Notre amie et camarade Colette Giroud nous a quittés, à l’âge de 87 ans. La Fédération du Rhône de la Libre Pense a salué, samedi 7 novembre, la mémoire d’un de ses piliers, au poste qu’elle a occupé tout au long d’une vie militante bien remplie, au service de l’école républicaine et de la laïcité.
Cette disparition intervient 25 ans après celle de son époux Roger, ancien président de notre fédération, disparition qui affecta profondément Colette. A ses côtés, puis seule et avec courage, elle a poursuivi cette œuvre militante au cours d’années difficiles. Nos derniers souvenirs sont les bureaux tenus dans son appartement de la rue Ferdinand Buisson – quel nom prédestiné ! – et les séances d’envoi de notre bulletin fédéral. Même diminuée, Colette tenait encore à apporter sa pierre au combat pour les valeurs qui étaient les siennes.
Colette Giroud, c’était d’abord un attachement viscéral pour cette école républicaine qu’elle avait servie comme directrice d’école : l’école publique laïque, celle de l’instruction qu’elle concevait comme un moyen d’émancipation et de formation du citoyen. C’était l’engagement pour la République sociale qui motivait ses choix politiques et son activité de syndicaliste. Et c’était l’attachement à la laïcité institutionnelle instituée et garantie par la loi de 1905.
Colette, nous te saluons une dernière fois, au nom de tous les amis et camarades qui t’ont connue.
éDITORIAL
Le 16 octobre dernier avait lieu le meurtre de Samuel Paty, provoquant une immense vague d’indignation.
Tout indique que cet enseignant apprécié accomplissait son travail avec rigueur, cherchant à éveiller l’esprit critique de ses élèves. Le monde politico-médiatique a-t-il fait preuve du même sérieux, de la même volonté de distanciation ?
A l’évidence non. Certains se sont offusqués de la place trop importante laissée aux parents à l’école, sans rappeler que depuis des décennies les projets locaux (incluant parents, élus territoriaux et groupes de pression divers) mettaient en question l’indépendance pédagogique des enseignants. Les autorités de l’Etat et le ministère de l’Education se gardaient bien d’expliquer en quoi la multiplication des « missions », la diminution inexorable des moyens (enseignants et personnels confondus), les injonctions visant à faire passer la politique gouvernementale rendaient de plus en plus difficile la tâche des pédagogues, quelle que soit l’implication de ces derniers.
Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire : on leur a demandé de lire le jour de la rentrée en hommage à Samuel Paty une lettre de Jean Jaurès. Belle référence. Hélas la lettre a été « tripatouillée ». A disparu le passage où Jaurès défendait l’autonomie et la liberté des enseignants !
On ne doit plus s’étonner que le ministre Blanquer ait remis en cause la liberté d’opinion reconnue aux fonctionnaires en introduisant dans le code de l’Education une référence à « l’engagement et l’exemplarité des personnels de l’Education nationale ».
Cela fait longtemps que l’école n’est plus un« sanctuaire » qui devrait être protégé de toute pression religieuse ou idéologique, et consacré exclusivement d’une part à la transmission des savoirs, d’autre part à la formation de l’esprit critique. La dénaturation insidieuse de la notion de programme laisse les enseignants démunis face à un clientélisme de plus en plus agressif. Les programmes ne sont même plus sanctionnés par un bac national et anonyme, et les enseignants qui s’opposent à la disparition du bac sont sanctionnés. Quant à la « laïcité » dont tout le monde se prévaut, elle n’est plus qu’un mot creux désignant une option applicable aux seuls établissements publics, contribuant au phénomène des « ghettos ». C’est aussi cela que sanctionne le drame du 16 octobre.
Il faut rappeler qu’avant sa fin tragique, Samuel Paty avait subi la visite d'un IPR (inspecteur) de la cellule « Valeurs de la République ». Il avait été tenu de s'excuser devant la classe. Et il n’était pas le premier. Le ministère ne s’en est pas vanté.
«
Nous avons manifesté en hommage à Samuel Paty. Comme le disait Jean-Sébastien Pierre, président de la FNLP : « Nous y étions donc, mais pas avec n’importe qui. » Certainement pas aux cérémonies officielles aux côtés de ceux qui organisent les OPEX, ni aux côtés qui n’ont en tête que d’organiser eux-mêmes le séparatisme par une loi d’exception contre les musulmans. Ni aux côtés de ceux qui persistent à trouver normal les subventions accordées aux cultes, en particulier à l’Eglise catholique. Ni aux côtés de ceux qui organisent la répression contre toute voix discordante dans la République.
Les lois d’exception, qui tendent de plus en plus à devenir la règle, sont le cadre qui permettent une attaque d’une violence inouïe contre les libertés démocratiques. Dernière « trouvaille » si l’on peut dire: le projet de loi sur la sécurité globale, qui autoriserait, si elle était adoptée, une limitation du droit à filmer les forces de police dans l’exercice de leurs missions. Il fallait y penser.
Je reprends l’excellente formule utilisée sur le site Mediapart : « Comme un pompier pyromane, le gouvernement semble allumer des incendies pour prouver qu’il sait les éteindre, sans s’émouvoir de ce qui aura brûlé par sa faute. Après une polémique estivale aussi débridée que vaine sur « l’ensauvagement » supposé de la société française, l’étape suivante se profile : le projet de loi contre le séparatisme. »
En attendant – ou justement pour s’y préparer-, il y a d’autres urgences. La Libre Pensée 69 s’est adressée aux associations laïques du Rhône pour leur proposer de rejoindre la large campagne publique initiée par la LP de Haute-Savoie. Il s’agit de s’opposer au financement de la faculté catholique d’Annecy par la Région. M. Wauquiez doit nous recevoir ! Après tout, lui aussi est un tenant de la « laïcité ». On est prié de ne pas rire.
PG
COMMUNIQUÉ de la Libre Pensée 74 (Haute-savoie)
Malgré le confinement et les restrictions apportées aux libertés démocratiques sous couvert d'épidémie, les organisations laïques ont maintenu une conférence de presse commune jeudi 5 novembre.
Le collectif des 11 associations laïques et syndicales a ainsi fait le point de sa campagne contre le financement public de la construction d'une « université » privée catholique à Annecy, contre les trois subventions votées par la Région, le Département et le Grand Annecy à ce projet privé confessionnel.
