, rien de plus normal. Qu’il soit traité de criminel et de malfaiteur, rien de vraiment nouveau. Déjà les "bandits de l’Aurès", les "terroristes" de Palestine, ainsi que les "fanatiques lépreux" d’Ansar et Khiam ont été l’objet de ces honorables qualificatifs. Ils rappellent à tous ceux qui ont la mémoire courte le patrimoine de votre justice occidentale ainsi que votre civilisation judéo-chrétienne... Mais que le criminel yankee, bourreau de tous les déshérités de la terre, soit, en plus, le représentant des prétendues victimes devant vous, il y a bien de quoi alors s’abstenir de tout commentaire sur la nature de votre Cour ainsi que sur la tâche qui lui est assignée. »

Ainsi, ce qui doit être clair pour chacun et chacune d'entre nous, c'est ce que défendre la vie de Georges Abdallah, exiger sa libération, est un enjeu démocratique véritable pour toutes celles et ceux qui veulent préserver les valeurs d'égalité, de justice et les libertés publiques. 

Défendre Georges Ibrahim Abdallah, c'est aussi soutenir la résistance palestinienne ; car Georges Abdallah est un résistant, un fervent combattant de la cause palestinienne, qui a pris les armes pour lutter contre la brutalité coloniale sioniste, en Palestine comme au Liban.

C'est pour cette raison que les états étasunien et français s'acharnent contre lui. A l'heure d'aujourd'hui, alors que le génocide se poursuit en Palestine, alors que l'offensive coloniale sioniste se durcit au Liban, les USA et la France intensifient la répression à l'égard de toutes les voix qui s'expriment en solidarité avec le peuple palestinien et toutes celles et ceux qui combattent le colonialisme. 

Georges Abdallah fait peur à nos gouvernants, car il n'a jamais renié ses convictions. Malgré des décennies d'enfermement, jamais sa voix n'a tremblé en dénonçant l'injustice ; jamais sa détermination n'a failli ; jamais il n'a renié sa lutte révolutionnaire ; jamais, en somme, il n'a renié la Palestine. Il ne faudrait surtout pas pour nos dirigeants qu'un combattant aussi déterminé, qu'un infatigable militant de la cause palestinienne, puisse devenir un exemple pour la jeunesse de France ou de Palestine.

C'est pour toutes ces raisons qu'il essentiel pour nous d'être présentes et présents ici aujourd'hui, ensemble, dans un mouvement commun, unitaire, pour exiger la libération de Georges Abdallah mais en soutien à tous les prisonniers et prisonnières du régime colonial sioniste. 

C'est pour toutes ces raisons que nous appelons chacun et chacune à se placer fermement, résolument, du côté de la justice et du droit. Nous, le Collectif 69 Palestine, ne cesserons pas de nous mobiliser, de manifester, d'interpeller les élues et élus, comme nous le faisons depuis des années, pour obtenir enfin la liberté pour Georges Abdallah. 

Nous devons nous tenir debout et dignes, comme tous les prisonnières et prisonniers de la cause palestinienne, comme Georges n'a cessé de le faire durant ces quatre longues décennies d'un emprisonnement aussi illégal qu'illégitime. 

Que notre gouvernement essaie tant qu'il le voudra d'étouffer sa voix : nous nous ferons le relais de sa parole ; car elle s'exprime en soutien aux opprimées et opprimés, pas seulement ceux de Palestine et du Liban, mais en faveur de toutes celles et ceux qui combattent l'oppression coloniale partout où elle se trouve :

"Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine, camarades, ne peut pas nous laisser indifférents. Depuis plus d’une soixantaine d’années et avec quel héroïsme et quelle obstination les masses palestiniennes et leurs avant-gardes combattantes font face à l’une des dernières entités de colonisation de peuplement.

Ensemble, camarades, encore une fois, ensemble nous vaincrons et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons.

Certainement, camarades, c’est toujours en assumant la solidarité avec les masses populaires que l’on apporte la solidarité la plus significative aux prisonniers révolutionnaires.

A bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et leurs complices réactionnaires arabes !

Honneur aux martyrs et aux peuples en lutte !"

Alors, n'abandonnons pas Georges Abdallah ; continuons à parler de lui, à exiger sans relâche sa libération car il est temps, il est plus que temps qu'il reprenne sa place auprès des siens.

Et, comme lui, ne cessons jamais de répéter de toutes nos forces que la Palestine vivra et que la Palestine vaincra !

Le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien, Jeudi 24/10/2024

2024 10 22 SOUTIEN LP34

Atteintes à la liberté d’expression à Montpellier  Total soutien à nos camarades de l’Hérault

Appel contre la répression dans le 34 : les 2300 premières signatures ont été mises en lignes ici :
On ne nous fera pas taire ! Les militants qui dénoncent le génocide n’ont pas à subir la répression d’état !

