2023 06 AN II

ÉDITORIAL

 

Résultat mécanique d’une situation inédite où le gouvernement a dévoilé frontalement son mépris de la souveraineté populaire, après des mois de mobilisation sociale contre la réforme des retraites dans l’unité de toutes les organisations syndicales, le gouvernement n’a plus pour écoper les voies d’eau, dans ce naufrage sans précédent, que le recours aux artifices constitutionnels de la Ve République, la répression et les interdictions.

La fuite en avant ne mènera nulle part, et en attendant, le chaos s’installe partout.

Interdictions, dissolutions, mesures répressives…

À présent, après les « Soulèvements de la Terre », c’est Anticor qui subit les foudres du pouvoir.

Rappelons ce qu’est Anticor :

« Association fondée en juin 2002 (…) pour lutter contre la corruption et rétablir l’éthique en politique. Son ambition est de réhabiliter le rapport de confiance qui doit exister entre les citoyens et leurs représentants, politiques et administratifs. L’association regroupe des citoyens et des élus de toutes tendances politiques engagés pour faire respecter les exigences démocratiques non partisanes.

Lors des élections, Anticor invite les candidats à s’engager sur des propositions d’éthique et de probité et à agir dans l’intérêt général. Avec les lanceurs d’alertes, Anticor s’implique dans des affaires judiciaires importantes en signalant au parquet des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale.

Pour agir en toute indépendance, Anticor a choisi de ne bénéficier d’aucune subvention.

Son financement est assuré uniquement par des dons et les cotisations de ses adhérents. »

Voilà qui nous va très bien et qui constitue un point commun avec la Libre Pensée.

Assemblée préparatoire de la fédération du Rhône au congrès de Paris (samedi 24 juin, Bron) 

Les différents rapports figurant dans la « Libre Pensée Militante » ont été adoptés à l’unanimité ;

P. GIROD est élu comme délégué de la fédération.

Il représentera également les adhérents à l’assemblée nationale statutaire D’Entraide et Solidarité des Libres-Penseurs de France, ainsi que l’Association laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône à l’Assemblée générale de la Fédération Nationale Laïque des Associations
des Amis des Monuments Pacifistes, Républicains et Anticléricaux

Le tribunal administratif de Paris a annulé, vendredi 23 juin, l'arrêté qui renouvelait l'agrément d'Anticor qui l’autorisait à ester en justice. Pour l’association, en pointe en matière de lutte contre la corruption en France, « cette annulation constitue une atteinte grave à la démocratie, ainsi qu'aux libertés associatives", a réagi l’association, ajoutant que cette décision pourrait avoir des conséquences sur plusieurs dossiers politico-financiers sensibles. 

C’était trop d’indépendance ! Mais nous le savons, à présent, dans la logique du Contrat d’Engagement Républicain (pièce essentielle mais non unique du dispositif répressif), toute forme d’indépendance est désormais menacée. Rappelons les propos de M. Darmanin critiquant les subventions accordées à la Ligue des Droits de l’Homme. Et à présent, à Lyon, c’est à la liberté d’expression que s’en est pris M. Doucet (avec des arguments spécieux), et à la liberté syndicale (avec des arguments, pour le coup, totalement inacceptables). On lira ci-dessous le communiqué de la Libre Pensée du Rhône, qui a participé à la préparation de l’événement.

Une situation politique et sociale qui s’est dégradée en quelques mois, à une vitesse que les plus pessimistes pouvaient difficilement imaginer. La crise touche toutes les couches de la société, sauf peut-être l’armée dont le budget, avec ses 413 milliards de programmation militaire, est le seul à bénéficier des largesses du pouvoir.

Il appartiendra au congrès de la fédération nationale du mois d’août d’en tirer toutes les conséquences, en mettant au centre l’actualité d’un changement profond qui ne peut être que le résultat d’une constituante. Sur ce, je laisse le mot de la fin à notre président Jean-Sébastien Pierre :    

« La Libre Pensée n’est pas un parti politique, elle n’est inféodée à aucun parti, c’est écrit dans notre déclaration de principe. Nul n’est besoin cependant d’être un parti pour diagnostiquer comme nous l’avons fait l’agonie de la Vème république, la nécessité de son renversement par une Constituante élue libre et souveraine redonnant la parole au peuple. ».                                                            P.G.

 

Conférence de Salah Hamouri le 23 juin 2023 à Lyon

Une victoire pour la liberté d’expression

Une victoire pour la liberté syndicale

Une défaite cinglante pour M. Grégory Doucet, maire de Lyon, qui entendait s’opposer à l’une et à l’autre.

La conférence intitulée « Palestine-Israël Colonisation / Apartheid », organisée par le collectif de soutien au peuple palestinien, jeudi 22 juin, a fait salle comble et n’a généré aucun incident. Les intervenants étaient M. Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France, et l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, ancien détenu politique en Israël. La conférence, prévue de longue date mais interdite deux jours avant, a fait l’objet de quatre recours en référé et n’a été autorisée que deux heures avant. Malgré cela, la grande salle Maurice Moissonnier de la Bourse du Travail était archi-comble.

Salah Hamouri a été longuement applaudi lorsqu’il a rappelé la coexistence historique entre les trois religions monothéistes en Palestine et a dénoncé tous ceux qui tentent de transformer des conflits politiques en conflits confessionnels.

Le critère de risque d’affrontements religieux avait pourtant été mis en avant par la Ville de Lyon, avec la présence d’un rabbin venu inaugurer le même soir une synagogue à Ecully dans la banlieue de Lyon, et d’une pétition demandant l’interdiction de la conférence. Le risque d’incidents était mal documenté et ne justifiait pas ce qui aurait été une atteinte à la liberté d’expression. Comme l’a expliqué l’un des avocats, « il appartient aux autorités administratives de permettre l’expression des opinions dès lors qu’elles ne tombent pas sous le coup de condamnations pénales », c’était le cas. La Libre Pensée défend la liberté de conscience, liberté d’association et liberté d’expression sans jamais les séparer, ni les opposer. Elle dénonce toutes les tentatives d’instrumentaliser une liberté contre une autre.

Cependant il y a sans doute plus grave : le maire de Lyon a fait valoir que l’objet de la conférence ne relevait pas de l’action syndicale et qu’elle pouvait ainsi être interdite, en application des dispositions des articles 9 et 10 du règlement intérieur d’occupation de la Bourse du Travail (lesquels interdisent toute réunion à caractère politique ou religieux).

Depuis des décennies, la Bourse du travail est un lieu de liberté où se réunissent quantité d’associations et de collectifs, sur les thèmes sociaux ou sociétaux les plus divers. Il suffit pour que ces réunions se tiennent, que la salle soit demandée par un syndicat à l’association qui gère le planning des salles, et qui ne se préoccupe pas de l’objet de la réunion. C’est cette liberté qui est menacée. Ainsi la réunion publique qui s’est tenue une semaine avant aurait été impossible après la jurisprudence « Doucet », heureusement repoussée.

Dans ses attendus, la juge des référés a estimé qu’il n’appartenait pas « aux autorités administratives de définir les contours de l’action syndicale qui si elle vise à la défense des droits et intérêts des salariés, fonctionnaires ou agents, peut également avoir pour projet de mener des réflexions tant politiques que géopolitiques, ainsi qu’en justifient les requérants en versant au débat nombre de pièces relatives notamment aux travaux menés par l’Organisation Internationale du Travail. »

Face à volonté de la municipalité d’encadrer l’action syndicale, la conclusion qui s’impose est claire : c’est aux syndicats et à eux seuls de décider de leur action et de leurs invitations.

La Libre Pensée du Rhône rappelle qu’elle s’était adressée au maire de Lyon, le 14 mars dernier, pour faire part de son opposition au Contrat d’Engagement Républicain qui tend à dénaturer la liberté d’association, et donc la liberté syndicale. Elle proposait que la municipalité adopte un vœu dénonçant le CER et choisisse une application « a minima » - donc de pure forme – comme cela a été fait ailleurs. Cette lettre n’a jamais reçu de réponse.

A Lyon comme partout, à l’heure où les dissolutions d’associations et les interdictions se multiplient, nonobstant l’arrêt rendu en référé le 23 juin 2023 qui est une importante victoire, ce sont toutes les libertés qui sont menacées. L’action pour les défendre doit continuer !

 

Les abusés de l'ÉGLISE

 

Le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU tacle vertement le Gouvernement d‘Emmanuel Macron, par Keith Porteous Wood, président de la NSS (G-B)

 

Le Comité des Droits de l’Enfant vient de publier ses observations finales sur la France

(Extraits du document) Les passages relatifs aux abus sexuels sur mineurs par des personnes liées à l’Eglise catholique en France sont les suivants, relevés et communiqués par Keith Porteous Wood :



Exploitation et abus sexuels

23.            Le Comité prend note de la loi n° 2021-478 du 21 avril 2021 relative à la protection de l’enfant contre les crimes et délits sexuels et l’inceste, qui introduit un mécanisme d’allongement des délais de prescription pour traiter les actes commis par un même auteur sur plusieurs victimes, ainsi que de la création et des travaux menés par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIVISE) et d’une commission d’enquête sur les abus sexuels commis sur des enfants par l’Église catholique française. Toutefois, le Comité reste gravement préoccupé par les informations faisant état de ce qui suit :

(a) Le nombre disproportionnellement faible de condamnations pour des cas d’abus sexuels perpétrés par des membres du personnel religieux de l’Église catholique par rapport aux rapports sur l’ampleur des abus et le peu d’indemnisations accordées aux victimes ;

(b) L’absence d’une approche adaptée aux enfants et multisectorielle dans les enquêtes sur les abus sexuels commis sur des enfants, y compris dans le cercle de confiance que constitue le personnel religieux de l’Église catholique ;

(c) Les délais de prescription sont limités étant donné que certains des crimes ont été commis il y a plusieurs dizaines d’années ; 

(d) Mesures limitées pour lutter contre l’exploitation et les abus sexuels des enfants en ligne ;

(e) L’absence de données globales sur les cas d’abus sexuels commis sur des enfants.

24.            Le Comité invite instamment l’État partie : (a) De poursuivre ses efforts pour faire en sorte que tous les cas d’abus sexuels commis sur des enfants de moins de 18 ans soient signalés, fassent l’objet d’une enquête et donnent lieu à des poursuites, y compris les abus perpétrés par des personnes de confiance, telles que le personnel de l’Église catholique ;

(b) D’appliquer une approche adaptée aux enfants et multisectorielle dans les enquêtes sur les abus sexuels commis sur des enfants, notamment en évitant de traumatiser à nouveau les victimes grâce à des entretiens médico-légaux fondés sur des preuves et à une thérapie appropriée axée sur les traumatismes ;

(c) De continuer à veiller à ce que les enregistrements audiovisuels soient systématiquement acceptés comme éléments de preuve lors des audiences et d’envisager un arrangement dans lequel le contre-interrogatoire peut avoir lieu sans délai au cours de la phase préalable au procès, de sorte que les enfants victimes n’aient pas besoin de témoigner devant le tribunal

(d) De garantir des voies de recours et un soutien appropriés aux enfants victimes d’abus sexuels et de veiller à ce qu’ils soient indemnisés de manière adéquate ;

(e) De renforcer les mesures de protection des enfants de plus de 15 ans qui sont ou risquent d’être victimes d’exploitation sexuelle ; 

(f) Mettre en œuvre les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église et de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation mises en place par les institutions religieuses et, si nécessaire, ouvrir une enquête indépendante menée par l’État sur ces violations ;

 

 


Keith Porteous Wood commente : « J’avais espéré que la commission aurait été plus ferme que « poursuivre ses efforts » au point 24 (a), étant donné que ces efforts ont été minimes. Bien que la commission exprime sa préoccupation au point 23(c) concernant la limitation des délais de prescription et qu’elle fasse référence au point 23 à « la protection des enfants contre les crimes et délits sexuels et l’inceste, qui introduit un mécanisme permettant d’étendre les délais de prescription afin de traiter les actes commis par un seul auteur à l’encontre de plusieurs victimes », elle ne fait pas suivre cela d’une recommandation spécifique. Bien que nous reconnaissions que de nombreuses recommandations de la Commission de l’Église étaient louables, elle n’est pas allée assez loin et il y a eu de graves omissions. De même, sa recommandation de ne pas allonger les délais de prescription soulève de sérieuses questions quant à la bonne foi de la Commission nommée par  l’Église. »

Keith Porteous Wood (seculalism.org.uk) 8 juin 2023


Du côté des victimes…

 

Réunion des associations avec l’INIRR ; réactions de Nanou Couturier, présidente de l’association des Abusés sexuels de l’Église « Tous ensemble ! »

Lors de la réunion de l’INIRR du 13 mai 2023, sous la présidence de Marie Derain de Vaucresson, était présente Caroline Puig-Grenier, réalisatrice de fims documentaires, dont le travail sortira en octobre sur une chaîne qui n’est pas encore connue, avec pour sujet « Les victimes et leurs parcours ».

Nanou Couturier pose la question : « Ce documentaire serait-il un pied-de-nez à l’émission "Compléments d’enquête" ? Il est clair que l’émission diffusée sur France 2 en janvier 2023 a eu un énorme retentissement, obligeant les instances à accélérer (un peu) les procédures d’indemnisation. Les représentants de l’Église et des instances n’ont pas manqué de critiquer l’émission. Elles ont dénoncé un point de vue partisan qui ne rendrait pas compte du travail mené avec la majorité des victimes. Pourtant aucun des témoignages entendus le 19 janvier n’était inventé, et les chiffres cités sur les richesses détenues par les diocèses n’ont pas été contredits. Il est clair que l’Eglise, dont le prestige est déjà bien écorné, cherche à restaurer un peu son image de marque. La guerre de communication est lancée. L’INIRR communique chaque mois sur ses réalisations. Au 31 mai, elle faisait état de :

1240 demandes de reconnaissance et de réparation reçues
527 personnes accompagnées par un référent de situation (en incluant les situations d'urgences)
16 référents de situation salariés et bénévoles
490 appels de la permanence téléphonique

À côté de ça, beaucoup de mesures purement symboliques. Exemple parmi d’autres, l’INIRR a lancé l’opération "RUBANS CONTRE L'OUBLI" comme manifestation de solidarité et de soutien aux victimes, en s’inspirant d’une initiative australienne. « Chaque participant est invité à nouer un ruban et/ou déposer un message.

Cette manifestation se vit dans un esprit de vérité et de justice. Elle permet de reconnaître les blessures causées par les violences sexuelles et les abus et rend visible la solidarité, la compassion et l’espérance. »

Bon, mais pas vraiment de quoi retrouver le paradis perdu !

En fin de réunion, trois représentants d’associations ont fait savoir qu’ils ne participeraient plus aux échanges du « Groupe Témoins » tels qu’ils étaient organisés. Par la suite, un 4e les a rejoints.

 

Au nom de l’association des « Abusés - Tous ensemble ! », Nanou Couturier avait formulé un certain nombre de demandes : mettre en place un dialogue lorsque les victimes ne sont pas d’accord avec ce que l’INIRR propose en reconnaissance et réparations, travailler à éviter les mécontentements perpétuels des victimes face à l’INIRR (contacts téléphoniques impossibles, auditions bâclées, résultats incorrects), simplifier le vocabulaire de l’Instance, établir un document reprenant les différentes réparations possibles à l’attention des personnes victimes en cours d’accompagnement, faire le lien avec les victimes éloignées d’internet…

 

Nous lui laissons le mot de la fin : « Après 18 mois d’existence et de réunions, Mme Derain a mis en place une animatrice pour animer ses réunions avec un planning ajusté aux demandes et aux temps de parole.

En faisant cela, elle a tout simplement mis un filtre pour éviter de subir le mécontentement, qu’elle n’a pas envie d’entendre. Elle n’est pas avare de promesses et de belles paroles. Certaines victimes peuvent s’en contenter, mais pas toutes. Une centaine de dossiers urgents doivent passer en priorité… comme si tous les dossiers n’étaient pas urgents !

 

On nous a reproché de faire cavalier seul dans nos actions et de trop critiquer ce que mettaient en place les instances. Notre participation à « Complément d’enquête » a même été raillé par celles-ci. Nous nous interrogeons sur le départ soudain des associations qui avaient montré le plus d’adhésion au processus. Prise de conscience tardive des manipulations dans lesquelles on veut nous enrôler ?

 

Comment pouvons-nous encore accepter la situation dans laquelle on nous a plongés ?

L’Église s’est-elle moquée de nous en nommant ces deux instances ? »

meeting de la bourse du travail

Jeudi 15 juin à la Bourse du Travail : « contre la guerre » la Libre Pensée était présente.

Avec près de 150 présents, parmi lesquels de nombreux militants syndicalistes, jeunes, Insoumis, POI, libres penseurs, mais aussi du Mouvement pour la Paix ou du PCF, cette conférence a été un succès, le premier de ce genre dans le Rhône. La Libre Pensée s’est exprimée sur la liberté de conscience et le droit à l’information, victimes collatérales dans toute situation de guerre. Le « coup » de procédure qui a conduit le Sénat à voter contre la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la 1ère guerre mondiale en est une illustration. La rencontre s’est terminée par une large approbation finale pour le soutien à la conférence européenne du 8 juillet initiée par les militants allemands sur les mots d’ordre :

–       Cessez-le-feu immédiat et négociations !

– Contre les livraisons d’armes !

– Contre les budgets d’armement et de guerre !

– Levée des sanctions !

– Ni l’Otan ni Poutine !

– « Non à la guerre, non à la guerre sociale ! »

– Contre les budgets de guerre de plusieurs centaines de milliards !

– Des milliards pour les hôpitaux, les écoles, les communes…

– Défense du salaire réel ! Et blocage général des prix !

libres propos, libres pensées

Sabotage des Nord Stream :

Vérité et Liberté d'Information sous l'Étouffoir dans les États Soumis d'Europe

 

C'est officiel, la "drôle de guerre" de l'UE contre la Russie est finie : Au cours d'un débat à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’UE dans le cadre des discussions sur l’envoi de chars Leopard en Ukraine, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena BAERBOCK, membre des Verts (Vert-de-gris ou Wehrmacht ?) l'a déclaré : "Le plus important et le plus crucial est que nous le fassions ensemble et que nous ne fassions pas le jeu des critiques en Europe, car nous (l'UE) sommes en guerre contre la Russie".

Cette déclaration de guerre sans équivoque s'oppose frontalement à l'opinion très majoritaire en Allemagne qui souhaite en venir au plus tôt à des négociations de paix plutôt que d'envenimer la situation par l'envoi de panzers qui leur remémore un peu trop l'homérique bataille de KOURSK, (juillet-août 1943) qui s'est précisément déroulée aux confins est de l'Ukraine (plus de 6.000 chars allemands et soviétiques engagés dans une lutte à mort, plus de 525.000 tués, blessés et disparus), où la Wehrmacht avait, peu après Stalingrad été laminée, ce qui avait (enfin) permis aux (alors) "alliés" occidentaux de l'URSS de pouvoir se précipiter au secours de la victoire et de proclamer au monde entier par le biais de leur fabrique à fictions historiques, Hollywood, qu'ils sont les vrais et ultimes vainqueurs du nazisme.

Et maintenant le monde entier le croit. Efficace.

   Il est vrai que Baerbock s'était déjà fait remarquer sur l'Ukraine en déclarant "Je me moque de ce que pensent mes électeurs." (Weil Ukraine Über Alles ?)

   Une vraie démocrate ! Et une érudite : elle avait déjà évoqué les "batailles de chars du 19ème siècle", parlé de pays qui sont "à des centaines de milliers de kilomètres" ou de "l'histoire coloniale allemande au Nigeria". Elle devrait être ministre de l'Inculture !

   On se demande bien ce que ses "chers électeurs" peuvent maintenant penser d'elle à leur tour, car elle n'est que le triste symbole de l'insondable néant intellectuel et politique dans lequel nos sociétés UE-péennes dites (autrefois) "civilisées" sont tombées.       En dépit de ses gesticulations belliqueuses, le 25 février 2023 à Berlin, une manifestation du mouvement "Aufstand für Frieden" (Soulèvement pour la Paix) a réuni plus de 50.000 personnes à l'appel de la députée Sahra Wagenknecht et de la célèbre journaliste militante Alice Schwarzer.

 

Car maintenant règnent le mensonge et la censure

Un député macronien, janv. 2023, France Info :

"L'UE a enfin réussi à se délivrer de sa dépendance à la Russie en termes d'énergie." Tant mieux !

On ne peut que s'en réjouir. Mais… bémol…

   Une députée allemande "Die Linke" sur le média américain Democracy Now ! Résumé : "L'industrie américaine va maintenant nous envoyer 1.100 tankers par an de leur GAZ DE SCHISTE SALE pour couvrir nos besoins. Ils font d'énormes profits, 200 à 300 millions d'euros par tanker. Et je ne vois pas comment nous pourrons nous permettre de payer cela, par rapport au gaz bon marché et bien moins sale de la Russie." L'UE est indépendante ? DE QUI ? Le macronien a menti ? La belle affaire ! Car pour qu'il y ait "désinformation", il faudrait qu'il y ait d'abord "information". EXEMPLE EMBLÉMATIQUE : l'énigmatique destruction des gazoducs NORD STREAM. Il nous faut bien comprendre que l'énorme renchérissement de l'énergie que nous subissons brutalement est essentiellement dû à un pur acte terroriste perpétré contre une infrastructure civile essentielle par nos bons "Amis" (fam. : amerloques en allemand). Le légendaire journaliste d'investigation américain Seymour "Sy" HERSH, 85 ans, maintes fois primé pour ses révélations fracassantes (plusieurs fois lauréat du Prix Pulitzer) a révélé grâce à des infos venant de ses bons contacts militaires et du renseignement US, indignés du comportement de voyou erratique de leur gouvernement, que celui-ci a donné l'ordre, sans en avertir le Congrès, (donc illégalement !) et sous le sceau du secret le plus absolu (tu parles !) de détruire sous la mer et sous le couvert d'un "exercice" de l'OTAN les gazoducs Nord Stream posés au fond de la mer Baltique.

   C'est un acte terroriste sans précédent contre les intérêts énergétiques de la RUSSIE, (certes !) mais AUSSI de ceux de l'UE et de trois des plus proches "Alliés" (= vassaux aveugles, sourds et muets) des USA : Allemagne, France, Pays-Bas, les cofinanceurs des pipe-lines, mais, (incroyable !) sans que ces derniers n'émettent la moindre protestation officielle : ils n'ont rien vu et affirment n'avoir aucune idée de qui a commis ce flagrant, incroyable et énorme acte de guerre économique contre eux. On sait qu'ils ont été pulvérisés, mais par qui ? Les USA ont immédiatement pointé du doigt les russes comme responsables de la destruction de ces installations (qui leur avaient coûté des milliards d'euros !) mais c'était tellement gros et fit rire tant de gens dotés d'un sou de raison (ou bien renseignés) que cette accusation fut vite dropée : le Procureur Fédéral d'Allemagne a statué "qu'aucune preuve ne liait les sabotages à la Russie". (Die Welt 4/02/23).

   Cela reste donc un mystère complet, du genre secret de Polichinelle. On sait, mais on s'assoit dessus de peur de fâcher le vieux Parrain du quartier. Trop dangereux ! Ainsi, après les multiples actes antérieurs de dure guerre économique par nos "Amis" contre nos propres intérêts, la preuve est faite définitivement qu'ils ne se préoccupent que des leurs en piétinant impitoyablement les nôtres et ceux de l'UE. Exemple, ALSTOM, dont un cadre français a été retenu 25 mois en otage dans les prisons US jusqu'à la signature de la vente de ses activités stratégiques à General Electric.

Ils ont aussi une forte emprise sur l'UE par la présence dans tous les rouages des États, y compris au plus haut sommet, de leurs "quislings" (collabos), souvent de "Young Leaders" endoctrinés par eux aux USA et souvent bien plus dévoués à l'Empire US qu'à leur propre pays.

   La révélation fracassante de Sy HERSH qui aurait dû faire les Unes de toute la presse internationale a été totalement dissimulée au grand public :

   Graham FULLER, analyste US, 20 ans de CIA : "…mais, plus important encore, cet événement a démontré que l’Amérique a réussi à étouffer tout commentaire public sur cet événement – dans les médias américains, mais surtout dans tous les médias européens, y compris dans l’État le plus durement impacté économiquement, l’Allemagne. Nous observons un étourdissant, presque inexplicable silence sur cet évènement international majeur" (son site). Total silence dans les "big médias", donc. Pourtant le quasi-gâteux BIDEN avait bien déjà bourdé publiquement en fuitant en présence de Scholz médusé, mais qui n'a pas moufté, qu'il le ferait. Et il l'a fait !

   Et Victoria NULAND qui avait organisé et financé de A à Z le très sanglant coup d'État de Kiev-Maïdan en 2014, (qui, selon l'aveu public le 13 février 2023 de Jens STOLTENBERG, actuel secrétaire général de l'OTAN, "est le vrai début de la guerre en Ukraine") a lâché tout aussi publiquement, "Je suis, et l'administration (US) l'est aussi, très satisfaite de savoir que Nord Stream est maintenant un tas de métal au fond de la mer."

   Par un miraculeux hasard ? La main de Dieu ? Et immédiatement après le sabotage, Radek Sikorski, un important politicien polonais envoya un tweet illustré d'une photo de l'explosion et un simple et court message extatique : "THANK YOU, USA !"

Il n'a pas remercié les russes ! S'est-il trompé ?

Les acolytes principaux du sabotage du siècle, les USA et la Norvège, gros fournisseurs de gaz "au prix du marché" (c.-à-d. : hors de prix !) sont les énormes bénéficiaires du coup, vu l'augmentation énorme et instantanée des prix de l'énergie. La Norvège a ainsi vu ses revenus pétro-gaziers multipliés d'un coup : Jens Stoltenberg, ami de très longue date des USA (il est qualifié de Tony Blair norvégien !) et actuel patron de l'OTAN a été 8 ans premier ministre de son pays (qui n'est pas membre de l'UE) : cela crée bien des liens (de complicité).

   Il est du club. Elle est aussi du club : la soi-disant "Verte" Baerbock (Global Young Leader !) n'a pas protesté ni même levé les sourcils devant les milliards de m3 de gaz relâchés à l'air libre, ni sur le fait que son pays et le nôtre vont devoir s'asseoir sur les milliards d'euros investis, pulvérisés sur ordre d'un président des USA, compromettant gravement leurs économies, leur prospérité et donc leur stabilité sociale. Mais c'est pour la bonne cause !                                          

RJ

 

 

"VERDICT" de l'ONU : "Le 27/03/23, par 3 voix POUR et 12 ABSTENTIONS, le Conseil de Sécurité rejette la demande russe d'une commission d’enquête."     Ils craignent donc tant que ça de divulguer la vérité ?

2023 03 AN II 193

 ÉDITORIAL

 

"Sur les murs de l'université

                     J'écris ton nom : précarité"

Slogan inscrit sur le parcours d’une manifestation, près de la Manufacture des Tabacs

 

A l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement Macron / Borne a fait passer en force sa loi sur les retraites, jouant de l’article 49-ter, et nul ne sait comment tournera la situation.

Le mouvement de protestation avait commencé par le refus, de la part d’une immense majorité des travailleurs de ce pays, de travailler jusqu’à l’épuisement. Les injustices liées à la réforme, comme la situation faite aux femmes, ont provoqué la colère populaire. L’unité syndicale, sans faille cette fois-ci, traduisait le refus en profondeur de la réforme.

Ce rejet englobait le refus de travailler dans des conditions rendues parfois impossibles, comme dans les secteurs de la santé et de l’enseignement.

Au fil des jours, manifestation après manifestation, journée de grève après journée de grève, grandissait le sentiment de devoir défendre … tout simplement la démocratie.

Sans être clairement formulée, cette inquiétude montait à chaque coup de force autorisé par la constitution : articles 47-1, 44-3 et pour finir : 49-3

Rien d’étonnant, et même très logique, l’emploi de la grosse Bertha législative intervient au moment où on assiste à une militarisation de l’économie, au détriment des conquêtes sociales et des services publics.  La hausse du budget des Armées jusqu'en 2030 (21 milliards) est "supérieure aux économies que doit dégager la réforme des retraites (13 milliards selon le journal patronal "Les Échos"). Entre les retraites et les missiles, le gouvernement avait déjà choisi : ce serait le retour à « l’âge des casernes ».

«

La situation faite à la jeunesse est insupportable, et nos jeunes n’attendront pas les 60 ans (ou au-delà) pour s’en apercevoir. Leurs perspectives d'avenir sont saccagées. Et on prétend maintenant embrigader tous les jeunes de 15 à 17 au moyen du "Service National Universel", opération d'embrigadement pour laquelle sont déjà prévus 3 milliards d'euros.

Le statut d'objecteur ne sera pas reconnu.

La généralisation du SNU a été annoncée par le président Macron, autrement dit son caractère obligatoire. Toujours plus d'argent et de moyens de propagande pour l'armée, toujours moins pour les retraites, pour les services publics, pour l'école et la formation.

L’école passe au second plan, et mieux vaut être aujourd’hui militaire qu’enseignant. Les perspectives de carrière sont plus claires.

Bien entendu, « si l’on n’y reste pas », et nous ne le souhaitons à personne… Mais cela a toujours été, et puis, de nos jours, on peut faire la guerre à distance. On peut même la faire par procuration, comme c’est clairement l’option choisie par Biden suivi par tous les gouvernements vassaux.

Du fait des particularités de leur métier, les militaires n’ont pas d’âge légal de départ à la retraite, mais une durée minimale d’années de service pour prétendre au versement d’une pension immédiate.

Depuis 2015, un militaire de carrière, selon son statut, peut dès l’âge de 43 ans partir en retraite. Pour un officier de l’armée, c’est après 27 ans de service, pour un officier sous-contrat, après 20 ans de service et après 17 ans de service, pour les non-officiers. Résultat paradoxal : c’est chez les militaires que l’espérance de vie de retraité en bonne santé est la plus élevée. Certes, le montant n’est pas élevé et les militaires doivent trouver des compléments.

J’ignore ce qui est prévu dans la loi Macron / Borne, mais je doute que ce « régime très spécial » soit spécialement en danger.

Régulièrement, des campagnes de publicité commanditées par l’État nous montrent à quel point les métiers de l’armée peuvent être épanouissants.

À Saint-Raphaël dans le Var, le maire a prétendu conditionner le versement des subventions aux cérémonies commémoratives. C’est un des résultats de la mise en œuvre du Contrat d’Engagement Républicain. Certes, il a été désavoué. Mais il est peut-être à l’avant-garde de notre époque de grand progrès à reculons. À chaque époque l’avant-garde qu’elle mérite !

Enfin, tout le monde ne la mérite peut-être pas. Il y a quelques personnes dans les rues en ce moment qui demandent – pacifiquement - une retraite normale.

Nous sommes avec eux !

P.G.

 

 Congrès de la fédération 69

Le congrès de la fédération du Rhône a eu lieu samedi 28 janvier à Bron.

Le rapport moral et d’activité reproduit ci-dessous a été adopté à l’unanimité, ainsi que le rapport financier. Le montant de la cotisation n’a pas changé.

Le Bureau sortant a été reconduit. S’ajoutent deux noms à sa composition : celui de notre camarade Pierre-Yves Modicom, précédemment membre de la fédération de la Gironde, et dont la candidature à la Commission Administrative Nationale est présentée par la fédération du Rhône.

Et celui de Luc Gemet, membre de l’association des victimes de l’Église et animateur de l’association des victimes du P. Ribes, en tant que membre associé au Bureau. Bienvenue à tous deux !

 

Rapport moral et d’activité 2023

présenté par le Bureau de la Libre Pensée du Rhône et approuvé au congrès de la fédération

 

Ce rapport couvre la période depuis la précédente assemblée de congrès, le 15 janvier 2022.

 

Scandales de l’Église et indemnisation des victimes

L’année 2023 aura incontestablement été marquée par l’action entreprise auprès des victimes des crimes de l’Église pour obtenir juste réparation. Notre fédération a occupé une place particulière.

Reportons-nous en arrière. Début 2022, nous annoncions le début d’une démarche pour rendre publique la réalité des biens de l’Église dans le cadre d’un travail de la FNLP.

Ce travail a été accompli, il a contribué à la publication de l’ouvrage sur les richesses de l’Église et ses répercussions médiatiques, dont nous ne mesurons pas encore toute l’ampleur à la date où nous écrivons.

La lecture critique des comptes du diocèse de Lyon a été faite par un de nos adhérents, que nous remercions.

Le reste n’était pas planifié. Pour faire bref, rappelons les principales étapes : d’abord une rencontre, à l’occasion d’une mise en scène théâtrale, avec des victimes du P. Ribbes ; des réunions publiques dans plusieurs communes des monts du Lyonnais ; l’expertise comptable des comptes du diocèse ; une première conférence de presse avec les victimes, celles de Ribbes et d’autres. Naît alors l’idée d’une association, que nous aidons à constituer ; un n° spécial de l’An II, à diffusion nationale, avec des témoignages, des analyses sur le caractère « systémique » de la pédo-criminalité dans l’Église, les polémiques nées de la publication du rapport Sauvé, et des revendications qui deviennent de plus en plus claires dans un domaine que nous découvrons.

Alors que les affaires se multiplient, comme celle – extraordinaire - des Inuits venus à Lyon du Canada, nous décidons d’une journée de mobilisation, avec conférence de presse et réunion publique. Nous avons compris à cette date que toute initiative tournée vers l’archevêché était une impasse et revenait à s’en remettre à une bien hypothétique charité chrétienne. La demande d’expertises indépendantes que refusent les instances de réparation, appuyées sur une interpellation de l’État français qui n’a rien répondu aux questions et recommandations du comité des Droits de l’Enfant de l’ONU.

Saluons le travail de notre camarade Keith Porteous Wood, porte-parole de l’AILP accrédité auprès de l’ONU. Un travail colossal à la mesure des crimes de l’Église sur les cinq continents, et en France en particulier.

Un travail qu’il continue de porter par une nouvelle salve de questions à l’ONU, alors que la question posée au gouvernement français sur son absence de réponse a été reprise par un député LFI.

La balle n’est plus dans notre camp.

Toute action suscitant une réaction, nous ne sommes pas surpris d’avoir subi des attaques aussi anonymes que malveillantes sur les réseaux sociaux. Des reproches parfois très surprenants quand on nous taxe « d’anticléricalisme » ! L’Église a des relais et se défend. Il n’y a pas là de quoi s’émouvoir, ce n’est pas nous qui nous trouvons en mauvaise posture : mise en cause dans son hégémonisme moral, menacée au niveau du porte-monnaie, l’Église catholique est profondément divisée entre ceux qui veulent sauver la face, faire la part du feu et ceux qui éprouvent de la honte, tout simplement.