A part Mr Rigaut qui a reçu une délégation le 13 mars à la veille des élections municipales, elles constatent que les élus politiques n'ont pas donné suite aux demandes de rendez-vous, pas même un accusé de réception aux courriers qui leur ont été envoyés. Que ce soit Wauquiez, Monteil, Lardet et Astorg qui ont été sollicités, c'est un silence général et assourdissant dénotant une drôle de conception de la démocratie.
Ils ne répondent pas. Et pourtant, ils ont des comptes à rendre sur l'utilisation des deniers publics, l'argent des contribuables, auprès des citoyens et de leurs associations. Ils ne répondent pas car ils sont gênés.
Ils voudraient organiser dans l'ombre et l'opacité un véritable détournement de fonds publics au détriment de l’École publique qui souffre de l'austérité budgétaire en postes, en locaux et en crédits.
Mr Denis Varaschin, président de l'Université Publique Savoie Mont-Blanc, nous a déclaré le 26 juin dernier : « …. les moyens manquent à l'Université de Savoie. Il faudrait la création de 100 postes de professeurs par l 'Etat pour passer de 14 000 à 20 000 étudiants. Il y a un sousinvestissemnt public sur le territoire. La Haute-Savoie, un département de 820 000 habitants, avec 15 000 habitants de plus chaque année, et un campus à Annecy avec 4 500 étudiants à Annecy. On figure parmi les universités les moins loties sur un territoire dynamique. L'USMB n'est pas en mesure de répondre aux besoins et on le regrette. »
En effet, suite à Parcoursup, des milliers de bacheliers chaque année restent sans affectation dans l'enseignement supérieur faute de places, d'enseignants et de crédits.
Sauf à s'inscrire dans des établissements privés payants et élitistes pour gens fortunés.
Tout cela n'est pas acceptable.
On nous parle à tout propos des « valeurs de la République » sans jamais préciser lesquelles.
Les organisations laïques rappellent leur attachement à la loi républicaine de 1905 de Séparation des Églises et de l’État qui stipule : article 2 - « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » Elles rappellent leur attachement au principe républicain: « Fonds publics à l' École publique, fonds privés à l'école privée »
En conséquence, elles décident de poursuivre et amplifier la campagne laïque. Elles appellent à signer massivement l'Appel aux laïques – pétition en ligne - http://chng.it/cjy7mf454s
Elles renouvellent publiquement leur demande d'entrevue aux élus politiques.
Elles saisissent leurs structures dans les autres départements afin d'élargir la campagne laïque à financement public de l' « université » catholique : la Libre Pensée saisit la justice administrative toute la Région AURA. Ainsi les Fédérations de la Libre Pensée des 12 départements ont écrit une lettre commune à Mr Wauquiez pour qu'il reçoive une délégation.
En outre, en Haute-Savoie, la Libre Pensée avec le soutien des autres associations a décidé d'intenter un recours devant le Tribunal Administratif de Grenoble contre la délibération du Grand Annecy du 24 septembre 2020 qui octroie une subvention de 1,5 million d'euro à l' « université » catholique.
Annecy le 7 novembre 2020
LAICITE
Rencontre avec la municipalité de Lyon 24 septembre 2020
Une délégation de représentants de la laïcité a été reçue par la nouvelle municipalité de Lyon, jeudi 24 septembre dans les locaux de l’Hôtel de Ville.
Cette rencontre faisait suite à une demande de la fédération du Rhône de la Libre Pensée, formulée dans une lettre ouverte datée du 10 juillet largement diffusée. Cette lettre s’élevait contre la décision du nouveau maire M. Grégory Doucet de participer au « Vœu des Echevins » (sans en avoir défini la forme) et la création d’un poste d’adjoint.e délégué.e aux « cultes et spiritualités ».
La délégation était composée : de MM P. Girod, X. Hyvert et G. Champion pour la Libre Pensée, et de M. Eric Pommet représentant le Cercle Edouard Herriot. Les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Fédération des Œuvres Laïques n’ont pas pu se rendre disponibles au moment du rendez-vous.
Noyus avons été reçus par M. Pierre-Jérôme Biscarat, chargé de mission auprès de Mme Florence Delaunay, déléguée « aux droits et égalités, à la mémoire, aux cultes et spiritualités » de la Ville de Lyon. Me Delaunay devait être présente, mais s’est excusée en raison de problèmes d’emploi du temps liés à la gestion de la pandémie.
Quelle que soit la compétence de notre interlocuteur (membre de l’exécutif), la délégation regrette de ne pas avoir rencontré directement un élu.
Non-participation de la municipalité au Vœu des Echevins :
Nous avons eu confirmation qu’aucun représentant n’a participé à la cérémonie ni n’a remis l’Ecu d’or. Si des adjoints ont assisté à la messe, c’était à titre personnel, et en aucun cas ès qualités. Ce qui est leur droit le plus absolu et ne pose aucun problème à la délégation.
M. le Maire a « entendu le message des laïques » et a déclaré qu’il ne se rendrait à aucune cérémonie religieuse au cours de son mandat, quel que soit le culte. C’est ainsi qu’il ne se rendra pas au « Pardon des Mariniers » qui est une célébration cultuelle. La subvention (importante, de l’ordre de de 10 ou 12 000 euros) allouée par l’ancienne municipalité ne sera attribuée qu’à condition de revoir le dossier sous la forme d’une « fête de quartier », la messe et le « Pardon » proprement dit restant des événements connexes qui ne seront pas financés sur fonds publics.
Cultes et spiritualités
Sur ce point (création d’un poste d’adjoint.e portant cette mention), force est de constater quela délégation n’a pas reçu d’explication. Le mot « spiritualités » (au pluriel contrairement à ce qu’on lisait sur le site municipal) ne serait qu’un équivalent de « cultes » sans portée particulière. Le seul exemple donné a été le bouddhisme. L’intitulé choisi serait seulement la marque d’une volonté « d’ouverture » à toutes les sensibilités religieuses.
Notre commentaire : dans ces conditions, pourquoi avoir ajouté « spiritualités » à « cultes » ? Sans compter que le mot « cultes » employé seul pose lui-même le problème de la neutralité du pouvoir public. Pas de réponse.
