2024 06 Daniel Barenboim
- Écrit par BRUYERE
Daniel Barenboim, dont la famille est d’origine ukrainienne, né en 1942, est un pianiste et chef d'orchestre israélo-argentin. En 2002, il acquiert la nationalité espagnole et, depuis janvier 2008, il est également porteur d'un passeport palestinien.
Enfant prodige, il rencontre les plus grands instrumentistes et chefs d’orchestre (Rubinstein, Furtwängler, Markevitch parmi bien d’autres) Il se forme au piano avec Edwin Fischer puis Nadia Boulanger. Ses deux parents sont aussi tous deux professeurs de piano. Il donne son premier concert comme pianiste à Buenos Aires à l'âge de 7 ans.
En 1952, il s'installe en Israël avec ses parents.
Alors qu’il n’a que 11 ans, Furtwängler demande à l'entendre et lui propose des concerts avec le Philharmonique de Berlin. Son père refuse, Israël et l'Allemagne fédérale n'ayant pas renoué de relations diplomatiques.
Après ses années en Argentine puis en Israël, il s'installe à Londres, centre européen de la musique à l'époque. C'est sa période la plus heureuse, celle de son amour pour Jacqueline Du Pré, la violoncelliste britannique, qu'il a rencontrée chez la fille de Yehudi Menuhin, et qu’il épouse en 1967.
En 1975, Barenboïm devient directeur musical de l'Orchestre de Paris, En 1989, trois jours après la chute du mur de Berlin, il dirige au pied levé l'Orchestre philharmonique de Berlin pour un concert dans la salle de la Philharmonie, concert gratuit réservé aux habitants de Berlin-Est.
En 1992, Il rencontre le professeur d'origine palestinienne Edward Saïd. Ils créent ensemble une fondation visant à promouvoir la paix au Proche-Orient par la musique classique, initiative qui lui attire de violentes critiques en Israël. C’est le début d’un atelier musical israélo-arabe et la création du West-Eastern Divan Orchestra, formé de jeunes musiciens israéliens et arabes, à Weimar en Allemagne.
En juillet 2001 pour la première fois, Barenboim parvient à imposer et diriger en Israël la musique de Wagner. Pour lui Wagner n’a rien d’un nazi et il considère toujours que la musique doit l'emporter sur la politique.
En 2004, il fait un don de 50 000 dollars pour l'enseignement de la musique à Ramallah où la même année il avait dirigé l'Orchestre des Jeunes de Palestine. Le conservatoire de Ramallah accueille 250 élèves, les professeurs étant des membres du West-Eastern Divan Orchestra.
Un passeport « honorifique » palestinien lui est remis en 2006 devant l'ambassadeur d'Israël et en présence de l'ambassadeur palestinien à l'ONU, à l’occasion d’une tournée avec le West-Eastern Divan Orchestra, au cours de laquelle il dirige le concert d'adieu pour le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan.
La fondation Barenboim est une fondation publique établie à Berlin. Elle développe des projets éducatifs et culturels visant à promouvoir les valeurs humanistes à travers le langage universel de la musique, projets qu’elle mène principalement en Andalousie et en Palestine. En 2008, elle crée le Centre de musique Barenboïm-Saïd à Ramallah,
L'académie Barenboïm-Saïd est fondée à Berlin en 2012 dans l’objectif de former de jeunes musiciens principalement originaires du Moyen-Orient. Un espace, baptisé « Pierre Boulez Saal » est réaménagé en lieu de vie idéal pour la musique. L'académie s'y installe en octobre 2016. L'académie est composée de trente-huit maîtres de réputation internationale. Etonnante école où l’on suit des cours de fugue, d'harmonie, de contrepoint, de composition et d'histoire de la musique, mais aussi des séminaires obligatoires de philosophie et de sciences politiques !
Le 4 octobre 2022, Barenboïm annonce être atteint d’une « maladie neurologique grave » et se retire de ses activités. Il annonce bientôt sa démission de son poste de directeur musical au Staatsoper de Berlin.
Après les événements du 7 octobre 2023, il écrit, dans un message adressé le 10 octobre aux musiciens du Divan Orchestra et aux étudiants de l'Académie : « J'ai suivi les événements de ce week-end avec horreur, et la plus grande préoccupation, alors que j'observe la situation en Israël et Palestine empirer […] L'attaque du Hamas sur la population israélienne civile est un crime atroce, que je condamne fermement. La mort de tant de personnes au sud d'Israël et à Gaza est une tragédie qui marquera durablement ». Les jeunes musiciens israéliens et palestiniens de l'orchestre et de l'académie rongés par l'angoisse tentent de passer au-dessus des tensions pour continuer malgré tout à s'asseoir ensemble aux pupitres.
Barenboim a fait l’objet d’innombrables distinctions. Notons que l'astéroïde « 7163 » a été nommé Barenboim en son honneur. En mars 2007, Jacques Chirac, l’élevant au rang de commandeur de la Légion d'honneur a souligné son engagement pour la paix au Proche-Orient. Une autre époque ! Et en septembre 2007, il est nommé par Ban Ki-moon, son secrétaire général, « messager de la paix » des Nations unies.
A lire si vous le trouvez : Parallèles et Paradoxes : Explorations musicales et politiques, Le Serpent à plumes, 2003. Cet ouvrage est un recueil d'entretiens avec Edward Saïd.
Petit additif : qui est Edward Saïd ?
Edward Saïd (1935-2003) est un universitaire, et critique littéraire et musical palestino-américain, né d’une famille palestinienne chrétienne dans la partie occidentale de Jérusalem annexée par Israël. Il est un réfugié de la guerre de 1948.
Aux Etats-Unis, il devient un universitaire des plus en vue. Il écrit beaucoup (entre autres choses) sur le conflit israélo-palestinien et sur le Moyen-Orient. Son ouvrage L'Orientalisme. est publié en 1978. Il y mène une analyse du discours colonial sur les populations orientales sous domination européenne en développant quatre thèses : la domination politique et culturelle de l'Orient par l'Occident, la dépréciation de la langue arabe, la diabolisation de l'arabe et de l'islam, et la cause palestinienne.
L'ouvrage, considéré comme un des textes fondateurs des études postcoloniales connaît un retentissement international et suscite d’intenses polémiques. Avec son collègue et ami Noam Chomsky, Saïd accorde de nombreuses interviews sur la politique étrangère des États-Unis.
En janvier 2006, un anthropologue obtient 147 pages du dossier du FBI sur Said, qui montre que Saïd était sous surveillance depuis 1971. Des parties considérables du dossier sont encore classifiées.
Saïd meurt de leucémie à New York à l'âge de 67 ans.
Dans son essai Zionism from the Standpoint of Its Victims, Edward Saïd a plaidé pour la légitimité politique et l'authenticité philosophique des revendications sionistes du droit à une patrie juive, mais aussi du droit inhérent à l'autodétermination nationale du peuple palestinien.