Nous n’avons rien à craindre, mais l’adversaire est de taille !

 

Loi « Sécurité globale » et CER (Contrat d'Engagement Républicain)

En 2021 et 2022, nous nous sommes opposés aux lois sur la « sécurité globale » et « séparatisme », et nous avons alerté sur les conséquences prévisibles du Contrat d’Engagement Républicain, dès le retour du congrès de Voiron. Nous avons expliqué qu’une association « loi 1901 » ne serait plus une association libre, mais une corps intermédiaire chargé de suppléer l’État dans sa fonction de surveillance, le contrôle a posteriori des subventions versées par l’État ou les collectivités, avec possibilité d’en imposer le remboursement, plaçant au-dessus d’elles une épée de Damoclès. À moins évidemment de partager les conceptions gouvernementales et ce qu’on appelle les « valeurs » de la République (non les principes). C’est pour expliquer cela que le 14 octobre, nous avons organisé une conférence à Villeurbanne avec Christian Eyschen, secrétaire général de la FNLP.

Or Laurent Wauquiez a trouvé utile de produire un CER propre à la région Auvergne-Rhône-Alpes empiétant sur les compétences de l’État (quoi qu’on pense de la loi votée par le Parlement). Une fronde s’organise chez les associations, qui prend même la forme de recours juridiques. Il nous faut aider ce mouvement à s’organiser. C’est pourquoi fin février nous prenons l’initiative d’une réunion publique sur la « liberté de conscience » en nous adressant aux autres fédérations LP d’Auvergne-Rhône-Alpes, et aux représentants du mouvement associatif.

Pacifisme

L’année 2022 a connu deux événements majeurs, sur des plans très différents. Il y eut d’abord le vote de la loi portant réhabilitation des fusillés pour l’exemple à l’Assemblée nationale, vote qui doit être confirmé par le Sénat. L’autre événement est l’irruption de la guerre en Ukraine, qui rend notre combat pacifiste encore plus actuel.

Le sort des Russes qui refusent d’être appelés à porter les armes, menacés même de la peine de mort par le régime de Poutine, est très comparable à celui de nos fusillés de la 1ère guerre mondiale. Pour autant il n’est pas question d’exonérer l’OTAN de sa responsabilité dans le déclenchement du conflit.

C’est ce qui a été rappelé par les organisations présentes le 11 novembre au monument aux morts du Parc de la Tête d’or, réunis sur des mots d’ordre clairs :

Réhabilitation collective et républicaine des fusillés pour l’exemple de la guerre 1914-1918

Non à la guerre, non à toutes les guerres – Arrêt des OPEX de la France

Non à la militarisation de la jeunesse – Abandon du SNU

Arrêt des bombardements et des tueries en Ukraine !

Arrêt de toutes les ingérences militaires, économiques et politiques en Ukraine !

Ni OTAN, ni Poutine ! À bas la guerre ! Pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes !

La paix est l’avenir des peuples ! Les peuples du monde entier veulent la paix !

 

La question sociale est inséparable du combat contre la guerre.

L’augmentation du budget de l’armée est d’autant plus scandaleuse que l’école, la santé, et tous les services publics souffrent d’asphyxie. À cet égard la présence conjointe de l’UD-FO et de l’IHS-CGT faisaient sens.

SNU (Service National Universel)

Du point de vue des engagements volontaires, le SNU est actuellement un four : seulement 23 000 volontaires, conflit larvé entre l’armée et l’Éducation nationale pour l’encadrement du dispositif (même si l’armée s’invite de plus en plus régulièrement dans les établissements scolaires). Le gouvernement Macron s’est engagé dans une logique militariste d’encadrement de la société et particulièrement de la jeunesse, qui tient autant à la crainte d’une révolte sociale qu’au soutien à l’OTAN dans la guerre à en Ukraine. Mais les deux sont liés. Le budget de l’armée explose, alors que le système de santé est en ruine, et que l’école ne se porte guère mieux.

Le gouvernement Macron s’apprête à rendre obligatoire le Service National Universel. Cela va tout changer.  L’existence de deux « collectifs » nationaux partagés entre le refus du SNU et la mise en place d’un SNU 

« différent » est un problème nationalement. Mais dans le Rhône, le seul collectif constitué est entré en sommeil depuis la crise du COVID, il nous appartient de relancer une action commune avec les associations attachées au pacifisme et à la liberté de conscience, car les jeunes ont bien d’autres soucis qu’apprendre à marcher au pas.

La mise en place participant de la même logique que la loi « séparatisme », elle posera d’ailleurs la question de l’objection de conscience.

En mémoire de la Commune

La proposition de poser une plaque commémorative aux victimes lyonnaises du 30 avril 1871, à la Guillotière. a été « oubliée » par la municipalité au prétexte d’une situation tendue place Gabriel Péri. Nous avons quand même procédé à l’exposition d’une plaque fictive, avec l’IFS-CGT et les Amis de la Commune, et la presse en a rendu compte positivement.

Le travail réalisé à cette occasion nous a permis d’approfondir l’histoire de la Commune de Lyon, qui anticipa celle de Paris de plusieurs manières, et des pans de l’histoire de la Libre Pensée à Lyon, qui se confond partiellement avec celle de l’AIT. C’est ainsi que nous sommes entrés en contact avec l’historien Matthieu Rabbe, interviewé dans la Raison. Pour la plaque, nous ne laissons pas tomber. Après une nouvelle auprès de la Maison des Projets chargée de faire revivre le quartier, nous comptons organiser une réunion publique sur les événements de la Guillotière.

Féminisme

Notre féminisme n’est pas celui d’une certaine petite bourgeoisie fourvoyée dans une guerre des genres, il est l’exigence d’une réelle égalité des droits (droits à un vrai travail et à un vrai salaire, à la santé, à l’éducation) et au droit de la femme à disposer de son corps.  Les militantes ouvrières et libres-penseuses qui ont incarné ce combat ne manquent pas dans notre histoire : Marie Bonnevial, mais pas seulement.

C’est ce que nous avons rappelé lors d’une « causerie » à l’espace Tonkin, puis à l’invitation des retraités de Villefontaine faisant suite à la pièce « Une de vos Filles ».

Vie de la fédération et perspectives

Au bilan, la fédération est active, incontestablement, et nullement isolée. Nous commençons même à nous faire une (petite) place dans les médias, de haute lutte. Le problème est principalement celui des adhésions. Le nombre d’adhérents n’est pas en rapport avec les tâches que nous avons entreprises. Il y a nécessité de renforcement et de rajeunissement. C’est pourquoi nous tiendrons une réunion publique fin février autour de la « liberté de conscience » avec pour objectif – outre le combat contre le CER- de gagner les nouveaux adhérents potentiels.

En juin aura lieu la préparation du congrès national. Dans l’esprit de ce que le congrès a appelé, faute de mieux, la « confédération laïque », nous proposons d’ouvrir une partie de notre assemblée aux associations amies.

Rien ne justifie, au regard des problèmes démocratiques et sociaux, la dispersion des forces attachées à la laïcité, il faut se regrouper. La Libre Pensée a les atouts pour être au cœur de cette dynamique à créer.

ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ DES LIBRES PENSEURS DE FRANCE

 

assistance et la bienfaisance aux Libres Penseuses, libres penseurs, leur famille proche, confrontés aux aléas de L’EXISTENCE : Secours d’urgence, aides ponctuelles ou sur la durée. ¨Par exemple : aide pour prothèse dentaire, aménagement domicile dans une situation de handicap, pour payer le loyer en EHPAD ou un plan d’aide à domicile, pour la scolarité (bourses d’études).

Aide à des associations laïques de bienfaisance agissant pour la liberté de pensée en France, dans le monde, françaises ou étrangères, partageant les objectifs de la Libre PENSÉE (Exemples : Aide à « Tadamoun Wa Tanmia » pour la scolarisation des enfants libanais et déplacés syriens à Saïda, au LIBAN - Soutien en 2021, à deux programmes de l’UJFP, l’un d’aide à des agriculteurs dans la bande de GAZA, l’autre « Gaza, urgence déplacés », après les bombardements israéliens de mai 2021  – Aide à « Un enfant, un cartable» pour la scolarisation des enfants de familles très démunies, au SÉNÉGAL).

Soutien aux Libres Penseurs, aux amis de la Libre Pensée et à leurs familles, persécutés, en danger.

Amies, amis de la Libre pensée, Libres penseuses, Libres penseurs

Renforcez nos capacités d’assistance, de solidarité

Devenez bienfaiteur -faites un don –un legs – faites bénéficier entraide d’une assurance-vie

Pour ton contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 Contrat d'engagement républicain

Le principe de cette lettre adressée au maire de Lyon et aux maires d’arrondissement, a été adopté le 24 février au cours d’une réunion d’échange sur la liberté de conscience au palais du Travail de Villeurbanne. Sa diffusion sera élargie aux maires d’autres communes de la Métropole, là où la possibilité d’un échange avec les élus sera établie.

Son contenu porte sur le Contrat d’Engagement Républicain qui est une atteinte caractérisée à la liberté d’association. Mais la mise en place du CER intervenant en même que la généralisation du Service National Universel, on voit d’autant mieux qu’une mise au pas de tout ce qui peut ressembler à de la contestation ou à une forme de désobéissance civile est l’un des buts poursuivis.

Avec le SNU, l’armée a accès au public d’âge scolaire pour faire sa promotion (de 15 à 17 ans, donc pour la première fois des mineurs), tout en leur déniant le droit à l’objection de conscience.

L’incitation à un engagement conforme « aux valeurs de la République », vanté à grand renfort de publicité et de moyens, n’est pas la même chose que l’engagement militant personnel, lequel peut prendre la forme de la désobéissance civile. Celle-ci a montré dans le passé à quel point elle pouvait être facteur de progrès : qu’on songe au mouvement des droits civils aux Etats-Unis, aux actions menées contre la guerre au Vietnam ou en Algérie, au droit à l’IVG. Et aujourd’hui : aide aux migrants ? questions environnementales ? mariage pour tous ? cause animale ? pacifisme ? Avec le SNU, on risque d’avoir un tri sélectif qui fera plus de place aux actions caritatives qu’à la critique sociale.

Sur toutes les questions évoquées ci-dessus chacun aura son avis. La Libre Pensée, pour qu’il n’existe pas de vérité révélée, la liberté de conscience n’a pas à être encadrée. C’est à l’école et à elle seule de donner au citoyen les moyens d’exercer ses capacités d’analyse. Qu’elle y parvienne toujours, en 2023 et dans le cadre de ce qu’est devenue l’Éducation nationale, ceci est une autre histoire !

Lettre au Maire de Lyon

Lyon, le 14 mars 2023

À M. le maire de Lyon

Copie à MM / Mmes les conseiller(e)s d’arrondissement

Objet : Contrat d’engagement Républicain

Monsieur le Maire,

Comme vous le savez, le Contrat d’engagement Républicain est désormais soumis aux associations ou fondations sollicitant soit des subventions ou aides matérielles, soit des agréments, soit des demandes ou renouvellements d’utilité publique.

Ce contrat d’engagement est mis en place en application de la loi dite « de renforcement des principes de la République » du 24 août 2021.

La loi séparatisme institutionnalise une défiance de l’État à l’égard du monde associatif, défiance qui s’étend aux élus locaux. En effet, cette loi, notamment via le CER, institue un droit de regard de l’État sur les financements versés par les collectivités territoriales aux associations, qui disposaient jusqu’alors d’une liberté quasi-totale.

La Libre Pensée s’est prononcée dès l’origine contre cette mesure qui aboutit à limiter la liberté formalisée dans la loi de 1901.

La raison en est simple : ce que la loi n’interdit pas constitue le champ dans lequel s’inscrit toute liberté, et donc la liberté de conscience sur laquelle aucun contrôle administratif ne saurait s’exercer. Le méconnaître, c’est entrer dans une logique d’interprétations arbitraires et problématiques. C’est restreindre les valeurs dites « de la République » aux seules valeurs consensuelles, et appauvrir singulièrement le débat démocratique.

Si le Contrat d’engagement Républicain n’était qu’un rappel à la loi, il serait déjà inutile, puisque nul n’est censé ignorer cette dernière. Malheureusement, il est dans la logique du Contrat d’engagement Républicain d’aller au-delà d’un tel rappel.

Les dérives qui commencent à se multiplier ne sont pas accidentelles, elles sont la conséquence trop prévisible de l’application du CER.

Depuis la première alerte a été l’intervention du préfet de la Vienne pour faire retirer par la municipalité de Poitiers le soutien financier au « Village des Alternatives » organisé par l’association Alternatiba Poitiers, les points de conflit se sont multipliés.

La logique des chartes et des CER ne peut qu’aboutir à la constitution de féodalités, au gré des choix idéologiques des élus locaux ou régionaux, sans oublier l’intervention possible des préfets, et à multiplier les recours administratifs. Comme vous le savez, M. Laurent Wauquiez a fait adopter son propre Contrat d’Engagement Républicain pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est une nouvelle source d’arbitraire et de confusion juridique.

Les associations musulmanes étaient visées par la loi 2021. De ce point de vue, le CER n’a pas eu de portée, aucun rôle direct d’acteurs associatifs n’ayant jamais été pointé dans la radicalisation islamiste.

Mais ce sont les acteurs écologistes ou altermondialistes qui sont inquiétés, ainsi que le Planning familial. Et demain : les syndicalistes ? On peut tout imaginer.

C’est l’ensemble du monde associatif qui a fait connaître son opposition au CER. Parmi les motifs d’inquiétude qui reviennent régulièrement, figurent l’insécurité financière qui découle du retrait rétroactif des subventions, et l’idée de responsabilité collective qui aboutit à faire des associations des supplétifs de l’Etat.

Il vous est demandé de mettre en œuvre le Contrat d’Engagement Républicain.

Nous pensons qu’un vœu soumis à délibération en Conseil Municipal demandant l’abrogation du CER et s’engageant à ne lui donner aucune portée quant aux demandes relevant de la municipalité serait de nature à satisfaire tous les acteurs de la vie démocratique.

Une telle initiative ne serait pas sans précédent : c’est ainsi qu’à Dijon douze associations signataires ou non-signataires du CER se sont adressées au maire dans un sens analogue, à propos d’une Charte de la laïcité. Parmi ces associations figuraient la Ligue des Droits de l’Homme, qui ne souhaitait pas signer « pour respecter le principe d’autonomie associative » et deux associations de Libre Pensée, pour toutes les raisons que nous venons d’exposer. Ce point de vue a été pris en compte, et l’obligation de signature a été retirée.

Nous sommes bien entendu prêts à vous rencontrer, et même très désireux d’avoir avec vous un échange sur ces questions. (…)

P. GIROD

SOUTIEN AU COLLECTIF MINEURS MIGRANTS

En région lyonnaise aujourd’hui, environ 180 mineur(e)s non accompagné(e)s se retrouvent sans droit, sans aucune ressource ni prise en charge institutionnelle. Le collectif mineurs/migrants pose la question : « Comment comprendre que la Métropole de Lyon qui se revendique accueillante et dispose d’un budget de près de quatre milliards d’euros, ne prenne pas en charge ces jeunes qui, selon les conventions internationales, européennes et la loi française, doivent être protégé.es ? »

La Libre Pensée du Rhône exprime son soutien à l’action du collectif qui demande, entre autres choses, l'explicitation dans la loi du respect de la présomption de minorité pour la personne se déclarant mineure isolée, comme le préconise la Défenseure des Droits, la Cour Européenne des Droits de l'Homme et le Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU ; et « en attendant cette clarification légale, que la Métropole de Lyon et la Préfecture mobilisent les moyens nécessaires pour que ce principe soit respecté et qu'aucun.e mineur.e ne se trouve abandonné.e à la rue dans le territoire métropolitain. »

 les abusés de l'église

Dépose des vitraux dans les églises du Lyonnais :

c’est à l’Église de financer les travaux !

 

Le maire de Charly (Rhône) vient d’annoncer la décision de désinstaller les vitraux visibles dans l’église de sa commune, productions de Louis Ribes. Sous couvert artistique, cet ancien formateur au séminaire de Vienne-Estressin faisait poser nus des centaines d’enfants.

Il a commis des viols et agressions sexuelles sur au moins 49 d’entre eux (victimes déclarées au diocèse, mais combien ne parleront jamais ?) avant, pendant et après les poses.

Il jouait de son prestige « d’artiste » et de son autorité morale de prêtre pour manipuler les victimes et leurs familles, tout en naviguant entre les trois diocèses de Lyon Grenoble et Saint-Etienne.

Le diocèse de Lyon porte la lourde responsabilité d’avoir sciemment ignoré les signaux d’alerte.

Dès 1977, un séminariste informait pourtant la hiérarchie de la découverte qu’il avait faite de centaines de photos et de dessins pour le moins accusatrices.

En 1992, l’épouse d’une victime dénonce également les faits. En 2015, c’est l’évêque de Vienne et le cardinal Barbarin de Lyon qui sont à nouveau informés. L’Église n’a rien fait.

Aujourd’hui encore, l’idée de savoir les « œuvres » de Louis Ribes encore visibles (dans six églises entre région lyonnaise et monts du Lyonnais) ravive la douleur des victimes et de leurs familles.

Leur traumatisme n’a pas été pris en compte non plus à sa mesure par les instances dites « de réparation » comme l’INIRR, sinon de façon tardive, administrative et nettement insuffisante.

Ces faits, mis en lumière dans l’émission « Complément d’enquête : l’impossible réparation », sont désormais connus. Il semble que seul le souci de préserver son image, bien dégradée, amène l’Église à changer un peu aujourd’hui de discours, … bien tardivement !

A Dième, Charly, Sainte-Catherine, Givors, Loire-sur-Rhône, Caluire, les vitraux sont encore visibles, dont on a seulement parfois, comme à Dième, ôté la signature. A Charly, une responsable diocésaine a réaffirmé un « engagement financier ». Jusqu’à présent, les engagements du diocèse n’ont pas été suivis d’effet. Dans un premier temps, l’aide proposée était simplement le don de vitraux de remplacement, disponibles ou venant d’églises désaffectées, laissant aux communes les frais des travaux.

Les choses évoluent.

Au printemps dernier, le maire de Sainte-Catherine (Rhône) avait annoncé son accord pour procéder à l’enlèvement aux frais de sa commune. On ne saurait lui reprocher une démarche qui prend en compte le traumatisme des victimes, alors que l’Église s’en est montrée incapable. Son attitude tranche également avec celle du gouvernement français, qui n’a jamais constitué de commission d’enquête après la révélation du caractère « systémique » des crimes d’Église par le rapport de la Ciase ; et qui n’a jamais répondu aux questions du Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU sur ce sujet, ni aux interpellations de deux parlementaires sur ce sujet.

Pour autant ce n’est pas aux contribuables de payer !

La Fédération du Rhône de la Libre Pensée réaffirme son soutien à l’Association des victimes de Louis Ribes et répète, dans cette affaire des vitraux comme pour les répartitions financières :

 

L’ÉGLISE DOIT PAYER !

Et que d’ailleurs, comme si on pouvait encore en douter :

L’ÉGLISE PEUT PAYER !

NB : La pétition de l’association peut être signée en ligne sur : https://www.mesopinions.com/petition/enfants/eglise-payer-retrait-productions-pedocriminel-abbe/200341

UN LIVRE ESSENTIEL, sous la direction de Dominique GOUSSOT

INDEMNISATION DES ABUS SEXUELS SUR MINEURS. L'ÉGLISE DOIT ET PEUT PAYER !

 

On l'a toujours su, mais on n'imaginait pas à quel point les abus sexuels, principalement sur mineurs, étaient courants au sein de l'Église catholique. La Commission présidée par Jean-Marc SAUVÉ, ancien président du Conseil d'État, a révélé qu'en quelques décennies, des centaines de milliers d'enfants, garçons et filles, auraient été abusés par d'innombrables prêtres de l'Église catholique. Contrainte à plaider coupable celle-ci a dû, sous une énorme pression, envisager une indemnisation a minima des victimes, plaidant de "sa pauvreté".

Mais une autopsie superficielle des biens de l'Église de France faite par la Libre Pensée estime que ceux-ci s'élèvent AU MINIMUM à huit milliards d'Euros. Une indemnisation convenable des très graves préjudices causés s'élèverait à deux milliards. Ce livre fait un bilan (non exhaustif) de ces biens les plus visibles.

"Et en pénitence, vous devrez trois Pater, deux Ave… et deux milliards"

272 pages - 12 € aux Éditions de la Libre Pensée

 Libres propos, libres pensées

L'Illusion Démocratique : "Légalité" ou "Légitimité" du Pouvoir ?

 

SUISSE : "Selon notre Constitution où est gravée la Démocratie Directe, chez nous, c’est le peuple qui décide quels projets sont à réaliser, et non pas le gouvernement !"

cf. la Conseillère nationale suisse SEILER-GRAF commentant le rejet par le gouvernement "pour raisons techniques" d'une initiative populaire aboutie devant constitutionnellement amener à un référendum sur l'achat d'avions d'attaque US F35, et selon elle "parce que les "serviteurs du peuple souverain" en ont marre de ne pas pouvoir faire ce qui leur plaît."

Le gouvernement suisse a enfin pu acter l'achat des F35 litigieux sans demander son avis à la population !



En un temps où notre gouvernement s’efforce de créer un lien malhonnête et scandaleusement frauduleux entre son CNR (Conseil National de la Refondation) et le VRAI CNR (Conseil National de la Résistance) fondé en pleine guerre en 1943 par Jean Moulin, héros qui a sacrifié sa vie à l'idéal de liberté, avec les Résistants de tous bords, et ses extraordinaires réalisations industrielles et sociales d'après-guerre dont tous les français ont bénéficié, il est bon de méditer un peu sur la thèse d’un intellectuel bengali, Partha CHATTERJEE, sur la vraie légitimité d'un pouvoir et son acceptation par les citoyens.

Selon lui, à notre époque, la légitimité d’un pouvoir découle de moins en moins de processus électoraux et d'institutions prétendument "démocratiques" périodiquement réactivés lors d'élections cycliques et très distantes, mais dont on se rend compte que toujours moins de gens dans le monde y croient encore. Ils ont beau voter (et de par leurs déceptions cumulées avec de plus en plus de réticence), ils se rendent compte que leurs aspirations et décisions ne sont jamais respectées quand elles ne sont pas simplement piétinées : cf. le référendum de 2005, dont le résultat net et sans appel a été "légalement" contourné, usage "légal" et répété d'oukases scélérats (du type 49-3), qui abrogent tout débat législatif (cf. les lois "Travail" El Khomri ou "Retraites" très largement rejetées par l'opinion publique), décisions "légales" d'une "Cour Suprême" (USA) où seulement cinq (sur neuf) quasi-gérontes nommés à vie au bon vouloir d'un président transitoire peuvent l'emporter sur une opinion publique largement majoritaire.

 

Mentionnons aussi les institutions de l'UE dites "indépendantes" (et évidemment non élues) : Commission, Banque Centrale, Cour de Justice européennes, qui sont les outils majeurs de l'élaboration d'un Droit européen qui n'est en réalité que le programme économique ultra-néolibéral de déconstruction ciblée et systématique des droits nationaux et sociaux existants d'États européens encore prétendus "souverains", le tout en plus parfaite mais obscure "légalité démocratique".

N'oublions pas le Sénat, cette chambre conservatrice inutile et incroyablement coûteuse par les innombrables privilèges de ses sénateurs et agents, dont le rôle structurel est d'approuver avec ardeur toute mesure réactionnaire et de tuer dans l'œuf toute mesure quelque peu progressiste venant de l'Assemblée Nationale.

Tout cela porte un nom : Démocrature.

Définition Google : "La démocrature est définie comme étant un régime politique qui, par son système d'élection est démocratique, mais où la réalité de l'exercice du pouvoir penche vers la dictature par la suppression de l'État de Droit. La démocrature est par conséquent un simulacre de démocratie."

   En bref : un système constitutionnel biaisé à la base pour ne laisser aucune chance au dèmos.

D'où un hiatus s'amplifiant d'année en année entre "légalité" et "légitimité", hiatus que les citoyens constatent et estiment de plus en plus insupportable, en France et dans le monde réputé "démocratique".

Ce que l'on nomme avec mépris "populisme" (mot très péjoratif issu d'un mot jugé vulgaire : "peuple") n'est-il pas simplement une exigence de respect et de considération pour les aspirations et besoins essentiels des populations ?

Et pas uniquement des intérêts d'oligarques dont on constate l'indécent et inconcevable enrichissement ***, et la clique de leurs innombrables larbins qui, élus, hauts-fonctionnaires, médiacrates, sont in fine récompensés par des pantouflages dorés quand ils ont "bien fait leur travail" … de démolition, alors que la société se délite.

Selon CHATTERJEE la légitimité d’un pouvoir et l'acceptation de bon gré de son autorité régalienne découlent essentiellement du contrat social de cohésion nationale liant étroitement les citoyens à leur État, ses institutions et leurs délégués dûment élus.

Selon lui, sous son autorité élue, juste, vigilante, contraignante, (et sous contrôle !) l'État doit veiller au respect de diverses valeurs sociales bénéficiant à la majorité des citoyens puisque telle est la règle de base de la démocratie.

Le devoir d'un État réellement démocratique (et non caché derrière des mots creux, alibis pour anesthésier l'opinion) est de procurer à tous ses citoyens les plus élémentaires des Droits de l'Homme : la possibilité pour chacun, en lui en donnant les moyens de vie et d'éducation, de mener une vie digne et libre selon ses capacités et aspirations, en paix sociale et en sécurité civile.

En un mot de ne pas être vu comme un consommateur passif d'objets ou de services à abrutir de publicités et de propagande mais comme un citoyen institué, conscient et responsable.

 

De ne pas être exploité par des charognards soucieux de tirer la moindre once de profit du moindre besoin ou activité humains, d'être à l'abri des abus de pouvoir : étatique, (habeas corpus) entrepreneurial, individuel par la puissance physique, fonction, argent, sexe ou toute autre possible forme d'abus, grâce à une justice accessible à tous, impartiale et équitable.

 

Le droit d'être informé de façon vaste, diversifiée, impartiale, extensive et non être soumis à un lavage de cerveau permanent destiné à détourner et formater l'opinion où la moindre contradiction est blâmée "complotiste".

En effet quel attachement viscéral peuvent avoir les citoyens à un État qui requiert d'eux le paiement de taxes, impôts, sanctions diverses : la révolution américaine était motivée par le slogan "Pas de taxation sans représentation !"

 

Mais de vraie représentation, car : sommes-nous (le peuple) réellement représentés par nos élus ? Sont-ils vraiment "les serviteurs du peuple souverain" ? Quels sont leurs origines sociales, connexions, desseins et intérêts personnels ? Quel pourcentage proportionnel de la population en ouvriers, employés, classes moyennes ? Un tirage au sort serait sûrement bien plus équitable !

S'ils ont reçu certes une éducation supérieure à la majorité des français, sont-ils par essence ou naissance d'une intelligence supérieure ?

Alors que nos services publics s'effondrent faute de moyens, les citoyens savent trop bien que certains modernes "ci-devant" échappent impunément et effrontément à l'impôt et bien trop souvent très légalement au sein même de l'UE (c'est sa raison d'être !)

Car lorsqu'on nous parle d'inflation, on ne mentionne jamais l'inimaginable hyper-hyper-hyper inflation des profits *** et prébendes de soi-disant "élites" qui ne sont jamais qu'une résurgence exacerbée à l'extrême de l'esprit de classes ou de castes dont le peuple français a voulu se débarrasser par leur révolution de 1789.

   Pour être respectable (et respectée), la Démocratie doit-elle être légitime ou se satisfaire d'être légale

Auquel cas elle a failli à sa raison d'être.           RJ



 

*** QUI A DIT QUE L'ART N'A PAS DE PRIX ? ATTENTION AU VERTIGE !

Petite chronique du marché de l'art (ou dollar ?) :

Les Échos nous apprennent que la vente aux enchères à New York d'une partie de la collection de Paul ALLEN, co-fondateur de Microsoft disparu en 2018, a atteint le montant ahuristronomique d'un milliard et demi de $. Calculons un peu : La somme exacte est de 1.506.386.000 $, soit 1.492.385.272 € à la date de la vente, pour 61 tableaux (dont un Georges Seurat vendu seul à 149,24 millions de $ !) Ce montant si énormissime qu'il en est abstrait pour nous représente donc en mois de SMIC net 2023 (1.353 €)

1.492.385.272 € / 1.353 € = 1.103.019 MOIS de SMIC / 12 = 91.918 ANNÉES de SMIC /100 =

919 SIÈCLES de salaire d'un travailleur payé au SMIC

PRESQUE 92 MILLÉNAIRES !

Ces incroyables aberrations sont "légales" mais sont-elles "légitimes" ? Ne devraient-elles pas être illégales ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2023 01 AN II

 ÉDITORIAL

 

 

Une convention-cadre avec les établissements privés sous contrat, portant sur la période 2022-2027, a été adoptée vendredi 16 décembre au Conseil régional.

Avant 2016, le soutien régional aux lycées privés était de 8 millions d’euros par an.

Laurent Wauquiez, président de Région a, dès 2016, fait le choix d’investir pour les lycées privés d’Auvergne-Rhône-Alpes à hauteur des subventions au public, avec égal accès à tous les dispositifs régionaux.

Entre 2016 et 2021, 188 millions d’euros ont été débloqués pour l’enseignement privé.

Ce soutien vient d’être réaffirmé via l’adoption d’une "convention pluriannuelle de confiance". L’investissement sera de 120 millions d’euros pour l’enseignement privé entre 2022 et 2027.

Exemples de projets portés par le privé et soutenus par la Région : construction du nouveau lycée Sainte-Marie à Meyzieu, soutenu à hauteur de 2,8 millions, reconstruction du lycée professionnel Notre-Dame-du-Château de Monistrol-sur-Loire, financé à 50% par la Région, soit 5,8 millions d’euros, ouverture de nouvelles classes au lycée Sainte-Famille à la Roche-sur-Foron, financée à hauteur de 223 000 € par la Région.

 

Et « en même temps » (dirait Macron) …

Le Contrat d’Engagement Républicain de la Région AURA vient s’imposer aux associations pour prétendre aux subventions de la Région.

Ce CER est distinct de celui qui a été adopté légalement et transmis aux préfectures.

C’est déjà un problème. Dans une (première ?) version du CER AURA, il est question d’interdire toute « tenue vestimentaire prosélyte » dans l’espace public, mesure qui outrepasse le texte du CER national. Mais des associations ont signé une convention qui ne comporte pas cette mention.

Notons que la notion de tenue « prosélyte » est elle-même fort problématique : comment la définir ?

À partir de quelle longueur de tissu ?

Questions insolubles qui ont été abordées lors de la conférence donnée par Christian Eyschen le 14 octobre à Villeurbanne. Le caractère totalitaire du CER y a été démontré, en ce qu’il entend imposer un contrôle au nom de « valeurs » relevant d’une idéologie d’état, et distinctes des « principes » clairement identifiés, au nombre desquels la laïcité institutionnelle.

Par une « Adresse aux maires », la Libre Pensée suggère aux élus territoriaux de ne pas appliquer le CER, en acte de résistance.

Elle soutiendra toute initiative des associations contre le CER, qu’il émane de directives régionales ou nationales. Elle a décidé de s’adresser à l’ensemble du monde associatif.

 

À ce propos : une conférence commune LDH et Libre Pensée Libre Pensée sur la loi "séparatisme" contre les associations et la liberté de conscience a eu lieu à St-Etienne, dont le contenu était très proche de celle de Villeurbanne.

La Libre Pensée a réalisé une brochure qui contient les exposés des deux intervenants, les questions de l’assistance et les réponses des deux intervenants, Christian Eyschen et Daniel Boitier, de la LDH (16 pages, 2 €).

Vous pouvez la demander par mail à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Et pour avoir un exemple d’hypocrisie à l’état pur, il suffira de rapprocher les mesures pro-privé évoquées au début de cet article de l’engagement n° 1 du CER « AURA » :

RESPECT DES LOIS DE LA RÉPUBLIQUE
Le respect des lois de la République s’impose à tout bénéficiaire de subventions régionales, qui ne doit entreprendre ni inciter à aucune action manifestement contraire à la loi, violente ou susceptible d’entraîner des troubles graves à l'ordre public.

"Le bénéficiaire s’engage à ne pas se prévaloir de convictions politiques, philosophiques ou religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant ses relations avec les autres collectivités publiques.

Il interdit le port de tenues vestimentaires traduisant une quelconque forme de prosélytisme religieux dans un équipement public, à l’exception des représentants des cultes. Il s’engage à ne pas remettre en cause le caractère laïque de la République."

Ultra-laïcité en-deçà des murs du privé, cléricalisme au-delà !

P.G.

 

 


 

 

 crimes de l’église

 

 

Repentance, repentance… On n’est pas au bout d’en voir la fin.


 
 

Un nouveau scandale vient de remonter jusqu’au Vatican. Un prêtre jésuite slovène, Marko Rupnik, théologien influent et artiste mosaïste est accusé de nombreuses agressions sexuelles sur au moins neuf religieuses. L’une des victimes affirme avoir dénoncé le religieux aux dirigeants de l’ordre des jésuites, sans qu’il ait jamais été sanctionné.

Rien de nouveau sous le soleil… Cette affaire n’est pas nouvelle, mais on en apprend toujours plus sur le double langage de la hiérarchie. Tout aussi parlante : l’infographie publiée par Le Monde fin 2020

Le 23 décembre, la rédaction du site de revue de presse Il Sismografo, une, référence, a évoqué clairement la responsabilité du pape François : « Dans le cas Rupnik, une part de responsabilité non négligeable et très délicate concerne directement le pape ».  C’est lui qui aurait empêché l’excommunication prononcée par la Congrégation pour la doctrine de la foi. « Comme on le sait, le pape est la seule autorité légitime pour décider en la matière. »

Huit jours plus tard, pour ses vœux du nouvel An, Emmanuel Macron a rendu hommage à « Sa Sainteté Benoit XVI », dont le propre frère est compromis jusqu’au cou dans les affaires de l’Eglise de Bavière. Message aux catholiques… Et quel message !

 

Là encore un problème systémique.

Mais … à la tête de l’État français !

 

 

 

L’Église se défend

Les « débats » initiés sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours de haut niveau, c’est le moins qu’on puisse dire.