Sur le même sujet, la délégation s’est étonnée du discours par M. Doucet tenu aux catholiques le 8 septembre, après la cérémonie du Vœu :
« (…) Je suis venu là humblement pour rencontrer, partager, entendre, voir et écouter. Je vous remercie aussi pour l’attention que vous avez accordée à ces quelques paroles. Je sais que mon choix de vous rejoindre seulement maintenant en décontenance certains. Soyez néanmoins assuré de mon profond respect pour votre religion et votre foi et de mon total engagement pour la défense de la laïcité qui garantit à toutes et à tous la liberté de croire et de ne pas croire.
A ce propos, vous le savez, l’encyclique à laquelle je viens de faire référence s’adresse à la fois aux croyants et aux non croyants. A toutes les personnes de bonne volonté. Je ne peux que louer cet esprit d’ouverture. Qu’il nous anime les uns et les autres. Les unes et les autres. En homme de bonne volonté, permettez-moi d’avoir l’audace de penser que mes actions contribueront à la réalisation du message du Pape François. [ souligné par nous] « Au coeur du commun combat, il y a celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, mais quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».
Il est évident qu’une telle offre de service, de la part d’un élu de la République, contrevient au principe de neutralité. La municipalité peut difficilement soutenir le contraire !
Pose de la première pierre de la mosquée de Gerland
Le choix de procéder à la pose de la 1ère pierre de la future moquée de Gerland a fait couler beaucoup d’encre et a suscité de nombreuses réactions relayées dans la presse. Elle intervenait le 9, soit dès le lendemain du Vœu des Echevins. Ce télescopage de date a aussi été source d’incompréhension. L’explication donnée est que 1°) la mairie n’a participé à aucun financement, 2°) il ne s’agissait pas d’une cérémonie religieuse et il n’y avait pas d’appel à la prière.
Autres éléments d’explication : il s’agit d’un islam « modéré », donc d’interlocuteurs dont nous avons besoin aujourd’hui. L’islam ne possède pas de « bâti » comme les cultes inscrites depuis plus longtemps dans le paysage national. Cela pose problème.
A ce sujet, la délégation a répondu que toute discussion sérieuse à ce sujet commence par le fait de ne pas verser un centime aux religions en place (et en premier à celles qui en reçoivent déjà le plus). Elle a exposé la position des associations représentées, attachées à ne dénaturer en aucun cas la loi de 1905 – ni celle de 1901 – par le traitement particulier adressé à une religion (l’islam) qui relèverait forcément d’une logique concordataire.
Rupture avec le système « Collomb-Barbarin » ?
Les atteintes graves à la laïcité ont marqué les mandatures précédentes : financement du dialogue inter-religieux (affaires Sant-Egidio, Conférence des Eglises européennes), du Musée du christianisme, aménagements du site de Fourvière pour ne citer que les plus marquantes, et tout cela …au nom du rayonnement de la ville de Lyon, du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. On a délibéré jouer sur la confusion entre cultuel et culturel, en particulier devant la justice administrative. La délégation a indiqué qu’elle serait particulièrement attentive à la politique qui serait conduite à l’avenir.
La réponse de la municipalité est d’affirmer son attachement à la laïcité et de dire : « Faites-nous confiance ». Et : « Jugez-nous sur nos actes ».
C’est bien ce que nous ferons !
La place des femmes
La nouvelle municipalité entend donner une « plus juste place aux femmes », par exemple dans le choix des noms de rue (sans aller à débaptiser des noms actuels de rues ou autres lieux publics). Elle est ouverte à toute proposition pour promouvoir la mémoire de femmes lyonnaises remarquables, que ce soit par des conférences publiques, des rencontres ou d’autres moyens.
La délégation a avancé le nom de Marie Bonnevial, libre-penseuse qui a combattu pour l’école laïque, la République, les droits des femmes. Cette proposition nous a semblé avoir été accueillie avec intérêt.
Etienne Dolet
Affaire symbolique au plus haut point du point de la défense de la liberté de conscience : la pose d’un panneau mobile, actuellement visible au Château « Sans-Souci » du 3e arrondissement, à la mémoire d’Etienne Dolet « Martyr de la Renaissance – Héros de la liberté de penser ». Son installation n’est toujours pas pérennisée, ce qui suscite l’inquiétude de l’Association des Amis d’Etienne Dolet, dont sont membres de nombreux libres-penseurs, et présidée par M. Marcel Picquier.
L’historique de l’association a été rappelée depuis le projet de statue devant la mairie du 7e (soutenue par Herriot) jusqu’aux réalisations plus récentes. La pose du panneau actuel – réalisation pourtant modeste qui ne remplacera pas ladite statue- s’est heurtée au mauvais vouloir de la municipalité précédente, c’est le moins qu’on puisse dire.
Réponse : il n’y a pas de raison pour que ce projet ne soit pas finalisé. Un avis pleinement favorable est donné pour reconsidérer tout le dossier et parvenir à un accord, en lien avec l’association.
En guise de conclusion
Comme nous l’a répété M. Biscarat :
« Faites-nous confiance »
« Jugez-nous sur nos actes »
« le canal est ouvert » (pour une concertation sur tout sujet intéressant la laïcité et la démocratie républicaine - La mairie est d’ailleurs prête à mettre à notre disposition des salles de l’Hôtel de Ville, information que nous avons bien enregistrée !)
Bien des réponses sont positives, mais c’est exactement cela :
C’est sur les actes que nous jugerons !
éDITORIAL
Le 16 octobre dernier avait lieu le meurtre de Samuel Paty, provoquant une immense vague d’indignation.
Tout indique que cet enseignant apprécié accomplissait son travail avec rigueur, cherchant à éveiller l’esprit critique de ses élèves. Le monde politico-médiatique a-t-il fait preuve du même sérieux, de la même volonté de distanciation ?
A l’évidence non. Certains se sont offusqués de la place trop importante laissée aux parents à l’école, sans rappeler que depuis des décennies les projets locaux (incluant parents, élus territoriaux et groupes de pression divers) mettaient en question l’indépendance pédagogique des enseignants. Les autorités de l’Etat et le ministère de l’Education se gardaient bien d’expliquer en quoi la multiplication des « missions », la diminution inexorable des moyens (enseignants et personnels confondus), les injonctions visant à faire passer la politique gouvernementale rendaient de plus en plus difficile la tâche des pédagogues, quelle que soit l’implication de ces derniers.
Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire : on leur a demandé de lire le jour de la rentrée en hommage à Samuel Paty une lettre de Jean Jaurès. Belle référence. Hélas la lettre a été « tripatouillée ». A disparu le passage où Jaurès défendait l’autonomie et la liberté des enseignants !
On ne doit plus s’étonner que le ministre Blanquer ait remis en cause la liberté d’opinion reconnue aux fonctionnaires en introduisant dans le code de l’Education une référence à « l’engagement et l’exemplarité des personnels de l’Education nationale ».
Cela fait longtemps que l’école n’est plus un« sanctuaire » qui devrait être protégé de toute pression religieuse ou idéologique, et consacré exclusivement d’une part à la transmission des savoirs, d’autre part à la formation de l’esprit critique. La dénaturation insidieuse de la notion de programme laisse les enseignants démunis face à un clientélisme de plus en plus agressif. Les programmes ne sont même plus sanctionnés par un bac national et anonyme, et les enseignants qui s’opposent à la disparition du bac sont sanctionnés. Quant à la « laïcité » dont tout le monde se prévaut, elle n’est plus qu’un mot creux désignant une option applicable aux seuls établissements publics, contribuant au phénomène des « ghettos ». C’est aussi cela que sanctionne le drame du 16 octobre.
Il faut rappeler qu’avant sa fin tragique, Samuel Paty avait subi la visite d'un IPR (inspecteur) de la cellule « Valeurs de la République ». Il avait été tenu de s'excuser devant la classe. Et il n’était pas le premier. Le ministère ne s’en est pas vanté.
«
Nous avons manifesté en hommage à Samuel Paty. Comme le disait Jean-Sébastien Pierre, président de la FNLP : « Nous y étions donc, mais pas avec n’importe qui. » Certainement pas aux cérémonies officielles aux côtés de ceux qui organisent les OPEX, ni aux côtés qui n’ont en tête que d’organiser eux-mêmes le séparatisme par une loi d’exception contre les musulmans. Ni aux côtés de ceux qui persistent à trouver normal les subventions accordées aux cultes, en particulier à l’Eglise catholique. Ni aux côtés de ceux qui organisent la répression contre toute voix discordante dans la République.
Les lois d’exception, qui tendent de plus en plus à devenir la règle, sont le cadre qui permettent une attaque d’une violence inouïe contre les libertés démocratiques. Dernière « trouvaille » si l’on peut dire: le projet de loi sur la sécurité globale, qui autoriserait, si elle était adoptée, une limitation du droit à filmer les forces de police dans l’exercice de leurs missions. Il fallait y penser.
Je reprends l’excellente formule utilisée sur le site Mediapart : « Comme un pompier pyromane, le gouvernement semble allumer des incendies pour prouver qu’il sait les éteindre, sans s’émouvoir de ce qui aura brûlé par sa faute. Après une polémique estivale aussi débridée que vaine sur « l’ensauvagement » supposé de la société française, l’étape suivante se profile : le projet de loi contre le séparatisme. »
En attendant – ou justement pour s’y préparer-, il y a d’autres urgences. La Libre Pensée 69 s’est adressée aux associations laïques du Rhône pour leur proposer de rejoindre la large campagne publique initiée par la LP de Haute-Savoie. Il s’agit de s’opposer au financement de la faculté catholique d’Annecy par la Région. M. Wauquiez doit nous recevoir ! Après tout, lui aussi est un tenant de la « laïcité ». On est prié de ne pas rire.
PG
COMMUNIQUÉ de la Libre Pensée 74 (Haute-savoie)
Malgré le confinement et les restrictions apportées aux libertés démocratiques sous couvert d'épidémie, les organisations laïques ont maintenu une conférence de presse commune jeudi 5 novembre.
Le collectif des 11 associations laïques et syndicales a ainsi fait le point de sa campagne contre le financement public de la construction d'une « université » privée catholique à Annecy, contre les trois subventions votées par la Région, le Département et le Grand Annecy à ce projet privé confessionnel.
A part Mr Rigaut qui a reçu une délégation le 13 mars à la veille des élections municipales, elles constatent que les élus politiques n'ont pas donné suite aux demandes de rendez-vous, pas même un accusé de réception aux courriers qui leur ont été envoyés. Que ce soit Wauquiez, Monteil, Lardet et Astorg qui ont été sollicités, c'est un silence général et assourdissant dénotant une drôle de conception de la démocratie.
Ils ne répondent pas. Et pourtant, ils ont des comptes à rendre sur l'utilisation des deniers publics, l'argent des contribuables, auprès des citoyens et de leurs associations. Ils ne répondent pas car ils sont gênés.
Ils voudraient organiser dans l'ombre et l'opacité un véritable détournement de fonds publics au détriment de l’École publique qui souffre de l'austérité budgétaire en postes, en locaux et en crédits.
Mr Denis Varaschin, président de l'Université Publique Savoie Mont-Blanc, nous a déclaré le 26 juin dernier : « …. les moyens manquent à l'Université de Savoie. Il faudrait la création de 100 postes de professeurs par l 'Etat pour passer de 14 000 à 20 000 étudiants. Il y a un sousinvestissemnt public sur le territoire. La Haute-Savoie, un département de 820 000 habitants, avec 15 000 habitants de plus chaque année, et un campus à Annecy avec 4 500 étudiants à Annecy. On figure parmi les universités les moins loties sur un territoire dynamique. L'USMB n'est pas en mesure de répondre aux besoins et on le regrette. »
En effet, suite à Parcoursup, des milliers de bacheliers chaque année restent sans affectation dans l'enseignement supérieur faute de places, d'enseignants et de crédits.
Sauf à s'inscrire dans des établissements privés payants et élitistes pour gens fortunés.
Tout cela n'est pas acceptable.
On nous parle à tout propos des « valeurs de la République » sans jamais préciser lesquelles.
Les organisations laïques rappellent leur attachement à la loi républicaine de 1905 de Séparation des Églises et de l’État qui stipule : article 2 - « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » Elles rappellent leur attachement au principe républicain: « Fonds publics à l' École publique, fonds privés à l'école privée »
En conséquence, elles décident de poursuivre et amplifier la campagne laïque. Elles appellent à signer massivement l'Appel aux laïques – pétition en ligne - http://chng.it/cjy7mf454s
Elles renouvellent publiquement leur demande d'entrevue aux élus politiques.