 

Au nom de la Libre Pensée du Rhône, je vous exprime le soutien de notre fédération et l’exigence de respect des libertés de manifestation et d’expression.

 

Nous demandons bien entendu l’arrêt immédiat des mesures préfectorales iniques prises à l’encontre des associations ayant exprimé leur solidarité avec le peuple de Gaza, et en particulier contre nos camarades libres-penseurs de la Fédération de l’Hérault.

Nous avons pleinement conscience que ces liberticides n’ont en aucune façon un caractère local.

Elles le dépassent, et s’inscrivent dans un contexte national délétère qui voit toute forme de solidarité avec le peuple palestinien de Gaza ou de Cisjordanie taxée « d’antisémitisme », dans un climat de chasse aux sorcières s’apparentant à la promotion d’une idéologie d’état.

A Lyon, nous avons vu chez nous la double interdiction, en juin 2023, d’une conférence de l’avocat franco-israëlien Salah Hammouri, quasiment sur injonction des représentants sionistes auprès de la municipalité locales et du préfet.

Nous avons connu l’interdiction de rassemblements pacifiques et pacifistes en faveur de Gaza. Nous avons vu la municipalité recevoir le représentant de l’ambassadeur d’Israël au prétexte d’une remise de médaille avec les descendants de « Justes », au mépris des association juives venues exprimer leur indignation pour cette usurpation de moralité.

Tout dernièrement, nous avons pris connaissance de la mise en garde adressée par le CRIF à l’Intersyndicale du Rhône pour rappeler que « les souffrances des civils palestinien (…) ne sont pas uniquement dues aux opérations militaires israéliennes, mais aussi à la mauvaise gestion et aux politiques répressives du Hamas. » Cette mise en garde se couvrait du « droit d’Israël à se défendre ». Il faut savoir que l’intersyndicale (FO, CGT, UNSA, FSU, Solidaires, UNEF) avait appelé à manifester avec le collectif Palestine 69 le 5 octobre.

Cette mise en garde, adressée à la Fédération FO de l’Enseignement, a été envoyée avec copie au recteur !

Ce dernier fait finit d’illustrer la collusion entre les autorités civiles et les représentants du sionisme pro-Netanyahou.

La Libre Pensée du Rhône a signé l’Appel contre la répression dans l’Hérault et à amplifier la protestation contre cette atteinte aux libertés fondamentales.

2024 10 22 LES SURVIVANTES

Entre, lecteur, et descends aujourd’hui avec nous dans un monde habité de faits à peine croyables. Et tentons d’y mettre un peu de lumière.

Au point de départ : un film documentaire de Pierre Barniéras : « Les Survivantes », réalisé hors des circuits commerciaux et qui a bouleversé ses spectateurs, toujours plus nombreux. « Huit survivantes racontent leurs expériences éprouvantes au sein d'un vaste réseau de pédophiles, exposant le système qui a permis des abus aussi horribles et posant la question de savoir combien de temps il persistera. » Il y est question de tortures physiques et psychologiques, de viols et de pratiques dégradantes, et même de « chasses à l’enfant » au milieu des forêts. Ce monde-là existe, et les témoignages recueillis ne laissent guère de doute sur cette triste réalité.

La participation de prêtres au sein de réseaux pédophiles est mentionnée, mais parmi les témoins, l’une d’elles lance des accusations troublantes. Hélène Pelosse (tel est son nom) affirme avoir reconnu formellement le cardinal Renard, identifié sur des photos bien après qu’enfant elle eut croisé sa route. Rappelons qu’Alexandre Renard, né à Versailles et décédé en 1983 à Paris, a été archevêque de Lyon de 1967 à 1981, prédécesseur d’Albert Decourtray.  Ce n’est pas tout : dans des vidéos qu’on peut trouver sur internet, elle met en cause René Dupanloup, décédé en 1994 dans l’Ain, et évêque de Belley de 1975 à 1987. Rien de moins. Précisons que ce Dupanloup n’a pas de lien de parenté, sinon très lointain, avec l’évêque d’Orléans, de grivoise réputation, qui fit de Jeanne d’Arc une sainte. Les pratiques sexuelles de René Dupanloup seraient bien pires que celles de son célèbre homonyme de la chanson.

Depuis des années de révélations, on ne s’étonne plus de rien. Mais quand même ! Les deux prélats seraient non seulement des pédophiles (pourquoi pas ? on en a vu d’autres) mais de plus impliqués dans des réseaux satanistes. Faut-il le croire ?

Réflexions et hypothèse

Les lignes qui suivent n’engagent que l’auteur de ces lignes.

Nous allons voir qu’au-delà du témoignage d’Hélène Pelosse, la place obscurantiste et l’hypocrisie du clergé catholique sont engagées, pas de façon directe, mais dans un registre plus inattendu.