La Libre Pensée a été victime d’attaques venues de milieux proches des instances de réparation. Nos actions entraînent logiquement une réaction.

Deux affirmations très surprenantes : la Libre Pensée serait aux mains de la franc-maçonnerie (le GOF serait surpris d’apprendre cela !) et n’aurait pas de légitimité pour demander la réparation des crimes d’Église parce qu’elle est …une organiation anticléricale ! (Sur ce point, au moins ce n’est pas une calomnie).

 

Qui donc pourrait bien avoir intérêt à développer de tels arguments ?

On se le demande.

Lyon, 10 novembre 2022, la Libre Pensée avec les victimes de l’Église :

« L’Église doit payer ! L’Église peut payer ! »

Jeudi 10 novembre a eu lieu la journée organisée par la Libre Pensée du Rhône et « l’Association des abusés de l’Église – Tous ensemble ! », avec la participation de Keith Porteous Wood, président de la National Secular Society britannique, et porte-parole de l’Association Internationale de la Libre Pensée, accrédité auprès de l’ONU et auteur de rapports internationaux sur les crimes d’Église.

Après la conférence de presse du matin, la réunion publique s’est tenue sous la présidence de Maître Jean Sannier, avocat de victimes, qui a tenu un discours critique sur les limites du rapport de M. Jean-Marc Sauvé, rapport qui n’engage en rien les réparations par l’Église.

Il s’agissait d’abord d’alerter l’opinion sur les crimes sexuels de l’institution catholique. Il fallait dénoncer la faillite de cette dernière à apporter une vraie écoute et une réparation aux victimes à la hauteur des préjudices subis, compte tenu du nombre et de la gravité des faits. Chaque semaine continue d’ailleurs à donner lieu à de nouvelles révélations !

Comme le déclarait Nanou Couturier, présidente de l’association : « Peut-on encore croire en la sincérité de cette institution qui a sciemment menti et dissimulé et qui continue via l’affaire Santier dévoilée par la presse ces dernières semaines ? Nous le redisons ici, l’institution catholique n’a ni les compétences professionnelles et encore moins les qualités humaines pour gérer ce genre d’affaires. »

Les deux instances de réparation créées par l’Église, l’INIRR et la CRR, apparaissent donc comme des paravents destinés à protéger l’institution et ses deniers.

 

L’association a pu détailler ses revendications, parmi  lesquelles : une expertise médico-légale individualisée réalisée par des professionnels pour chaque victime, l’indemnisation des survivants parfois en situation de grande précarité qui est la conséquence des traumatismes liés à ces agressions, un provisionnel pour les soins médicaux et psychologiques (parfois à vie) de manière urgente, distincte et sans préjudice de toute indemnisation à venir ; sans oublier le suivi des recommandations du rapport Sauvé, par exemple la prévention des crimes. C’est peu dire que nous sommes loin du compte, et l’Église refuse toute expertise indépendante.

 

Mais au-delà, c’est la responsabilité de l’État français qui apparaît de plus en plus comme le principal obstacle à un vrai traitement du problème. S’il ne s’agissait que de cas isolés, cela se comprendrait, mais avec l’ampleur et le caractère « systémique » relevés par le rapport de la CIASE, la responsabilité de la hiérarchie catholique à tous les niveaux est engagée. L’Église ne saurait être juge et partie. Il ne s’agit pas de laïcité (le viol, que l’on sache, n’a rien à voir avec la liberté religieuse) mais d’ordre public. Il s’agit de victimes en souffrance et de potentielles victimes en danger. On aurait donc pu s’attendre à la création d’une commission d’enquête parlementaire, comme cela aurait certainement été le cas pour d’autres sectes ou religions.

 

Le gouvernement n’a jamais répondu aux questions du Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU, ce qu’il est pourtant tenu de faire. Keith Porteous Wood étant à l’origine de ces questions, s’est longuement exprimé sur la situation à l’échelle mondiale, très disparate, mais où des réponses ont été apportées, comme en Nouvelle-Zélande ou en Australie, à un degré moindre en Europe. Mais qu’en est-il de l’Afrique et de l’Asie ? Les rapports présentés à Lyon par Keith Porteous Wood sont à présent en ligne sur le site de la FNLP. Il y démontre le caractère dérisoire, et invraisemblable du nombre de prêtres mis en cause : pourquoi sont-ils si peu nombreux compte tenu du nombre de victimes ? Il reste des zones d’ombre à explorer, en France et ailleurs.

Et d’abord quant au rôle de l’État : chacun en est persuadé, et c’est un acquis de cette journée du 10 novembre, il ne peut plus se taire. C’est pourquoi une question au gouvernement sera posée par un parlementaire (lettre reproduite en annexe) sur les demandes précises de l’ONU.

Question au gouvernement

Le 6 novembre 2020, le comité des droits de l’enfant de l’ONU s’est adressé au gouvernement français pour lui demander de lui remettre avant le 30 octobre 2021, un rapport incluant les abus sexuels du clergé sur des enfants.  Cette demande (recommandation 21 ci-dessous) précise ce sur quoi le rapport doit porter. Il doit préciser quelles sont : « les enquêtes menées sur les abus sexuels commis par des membres du clergé, les poursuites intentées, et les peines imposées aux auteurs de tels actes, les délais de prescription applicables, les réparations accordées, y compris les indemnisations et les mesures de réadaptation, et les mesures prises pour protéger les enfants contre le risque de subir des abus sexuels de la part de membres du clergé. »

 

Le comité de l’ONU considère donc de facto que l’état français ne peut pas laisser l’Église être juge et partie dans des affaires qui touchent à l’ordre public et à caractère souvent criminel, à une échelle sans précédent. Le rapport de la CIASE présenté par M. Jean-Marc Sauvé le 5 octobre 2021 fait état, rappelons-le, de 330 000 victimes depuis 1950. Ces victimes des abus sexuels de l’église sont des citoyens français à part entière et la responsabilité du gouvernement est engagée. Le rapport de la CIASE a caractérisé comme « systémique » le problème des abus sexuels commis par des représentants du clergé, ce qui interdit de considérer les nombreuses affaires qui continuent à être révélées comme une collection de déviances individuelles devant être traitées au cas par cas. Nous ne pouvons pas considérer l’Église catholique, ni les instances de dédommagement qu’elle a mises en place (INIRR et CRR) comme légitimes pour rendre une justice qui ressortit aux compétences de l’État régalien. Et nous constatons que ce sont des initiatives individuelles de victimes qui ont conduit à la condamnation initiale du cardinal Philippe Barbarin, acquitté en appel.

À ce jour aucune réponse sur ce point précis (les crimes d’Église) n’a été donnée dans la réponse de l’état français au comité des Droits de l’Enfant. Or la convention passée entre l'ONU et les États-parties font obligation à ceux-ci d'apporter une réponse précise et détaillée à toutes les questions posées, comme cela est clairement formulé dans son article 44.

 

Nous vous demandons donc de nous indiquer quand l’état français, représenté par son gouvernement, va établir ce rapport en réponse à la demande du Comité des Droits de l’Enfant.

 

vCommuniqué commun

Pour une laïcité de liberté et d’émancipation

 

La Ligue des droits de l’Homme, Solidarité laïque, l'Union rationaliste, la Vigie de la Laïcité et la Fédération nationale de la Libre pensée sont signataires d'un communiqué commun "Pour une laïcité de liberté et d’émancipation", daté du 8 décembre 2022 :

       
 
   
 

 

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la Fédération nationale de la Libre pensée, la Vigie de la Laïcité, Solidarité laïque et l’Union rationaliste n’ont cessé de rappeler leur attachement à la loi du 9 décembre 1905, loi de liberté et d’émancipation. Leur opposition à toute modification substantielle remettant en cause l’esprit de ce texte fondateur de l’identité républicaine s’inscrit dans une perspective plus large de défense de toutes les libertés publiques.

Or, force est de constater que, sous la pression d’une lecture idéologique imposée par une partie de la classe politique et par certains chroniqueurs ou polémistes, relayée par des médias à la ligne éditoriale douteuse, se confirme une dérive sécuritaire, parfois même teintée de xénophobie, qui n’a rien à voir avec la laïcité telle que reprise par notre Constitution en 1958.

Pour certains, la laïcité doit se muer en marqueur identitaire au travers d’un élargissement de la neutralité de l’administration publique à, potentiellement, l’ensemble du champ social.

Ainsi la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République », dite « loi séparatisme », vient encore renforcer les contraintes, imposées au nom d’un ordre public, à l’exercice des libertés fondamentales réduites à de simples proclamations. Elle ne modifie pas moins de 17 codes et un certain nombre de lois essentielles. Nombre de libertés publiques s’en trouve affectées : liberté de conscience et de culte, liberté d’expression, liberté d’association, droit à l’instruction, libre administration des collectivités territoriales. Le déféré « laïcité » qui vient, ironiquement, prendre place à côté du référé « liberté » accroît la capacité offerte aux préfets de contrôler les actes et décisions des collectivités territoriales ; le « contrat » d’engagement républicain (CER), que toute association qui sollicite une subvention publique doit signer, vient contredire le caractère libéral de la loi de 1901 ; les nouveaux contrôles pesant sur les associations cultuelles tendent vers un régime d’autorisation préalable contre-productif et attentatoire au principe de séparation.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la Fédération nationale de la Libre pensée, la Vigie de la Laïcité, Solidarité laïque et l’Union rationaliste s’inquiètent sur le devenir d’une laïcité devenue aux yeux des pouvoirs publics un instrument de contrainte et de conformation. Plus que jamais, elles dénoncent les dévoiements et dérives qu’elles constatent dans le débat public et affirment leur volonté de défendre la pleine laïcité, principe non partisan de liberté et de paix civile.

Signataires : Fédération nationale de la Libre pensée, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Solidarité laïque, Union rationaliste, Vigie de la Laïcité

Retrouvez la Libre Pensée sur France Culture

 

 chaque deuxième dimanche du mois de 9H40 à 10H

Et sur son site national www. Fnlp.fr

 


 

 féminisme

Le 5 décembre à VILLEFONTAINE : conférence sur le féminisme

« Figures lyonnaises trop oubliées du combat féministes »

 

Merci à nos amis retraité(e)s de Villefontaine pour leur invitation et leur excellent accueil !

Cette conférence faisait suite à la causerie du 8 octobre dernier à l’Espace Tonkin, à l’occasion de la représentation du spectacle « Une de vos filles ». La vie et l’œuvre de Marie Bonnevial y était évoquées, de même que de nombreuses femmes libres-penseuses, syndicalistes, combattantes d’avant-garde pour les droits des femmes. Mais le sujet semble inépuisable !

 

Vous connaissez déjà :

Virginie BARBET, internationaliste, anarchiste et libre-penseuse (voir L’An II n°183)

Philomène ROZAN, dirigeante de la grande grève des ovalistes de 1869, simple ouvrière qui partage avec Virginie Barbet le douteux « privilège » d’avoir été écartée d’un congrès de l’AIT par les hommes de la fraction de Bakounine – contre la préconisation de Marx !

Marie BONNEVIAL (photo de droite), républicaine, syndicaliste, libre-penseuse (voir l’An II n° 182)

Savez-vous que… ?

Julie-Victoire DAUBIÉ (dite parfois Victoire Daubié ou Julie Daubié), née le 26 mars 1824 dans les Vosges, et décédée en 1874, a été la première femme française à s'inscrire aux épreuves du baccalauréat à Lyon en 1861, et la première à l'obtenir le 17 août 1861. C'est aussi la première licenciée ès lettres le 28 octobre 1871, à l'époque où les cours à la Sorbonne n’étaient pas ouverts aux femmes.

Jeanne DESPARMET-RUELLO a dirigé le premier lycée de jeunes filles de Lyon, désormais connu sous le nom de lycée Édouard Herriot. Elle avait suivi des cours de mathématiques à une époque où ni les études, ni les disciplines scientifiques n’étaient ouvertes aux femmes. Elle obtient son baccalauréat puis sa licence. Elle devient directrice de trois établissements scolaires, dont les deux premiers lycées de jeunes filles de France à Montpellier puis à Lyon. Que de difficultés ! Elle doit faire du porte-à-porte pour recruter ses premières élèves. Elle termine sa vie à Villeurbanne. Claire PAUL, professeur agrégée de lettres au lycée Édouard Herriot, a écrit sa biographie.

Valentine de SAINT-POINT, née Anna Jeanne Valentine Marianne VERCELL (1875, Lyon 2e –1953, Le Caire) a été une figure importante de la Belle Époque. Écrivaine, poétesse, peintre, dramaturge, critique d'art, chorégraphe, conférencière, journaliste, et féministe, elle est la première femme à traverser l'Atlantique en avion. Elle a organisé des ballets au Metropolitan Opera de New York avant de s'installer au Caire en 1924. Progressivement redécouverte, elle est connue pour être la première femme à avoir rédigé un manifeste futuristeLe Manifeste de la femme futuriste.

Elle a achevé son existence sous le nom de Rawhiya NOUR-el-DINE (« Zélatrice de la lumière divine »). Convertie à l’islam …mais toujours aussi libre, féministe et ingérable. Demandez au gouvernement égyptien de l’époque.

On pourrait ajouter, à des titres divers : Clémence LORTET, Hélène de MONTGEROULT, Elisabeth ROCHE, Jane GRAND… Il reste du travail !

 

 Libres propos, libres pensées

La privatisation de tout : le meilleur moyen de se débarrasser de la démocratie

 

"Les faiseurs d’opinion européens reflètent le résultat de 70 ans d’américanisation. Surtout en Allemagne, mais aussi en France et ailleurs, depuis des décennies, les États-Unis repèrent systématiquement les jeunes de la relève, les invitent à devenir des "Young Leaders", les invitent aux États-Unis, les endoctrinent à "nos valeurs", et les font se sentir comme des membres de la grande famille transatlantique. Ils sont mis en réseau dans des postes de très haut niveau dans la politique et les médias."

  (Diana JOHNSTONE, journaliste américaine spécialiste des questions européennes et slaves.)

Les U-Européens doivent donc vivre avec cela : des élites politiques et médiatiques (les "clercs" dont Julien BENDA dénonce la trahison dès 1927) complices et dissimulatrices sous influence étrangère, déconnectées des intérêts les plus vitaux de leurs propres peuples, des médias kidnappés par des oligarques, chargés de formater l'opinion et un cynisme dominant.

La catastrophique et honteuse ère néo-libérale que nous vivons a été inaugurée par le couple infernal Thatcher et Reagan qui ont réussi à persuader leurs "chers électeurs" que "l'État n'est pas la solution de leurs problèmes, C'EST le problème".

D'une théorie économique inspirée par les idées libérales de Friedrich Hayek, et promue par "l'École de Chicago" et son gourou Milton Friedman, dont les idées alors jugées absurdes étaient raillées par le courant keynésien dominant à l'époque, ils ont réussi (grâce à l'aide financière intéressée de ses futurs bénéficiaires !) à propager, surtout dans le monde occidental, une idéologie quasi religieuse, convainquant les électeurs que le néolibéralisme "c'est la liberté et la prospérité", que c'est bon pour eux, et que "l'État social" c'est le diable, l'ennemi juré de leurs "vrais" intérêts. Pour leur malheur, ils l'ont cru !  

Ils ont aussi réussi à leur faire croire que le New Deal, certes très imparfait, mais néanmoins une réelle avancée sociale dont ils avaient pourtant bénéficié était une tyrannie étatique.

   Mais l'histrion Reagan, en déclamant les textes rédigés pour lui par ses puissants commanditaires, "oubliait" de conclure ses tirades par : "l'État c'est le problème… du capitalisme", car il se mêlait alors encore trop de vouloir réguler sa tendance naturelle aux excès. C'est fini !

   La soi-disant "Construction Européenne" inspirée par Jean Monnet et autres sbires des USA n'a été en actes que la déconstruction de tout l'échafaudage progressiste mis en place après la guerre dans nos pays au profit des classes populaires et moyennes.

   L'État-nation démocratique, expression sommitale d'élections libres, est censé gouverner "par le peuple et pour le peuple"s'il n'a pas été corrompu par l'argent qui achète les faiseurs d'opinion et de lois qui votent de généreuses subventions qui bénéficient aux plus riches qui deviennent littéralement intouchables (mais pas dans le sens hindouiste !).  

 

   Guy METTAN journaliste suisse indépendant, s'inquiète d'une tendance similaire dans son propre pays. Il écrit : "En France, les médias sont concentrés dans les mains d’une poignée d’oligarques qui cumulent la grande majorité des aides étatiques (trois milliards d’euros d’aides directes et indirectes par an depuis 2010) - Jamais une poignée de milliardaires lourdement subventionnés par l'État n’a eu une emprise aussi forte sur la presse française".

Le célèbre journaliste allemand Paul SETHE voyait son métier comme "la conscience de la nation" mais il écrivit dans une lettre au Spiegel (1965) "Notre liberté de la presse, c’est la liberté pour certains riches individus de diffuser leurs opinions."

Malcolm X :"Si vous ne faites pas attention, les journaux (les médias) vous feront détester les gens qui sont opprimés et aimer ceux qui les oppriment."

  

Il suffit pour cela d'appliquer le beau principe de subsidiarité, selon lequel une autorité centrale ne doit effectuer que les tâches qui ne peuvent être réalisées par un échelon subalterne, (privé et subventionné, bien sûr), principe néolibéral très cher à l'UE, inspiré de la "Doctrine Sociale" de l'Église. Amen. 

   En échange de l'autorisation régalienne d'acheter des médias qui seront donc largement subventionnés, ceux-ci se chargeront du contrôle du contenu.   Plus besoin de censure, l'autocensure suffira : les journalistes qui défendent si bien la "liberté de la presse" ailleurs, garderont bien en tête que le prix à payer pour leur liberté d'écrire est… leur emploi. Ils deviennent, volontairement ou non, les rouages financièrement contraints d'un système corrompu. Leurs "Devoirs" inscrits dans la Charte de Déontologie de Munich qui est le serment d'Hippocrate des journalistes passent ainsi presto aux oubliettes. Idem pour les réseaux dits "sociaux" qui feront le tri entre les opinions "politiquement correctes" et les opinions dites "complotistes"… qui ne le sont pas. 

 

 Ernst-Udo KAUFMANN, lecteur allemand du bimensuel suisse Zeit-Fragen donne ainsi son avis : "Quasiment par miracle, la Suisse a réussi à se tenir à l’abri des deux guerres mondiales. Défendre les droits démocratiques acquis par le peuple suisse en est donc d’autant plus important, même à présent. Depuis des décennies, la clique au pouvoir (en occident), qui souscrit au nom d’élite, aspire à la suprématie mondiale. En 1913, c’est justement cette "élite" qui avait arraché à l’État américain le droit d’émettre la monnaie par un vote manipulé (1). Depuis, moyennant le versement d’intérêts, l’État US doit emprunter l’argent créé à partir de rien à la FED (Federal Reserve), ce qui le met à la merci de cette dernière tandis que les prêteurs s’enrichissent et deviennent exubérants, aspirant à la domination. Pour cette raison, la démocratie devient pour eux encombrante. Ceux qui nous conduisent à la prochaine guerre veulent avoir les mains libres. Rien d’étonnant à ce qu’ils se sentent gênés par la démocratie directe suisse." (2)

 

   (1) Rappelons que le 4/06/1963, J.F.KENNEDY avait signé l’ordre exécutif 11110 l'opposant au conglomérat de BANQUES PRIVÉES INDÉPENDANTES constituant la FED depuis 1913, avec objectif de remettre le dollar sous la tutelle du Trésor Public US. Pas de chance, le 22/11/1963, il était opportunément assassiné par un fanatique solitaire. Depuis, aucun président n'a osé reprendre l'idée...

   (2) La Suisse (plus si "neutre" !) est depuis des lustres sous pression, (y compris de ses propres élites !) pour intégrer notre si désirable UE… et l'OTAN, ce que le "souverain suprême" (le peuple suisse) a toujours (jusqu'à ce jour) refusé. L'auteur cite Gustav Heinemann : "Ce sont les dominants qu’il faut surveiller, non pas ceux qu’ils dominent."

Un des outils utilisés pour spolier les citoyens de leur pouvoir souverain est donc la privatisation

des biens publics qu'ils ont financés par leurs impôts. Les citoyens aspirent à la justice sociale et à une meilleure vie, et les Services Publics sont sous la tutelle élue du démos : éducation gratuite, santé publique, retraites, routes, transports publics, infrastructures, parcs publics, gestion de l'eau, de l'électricité, poste, etc., toutes choses essentielles au fonctionnement  d'une société civilisée et qui devraient être tenues soigneusement à l'écart du marché, mais qui sont considérées par le Capital comme d'énormes profits potentiels, sources indûment séquestrées par l'État-nation démocratique depuis bien trop longtemps.    

Mais la clique de Reagan a vite compris qu'ils ne parviendraient jamais à convaincre les électeurs US de renoncer à leurs Public Services si chèrement préservés (jusqu'alors) des serres du capitalisme.

   Alors, sous le prétexte très largement médiatisé de soi-disant " : (sic) moins d'impôts, meilleure gestion, moins chère, plus légère, plus efficace", la lente et insidieuse privatisation des services publics, volontairement et progressivement anémiés par absence d'investissements et réduction des personnels leur a permis de le faire, sans la moindre consultation référendaire comme c'eût été obligatoirement et constitutionnellement le cas en Suisse.

   Ils promeuvent sans relâche leur soi-disant et sacro-sainte "démocratie"… mais sans le peuple !

   Dépouiller l'État de ses leviers pour influer sur la marche de la société pour le bien commun, c'est dépouiller la population de son pouvoir et transférer sa richesse collective, contre l'avis général attesté par maints sondages, à une minorité d'oligarques, éternels ennemis jurés de la Démocratie.            RJ

 

 

 étienne dolet et de la barre

TÉMOIGNAGE : LE PÉCHÉ DE LA CHAIR

 

Nous sortions de la chapelle, après l’office, pour nous rendre au réfectoire, en silence, dans l’attitude modeste qui s’imposait, en égrenant un chapelet. Pour ma part je faisais semblant de participer à cette activité pieuse, à laquelle j’étais déjà indifférent. J’étais concentré à écrire dans ma tête des alexandrins destinés à la tragédie « cornélienne que je m’étais résolu à rédiger.

En levant les yeux, j’eus la surprise d’apercevoir sur la terrasse qui dominait la cour que nous traversions, un de nos condisciples, Pierre Henriet, planté, sans mouvement, comme gelé, il faisait très froid.

Pierre était un bon ami pour moi, depuis notre première rencontre, nous étions arrivés le même jour dans l’Institution, trois ans plus tôt.

Que faisait-il là ? Il me revint alors que le Frère Directeur avait dans son homélie du matin, dénoncé un coupable, accusé du « péché de la chair » - une « brebis galeuse » - l’un d’entre nous, peut-être. Je n’avais alors pas attaché d’intérêt.

Il fallait, dit le Directeur, le chasser sans tarder, de peur qu’il corrompe tout le troupeau.

Pouvait-il s’agir de mon ami ? je ne comprenais pas ce qui avait pu se passer pour conduire le Directeur à prendre la décision brutale de mettre à la porte cet élève comme un dangereux pestiféré.

Le « PECHE DE LA CHAIR » le crime absolu à ses yeux, j’ignorais, dans mon innocence, à peu près totalement de quoi il s’agissait.

Je n’osai pas quitter les rangs pour aller m’informer auprès du « coupable ». Lors de la récréation de 10 heures il était toujours sur la terrasse, à la même place, plié dans un vieux pardessus, piétinant, frigorifié, se donnant des claques dans le dos pour tenter de se réchauffer. Il fallait faire quelque chose. Il n’allait pas rester dans ce froid plus longtemps. Echappant à la surveillance du Frère de service dans la cour, je réussis à rassembler quelques-uns d’entre nous et à les décider de se rendre en délégation chez le Frère Directeur pour le prier de mettre fin au traitement cruel subi par notre camarade. Il refusa vivement, le pêcheur devait expier sa faute ; devant notre forte indignation, il finit par accepter de retirer Henriet du froid, à la condition qu’il ne revoie aucun d’entre nous.

On ne le revit plus.

Je n’ai jamais oublié cet évènement qui fut marquant dans ma vie. Je tentai vainement de retrouver cet ami, plus tard. Il refusa de parler au téléphone en entendant mon nom. A la lumière des informations actuelles sur les turpitudes et abus sexuels des prêtres et religieux, des évêques impliqués, j’avancerai une hypothèse, fondée sur mes souvenirs. Dans notre Institution, le matin, après le petit déjeuner se déroulaient les corvées de propreté. Henriet était chargé de ramasser les balayures. Ainsi faisait-il le tour des couloirs, des escaliers, des salles de classe, des dortoirs et, enfin, des chambres privées des religieux. N’a-t-il pu être, en ces occasions, la proie de l’un d’entre eux ?

Le Directeur mis au courant a choisi, comportement clérical traditionnel, de protéger sa congrégation et de faire porter la responsabilité de ces violences sexuelles à la victime. Cet événement est très vieux – il date de mars 1944 – je le rappelle comme témoignage qui peut participer à notre campagne contre les Tartuffe et Barbarin.                                                            

Lyon, 28 novembre 2022 – Marcel PICQUIER


En publiant ce texte transmis par Marcel PICQUIER, nous rappelons que la recherche d’un lieu d’exposition permanent à la fresque « Etienne DOLET » se poursuit. Peut-être, si cela se confirme en janvier, à l’ESPE de Lyon (ancienne Ecole normale d’Instituteurs de la rue Anselme).

L’association a rempli la plupart de ses buts et a été dissoute cette année. Les fonds restants ont été laissés à la disposition de la Libre Pensée. La mémoire d’Etienne Dolet ne sera pas oubliée, pas plus que celle du chevalier de la Barre, dont la statue sera réinstallée par la Fédération nationale à sa place originelle du Sacré-Cœur à Paris, devant la basilique.

Le Bureau de la LP du Rhône a décidé d’un versement à la souscription nationale.

À toutes celles et à tous ceux que le classement de la basilique du Sacré –Cœur de Montmartre en « monument historique » révolte et qui veulent agir

Selon le site fémina-fr : «  Une décision du ministère de la Culture qui intervient sans surprise après l’autorisation de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture jeudi 8 décembre, ainsi que l’avis favorable de la Ville de Paris (2011)…. La basilique du Sacré-Cœur est en effet depuis toujours au cœur d’un conflit mémoriel pour son lien avec la Commune de Paris. Le monument a été édifié à partir de 1877 sur la butte de Montmartre, lieux qui a également été le théâtre de la répression sanglante qui a mis fin à la Commune quelques années plus tôt. À gauche, beaucoup y voient le symbole de l’« ordre moral » répressif de l’époque. »

Toutes les contorsions grotesques de la Mairie de Paris, alliée au pouvoir macroniste en cette circonstance n’y changeront rien : cet acte éminent politique est le deuxième assassinat de la Commune de Paris.

Ce ne sont pas des pierres que l’on protège de l’usure du temps, c’est un message qui   se perpétue : La Commune de Paris est impie, elle doit payer pour ses fautes, la Basilique, c’est la rédemption revendiquée.

Depuis Rerum novarum (1991) qui condamnait le syndicalisme ouvrier, le socialisme et la lutte des classes à Divinis redemptoris (1937) qui condamnait « le communisme comme intrinsèquement pervers », ce sont tous les mouvements d’émancipation humaine qu’a condamné le Vatican pour promouvoir une société d’ordre corporatiste. C’est pourquoi, le Vatican a toujours soutenu toutes les dictatures à travers le temps et sur tous les continents.

La Commune de Paris, c’est la liberté et la laïcité !

Il y a 152 ans, le prolétariat parisien montait à l’assaut du ciel contre la réaction, le cléricalisme et le Vieux-monde. Pendant deux mois, une semaine et quelques jours, la classe ouvrière dressait le programme révolutionnaire enfin d’un véritable gouvernement ouvrier du peuple, pour le peuple, par le peuple, c’était « la forme enfin trouvée » du gouvernement du prolétariat (Marx)

La Commune de Paris interdisait le travail de nuit, luttait contre l’exploitation capitaliste, fondait l’Ecole laïque et décrétait, pour la deuxième fois dans l’histoire du pays, la Séparation des Églises et de l’État. Son œuvre fut immense et a ouvert le chemin aux peuples du monde.

Hier, comme aujourd’hui

Les tenants du Vieux-monde, de l’Église et du capitalisme veulent faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers. Ils entendent détruire tous les acquis sociaux sur l’autel des intérêts du patronat. Comment ne pas voir que les libertés démocratiques disparaissent sous tous les prétextes possibles et que le seul avenir qui est offert à la jeunesse est l’embrigadement par le SNU ?

Comment ne pas être indignés et saisis d’effroi quand on voit les manifestations de superstition de l’Église catholique à travers le pays, souvent en présence d’Elus de la République qui foulent aux pieds la Séparation des Églises et de l’État, et qui processionnent, s’agenouillent et communient devant des emblèmes tout droit sortis des sacristies et des tabernacles du Moyen-Âge ? La superstition et la réaction sont de nouveau unies contre la science et le progrès humain.

La Commune de Paris a dressé l’ébauche prometteuse de mesures sociales qui se sont concrétisées plus tard dans le Code du Travail. Etre fidèle au combat des Communards, c’est être aux côtés de tous ceux qui, salariés, lycéens, étudiants, jeunes, refusent que l’on détruise ce qui a été construit par nos ainés pour un monde meilleur et plus éclairé.

Être fidèle à la Commune de Paris, c’est refuser « l’union sacrée » et défendre les acquis sociaux, syndicaux, démocratiques et laïques.

Tel est le combat de la Libre Pensée

Ni dieu, ni maître ! A bas la Calotte et vive la Sociale !

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C’est pour mener ce combat qu’en 1905, la Libre Pensée fit ériger la statue du Chevalier de la Barre devant le parvis de la Basilique du Sacré-Cœur : cause contre cause, classe contre classe, liberté contre tyrannie, laïcité contre cléricalisme !

Rendre hommage au Chevalier de la Barre, brûlé à Abbeville le 1er juillet 1766, c’est rendre hommage à son geste d’homme libre. En refusant de saluer une procession, il a affirmé sa liberté de conscience publiquement, il a revendiqué pour tout homme la liberté d’expression. Ce geste, simple en apparence, est si  important, si fondamental par tout ce qu’il a déclenché, qu’il lui valut la mort.

En 1897, un Comité du monument La Barre se forme ; il comprend des militants ouvriers, des libres penseurs, des Communards comme Jean Allemane, des dreyfusards, notamment le sénateur Auguste Delpech, un des fondateurs de la Ligue des Droits de l’homme.

En 1904, le Conseil municipal reprend possession d’un terrain de 5 000m2 devant le « Sacré-Cœur », terrain que l’archevêché de Paris s’est indument approprié.  Il affirme, en outre, sa volonté de placer la statue du Chevalier dans l’axe de l’entrée principale afin de contrer la domination de l’Église sur le paysage parisien.

Le 3 septembre 1905, des milliers de Libres Penseurs, français, belges, italiens, anglais hongrois, allemands, argentins, tchèques, défilent devant la maquette de la statue du Chevalier. On est trois mois avant le vote de la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État. La date n'est pas innocente. En effet, cette journée qui sera grandiose (25 000 manifestants), précède le Congrès international des Libres Penseurs des 4, 5 et 6 septembre 1905. Les congressistes étaient tous là, de même que de nombreux Francs-Maçons du Grand Orient de France. Tous sont reçus à la Mairie de Paris (plusieurs conseillers municipaux font partie des organisateurs du congrès et de la manifestation). Paris avait été choisi pour le congrès de 1905, car on savait que la Séparation y serait bientôt votée.

Le 4 novembre 1906 a lieu l’inauguration de la statue réalisée par le sculpteur Armand Bloch. Le Chevalier de La Barre est représenté enchaîné au poteau de son supplice, épaules et pieds nus, jambe droite et poignet droit partiellement brisés par la question à laquelle il a été soumis. Le Dictionnaire philosophique de Voltaire est à ses pieds.

Cette statue déclenche la fureur cléricale ; Léon Bloy écrit qu’il s’agit de la « profanation » du Sacré-Cœur par des « bandes énormes de crapules [venues] défiler pleutrement » devant « la sotte image de ce petit salaud de Chevalier de La Barre. ». L’atelier du sculpteur subit plusieurs attaques et la statue est souillée de peinture blanche, de minium…

Sous le prétexte de réaménager le sommet de la Butte, l’Église finit par obtenir que la statue soit déplacée dans un square proche.

En 11 octobre 1941, le gouvernement de Vichy promulgue la loi sur l'enlèvement des statues métalliques en vue de leur fonte. Mais ce ne sont pas toutes les statues qui ont cet "honneur", les saints et les saintes, les rois et les reines, Jeanne d’Arc, sont épargnés.

Par contre, les Humanistes, les Philosophes, les Victimes de l'intolérance cléricale y passent : le Chevalier de La Barre, Etienne Dolet, Voltaire, Rousseau, Condorcet, Victor Hugo, Zola, Diderot, Marat, Gambetta, Fourrier, Lavoisier, Brocat, Maria Deraismes...

L’Institut de Recherches et d’Etudes de l’IRELP (IRELP) commente) : « Cette disparition commune des formulations libre-penseuses, à quelques mois de distance, ne peut être le fruit du hasard. Et d’un certain point de vue, l’actuelle statue du Chevalier de la Barre au pied du Sacré-Cœur (square Nadar) n’est pas la réplique de l’originale, qui illustrait le martyre du Chevalier, mais une image goguenarde, narquoise, alors que le Chevalier de la Barre est entré dans l’histoire non pour avoir été un des multiples libertins du XVIIIe siècle, mais pour avoir été assassiné par l’Église. Nous avons pourtant entendu dans une cérémonie  dire que le tricorne que portaient certains participants à la manifestation symbolisait l’union des athées, des agnostiques et des croyants, ce qui, en l’honneur du Chevalier de la Barre, assassiné par les représentants officiels des croyants est un tour de force. »

On le voit à travers ce rappel du passé : le Chevalier de La Barre est le symbole constant de la lutte contre le cléricalisme, contre l’obscurantisme, et notre initiative de remettre le Chevalier de la Barre a sa place d’origine n’est pas la commémoration un peu vaine d’un crime du passé, mais un appel à l’action toujours nécessaire pour le respect de la liberté de pensée.