Elles saisissent leurs structures dans les autres départements afin d'élargir la campagne laïque à financement public de l' « université » catholique : la Libre Pensée saisit la justice administrative toute la Région AURA. Ainsi les Fédérations de la Libre Pensée des 12 départements ont écrit une lettre commune à Mr Wauquiez pour qu'il reçoive une délégation.
En outre, en Haute-Savoie, la Libre Pensée avec le soutien des autres associations a décidé d'intenter un recours devant le Tribunal Administratif de Grenoble contre la délibération du Grand Annecy du 24 septembre 2020 qui octroie une subvention de 1,5 million d'euro à l' « université » catholique.
Annecy le 7 novembre 2020
LAICITE
Rencontre avec la municipalité de Lyon 24 septembre 2020
Une délégation de représentants de la laïcité a été reçue par la nouvelle municipalité de Lyon, jeudi 24 septembre dans les locaux de l’Hôtel de Ville.
Cette rencontre faisait suite à une demande de la fédération du Rhône de la Libre Pensée, formulée dans une lettre ouverte datée du 10 juillet largement diffusée. Cette lettre s’élevait contre la décision du nouveau maire M. Grégory Doucet de participer au « Vœu des Echevins » (sans en avoir défini la forme) et la création d’un poste d’adjoint.e délégué.e aux « cultes et spiritualités ».
La délégation était composée : de MM P. Girod, X. Hyvert et G. Champion pour la Libre Pensée, et de M. Eric Pommet représentant le Cercle Edouard Herriot. Les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Fédération des Œuvres Laïques n’ont pas pu se rendre disponibles au moment du rendez-vous.
Noyus avons été reçus par M. Pierre-Jérôme Biscarat, chargé de mission auprès de Mme Florence Delaunay, déléguée « aux droits et égalités, à la mémoire, aux cultes et spiritualités » de la Ville de Lyon. Me Delaunay devait être présente, mais s’est excusée en raison de problèmes d’emploi du temps liés à la gestion de la pandémie.
Quelle que soit la compétence de notre interlocuteur (membre de l’exécutif), la délégation regrette de ne pas avoir rencontré directement un élu.
Non-participation de la municipalité au Vœu des Echevins :
Nous avons eu confirmation qu’aucun représentant n’a participé à la cérémonie ni n’a remis l’Ecu d’or. Si des adjoints ont assisté à la messe, c’était à titre personnel, et en aucun cas ès qualités. Ce qui est leur droit le plus absolu et ne pose aucun problème à la délégation.
M. le Maire a « entendu le message des laïques » et a déclaré qu’il ne se rendrait à aucune cérémonie religieuse au cours de son mandat, quel que soit le culte. C’est ainsi qu’il ne se rendra pas au « Pardon des Mariniers » qui est une célébration cultuelle. La subvention (importante, de l’ordre de de 10 ou 12 000 euros) allouée par l’ancienne municipalité ne sera attribuée qu’à condition de revoir le dossier sous la forme d’une « fête de quartier », la messe et le « Pardon » proprement dit restant des événements connexes qui ne seront pas financés sur fonds publics.
Cultes et spiritualités
Sur ce point (création d’un poste d’adjoint.e portant cette mention), force est de constater quela délégation n’a pas reçu d’explication. Le mot « spiritualités » (au pluriel contrairement à ce qu’on lisait sur le site municipal) ne serait qu’un équivalent de « cultes » sans portée particulière. Le seul exemple donné a été le bouddhisme. L’intitulé choisi serait seulement la marque d’une volonté « d’ouverture » à toutes les sensibilités religieuses.
Notre commentaire : dans ces conditions, pourquoi avoir ajouté « spiritualités » à « cultes » ? Sans compter que le mot « cultes » employé seul pose lui-même le problème de la neutralité du pouvoir public. Pas de réponse.
Sur le même sujet, la délégation s’est étonnée du discours par M. Doucet tenu aux catholiques le 8 septembre, après la cérémonie du Vœu :
« (…) Je suis venu là humblement pour rencontrer, partager, entendre, voir et écouter. Je vous remercie aussi pour l’attention que vous avez accordée à ces quelques paroles. Je sais que mon choix de vous rejoindre seulement maintenant en décontenance certains. Soyez néanmoins assuré de mon profond respect pour votre religion et votre foi et de mon total engagement pour la défense de la laïcité qui garantit à toutes et à tous la liberté de croire et de ne pas croire.
A ce propos, vous le savez, l’encyclique à laquelle je viens de faire référence s’adresse à la fois aux croyants et aux non croyants. A toutes les personnes de bonne volonté. Je ne peux que louer cet esprit d’ouverture. Qu’il nous anime les uns et les autres. Les unes et les autres. En homme de bonne volonté, permettez-moi d’avoir l’audace de penser que mes actions contribueront à la réalisation du message du Pape François. [ souligné par nous] « Au coeur du commun combat, il y a celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, mais quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».
Il est évident qu’une telle offre de service, de la part d’un élu de la République, contrevient au principe de neutralité. La municipalité peut difficilement soutenir le contraire !
Pose de la première pierre de la mosquée de Gerland
Le choix de procéder à la pose de la 1ère pierre de la future moquée de Gerland a fait couler beaucoup d’encre et a suscité de nombreuses réactions relayées dans la presse. Elle intervenait le 9, soit dès le lendemain du Vœu des Echevins. Ce télescopage de date a aussi été source d’incompréhension. L’explication donnée est que 1°) la mairie n’a participé à aucun financement, 2°) il ne s’agissait pas d’une cérémonie religieuse et il n’y avait pas d’appel à la prière.
Autres éléments d’explication : il s’agit d’un islam « modéré », donc d’interlocuteurs dont nous avons besoin aujourd’hui. L’islam ne possède pas de « bâti » comme les cultes inscrites depuis plus longtemps dans le paysage national. Cela pose problème.
A ce sujet, la délégation a répondu que toute discussion sérieuse à ce sujet commence par le fait de ne pas verser un centime aux religions en place (et en premier à celles qui en reçoivent déjà le plus). Elle a exposé la position des associations représentées, attachées à ne dénaturer en aucun cas la loi de 1905 – ni celle de 1901 – par le traitement particulier adressé à une religion (l’islam) qui relèverait forcément d’une logique concordataire.