2024 04 20 FLOREAL DE L AN II
- Écrit par BRUYERE
FLOREAL
de l’An II
Ni Dieu ni Maître
Lettre mensuelle d’informations de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée
Parution tous les 22 du mois républicain en cours
Avril 2024
Les événements
Hommage à la COMMUNE de LYON 1870 1871 : nous serons présents sur le parcours du 1er mai avec les panneaux "affiches" et reproduction de la plaque de la Guillotière…plus sur https://www.librepenseerhone.org/16-themes/activites-federation-rhone/165-2024-03-21-creation-asso-commune-lyon.html
Acheter le livre "les libres-penseurs dans la Résistance", aux éditions libertaires et aux éditions de la Libre Pensée, 436 p, 14 €, à commander auprès de Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. sous quinzaine…Lire https://www.librepenseerhone.org/16-themes/activites-federation-rhone/172-2024-04-19-les-libres-penseurs-dans-la-r%C3%A9sistance.html
Affaire RIBES : enfin la dépose des premiers vitraux du pédocriminel…Lire https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/173-2024-04-19-affaire-ribes-depose-de-vitraux.html....On peut aussi relire l’activité de la LP69 depuis début 2022 : https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/124-2022-05-09-communique-affaire-ribes.html
Vie de la Fédération
Le Groupe de Villeurbanne de la Libre Pensée,
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée,
L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité,
invitent à débattre le 24 mai à 19 h, salle des conférences, au Palais du Travail, Place Lazare-Goujon, à Villeurbanne : lire https://www.librepenseerhone.org/16-themes/activites-federation-rhone/168-2024-05-24-admd.html
Activités pacifistes
Premières brèves de la journée du 19 avril 2024 de l'Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône…Lire https://www.librepenseerhone.org/13-themes/activites-pacifistes/164-2024-04-19-trente-ans-de-l-association-la%C3%AFque-des-amis-des-monuments-pacifistes-du-rh%C3%B4ne.html
Non au SNU ! : Plus que jamais, NON au SNU, NON à l’uniforme à l’école !
Lire https://www.librepenseerhone.org/13-themes/activites-pacifistes/166-2024-03-non-au-snu.html
Pour un cessez le feu en Palestine !
La LP69 soutient toutes les manifestations unitaires à l'appel du collectif Palestine69…suivre https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/151-2024-01-cessez-le-feu-palestine.html
Tribune libre (les articles publiés n’engagent que leurs autrices et auteurs)
Les écoles de l’AN III..lire https://www.librepenseerhone.org/9-themes/bulletin-an2/169-2024-04-17-tribune-libre-les-ecoles-de-l-an-deux.html
Nos coups de cœur culturels
Une pièce de théâtre sur le printemps de PRAGUE et le combat de la jeunesse pour la liberté… lire et réservez ! https://cielettreg.org/index.php/15-production/2024/12-prague-1968
Une présentation de l’auteur Panaït Istrati par notre camarade Christian COUDENE lire https://www.librepenseerhone.org/9-themes/bulletin-an2/171-2024-04-17-istrati.html
Echos des bénitiers
Pour rire un peu des turpitudes et stupidités de TOUS les cléricaux… https://www.librepenseerhone.org/14-themes/echo-des-benitiers/170-2024-04-17-echos-des-benitiers.html
Pour nous rejoindre
Qui sommes-nous ?
https://www.librepenseerhone.org/qui-nous-sommes.html
Pour nous contacter
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Pour nous suivre
https://www.facebook.com/librepensee69/?ref=aymt_homepage_panel
Pour adhérer
https://www.payassociation.fr/federationrhonelibrepensee/dons
|
2024 04 17 ISTRATI
- Écrit par BRUYERE
ASSOCIATION http://lesamisdepanaitistrati.weebly.com/
« La véritable tragédie de Panaït Istrati »
Les éditions Lignes viennent de publier « La véritable tragédie de Panaït Istrati », d'Eleni Samios-Kazantzakis. Ce texte écrit pour être publié en France l’avait seulement été au Chili en 1938.
Les amateurs de littérature ont pu redécouvrir Istrati par la publication de ses « Oeuvres complètes » (sauf correspondance) aux éditions Phébus en 2006, et par la réédition dans la collection poche folio de nombreux romans.
Istrati fut mondialement connu dans les années 1920-1930, puis fut largement oublié.
Il publia au retour d'un long voyage à travers l'URSS en 1927-1929, un livre « Vers l'autre flamme » qui déchaîna la haine des staliniens contre lui.
Le livre d'Eleni Samios-Kazantzakis, relate leur voyage en URSS. Istrati est accompagné de sa compagne et d'un autre écrivain grec Nikos Kazantzakis(1) et sa femme Eleni. Ce témoignage est une évocation-souvenir, il ne s'agit pas d'un carnet de voyage écrit au jour le jour, où immédiatement après.
L'effondrement du stalinisme permettra la redécouverte de cet écrivain, grâce aux efforts de l'association des amis de P. Istrati. Pourquoi cette haine, pourquoi un black out si long ?
Le lecteur d'aujourd'hui ne connait pas forcément l'écrivain ni son parcours, il est nécessaire donc d'y revenir d'abord.
Un autodidacte, un révolté, un bourlingueur, un passionné de littérature :
Panaït Istrati né en 1884 en Roumanie. Enfant apprenti surexploité, il part un beau matin à l'aventure malgré les supplications de sa mère. Il lit beaucoup et se fait battre comme plâtre par ses patrons parce qu'après dix heures de travail il prend encore le temps de lire. Il parcourt l'Orient et l'Europe, faisant tous les boulots. Ses romans sont largement inspirés de ses expériences. A plusieurs reprises il échoue à rejoindre clandestinement le pays de ses rêves, la France. Il y parvient, mais son désespoir et sa misère sont tels en 1920 qu'il fait une tentative de suicide. Les policiers trouvent sur lui une lettre adressée à Romain Rolland, et l'envoient au destinataire qui répond et permettra au jeune écrivain de publier son premier ouvrage écrit en français en le présentant comme le Gorki des Balkans. Le cauchemar vire au conte de fée, les romans d'Istrati s'enchaînent, à partir de 1925, le succès est au rendez vous, il est publié dans le monde entier.
Octobre, un espoir pour le monde:
Istrati a raconté le choc émotionnel et l'enthousiasme qu'a suscité la révolution d'octobre 1917, pour lui, alors qu'il était en Suisse. Comme pour tous les opprimés de cette Europe à feu et à sang, c'était l'espoir de la fin du carnage, la terrible période de la capitulation des dirigeants ouvriers enfin surmontée, le soulagement puisque là bas, « ils ont osé », selon la formule de Rosa Luxemburg.
Istrati est avant tout un artiste et n'a jamais été un militant même si avant la guerre il a combattu avec les socialistes et les syndicalistes en Roumanie, puisqu'il tâta de tous les métiers. Il participa à la grève générale de 1910 et fut arrêté alors (2)). Il connaît bien le principal leader du mouvement ouvrier roumain, Racovsky, qui a organisé l'accueil en 1905 des marins révoltés du Potemkine, réfugiés en Roumanie. Il est donc dans les années 1920 un partisan de l'URSS, non pas un compagnon de route du PCF, mais un ami de la révolution ouvrière et paysanne. «L'apparition du bolchevisme me subjugua, j'y adhérais promptement le lendemain de la révolution d'octobre ».
Ses romans sont écrits en français dans une prose poétique remarquable; les personnages, les événements, les récits expriment la turbulence de la vie, l'amitié au dessus de tout, la soif de liberté, la rage contre la misère et la souffrance. Istrati se moque de toutes les écoles littéraires et n'écrit que pour crier sa soif de vivre. Un de ses romans le plus réussi et des plus poignant : « Les chardons du Baragan », paru en 1928, se déroule au moment de la révolte paysanne durement réprimée en Roumanie au début du siècle.