Souscription nationale

La Fédération nationale de la Libre Pensée prend l’initiale de lancer une souscription pour la remise sous sa forme originelle et à sa place originale de la Statue du Chevalier de la Barre à Montmartre devant la basilique dite du « Sacré-Cœur ». Celle-ci sera mise en place le 7 avril 2023 lors du Colloque international  « En finir avec les Concordats en Europe,  et les religions établies et officielles et les biens et avantages terrestres des Églises ! » Comme en 1904, pour la statue originale, la Libre Pensée appelle les laïques, les démocrates, les républicains, tous les partisans de la défense de la liberté de conscience à souscrire massivement pour nous permettre cette remise en place.  Après la cérémonie de remise en place, nous déposerons cette statue dans un lieu à l’abri des intempéries, mais largement ouvert au public.

Pour « l’émancipation intégrale de la pensée humaine », comme le proclame fièrement le monument en mémoire du Chevalier de La Barre à Abbeville dans la Somme, pour la liberté absolue de conscience, la Libre Pensée mène le combat, fidèle à ce qu’écrivait Victor Hugo : « L’État chez lui, l’Église chez elle »

 En érigeant, en remettant ce symbole à sa place historique, même de manière momentanée, c’est sur tout le combat laïque de près de 150 ans que la Libre Pensée veut honorer.

C’est pourquoi elle vous appelle à souscrire massivement.

La Fédération nationale de la Libre Pensée

Chèque à l’ordre de « Libre Pensée » (Mettre au dos « Statue La Barre » et à envoyer à : Libre Pensée 10/12 rue des Fossés-Saint-Jacques – 75005 Paris. Ou faire un virement (RIB joint). Un reçu fiscal vous sera délivré sur demande. Ou faire un don par notre site Web : https://www.fnlp.fr/faire-un-don-pour-la-libre-pensee/

 

2022 11 AN II 191

 ÉDITORIAL

 

 

A la veille de la conférence de presse et de la réunion publique conjointes de la Libre Pensée et de l’association des « Abusés de l’Eglise – Tous ensemble ! », et alors que les associations continuent à se démener en vain pour obtenir réparation, c’est maintenant la responsabilité de l’Etat français qui doit être interrogée.

Et tout d’abord : pourquoi n'y a-t-il pas eu de réponse de l'Etat français à la question 21 posée par le Comité des Droits de l'Enfant sur les crimes de pédocriminalité perpétrés par des hommes d'Église ?

Le gouvernement français, fort du rapport de la Ciase avec ses 330 000 victimes, devait remettre avant le 30 octobre 2021, un rapport incluant les abus sexuels du clergé sur des enfants, détaillant « les enquêtes, les poursuites et les sanctions dans les cas d'abus sexuels commis par des membres du clergé, y compris les informations sur la prescription ; les réparations, y compris l'indemnisation et la réhabilitation ; et les mesures prises pour protéger les enfants contre les abus sexuels commis par des membres du clergé. »

Le comité de l’ONU considère donc que l’État français ne peut pas laisser l’Église être juge et partie. Et celui-ci connaît les faits, même si on l’a peu entendu lors de la publication du rapport de Jean-Marc Sauvé. Cela ne l’a pas empêché de remettre la Légion d’honneur à Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Evêques et grand défenseur du secret de la confession comme étant « au-dessus des lois de la République. »

On aurait pu croire qu’à force de révélations publiques, la fontaine des scandales s’était tarie.

On trouvera dans ce n° de l’An II (page 6) le point de vue de Nanou Couturier, présidente de l’association des Abusés et (pages 7 et 8) la lettre ouverte qu’une victime vient d’adresser à Mgr de Moulins-Beaufort. On prend la mesure du mépris dans lequel on tient les victimes, dont le sort importe moins que son image à l’Institution.

M. de Germay, dans l’affaire Santier, reconnaît « que les dysfonctionnements mis au jour par l’enquête ont conduit à la refondation complète de l’équipe d’exorcisme du diocèse de Lyon. » Les amoureux de folklore médiéval seront rassurés.

Pour mémoire, comme les faits eux-mêmes ne sont pas évoqués dans la lettre, il nous suffira d’expliquer que Santier s’était rendu coupable

« d’abus spirituels à des fins sexuelles », commis sur deux jeunes hommes dans les années 90.

Il s’agissait de « strip-confessions ».

Le fidèle devait enlever un vêtement à chaque péché avoué devant le tabernacle.

Ces faits ont été révélés un an après le rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’église.

Mais l’Eglise officielle est bien au-dessus de tout ça. Mgr Aupetit, archevêque émérite de Paris, s’est d’ailleurs exprimé après la révélation de l’affaire Santier. Pour dire quoi ?

« Pourquoi de si nombreuses personnes aiment fouiller dans les poubelles ? Pour se rassasier des mauvaises odeurs ou pour masquer leurs propres ordures ? Je me sens de plus en plus attiré vers le Ciel pour me délecter de la bonne odeur du Christ. » Décidément, les écuries d’Augias ne sont pas nettoyées.

Pour ce travail d’Hercule, nous ne compterons pas sur l’Eglise. Et nous n’accepterons pas non plus que le gouvernement français se retranche devant la nécessaire séparation des pouvoirs pour justifier son silence.

Car il ne s’agit pas de liberté du culte mais d’un problème relevant de l’ordre public.

Cette liberté, qui est un acquis de la démocratie, n’est nullement en cause. Notons qu’elle est allègrement piétinée quand il s’agit du culte musulman. Non : des victimes ont été violées, souillées à vie. Elles ont vu leur existence brisée par des adultes censés disposer de la plus haute autorité morale, fait aggravant, sous le regard indifférent de la hiérarchie – et avec tous les effets mortifères que cela comporte. 

Les victimes sont des citoyens et des citoyennes qui ont droit à la protection et à la réparation.

L’EGLISE DOIT PAYER, L’EGLISE PEUT PAYER ! C’est le sens de notre initiative.

 

P.G.

 

La Croisade d’une élue AuRA

 

Par un tweet daté du 21 octobre, Isabelle SURPLY, conseillère régionale de la Loire depuis 2015, et récente candidate zemmouriste aux législatives, annonce :

 « Nouvelle VICTOIRE politique ! La subvention de 20 000 € destinée à l'association gauchiste et wokiste Filactions a été SUPPRIMÉE grâce à mon lancement d'alerte !!!

Bravo à tous : pas un centime d'argent public ne doit financer l'idéologie gauchiste ! »

Filactions est une association régionale de lutte contre les violences sexistes et conjugales, qui intervient dans le domaine de la prévention des violences faites aux femmes en utilisant la culture et l’événementiel. Son but déclaré est de « prévenir, sensibiliser et former le plus de personnes possibles dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. »

Laurent Wauquiez a annulé la subvention régionale, c’est une habitude qui s’est aggravée chez lui à l’encontre de tout ce qui ne lui déplaît dans le mouvement associatif. Il faut bien faire des économies pour arroser les établissements d’enseignement privés !

Difficile de dire si Isabelle Surply est le bras armé de M. Wauquiez, ou bien l’inverse.

Les deux sont comme deux bœufs attelés à la même charrue, ce qui est apparu clairement lors de la séance du Conseil régional ou la charte « laïque » d’engagement républicain Rhône-Alpes-Auvergne a été adoptée, Isabelle Surply étant seulement plus claire pour expliquer que l’enjeu était bien le combat contre l’islamisme, et rien d’autre.

Isabelle Surply a réussi sa campagne de buzz. Elle n’en est pas à son coup d’essai. Elle s’en est prise à l’École Normale Supérieure (ENS), accusée de « préférence islamique » en raison de la présence remarquée d’une association religieuse musulmane à son Forum des associations. Voilà encore des « islamo-gauchistes » !

Elle est à l’origine de l’expulsion d’un imam à Saint-Chamond, affaire qui a suscité l’émoi du journal Le Progrès, peu convaincu par les propos de l’élue. C’est aussi à son initiative que la mosquée Milligorus de la Ville de Saint-Chamond a été retirée des journées du patrimoine par le ministère de l'Intérieur.

En 2017, elle s’est fait remarquer aussi en dénonçant la subvention à une version de la « Passion de Jeanne d’Arc » (de Paul Claudel et Honegger), pour une mise en scène qui déplaisait aux catholiques à l’Opéra de Lyon. C’est l’autre versant de son engagement de croisée laïque.

Isabelle Suply se présente comme une « lanceuse d’alerte », ce qui est pour le moins abusif. Rappelons que le statut de lanceur d’alerte a été imaginé pour protéger des citoyens se mettant en danger (dans leur cadre professionnel, par exemple) pour avoir divulgué des informations sérieuses touchant à l’intérêt général. On ne voit pas bien de quel danger Isabelle Surply est menacée (hormis des torrents d’insulte sur les réseaux sociaux).

On retrouve dans toutes ces affaires les deux aspects contenus dans la loi dite « Séparatisme » : laïcité très orientée et à sens unique, et ce qui en est la conséquence logique : atteinte au principe de libre-association, tel qu’il est établi par la loi de 1901.

Avec la sanction qui vient de toucher l’association « Filactions », on retrouve l’accusation de « wokisme », délit d’appartenance aussi imaginaire que celui d’islamo-gauchisme. On lira à ce sujet le n° de la brochure « Arguments » de la Libre Pensée, où cette affaire est démontée en détail.

P.G.

 

Lettre ouverte à Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France, à la suite de sa déclaration au sujet de M.  Michel Santier

 

Monseigneur,

C’est avec beaucoup d’étonnement et de colère que je prends connaissance de votre déclaration, à la suite de la révélation dans la presse des faits mettant en cause M. Michel Santier.

En effet, vous y écrivez comprendre le sentiment d’incompréhension, de trahison, de colère, et la tentation de découragement des victimes et des fidèles.

Vous y exprimez votre compassion à l’égard des victimes mais aussi envers toutes celles et ceux que ces révélations blessent.

Vous dîtes entendre la demande d’une plus grande clarté sur les procédures canoniques, les mesures qui peuvent en découler, et l’exigence de transparence que portent beaucoup de fidèles.

Pourtant Monseigneur, vous étiez en copie recommandée d’un courrier adressé à Mgr de Germay concernant une plainte que j’ai formulée à l’encontre d’un prêtre qui exerçait à Lyon au moment des faits, mais incardiné à Paris, et vous n’avez pas jugé utile ni même charitable de faire un retour à mon courrier.

L’absence de retour de votre part à mon courrier n’est nullement l’expression de votre compassion à l’égard des victimes, bien au contraire.

Vous, mais aussi Mgr Ulrich, archevêque de Paris, Mgr Brunin en charge des dérives sectaires dans l’Église catholique, Mgr Rivière, évêque d’Autun, où le prêtre mis en cause officient aujourd’hui.

Ces religieux ne souhaitant pas faire de retour à mes courriers, vous voudrez leur transmettre vous-même celui-ci ainsi qu’à tous les évêques de France.

En réaction à votre déclaration, je vous confirme que oui, la déception et le découragement sont grands face à des hommes qui devraient être des disciples du Christ au service de son prochain, mais qui, à la charité, préfèrent l’indifférence ou le mépris.

Oui, le découragement est grand face à des responsables religieux qui sur la scène médiatique prétendent vouloir œuvrer pour la transparence, la vérité et la justice, alors que dans les faits, dans la

gestion des plaintes au niveau des diocèses ou des ordres religieux, il n’en est rien.

Quelle transparence peut-on espérer lorsqu’un évêque écrit que les résultats d’une enquête canonique préalable n’ont pas vocation à être diffusés. Pas même transmis à la victime.

Pour l’Église, la victime n’a aucun droit, surtout pas celui de savoir si le préjudice ou le mal qu’elle a subi est reconnu par l’Église, cette reconnaissance étant le préalable à toute reconstruction, et si des mesures ont été prises à l’encontre du prêtre coupable.

Non, la victime n’a aucun droit de regard et d’information, elle n’a que le droit d’être malmenée par les différentes autorités ecclésiastiques auxquelles elle a affaire et dont la ligne de conduite est le silence, le déni, le mépris...sans doute parce qu’elle dérange l’institution en mettant en lumière la face la plus sombre de l’Église.

Malmenée et méprisée, je l’ai été durant des mois, chacun des diocèses concernés, Lyon et Paris, et chacun de mes interlocuteurs (Mgr de Kerimel, Mgr de Germay, Mgr Gobillia rd, Mgr Verny, le père de Boccard, official de Lyon, le Père Leroux vice-official) me renvoyant de l’un à l’autre pour ne surtout pas répondre à mes questions et s’expliquer sur les dérives non seulement du prêtre mis en cause mais aussi de la cellule d’exorcisme du diocèse de Lyon.

Sans parler des courriers qui sont restés lettres mortes ou des paroles blessantes de l’un de mes interlocuteurs qui refusait de me recevoir et a clos une conversation téléphonique avec ces mots

« Vous me faites perdre mon temps » ! Et que dire des paroles de son confrère, qui lorsque j’évoquai cet épisode, me répondit « ça, c’est vous qui le dîtes. », insinuant sans se cacher que j’étais une menteuse.

Voici Monseigneur, si vous ne le saviez pas, l’accueil que l’Église réserve à une victime et du manque de transparence sur les procédures et les conclusions d’une enquête concernant un prêtre.

J’ai expérimenté au sein même de l’Église l’indifférence, le silence, le mépris, et jusqu’au mensonge pour protéger des religieux ou l’institution. Ma confiance en l’Église a été définitivement trahie et blessée.

Alors oui, le découragement est grand quand s’étalent dans la presse d’autres affaires d’abus pour laquelle l’Église a une fois encore brillé par son manque de transparence !

Comment, avec de telles attitudes et agissements, est-il possible pour les fidèles de croire en la détermination des responsables religieux à poursuivre un chemin de vérité et de justice ?

Comment la confiance pourrait-elle demeurer possible ou pourrait-elle être reconstruite ?

Après des mois de bras de fer et de nombreux courriers à mes différents interlocuteurs, Mgr
de Germay a enfin consenti à apporter quelques réponses à mes questions – pas toutes évidemment, certaines étant trop embarrassantes – dans un courrier dans lequel il reconnait que les dysfonctionnements mis au jour par l’enquête ont conduit à la refondation complète de l’équipe d’exorcisme du diocèse de Lyon et que l’évêque de Paris a pris un décret restreignant très strictement les activités pastorales du prêtre mis en cause.

Évidemment, aucune déclaration ou information n’a été faite par les diocèses sur cette affaire, qui aurait pu permettre à d’autres victimes de se manifester et d’être entendues, ou qui aurait pu être l’occasion pour les évêques d’exprimer leur compassion aux différentes victimes de ce prêtre.

Le diocèse de Lyon, malgré un communiqué en date du 19 janvier 2022 dans lequel il affirme vouloir se démarquer de la culture du silence et du déni, entretient bien le silence et l’omerta sur les affaires sales en son sein.

Très certainement, à titre personnel, j’aurais dû me réjouir à la lecture de cette réponse tant attendue de Mgr de Germay, mais ma joie a été assombrie par la lucidité que cette réponse n’est venue qu’après des mois de relance et par une réalité récurrente dans l’Église : malgré les mesures dont il fait l’objet et la vigilance que l’Église devrait exercer à son égard, ledit prêtre a à nouveau été déplacé dans un autre diocèse où, à son arrivée, un journal local lui a consacré un article élogieux, qui n’est ni plus ni moins qu’une autobiographie avantageuse, mais ne mentionne pas son passé tendancieux à Lyon et les mesures restrictives dont il fait l’objet.
Comment ne pas trembler à l’idée qu’ainsi revêtu d’une réputation immaculée ledit prêtre ne reproduise pas dans ce diocèse les agissements qui lui ont valu d’être renvoyé à Paris par l’administrateur de Lyon après que plusieurs plaintes ont été faites à son encontre ?

Le déplacement des prêtres sera-telle jamais la seule réponse apportée par l’Église aux situations d’abus ?

Pourquoi faut-il toujours que les affaires d’abus soient médiatisées pour que les autorités ecclésiastiques s’expriment et fassent leur mea-culpa, affirmant leur détermination dans la lutte contre toutes les formes d’abus ?

Combien de temps faudra-t-il donc encore attendre pour que les annonces, les déclarations, les communiqués des évêques lors de ces affaires médiatisées soient vraiment suivis des actes, ce que vous désignez peut-être sous le terme de « bonnes pratiques » au niveau des diocèses ?

Combien de temps encore la culture du silence, du déni et de l’omerta primera-t-elle sur la justice qui est due aux victimes ?

Combien de temps encore les victimes devront-elles quémander et se battre avec les autorités
ecclésiastiques pour obtenir des réponses à leurs questions et une vraie reconnaissance ?

Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que l’Église entreprenne l’indispensable chemin de conversion qui est le sien pour être à la hauteur de sa mission ?

Dans le courrier adressé à Mgr de Germay et pour lequel vous étiez en copie, je concluais avec ces versets que je reprends aujourd’hui :

« Les scribes et les pharisiens enseignent
dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas
. »

Oui, mon expérience personnelle me fait dire : ils disent et ne font pas.

Catherine de Vogüé

 

 activités de la fédération

 

Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône

Extrait du Compte-rendu de l’assemblée générale 2022

 

Date : samedi 17 septembre 2022. Lieu : Maison des Sociétés de Bron (Square Grimma).

Étaient présents : 14 camarades. Absents excusés : 5 dont 4 ayant donnés un pouvoir.

Relevé des décisions de l’Assemblée générale.

1 - Adoption à l’unanimité du rapport d’activité et du rapport financier 2021 faisant état d’un solde excédentaire de 1057,75€ au 31/08/2022.

2 – Validation des comptes et Quitus au Trésorier pour sa gestion, à l’unanimité.

3 - Cotisation 2023, fixée, unanimement, à 10€, sans augmentation par rapport à celle 2022.

4 - Rassemblement pacifiste du 11 novembre : Proposer aux associations amies et aux syndicats d’appeler, ensemble, à se rassembler, cette année encore, au monument aux morts de LYON, aux horaires habituels, sur les mots d’ordre suivants : « Non à toutes les guerres, mobilisation-nous contre les fauteurs de guerre, les OPEX de notre pays, exiger l’arrêt des massacres en UKRAINE, exprimer notre opposition à l’OTAN comme à POUTINE, notre volonté de voir enfin réhabilités les Fusillés pour l’exemple. »

5 - Les membres de la Commission de contrôle des comptes sont reconduits dans leur fonction.

6 – Les membres du bureau sortant sont réélus ; le Président et le trésorier, sont reconduits dans leur fonction à l’unanimité.

7 - Le bureau est élargi et rajeuni avec l’élection, à l’unanimité, de Salah FERKOUNE.

8 - Le Président représentera l’association à l’AG de la FNLAAMPRA avec mandat de voter « Pour » le rapport d’activité de sa Présidente et « Pour » : le rapport financier.

La composition de la Commission de contrôle des comptes est inchangée :

Didier DUVERNAY ; Joelle HYVERT ; Norbert RIMET.

Nouvelle composition du bureau :

Président : Xavier HYVERT ; Secrétaire : Jean-Claude DUTOUYA ; Trésorier : Jean-Paul AVRIL, Membres sans fonction particulière : Pierre GIROD et Salah FERKOUNE

Fait, à Villeurbanne, le 24/09/2022, le Président, Xavier HYVERT

 entraide et solidarité

Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France

 

Extrait du COMPTE RENDU DE L’ASSEMBLÉE DÉPARTEMENTALE 2022

 

Date : 17 septembre 2022 à 15 heures ; lieu : Maison des Sociétés de Bron (Square Grimma).

15 camarades étaient physiquement présents ; 7 camarades sont excusées ; 6 camarades ont donné des Pouvoirs à 3 camarades.

Le Président de séance après avoir rappelé l’ordre du jour, résume la problématique à laquelle est confrontée entraide et solidarité et les propositions faites par le conseil d’administration et soumises aux adhérents:

 

« Chères, chers camarades,

Nous sommes réunis pour préparer l’AG de notre association Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France.

Ainsi que vous en avez pris connaissance, nous sommes confrontés à la nécessité de prendre un certain nombre de décisions, proposées par vos administrateurs, devant permettre la continuation de notre association.

Continuer et renforcer Entraide et Solidarité, pour exercer le mandat qui lui a été donné par les Libres Penseurs, est plus que jamais indispensable.

En effet, en France, comme dans le monde entier, le capitalisme financier et les gouvernements à sa botte tentent d’éradiquer tous les acquis sociaux et démocratiques, n’hésitant pas à recourir à la barbarie pour détruire les peuples par les guerres. La pauvreté, la misère se développent à grande vitesse, les Libres Penseurs sont à l’image de la société.

La solidarité organisée entre Libres Penseurs est plus que jamais nécessaire.

Notre devise : « NE PAS LAISSER SOMBRER DES CAMARADES EN DIFFICULTE, DONC LEUR PERMETTRE DE CONTINUER A EXISTER, A AGIR » est clair.

Nous n’organisons pas la charité, c’est la cotisation qui ouvre droit aux aides. Ces aides comme vous le savez s’adressent aux Libres Penseurs et leur famille proche en difficulté. Cette solidarité, s’exprime, également, comme internationalistes, dans la mesure de nos moyens, en direction d’associations laïques qui partagent nos objectifs émancipateurs.

Soyons clairs, notre responsabilité est collective à travers à la fois les décisions d’organisation que nous pouvons prendre et la décision individuelle de contribuer, dans la mesure de nos possibilités, au financement de l’activité de bienfaisance.

Démultiplier le nombre des membres bienfaiteurs est une obligation, comme celle de bénéficier de nouveaux legs si nous voulons pouvoir continuer au-delà de deux ans. Nous vivons en ce moment principalement sur la réalisation des derniers legs reçus.

Toutes les dispositions proposées sont tournées vers ces objectifs.

C’est la raison, en particulier, de la proposition commune d’évolution de la cotisation globale basée sur une évolution différenciée et concertée de celle de la FNLP et de ES jusqu’en 2027, faite à la fois par la CA de ES et la CAN de la FNLP.

Il y a, également, la proposition de renforcer la publicité pour Entraide et solidarité au niveau départemental. Cette publicité doit devenir l’affaire de chaque militant, et les encarts publicitaires dans les publications des fédérations, mais, pourquoi pas dans des publications amies, systématisées, grâce aussi aux appels qui peuvent être fait au cours des réunions en utilisant le diaporama.

Une structuration au niveau départemental de Entraide est proposée dans le cadre du projet de réforme statutaire mise en discussion jusqu’à l’AG 2023 en se donnant un réfèrent départemental comme nous l’avons fait nous-même l’an dernier.

Après l’échange que nous allons avoir, le mandat que les administrateurs vous proposent de donner au délégué qui vous représentera à l’AG, implique donc une mobilisation générale, c’est-à-dire de chacun de nous pour conquérir les moyens financiers dont nous avons besoins.

Je vous remercie. »

Après échange,

 

  • les votes, définissant le mandat du délégué du Rhône, sont les suivants :

 

  • - Le rapport d’activité et le rapport financier sont adoptés à l’unanimité.
  • - Les 6 candidatures au conseil d’administration reçoivent également les suffrages unanimes,
  • - Les 10 autres délibérations proposées reçoivent également l’approbation unanime des votants.

 

  • Pierre GIROD est élu, à l’unanimité, délégué des adhérents du Rhône à l’Assemblée générale de ESLPF le 1er octobre à Paris.             Lyon, le 26 septembre 2022, le Président de séance, Xavier HYVERT

Ami(e)s laïques, ami(e)s de la Libre pensée, Libres penseuses, Libres penseurs

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 féminisme : théâtre et débat

       
   

En marge du spectacle « Une de vos Filles », une évocation des combats féministes donnée dans le cadre de la Capitale Française de la Culture - Villeurbanne 2022, une « causerie » féministe a eu lieu samedi 8 octobre à l’Espace Tonkin.

« Une de vos Filles » évoque le combat des pionnières du féminisme, où l’on croise de grandes figures de la Libre Pensée : Marie Bonnevial en est une figure centrale, mais on en compte bien d’autres, à Lyon comme ailleurs.

Loin des caricatures à la Jacqueline Lalouette, pour qui les libres-penseurs ne sont que vieilles badernes mysogines, on apprend qui étaient ces pionnières du mouvement féministe, pour certaines communardes, pour d’autres syndicalistes, franc-maçonnes des loges mixtes ou pacifistes, parfois tout cela à la fois.

 
 
 

 

En dépit de l’absence de l’auteure Dominique Segalen, empêchée de venir à Lyon, la discussion a été riche et paraît avoir intéressé toutes les personnes présentes. Il faut dire que la matière ne manquait pas.

Beaucoup ont découvert, outre l’existence de ces femmes au destin étonnant, l’existence d’une Commune à Lyon en 1870-1871et le massacre du 30 avril 71, longtemps occulté à Lyon comme la Commune de Paris l’a été jusque dans les programmes scolaires.

C’est tout naturellement que les questions posées et les interventions ont débouché sur les questions actuelles du combat féministe, mené d’une façon parfois symbolique et dérisoire (la question linguistique) alors que les véritables enjeux tournent autour de l’égalité des droits, de la liberté de disposer librement de son corps, et de la défense du service public.

Plus complexe, la question du voile a fait l’objet d’un échange qui ne demande qu’à se poursuivre.

Conférence de Christian EYSCHEN sur la loi « Séparatisme »

Vendredi 14 octobre au Palais du Travail de Villeurbanne :

La conférence a eu lieu à une date marquée par un contexte social : pénurie de carburant, difficultés dans les transports, mobilisation syndicale à la veille de la marche du 16 octobre et de la grève interprofessionnelle du 18. Mais elle s’est tenue dans de bonnes conditions, en présence d’un public intéressé qui n’a pas hésité à entrer dans la discussion.

La loi « séparatisme » apparaît bien comme une aberration sur le plan de la philosophie du droit, pour tous ceux qui réfléchissent tant soit peu à la question. Sa dimension anti-musulmane est à peine dissimulée par ses initiateurs. Pour autant l’existence d’un fondamentalisme islamique est un fait.

Mais, dans l’enseignement par exemple, peut-on répondre à cette menace par l’interdiction d’un vêtement à la signification bien ambiguë ? Il importe de ne pas se tromper de cible, et de bien identifier les enjeux juridiques pour ne pas laisser les personnels de l’enseignement aux prises avec un problème qui les oblige à sortir de leur fonction.

C’est pourquoi nous reproduisons une partie des propos tenus par Christian Eyschen, en regrettant de ne pouvoir retranscrire toute la richesse de la discussion, incluant des points de vue divers, de femmes, de syndicalistes. Mais le débat se poursuivra !   

« La loi Séparatisme, c’est une loi qui veut forcer l’Islam à se séculariser, c’est-à-dire à s’anéantir, à se diluer dans la société. Ce n’est pas du tout une loi laïque, ce n’est même pas une loi laïque forcée, c’est une loi qui vise à faire disparaitre du paysage tout ce qui est musulman. On le voit sur la question du voile, de la burqa, du burkini. (..) Personnellement, je suis contre le burkini, le voile, la burqa, cela me fait peur, mais je ne confonds pas mes goûts personnels avec les lois de la République. Sinon cela peut aboutir à un certain nombre de confusions.

Mais enfin si le burkini est un symbole religieux, nous l’avons dit récemment, prouvez-le. Prouvez-le.

Vous dites c’est un symbole religieux, c’est une injonction religieuse. Prouvez-le. Montrez-nous les textes du Coran ou d’ailleurs qui disent que c’est un symbole religieux.

Le burkini, on peut être pour ou contre, moi je suis contre, mais c’est un vêtement qui a été fait pour permettre aux femmes musulmanes de faire du surf en Australie. Chacun sait que l’Australie est un pays profondément musulman. Et qui condamne le plus le burkini ? Ce sont les salafistes et les fondamentalistes musulmans.

Parce que l’idée du burkini, je ne dis pas que c’est bien, mais il faut essayer d’avoir un esprit rationnel, c’est de permettre aux femmes musulmanes de se côtoyer avec d’autres dans les piscines, sur les plages… Le séparatisme des salafistes et des intégristes c’est de dire : pas de mélange. Parce qu’ils sont exactement comme ceux qui sont de l’autre côté. Entre l’extrême-droite qui dit « pas de mélange » et eux qui disent « pas de mélange », c’est exactement les mêmes fascistes, les mêmes totalitaires. Il ne faut pas que les gens se côtoient, il ne faut pas qu’ils cohabitent ensemble, parce qu’ils pourraient se mettre d’accord. Il vaut mieux diviser les gens en fonction des religions. On n’a jamais trouvé un meilleur moyen pour diviser les gens que de mettre des problèmes de religion entre eux. C’est pour cela que la loi Séparatisme est une loi tout à fait liberticide. »

 Libres propos, libres pensées

La Guerre est un Racket : l'étonnante histoire du général Smedley BUTLER

"Les conflits entre les nations ne sont que les conflits d'intérêts de leurs dirigeants" (un Iranien de la rue)

 

"La guerre est un racket. Elle l'a toujours été. C'est probablement le plus vieux, de loin le plus rentable, certainement le plus vicieux… C'est le seul dans lequel les profits sont comptés en dollars et les pertes en vies humaines. Elle est menée au bénéfice d'une poignée, au détriment du plus grand nombre".

Cette cinglante et accablante charge est tirée d'un livre titré "WAR IS RACKET", paru en 1935 et signé Smedley BUTLER (1881-1941).

L'auteur sait bien de quoi il parle : général des US Marines, il a participé à tous les coups tordus de l'impérialisme US de son époque. À 16 ans, trichant sur son âge, il crut s'engager dans les Marines afin de "libérer Cuba du joug colonial espagnol", mais le véritable but des USA était de s'en emparer pour occuper le pays. La "libération" débuta donc par la saisie (à perpétuité !) de la baie de Guantanamo, la première des plus de 800 bases hors US actuelles.

Puis suivirent les invasions "libératrices et humanitaires" de Porto-Rico, Hawaï, Philippines, Haïti, République Dominicaine, Mexique, Nicaragua, Panama, Honduras, Chine (deux fois), Grenade, etc. etc.

Une liste interminable, non close. Mais après ces temps passés en "libérations", il fit un constat personnel final acerbe et sans appel : que tout au long de sa carrière il n'a nullement combattu pour défendre son pays, mais pour les profiteurs des viols de jeunes nations qu'étaient Wall Street, les banques, les financiers, les pétroliers, les industriels.

"J’ai effectué + de 33 ans de service actif dans les Marines et durant cette période, j’ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j’étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme." Il en a mis du temps à réaliser !

À sa décharge, comme une catharsis destinée sans doute à purifier son âme pervertie (il était issu d'une famille Quaker), il se lança après sa retraite dans une ardente campagne de conférences et meetings anti-impérialistes, antinazis, antifascistes, organisés par des vétérans de 1918 et des pacifistes, dénonçant sans relâche le pillage capitaliste et les profiteurs de guerre, "ceux qui transforment le sang en or" et déjà, le complexe-militaro-industriel, toujours en place.

   Il y proclamait que l'armée ne devrait être utilisée qu'à de pures fins de défense, (comme en Suisse), et non d'agressions. Et c'est toujours d'actualité !

Il percevait bien le danger d'une nouvelle guerre qui se profilait et des nauséeuses idées fascistes aux USA, dans un paysage politique très divisé où les idéaux démocratiques et socialistes étaient (encore) très vivants. Il passa ainsi ses dix dernières années de vie à dénoncer bien haut et fort tout ce qu'il avait servi avec zèle comme mercenaire du capitalisme.

 

Le "Business Plot" de 1934

   Fait très peu connu, car "oublié" des historiens et des médias dominants et de nos jours obéissants, il fit en 1934 capoter un complot en le dénonçant publiquement (mais, n'est-ce pas, les "complots" ça n'existe pas ! selon la "théorie du complot" inventée par… les comploteurs et destinée à clouer le bec des fouineurs et autres potentiels lanceurs d'alerte). Ce complot, bien réel, plus connu et documenté sous le nom de "Business Plot", avait pour but de se débarrasser du New Deal et d'installer aux USA une dictature fasciste, soutenu par une organisation paramilitaire de vétérans inspirée des Croix de Feu français qui avaient les mêmes objectifs : briser la démocratie et se saisir du pouvoir par la force. Il visait à renverser Franklin ROOSEVELT en le forçant à démissionner (et l'assassiner au besoin) avec d'énormes "manifestations populaires de rue" orchestrées et financées par quelques-uns des grands banquiers et PDG acquis au fascisme : J.P. Morgan, GM, Du Pont de Nemours, Standard Oil, Sun Oil, Chase National Bank, Goodyear, etc… La crème !    Mais BUTLER, mis au courant du complot, dans lequel on tenta de l'embarquer, l'a au contraire dénoncé publiquement, déclenchant une enquête de la Chambre des Représentants où, dans un exposé solennel, il fit valoir ses idées sur la défense des institutions démocratiques et du droit de voter, de penser, de parler et d'écrire librement :

"Si nous maintenons ces principes notre démocratie est sauvée. Aucune dictature ne peut exister avec le suffrage universel, la liberté de parole et de presse" Le complot fut ainsi éventé et étouffé dans l'œuf, mais malgré sa déposition fracassante (il fut presque le seul à tirer la sonnette d'alarme), la Chambre refusa de poursuivre les puissants conspirateurs publiquement dénoncés qui ont en bloc nié toute implication dans un quelconque complot. (Nous ?) dont on sait pourtant maintenant qu'il fut bien réel. Quant aux médias, en grande partie propriété des riches magnats concernés, ils furent très ambigus : l'histoire a éphémèrement fait la une et les gros titres, mais certains journaux n'ont eu de cesse de le tourner en ridicule pour le décrédibiliser et lui nuire, puis le complot a été soigneusement jeté avec les eaux bien sales de l'histoire américaine.

Oublié… comme lui.

   Mais un soudard étoilé qui vend la mèche, on en voudrait plus souvent !                                RJ



2022 09 AN II

  ÉDITORIAL

 

On trouvera dans ce nouveau numéro de l’An II un compte rendu du rassemblement pour la mémoire de la Commune de Lyon à l’occasion du 151ème anniversaire du massacre de la Guillotière, le 30 avril dernier. Ce « retour en arrière » s’explique par le fait que le n° spécial 189 était entièrement consacré à un autre sujet. Nous avons donc reporté certains articles. De même, la déclaration des fédérations Auvergne-Rhône-Alpes de la Libre Pensée relative aux déclinaisons locales de « l’engagement républicain » n’avait pu être publiée. Il s’agit pourtant d’un texte de grande importance.

Nous ne reviendrons pas, dans ce numéro, sur les crimes de l’Eglise, en dehors du témoignage de Nanou Couturier, présidente de l’association des « Abusés de l’Eglise – Tous ensemble ! », particulièrement éloquent. Pause très provisoire. La préparation d’une réunion publique le 10 novembre avec les représentants de victimes et en présence de Keith Porteous Wood, porte-parole de l’AILP. Elle permettra de poser de façon plus précise le problème de la responsabilité de l’Etat français, qui a totalement ignoré les recommandations de l’ONU, auprès de laquelle Keith Porteous Wood est expert sur les questions de réparation.