Rupture avec le système « Collomb-Barbarin » ?
Les atteintes graves à la laïcité ont marqué les mandatures précédentes : financement du dialogue inter-religieux (affaires Sant-Egidio, Conférence des Eglises européennes), du Musée du christianisme, aménagements du site de Fourvière pour ne citer que les plus marquantes, et tout cela …au nom du rayonnement de la ville de Lyon, du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. On a délibéré jouer sur la confusion entre cultuel et culturel, en particulier devant la justice administrative. La délégation a indiqué qu’elle serait particulièrement attentive à la politique qui serait conduite à l’avenir.
La réponse de la municipalité est d’affirmer son attachement à la laïcité et de dire : « Faites-nous confiance ». Et : « Jugez-nous sur nos actes ».
C’est bien ce que nous ferons !
La place des femmes
La nouvelle municipalité entend donner une « plus juste place aux femmes », par exemple dans le choix des noms de rue (sans aller à débaptiser des noms actuels de rues ou autres lieux publics). Elle est ouverte à toute proposition pour promouvoir la mémoire de femmes lyonnaises remarquables, que ce soit par des conférences publiques, des rencontres ou d’autres moyens.
La délégation a avancé le nom de Marie Bonnevial, libre-penseuse qui a combattu pour l’école laïque, la République, les droits des femmes. Cette proposition nous a semblé avoir été accueillie avec intérêt.
Etienne Dolet
Affaire symbolique au plus haut point du point de la défense de la liberté de conscience : la pose d’un panneau mobile, actuellement visible au Château « Sans-Souci » du 3e arrondissement, à la mémoire d’Etienne Dolet « Martyr de la Renaissance – Héros de la liberté de penser ». Son installation n’est toujours pas pérennisée, ce qui suscite l’inquiétude de l’Association des Amis d’Etienne Dolet, dont sont membres de nombreux libres-penseurs, et présidée par M. Marcel Picquier.
L’historique de l’association a été rappelée depuis le projet de statue devant la mairie du 7e (soutenue par Herriot) jusqu’aux réalisations plus récentes. La pose du panneau actuel – réalisation pourtant modeste qui ne remplacera pas ladite statue- s’est heurtée au mauvais vouloir de la municipalité précédente, c’est le moins qu’on puisse dire.
Réponse : il n’y a pas de raison pour que ce projet ne soit pas finalisé. Un avis pleinement favorable est donné pour reconsidérer tout le dossier et parvenir à un accord, en lien avec l’association.
En guise de conclusion
Comme nous l’a répété M. Biscarat :
« Faites-nous confiance »
« Jugez-nous sur nos actes »
« le canal est ouvert » (pour une concertation sur tout sujet intéressant la laïcité et la démocratie républicaine - La mairie est d’ailleurs prête à mettre à notre disposition des salles de l’Hôtel de Ville, information que nous avons bien enregistrée !)
Bien des réponses sont positives, mais c’est exactement cela :
C’est sur les actes que nous jugerons !
Tuna Altinel
Une histoire à rallonge
ou « quand le gouvernement de M. Erdogan ne respecte pas sa propre justice ».
Tuna Altinel acquitté, mais toujours privé de passeport. Situation ubuesque. L’An II a rendu compte de cette affaire étalée sur plusieurs mois et rappelée dans le communiqué de presse reproduit ci-après. Depuis, la mobilisation se poursuit. Le 12 septembre dernier, le mathématicien turc (enseignant à Lyon I) adressait ce message à ceux qui l’ont soutenu:
« Ami-e-s solidaires, Il y a quatre mois, le 10 mai, j'ai publié un texte sur mon procès en appel, alors au point mort.
Aujourd'hui, c'est avec un sentiment de soulagement réservé que j'écris ces lignes. [souligné par nous] À l’époque la mobilisation internationale de diverses institutions dont mon université et d'organisations savantes venait de commencer, donnant lieu à l'envoi de lettres à la cour d'appel ; elle a porté ses fruits. Le pourvoi en cassation initié par le procureur a été rejeté par ladite cour, et mon acquittement est définitif depuis le 3 septembre 2020. Dans un procès à des fins politiques, les moyens du droit sont souvent insuffisants. La Turquie, comme tout pays où la justice n'est plus qu'un mot creux, regorge de tels procès. Contre ce fléau, il n'y a qu'un seul remède efficace: la solidarité des individus, des institutions sensibles à la démocratie. La conclusion du procès qui m’a été intenté en est une preuve. Je vous remercie. Mais l’acquittement au procès pénal ne met pas fin à cette séquestration dans mon propre pays qui a débuté le 12 avril 2019 par la confiscation de mon passeport à mon arrivée en Turquie. Ce passeport attend de m'être restitué. Suite au refus en septembre 2019 par la préfecture de Balıkesir de me le rendre, avec mon avocate Meriç Eyüboğlu nous avions entamé une procédure administrative. Celle-ci s'est terminée fin juillet 2020 par un rejet de notre demande malgré mon acquittement confirmé par la cour d'appel non encore définitif à l'époque. Aujourd'hui, l'acquittement étant devenu définitif, mon avocate conteste ce rejet. Elle a aussi renouvelé la demande de restitution auprès de la préfecture de Balıkesir. (…)
Je continuerai à dénoncer le consulat de Turquie de Lyon, qui, au lieu de servir ses citoyens, les espionne, les calomnie et s'acharne sur des associations légales en les qualifiant de ramifications d'organisations terroristes. Ami-e-s solidaires, restons uni-e-s pour la défense de la démocratie, valeur fondamentale de l'humanité. »
Communiqué de presse Lyon le 13 octobre 2020
TURQUIE : LA « JUSTICE » DU DICTATEUR S’ACHARNE !
Tuna Altinel est maitre de conférence à l’Université Lyon1 depuis plus de 20 ans.
Le 12 mai 2019, Tuna a été emprisonné en Turquie. Il est resté 81 jours en prison. Son« crime » ? Avoir signé une pétition d’Universitaires pour la Paix et avoir participé(comme interprète) le 21 février 2019 à une réunion publique à Villeurbanne dénonçant les crimes commis par l’armée turque dans la ville kurde de Cizre.