Il n’est pas question de douter des horreurs qu’Hélène Pelosse a vécu dans son enfance, ni du témoignage des autres femmes présentes à l’écran. L’existence de réseaux pédo-criminels est un fait connu. Mais dans le film Mme Pelosse est la seule à mettre l’accent sur le pédo-satanisme. Sur les « révélations » qu’elle détient, il est indispensable de prendre du recul. Les vidéos visibles sur Youtube nous montrent d’elle un visage sensiblement différent de celui du film : une femme au langage certes structuré, ancienne élève de l’ENA ayant exercé de hautes fonctions, de très hautes fonctions même (nous y reviendrons dans un article futur), mais aussi quelque peu « allumée », sauf son respect. Un haut niveau de compétences d’un côté, comme cela apparaît dans son profil Wikipedia, où l’autre côté de sa personnalité est curieusement absent. Son langage est celui d’une mystique qui appelle à élever un « mur de prière » pour combattre le satanisme. Elle se dit protégée par le ciel, grâce à quoi elle a survécu non seulement aux tortures de son enfance, mais à des tentatives de meurtre « par ondes ». C’est ainsi qu’on lui a brûlé le sexe à distance. Elle a été elle-même sous emprise et donc téléguidée par ses tortionnaires. Elle est capable de reconnaître les MK (Mind Kontrol) à leurs pieds de bouc. Elle les a même vus. Elle a fait aussi une tentative de suicide et s’est tirée de tout cela grâce à des années passées en séances d’exorcisme. Dieu est grand.

Elle affirme que les autres femmes du film ont été victimes des sectes pédo-satanistes, lors de séances auxquelles assistait le président François Mitterrand. Mme Pelosse affirme que les enfants d’une des intervenantes du film ont été torturés sous la pyramide du Louvre en présence du président Emmanuel Macron. Diable ! Pourtant l’intervenante en question n’en dit mot dans le film. Bien sûr, on peut toujours croire (ou faire croire) qu’on ne parle pas par peur de représailles. Mais la Pyramide du Louvre, comme dans le « Da Vinci Code », c’est pousser la théorie du complot un peu loin. Le documentariste, un journaliste catholique connu pour des prises de position polémiques et conservatrices, voire complotistes, avait-il connaissance de ces déclarations lunaires ?

Tiens, je ne savais pas que j’aurais à défendre un jour l’honneur d’Emmanuel Macron ! Etrange affaire décidément.

La piste de l’exorcisme

Les « révélations » de Catherine Pelosse viennent d’ailleurs. Mais d’où ?

Nous connaissons une autre personne qui a été exorcisée, et qui, pour le coup, a parfaitement la tête sur les épaules. Il s’agit de Mme Catherine Giraud, victime d’un accompagnateur spirituel carme indélicat (euphémisme) et d’un exorciste compulsif avec son entourage toxique (une naturopathe, on est en plein mélange des genres).

Catherine a fait deux ans de thérapie et a repris une vie normale. Elle a fait un signalement au Parquet de Lyon, mais le dossier a été classé sans suite.

Reconnaissant un diagnostic péremptoire de possession satanique et la responsabilité de l’accompagnateur dans la détérioration psychologique de Catherine Giraud, l’ordre des Carmes déchaux a consenti à verser la somme symbolique et bien insuffisante de 2000 € en guise de participation à la prise en charge de sa psychothérapie.  Ce dédommagement est d’autant plus remarquable qu’il n’a pas été demandé, surtout quand on sait combien l’indemnisation des victimes sexuelles de l’Eglise a été compliquée même après la parution du rapport Sauvé. Il est l’aveu d’une faute et montre sans doute la volonté d’éviter un scandale de plus sur un nouveau front. Quant à la CIASE, elle n’a pas traité des affaires d’exorcisme, qui n’entraient pas dans son champ de compétence.

En février 2024, les diocèses de Lyon et Paris et la communauté de l’Emmanuel (triple hiérarchie dont dépendait l’exorciste) ont publié un communiqué commun indiquant les sanctions prise à l’encontre du prêtre exorciste Emmanuel Dumont, sans toutefois préciser le motif précis des sanctions. Ce n’est qu’au printemps 2024 que Catherine Giraud a été reçu à l’évêché de Lyon puis la destinataire d’un courrier qui reconnaît les atteintes spirituelles graves dont elle a été victime.