De 1901 à 1005

Une tutelle est imposée désormais aux associations, chargées d’effectuer le travail de surveillance policière qui incombait à l’Etat, et à lui seul, jusqu’à l’adoption de la loi dite de « sécurité globale ». Le principe de liberté totale d’association est donc battu en brèche, pour la 1ère fois depuis 1901. La loi de 1901, libérale au meilleur sens du terme, permettait la libre association entre citoyens qui n’avaient de comptes à rendre qu’à eux-mêmes. Bien entendu, chacun d’eux était responsable devant la loi, mais à titre individuel. En introduisant, par des entorses encore discrètes – mais bien visibles, le principe de responsabilité collective, l’Etat introduit dans le droit français un paradigme nouveau. Il n’est pas sûr qu’on en mesure tous les effets à moyen et long terme.

Ces questions seront au cœur de la conférence que nous organisons avec Christian Eyschen le 14 octobre prochain. Qu’on n’aille pas croire que nous nous éloignons de nos préoccupations laïques : historiquement, la loi de 1901 était nécessaire pour constituer les associations cultuelles et donc permettre une séparation juridique entre sphère publique et sphère privée. Les lois de 1901 et de 1905 sont sœurs – pas des sœurs jumelles, mais comme l’aînée et la cadette. Elles sont toutes deux des fondements de la démocratie républicaine. En ciblant implicitement le culte musulman, la loi « séparatisme » menace la liberté de conscience, et indirectement… tous les cultes !         P.G.

Et pour finir une devinette… D’où vient le texte ci-dessous ? (réponse en page 11)

(…) La loi « confortant les principes de la République » a pour effet de déformer l’interprétation de dispositions constitutionnelles — et de rendre vulnérables des droits fondamentaux solennellement affirmés —, ainsi que de la loi de 1905, qui se trouve vidée de sa substance en contrevenant au principe de la neutralité de l’État en matière religieuse. La dénaturation de la police des cultes, l’atteinte à la liberté d’association, la multiplication des contrôles administratifs et financiers indiquent que la République se méfie désormais de toutes les religions, soupçonnées d’être ses ennemis, avec le risque de considérer les croyants comme des citoyens à part, et d’en rejeter certains dans des sphères intégristes. On s’est éloigné de la laïcité telle que la concevaient Jaurès et Briand pour entrer plutôt dans un laïcisme militant qui exprime une profonde méconnaissance du fait religieux, comme des différentes religions elles-mêmes. Le régime de laïcité fondé sur la double liberté de l’État et des religions cède le pas à un régime de contrôle étatique et de réduction des libertés.

 

 GÉO hugonnet

Une cérémonie à la mémoire de Géo Hugonnet a eu lieu vendredi 24 juin au crématorium de Fleyriat (Bourg-en-Bresse).

Géo, récemment hospitalisé à Mâcon, nous avait quittés quelques jours avant.

C’est à Châtillon-sur-Chalaronne que Géo a vécu sa retraite. Dans le Rhône où il a fut postier, nous ne l’oublions pas : militant laïque et libre-penseur depuis l’âge de 30 ans, il a été secrétaire de la fédération du Rhône de la Libre Pensée.

C’est lui qui a signé le premier dépôt de déclaration de l’An II !

Nous garderons le souvenir du camarade, et celui du « bon vivant » qu’il est toujours resté.

 

                                               

« Un sacré bonhomme que notre ami Géo, a souligné Roland Mirguet, président de la fédération de l’Ain. (…) Ses rapports avec ses semblables étaient simples et bienveillants, c’était un libre penseur dans l’âme aimant la confrontation des idées mais ne supportant pas les dogmes et les anathèmes. » Dans sa jeunesse, l’un  de ses frères s’étonnait de le voir lire régulièrement « L’Action française ». Mais pour Géo, il était essentiel de lire ce qu’écrivaient ses adversaires et de discuter leurs arguments.

Il resta fidèle aussi dans son engagement syndical, à la CGT ou à la CGT-FO, mais aussi du côté politique rejoignant d’abord la SFIO puis le PS avant de prendre ses distances et de rompre au moment du tournant de la rigueur en1983. Se sentant trahi mais non résigné, il a rejoint peu de temps après la IVe Internationale à l’invitation de Paul Duthel dont il appréciait la grande culture.

Devenu secrétaire de la LP du Rhône au moment du centenaire de la Commune de Paris, en 1971, il a particulièrement œuvré pour rendre possible les parrainages civils.

Devenu président de la Libre Pensée de l’Ain, aux côtés d’Hélène Jacquard, il aura mené avec opiniâtreté un combat exemplaire (et victorieux) pour l’ouverture d’une école publique à Ars-sur-Formans, la commune du saint curé et de ceux qui avaient insulté la dépouille de l’instituteur libre-penseur Roger Calandras en déclarant qu’on avait enterré dans le cimetière « un mètre-cube de fumier. » Il a combattu pour honorer la mémoire du soldat Jacquinod mort à 19 ans le 14 juillet 1917 « victime du militarisme, du cléricalisme et du capitalisme » comme il est inscrit sur sa tombe à Ambérieu. Il a aussi co-fondé l’association qui célèbre chaque année la naissance de la 1ère république le 21 septembre 1792, devant le remarquable monolithe de Villebois, érigé à l’occasion du centenaire de la Révolution française en 1889.

In memoriam, Géo Hugonnet

Mesdames, messieurs, Chers amis et camarades,

C’est avec une grande tristesse que la Fédération nationale de la Libre Pensée a appris la disparition de notre grand ami Géo. Ce fut un militant exemplaire, un pilier de la Libre Pensée qui, en des temps pas faciles, a su maintenir haut et ferme le drapeau de la Libre Pensée.

Il est de cette génération qui ne s’est pas vendue, pas reniée et qui a passé le flambeau à ceux qui sont en charge aujourd’hui de notre combat laïque.

Victor Hugo disait dans Les Châtiments : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». Géo a vécu, parce qu’il a lutté.

Respect lui est dû, respect lui est rendu.

Nous lui devons beaucoup et nous saurons nous en souvenir.

Avec la peine au cœur et la volonté de continuer son combat qui n’a pas été vain, mais porteur d’espérance, que nous saluons l’ami, le camarade, le militant, l’homme attachant qu’il était.

Salut et Fraternité, Géo !          

Christian Eyschen, Secrétaire général de la Libre Pensée

 

 déclaration des lp aura

Déclaration des fédérations de la Libre Pensée des départements de la région AURA : Ain, Allier, Cantal, Drôme-Ardèche, Isère, Loire, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Rhône, Savoie, Haute-Savoie.

 

Laurent Wauquiez, Président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) a depuis quelque temps endossé un costume de chevalier blanc traquant tous azimuts le « communautarisme », « l’islamisme », le « patriarcat ».

Regardons de plus près.

 

Déjà en 2017, les fédérations de la Libre Pensée de la Région AURA publiaient un communiqué intitulé : « Laurent Wauquiez grand argentier admiratif et inconditionnel de l’enseignement privé! Du jamais vu ! »

La Région avait décidé « d’augmenter le soutien à l’investissement dans les lycées privés pour atteindre 13 millions d’euros par an, soit une augmentation de plus de 60 % ». D’autre part « les forfaits d’externat seront maintenus au même niveau qu’en 2017 ». À noter que les chiffres officiels indiquent que l’enseignement privé représente seulement « 27,5 % de l’effectif des lycéens », pour « 44 % des lycées ».

Pire encore, la Région accorde « une enveloppe de 50 millions d’euros » supplémentaires aux lycées privés pour « la création ou l’extension de lycées privés dans des zones à forte tension démographique ».

Ces crédits seront puisés dans l’enveloppe d’un « plan d’investissement » sur 3 ans des lycées publics.

C’est la première fois que des crédits d’investissements sont accordés aux lycées privés dans le cadre d’un plan concernant les lycées publics !

La somme globale attribuée aux lycées privés en 2017 par le Conseil Régional AURA pour leur fonctionnement et leurs investissements était de 54 813 026 €. Près de 55 millions d’euros !

Toujours en 2017, à la demande de la Libre Pensée, le Tribunal administratif de Lyon avait annulé la décision de l’installation d’une crèche de Noël dans les locaux du siège de la Région, en décembre 2016.

Laurent Wauquiez a fait appel de cette décision et tentera de démontrer que celle-ci n’était pas de nature religieuse, mais présentait un caractère « culturel, artistique ou festif » !

La Cour d’Appel Administrative de Lyon rejette ce recours en juin 2019 notamment au motif que :

« Si l’installation ne se limite pas à la scène de la nativité et comporte un décor plus large, intégrant un village médiéval ainsi qu’une partie boisée, il ne fait pas de doute qu’elle a pour objet de figurer une crèche et la vocation artistique et pédagogique apparaît secondaire par rapport à la symbolique religieuse ».

En 2020, la Région, décide de verser 2 millions d’euros pour la construction de la nouvelle « Université » privée catholique à Annecy. La Libre Pensée et de très nombreuses associations, des syndicats 1(*) se sont insurgés contre cette décision.

L’Université Savoie Mont-Blanc précisait à l’époque « Il y a un sous-investissement public sur le territoire. (…). On figure parmi les universités les moins loties sur un territoire dynamique. L’USMB n’est pas en mesure de répondre aux besoins et on le regrette. »

En 2021, le Président de la Région AURA bloque les subventions à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble (environ 100.000€ par an) au motif de la suspension d’un professeur par la direction de l’IEP suite à ce qu’une enquête de l’Inspection Générale qualifiait de « controverse entre deux enseignants sur un sujet d’actualité sensible ». Le professeur suspendu étant accusé « d’islamophobie » et lui-même qualifiant l’IEP d’institut de « rééducation politique ». La décision de Laurent Wauquiez est prise alors qu’une enquête est en cours et qu’aucune décision de justice n’a été prononcée.

C’est donc ce Président de région, chantre des « racines chrétiennes de l’Europe» qui déclarait en 2011 « Que l’Europe ait des racines chrétiennes, que le mouvement de christianisation ait joué un rôle majeur dans la construction européenne, qui peut contester ça ? » qui fait feu de tout bois !

La presse rapporte que le 2 mai 2022, face à la volonté de la municipalité de Grenoble de modifier le règlement intérieur des piscines, Laurent Wauquiez annonce dans un tweet (comme les grands de ce monde parait-il !) : « M. Piolle projette d’autoriser le burkini dans les piscines municipales. Je mets le maire en garde : dans ce cas, la Région coupera toute subvention à la Ville de Grenoble. Pas un centime des Auvergnats-Rhônalpins ne financera votre soumission à l’islamisme ». La Région précisant : « Notre choix est politique, et non politicien. C’est un choix politique que nous assumons. Nous n’avons pas été élus à la tête de la Région pour distribuer des subventions à des communes qui se plient au communautarisme. »

Dans une lettre au Président de la République, Eric Piolle, maire de Grenoble argumentait : « Le devoir de neutralité ne s’impose pas aux usagères et usagers de nos services publics : le principe de laïcité leur garantit la liberté de conscience et donc la possibilité de manifester leurs convictions religieuses […] À Grenoble, nous veillerons à ce qu’aucun règlement intérieur d’aucun équipement public ne constitue une injonction ou une discrimination. Nous y serons particulièrement attentifs pour les femmes et les minorisé-es de genre que l’on contraint spécifiquement. ».

Et répondant à Laurent Wauquiez dans le Dauphiné Libéré : « En France, la laïcité n’est pas le cheval de Troie ni du racisme ni du sexisme. Si Laurent Wauquiez veut faire la chasse aux femmes voilées, qu’il assume : au lieu d’être obnubilé par les piscines de Grenoble, qu’il nous explique s’il va interdire aux femmes voilées l’accès des TER de la région Auvergne-Rhône-Alpes. »

Lorsque l’affaire du burkini dans les piscines de Grenoble a éclaté en juin 2019, les fédérations iséroises de la Libre Pensée, de la Ligue de l’Enseignement et de la Ligue des Droits de l’Homme déclaraient notamment dans un communiqué : « A celles et ceux qui invoquent la laïcité, principe républicain auquel nos mouvements sont profondément attachés, nous rappelons donc que la question des tenues de bain n‘en relève pas. La Loi de 1905 n’instaure pas de police du vêtement. La laïcité impose la neutralité au service public et à ses agents, pas à ses usagers. C’est l’État qui est laïque, pas les citoyens ».

Enfin, nous apprenons sur le site de la Région que le 17 mars 2022 que l’assemblée régionale a adopté trois textes.

Une « Charte pour la défense des valeurs de la France et de la laïcité » car selon la Région « chacun constate une montée croissante des discours et de pratiques communautaristes bafouant les fondements mêmes de l’identité et des valeurs de la France ».

Un « contrat d’engagement républicain » qui « répond au souhait de suspendre les aides de la Région à des structures qui ne respectent pas les valeurs républicaines ».

Une « charte de déontologie interne à la Région » qui « devra être signée par l’ensemble des membres des instances contribuant à la préparation ou à la prise de décisions régionales. Cela concerne notamment les conseillers régionaux, des élus d’autres collectivités, des agents de la Région mais aussi des personnalités qualifiées, appelées à siéger pour leur expertise. »

Le texte publié sur le site précise les domaines dans lesquels la Région pourrait être amenée à suspendre ou ne pas attribuer les aides régionales (citation complète) :

« Jeunesse :

Les bénéficiaires du Pass’Région [les collégiens et lycéens-ndlr] sont déjà tenus d’accepter les termes d’une charte des droits et devoirs, qui les invite à agir avec responsabilité au sein de leurs établissements. Aujourd’hui, la Région souhaite aller plus loin en renforçant la notion d’engagement réciproque entre la collectivité et les jeunes dont il est attendu un comportement à la fois civique et responsable, respectueux des personnes et des biens.

Éducation et enseignement :

La même démarche de responsabilisation pourra concerner les lycéens, apprentis et étudiants bénéficiaires des dispositifs de bourse au mérite, de bourse au mérite+ et de bourse Région mobilité internationale pour leurs projets de stage ou de séjours d’études à l’étranger.

Transports régionaux :

Une harmonisation des règlements existants des transports interurbains et scolaires soumettra les bénéficiaires de la solidarité régionale aux mêmes règles et permettra à la Région, le cas échéant, d’appliquer des restrictions d’accès dans les transports en raison de comportements inciviques.

Formation et emploi :

Le même effort de responsabilisation des bénéficiaires sera également recherché. Ainsi, l’aide au permis de conduire pour tous les jeunes de 18 ans, la prime pour les bénéficiaires du RSA qui s’insèrent dans l’emploi ou encore le fonds d’aide d’urgence qui permet d’anticiper les ruptures de parcours en formation sanitaire ou sociale, pourront faire l’objet des mêmes mesures de suspension. »

Ces « précisions » font froid dans le dos !

La jeunesse est donc particulièrement ciblée, menacée arbitrairement de perdre ses droits pour des « comportements inciviques » qui restent à définir. « Jeunes, prenez garde à vous, sinon je coupe les aides !!! » Vous avez dit : « Liberté, Égalité, Fraternité » ? Assez de cet arbitraire régional ! Rétablissement des libertés démocratiques et de la laïcité dans la Région AURA !

Trop c’est trop !

Pas moins de deux « chartes » et un « contrat » votés par la Région pour décider des « valeurs de la France et de la laïcité » dont le contenu relève du fait du prince-président et de ses séides !

La charte dite « de déontologie interne à la Région » imposée à tout-va relève quant à elle de l’arbitraire le plus absolu !

Ces « chartes » qui fleurissent, au doux parfum d’Ancien régime, ont pour unique fonction de se substituer aux lois, en l’occurrence celles de 1901 et de 1905, qui définissent la liberté d’association pour l’une, la liberté de conscience et la laïcité pour l’autre.

Apôtre de ce qui ressemble fort à une « guerre de religion », et plus largement à une guerre contre toutes celles et ceux, salariés, élus, associations, institutions qui auraient l’outrecuidance de ne pas se plier à ses oukases, M. Wauquiez, se rêve investi de « pouvoirs spéciaux » et serait donc habilité à proclamer « les valeurs de la France », alors qu’il n’hésite pas à en piétiner les lois.

Les Fédérations départementales de la Libre Pensée de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’élèvent contre ce qui constitue un abus de pouvoir manifeste.

Elles s’opposeront par tous les moyens légaux à ces textes discriminatoires et liberticides, rendues possibles par des dispositions nationales anti laïques – et notamment la loi liberticide « Séparatisme » – qu’elles condamnent toutes vigoureusement et dont elles ne cesseront d’exiger l’abrogation.

 

Lyon le 17 mai 2022

1 En Haute-Savoie : LP, LDH, FOL, FCPE, DDEN, FO, CGT UL Annecy, FSU, UNSA, SGEN-CFDT, Solidaires. En Isère : LP, LDH, Ligue de l’Enseignement, FCPE, FNEC FP-FO, SUD Éducation, UNSA Éducation, Attac, Cercle Laïque de l’Agglomération Grenobloise, Éducation République Égalité. Et les fédérations départementales de la Libre Pensée de l’Allier, de la Drôme-Ardèche, de la Haute-Loire, de la Loire, du Puy-de-Dôme, du Rhône, de Savoie.

 

theatre et féminisme

« Une de vos Filles » évoque le combat des pionnières du féminisme, où l’on croise de grandes figures de la Libre Pensée.

On est bien loin des caricatures à la Jacqueline Lalouette, pour qui les libres-penseurs sont invariablement de vieilles badernes mysogines.

Samedi 8 octobre à 17h, aura lieu une causerie (entrée libre) avec la LIBRE PENSEE sur le sujet, en présence de Dominique SEGALEN.

 

Une pièce féministe avec de la comédie à chaque "coin de réplique" et des « coups de théâtre » à la fin !

 Leah prépare le bac de français et se repose dans le square de la féministe Maria Vérone à Paris après une IVG. Soudain apparait Maria !

« Je suis Maria Vérone et ceci est mon square ! » « Et moi Stéphanie de Monaco, allez salut ! » répond Leah qui accepte toutefois de la suivre dans un voyage spatio-temporel.

Elles vont découvrir la vie trépidante de Marie Bonnevial, militante féministe et humaniste, institutrice laïque chassée de Lyon en 1873 et qui se réfugie à Istanbul où elle rencontre la princesse Nazli. Puis retour en France pour des combats partagés avec Maria Deraismes, Madeleine Pelletier, Jean Jaurès et bien d’autres. Vous serez surpris de son parcours qui marque encore l’histoire de Lyon !

Ecriture (éditions THEOLIB) et mise en scène : Gilles Champion (92ème production de la troupe-www.theatrepartscoeur.com)

Distribution (par ordre alphabétique) :

Karine Bérard - Josiane Champion-Magne - Marie-Noelle David - Vivien Delatte Laurie Grangé - Stéphane de Santis - Ode Desfonds - Hélène Duhesme - Danièle Gelly - Didier Mélin - Samuel Payant 

Espace TONKIN - Av. Salvador Allende – Villeurbanne (tram T1)

Du mardi 4 au samedi 8 octobre 2022 à 20 h 00

Dimanche 9 octobre 2022 à 16 h 00

Plein tarif : 12 € - Tarif réduit : 9 € (- 16 ans, FNCTA, demandeur d’emploi, étudiant)

Réservation et paiement : https://www.payasso.fr/theatrepartscoeur/unedevosfilles

ou par chèque ordre TPC – chez G. Champion - 113 rue Baraban - 69003 Lyon

Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou 06.32.17.10.20

Qui est Dominique SEGALEN ?

Ses travaux depuis une quinzaine d'années ont pour objet une reconstitution historique de la genèse et de la fondation de l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain. Il met à jour les revendications de Maria Deraismes, chef de file du féminisme réformateur du XIXe siècle et les luttes sociales menées aux côtés de Georges Martin et des toutes premières Sœurs du Droit Humain, avec l'appui des législateurs républicains.

Ouvrages parus :

 « Marie Béquet de Vienne, une vie pour l’enfance », Conform Edition, 2013. (Monographie)

« Maria Pognon, une frondeuse à la tribune », Ed. Detrad, 2015. (Monographie)

« Genèse et fondation de l’OMMI Le Droit Humain, 1866-1916 », Ed. Detrad, 2016. (Ouvrage illustré, Prix de l’Institut Maçonnique de France 2016, catégorie Histoire)

« Marie Bonnevial, communarde et syndicaliste », Ed. Detrad, 2018. (Monographie)

« Mixité et Franc-maçonnerie », avec Philippe Liénard. Ed. Champs Elysées Deauville, 2020.

« Soyez parfaites, mes Sœurs » avec Annick Drogou. Ed. Numérilivre, 2020.

 Designer graphique en free-lance, plasticienne et auteure de 5 romans (Editions Luce Wilquin). 

 

 la parole a nanou couturier

Bonjour Nanou, tu es présidente de l’association des « Abusés sexuels de l’Église – Tous ensemble ! ». Tout d’abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je suis retraitée, j’ai 66 ans. Nanou est mon nom usuel, celui qu’on m’a toujours donné.

Mon nom d’état-civil est Claudette. Je suis l’une des victimes recensées par le rapport de la CIASE de même que ma sœur, j’ai vécu une enfance très difficile, marquée par la violence et les mauvais traitements.

Une grand-mère paternelle alcoolique, un père en prison. Foyer d’accueil, fugue, on peut dire que ma sœur et moi nous avons tout connu et par-dessus tout, nous avons été victimes de trois prêtres maristes qui pour ma part m’ont violée de 3 à 13 ans. Ma sœur a été placée en foyer vers ses 10/11 ans, par la grand-mère

Les faits ont-ils été reconnus ?

Sur les faits, il n’y avait aucun doute. Les noms des trois prêtres maristes sont connus. J’ai retrouvé l’un d’entre eux vivant. C’était le 20 juin 2016, à la maison de retraite de Sainte-Foy-lès-Lyon, je l’ai rencontré sous le prétexte d’un documentaire fait par le voisinage de l'époque, nous y sommes allées avec France 3 en caméra cachée. Évidemment, je ne m'attendais pas des aveux ou des excuses et je savais que les faits étaient prescrits mais j'ai tout de même porté plainte, ma sœur aussi a porté plainte à Carros-le-Neuf (Nice).

Qu’est-ce qui a constitué le tournant ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Pendant très longtemps, il était impossible de me faire entendre, comment faire ?  Et puis j'ai toujours eu besoin d'avancer dans ma vie en occultant ce qui m'était arrivé. Mais en le gardant précieusement dans un sac accroché dans mon dos, avec l'envie de faire quelque chose, sans savoir comment mais avec la certitude que j'y arriverai. J'étais loin de m'imaginer le tournant que ma vie allait prendre grâce à la "Parole libérée".

La Parole libérée a vu le jour en 2016, j'ai eu le déclic en les voyant à la TV.

La question s'est de suite posée à moi : "Et pourquoi pas moi ?, je ne suis pas scout mais j'ai quand même été violée par les curés." À l’époque seuls France 3 et la Parole libérée prenaient les choses au sérieux.

J'ai décidé à ce moment-là de m'occuper de ce qui nous est arrivé.

Ça a été le début de ma grande aventure, enfin crue et reconnue ! Le cadeau de mes 60 ans.

J'ai entraîné ma sœur dedans, elle n'en croyait pas ses oreilles, elle qui est renfermée et très marquée mentalement et physiquement, enfin nous sommes crues !! 50 ans après !!!!

Cinq années ont passé, on a juste commencé à écrire mon livre. En 2017, ma sœur et moi avons fait un documentaire avec France 3 :  "Le silence brisé"

Que s’est-il passé à ce moment-là ?

Grande surprise !! Il y a eu mon audition par la CIASE en octobre 2021, en visio-conférence et enregistrée.

Je leur ai rendu la retranscription de mon audition corrigée qui relatait mon histoire.

Il y avait 22 pages, la CIASE certifiait ainsi que toutes les personnes entendues dans ce cadre étaient reconnues comme victimes. Enfin ! Je ne m'attendais absolument pas au chiffre effarant du nombre de victimes.

Si je me sentais seule avant, ça n'a plus été le cas à partir du 5 octobre 2021, 330 000 victimes !!

Il s'en est suivi la question d’un dédommagement, deux instances ont pris naissance pour cette deuxième partie, L'INDEMNISATION ? Comment cela allait-il se passer ?

J’ai donc été la première à être auditionnée par la CRR [Note : Commission de Reconnaissance et de Réparation] sur LYON, France 3 est venue filmer mon arrivée. Cette audition n'a pas été un grand succès pour moi, il m'a fallu raconter encore une fois toute mon histoire, ce qui était pénible. Au final, deux solutions m'ont été proposées : soit un montant unique pour toutes les victimes, soit un dédommagement au cas par cas.

On me demande : « Combien voulez-vous ? », mais il m'est impossible de répondre à cette question.

Quel est le prix d’une vie chamboulée ? C'est là que je me rends compte de l'impact de ces viols sur ma vie, c'est épouvantable cette analyse sur moi-même, en fait je me rends compte qu'il y a deux Nanou, l'enfant torturée qui reste dans ma carapace et la Nanou qui s'est battue chaque jour de sa vie pour s'en sortir et faire bonne figure, comment veulent-ils que je chiffre ça ? A l'instant T je pense que c'est un piège.

Ensuite comme j’avais dû me séparer d’une petite chienne pour des raisons financières, on m’a proposé des soins vétérinaires gratuits pour mon autre chien ! Puis on m’a parlé d’une petite rente mensuelle.

Je n’ai pas accepté, je ne suis pas une maison de crédit. Quand on m’a violée, on ne m’a pas laissé le choix.

Je n'oublierai jamais la question que monsieur H m'a posée : "Comment pouvez-vous vous rappeler avec une telle précision des faits qui ont plus de 50 ans ?"

Et moi de répondre : "Comment peut-on oublier les gestes, les mots, les odeurs, les endroits, les noms ?"

Voilà tout le professionnalisme de ce monsieur H, conseiller senior en matière de justice de transition auprès du Centre pour le Dialogue Humanitaire, l’une des principales organisations actives dans la médiation des conflits armés.

Une amie m’a alors mise en contact avec un avocat, Maître Jean Sannier. Celui-ci a déposé une assignation au Tribunal afin d'obtenir la possibilité pour moi de passer une expertise médico légale afin d'avoir une évaluation financière au plus juste, ce qui pourrait servir aux deux instances et aux victimes à venir. Mais cela m’a valu les foudres de la CRR et des maristes, qui étaient furieux. Ils ont eux aussi déposé une assignation On m’a accusée de vouloir jouer sur les deux tableaux. Ils m’ont dit que c’était soit eux, soit l’avocat et que si je n'obtenais rien de l'avocat, je n'obtiendrais rien d'eux car ça serait trop tard. J'ai trouvé ceci tellement injuste, on me demandait encore de baisser mes culottes devant ces maristes et la CRR qui ne vous soutient absolument pas.

Comment interprètes-tu la politique de l’Église en matière de réparation ?

Il y avait eu beaucoup de promesses après le rapport de la commission Sauvé.

Lors de la Conférence des Évêques de France, il n’était question que de pardon, de volonté de justice, et beaucoup de belles paroles sur la réparation des victimes. "Nous vendrons des biens mobiliers et immobiliers et nous ferons un crédit. " Aujourd’hui on constate que ça n'était que des promesses de Gascon.

L'Église se cache derrière le mur du silence, elle s’est débarrassée du problème sur les deux commissions créées : INIRR et CRR que l'on appelle aujourd'hui les boucliers de l'Église.

On nous a présenté trois grilles de dix questions, pour savoir s’il y avait eu viol ou attouchements, une ou plusieurs fois, s’il y avait eu un seul viol, plusieurs viols, sur une année, plusieurs années, au-delà de 5 ans ... On peut en mettre une pour exemple, que les gens comprennent ce que je dis [voir encadré].

Ce sont des questions très impudiques, chaque cas est particulier. Ces grilles de questions sont comme des couteaux qui viennent fouiller notre ventre, elles sont impudiques, elles sortent de la bouche de personnes qui ne sont absolument pas habilitées pour ces problèmes, elles nous mettent à nu devant elles, alors que nous ne les connaissons même pas. Ces mêmes questions posées par un psychiatre, un expert ou autre médecin seraient beaucoup plus acceptables pour les victimes.

Le surnom de « boucliers de l'Église » vient du fait que ces deux instances ont fixé un plafond d'indemnisation de 60 000 € maximum pour les cas les plus graves.

Selon les réponses à ces fameuses grilles, l'indemnisation devient complétement aléatoire, nul n'est certain de toucher une somme correcte et ces deux boucliers fixent les règles alors qu’il existe des experts indépendants qui sont des professionnels. Mais elle ne veut pas en entendre parler et pour cause, leur but c’est de donner le moins possible afin de protéger les fonds de l'Église. Celle-ci ne peut donc que se réjouir d'avoir procédé ainsi.

Ci-dessous, une des trois grilles questionnaires :

L'Inirr a établi une chaîne de gradation de la gravité de la situation dans le but d'ajuster ensuite un montant de réparation financière.

Cette échelle de gradation de la situation a vocation à être compréhensible par la personne victime.

En effet la cotation est effectuée au cours d'un échange entre la personne victime et le référent.

L'évaluation comprend 3 axes de gravité (faits, manquements, conséquences) avec, pour chacun d'eux, une échelle de 1 à 10.

  1. La gravité des faits de violences sexuelles.
  2. La gravité des manquements dans la prévention ou le traitement des faits, notamment de l'Église ;
  3. La gravité des conséquences, sur la santé au sens de l'Organisation Mondiale de la Santé, "l'état complet de bien-être physique, mental et social".

 

Le premier acte de gradation : des faits de violences sexuelles

La gradation en 10 niveaux est ainsi établie :

Niveau 1     Exhibition ou partage d'images pornographiques ou comportements inappropriés, confinant à la corruption de mineurs / harcèlement sexuel.

Niveau 2      Agressions sexuelles (attouchements) isolées.

Niveau 3      Agressions sexuelles (attouchements) répétées pendant une période limitée (-de 3 mois)

Niveau 4      Agressions sexuelles (attouchements) répétées pendant une période de plus de 3 mois.

Niveau 5      Viol unique.

Niveau 6      Viols multiples circonscrits pendant une période limitée.

Niveau 7      Viols multiples pendant plusieurs mois, sans dépasser un an.

Niveau 8      Viols multiples sur une période de 1 à 3 ans.

Niveau 9     Viols multiples sur une période de 3 à 5 ans / viol en réunion isolé/ viols multiples accompagnés de sévices pendant une période de moins d'un an.

Niveau 10     Viols multiples pendant plus de 5 ans / Viols pendant plus d'un an, accompagnés de sévices / Viols multiples en réunion, quelle qu'en soit la durée.

Une majoration possible : prise en compte du comportement d'emprise du ou des auteur(s) ou une immixtion dans la vie de la victime.

Ce texte émane de l’Académie catholique, celle-là même dont huit membres ont contesté les conclusions du rapport Sauvé.  Sous la menace, soucieux de leur liberté, ces représentants de l’Eglise rejoignent nos analyses. Rassurez-vous, on ne va quand même pas d’adhérer à la Libre-Pensée !

 

Réponse à la question de la page 3lC

Ce texte émane de l’Académie catholique, celle-là même dont huit membres ont contesté les conclusions du rapport Sauvé. Sous la menace, jaloux de leur liberté, ces représentants de l’Eglise rejoignent nos analyses. Rassurez-vous, on ne leur demandera quand même pas d’adhérer à la Libre-Pensée !

 

commune de lyon

Retour sur un événement dont nous n’avons pas pu rendre compte dans le n° spécial de l’An II « L’Église savait ». Ci-dessous l’article du Progrès du 2 mai 2022, et le contenu du courrier adressé au maire de Lyon le 14 février dernier.

 

                                                                                                    Lettre des associations à Monsieur le Maire de Lyon

Lyon, le 14 février 2022

Monsieur le Maire,

Voici près de 18 mois que nous vous avons adressé un courrier concernant la célébration de la mémoire de la Commune qui ne s’est pas déroulée, en 1871, seulement à Paris mais aussi à Lyon et d’autres villes.

Nous avions particulièrement insisté sur le massacre de la Guillotière, en proposant la pose d’une plaque commémorative sur le lieu des événements.  Cette plaque reproduirait l’image célèbre, emblématique de la Commune à Lyon, accompagnée d’un court texte permettant d’informer le public. Cet épisode tragique n’est rappelé nulle part à Lyon, ce qui est un « oubli » historique incompréhensible (…)

Nous vous demandons confirmation « officielle » de votre accord pour la pose de la plaque, et nous déclarons prêts à une entrevue avec vous-même ou avec Mme Delaunay, pour une parfaite transparence du dossier (…) 

Libre-Pensée du Rhône         IHS-CGT        Amis de la Commune de Paris

 Libres propos, libres pensées

 

L'étrange défaite : Kevin, Ryan et les "valeurs européennes"

 

Depuis des décennies on nous rebat les oreilles avec une antienne forgée par l'UE, "les valeurs européennes". Le Parlement Européen affiche ses SIX (c'est précis) valeurs fondamentales qui sont : "Respect de la dignité humaine, Liberté, Égalité, Démocratie, État de Droit, Respect des Droits de l'Homme, y compris ceux des minorités". Bravo !

Qui est contre ? Certes pas nous, libres penseurs.    

Car il n'y a évidemment rien à objecter à cela, on ne peut qu'être d'accord, mais l'altruisme béat étant le fonds de commerce consensuel et universel placardé par toutes les doctrines, religions, sectes et partis politiques, la question est plutôt de savoir si elles sont bien respectées par leurs propres sectateurs.

D'ailleurs, pour un très grand nombre de partisans de l'UE, ces principes se confondraient étroitement avec les si nébuleuses et tant glorifiées "valeurs chrétiennes" qu'elles incarneraient à la perfection.

Bien que, démocratie et religion… on a des doutes.

Quand on la regarde d'un point de vue purement factuel et non idéologique, l'histoire européenne de la chrétienté (et pas seulement dans un lointain passé !) est plus ponctuée d'horribles méfaits, d'abus de pouvoir, de spoliations et d'hypocrisie jésuitique que de bienfaits, même s'il peut en exister. Signalons un progrès : La Raison n° 667 nous apprend que la religiosité est en hausse chez les jeunes ! Alléluia ! Les efforts assidus de l'UE en ce sens paient enfin.

Pendant que vous priez, on agit… pour votre bien... 