En janvier 2020, un tribunal l’acquittait de ces accusations. Malgré un appel de procureur, l’acquittement était confirmé le 3 septembre 2020.Tuna était donc libre, mais… les autorités turques refusaient de lui rendre son passeport, l’empêchant ainsi de rentrer en France et de reprendre son travail à l’Université où il est attendu depuis plus d’un an.
Tuna et son avocate ont donc entrepris les démarches nécessaires au recouvrement de ce passeport.
Or nous apprenons ce 13 octobre que les autorités turques (bureau des passeports de Balikesir) en refusent la restitution, sans aucunement justifier cette décision, en ces termes : « Veuillez être informé que votre requête vient d’être refusée par la Commission chargée des décisions administratives de la police locale de Balikesir et que par conséquent votre passeport demeurera en état de rétention » !
C’est donc l’arbitraire le plus absolu qui régit en Turquie une prétendue justice au service du dictateur Erdoğan et de son projet de rétablissement de l’Empire ottoman où il se voit en commandeur des croyants !
Cet arbitraire est inadmissible, comme le sont les atteintes continues aux droits humains, à la démocratie et à la paix dans la région.
Nous exigeons la restitution immédiate de son passeport à Tuna !
Nous demandons avec force aux autorités françaises, à tous les niveaux, de s’impliquer pour qu’aboutisse la demande de Tuna de restitution de son passeport, afin qu’il puisse revenir en France et reprendre son activité professionnelle en citoyen libre !
Comité Lyonnais pour la Libération de Tuna Altinel Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Signataires : Amitiés Kurdes de Lyon Rhône Alpes, Association France Kurdistan du Rhône,Comité universitaire de soutien à Tuna Altinel, Comités génération-s de la métropole de Lyon,Ensemble ! Rhône, Europe Écologie Les Verts du Rhône, France Insoumise-Rhône, Ligue desdroits de l’homme-Fédération du Rhône Rhône, Libre Pensée du Rhône, Nouveau partiAnticapitaliste du Rhône, Parti Communiste Français du Rhône, Parti de Gauche- Rhône, Partisocialiste du Rhône et de la Métropole de Lyon, Union départementale CGT 69, Confédérationnationale du travail Rhône, Fédération Syndicale Unifiée du Rhône, Presse fédéraliste, Union desfédéralistes européens Auvergne Rhône Alpes, Union Syndicale Solidaire du Rhône.
Libres propos, libres pensées
Voulez-vous vraiment du communautarisme anglo-saxon ?
Une fois de plus un mode de pensée anglo-saxon s'impose insidieusement à nous : faisant suite au mouvement Black Lives Matter et à l'assassinat de George Floyd perpétré en public et de pur sang-froid par un policier américain, d'innombrables citoyens français (et de totale bonne foi !) se prennent de passion et manifestent pour "les droits des communautés opprimées".
Mais de quoi parle-t-on ? Le monde anglo-saxon est une vaste constellation de communautés bien distinctes qui ne se mélangent jamais, ou très peu. Depuis toujours, le séparatisme ethnico-racial y est de règle et même quasi institutionnel : la paix civile ne serait garantie que par le "chacun-chez-soi". Voire ! De leur côté, les français sont des champions avérés en termes d'intégration par mariages interraciaux ou interreligieux. À l'inverse des anglo-saxons, le communautarisme clôturé et isolationniste a chez nous plutôt mauvaise presse.
Pourquoi ? Sauf erreur, depuis 1789 la République française n'a reconnu de droits qu'aux individus qui la composent et qui sont réputés être tous égaux même si, hélas ! c'est bien loin d'être le cas dans la réalité quotidienne et si le racisme, phénomène hélas universel, est souvent prégnant ou sous-jacent. Mais alors, travaillons-y !
Tous les citoyens ayant les mêmes droits, (et les mêmes devoirs…), des droits associatifs existent pourtant (partis, syndicats, associations…) MAIS :
"le droit français s’attache à les traiter comme des droits individuels regroupés et non comme des droits reconnus à des groupes en tant que tels, ce qui signifie en particulier que l’affiliation et la désaffiliation sont libres." (Prof. P-H Prélot)
Un état plutôt flou de "minorité", même opprimée, ne soude les individus concernés que par des liens non officiels, informels, affectifs, des opinions, des croyances et ne lui confère légalement, (malgré de nombreuses entorses à la loi dans les faits) ni droit, ni privilège spécial. Seuls comptent en France les droits des individus qui la composent.
Car reconnaître comme on tente de nous y amener "pour les défendre", des droits communautaires, c'est prétendre créer des niches légalement inédites et des statuts distincts appropriés, c'est préparer la balkanisation (ou libanisation) mentale de la France en factions divisées et hostiles : c'est donc donner à des regroupements minoritaires de citoyens des droits spéciaux, parallèles et différents du citoyen lambda, qu'il soit communautarisé ou non.
Car chez nous, et même si elle est très imparfaite, la seule "communauté" reconnue légalement et politiquement est la communauté nationale, dont la Constitution dit qu'elle est une République laïque, démocratique, sociale et indivisible et précise que "la langue de la République est le français", ce qui n'interdit à personne d'apprendre et utiliser une langue, dialecte ou patois régional à son gré, ni de vénérer (ou non) librement le/s dieu/x de son choix, ceci étant garanti à tous par nos lois.
Constitutionnellement, c'est une entité juridique créant un peuple d'égaux, transcendant toute autre communauté, où tous les citoyens sont tributaires des mêmes lois, communes à tous.
Ce n'est donc surtout pas encourager ceux-ci à se reconnaître d'abord dans une communauté raciale, religieuse, linguistique, régionale, sexuelle, etc. réclamant pour elle un statut légal spécial, et surtout les inciter à se référer aux instructions et exhortations de leaders charismatiques bien souvent autoproclamés… et même parfois inquiétants.
Et surtout, qu'en est-il de celles ou ceux qui aimeraient échapper à l'emprise d'une communauté par trop invasive, trop archaïque, trop sexiste, trop pesante, trop rigoriste, trop bornée ? : les vouer à être jugés par des tribunaux ethnico-religieux comme au Royaume Uni ou au Canada ?
Car ce n'est en fait que la stratégie hasardeuse, et pas toujours heureuse, qui fut utilisée par les anglo-saxons dans leurs anciennes colonies : reconnaître, favoriser, prébender des chefs religieux ou ethniques pour les aider à maintenir leurs populations dans la sujétion.