En 1927 Istrati est invité aux cérémonies du dixième anniversaire de la révolution Russe. Il part avec Racovsky ambassadeur à Paris, qui vient d'être rappelé et démis de ses fonctions.
Racovsky a fait partie pendant la guerre de ces socialistes comme Lénine ou Rosa Luxemburg qui ont combattu contre le grand massacre et dénoncé la trahison des dirigeants socialistes qui ont participé à l'union sacrée. Il a participé à la conférence de Zimmerwald en 1915, à la fondation de la 3ème Internationale, et il est devenu par la suite un des dirigeants du parti communiste en URSS. Il sera le premier président de la république soviétique d'Ukraine en 1919. Dès 1923 il s'oppose à la bureaucratie, et Staline pour l'écarter l'envoie comme ambassadeur à Londres puis à Paris. En 1927 il fait partie de l'opposition regroupée autour de Trotsky.
Quand il arrive en URSS, Istrati est enthousiaste et n'a pas encore mesuré que depuis 1924 un combat décisif se livre entre la direction bureaucratisée du parti bolchevik et l'opposition. Même s'il sait que Trotsky est écarté du pouvoir, il n'a aucune idée des raisons de ce revirement. Il reprochera d'ailleurs à Racovsky de ne pas lui avoir donné plus d'informations sur ce combat.
Les cérémonies officielles l'ont ennuyé, et il veut se faire sa propre idée de ce qui se passe dans le pays. Il veut voyager librement.
1927-29, années charnières :
Il suffit de donner deux repères : en 1927 Trotsky est exclu du Bureau Politique, puis exilé à Alma Ata. En 1929 tous les dirigeants de l'opposition qui n'ont pas renoncé à la lutte sont emprisonnés, Trotsky est expulsé d'URSS. C'est donc au moment où la répression s'accentue et où le pouvoir de Staline va devenir de plus en plus total, que Istrati parcourt l'URSS en long et en large, discute, multiplie les rencontres en dehors des guides et officiels. Il va s’engager dans la défense d'un écrivain et membre de l'opposition trotskyste, Victor Serge.
A son retour en France il publie un ouvrage « Vers l'autre flamme », composé de trois parties, l'une qu'il écrit, deux autres qu'il signe mais qui ont été écrites par Boris Souvarine et Victor Serge. (La première partie est publiée dans ses Oeuvres chez Phébus).
Ce livre démarre par un rappel de son rejet du capitalisme et de son hypocrisie honteuse. Il donne deux exemples de sa barbarie tirés de l'actualité lors de son séjour à Paris. Pays pourtant civilisé, pays des lumières, patrie des droits de l'homme. Il relate ensuite son voyage et ce qu'il a constaté en URSS : son aversion pour la bureaucratie qu'il a vue à l’oeuvre, en train d’étouffer les idéaux de la révolution.
Les écrivains, les journaux du PCF, et notamment Henri Barbusse, déclenchent aussitôt une campagne haineuse contre lui l'accusant d'être un agent de la Sécuritate roumaine et de Mussolini. Il faut peut-être préciser que Hitler n'est pas encore au pouvoir en Allemagne en 1930 et que la Gestapo n'existe pas, ce n'est qu'un peu plus tard que les staliniens accuseront tous ceux qui critiquent Staline dont Istrati lui-même, d'être des agents de la Gestapo.
Romain Rolland ne le défend pas et lui demande de se taire.
Cette avalanche de boue et de mauvaise foi, pèsera sur le moral d'Istrati. Les insultes sont d'autant plus violentes que dans son livre il rend hommage à Trotsky, au moment même où Staline donne la consigne de ne plus traiter l'opposition comme un adversaire politique mais comme une agence des capitalistes.
Sa tuberculose s’aggrave, il a du mal à se faire éditer, il n'est pas du genre à avoir fait des économies. Il rentre en Roumanie, poursuivi par la haine des staliniens et les agressions des fascistes. Il meurt en 1935 dans un sanatorium, non sans avoir pu écrire en 1933 deux textes d'une grande beauté : « Méditerranée lever de soleil » et « Méditerranée coucher de soleil ».
Mauriac et les catholiques tenteront une récupération, mais Istrati n'était pas du bois dont on fait les mystiques.
La rencontre du crétois et du céphalonite :
P. Istrati assiste à Moscou aux manifestations du 10ème anniversaire , note l'enthousiasme des foules, s'étonne du matraquage de l'opposition qui tente de manifester, du suicide de Ioffé, mais ne voit pas le sens du combat de cette opposition qu'il ne connait pas et dont Racovsky ne lui a pas parlé. Les opposants doivent se méfier et peuvent craindre que Istrati trop confiant dans le paradis socialiste ne les trahisse.
C'est en URSS en 1927, en voyage organisé pour les écrivains, que Istrati rencontre Kazantzakis, ils sympathisent : « Kazan » qui se nomme « le crétois » appelle Istrati « le céphalonite ». Comme toutes les amitiés d'Istrati, son amitié avec Kazan est totale, passionnée, tumultueuse. Istrati envisage de s'installer en URSS, ils décident d'aller d’abord faire de la propagande en Grèce et de revenir s'installer au pays de la révolution d'octobre, « nous allons maintenant en Grèce crier notre enthousiasme de ce que nous avons vu en URSS. Puis nous y retournerons pour y vivre, apprendre et lutter. » écrivent-ils à Staline. Très vite ils sont expulsés par la police grecque et décident de retourner en URSS avec leurs compagnes.
Le récit d'Eleni Samios-Kazantzakis :
Le récit a été écrit après coup et donne un souvenir parfois assez différent de ce que rapporte Istrati dans « Vers l'autre flamme ». Il est intéressant de les comparer.
Les voyageurs ont obtenu par Lounatcharski et Olga Kamenova (sœur de Trotsky), un permis de circuler et aller où bon leur semble. Les déplacements se font en train mais aussi dans des autos mises à leur disposition et à cheval dans le Caucase. C'est dans la joie que commence le périple, ce que traduit bien le récit. « Un homme sera le héros de ce livre … voici donc ces êtres donquichottesques en marche vers Nijni Novgorod ...». Eleni indique que souvent Istrati les abandonne pour aller discuter avec les gens au lieu de se rendre aux réceptions officielles. Il cherche à se faire une idée par lui même et va être peu à peu étonné puis choqué de la réaction de dirigeants dont le comportement ne correspond pas à ce qu'il attend de bolcheviks. Ils rendent visite à Racovsky, exilé à Astrakhan en Asie centrale. Le récit d'Eleni donne le sentiment qu'il est en bonne forme, travaillant pour le plan, et satisfait de son sort. Istrati voit l'abime entre la position de l'ambassadeur à Londres et à Paris et les difficultés terribles dans lesquelles on l'a jeté et qu'il essaye peut-être par fierté de camoufler. Il se plaint que Racovsky élude ses questions.
Eleni donne des portraits des quatre voyageurs et de leurs réactions, des anecdotes amusantes où se révèlent les personnalités de chacun. Elle note que des tensions apparaissent peu à peu entre Istrati et Kazantzakis. Elle les attribue au caractère changeant et bouillonnant d'Istrati, à ses sautes d'humeur, ce n'était pas un homme facile à vivre, elle en donne des exemples. Mais elle note aussi que l'appréciation qu'ils portent sur le régime diverge. Kazantzakis voit les mauvais cotés du pays comme un mal humain inévitable, tout n'est pas parfait mais l'avenir appartient à l'URSS. Istrati comprend que la gangrène bureaucratique est déjà bien avancée et que l'espoir d'octobre 17 est en péril. Il décide de rentrer en France alors qu'il avait prévu d'aller via la Sibérie en Chine et au Japon avec son ami. Ils se quittent sans se serrer la main.