Mais les très chères "valeurs (chrétiennes) européennes" permettent surtout de pointer chez des pays "non alignés" (c.-à-d. : non soumis)" leurs manquements réels (ou supposés) au respect de nos vaches sacrées, sans trop regarder si elles sont scrupuleusement respectées par l'UE et les "Amis" (Ami : germanisme équivalent d' "Amerloque") comme on veut bien le faire croire.

On se le demande… et c'est faux.  

Car l'UE, si elle est réputée avoir maintenu la paix en Europe (on oubliera pourtant la pulvérisation de l'ex-Yougoslavie par l'OTAN !) a envoyé maintes fois au loin ses soldats OTANisés combattre, tuer et mourir dans "Les Guerres Scélérates" (William Blum, 2004) décidées par son suzerain US, qui ont plus à voir avec le dollar et les valeurs boursières et pétro-gazières que celles de la démocratie et des Droits de l'Homme. Morts, blessés, handicapés, tortures by CIA avérées, "sanctions" qui déprivent des populations de leurs moyens vitaux, migrations résultantes : quel "DROIT", quelle "VALEUR" autorise cela ? Combien de millions de victimes ?

Car comme nous l'avons déjà vu (AN II n° 183) l'UE a été un projet US destiné à contrer l'influence à l'époque très prégnante de l'URSS et promouvoir ses intérêts en assurant un marché grand ouvert à son American Way of Life (c.-à-d. au consumérisme) qui est devenu depuis partie intégrante et très visible de notre paysage quotidien, au prix de l'abandon de notre souveraineté, des valeurs issues des Lumières et de notre acculturation. C'est fait, et largement !

Parmi les jeunes "auto-entrepreneurs" (synonyme de "citron pressé") et autres "startupers" on peut rencontrer des Kevin, Ryan, etc., dont les parents étaient apparemment bien plus fascinés par la star-culture hollywoodienne et sa recette gagnante " rêve, glamour, violence, guerre et jeux (vidéo)", que par la leur propre : c'est Stallone vs Montesquieu ! 

Le cinéma français (et européen) a ainsi été laminé par les blockbusters débiles ou de pure propagande militariste (Top Gun) hollywoodiens ; au pays phare de la gastronomie un maillage ultra-serré de McDo a envahi tous nos départements, on boit du Cola à table, on célèbre Halloween et un surprenant chiffre de plus de 2.000 clubs de danse country, un loisir populaire US, quadrille (c'est le mot juste) tout notre pays (cf. La France sous nos yeux, de Jérôme Fourquet, étude sur la métamorphose de la France). 

La "France moche" de nos périphéries ressemble maintenant à celles sans âme de Californie, avec leur hideuse laideur publicitaire, vouées au dieu $, aux SUV et à la surconsommation futile et à crédit, tant par le commerce excentré, franchisé et uniformisé que par l'habitat, pendant que les centres-villes de nos provinces en grave déshérence industrielle par les délocalisations à finalité financière se meurent.

Des clubs de bikers sillonnent nos routes sur leurs Harley-Davidson, arborant fièrement des drapeaux américains et les hégémoniques GAFAM et leur dystopie numérique ont envahi notre vie intime, nous harcelant de pubs, espionnant tout : nos clics, nos achats, nos goûts, nos lectures, nos préférences, nos vices, nos déplacements, nos détestations, nos opinions, notre rendement instantané au travail, supprimant ou dégradant les emplois stables restants et censurant à leur gré ou sur demande le "pas politiquement correct".

Sans eux, plus rien, même l'État français et tout son appareil régalien, ne peut fonctionner.

Car les rouages de notre État sont grouillants de technocrates formatés et (dé)formés "à l'américaine" et de cabinets "de conseil" anglo-saxons payés à prix d'or, situation ahurissante peinte par Matthieu Aron et C. Michel-Aguirre dans leur livre "Les Infiltrés".

Pour reprendre le vocabulaire de la guerre froide nous, les vieux peuples européens, ne sommes plus que des satellites enchaînés par la dette, surveillés, espionnés, passifs et consentants, mentalement et financièrement colonisés dans notre servitude volontaire par un empire en déclin qui cependant se refuse de renoncer à diriger un monde rétif qui va lui échapper, lassé par tous ses excès et son incommensurable hypocrisie.

Citation imagée d'une panaméenne, d'un territoire arraché par la force à la Colombie en 1903 par les USA (pour construire le canal) : "Ils ont leur cuiller dans chacune de nos soupes ! " Pourtant le mimétisme pro-US fonctionne (encore) à plein.

Tout cela a un prix. Il suffit de voir l'état avancé de déliquescence en cours de notre langue française et de son orthographe si malmenée, tant dans la population que par les médias après des décennies d'ingestion de SMS, tweets, pop-culture, talk-shows, star-system, reality shows, tags, hip-hop, Facebook, stock market, Star Wars, and on, and on, and on…

Dans nos rues, les publicités et les boutiques se multiplient qui portent des slogans ou des enseignes à pseudo-consonnance anglosaxonne, même si la plupart de leurs inventeurs seraient probablement bien en peine de lire un bon livre entier en anglais.

Le World-English est devenu le jargon, le latin moderne de soi-disant "élites" mondialistes prêtes à nous vendre au plus offrant, et trop souvent synonyme "d'imbéciles éduqués" selon Emmanuel Todd, issus des classes privilégiées, bien coucounés dans de coûteuses écoles privées, à l'abri des gueux.

C'est le langage de l'UE et de son corollaire presque obligé, l'OTAN, l'expression très concrète et bras armé du système d'exploitation économique du monde par l'Empire US qui fait le bonheur et les gras bénéfices (2% de PIB !) du vaste complexe militaro-industriel US-UE : valeurs frelatées, guerre-business, finance dévoyée sont ses ultimes vraies productions.

On ne s'étonne même plus des monstrueux revenus des grands PDG et managers, des traders, des stars, des peoples, des footballers, etc. On les admire ! Marc Bloch pourrait abondamment écrire sur "L'étrange défaite morale". Oui, la France a changé. Elle est lobotomisée, assujettie, parasitée et pourtant (apparemment ?) satisfaite de l'être.             RJ       

 

 

 

2022 02 AN II

ÉDITORIAL

 

 

Une série de réunions a lieu en ce moment dans des communes des monts du Lyonnais, là où a sévi le P. Ribes., et où les victimes de ce pédo-criminel se rassemblent et font leurs comptes. Un comité de victimes s’emploie à « libérer la parole ». Démarche indispensable, car tout n’a pas été dit.

Les victimes ne s’expriment pas facilement. Beaucoup ne veulent plus entendre parler de rien. On connaît ces cas « d’amnésie traumatique » où une forme de honte intériorisée, même infondée, entraîne un désir d’effacement complet du passé.

L’affaire « Ribes » est emblématique des errances de l’Eglise révélées par la CIASE. Malgré tout le sérieux du travail effectué par cette commission d’enquête sur les crimes perpétrées par des religieux, on n’en finit pas de découvrir de nouveaux prolongements.

Que s’est-il passé à Sainte-Catherine, à Pomeys, à Grammond, dans tant de communes où le P. Ribes s’est comporté en prédateur tout-puissant, depuis les années 70 jusqu’à sa mort en 1994 ?  Dès 1976, un séminariste de Vienne-Estressin (où Ribes professait) révélait être tombé sur des centaines de dessins pornographiques représentant des enfants. Son signalement était ignoré par le directeur de conscience.  Sous le nom de Rib, le prêtre devait par la suite poursuivre une carrière « d’artiste » dans les trois diocèses, de Lyon, de St-Etienne et de Vienne-Grenoble, toujours entouré d’enfants qu’il faisait poser en les manipulant, en jouant partout de son prestige de créateur et de guide spirituel.  …On vous épargnera les détails les plus sordides.

Toujours entouré d’enfants, même quand l’œuvre ne le justifiait pas. Et cela se voyait. Mais la réalité, ce sont les crimes. « Crimes », car on parle bien de viols, de pénétrations, pas de simples attouchements comme dans des affaires plus « ordinaires ». Qui plus est, Rib était très riche. Si riche que des victimes se sont posé la question depuis : cet argent pouvait-il venir seulement de la vente de ses œuvres, où d’un commerce commis avec des réseaux criminels ? Malgré tous ces signaux : rien.

Aujourd’hui, 48 victimes se sont signalées, dépendant de trois diocèses. Leur première obsession : ne plus voir les œuvres qui leur rappellent leur martyre, ni les tableaux ni les dessins, ni le « chemin de croix » (qui a été désinstallé) ni les vitraux d’églises. Que faire de ces productions ? C’est un autre problème, qui n’a pas trouvé sa solution.

Rib a parfois vendu ses œuvres, au prix fort, aux parents de ses victimes. Il a aussi vendu des vitraux dans plusieurs communes, comme celle de Sainte-Catherine où il avait des relations. Les contribuables de l’époque ont payé. Aujourd’hui, ils paient une deuxième fois puisqu’il faut démonter et remplacer les vitraux. Heureusement, il existe des vitraux disponibles dans des églises « désacralisées ». Il reste le montant des travaux.

L’affaire intéresse trois diocèses. A lui seul, le diocèse de Lyon représente quelque 76,2 millions d’euros (bilan de 2019), chiffre à réévaluer si l’on tient compte du fait que les terrains et certaines constructions situées dans des quartiers prestigieux ont acquis une plus-value immobilière impossible à estimer. Les croyants qui aspirent au retour à une église « pauvre » ont encore du souci à se faire.

L’institution ecclésiale est seule et totalement responsable du désastre.

Le P. Emmanuel Gobilliard, évêque-auxiliaire du diocèse de Lyon chargé des relations avec le parquet qui a effectué depuis 6 ans le travail de recension des victimes au compte de la CIASE (« commission Sauvé ») l’a reconnu : « On s’est pris pour la justice, on s’est pris pour la police. Ce n’est pas notre métier. » On ne saurait mieux dire.

Ce prêtre.reconnaît que rien – pas même des compensations financières – ne pourra jamais réparer les dommages infligés aux victimes, et indirectement à leurs proches. Il faudra pourtant prendre en compte toutes les demandes de « réparation ». Et nous disons aux victimes : « Vous avez raison d’entreprendre une démarche collective ! Ne vous laissez pas abuser une seconde fois ! »

Nous le répétons : L’Eglise doit payer ! L’Eglise peut payer !

 

 nos disparus

 

HARRY KOUBI

 

Harry Koubi est décédé le 4 janvier, une cérémonie laïque a rassemblé de nombreux amis et camarades, le 10 janvier au crématorium de la Guillotière, avec ses enfants et petits-enfants.

Harry a tenu à rappeler les fondements de sa vie militante, longue et bien remplie : son attachement à l'IVe Internationale. Et il a voulu la présence de la Libre Pensée lors de cette cérémonie laïque, sous le drapeau de la fédération.

Au nom de tous ceux qui connaissaient Harry – et ils sont nombreux - la libre Pensée a exprimé toute sa sympathie à Nicole ton épouse, à ses enfants, à ses petits-enfants et à ses proches.

« Parmi nous, certains te connaissaient depuis 1971, un demi-siècle déjà. À l’époque, ton engagement militant était déjà clair. Et tu es resté toujours fidèle à tes convictions : démocratie, laïcité, liberté de conscience, liberté dans le domaine de la recherche et pour la science. En somme tout ce que devrait être l’Université.  « Université » : un mot qui pour toi devait être si proche « d’universalité » ou « d'universalisme ». Confiance dans la raison, confiance dans la méthode du libre examen qui ne reconnaît d’autorité dite « supérieure » en aucun cas.

Et souvent les discussions étaient âpres, parce que pour débattre avec toi il ne fallait pas simplement affirmer. Non ! Il fallait argumenter. Et à partir de là on pouvait s’entendre, et on avançait en toute camaraderie (…) 

Cher Harry, ami et camarade, nous te saluons une dernière fois. »

 

 

Quelques messages…

Pour Nicole d’abord qui a partagé sa vie, mes pensées amicales et solidaires, pensées de loin bien sûr mais la mémoire est intacte. Des hommes comme Harry laissent des sillons dans nos mémoires. Et pour tous les camarades engagés comme lui, un souvenir en forme de leçon : Harry toujours fidèle avec cette modestie qu’autorise la certitude que le combat est dur, mais juste et s’il n’est pas encore victorieux, qu'il le sera. Harry en était convaincu.  Gardons sa mémoire.

Richard Kausch

Harry, nous t'enterrons un 10 janvier. Mais pour moi le 10 janvier c'est celui de 1971, où tu avais participé à une conférence de militants de l'UNEF à Paris et qui s'était terminé par un vibrant appel : L'UNEF VIT, L'UNEF VIVRA !

Tu nous racontais cela le lundi qui suivait, dans le local UNEF SCIENCES, avec joie et malice. Cette formule te résume, notre vieux camarade et ami, rien n'est plus fort que la vie qui avance. Tu as largement fait ta part du chemin pour paver celle de la vie qui avance. Aux nouvelles générations à continuer, c'est dur de te quitter.                        Gilles CHAMPION

Pour Harry, quelques mots….

Je connaissais Harry depuis cinquante ans. En 1971, j'intégrais la fac de Droit dont le bâtiment des deux premières années se trouvait, à l'époque, sur le Campus de la Doua.

Je venais d'adhérer à l'UNEF Indépendante et Démocratique. Nous n'étions vraiment pas très nombreux en Droit.

Mais à l'entrée du Campus, en Fac de Sciences, il y avait beaucoup plus de camarades. Et j'allais souvent au local syndical en Sciences. Parmi tous ces camarades, il y avait Harry, dont la conviction militante s'accompagnait de beaucoup de gaieté, de générosité et de gentillesse. A moi, jeune militante pas très aguerrie cela avait donné confiance.

Après mes études, j'ai quitté la Fac et Harry, lui, est resté à l'Université car c'était le lieu de son activité professionnelle. Nous n'étions plus étudiants, mais nous avons continué toutes ces années à militer ensemble et aussi à la Libre Pensée, avec Nicole à ses côtés.

J'ai de la peine aujourd'hui, mais ce qui reste dans ma mémoire c'est la gaieté d'Harry, le rire d'Harry, toujours aussi réconfortant et cela c'est ineffaçable.                                                                                                   Myriam CAMUSSO

 

PIERRE GOYARD

Pierre Goyard nous a quittés. Il était le vice-doyen de notre fédération, et peut-être le plus ancien de ses membres (nous n’avons pas pu retrouver la date de son adhésion).

Avec l’âge, nous ne le croisions plus lors de nos réunions ou initiatives publiques.

Il avait cependant gardé sa vivacité d’esprit et son humour, retiré dans sa résidence de la Croix-Rousse. Il est resté jusqu’au bout un rationaliste convaincu et un libertaire impénitent.

Un « esprit libre » au plein sens du terme.

Pierre Goyard est né le 1er avril 1928 à Lyon.

Son père se suicide quand il a 5 ans. C’est donc seule que sa mère Marcelle l’élève. Femme au grand cœur elle prend en charge sa belle-mère.

Pour subvenir au besoin du trio Marcelle travaille comme ouvrière le jour et, excellente couturière, coud jusqu’à tard dans la nuit pour de riches clientes.                                                                                                                                                                      Pierre assure les livraisons et pénètre ainsi dans de belles maisons bourgeoises.

C’est à ce moment qu’il prend conscience de l’injustice sociale et qu’il se promet de sortir de la pauvreté et de gravir les échelons. 

Esprit curieux et ouvert il n’a alors de cesse d’acquérir les connaissances qui lui font défaut.                                                                                                                      

Le ton est donné !

Petit bonhomme de 8 ans il participe aux manifestations de 1936. Il défile en tête des cortèges et aide à la distribution du ravitaillement des grévistes.

 

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Il a 11 ans quand la 2° guerre mondiale éclate. Période terrible ! Il se retrouve seul quand sa mère est arrêtée par la Gestapo pour sabotage. Elle est miraculeusement relâchée.                                            

Il part à Marseille et apprend le métier de coupeur en chaussures.

De retour à Lyon, il travaillera chez Bailly, dirigera plusieurs SCOP puis épaulé par son épouse Yolande il montera sa propre entreprise.

Tous les deux auront à cœur de soutenir les artistes, d’apporter un soutien financier à de nombreuses œuvres caritatives et leur foyer sera toujours ouvert à leur famille et à leurs amis.     

Pour eux le mot générosité n’était pas vain.

Franc-maçon et fidèle à ses idéaux il sera un ardent défenseur des libertés, de la laïcité et de la justice sociale. 

Sportif de bon niveau il pratiquait l’alpinisme, le ski, la plongée, la voile, le judo et la course à pied.

Il fut un père aimant et attentionné.

 

Le corps de Pierre Goyard a été incinéré vendredi 4 février au crématorium de Bron, sous le drapeau de la Libre Pensée.

Fidèle à ses convictions jusqu’au bout, il avait tenu à ce qu’une collecte soit organisée à son bénéfice à l’issue de la cérémonie.

 

 

 

 La commune de lyon

La parole à Matthieu Rabbe

Auteur de l’ouvrage « les Communards à Lyon » (Atelier de Création libertaire, 2015)

 

A l’heure où nous publions ces lignes, nous sommes toujours en attente de l’accord officiel de M. Doucet, maire de Lyon, pour l’installation de la plaque commémorative du massacre de la Commune du

30 avril 1871 à la Guillotière.

Alors que les voyants semblaient au vert depuis ces derniers mois, avec un accord de principe et l’intérêt de plusieurs élus et maires d’arrondissements, la décision est remise en cause au prétexte de possibles troubles dans le quartier de la Guillotière, et de risques de dégradation de la plaque.

Manifestement, la Commune pose toujours problème.

La Libre-Pensée du Rhône, l’HIS-CGT et les « Amis de la Commune » ont réitéré leur demande commune.

 

Matthieu Rabbe, historien de la Commune de Lyon, nous donne son point de vue. Nous l’en remercions.

 

  • - Matthieu Rabbe, vous avez relancé les recherches sur la Commune de Lyon en publiant "Les Communards à Lyon" en 2015. Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous expliquer comment vous en êtes venu à vous intéresser à la Commune ?

Mon intérêt pour la Commune est d'abord personnel. Je suis originaire de Besançon, et les noms des bisontins Pierre-Joseph Proudhon et Charles Fourier ainsi que de l'ornanais Gustave Courbet m'étaient très familiers. Cela m'a amené à m'intéresser aux courants politiques socialisants du XIXe siècle, à la Commune, etc... Je suis arrivé à Lyon il y a une bonne dizaine d'années pour faire des études d'Histoire à l'Université Lyon 3, et mon intérêt personnel pour le mouvement de la Commune s'est transformé en intérêt de chercheur en m'apercevant que le sujet de la Commune de Lyon avait été quelque peu laissé de côté. Durant mes deux années de Master, grâce à l'aide précieuse du professeur Olivier Faure qui m'a dirigé et guidé sur le sujet, j'ai petit à petit dégagé deux axes de réflexion sur le sujet : d'abord une approche socio-historique des communards lyonnais au travers des sources de police, puis, constatant que les sources policières, militaires, judiciaires étaient abondantes sur le sujet, je me suis ensuite intéressé à ceux qui avaient réprimé et surveillé les communards. La maison d'édition indépendante l'Atelier de création libertaire s'est ensuite intéressée à ces recherches et j'ai retravaillé ces deux axes d'approche, afin de les réunir en un seul ouvrage.

  • - Nous allons revenir sur ces deux aspects. Mais tout d'abord, comme vous le dites, le sujet a été "quelque peu laissé de côté". Comme l'a été longtemps la Commune de Paris. À Lyon, aucune inscription, ni plaque ni stèle ne rappelait cet événement jusqu'à aujourd'hui.
  • - Avez-vous une explication à cette forme d'amnésie collective ?

Il est vrai que la mémoire de la Commune à Lyon reste évanescente. Lyon est une ville à l'histoire extrêmement riche et il est possible que des événements aussi courts, aussi divers, aussi complexes, que les mouvements communalistes lyonnais ne permettent pas une appropriation facile par la mémoire collective. 

Les communards sont aussi encore bien souvent confondus avec les canuts révoltés de 1831 et 1834. Et d'ailleurs, même quand la distinction est faite, la portée symbolique et mémorielle des insurrections des canuts prend implacablement le pas sur les nombreux autres soulèvements de Lyon qui ont eu lieu durant ce "siècle des insurrections" qu'est le XIXe siècle.
Il faut le dire également, les mouvements communalistes lyonnais de 1870 et 1871 n'ont pas la portée symbolique des insurrections des canuts de ces années 1830, et n'ont que dans une très moindre mesure la dimension héroïque et/ou tragique de la Commune de Paris.
Il y a eu malgré tout un sérieux travail de la part des historiens depuis un demi-siècle, et qui se poursuit aujourd'hui, pour parfaire la connaissance de toutes ces Communes qui émergèrent en dehors de Paris et qui, même si elles sont peu connues par le grand public, restent passionnantes. De plus, à Lyon, la présence et l'influence de Mikhaïl Bakounine jouent un rôle dans la persistance du souvenir de ces moments et leurs donnent une dimension internationale, mais cela reste bien souvent restreint à ceux qui se revendiquent de l'héritage de l'idée communaliste ou de l'héritage du philosophe russe.

  • - Votre travail a permis d'explorer des voies nouvelles. Quel est votre apport dans la connaissance de ceux qui furent les "communards" lyonnais ?

"Communard" est un terme qui, à l'origine, a un sens péjoratif et qui est devenu une catégorie aux contours parfois flous. L'étude socio-historique des sources policières sur les communards, qui sont notamment constituées par de nombreux dossiers nominatifs et fiches individuelles, a permis de faire ressortir des individualités qui étaient effacées et englobées dans cette catégorie. Il me semblait important, en envisageant le sujet sous cet angle, que les anonymes et les sans-voix retrouvent leur place parmi les insurgés et soient envisagés à égalité avec ceux des révoltés qui ont eu la voix la plus puissante. Des parcours de vie d'hommes et de femmes ont alors ressurgi et ont fait la preuve de leur richesse. 
Les réalités des parcours sont d'ailleurs parfois si diverses qu'il peut être ardu d'en tirer des conclusions générales. Et parfois, le portrait individuel peut dresser le portrait du communard plus efficacement qu'un portrait moyen né des statistiques. Par exemple, il a été difficile de définir une ligne politique ou philosophique majoritaire au sein des mouvements communalistes lyonnais en dehors d'un fédéralisme ou d'un municipalisme acharné.  L'idée anticléricale fut de celles qui rassemblaient le plus, et pas seulement parmi les communards. Les libres-penseurs et "matérialistes" se retrouvent en nombre dans les rangs de l'insurrection. L'influence de l'Association Internationale des Travailleurs (A.I.T. ou première Internationale), de l'anarchisme naissant et du socialisme est réelle mais pas tout le temps majoritaire. De nombreux blanquistes, radicaux révolutionnaires et jacobins sont présents et sont moteurs parmi les communards par exemple, mais tout autant que ceux qui n'ont pas d'étiquette.
D'ailleurs, en se posant la question de ce qui pouvait rassembler en dehors de la communauté d'idées, nous avons découvert des traces de l'importance des liens familiaux et des liens de corporation ainsi que de la prégnance des solidarités et des sociabilités de quartier parmi les communards. Nous avons alors pu constater les spécificités sociales et professionnelles des communards lyonnais. La plus évidente par exemple est celle de la prédominance des tisseurs par rapport aux ouvriers des "nouveaux métiers" de la métallurgie ou du bâtiment. L'exposition d'une stabilité sociale relative apporte aussi un contrepied à l'idée anti-communarde répandue à l'époque qui faisait cohabiter l'insurgé avec le crime ou la dépravation. Également, une nouvelle fois, le constat de la relégation des femmes au second rang de l'histoire a été malheureusement fait : malgré les témoignages et sources qui évoquaient leur nombre et leurs actions parmi les communards, très peu de noms féminins ont pu être retrouvés...

  • - Dès septembre 70, le Comité de Salut public laïcisait l'enseignement et supprimait toute subvention aux communautés religieuses. C'est une extraordinaire préfiguration de ce qui allait se passer à Paris quelques mois plus tard. Pouvez-vous nous en dire plus sur l'anticléricalisme des communards lyonnais ? Et où trouve-t-il ses racines ?

Lyon est une ville où la religion a de tout temps été forte et où l'on trouve de très nombreux établissements religieux. Par opposition à ce monde donné, les mouvements de libre-pensée furent très dynamiques également, et cela surtout dans les milieux républicains et révolutionnaires de la Seconde moitié du XIXe siècle. Notons que lors de la révolution de 1848, l'anticléricalisme fut plus fort à Lyon qu'à Paris. Et tout au long du Second Empire on va assister à une montée en puissance des sociétés de libres-penseurs et des manifestations anticléricales, lors des enterrements civils notamment, qui pouvaient rassembler des centaines de personnes et se transformer alors en véritables manifestations d'affirmation contre la religion.
Au 4 septembre 1870 lors de la proclamation de la République, la plupart des républicains, communards ou non, sont donc en accord sur le sujet : la société, et notamment l'enseignement, doit être déchristianisée. Beaucoup de religieux quittent la ville à ce moment, et les établissements religieux sont occupés par des révolutionnaires ou par des bataillons de garde nationaux. Cela explique pourquoi, en effet, une des premières mesures prises fut la laïcisation de l'enseignement, le Comité de Salut Public proclamant que "l'enseignement donné par les congrégations religieuses est contraire à l'esprit républicain". Ce Comité de Salut Public, rassemblait des révolutionnaires partisans d'une Commune décentralisée, des républicains radicaux, mais également des républicains modérés. Et même s'il sera remplacé quelques jours plus tard par une municipalité plus modérée dirigée par Jacques-Louis Hénon, on s'aperçoit au travers des délibérations du Conseil municipal que c'est une mesure qui ne sera pas démentie. Le 2 octobre 1870 par exemple, la commission de l'instruction publique du Conseil municipal (qui n'était donc plus "communard") était d'avis "qu'il faut remplacer le plus promptement possible les ignorantins et les religieuses, [...] par des instituteurs laïques" et qu'il faut "s'entendre avec le Président de la Société d'Instruction libre et laïque". 
Un certain nombre d'instituteurs et d'institutrices d'école libre et laïque se retrouvent effectivement parmi les communards. Marie Bonnevial en est un bon exemple : institutrice, elle fut révoquée à cause de son engagement en faveur des mouvements communalistes lyonnais et elle fut déléguée d'arrondissement de la société de Libre Pensée et plus tard membre fondatrice du "Cercle littéraire des Dames lyonnaises", cercle connu pour la radicalité de ses opinions. Elle s'engagera plus tard aux côtés de Jules Guesde à Paris.

Mais même en dehors des mesures prises et en dehors des milieux de l'enseignement libre et laïque, dans les renseignements de police sur les communards, il est très souvent fait mention de leurs attitudes ou de leurs propos anticléricaux et, comme je l'ai évoqué déjà, beaucoup sont catégorisés comme "Libres Penseurs". Ceux-ci avait une propension notoire à la provocation, tel Eugène Grosdenis dit Denis Brack, collaborateur du journal anticlérical de Jules Frantz Le refusé , puis dirigeant du journal lyonnais L'excommunié, qui était spécialiste de banquets au saucisson du Vendredi Saint et qui fut parmi les communards qui occupèrent les établissements religieux à partir du 4 septembre 1870.
En revanche, les mouvements communalistes qui se succédèrent après le mois de septembre 1870 jusqu'en avril 1871 proclamèrent moins fort leur anticléricalisme. Non pas que l'opinion des communards avait évolué sur le sujet, mais le Comité de Salut Public avait déjà frappé fort, et les premières mesures prises n'étant pas vraiment démenties, la priorité des communards ne semblait alors plus être les attaques contre la religion, mais plutôt la défense du principe fédératif, puis, après la proclamation de la Commune de Paris, le soutien à la capitale.

  • - Venons-en à un aspect important de votre travail sur les sources, celui de la répression à l'encontre des émeutiers. À Lyon, il y a bien eu le massacre du 30 avril 1871 à la Guillotière, mais globalement la violence de la répression est sans commune mesure avec ce qui s'est passé à Paris lors de la "semaine sanglante". Que pouvez-vous dire des événements du 30 avril et de la répression qui s'ensuivit ?

Souvent, lorsque l'on étudie des mouvements révolutionnaires ou insurrectionnels, leur répression est plus évoquée qu'analysée. Et de fait, la compréhension de l'esprit répressif est le plus souvent laissée à ses partisans. Il s'agissait alors pour moi, lors de ce travail, d'essayer de comprendre quels étaient les mécanismes et les enjeux chez ceux qui s'opposèrent aux mouvements communalistes lyonnais.

Lors de l'insurrection de la Guillotière le 30 avril 1871, qui sonne le glas des tentatives lyonnaises, on assiste à l'union retrouvée des représentants des forces répressives de l'État central face aux insurgés qui le remettent en cause depuis des mois. Il est important de le remarquer car ces mouvements qui peuvent parfois apparaître comme nébuleux car non unifiés, trouvent une de leur direction commune dans le rejet de l'État centralisé, qu'il soit sous la forme du Gouvernement de la Défense nationale de septembre 1870 à février 1871, ou sous la forme du Gouvernement de Versailles à partir de février 1871. La municipalité, même si celle-ci est sous le feu des critiques des communards, n'aura jamais véritablement un rôle de répression.

Elle sera, pendant les mouvements communalistes, opposante ou parfois conciliatrice, mais elle est absente des moments de combats violents. Ce sont les représentants de l'État qui ont ce rôle même si ceux-ci sont imbriqués dans les luttes intra-urbaines. L'insurrection du 30 avril correspond donc, en ce qui concerne le point de vue lyonnais, à l'apogée de la polarisation entre les deux camps.

Ce quartier de la Guillotière, le plus difficilement contrôlé par les autorités, rassemblait une population ouvrière de plus en plus liée à l'industrialisation, différente de celle des canuts de la Croix-Rousse, mais non moins favorable à la République sociale. On y trouve donc de nombreux communards, et la loi versaillaise du 14 avril 1871 qui privait les villes de plus de 20 000 habitants du droit de choisir leur maire y fut ressentie comme une provocation. De nouvelles élections municipales ont lieu le 30 avril et il est décidé d'un sévère boycott par la frange la plus révolutionnaire de Lyon, encore active malgré les échecs des tentatives précédentes, et soutenue par des sections suisses de la Première Internationale. La mairie du IIIe arrondissement (celle de la Guillotière) est occupée, des barricades sont dressées autour de la place du pont où elle se tenait, ainsi que dans les rues adjacentes, et les communards en armes se préparent à une réaction violente. Il s'agit du premier et du seul combat armé qui aura eu lieu entre septembre 1870 et avril 1871. Les communards essayent de soulever la Croix-Rousse mais cette fois-ci sans succès. La Guillotière remplace alors à ce moment-là le quartier de Croix-Rousse comme quartier des insurgés lyonnais.

La Garde nationale, trop instable, n'est pas mobilisée par les autorités. On retrouve à la tête des troupes destinées à la reconquête de la Guillotière, le préfet Edmond Valentin, le procureur de la République Louis Andrieux, le général de la division militaire Joseph Crouzat, le général commandant la place militaire Victor Février et le directeur de la Sûreté Gaston de Gourlet.

Malgré cette représentation massive des autorités centrales, par deux fois les troupes de l'armée de ligne envoyées doivent être retirées, en urgence, car elles montraient des signes de fraternisation avec la foule. La troisième tentative, appuyée par une charge de cavalerie et par des canons sera celle qui lancera les combats. Lors des affrontements qui durent la journée et une partie de la nuit, le préfet est blessé, le procureur de la République est happé par les insurgés lors d'une tentative de parlementation et libéré par la première charge de cavalerie. Mais ce seront les insurgés qui paieront le plus lourd tribut avec plusieurs dizaines de morts de leur côté.

Les combats ne durent pas et, même s'il y a eu des morts, il n'y a vraisemblablement pas eu de massacre froid comme ce fut le cas à Paris. Pour autant, la répression est loin d'être terminée.

L'État va pourtant ensuite utiliser les mêmes armes contre les lyonnais que celles dont il use contre les parisiens pour implacablement punir les communards de leurs aspirations. 
La première mesure du préfet Valentin fut de dissoudre les bataillons de la Garde nationale qu'il juge trop instables (anticipant la mesure que prendra Versailles après la semaine sanglante).
La justice civile qui commençait à informer contre les tentatives de l'automne et de l'hiver 1870 va être remplacée par la justice militaire et ce sera, comme à Paris, des Conseils de guerre qui jugeront les participants aux diverses tentatives insurrectionnelles lyonnaises des 28 septembre et 20 décembre 1870 tout comme celle des 22-24 mars et 30 avril 1871. La volonté de Thiers "d'expiation légale" est donc appliquée à Lyon. Lors des instructions et des procès, on constate alors un mélange de sévérité envers les meneurs et un grand mépris envers ceux qu'ils auraient "abusés". Quelques peines de mort dans le cas de l'affaire Arnaud, et de nombreuses peines de "déportation dans une enceinte fortifiée", qui signifiait le bagne en Nouvelle-Calédonie, ont été prononcées. La prison, les amendes font aussi partie des peines retenues. Il y eut d'ailleurs une distinction temporaire dans le statut des prisonniers, certains étant considérés de suite comme de vulgaires criminels, comme des "droits communs" (ce fut le cas des insurgés du 30 avril), et certains comme des prisonniers politique avec un régime spécial (ce fut le cas de certains de la tentative de Mars par exemple). Mais rapidement, les communards furent tous mis au même régime : celui des prisonniers de droit commun.


La police fut aussi une grande actrice de la répression des communards sur le long terme. Pourtant, elle est d'abord extrêmement désorganisée dans son fonctionnement car celle-ci est presque complètement supprimée au 4 septembre par le Comité de Salut Public et les ex-fonctionnaires impériaux sont révoqués, de plus le service de Sûreté restant est d'abord aux mains des révolutionnaires. Et elle aura ensuite beaucoup de mal à reprendre de la force pour redevenir efficace face à ceux qui, d'une certaine façon, ont voulu sa disparition. Il y aura également un temps ou une police municipale et une police préfectorale cohabiteront mais ne seront pas tout à fait au clair sur les attributions de chacune. Finalement, ce sera la police de Sûreté, contrôlée par le préfet, qui, sous la direction de Gaston de Gourlet, va se réorganiser et trouver une nouvelle efficacité dans la traque des communards en fuite et dans la surveillance des milieux où les idées de la Commune furent les plus vivaces, même des années après la fin des mouvements. Une surveillance active des milieux ouvriers, républicains, socialistes... ainsi qu'un contrôle des échanges entre les proscrits communards en Suisse et les Lyonnais s'exercera jusqu'à l'amnistie totale de 1880.