Nous avons publié dans l’An II la lettre qu’elle a adressée à Mgr de Moulins-Beaufort à propos de faits incriminant Mgr Michel Santier et en revenant sur son histoire personnelle. La lettre posait des questions comme : « Combien de temps faudra-t-il donc encore attendre pour que les annonces, les déclarations, les communiqués des évêques lors de ces affaires médiatisées soient vraiment suivis des actes, ce que vous désignez peut-être sous le terme de « bonnes pratiques » au niveau des diocèses ? (…) Combien de temps encore les victimes devront-elles quémander et se battre avec les autorités ecclésiastiques pour obtenir des réponses à leurs questions et une vraie reconnaissance ? »

Or Mme Giraud a eu connaissance – bien avant les témoignages allégués dans le film – des mêmes théories complotistes colportés autour du film. Ces théories étaient en effet relayées dans la cellule d’exorcisme du diocèse de Lyon. Elles proviennent d’un ouvrage, écrit sous le pseudonyme d’Alexandre Lebreton, qui semble être le bréviaire de nos exorcistes patentés. Cet ouvrage de 700 pages, passablement confus et répétitif semble-t-il, si l’on en croit les réactions recueillies sur internet, est intitulé « MK ».

En voici une ébauche de présentation : « Pour la première fois dans le monde francophone, un livre tente d'explorer les sujets complexes que sont les abus rituels traumatiques et le contrôle mental qui en découle. Il s'agit ici d'approfondir la lourde question de la pédo-criminalité élitiste, aussi appelée le pédo-satanisme. Comment réagit le cerveau d'un enfant soumis à de telles horreurs ? Comment est-il possible de programmer mentalement un être humain ? Quelles sont les racines de telles pratiques ? (…) nous découvrons petit à petit que ces pratiques psycho-spirituelles, consistant à créer de profonds états modifiés de conscience par des traumatismes, sont une boîte de Pandore permettant de perpétuer un esclavage mental mais aussi d'accéder à d'autres dimensions. Il s'agit d'un monde occulte et sous-terrain, mais qui paradoxalement nous parle d'illumination tout en s'affichant clairement sous les projecteurs du grand théâtre mondial, notamment dans le show-business. » Bien entendu les praticiens du MK ont pour but de dominer le monde. Et ils sont capables de téléguider leurs victimes à distance.

Le diocèse de Lyon, autour de sa cellule « exorcisme » placée sous l’autorité de l’archevêque Philippe Barbarin, a participé au colportage toxique de ces fariboles, le diocèse ayant reconnu tout récemment que son ancien exorciste avait posé des affirmations sans fondement. Selon Emmanuel Dumont, des personnes auraient été victimes d’abus sataniques au cours de leur enfance. Catherine Giraud aurait été selon lui de ces personnes et le témoignage qu’elle en a donné ses rencontres avec l’exorciste fait état de faux souvenirs induits. Il n’est pas étonnant d’en constater l’influence dans les propos de Catherine Pelosse. On sait aussi que Barbarin a lui-même nommé Emmanuel Dumont au poste d’exorciste, et l’a protégé malgré des messages d’alarme dès 2016.  En tant qu’évêque, la responsabilité de Barbarin est entière. On lit, sur le site édité par la conférence des évêques de France, que « l’exorcisme fait partie du ministère de l’évêque. De manière habituelle, il délègue cette mission à un prêtre qu’il nomme exorciste pour un temps donné. L’exorciste ne peut agir que dans son diocèse sauf dérogation spéciale au cas par cas. »

En conclusion : Mme Pelosse a vécu des expériences traumatisantes, sans nul doute, et cela peut partiellement excuser ses délires. Après les épreuves de son enfance, vinrent les séances de désenvoûtement, dont elle semble avoir été la victime consentante. Selon toute vraisemblance, un lavage de cerveau en règle lui a révélé qu’Emmanuel Macron a présidé des rituels satanistes, que la famille royale de Belgique était impliquée tout entière dans ce genre de séances, et que les « MK » étaient prêts à dominer le monde. L’exorcisme : seconde expérience traumatisante elle aussi, d’une autre façon. Les faits que Mme Pelosse met en avant viennent de théories abracadabrantes colportées et donc accréditées par l’Eglise et ses cellules d’exorcisme, institutions moyenâgeuses entre toutes, où l’on pratique encore des procès en sorcellerie, avec recherche des piqûres sur tout le corps pour trouver par où le Malin a pu entrer.

Il n’est pas question de contester la participation de prêtres à des réseaux pédophiles, ni même l’éventuelle appartenance de brebis égarées à des réseaux satanistes : Michelet, parmi d’autres, a montré à quel point les eaux de d’exorcisme, de la possession et de la sorcellerie pouvaient être troubles. Mais nous sommes au XXIème siècle, et on aurait cru ces pratiques révolues.

Assez pour aujourd’hui avec ce sujet à tiroirs ! Comme chez Dante, chaque cercle de l’enfer invite à descendre toujours plus profond. Nous essaierons d’en savoir plus, mais sans nous égarer !

La conclusion de cet article n’est que provisoire. Les ténèbres obscurantistes sont bien assez épaisses comme ça, ce n’est pas la peine d’en rajouter.

P. GIROD