Eleni ne donne qu'un court aperçu de l'affaire Roussakov (3) qu'elle considère comme un fait divers. Elle a une grande signification pour Istrati qui s'engage à fond pour défendre le beau- père de Victor Serge victime d'une machination qui a pour but de terroriser l'opposition. Il réussit à se faire recevoir par Kalinine, président de l'URSS, mais la veulerie de ses adversaires, le poids de la machine bureaucratique, le dégoûtent profondément.
Le récit d'Eleni est donc intéressant, en complément de celui d'Istrati dans « Vers l'autre flamme », dont il n’a pas la force. Il montre cependant le coté aventurier et passionné de l'écrivain, l'amitié tempétueuse des deux poètes, la liberté qui règne encore dans le pays sur lequel la chape de plomb stalinienne n'est pas complètement tombée.
Les annexes
Une postface donne le contexte historique et des précisions sur les personnages qui apparaissent dans le récit, Istrati et sa compagne Bilili, Nikos Kazantzakis, Victor Serge.
Une notice explique « les vagabondages d'un manuscrit » et les raisons qui ont rendu impossible sa parution en France.
Il est clair que les staliniens ont pesé de toutes leurs forces pour que Istrati soit effacé de la littérature, et le livre d'Eleni (même s'il donne une vision plutôt sympathique du régime en 1928) en présentant Istrati comme un homme sincère, passionné et révolté par ce qu'il constate, donne une image bien différente de celle que présentaient les insultes déversées par les staliniens. Et pour les bureaucrates il n'était pas question de tolérer ne serait-ce qu'une présentation un peu chaleureuse de cet écrivain, de son amertume et de sa souffrance face à la trahison de son idéal, celui de la révolution d'octobre.
Le livre présente aussi la correspondance Kazantzakis-Istrati qu'ils ont repris entre 1932 et 1935. Le « crétois » a pris l'initiative de lui écrire alors qu'il était malade et leur amitié reprend. Ces lettres sont émouvantes.
Il contient ensuite des lettres envoyées par Victor Serge à Panaït Istrati qui montre la dégradation rapide de sa situation en URSS avant son arrestation en 1931.
En redonnant des morceaux de vie de ce grand écrivain, l'édition du livre d'Eleni Samios-Kazantzakis, pour la première fois en France, donnera aux passionnés de littérature envie de lire ou relire Panaït Istrati, de connaître son parcours.
…..
- Nikos Kazantzakis, écrivain grec, 1883-1957, connu pour son roman Zorba le grec qui fut transposé à l'écran .
- « Le congrès socialiste en 1912, sur la proposition de Racovsky – malgré que mauvais cotisant – me nomme administrateur de l'Ecriture socialiste, puis rédacteur, puis secrétaire du syndicat du port Braila, mais je passe par tous ces postes comme le chat dans l'eau. » Autobiographie 1923.
- Affaire longuement présentée dans le livre « Vers l'autre flamme ». Roussakov, vieux militant du mouvement ouvrier, est victime d'une campagne de calomnies dans la presse. Istrati fait de nombreuses démarches pour le défendre, avec Victor Serge qui est son gendre, et à cette occasion se heurte de front au système bureaucratique.
2024 04 17 TRIBUNE LIBRE LES ECOLES DE L AN DEUX
- Écrit par BRUYERE
Les écoles de l’An III
En ce début prairial de l’An CCXXXII de la République, il n’est pas inutile de rappeler qu’après l’An II …vint l’An III. Evidemment. Année remarquable par l’ampleur des tâches accomplies par la Convention. Parmi ces réalisations : la création des grandes écoles de la République.
Mardi 5 décembre, Gabriel Attal dévoilait son plan pour un « choc des savoirs » visant à « élever le niveau de notre école ». Conséquences du plan ? Nombreuses et désastreuses, mais notons la fermeture de classes préparatoires aux grandes écoles dans plusieurs académies. Dès le 6 décembre, des centaines d’étudiants et de professeurs de CPGE étaient rassemblés devant le ministère pour exiger le maintien des classes préparatoires de plusieurs lycées parisiens.
Un représentant du ministère expliquait : « Quand nous parlons d’exigence des savoirs, d’excellence à l’école, nous pensons évidemment aux classes préparatoires. C’est un modèle dont nous pouvons être fiers, car il porte une idée de l’excellence des savoirs à laquelle nous sommes attachés ».
Traduction en bon français à partir de l’original formulé en novlangue : « La politique d’austérité imposée par le gouvernement à coup de 49 ter programme la suppression de 2 500 postes à la rentrée 2024. Il faut trouver dans quels secteurs cela se verra le moins. En plus, en nous en prenant aux CPGE, coup double : on ouvre une voie royale pour le privé. » On peut aussi se demander si cela n’a rien à voir avec nos grandes écoles.
Les grandes écoles de l’An III pour mémoire :
Polytechnique – Créée le 7 vendémiaire (28 septembre 1794), Polytechnique (ou « X ») recrute les jeunes scientifiques les plus brillants. Le concours d’entrée compte parmi les plus difficiles parmi ceux qui sont proposés à la préparation des CPGE. Elle est l’une des sept grandes écoles militaires françaises. « Jouissant d'un grand prestige dans l'enseignement supérieur en France, l'École polytechnique est souvent associée à la sélectivité, à l'excellence académique, mais aussi à l'élitisme et à la technocratie qui sont sources de critiques depuis sa création. » (citation Wikipedia) Elle a le statut d'établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Insistons : établissement public.
Normale sup – Créée le 9 brumaire (30octobre 1794), c’est l’établissement de la rue d’Ulm. Depuis le début du XXème siècle, quatorze anciens pensionnaires ont décroché le Nobel, et onze une médaille Fields. Les élèves passent leurs diplômes à l’université, trouvant conseil et assistance auprès des enseignants, ainsi que des moyens d’étude exceptionnels dans cet établissement qui a la particularité de ne pas délivrer de diplôme.
Arts et métiers – Créée le 19 vendémiaire (10 octobre 1794), le Conservatoire national des arts et métiers était à l’origine un dépôt de machines où étaient organisés des cours du soir, de niveau élevé, où de simples ouvriers, même non-bacheliers, pouvaient se perfectionner. Depuis 1922, ils peuvent accéder au diplôme d’ingénieur. La devise du Cnam est Docet omnes ubique qui signifie « il enseigne à tous et partout ».
Langues orientales – Créée le10 germinal (30 mars 1795) Cette école où sont enseignées plus de 81 langues rares non européennes. « Langues O' » est le nom donné depuis des générations à l’École spéciale, puis royale, puis impériale, puis nationale, des langues orientales de Paris. Parmi les anciens élèves, on compte de nombreux enseignants-chercheurs, linguistes et diplomates.
Conclusion : S’il y eut un moment dans notre histoire où on aurait pu parler d’un véritable « choc des savoirs », c’est bien sous la Convention, mais pas sous la présidence de M. Macron et encore moins sous le ministère Attal. Il suffit de comparer !