  • - En tant qu'historien mais peut-être aussi en tant que citoyen, que pensez-vous de l'idée d'une commémoration des événements lyonnais, qui pourrait prendre la forme d'une plaque à l'emplacement de l'ancienne mairie de la Guillotière, à l'initiative de la Libre Pensée, des Amis de la Commune et de l'IHS-CGT ? N'y a-t-il pas un vide à combler ?

- Il me paraît bien-sûr digne d'intérêt, en tant qu'historien, de montrer que ces évènements et ses acteurs n'ont pas été oubliés. Et toute trace laissée des commémorations ne peut qu'être bénéfique. Mais la mémoire est par essence sélective et souvent elle atténue la complexité historique. Il est éloquent que la Commune de Paris, qui est un événement qui bénéficie pourtant d'une activité mémorielle forte par rapport à d'autres insurrections du siècle par exemple, et dont de nombreuses publications de fictions s'inspirent, soit pourtant aussi méconnue dans sa complexité y compris 150 ans après. Que dire alors de la Commune de Lyon qui a été si tristement méconnue par l'histoire comme par la mémoire !?

Il me paraît d'abord intéressant de constater que la mémoire nous amène à souvent retenir le lieu qui fut celui qui enterrera les espoirs communalistes à Lyon, siège d'une insurrection et d'une répression qui dureront quelques heures, et non l'hôtel de ville par exemple, objectif premier et symbolique des communards lors des multiples évènements qui prirent place durant des mois, de septembre 1870 à avril 1871. Cela m'amène à reposer cette question, à laquelle il n'y a d'ailleurs pas de réponse simple : Que choisissons-nous de retenir des communards ? Ceux qu'ils étaient, leurs aspirations, leurs objectifs, méritent tout autant d'être exposés que leur implacable répression. Peu de moments dans l'histoire ont créé autant d'antagonismes et ont pourtant été en même temps à la fois capables de rassembler des hommes et des femmes d'horizons si différents, qui obéissent à des logiques viscéralement locales mais dont les aspirations sont profondément universelles. 

Pourtant, nous l'avons dit, cette place du Pont (Gabriel-Péri aujourd'hui) et le quartier de la Guillotière ont remplacé, à cette date du 30 avril 1871, la Croix-Rousse comme quartier emblématique du Lyon insurgé. Mais au-delà de l'endroit où se sont tenus les derniers combats, on pourrait tout à fait trouver à cette place une dimension même plus symbolique de ce que fut la Commune en elle-même. L'historien Robert Tombs a pu utiliser l'image du carrefour pour désigner la Commune et ses participants. Et en effet, on a pu constater, en ce qui concerne les évènements qui nous intéressent, la variété des parcours qui menaient à l'engagement pour ce mouvement, mais aussi les différents chemins empruntés après l'extinction des événements communalistes. 

La place où était située la mairie de la Guillotière, ainsi que les rues adjacentes, qui forment une étoile, pourraient alors parfaitement être l'incarnation de ce carrefour allégorique.

 Libres propos, libres pensées

La révolte silencieuse contre "le Putsch venu d'en haut"


Le plus grand des pouvoirs est d'influer sur les lois, c'est-à-dire de pouvoir décréter ce qui est légal et ce qui est illégal, donc punissable d'amende, de prison ou même de mort dans certains pays, et tout ceci de façon parfaitement inattaquable juridiquement.

Le principe de base de la démocratie est de faire élire par le peuple ses représentants qui feront les lois pour le bien collectif, selon la volonté majoritaire. Après le lamentable fiasco des élections régionales de juin 2021, le monde politico-médiatique se pose étrangement cette étrange question : pourquoi les électeurs dans leur très grande majorité (deux abstentionnistes sur trois électeurs inscrits, aux deux tours, sans compter les non-inscrits par choix) ne se déplacent même plus pour voter et beaucoup de ceux qui le font encore le font par auto-obligation morale, pour la forme, sans conviction et bien trop souvent dans le seul espoir d'éviter le pire. Les médias : "Nous sommes en démocratie, le peuple doit voter !"

Mais peut-on encore parler de démocratie quand les gens ne veulent plus voter ?

Et surtout pourquoi ne le veulent-ils plus ? La vraie question est là.

Est-ce dû à une indifférence généralisée ? Ou est-ce plus simplement dû à l'amer constat que font les électeurs que depuis des décennies, que quel que soit le résultat des élections, à droite comme à gauche, la même soupe amère néo-libérale leur est servie par le techno-féodalisme dominant le monde, devenu bien plus puissant que nos démocraties : le programme de  démolition continue de tout ce qui avait fait de nos sociétés occidentales des sociétés plus civilisées, soucieuses du bien-être de leur population et non seulement celui de la micro caste des hyper-riches.

Des "réformes" qui ne sont que des régressions : comme les grands médias passés sous leur contrôle, même le langage a été kidnappé par la nomenklatura en place et ses barons, comme avait été kidnappé le résultat, pourtant sans appel, du référendum de 2005.

Mais comme en adultère, l'important est que cela ne se voie pas et que l'apparence de respectabilité soit sauve. Le hic est que maintenant cela se voit.

Car pourquoi la démocratie puisqu'on nous assène "qu'il n'y a pas d'alternative !" donc pas de vrai choix possible sur des "réformes" destinées à piller par tous les moyens ceux qui travaillent au profit de ceux qui accumulent des fortunes défiant les États et la simple raison à un niveau mondialement inédit ?

Car, n'est-ce pas, il n'y a plus d'argent… pour ceux qui travaillent, vu que dans tous nos pays les États ont été subrepticement appauvris à force de baisses d'impôts, de niches fiscales pour les plus riches qui, jamais assez riches, usent massivement de l'évasion fiscale, des délocalisations et privatisations hostiles aux vils besogneux, toutes choses facilitées par la mondialisation et sur lesquelles l'UE ferme les yeux… ou les organise. Car, très simplement, c'est sa finalité ultime, sa véritable raison d'être.

 

En octobre 2004, un journaliste allemand, Arno LUIK avait déjà donné une réponse dans un article remarquable de prescience et de lucidité paru dans la revue allemande STERN, "Der Putsch von ganz oben" ("Le putsch venu d'en haut"). Extraits :

"Et ainsi règne maintenant une frénésie de destruction. Des structures péniblement construites au fil des décennies sont démontées ou privatisées, les sécurités sociales dans leur ensemble sont démolies, presque tout ce que les mouvements politiques avaient conquis pour les citoyens en plus de 100 ans (protection contre le licenciement, lois sur la formation et la cogestion, etc.) est maintenant diabolisé. De plus sont assénés de façon pathétique des stéréotypes au contenu positif, tels que "auto-responsabilité", "auto-initiative", "liberté", qui ne cachent finalement rien d'autre que la marche en arrière forcenée vers un ordre social darwinien : "Démerde-toi !".  

Comment cela agit-il dans la tête des hommes ? Aux gouvernants, aussi bien qu'aux politiciens élus de l'opposition, cela semble être égal.

Ils croient pouvoir ignorer les conséquences de leurs politiques, la toujours plus profonde scission de la société entre pauvres et riches, la désintégration sans égards de structures éprouvées.

Oui, ce que pense le peuple qui vote - et toujours plus souvent celui qui ne vote plus - ne semble plus émouvoir la classe politique, les parlements seront toujours aussi pleins, même si presque plus personne ne se déplace pour voter. La compassion à l'égard des défavorisés est exemptée à ceux qui appellent aux réformes qui ne leur nuisent pas. Les citoyens refusent dans leur majorité les réformes. Ils voient que les cartes sont réparties inégalement (en clair : injustement), entre le haut et le bas.

Ils voient les salaires et les avantages en millions des grands managers ; ils ressentent que néo-libéralisme et néo-féodalisme sont visiblement liés. Ils flairent que quelque chose de fondamentalement


faux se passe. Mais plus aucun parti aux Parlements ne s'occupe de cette aspiration à un État qui se soucie et s'occupe de ses citoyens, de ce souhait de justice. L'État social inscrit dans la constitution n'a plus de gardien."

  

On s'y croirait ! Car, évidemment, ce qui vaut pour le peuple allemand vaut également pour nous, et pour la plupart des peuples en UE, USA, UK, etc. placés sous une domination financière identique.

Il existe de par le monde de nombreux types de républiques démocratiques aussi variées les unes que les autres, de par la naturelle diversité historique de leurs Constitutions, qui édictent chacune les bases légales sur lesquelles elles reposent.

Mais il existe aussi des "Républiques bananières", terme très dévalorisant que Google définit ainsi : "République bananière : pays qui, sous les apparences d'une république, est régi par des intérêts privés." Exemple : "Au Honduras, il est moins cher d’acheter un député qu’une mule !"    

(dixit Sam Zemurray, ex-PDG de la United Fruit).

Qui peut contester le fait que nos démocraties sont tombées aux mains d'intérêts privés mondialisés qui ont fait main basse sur les leviers du pouvoir, le peuple n'ayant plus pour prérogative que de valider le système de temps à autre, pour abuser la galerie ?

Qui peut contester le fait que notre déclin collectif (par sujétion servile de nos élites au suzerain US, désindustrialisation massive, inégalités en hausse, chômage élevé, travail morcelé et précaire, salaires insuffisants pour vivre, bradage des biens de l'État, anesthésie cérébrale des populations par addictions diverses soigneusement cultivées, affaiblissement culturel, américanisation des mentalités, langue nationale menacée par une vague anglomaniaque systémique et trop invasive) est le corollaire de leur incroyable et ouvertement obscène enrichissement ?   

  Alors, quand les dés de la démocratie sont pipés, quand elle s'est mutée en ploutocratie débridée, sans scrupules, sans freins et sans limites, a-t-on toujours envie de jouer ?

Parions que la convocation d'une Assemblée Constituante réveillerait les électeurs !       RJ                                                         


 association étienne dolet

 

Association Laïque Lyonnaise des AMIS d’ETIENNE DOLET                                                                                         

Marcel PICQUIER nous informe – 8 janvier 2022

La vieillesse, la maladie me contraignent à interrompre mon rôle dans la vie de l’Association Dolet. Nous l’avons créée il y a plus de vingt ans, sous l’égide de la Fédération nationale de la Libre Pensée. Le numéro 1 de notre bulletin « La Doloire » - octobre 2002 – rend compte de notre première assemblée générale du 27 septembre 2002.

L’association est fière d’avoir mené à bien les projets arrêtés lors de cette AG pour restaurer la mémoire de Dolet avec de nombreuses conférences, la plaque de la rue Dolet en 2004, celle de la rue Mercière sur l’immeuble de son imprimerie en 2005, l’obtention du timbre Dolet en 2009, la participation au Colloque Universitaire international, la même année, suivi d’une grande réception en mairie, l’édition d’études et biographies…

Nous avions dû renoncer à reprendre à notre compte le monument Dolet qu’avait souhaité faire élever Edouard Herriot place Jean Macé, au profit de notre peinture murale. Le numéro 40 de la Doloire du 9 juin 2020 a publié la photo du « Banquet des Humanistes » dont nous avions obtenu, faute de son installation censurée par la mairie Colomb, sur le mur de l’école Dolet, qu’elle soit exposée Maison des Associations – Château Sans Souci, provisoirement. Le tableau a été décroché ensuite.

Le numéro 41, daté de décembre 2020 – rédigé mais jamais envoyé - informait que la municipalité élue du maire Doucet, à laquelle la LP avait fait de nouvelles démarches nous a déclaré :

 

« Il n’y a pas de raison pour que ce projet ne soit pas finalisé.

Un avis pleinement favorable est donné pour reconsidérer tout le dossier et parvenir à un accord, en lien avec l’association ».

Je ne doute pas que la fédération départementale de la Libre Pensée poursuivra cette tâche : défendre la mémoire de Dolet c’est lutter pour la liberté de pensée.                                              

                                                                                                                                     Marcel Picquier

2021 12 AN II 187

ÉDITORIAL

 

 

En cette fin 2021, la commission présidée par Jean-Marc Sauvé a porté à l’Église de France un coup dont on ne mesure pas encore la portée. Elle avait été instituée par la Conférence des Evêques de France pour rétablir le restant d’autorité morale que l’Église prétend exercer. Clairement ça n’a pas fonctionné, cela s’est même retourné contre l’institution. C’est qu’on ne met pas si simplement un voile pudique sur 330 000 jeunes victimes depuis les années 50 (avant : on ne sait pas ; mais cela donne le vertige !). Un tiers de million.

Le scandale est énorme et n’aidera pas à remplir des églises de plus en plus désertes. Surtout, il risque de toucher l’Église au portefeuille. Malgré son amour de la pauvreté, la sainte Eglise grimace. Il faudra bien indemniser les victimes sous peine d’aggraver son discrédit. On a bien compris qu’en matière de pédocriminalité, on ne pouvait plus se permettre de mettre la poussière sous le tapis.

Avant tout, comment faire payer les autres ? Par les dons des fidèles ? Ceux-ci pourraient bien trouver saumâtre d’avoir à financer la réparation du viol de leurs têtes blondes. Alors comment faire ? Macron a fait passer à 75% l’exonération d’impôts pour 2022, c’est déjà un très beau cadeau de Noël (on se demande ce qu’en penserait l’enfant Jésus).  Pour autant le compte n’y est pas. Faudra-t-il sacrifier une partie du patrimoine ? Eh, bien obligé ! La Libre Pensée pour sa part estime que l’Église doit payer et démontrera que l’Église peut payer. L’analyse des biens est en cours.

L’Eglise n’est pas seule à s’inquiéter. Nos dirigeants se pressent au chevet de l’Eglise malade. C’est le premier ministre Jean Castex, en visite au Vatican en octobre dernier, qui a vanté les « points de convergence entre Paris et Rome » après avoir échangé avec le pape sur les questions de pédophilie et la politique étrangère en Irak et au Liban. S’affichant aux côtés de Gérald Darmanin et de Jean-Yves Le Drian, il soulignait « l’importance du dialogue avec les cultes ». Puis ce fut la remise de la Légion d’honneur au président de la Conférence des Evêques Éric de Moulins-Beaufort, le 6 décembre dernier. Celui-ci avait-il déclaré que les lois de la confession étaient supérieures à celles de la République ? Qu’à cela ne tienne ! Après l’avoir un peu tancé, le ministre de l’Intérieur tenait à lui faire savoir qu’on ne le lâchait pas dans ces moments difficiles. Enfin, le 21, Emmanuel Macron se fendait d’une déclaration : « Oui, la science et Dieu, la raison et la religion peuvent donc vivre côte à côte, parfois même se nourrir. Cela est même souhaitable tant aspiration à la raison et besoin de transcendance cohabitent en chacun de nous », souligne-t-il. Grâce à la laïcité qui « rend possible cette riche cohabitation », la France « continuera à être une nation infiniment rationnelle et résolument spirituelle. Nation de citoyens libres de critiquer et libres de croire. » Il renouait avec une séquence de son début de quinquennat où il affirmait la supériorité du prêtre sur l’instituteur. Décidément, jamais la religion n’aura été parée d’autant de vertus dans la bouche d’un président de la République !

Il sera prêt pour prendre la présidence de le l’Union Européenne.  Ursula von der Leyen vient d’assurer à nouveau au pape François que l’Union européenne s’inspirait de « l’héritage culturel, religieux et humaniste de l’Europe ». Pour ma part, je penserais volontiers comme l’historien Paul Veyne : « Ce n’est pas le christianisme qui est à la racine de l’Europe, c’est l’Europe actuelle qui inspire le christianisme ou certaines de ses visions. Etranges racines qui se confondent avec la croissance de la tige Europe, se transforment avec elle ou même cherchent à ne pas être en retard sur elle. »

Etrange conjonction d’intérêts et de bonne conscience que celle de cette Europe vaticane qui oublie ses principes dès que l’on franchit les murs de l’Union ! Pour elle il y a bien un Royaume, mais les noyés de la Manche ou de Méditerranée en sont exclus.

Et étrange Etat français, à la mode Ve République, incapable non seulement de faire respecter la laïcité, mais même de la respecter lui-même ! Adversaire résolu de la liberté de conscience, attaquée par la dénaturation de la loi de 1901… faute de pouvoir s’en prendre frontalement à la loi de 1905. Incapable de faire régner l’ordre par la mise au centre de l’intérêt commun, mais sans cesse amenée à renforcer son arsenal de mots et mesures liberticides !

« En politique, disait Henry Guillemin, l’art du langage est d’une importance extrême. L’homme politique qualifié dispose d’un lexique où les mots désignent autre chose que ce qu’ils paraissent, aux yeux des niais, signifier, et de préférence le contraire. » Il n’y a pas de meilleur exemple que le mot « laïcité. »

 La Fédération Nationale de la Libre Pensée, dans sa déclaration solennelle du 9 décembre, le disait d’une autre façon : « LAÏCITE : Il ne s’agit pas seulement d’en parler, il s’agit surtout de l’appliquer. »

P.G.

 

La déclaration se concluait par ces mots :

La FNLP appelle à la réalisation d’un large front unitaire pour s’opposer au projet de loi réactionnaire et antilaïque du gouvernement, projet tout imprégné de xénophobie et de haine contre une partie de la population et à entrer en résistance contre cette tentative profondément réactionnaire « l’importance des relations avec les cultes ».

La Libre Pensée appelle toutes les associations laïques et démocratiques, les syndicats ouvriers, les partis se réclament de la démocratie et de la Séparation des Eglises et de l’Etat à s’unir dans un grand Front laïque pour mettre en échec les projets réactionnaires, antilaïques et xénophobes du gouvernement Macron/Darmanin et de ses subsidiaires et à prendre toutes les initiatives unitaires dans ce sens.

Abrogation de la loi « Séparatisme » !

Retrait de tous les décrets scélérats !

 

 

COLLOQUE enseignement Privé

Enquête dans des établissements privés confessionnels sous contrat

 

Une journée d'étude organisée par le laboratoire Éducation, Cultures, Politiques (ECP) a eu lieu vendredi 10 décembre 2021 à l’Université Lumière Lyon 2. Elle portait sur les situations liées aux questions de religion, de discriminations et de racisme en milieu scolaire.

 

Elle rendait compte d’une enquête menée sur trois ans, sous la direction de Françoise Lantheaume, dans les établissements privés confessionnels sous contrat, dans 101 établissements de 10 académies. 

Elle s’appuyait sur 249 entretiens auprès de toutes les catégories de personnels travaillant dans ces établissements (direction, enseignants, personnels d’entretien et de surveillance, autres). Le modèle théorique est emprunté à la sociologie pragmatique de Boltanski, qui évacue toute dimension politique.

Cela dit, il n’est interdit à personne d’interpréter les résultats bruts.

 

D’emblée apparaît une différence entre les deux études quant à l’accès aux données : alors que dans une précédente étude cet accès ne posait pas problème dans le public, une méfiance réelle était constatée dans le privé.

Cette réticence à fournir des informations brutes était marquée par exemple par le refus ou l’impossibilité de fournir les fiches APAE (Aide au pilotage et à l’Autoévaluation) qui font état des résultats scolaires sur 5 ans et des catégories socio-professionnelles des familles.

Hypothèse : ces fiches contenaient-elles des données sensibles ?  Difficile aussi de savoir précisément la part des différentes confessions représentées. D’autre part les enquêteurs devaient passer par le chef d’établissement pour accéder – parfois difficilement - à la salle des professeurs. Il est arrivé que le contact avec les enseignants soit refusé par le directeur. C’est donc par le filtre de ce dernier que les enseignants étaient désignés et informés de l’enquête. Détail révélateur : c’est dans un établissement musulman que l’accès a été le plus facile. Il faut dire que ce type d’établissement est en recherche permanente de légitimité.

Dans l’enseignement catholique, la règle est celle de l’esprit « maison » : pas de vagues, priorité donnée à la bonne réputation de l’établissement, ce qui correspond à la logique de compétition concurrentielle sur le marché scolaire. Cela se voit dans la façon de traiter les tensions nées de propos ou d’attitudes racistes ou homophobes (rapportés comme étant peu nombreux). L’incident est généralement traité en interne de manière discrète et au cas par cas, en évitant de rendre les problèmes publics, et en tâchant de « maintenir le cadre ».

On navigue alors entre logique civique et logique d’opinion, corollaire sur le plan personnel de la tension entre logique communautaire et logique libérale qui définissent les priorités de l’établissement.

Mais le conflit peut être aussi « externalisé », nié comme relevant de l’esprit maison et rapporté à des causes exogènes. Cette logique peut conduire au renvoi pur et simple de l’élève.

La sélection du public scolaire, recruté plutôt dans des milieux favorisés participe de ce fonctionnement. 

La stabilité des personnels de direction, qui ne sont pas soumis aux obligations de mobilité et doivent un engagement aux projets du diocèse, garantit la permanence de rituels d’identification, de même que l’existence d’associations d’élèves ou d’anciens élèves.

 

La « diversité » contre l’universel

Fait relativement nouveau : la part faite à la « diversité » est devenue un élément-clé de la stratégie marketing et relève presque de la norme, comme on le constate partout. Comme les dames patronnesses avaient leurs pauvres, les écoles privées ont tous leurs enfants issus des quartiers difficiles, auxquels on accorde généreusement bourses d’étude, frais d’internat et d’inscription.

D’où un « effet mascotte » qui sert à certifier l’engagement républicain de l’établissement, bien plus qu’à capter un nouveau public scolaire. C’est à qui sera le plus fier d’avoir un ancien élève défavorisé qui a réussi et devient en retour le protecteur des nouveaux venus. On met volontiers en avant l’étymologie du mot « catholique » (de katolikos : universel). Mais c’est un universel qui s’accommode très bien de l’exclusion.

Comme le remarquait judicieusement une participante au colloque, on voit se mettre en scène une gestion subtile de la « diversité ». Mais il y a loin de la diversité à l’universalité ! Dans le privé, la diversité est une belle chose …à condition qu’on la contrôle, et qu’il n’y en ait pas trop !

On ne s’étonnera donc pas que les situations liées aux questions de religion, de discrimination et de racisme soient décrites comme exceptionnelles. Elles seraient sans commune mesure avec ce qu’il en est dans le public, celui-ci fait office de repoussoir facile où règnent violence et incivilités (en plus d’être une école de l’athéisme militant et de l’idéologie LGBT !). Les établissements privés assumeraient le rôle d’excellence que le public aurait abandonné. Pour autant, le recrutement d’élèves issus de catégories socio-professionnelles élevées et choyés parfois de la maternelle à la Terminale n’empêche pas les situations de conflit : refus de cours sur l’islam, harcèlements, homophobie, affichage d’opinions politiques extrêmes…

Enfin, l’excellence scolaire est un objectif volontiers mis en avant.

 

« Une école au service du projet de Dieu » (SGEC 2013)

Nous en arrivons au problème insoluble de la laïcité, que l’enseignement catholique est supposé respecter en tant qu’acteur intégré au service public.

Contrat oblige, le discours tenu est l’affirmation d’une extrême ouverture à toutes les postures spirituelles, et au rejet de tout prosélytisme : « souci de la personne, ouverture, bienveillance ». La reconnaissance du culte musulman fait partie de la stratégie de l’établissement. L’incroyance n’est pas stigmatisée.

Dans les faits, c’est pourtant la croyance qui définit la norme. On fait participer aux offices catholiques les élèves des diverses confessions, en mettant en avant la « richesse » d’un moment de partage.

Des familles demandent-elles une dispense de sorties scolaires ou d’office pour leurs rejetons ? Ces demandes ne sont pas de droit, et la situation se règle au cas par cas dans une négociation où l’on renvoie aux familles l’accusation de dogmatisme. Dans le cas d’un voyage scolaire vers un lieu de culte : difficile pour un enfant ou un adolescent d’être séparé de ses camarades ! C’est alors qu’il peut se sentir discriminé.

De fait, lui ou sa famille doivent se justifier de leur refus.

L’enseignement religieux obéit à deux modalités : d’une part la catéchèse, dispensée en-dehors du temps scolaire, sur la base du volontariat ; d’autre part la pastorale, inscrite dans l’emploi du temps qui peut prendre les noms les plus divers : « culture religieuse », « culture religieuse et humaine », « formation humaine et spirituelle », « instruction religieuse », « culture humaniste et chrétienne », etc.

Le contenu n’étant pas défini par l’éducation nationale, chaque établissement en fait ce qu’il veut « au risque d’une essentialisation des religions et d’un enfermement des élèves dans leurs pratiques et croyances supposées », comme le disent deux des enquêtrices. Point important : les intervenants, qu’ils soient enseignants, prêtres ou parents bénévoles, ne sont assujetties à aucun devoir de neutralité et peuvent se prévaloir de leur foi.

Difficile alors de dire où finit l’enseignement de la culture religieuse, et où commence la catéchèse !

Dans le secondaire, l’heure de Vie de Classe est un autre moment important, assurée par un enseignant qui n’est pas obligatoirement croyant, mais « nul besoin d’être chrétien pour conduire l’établissement de façon enracinée dans l’évangile ». Elle se propose de « libérer la parole » et « d’apprendre à penser par soi-même ». Elle débouche souvent sur des actions locales dans l’établissement ou la ville : bénévolat, écologie, collectes, paquets-cadeaux.

 

Autres écoles

Pour les écoles juives et musulmanes, les données sont incertaines car les établissements à 100% sous contrat d’association n’existent quasiment pas. Nous ne nous risquerons pas à en décortiquer le fonctionnement.

Les établissements musulmans organisent l’enseignement de l’arabe classique exclusivement, ignorant les dialectes. Ils jouent à fond la carte de la transparence et de la promotion des valeurs républicaines, comme s’il s’agissait pour eux de se donner une forme de « respectabilité ». Mais cette volonté de transparence n’est sans doute pas feinte. Une anecdote permet de l’illustrer : dans un établissement, 99, 7% des élèves sont de confession musulmane. Qui sont, ou plutôt qui est le 0, 3% restant ? Il s’agit d’un enfant d’enseignant pour lequel a été demandée une dispense des cours de religion. Pas de problème, et le cours a été placé en fin de journée pour mieux accéder à sa demande ! On n’imagine pas cela dans une école catholique.

D’autres données concernent les établissements d’excellence, peu différents de leurs équivalents du public.

« Ad Maiorem Scholae Gloriam », c’est la recherche d’une forme de prestige culturel et social qui prévaut et marginalise considérablement la dimension pastorale.

Celle-ci n’est d’ailleurs pas non plus la priorité des établissements ordinaires, préoccupés surtout de satisfaire leur clientèle. Tendance lourde, quelle que soit la diversité des situations rencontrées.

Il faudrait faire une place à la situation atypique des écoles de la Réunion, où le catholicisme occupe une position dominante et normative, sur un territoire marqué par une très grande diversité ethnique et religieuse. Cela se fait au détriment des autres religions, et peut aller jusqu’à l’interdiction d’un lieu de prière musulman.

Mais à la Réunion, le catholicisme lui-même est singulier : querelles entre « vrais » et « faux-catholiques » (selon la date de conversion des groupes concernés) ; syncrétisme qui admet le tromba, culte de l’esprit des morts qui provoque l’entrée en transe de jeunes filles dans les couloirs des lycées sans que cela émeuve plus que ça. Le privé réunionnais n’impose aucune sélection et revendique ses particularismes, dans une perspective presque nationaliste.

Somme toute, les résultats présentés ne révèlent pas de vraie surprise sur les pratiques en cours dans l’enseignement privé, mais présentent des éléments qui ont le mérite d’être documentés et correspondent à une évolution caractéristique des dernières années.

Ces données feront l’objet d’une publication début 2023 aux Presses Universitaires de Lyon.    P. G.

 

 

 Denis brack (2ème partie)

 

Avant de diriger le journal « L’Excommunié » que nous avons tenté de décrire dans le n° précédent de l’An II, Denis Brack fut d’abord collaborateur puis directeur de publication du journal « Le Refusé » qui parut de novembre 1867 à la fin 1868.

Cet hebdomadaire se présentait comme une « tribune des francs-parleurs » et traitait de tous sujets tels que littérature, arts, sciences, philosophie. Brack écrivit d’abord quelques articles, polémiquant d’abord contre les promoteurs lyonnais de l’homéopathie à Lyon qu’il tenait pour des charlatans.

Le 26 juillet 1868, il succéda comme rédacteur en chef à Jules Lermina, que les membres de l’association Etienne Dolet connaissent bien comme auteur en 1004 du « Martyre d’Etienne Dolet », roman récemment réédité par notre ami Marcel Picquier et grâce au travail du regretté Jean-Claude Dolet.

Fin 1868, le journal devait interrompre sa publication, atteint par une condamnation en justice.

Pour quels motifs, précisément ? Nous l’ignorons.

Le Refusé, « Tribune des Francs-parleurs », était domicilié 32 rue de l’Arbre sec – « boîte dans l’allée ».

Les numéros sont disponibles en version numérique sur le site Numelyon de la Bibliothèque Municipale (de même que L’Excommunié et L’Antéchrist).

59 numéros parurent, du dimanche 10 novembre 1867 au 20 décembre 1869. Le directeur en était Jules Frantz, les rédacteurs en chef Jules Lermina, puis Denis Brack à partir du n° 38 du 26 juillet 1868. On le trouvait en vente dans toutes les librairies de Lyon, mais aussi à Paris et dans les principales villes de la région lyonnaise.

Le numéro n° 59, le dernier, était encadré de noir. On y lisait :

« Tomberons-nous ? Ne tomberons-nous pas ? L’activité énergique avec laquelle notre procès est poursuivi ne nous laisse qu’une bien faible espérance ; il est très probable que dès les premiers jours de la semaine prochaine nous serons condamnés, exécutés en appel.

Aussi le deuil est dans notre âme ; c’est pour l’exprimer que nous encadrons de noir ce numéro, le dernier peut-être. »

C’était bien le dernier. On lisait ensuite ce message adressé par Jules Frantz, en première page :

 

 

LECTEURS, SALUT !

S’il faut périr, périssons donc, mais comme nous avons vécu, le cœur haut, l’épée à la main, au champ d’honneur ; Regardons fièrement nos adversaires, et crions-leur : Nous ne redoutons point la mort.

Nous tomberons avec la ferme confiance que, plus d’une fois, le lecteur, songeant à nous, dira :

Ce REFUSE ! Il est mort bravement

Annonce était faite d’un nouveau journal « L’Avant-Garde » - journal des francs-tireurs.

Nous n’en avons pas retrouvé trace. Est-il seulement paru ?

C’est un peu plus d’une année après, en avril 1869, que Denis Brack fondait « L’Excommunié », pareillement condamné en octobre 1870 pour s’en être pris aux frères ignorantins et s’être moqué « des superstitions religieuses et des abus du clergé. »

Le journal n’eut que le temps de saluer l’avènement de la nouvelle République.

 

  Denis brack (2ème partie)

 

Avant de diriger le journal « L’Excommunié » que nous avons tenté de décrire dans le n° précédent de l’An II, Denis Brack fut d’abord collaborateur puis directeur de publication du journal « Le Refusé » qui parut de novembre 1867 à la fin 1868.

Cet hebdomadaire se présentait comme une « tribune des francs-parleurs » et traitait de tous sujets tels que littérature, arts, sciences, philosophie. Brack écrivit d’abord quelques articles, polémiquant d’abord contre les promoteurs lyonnais de l’homéopathie à Lyon qu’il tenait pour des charlatans.

Le 26 juillet 1868, il succéda comme rédacteur en chef à Jules Lermina, que les membres de l’association Etienne Dolet connaissent bien comme auteur en 1004 du « Martyre d’Etienne Dolet », roman récemment réédité par notre ami Marcel Picquier et grâce au travail du regretté Jean-Claude Dolet.

Fin 1868, le journal devait interrompre sa publication, atteint par une condamnation en justice.

Pour quels motifs, précisément ? Nous l’ignorons.

Le Refusé, « Tribune des Francs-parleurs », était domicilié 32 rue de l’Arbre sec – « boîte dans l’allée ».

Les numéros sont disponibles en version numérique sur le site Numelyon de la Bibliothèque Municipale (de même que L’Excommunié et L’Antéchrist).

59 numéros parurent, du dimanche 10 novembre 1867 au 20 décembre 1869. Le directeur en était Jules Frantz, les rédacteurs en chef Jules Lermina, puis Denis Brack à partir du n° 38 du 26 juillet 1868. On le trouvait en vente dans toutes les librairies de Lyon, mais aussi à Paris et dans les principales villes de la région lyonnaise.

Le numéro n° 59, le dernier, était encadré de noir. On y lisait :

« Tomberons-nous ? Ne tomberons-nous pas ? L’activité énergique avec laquelle notre procès est poursuivi ne nous laisse qu’une bien faible espérance ; il est très probable que dès les premiers jours de la semaine prochaine nous serons condamnés, exécutés en appel.

Aussi le deuil est dans notre âme ; c’est pour l’exprimer que nous encadrons de noir ce numéro, le dernier peut-être. »

C’était bien le dernier. On lisait ensuite ce message adressé par Jules Frantz, en première page :

 

LECTEURS, SALUT !

S’il faut périr, périssons donc, mais comme nous avons vécu, le cœur haut, l’épée à la main, au champ d’honneur ; Regardons fièrement nos adversaires, et crions-leur : Nous ne redoutons point la mort.

Nous tomberons avec la ferme confiance que, plus d’une fois, le lecteur, songeant à nous, dira :

Ce REFUSE ! Il est mort bravement

Annonce était faite d’un nouveau journal « L’Avant-Garde » - journal des francs-tireurs.

Nous n’en avons pas retrouvé trace. Est-il seulement paru ?

C’est un peu plus d’une année après, en avril 1869, que Denis Brack fondait « L’Excommunié », pareillement condamné en octobre 1870 pour s’en être pris aux frères ignorantins et s’être moqué « des superstitions religieuses et des abus du clergé. »

Le journal n’eut que le temps de saluer l’avènement de la nouvelle République.

 

 libres propos, libres pensées

 

Guerre froide 2.0 : épisode l'UE, l'OTAN, l'Ukraine et la Crimée

 

 

   La grave question du moment est : en massant ses troupes à sa frontière, la vilaine Russie s'apprête-t-elle à envahir l'Ukraine ? Exprimé plus bêtement : la Russie encerclée à ses portes par d'innombrables bases de l'OTAN s'apprête-t-elle à se défendre ? 

À tort ? Les médias bien briefés qui nous tombent journellement dans les yeux et les oreilles nous assènent en chœur que la Russie assoiffée de guerre et de conquêtes a arraché la Crimée à sa patrie, l'Ukraine, en l'annexant par la force des armes, violant ainsi brutalement le droit international. 