Mais c'est surtout faire le jeu de ceux qui veulent "cloisonner pour mieux régner". Antique tactique !
La modeste ambition de la plupart de ceux qui sont exploités, maltraités, méprisés, montrés du doigt n'est-elle pas plutôt de devenir invisibles et se fondre sans bruit ni vagues dans la population (mais est-ce le but des leaders communautaires ?) et non d'arborer avec défi une identité schismatique entretenant un sentiment d'infériorité opprimée (ou de supériorité !) par rapport à la société ambiante ?
Statistiques ethniques.
Dans la foulée de l'émotion légitime issue d'un problème qui n'est pas le nôtre et "afin de mieux appréhender et résoudre les difficultés des gens", certains, qui osent même se proclamer "de gauche" (donc supposément universalistes !), réclament des statistiques ethniques par lesquelles chacun dans les futurs recensements devrait "s'auto-définir" en fonction de son "ressenti personnel". Bonne idée ?
Sous de fallacieux prétextes, faut-il fixer en stats un "ressenti" qui pourrait n'être que ponctuel ?
Afin d'alimenter de très problématiques bases de données ethniques, chacun devrait donc lui-même se définir : blanc ("caucasien", à la mode US ?) Noir, métis, juif, arabe, sikh, parsi, pastafarien, etc.,
…le tout sommeillant sagement dans des fichiers ?
C'est donner un aspect visible à ce qui ne doit pas l'être : attacher à chacun une identité ressentie "à part" qui ne doit jamais être institutionnalisée.
Je connais en Afrique le cas d'un couple de cadres aisés dont le mari, brillant professionnel, métis de mère anglaise, belles études supérieures en GB, est camerounais (quid de l'ethnie locale et religion ?) et britannique et son épouse est germano-tunisienne (idem). Ils ont un enfant né, élevé en Côte d'Ivoire francophone, déclaré britannique et allemand.
Réduire en statistiques "ethniques" des données intimes aussi disparates ? Ce n'est pas sérieux !
Mais surtout : quel en est l'intérêt ?
Gardons-nous des généralisations hasardeuses : d'où qu'il vienne, un individu est le produit involontaire et unique d'une époque, d'un milieu social, d'une langue, d'une culture et d'une éducation, mais il est avant tout ce qu'il devient : parfois le meilleur, et parfois le pire.
Et qu'en est-il des fratries qui peuvent se définir différemment ? J'ai connu un yougoslave qui me disait qu'il se sentait serbe et son frère croate (ou l'inverse, j'ai oublié) de par les origines respectives de leurs parents à une époque où ces deux parties d'une même nation encore unifiée s'affrontaient dans la violence et la haine, bien encouragées par des puissances extérieures "bienveillantes" pour finir par l'éclatement du pays dans un bain de sang,
Certains pays africains se déchirent à cause de la mise en demeure faite à certains citoyens légaux de prouver leur vraie "ivoirité" ou "gabonité", etc.
Ceci n'est que la tentative d'écarter et rejeter ces citoyens jugés illégitimes par une ascendance "douteuse" ou par l'instrumentalisation d'autres ferments de division de la société par des politiciens intéressés (de tous bords) jouant la carte ethnico-politico-religieuse pour avancer leurs pions électoraux, sans se soucier des conséquences.
Ne mettons jamais les doigts dans ces engrenages infernaux à présentation prétendument vertueuse visant à dissocier artificiellement, durablement et dangereusement les peuples au profit de manipulateurs patentés qui cherchent leur avantage dans de fictives divisions, exacerbées et cultivées, parfois sous le couvert apparent mais fallacieux d'une "laïcité" sélective et à sens unique.
La laïcité n'a pas pour finalité d'exclure mais d'inclure, d'intégrer, d'émanciper l'individu et elle ne doit surtout pas être instrumentalisée à des fins purement partisanes ou communautaires.
Pour TOUS ses citoyens, un État (tout comme ses agents) se doit d'être, sans faux-semblant, totalement neutre, impartial et laïque, face à l'immense diversité concrète de sa population.
Et surtout, ne nous laissons pas entraîner dans les dérives et le grave délabrement social et sociétal de l'Empire américain and Co, difficultés souvent le résultat fatal d'une communautarisation excessive. Gardons-nous-en bien et ne les imitons surtout pas.
RJ
GRACE A DIEU, de François Ozon
Par le THEATRE PARTS CŒUR-CAS de Lyon, en coproduction avec les compagnies amateurs DEMENINGEURS-ENTRE’AXES-HARMATTAN
Spectacle « Grâce à Dieu » : à venir, du 19 au 23 janvier 2020. Détails dans le prochain An II
L’AN II : Gilles, tu fais du théâtre et montes « GRACE A DIEU », un acte militant ?
Gilles Champion : L'art vivant est déjà en soi un acte de résistance à la médiocrité et à la pression inouïe des médias capitalistes, divertissements compris. C'est encore plus vrai pour « GRACE A DIEU » qui « colle » totalement à la résistance des protagonistes de l'association qui a porté plainte. Dans le contexte anxiogène lié à la crise COVID et à sa gestion calamiteuse pour la Culture par ce gouvernement, c'est 1000 fois plus vrai et chaque spectateur, même masqué, est un « résistant » de la vie tout court.
L’An II : Penses-tu que nous en ayons fini avec la pédophilie dans l'Eglise ?
Gilles : Comme toute la Libre Pensée, on suit la commission Sauvé, qui dit faire ce qu'elle peut pour éradiquer ces crimes, le processus ira-t-il à son terme ? Ou cela est- il consubstantiel à l'Eglise catholique ? Je ne sais pas répondre mais le maintien du dogme du célibat des prêtres ne peut que maintenir cet état de frustration.
L’AN II : Le spectacle est-il fidèle au film ?
Gilles : Totalement, à la différence que les images de scouts ont été remplacées par deux jeunes qui vont faire des interventions de danse hip hop, break danse, pour exprimer la révolte des corps et des esprits des jeunes
L’An II : Et tu joues ?
Gilles : Ou et j'assume de faire le Barbarin, que d'aucun appelait à Rome Mgr Tartarin ! Un comédien n'a pas d'état d'âme ! (d'ailleurs, les comédiens ne sont-ils pas plus ou moins des barbares depuis Molière victime de la cabale des dévots ?)