2024 02 VENTOSE 198
- Écrit par BRUYERE
Ventose de l’An II
Ni Dieu ni Maître
Lettre mensuelle d’informations de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée
Parution tous les 22 du mois républicain en cours
Numéro 198 de février 2024
Les événements
La LP69 est solidaire des actions contre la loi DARMANIN…Lire https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/156-2024-01-21-contre-loi-darmanin.html
Succès de la Tête de veau républicaine du samedi 20 janvier….Lire https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/146-2024-01-20-tete-de-veau.html
Vie de la Fédération
Le congrès annuel de la fédération du Rhône a eu lieu le samedi 27 janvier …lire https://www.librepenseerhone.org/16-themes/activites-federation-rhone/157-2024-01-27-ag-lp69.html
Défense de la laïcité
Nos amis de la HAUTE LOIRE agissent contre le financement public à un nouveau monument religieux et lance une pétition à signer…lire https://www.librepenseerhone.org/11-themes/defense-laicite/154-2024-01-action-lp-43.html
Une déclaration d'enseignants, d'universitaires et de militants rationalistes contre l'éloge permanent de l'école privée par les représentants de l'Etat…..Lire https://blogs.mediapart.fr/libre-pensee/blog/310124/l-eloge-de-l-ecole-privee-ca-suffit-que-vive-l-ecole-publique
Retour sur l’inauguration de la statue au Chevalier de la Barre….Lire le montage vidéo https://youtu.be/ihMKClbS-8o.....La LP du Rhône a fortement contribué à la campagne financière pour ce monument, merci aux donateurs !
Activités pacifistes
Pour un cessez le feu en Palestine !
La LP69 soutient toutes les manifestations unitaires à l'appel du collectif Palestine69…lire https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/151-2024-01-cessez-le-feu-palestine.html
La LP69 défend les libertés démocratiques !
Après une injonction du CRIF, la préfète enjoint l’université Lyon 2 d’annuler la conférence organisée par le Comité69 Palestine et Solidaire Etudiant.e.s, avec Maitre Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon à l'université Lyon 2 sur le thème: "A Gaza : Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide ? Israël au tribunal."…Et la préfète a interdit la conférence déplacée à la BOURSE DU TRAVAIL ! Lire https://www.librepenseerhone.org/13-themes/activites-pacifistes/159-2024-01-31-defense-conference-lyon-2.html
Tribune libre (les articles publiés n’engagent que leurs autrices et auteurs)
Nous remettons l’article sur les uniformes à l’école car la partie POUR avait subi quelques altérations involontaires dans sa prise en compte, toutes nos excuses à l’auteur ! https://www.librepenseerhone.org/16-themes/activites-federation-rhone/152-2024-01-pour-contre-l-uniforme-%C3%A0-l-%C3%A9cole.html
Quand la révolte dans toute l’Europe donne raison à l’exigence de CONSTITUANTE SOUVERAINE…lire https://www.librepenseerhone.org/9-themes/bulletin-an2/160-2024-02-02-la-revolte-agriculteurs-et-la-constituante-souveraine.html
60 ans après, un salutaire rappel de l’assassinat de JF Kennedy, lire https://www.librepenseerhone.org/9-themes/bulletin-an2/161-chronique-d-un-2024-02-coup-d-%C3%A9tat-60%C3%A8me-anniversaire-de-l-assassinat-de-j-f-kennedy.html
Nos coups de cœur culturels
La pièce PRAGUE 1968 écrite, mise en scène par notre camarade Gilles Champion et sa CIE DE LA LETTRE G…En mai prochain, mois propice à se souvenir de mai 68 en France qui fit reculer De Gaulle et de mai 1871 de la Commune de Paris, la pièce sera jouée à la MJC MONPLAISIR…
Réserver sur https://www.payasso.fr/cieg/prague1968
Lire la page https://www.librepenseerhone.org/10-themes/evenements/158-2024-05-22-26-prague-1968.html
Echos des bénitiers
Pour rire un peu des turpitudes des écritures…lire https://www.librepenseerhone.org/14-themes/echo-des-benitiers/162-2024-02-11-echo-des-benitiers.html
Pour nous rejoindre
Qui sommes-nous ?
https://www.librepenseerhone.org/qui-nous-sommes.html
Pour nous contacter
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Pour nous suivre
https://www.facebook.com/librepensee69/?ref=aymt_homepage_panel
Pour adhérer
https://www.payassociation.fr/federationrhonelibrepensee/dons
|
Chronique d'un 2024 02 Coup d'État : 60ème Anniversaire de l'Assassinat de J-F. Kennedy
- Écrit par BRUYERE
Chronique d'un Coup d'État : 60ème Anniversaire de l'Assassinat de J-F. Kennedy
"Il faut que tout change, pour que rien ne change !" (Le Guépard)
Qui connaît Jim GARRISON (1921-1992) ?
Pas grand monde. C'est pourtant le SEUL procureur US qui a enquêté de façon approfondie et amené deux fois au tribunal un suspect, Clay Shaw (1913-1974), influent homme d'affaires d'extrême droite et "correspondant" de la CIA pour conspiration d'assassinat de JFK le 22 novembre 1963.
L'accusé fut acquitté chaque fois et Jim Garrison fut même interdit par un tribunal fédéral de poursuivre ses investigations intempestives. Il fit appel, alla jusqu'à la Cour suprême, où il perdit à nouveau.
Élu, fait exceptionnel, quatre fois de suite District Attorney de New Orleans, mais trop absorbé par les attaques directes et obstructions créées par son enquête obstinée, il ne put faire correctement sa campagne et perdit sa réélection par seulement 2.000 voix, ce qui l'évinça de tous ses moyens d'enquêter.
L’assassinat de Kennedy a pourtant probablement changé le cours de l'histoire, car il avait dans un retentissant discours (juin 1963) devant les étudiants de l’American University of Washington. dévoilé
(à tort ?) ses intentions de libérer les USA des tares dont sa présidence avait hérité : il y déclara vouloir mettre illico fin à la guerre du Vietnam en rapatriant les boys ; normaliser les relations avec Cuba où il avait refusé de sauver par l’aviation US l’invasion loupée de mercenaires dans la Baie des Cochons, de longue date organisée par la CIA; arrêter la Guerre Froide et la course aux armements, donc gravement nuire au Complexe Militaro-Industriel; abolir la honteuse ségrégation institutionnelle des noirs, etc.
Et mettre au pas le FBI en envoyant à la retraite
J. Edgar Hoover (qui n'en voulait surtout pas !) puis démanteler la CIA, qui tous contestaient ses projets.
Le 4 juin 1963, il avait aussi eu l'audace de signer le décret exécutif N°11110 engageant le processus législatif pour ôter à la FED (un cartel PRIVÉ de grandes banques américaines ET européennes, créé en 1913), le privilège exorbitant (inchangé à ce jour ! ) d'émettre le dollar, extorqué à l'État US par le "Complot des Banquiers de Jeykill Island" (1910). En bref, nuire à trop de "vested interests" (droits acquis indus mais fermement incrustés).
La Commission d'enquête qui fut assignée par Lyndon B. Johnson à un Earl Warren, président de la Cour Suprême plus que réticent (à juste titre, il flairait l'embrouille), avait conclu en dix mois que JFK avait été tué par un "communiste" avéré, Lee Harvey Oswald, qui avait agi seul et par fanatisme. Oswald (bien vite assassiné !) étant déclaré l'unique "coupable", l'affaire fut ainsi rapidement classée.