En bref, on nous rejoue la farce tragique qu'a été la Guerre froide sans tout nous dire sur la question.

  

Petite explication du contexte : en 2014, l'Ukraine était en négociation pour intégrer l'UE lorsqu'au dernier moment, le chef d'État ukrainien Viktor Ianoukovytch après avoir bien relu le projet de traité, a découvert que celui-ci obligeait l'Ukraine à couper toutes ses relation commerciales avec la Russie voisine qui était historiquement son premier et plus proche partenaire économique, avec des siècles d'histoire commune, une grande proximité linguistique (l'ukrainien étant très proche du russe qui est très majoritairement parlé par la population du Donbass à l'est de l'Ukraine et en Crimée), etc.

   Comme il envisageait l'Ukraine plutôt comme une passerelle commerciale profitable et pacifique reliant l'UE et la Russie il a interrompu les négociations, ce qui a immédiatement déclenché une très sanglante "révolte populaire spontanée" dite "Euro-Maïdan" à quelques mois d'élections où il aurait été à coup sûr battu (il passait pour très corrompu, mais c'est quasi la norme en Ukraine !)

   Ce coup d'état baptisé "Révolution" mettant en branle de dangereuses milices d'extrême-droite a été notoirement organisé, soutenu et financé par les USA (cinq milliards de $ : source Médiapart), très médiatisé, avait pour but d'accélérer l'adhésion de l'Ukraine à l'UE mais surtout à l'OTAN.

   En réalité, cela plaçait l'UE dans une position très difficile vis-à-vis de la Russie, un excellent client et un très gros fournisseur de pétrole et de gaz à prix raisonnables, mais les USA n'en avaient cure : "Fuck the UE ! " a déclaré Victoria Nuland secrétaire d'État US pour l'Europe et l'Eurasie) devant les réticences de l'UE, qui a ainsi démontré sa totale vacuité, sa vassalité et son impuissance.

 

Parlons de la Crimée : depuis 1791 et le traité de Jassy signé avec l'empire ottoman, la péninsule de Crimée relevait du gouvernement de la Tauride en Russie tsariste, puis évidemment de l'URSS dès 1921 en tant que République Socialiste Soviétique Autonome de CRIMÉE, majoritairement peuplée de russes et donc indépendante de la République Socialiste Soviétique d'UKRAINE, sa voisine.

   Après la guerre en 1945 la Crimée est intégrée dans la République Socialiste Soviétique de RUSSIE, en tant qu'oblast (région administrative de la Russie), comme elle le fut depuis Catherine II.

   En 1954, pour "raisons administratives" liées à la construction d'un canal (402 km) reliant l'Ukraine à la Crimée, Nikita Khrouchtchev, qui fut un très haut hiérarque politique ukrainien, a "offert" d'un trait de plume la Crimée à l'Ukraine mais cette union forcée a toujours été extrêmement turbulente et n'a jamais été acceptée par les Criméens qui ne voulaient pas dépendre de Kiev et réclamaient depuis en vain à cor et à cris leur séparation.

   Autant dire que la soi-disant "révolution" d'Euro-Maïdan les inquiétait au plus haut point et qu'ils ne souhaitaient pas du tout y être impliqués, y compris les diverses minorités non-russes qui y vivaient.

   Ils ont alors organisé un référendum le 16 mars 2014 pour demander leur retour à la Russie, qui a connu un taux de participation de 82% et a été approuvé à 96.6 % des votants. Il a été largement accusé à l'Ouest d'être entaché de fraudes mais l'institut de sondages américain Gallup a cependant estimé que, fraudes ou pas, le résultat était totalement conforme à l'opinion majoritaire.

Et toute la partie russophone de l'est de l'Ukraine, le Donbass, la plus industrieuse, la plus ouvrière et la plus productive est entrée en sécession armée pour être aussi intégrée à la Russie, comme la Crimée

Mais la Russie pour ne pas mettre de l'huile sur le feu préfère attendre… Elle rappelle que le Kosovo a fait sécession de la Serbie par un référendum semblable que le monde entier a estimé légitime et qu'elle l'avait accepté comme un "fait accompli".

   Le jeu de l'OTAN : après la chute du mur de Berlin, Gorbatchev a accepté la réunification de l'Allemagne contre la promesse que l'OTAN ne s'étendrait pas plus loin à l'est, "promesse" non scellée par un traité. On sait depuis ce qu'il en est.

   Ainsi, des bombardiers nucléaires volent à 20 km de la frontière russe et des navires US patrouillent en mer Noire, ce qui équivaut à des vaisseaux de guerres russes ou chinois dans le golfe du Mexique.

   L'Ukraine étant devenue un pays indépendant, elle continuait cependant à héberger les importantes bases navales historiques crées par les russes et qui étaient leur seul accès aux "mers chaudes" du sud (mer Noire, mer Méditerranée). Ces bases étaient donc louées à l'Ukraine par un traité-bail jusqu'en 2042. La dénonciation par l'Ukraine de ce traité en aurait donc chassé les russes et surtout permis à l'OTAN d'y installer sans coup férir ses missiles de moyenne portée à 1.273 km de Moscou !  

   C'eût été un tel et inimaginable acte d'hostilité, "qu'il est surprenant que les stratèges occidentaux l'aient estimé possible sans une réaction très vigoureuse de la part des russes" s'étonne le Prof. Stephen Cohen (1938-2020), professeur émérite d'histoire et de politiques russes à la New York University et à la Princeton University).

   La perte inattendue de la Crimée n'avait jamais été envisagée ni anticipée, ni par l'Ukraine, ni par l'OTAN et constituait donc un grave et stupéfiant revers stratégique qui n'a toujours pas été digéré.

   Depuis lors, l'Ukraine est engluée dans une dure guerre civile très peu médiatisée au Donbass (13.000 morts à ce jour !) et un tel chaos politico-financier que l'UE n'envisage plus du tout pour le moment son adhésion : elle a déjà assez de boulets.

   Depuis, les russes ont construit le pont de Crimée, inauguré le 15 mai 2018, un pont routier-ferroviaire de 18 km sur le détroit de Kertch entre mer Noire et mer d'Azov (un très ancien projet mais jusque-là jamais réalisé) qui relie directement le continent russe à la Crimée sans passer par l'Ukraine.

  De plus, ce pont interdit dorénavant physiquement toute navigation de gros navires allant aux ports ukrainiens situés en mer d'Azov mais pas du tout celle des ports russes de la même mer qui ne peuvent recevoir que de petits bateaux car tous situés en eaux très peu profondes (profondeur maxi de la mer d'Azov : 14 mètres !)  Le jeu d'échecs est bien un des beaux-arts en Russie !                 RJ



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2021 11 AN II

 

 ÉDITORIAL


 

« La confession autorise le crime par l’assurance d’être absous. »

 Saint-Evremond



Le 5 octobre dernier paraissait le rapport de la commission Sauvé dévoilant les conclusions de la « Commission indépendante sur les abus dans l’Eglise ». Ce rapport estime à 216 000 le nombre de victimes mineures de clercs et de religieux depuis 1950.

Si l’on ajoute les personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l’Eglise (enseignants, surveillants, cadres de mouvements de jeunesse…), le nombre se monterait à 330 000.

Accablé de surprise, le pape François fait part de son « immense chagrin ». Le pauvre homme ! Le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, faisait part de sa « honte » et de son « effroi ». Ainsi les personnalités les mieux placées au monde pour connaître l’ampleur des dégâts causés par la pédo-criminalité endémique de l’Eglise catholique avaient l’air de tomber du ciel.

A quoi leur servait d’avoir à leur disposition le plus prodigieux appareil de police privée qui ait jamais fonctionné ? « La confession, écrivait l’ancien prêtre Henri Perrodo-Le Moyne (1) est un des moyens les plus sûrs – peut-être même le plus puissant, mais assurément le plus perfide – par lesquels l’Eglise acquiert, conserve et fortifie sa domination totale à laquelle elle tend, avec un esprit de suite prodigieux et une incomparable habileté. » La pratique de la confession, totalement inconnue de l’Eglise primitive, est devenue avec le temps un instrument politique totalitaire aux mains de ceux qui, de leurs paroissiens connaissaient tous les secrets, même les plus inavouables.

Le sacro-saint secret de la confession ?

Il n’a pas toujours eu force de loi. Une bulle du pape Grégoire XV du 30 août 1622 ordonnait aux prêtres de révéler les secrets de la confession dans certains cas (sans dire lesquels). Et que dire de l’Inquisition ?

Pendant la guerre d’Espagne, des républicains ont été dénoncés par leurs confesseurs. Ils ont découvert à leurs dépens qu’en effet le secret de la confession était « plus fort que les lois de la République » !

Indemnités ?

Olivier de Germay, archevêque de Lyon chargé de rendre au diocèse une apparence de respectabilité, a déclaré après la remise du rapport Sauvé: « Oui, nous sommes prêts à indemniser les victimes, même si les faits sont prescrits. Concernant les victimes de Preynat, il y a des personnes indemnisées par l’État après jugement au civil puis celles dont les faits sont prescrits mais jugées par tribunal ecclésiastique et indemnisées par l’Eglise. »

Malheureusement, cela commence bien mal. Comme l’a révélé la Tribune de Lyon du 12 octobre dernier, M. Pierre-Emmanuel Germain-Thill, victime du père Preynat, a été débouté de sa demande d’indemnisation le jour même de la publication du rapport Sauvé !

La réponse était attendue par M. Germain-Thill (et six autres victimes du Père Preynat) depuis la condamnation par le tribunal correctionnel de Bernard Preynat à cinq ans de prison, en mars 2020. Le jugement ouvrait la porte à une réparation de la part du diocèse de Lyon à l’issue d’un procès canonique.

Par un hasard du calendrier, c’est le 5 octobre 2021 que la demande était rejetée par le tribunal ecclésiastique de Lyon.

Par ailleurs, il a fallu faire appel au Fonds de garantie des victimes afin de recouvrer l’argent dû directement par Bernard Preynat après sa condamnation, l’ancien curé n’étant pas solvable. Après de nouvelles démarches, l’argent a pu être récupéré.

Juge et partie

Les plaignants peuvent faire appel de cette décision pendant un mois auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Or le préfet de la congrégation, Luis Francisco Ladaria Ferrer, est bien connu – ou plutôt méconnu – de la justice française pour avoir refusé d’honorer sa convocation en justice en 2019 en tant que témoin au procès de l’affaire Preynat.

Le prélat, soupçonné de non- dénonciation tout comme Philippe Barbarin, avait donc glissé entre les pattes de la justice française à l’issue d’une longue procédure. En cas d’appel, l’homme serait donc juge et partie.

Le Vatican avait dans un premier temps refusé de lui transmettre sa citation à comparaître avant que le cardinal espagnol ne se réfugie derrière son immunité diplomatique. Bernard Devaux, président de la Parole libérée, nous expliquait à l’époque : « Il y a eu 3 tentatives pour lui faire remettre une citation à comparaître. La seconde a nécessité de faire traduire et certifier conforme la citation à comparaître en espagnol et italien, je vous laisse imaginer le coût de ces 70 pages. Pour la 3ème on a fait appel à la valise diplomatique car le Vatican est un état. Mais comme Ferrer n’a pas signé l’avis de réception de la requête, la justice française ne peut pas statuer. »

Les plaignants peuvent aussi saisir l’instance qui doit être créée par la Conférence des évêques de France afin d’indemniser les victimes. Mais elle n’existe pas encore, et les victimes ne disposeront que d’un mois pour faire appel.

L’Eglise et la République

La Conférence des évêques de France avait déclaré que « le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français ». Aussitôt son président Éric de Moulins-Beaufort était convoqué place Beauvau par Gérald Darmanin, paniqué d’une telle déclaration quelques jours après qu’il ait dû lui-même faire le même rappel… à propos des Musulmans. Que n’aurait-on pas entendu si les propos de Moulins-Beaufort avaient été tenus par un imam ? La loi « Séparatisme » de Darmanin-Macron ne s’appliquerait donc que pour les musulmans et pas pour les catholiques ?

 Le ministre de l’Intérieur rappelait que « si un prêtre reçoit dans le cadre de la confession, soit d’une victime, soit d’un auteur, la connaissance de l’existence de faits qui se déroulent [...] alors il a l’impérieuse obligation de mettre un terme à ces faits. » Car telle est la loi en effet. En vertu de l’article 434-3 du Code pénal, le secret de la confession ne peut être opposé à l’obligation de signaler des faits « d’agressions sexuelles infligées à un mineur ».

Encore une fois, qui va payer ?

Le Bureau de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée a entrepris un travail d'inventaire des biens de l'Eglise dans le diocèse de Lyon, dans le cadre d'une campagne nationale destinée à établir que l'Eglise a parfaitement les moyens d'indemniser les victimes d'abus sexuels. Les victimes doivent être indemnisés, et ce n'est pas aux citoyens de le faire. C'est pourtant ce qui se passe avec la réduction d'impôt ouvert par le Denier de l'Eglise à hauteur de 66%, qui passera à 75% au 1er janvier 2022 (en plus de nouvelles dispositions fiscales et réglementaires contenues dans la loi dite "contre le séparatisme").

Nous savons que le crédit d'impôt concédé aux fidèles du diocèse de Lyon s'élève à 6 069 405 d'euros pour l'année 2019. Autant de manque à gagner pour le budget de la nation, dans un état réputé laïque.

Par le biais des déductions fiscales accordées sur des fonds publics, ce serait à tous les citoyens, croyants ou non, catholiques innocents ou non, à nous, à vous, même aux victimes, de payer les trois quarts des « réparations » en s'acquittant de leurs impôts !

Aux Pays-Bas, l’Église catholique a dû verser 28 millions, en Allemagne 10 millions et en Belgique 5 millions. Qu’en sera-t-il en France ? Pour le moment, tout est soumis au bon vouloir de la hiérarchie, qui pleure misère et trouve moyen de se lamenter sur la baisse des produits de la quête. Pas question, bien entendu, de toucher au patrimoine des biens immobiliers, legs et héritages, dons inaliénables selon le droit canon.

L’Église a les moyens de payer !

P.G.


 

 

  • (1) Henri Perrodo-Le Moyne : La vérité sur la Confession, compte d’auteur, 1970


 

Dossiers détruits

En 2018, au sommet consacré à la lutte contre la pédophilie et les abus sexuels au sein du clergé, le pape avait demandé aux 190 participants des mesures « concrètes et efficaces » : démarches à entreprendre si un cas d'agression sexuelle émerge, structures d'écoute des victimes, règles sur les transferts des prêtres entre diocèses, évaluations psychologiques des candidats à la prêtrise...

Le cardinal allemand Reinhard Marx, proche conseiller du pape, avait reconnu la destruction par l'Église de dossiers sur des auteurs d'abus sexuels dans ses rangs. « Des dossiers qui auraient pu documenter ces actes terribles et indiquer le nom des responsables ont été détruits ou n'ont pas même été constitués », avait-il précisé aux 190 participants du sommet.

Le Canard enchaîné (13-10-2021) nous apprend qu’un diocèse et une congrégation ont refusé d’ouvrir leurs archives à la commission Sauvé, malgré la garantie d’anonymat. Ailleurs, « elles étaient plus ou moins complètes, cela variait selon les évêques ». Enfin, parfois les prêtres « placardisés » étaient relégués… aux archives !

 loi SÉPARATISME

Sur le contrat d’engagement républicain

Sous le titre : ANNIVERSAIRE DE LA « LOI 1901 » : « N’AVONS-NOUS PAS BEAUCOUP A PERDRE A REDUIRE L’ESPACE D’EXPRESSION CIVIQUE QUE REPRESENTENT LES ASSOCIATIONS ? » (question posée par une cinquantaine d’associations dans une Tribune du Monde le 30 juin dernier, à l’occasion du 120ème anniversaire de la loi de 1901), la Libre Pensée a tenu une réunion d’alerte et d’information lundi 20 Septembre à l’ESPACE CITOYEN (Mairie du 8e arrondissement).

La Libre Pensée a toujours exprimé, depuis le début de la discussion du projet de loi dit "Séparatisme", les mêmes préoccupations que le Mouvement associatif. Elle a rejoint cet appel et fait le point lors de son congrès national d’août dernier.

Le Contrat d’Engagement Républicain n’est qu’un des volets de la loi dite « séparatisme », mais certainement pas le moins anodin. Outre l’injure faite aux associations qui ne sont pas censées ignorer ni violer les règles de droit commun, il crée une épée de Damoclès en instituant un contrôle a posteriori sur l’utilisation des subventions reçues. Il ne peut s’ensuivre qu’une logique d’auto-censure dans tous les cas où l’engagement citoyen, sous sa forme associative, en vient à contester les politiques en place. Qu’arriverait-il, pour ne prendre que cet exemple, à une association choisissant d’aider des sans-papiers pour de simples motifs humanitaires ? Quelles seraient les conséquences d’un simple changement de majorité territoriale ?

On voit maintenant fleurir les « chartes locales sur la laïcité » édictées par des élus qui la foulent
aux pieds régulièrement (notamment les promoteurs de l’enseignement privé) ou par des
municipalités xénophobes. Le Contrat d’Engagement Républicain participe de la même logique.

On entend demander aux associations de justifier de leur attachement républicain ! Le gouvernement doit prochainement présenter le décret précisant le dispositif du CER que devront signer les associations subventionnées. Celles-ci s’inquiètent à juste titre pour la liberté associative que pourrait limiter ce dispositif instauré par la loi sur le séparatisme.

« En créant le contrat d’engagement républicain, le projet de loi instaure en réalité unilatéralement une obligation nouvelle, aux contours imprécis et qui atteint le climat de confiance nécessaire au développement d’un sain partenariat », jugeait dès janvier 2021 la Commission nationale consultative des droits de l’homme.

Ce que dit la loi sur le séparatisme

L’article 12 de la loi confortant le respect des principes de la République dispose que toute association qui reçoit une subvention publique (en argent ou en nature) s’engage, par la souscription d’un contrat d’engagement républicain : à respecter les principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de dignité de la personne humaine, ainsi que les symboles de la République (le drapeau tricolore, l’hymne national et la devise républicaine) ; à ne pas remettre en cause le caractère laïque de la République ; à s’abstenir de toute action portant atteinte à l’ordre public.

En cas de non-respect, la subvention lui est retirée et les sommes déjà perçues peuvent lui être réclamées.

La loi prévoit qu’un décret, en Conseil d’État, précise les modalités d’application du présent article.

 LAÏCITÉ RHÔNE

 

L’ECOLE PRIVEE S’INSTALLE A BRON

La ville de Bron abrite 42 200 habitants dont 24 % occupent des logements sociaux. Elle regroupe 6 écoles maternelles, 6 écoles primaires, 3 collèges, 3 lycées de l’enseignement public. Depuis 1945, Bron était gérée par une municipalité d’union des gauches ; aux dernières élections municipales la droite en a pris possession, avec à sa tête un maire LR.

Bien qu’il n’en ait pas fait état dans son programme électoral, ce dernier est entré en relation avec une école privée, le centre scolaire Charles de Foucault (institution catholique), pour ouvrir à Bron une école de 8 classes pour 240 élèves. Le terrain de son implantation pourrait être le champ jouxtant l’école publique Ferdinand Buisson. Ce terrain est utilisé par le groupe scolaire et un centre social proche en dehors des périodes scolaires. Dans ce but une précédente municipalité avait créé un accès sécurisé donnant sur la rue. L’actuel maire revendique de laisser aux parents le choix d’inscrire leurs enfants dans le public ou le privé. Pas un mot sur le montage financier d’une telle construction qui resterait à la charge des Brondillants. De plus, les communes sont tenues de verser, chaque année, aux organismes gestionnaires des écoles privées sous contrat de leur territoire une participation aux frais de fonctionnement.

L’école privée à côté de l’école publique, quelle provocation !

 massacre du 17 octobre 1961

Double-initiative à la mémoire des victimes à Saint-Fons

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque.

Le premier ministre, Michel Debré, hostile à l’indépendance de l’Algérie, avait à ses ordres le Préfet de police Maurice Papon, qui s’était déjà « illustré » contre les juifs, à Bordeaux, sous l’occupation nazie.

Les manifestants défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers d’entre eux furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou pour nombre d’entre eux refoulés en Algérie sous les ordres de Papon.  Des centaines perdirent la vie, victime d’une violence et d’une brutalité extrême des forces de police. Beaucoup trouvèrent la mort sous les matraques des policiers ou furent jetés depuis les ponts surplombant la Seine, au pont Saint-Michel qui était leur lieu de convergence. Combien ? On ne le saura sans doute jamais.

C’était il y a soixante ans. Ce crime appartient déjà à l’histoire, mais sa mémoire doit être maintenue.

En 2021 comme en 1961 racisme et xénophobie n’ont pas disparu. Et la violence d’Etat peut toujours s’exercer, à l’encontre des plus faibles, et davantage encore à l’encontre des étrangers qui sont toujours les plus exposés !

(texte de l’appel commun LDH-LP-Forsem)

 

 

A l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme et de la municipalité de Saint-Fons, une conférence a eu lieu, avec le soutien de la Libre Pensée et du FORSEM, mercredi 13 octobre, sur le thème :

« 17 octobre 1961 – Pourquoi cette violence à Paris contre les Algériens désarmés ? »

La conférence de Gilles Manceron a permis de comprendre comment l’Etat français était impliqué dans la responsabilité du massacre : pas seulement le préfet Maurice Papon, organisateur de la déportation des juifs de Bordeaux sous l’Occupation, mais aussi le premier ministre Michel Debray et son ministre de l’Intérieur nouvellement nommé Roger Frey, qui donnèrent carte blanche à Papon pour organiser la répression. Le débat faisait apparaître que cette violence était à mettre en rapport avec d’autres exactions intrinsèques à la politique coloniale. Alors que de son côté l’Etat algérien aujourd’hui encore, au nom d’une vision officielle de l’histoire,  se refusait à rappeler l’épisode du 17 octobre, et du combat pour l’indépendance engagé en métropole (intervention des représentants du Forsem).

 

Avec la participation de Gilles MANCERON, membre du Comité Central de la LDH

 

Dimanche 17 octobre, un rassemblement était organisé à la stèle dédiée aux victimes du 17 octobre de Saint-Fons, avec un dépôt de gerbe par la municipalité.

Dans son allocution, M. le Maire de Saint-Fons rendu hommage aux victimes sans remettre en cause la position exprimée par Emmanuel Macron la veille : l’action de la police française relèverait de « crimes inexcusables », rien de plus.

La qualification de « crime d’Etat » n’a pas été retenue par l’Elysée, contrairement à ce que demandaient des associations comme la Ligue des Droits de l’Homme, entre autres. Au contraire, Emmanuel Macron a utilisé des expressions volontairement ambiguës en parlant d’« engrenage de la violence», de «crimes commis de tous côtés», et il a imputé la tragédie à Maurice Papon alors que le crime implique la République française avec l’ensemble de ses rouages institutionnels, administratifs et policiers.

Dans un communiqué du samedi 16 au soir, l’Elysée a carrément reproché aux manifestants algériens d’être « sortis de chez eux après 20h30 […] malgré l’interdiction de la manifestation ». Reconnaissant que la répression « fut brutale, violente, sanglante », le président français a rendu hommage « à la mémoire de toutes les victimes. » le 17 octobre 61, les victimes n’étaient pourtant que du côté algérien.

Dans le communiqué diffusé par l’Elysée, il est mentionné que « la France regarde toute son histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Elle le doit d’abord et avant tout à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme ». En 2012, le prédécesseur de M. Macron, François Hollande, avait, lui, évoqué une « sanglante répression ».

La parole à Michèle Edery

Michèle Edery est maire-adjointe de la ville de Saint-Fons, déléguée à la politique de la Ville, et conseillère métropolitaine « Portes du Sud ». 

 

L’An II : - Bonjour Michèle, (u es) Une cérémonie a eu lieu à St-Fons pour rendre hommage aux Algériens victimes du massacre du 17 octobre 1961, autour d’une stèle qui leur est consacrée. De tels édifices sont rares dans nos villes. D’où vient celle de St-Fons ?

 

Michèle Edery - : Elle a été inaugurée en 2011, par la municipalité de gauche élue contre la droite en 2008. La droite aurait été hostile à commémorer le 17 octobre 1961, elle était trop proche des Anciens Combattants opposés à cette manifestation. La municipalité de gauche a souhaité remettre au cœur de ses actions, les cérémonies mémorielles, par exemple en déposant une gerbe, chaque 11 novembre, au cimetière de la ville où se trouvent une vingtaine de tombes de soldats musulmans morts pour la France.   Cette cérémonie avait été annulée après 2001. Autre exemple : la stèle dédiée au résistant René Fernandez tué par la Gestapo, située rue Albert Thomas, à côté de la synagogue, et élevée en collaboration avec la famille le 10 janvier 2011. Quant à l’initiative d’une stèle en souvenir des Algériens du 17 octobre, elle doit beaucoup à M. Mansouri, ancien candidat aux municipales qui tenait à perpétuer cette mémoire avec un collectif de mémoire, et soutenu par la mosquée.

 

L’An II : J’ignorais l’existence de la cérémonie du 11 novembre sur la tombe des tirailleurs musulmans.

A-t-elle encore lieu en 2021 ?

 

 

Michèle Edery : Malheureusement non. Il faut dire que la pandémie de COVID n’a rien permis de faire en 2020, mais en effet il faudra qu’on en reparle.

 

L’An II : - Tu étais présente à la conférence de Gilles Manceron, de la LDH, mercredi 13 octobre à la salle du SPOT. Qu’en as-tu retenu d’essentiel ?

 

Michèle Edery : - Je connaissais déjà bien l’histoire du massacre. Mais il est toujours important de rappeler les faits, et de faire vivre l’histoire. Je dirais même TOUTE l’histoire, sans occulter le rôle de la gauche qui a été loin d’être clair au cours de la guerre d’Algérie. C’est même la raison pour laquelle la gauche à Saint-Fons avait entrepris cette politique mémorielle. Nous avons voulu montrer notre différence. C’est pour cela aussi que nous avons entrepris un travail avec les collégiens et les écoliers du primaire, invités aux commémorations. Ils ont travaillé sur ces sujets et lu des textes préparés avec leurs enseignants. Je me dis souvent : moins de 20 ans après la fin de la 2e guerre mondiale, comment a-t-on pu encore pratiquer de telles horreurs ?

 

L’An II : - Samedi 16, Emmanuel Macron a tenu un discours en mémoire des victimes du 17 octobre. Il a parlé de « crimes inexcusables » mais pas de « crimes d’Etat ». Quelle est ta position à ce sujet ?

 

 

Michèle Edery : C’est toujours pareil avec Macron : on commémore mais on ne reconnaît pas. C’est la politique du « ni-ni » qui refuse de prendre parti, pour ménager sans doute les Algériens d’un côté, l’armée et la droite de l’autre. Il est clair que ce qu’il a dit ne répond pas aux demandes des associations. C’est pourquoi il faut toujours rester vigilants, et poursuivre notre action.

 

 Libres propos, libres pensées

Religion et Stratégie : attention aux dégâts !

 

   Comme la nitroglycérine, la religion est un outil explosif particulièrement instable et dangereux à manipuler, avec des effets pervers et des retours de flamme parfois dévastateurs et durables : en 1978, une révolution renversa le pouvoir autocratique et conservateur en Afghanistan. Cette révolution instaura un gouvernement laïque et progressiste qui introduisit des réformes sociales très profondes en particulier pour le statut des femmes à qui furent ouvertes l'école publique obligatoire, les universités, l'enseignement, la fonction publique, les professions médicales, la liberté de s'habiller à leur convenance, de sortir, d'aller au cinéma et dans les cafés, etc. Mais cette orientation plutôt "à l'occidentale" n'avait pas l'aval des USA qui avaient été pris de court et soupçonnaient sans preuves les soviétiques de l'avoir suscitée.

   Il n'y en a toujours pas : le secrétaire d’État Cyrus Vance, a écrit plus tard dans ses mémoires :  "Nous n’avions aucune preuve d’une quelconque complicité soviétique dans le coup d’État."  Bah !  

   Les Anglo-US décidèrent donc, comme à leur habitude quand un peuple se passe de leur aval et de leur autorisation, de la combattre en soutenant massivement, financièrement et militairement les fanatiques islamistes de tous poils avec l'aide active de l'Arabie saoudite et du Pakistan dans le but très stratégique de répandre l'islam radical dans toute la région pour faire chuter l'URSS en l'entraînant dans un piège machiavélien qui, dans l'esprit de son initiateur Zbigniew Brzezinski, le conseiller spécial à la sécurité de Jimmy Carter, devait "lui infliger son Vietnam". Une pure vengeance, quoi !

   Celui-ci a décrit ultérieurement avec délectation sa perfide stratégie (gagnante, mais à quel prix : des décennies de régressions, de morts et de guerre civile) dans un livre intitulé "Le Grand Échiquier".

   Une immense opération de déstabilisation fut montée, baptisée Cyclone, qui recruta des fanatiques religieux dans tout le monde musulman sunnite pour les entraîner dans des camps au Pakistan voisin.   C'est à ce moment qu'émerge Ben Laden, qui devint le plus célèbre moudjahidine d'abord pro- (car bien formé et financé par eux), puis anti-USA, dont tout le monde connaît l'histoire et la fin ultramédiatisée.

   Les soviétiques menacés d'être débordés sur leurs marges par l'islam intégriste intervinrent alors et le piège de Brzezinski se referma sur eux dans ce qui devint effectivement un désastre militaire et moral total, le prélude à leur effondrement final en 1991.

   Après une longue guerre civile débutée en 1992, les talibans prennent Kaboul en 1996, ce que la secrétaire d'État US Madeleine Albright déclara avec sa propre logique être un "mouvement positif".

   Le gouvernement laïque afghan fut renversé et son président Mohammad Najibullah et son frère furent torturés, assassinés et leurs corps pendus à des poteaux devant le palais présidentiel.                    

   Pourtant en 2008, (sous occupation occidentale), Radio Kaboul effectua un sondage sur la question : "Sous quel régime l'Afghanistan a-t-il été le mieux gouverné ? " 93,2 % des sondés ont alors répondu "Sous le régime de Najibullah ! " (Wikipédia)

  Les exactions des talibans parvenus au pouvoir horrifièrent l'opinion publique mondiale et suite au 11 septembre 2001, les USA très désemparés mais disposant d'un outil militaire disproportionné et par trop vacant envahissent l'Afghanistan sans vraie raison (Cf. le général retraité Wesley Clark qui dénonçait publiquement en septembre 2001 le projet US d'envahir (après l'Afghanistan), sept autres pays en cinq ans : Irak, Syrie, Liban, Libye, Somalie, Soudan et pour finir, l'Iran.

  Seule la position géostratégique de tous ces pays motivait leur agression armée, comme d'habitude qualifiée "d'humanitaire" (par ex.: défendre le statut des femmes qu'ils avaient contribué à détruire !) 

   Malgré l'occupation par les USA et les pays de l'OTAN, dont la France qui y a laissé bon nombre de jeunes soldats morts, handicapés ou atteints à vie de stress post-traumatique (ESPT), la situation afghane s'avérant une impasse définitivement désespérée, vingt ans après (!), ils décident de s'en retirer en débâcle, laissant le pays aux talibans dans un état aggravé de ruine morale, sociale et d'infrastructures. Un beau Vietnam bis !

   Quant à la "démocratie", l'argument ultime pour justifier ces interventions armées, on sait ce qu'il en est partout où ses promoteurs sont intervenus, entraînant l'éternel suiveur et pourvoyeur de jeune chair à canon qu'est l'UE, par l'intermédiaire de l'OTAN, cet outil "de défense" qui a passé son histoire post-guerre froide à intervenir dans le tiers-monde avec des effets boomerang dévastateurs et pervers (immigration massive et incontrôlable de civils réfugiés qui préfèreraient vivre en paix chez eux), OTAN qui aurait dû disparaître avec la guerre froide, comme l'avait été le pacte de Varsovie.    

   Brzezinski interviewé par le journaliste John Pilger : "Avez-vous des regrets ?" - "Des regrets ! Des regrets ! Quels regrets ?" Le vieux faucon (1928-2017) est mort sans regrets ni remords, avec sa bonne conscience. Que Dieu ait son âme…

  

Et maintenant qu'ils ont ouvert la boîte de Pandore du terrorisme islamiste (qui n'est pas près de se refermer), ils se désintéressent après son saccage de cette région vraiment trop compliquée pour eux et se concentrent sur leur future croisade-guerre-froide, dirigée contre la Chine multimillénaire récemment sortie de son sommeil multiséculaire. Grâce à eux !

   Car qui lui a donné les moyens de sortir de sa léthargie, sinon les USA (and Co) ?

   Qui par cupidité a délocalisé ses emplois ouvriers, ses ingénieurs, ses usines, ses chaînes de production, ses processus, ses technologies, ses

capitaux vers ce pays très attardé présumé être incapable de rivaliser, car peuplé de cerveaux jugés inférieurs englués dans une idéologie communiste "qui ne marche pas" ?  Racisme ?

   Pour leur nouvelle "stratégie", ils n'hésitent pas à piétiner sans égards au passage un pays dit "allié" (traduisez : vassal), la France désindustrialisée par la mondialisation, en lui soufflant un marché de sous-marins conclu avec l'Australie (où il y a déjà 7

bases militaires US : si près de la Chine, ça va grimper !)  

   Dans un article du Quincy Institute, un auteur américain, David Vine (The United States of War), nous apprend que les USA disposent d'environ 800 bases militaires dans le monde, (trois fois plus que d'ambassades, consulats et missions diplomatiques), dont 73 en Corée du Sud, 119 au Japon (et autant en Allemagne !) etc., en tout presque 300 bases armées encerclant la Chine, en phase rapide d'augmentation, le reste étant réparti sur tous les continents.

   Au moins 38 sont situées dans des "pays non-démocratiques" (euphémisme pour : dictatures) et de nombreuses bases ont servi à lancer des guerres ou opérations dans au moins 25 pays depuis 2001.

   Le nombre exact et les coûts d'installation, de fonctionnement, de personnels, d'entretien de toutes ces bases militaires sont totalement impossibles à estimer et à recouper tant il y a de coûts dissimulés classés "secrets défense". Et les incommensurables chaos semés sciemment et leurs préjudices sociaux, sociétaux, politiques, environnementaux non plus.

Mais la défense de la "démocratie" n'a pas de prix… ni financier, ni moral, ni humain.           RJ                                                


 

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