Note : dans la Commission il y avait Allen Dulles, le directeur de la CIA limogé par Kennedy en novembre 1961 ! Et autres proches de la CIA & Co.
Jim Garrison avait volontiers souscrit au verdict de la commission Warren, mais trois ans après, il eut une banale conversation privée avec Russell Long, sénateur de Louisiane, un homme qu'il connaissait bien et respectait comme un des élus les plus intelligents du Sénat, qui lui dit à sa façon directe : "Les membres de la Commission ont tout faux ! Il n'y a aucune chance au monde qu'un homme seul ait pu abattre JFK de cette façon". Garrison fut alors saisi par le doute et consulta les 26 volumineux rapports des débats de la Commission Warren pour les scruter en détail et s'imprégner du dossier. Il ne fut pas déçu.
Procureur de la Nouvelle-Orléans, il se sentait concerné car Oswald y était né, y avait résidé et eu de longues et régulières connexions très suspectes.
Il instaura alors discrètement sa propre cellule d'enquête comprenant des policiers et juristes comme lui désireux d'aller plus loin et de découvrir la vérité dont le cœur lui semblait être en Louisiane.
Il cherchait les preuves que l'assassinat de Kennedy était bien un Coup d'État et un Crime d’État fomenté par des acteurs hétérogènes, étatiques ou privés, mais coalisés vers un même objectif et qui tous avaient un intérêt VITAL à le voir disparaître.
Ce qu'ils découvrirent n'était qu'incohérences, trous béants, questions sans réponses, enquêtes bâclées, autopsie de JFK entravée et sabotée par des officiels de haut rang, preuves médico-légales, matérielles, rapports de police, etc. détruits ou falsifiés, témoins subornés ou s’étant signalés puis rétractés ou jamais été auditionnés, conditions de sécurité du Président incroyablement laxistes, parcours officiel détourné (sans raison ?) à la toute dernière minute, mensonges flagrants, omissions, manipulations de la presse et de trop nombreux soi-disant "ratages", "erreurs" ou "négligences". Tout fut fait pour protéger le vaste système d'État souterrain, toujours en place, que les folles intentions de JFK menaçaient de détruire.
Il soupçonnait qu’Oswald, 24 ans, mais au passé déjà singulièrement trouble était bien impliqué dans le complot mais qu'il n’y a tué personne et que, loin d'avoir agi seul, il y tenait pourtant le rôle central : le "patsy", le pigeon, le bouc-émissaire qui sans le savoir avait été soigneusement et méthodiquement "sheepdipped" (en slang de l'espionnage : le mouton imprégné préalablement de faux indices, fausses pistes ou preuves, fabriqués et accumulés) pour lui faire porter le chapeau (texan).
Il était le soutier-gogo sélectionné sur lequel devait retomber toute la responsabilité de l'assassinat.
Techniquement le prétendu tir solitaire par l'arrière d'Oswald qui était loin d'être un sniper d'élite, avec un antique fusil militaire réformé italien qu'il aurait (soi-disant) acheté par correspondance sous un faux nom, dont des douilles et balles ont disparu des preuves sous scellés ne tenait pas debout, comme l'avait exprimé sans détour le sénateur Russell Long. Le gouverneur John Connally, grièvement blessé par la célèbre "balle magique" quand JFK fut tué n'a jamais cru à l'hypothèse d'un tireur unique par l'arrière alors que tout indiquait (films, témoins, sons) de plusieurs coups de feu venant de l'avant.
Il n'avait été donné à JFK aucune chance de survie… À Oswald non plus… Pour l'empêcher de parler, il devait donc être assassiné immédiatement après le meurtre, par des policiers "chargés de l'arrêter", ce qui ne put être fait. Le policier Tippit qui devait le tuer ayant hésité et Oswald ayant pu s'enfuir, ce fut lui qui fut tué par ses complices. À l'autopsie de Tippit, on trouva quatre balles (3+1) dans son corps, issues de deux pistolets automatiques différents mais aucune venant du revolver (qui n'avait rien tiré !) que portait Oswald à son arrestation !
In extremis, avant qu'il ne puisse dénoncer ses contacts (il avait bien trop tard tout compris et crié haut et fort à son arrestation qu'il était le patsy) il fut tué en direct en plein QG de la police de Dallas avant son transfert, devant la presse et des millions de téléspectateurs par un tenancier mafieux notoire de Dallas qu'il connaissait très bien, Jack Ruby, "pour venger Jackie Kennedy" (sic). Un patriote !
C'était trop gros pour être vrai. Qui lui avait donné l'ordre d'exécuter Oswald ? Gravement malade d'un cancer, condamné à mort par la maladie et par la justice, il mourra en prison de son cancer en 1967 sans parler, peu avant un second procès en appel.
Il était entré armé sans encombre dans ce sanctuaire de la police notoirement corrompue de Dallas, probablement avec la complicité de policiers : il y appelait la moitié des policiers par leur prénom !
Rappelons que la Mafia avait perdu à cause de la révolution castriste toutes ses activités lucratives (casinos, hôtels, boîtes de nuit, drogue, courses, prostitution, armes, etc.) à Cuba. Devant les sérieux doutes exprimés alors par l'opinion américaine on institua donc la fameuse Commission Warren, sur proposition de J. Edgar Hoover qui s'y connaissait bien en matière d'enfumage, donnant raison à Clémenceau : "Si vous voulez noyer un problème, mettez en place une commission". Toujours vrai…
Dallas, ton univers impitoyable… (refrain)
En moins de trois ans dix-huit personnes ayant témoigné ont disparu par exécution pure ou de très suspects "suicides", "accidents", "crises cardiaque".
Et ce n'était pas fini… D'autres témoins et même des acteurs actifs du complot ont aussi disparu par la suite : ils en savaient trop pour rester en vie. Tout a été fait pour stopper Garrison : menaces de mort, chantages, procès montés sur de fausses accusations, pièges déjoués (il était méfiant !), infiltration de son équipe par des informateurs ou retournement de certains collaborateurs, mais il tint bon… en vain.
Son livre-rapport "On the Trail of the Assassins" (Sur la piste des assassins) décrit son long, acharné, mais in fine totalement inutile combat pour la vérité. Il a servi à Oliver Stone comme base de son film "JFK" (1991) avec Kevin Costner dans le rôle de Garrison. Soixante ans après ce meurtre retentissant, l'immense majorité des américains ne croit plus du tout qu'Oswald a assassiné Kennedy et le policier Tippit qui avait (soi-disant !) cherché à l'arrêter.
À part Clay Shaw nul instigateur ni aucun acteur ou complice du complot n'a jamais été traduit en justice pour cet assassinat historique. Mais en 1976, le Comité Church enquêta officiellement sur les "activités illégales et assassinats" de la CIA, et révéla les accords passés entre elle et la Mafia pour assassiner Fidel Castro. Seulement Castro ?
J. Edgar Hoover, chef du FBI (cf. livre d'Anthony Summers : "Le plus grand Salaud d'Amérique") qui en savait beaucoup sur tout le monde US qui compte par ses petites fiches sur leurs turpitudes (y compris le clan Kennedy qui n'était pas irréprochable) est décédé à son poste (il avait été définitivement nommé À VIE par Lyndon Johnson, le successeur de Kennedy !) en emportant tous ses secrets fétides après 37 ans de bons (et déloyaux ?) services.
Sans surprise, il avait toujours été bien plus tolérant avec les mafias qu'avec les communistes.
Nul ne saura s'il a conspiré, mais il est largement admis qu'il était au courant du complot et a laissé sans sourciller tuer Kennedy qu'il détestait. Puis a tout fait pour saboter l'enquête (confiée au FBI !) et très, très mollement supervisée par une Commission Warren qui fut une totale forfaiture de l'Histoire.
Mais ce fut fait, et bien fait, cela arrangeait beaucoup de monde et c'était l'essentiel. René JAMBON
2024 02 02 LA REVOLTE AGRICULTEURS ET LA CONSTITUANTE SOUVERAINE
- Écrit par BRUYERE
TRIBUNE LIBRE : Pour une CONSTITUANTE SOUVERAINE !
Dans le beau film AMARCORD de FELLINI, il y a une scène tragicomique de l’interrogatoire du père de Titta par les fascistes locaux. Leur discours est limpide : « nous », savons ce qui est bon pour la population et l’Italie, pourquoi « vous » ne le comprenez pas…et le père subit le goudron, les plumes et l’huile de ricin.
Transposons : la PAC (Politique Agricole Commune), a été faite par l’ancêtre de l’UE, pour le « bien » des agriculteurs et de l’agriculture. Or, dans toute l’Europe, les agriculteurs se révoltent et dirigent leurs revendications CONTRE la pierre angulaire de la PAC : « la concurrence libre et non faussée », avec le refus de prix plancher pour les produits, seule façon de sécuriser un peu les revenus des agriculteurs.
Donc, soit les bureaucrates de l’UE ont raison parce qu’ils savent ce qui est bon, soit les agriculteurs ont raison parce qu’ils savent ce dont ils ont besoin pour vivre de leur travail : les deux positions sont inconciliables.
Cette crise pose deux questions :
• Le principe de subsidiarité chère à l’église catholique et gravée par les fondateurs chrétiens de la CECA puis l’UE, est en action avec la PAC : « nous » savons d’en haut ce qui est bon pour vous « en bas » et je délègue aux états de faire ce que je décide,
• Le principe de souveraineté du peuple doit s’appliquer pour au contraire partir « du bas » vers le « haut ».
C’est pourquoi la LIBRE PENSEE a fait du combat pour LA CONSTITUANTE SOUVERAINE un axe structurant de son action.
Et vive FELLINI et sa liberté de créer !
BRUYERE
2023 11 AN II
- Écrit par BRUYERE
ÉDITORIAL
La Libre Pensée condamne tous les crimes de guerre, où qu’ils soient et quels que soient ceux qui commettent ces actes de barbarie. Que cela soit dit une fois pour toutes. Cette précision est sans doute inutile, mais nous vivons à une époque où ce qu’on ne dit pas peut conduire à être inquiété, arrêté et traîné dans la boue par les media.
La recherche de profits immenses pour les lobbys militaro-industriels conduit le monde à un état de guerre endémique. Pour le Capital toujours plus en crise, la guerre apparaît comme l’unique solution pour préserver son pouvoir. Un an et demi après l’Ukraine, et après nombre d’autres théâtres d’affrontements moins médiatisés, c’est la terre palestinienne qui devient un champ d’horreurs.
La vérité, dit-on, est toujours la victime collatérale des guerres.
La Libre Pensée dénonce la politique de répression du Gouvernement Macron/Darmanin qui entend interdire toute expression de solidarité avec le Peuple palestinien. Elle exige donc le retrait de la circulaire du Garde des Sceaux du 10 octobre 2023 contenant des instructions qui pousse les parquets à interpréter de manière abusivement extensive la notion d’apologie du terrorisme pour faire interdire toute expression de solidarité avec le Peuple palestinien. Enfin, la Libre Pensée réaffirme sa totale solidarité avec le Peuple palestinien et son droit légitime et indéfectible à rester et à reprendre sa terre.
A Lyon, il y a eu le rassemblement du 21 octobre. Puis, samedi 4 novembre, a eu lieu une magnifique manifestation de plus de 8000 personnes demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. A l’issue de la manifestation, place Bellecour, la foule a scandé un slogan révélateur à propos des massacres : « Les media complices ! » N’assiste-t-on pas à une prise de conscience toujours plus claire de leur rôle de police de la pensée au compte de l’impérialisme pro-israëlien dont Emmanuel Macron est un représentant zélé ? Il suffit de regarder les vidéos du Général de Gaulle s’exprimant au moment de la guerre des six jours pour mesurer la profondeur de la dérive en cours.
Comme le veut la doctrine officielle, les media reprennent à satiété le mot la qualification de « terrorisme » plutôt que « crime de guerre » pour qualifier l’attaque du Hamas, comme si celle-ci n’était pas le énième épisode d’une guerre commencée en 1947. Et pour couronner le tout, le mot « antisionisme » semble avoir disparu du vocabulaire. Dans cette guerre, il n’y a plus que de l’antisémitisme, et point final.
Camus disait que mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.
En juin, l’avocat franco-israëlien Salah Hamouri expliquait à la Bourse du Travail qu’il n’avait rien d’un antisémite. Il venait lui-même, ancien détenu politique, pour témoigner des souffrances de ses compatriotes et des atteintes aux Droits de l’Homme commis par l’Etat d’Israël, des atteintes connues de tous. Et les puissants fermaient les yeux sur la « prison à ciel ouvert » de Gaza, en passe de devenir un gigantesque mouroir.
Rappelons ce que disait en 1964 la Charte du mouvement national palestinien. Elle déclarait solennellement « que l’objectif final de cette lutte réside dans la restauration de l’état démocratique et indépendant de la Palestine où tous les citoyens, quels que soient leur race et leur religion, jouiront de droits égaux. »
Nombreuses sont les personnalités juives qui ont dénoncé le sionisme. Pour n’en citer que quelques-uns : Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel, Yehudi et Hephzibah Menuhin, (dont les parents ont fini dans de la mort). Des antisémites, vraiment ? Pas plus que les 350 survivants et descendants de victimes du génocide qui, en août 2014, signaient une lettre ouverte condamnant l’agression d’Israël contre la bande de Gaza. Leurs propos étaient sans ambiguïté : « (…) nous condamnons sans équivoque le massacre de Palestiniens à Gaza et l’occupation et la colonisation en cours de la Palestine historique. Nous condamnons également les Etats-Unis pour avoir fourni à Israël les fonds nécessaires pour mener cette attaque, et plus généralement les Etats occidentaux pour avoir utilisé leur puissance diplomatique afin de protéger Israël de toute condamnation. »
Ils n’ont pas été écoutés. L’attaque du Hamas du 7 octobre apparaît ainsi comme le retour du boomerang, tragique et trop prévisible !
La Libre Pensée s’honore d’avoir toujours défendu l’unique voie pour garantir une paix durable de façon réaliste. Elle rappelle sa prise de position traditionnelle : « Au moment où l’on massacre en Palestine au nom de prétextes prétendument religieux, nous réitérons que la Paix ne peut revenir dans cette région-martyre que dans le respect absolu de la liberté de conscience et des cultes pour celles et ceux qui veulent en pratiquer un, et dans la laïcité des institutions d’Etat. » P.G.
La Libre Pensée du Rhône dans les manifestations
Dénonçant les propos racistes qui se déchaînent pour conclure à une responsabilité collective envers les Musulmans ou présupposés tels, elle demande l’abrogation de la Loi « Séparatisme » du 24 août 2021 qui introduit juridiquement cette responsabilité collective dans le monde associatif.
C’est pourquoi elle était présente dans la rue le 23 septembre, avec le collectif lyonnais « En deuil et en colère »
Abrogation des lois « Sécurité globale » et « Séparatisme » !
Place Raspail, le 7 octobre (journée mondiale pour la Paix) avec le mouvement de la Paix le Mouvement de la Paix, le POI , le Parti communiste, Lutte Ouvrière, la jeunesse communiste : |
d’association et de manifestation !
« Nous lançons un cri d’alarme pour stopper cette folle escalade militaire et pour que la voix de la paix soit enfin étendue afin d’éviter le risque d’une troisième guerre mondiale avec l’éventuelle et catastrophique utilisation de l’arme nucléaire. » Et pour :
⁃ L’arrêt de l’agression contre l’Ukraine par Poutine et son régime
⁃ Le développement de la solidarité avec le peuple ukrainien
⁃ Un cessez le feu immédiat et une solution diplomatique
⁃ L’arrêt de l’escalade de L’OTAN
La Libre Pensée dénonce la Militarisation croissante : dans la société, l’économie, l’adaptation de l’armée à la situation nouvelle, la militarisation de l’Ecole, l’alignement sur l’OTAN, des budgets militaires en hausse exponentielle, 413 Milliards pour la seule Loi de Programmation Militaire. L’Impérialisme français perdant ses positions coloniale ou postcoloniale à l’étranger les unes après les autres. Il faut la guerre à Macron, agent de la Finance et du Capitalisme spéculatif, pour tenter de reprendre des parts de marchés.
Dans la rue encore, les 21 octobre et 4 septembre, en solidarité avec le peuple de Gaza, pour le cessez-le-feu et l’arrêt immédiat des bombardements :
Halte aux bombardements de Gaza !
Cessez-le-feu !
Levée du blocus et accès à l’aide d’urgence !
Solidarité avec le peuple palestinien !
Justice pour la Palestine !
Halte encore à la Militarisation de la Jeunesse. Le SNU à l’Ecole, c’est la transformation de l’Ecole en Bataillons de la jeunesse qui a conduit à la Première Guerre mondiale, c’est la mise au pas de la jeunesse pour lui apprendre à obéir.
la bourse du travail de lyon
Lyon, la Bourse du Travail, Martin Luther King : un espace de liberté
Le 22 juin dernier, la Bourse du travail de Lyon a accueilli l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, accompagné du président d’Amnesty International France Jean-Claude Samouiller, pour une conférence sur le régime d’apartheid mis en place par l’Etat israëlien. Devant une salle comble, cette conférence a été un franc succès, sans générer aucun trouble.
L’intitulé choisi « Palestine-Israël Colonisation / Apartheid » a été jugé trop polémique par certains (en clair ; dans les milieux sionistes) qui en ont demandé l’interdiction. Il est clair pourtant que le thème de la conférence relève de la libre discussion sur la base de faits, de témoignages, et à partir d’une analyse documentée. C’était le cas.
Et cependant la conférence a failli ne pas avoir lieu.
S’agissait-il d’un « argument de circonstance » pour éviter une situation de conflit avec d’éventuels fauteurs de troubles ? Possible, mais ce qui n’était peut-être qu’un prétexte touchait un problème de fond.. Le maire de Lyon a fait valoir que l’objet de la conférence ne relevait pas de l’action syndicale et qu’elle pouvait être interdite en application des dispositions des articles 9 et 10 du règlement intérieur d’occupation de la Bourse du Travail (lesquels, aux dires de la municipalité, interdisent toute réunion à caractère politique ou religieux). Un arrêté d’interdiction a été produit en ce sens. Or depuis des décennies, ce sont les syndicats qui gèrent leurs événements et choisissent qui peut être invités. Le règlement de la Bourse signifie simplement qu’un parti politique ne peut pas demander de bénéficier d’une attribution de salle. La Bourse du travail est donc un espace de liberté où se réunissent quantité d’association et de collectifs, sur des questions syndicales, mais aussi sur des thèmes sociaux ou sociétaux.
A l’issue de la séance du Tribunal Administratif réunie le matin de la conférence, la juge des référés a estimé qu’une interdiction constituerait ’une « atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale. » Elle a désavoué la position du maire, pour qui le lieu de la conférence n’avait « pas vocation à accueillir des événements de « géopolitique » et qui entendait empiéter sur les prérogatives des organisations syndicales. La juge a rappelé en substance que l’activité syndicale ne pouvait se résumer aux revendications catégorielles, mais qu’elle pouvait englober bien d’autres sujets, comme l’avait fait remarquer l’un des avocats en citant les travaux de l’OIT.
Le maire ayant fait remarquer par ses avocats que les articles 9 et 10 du règlement intérieur de la Bourse du Travail ne prévoient la mise à disposition de salles qu’aux seules organisations syndicales, il était facile de lui répondre que tel était le cas. En un mot : les syndicats font ce qu’ils veulent. Nul ne peut avoir la prétention de leur dicter leur activité.
Martin Luther King à Lyon
C’est le 29 mars 1966, Martin Luther King s’est rendu à la Bourse du Travail de Lyon pour prononcer un discours en défense des Noirs américains. L’événement n’avait pas lieu dans les locaux syndicaux de la Bourse du travail, mais dans la grande salle en présence de quelque 5000 personnes. Cette visite fut d’ailleurs la seule organisée dans une ville de province dans le cadre de la tournée européenne de Martin Luther King, lequel a d’ailleurs affirmé que « Lyon lui était une ville toujours prête à se battre pour ce qu’elle croyait juste », et a rappelé le rôle central qu’elle avait joué dans la Résistance. « Pendant ce temps-là, les élus saucissonnaient à la Foire ! », rappelait Michel Chomarat, le maire Louis Pradel en tête. |
C’est le journaliste lyonnais Robert Vial qui a fait venir le Prix Nobel de la paix à Lyon, aidé par 27 associations de la région lyonnaise réunies pour organiser l’événement.
Les autorités de la ville ont presque ignoré la venue du pasteur américain. En 1966, deux ans avant son assassinat, Martin Luther King n’avait que 37 ans, mais il était connu dans le monde entier pour sa lutte contre le racisme et la discrimination dont sont victimes les Noirs américains, et il avait reçu le prix Nobel trois ans plus tôt.
Photo : Martin Luther King à Lyon
Discours de Martin Luther King prononcé à la Bourse du Travail de Lyon (extraits) …où les problèmes concrets des noirs américains rappellent étrangement les revendications palestiniennes. |
« C’est un grand réconfort pour moi d’être en France, berceau des libertés et des idéaux, pour réfléchir avec vous sur les problèmes que nous affrontons. (…) La première arrivée des Noirs, contre leur volonté, date de 1619. (…) Ce n’est que 244 ans plus tard que prendra fin l’esclavage. En théorie seulement (…)
En 1964, on peut dire que les États-Unis ont condamné la discrimination raciale assimilée à une subversion de la vie nationale. Aucune ville du Sud ne peut désormais prétendre légalement renforcer la discrimination. Quoiqu’il y ait encore beaucoup d’incidents, souvent mineurs, on peut dire que la Nation américaine a témoigné d’une extraordinaire capacité à admettre cette révolution. Nous étions alors sur le point de renoncer à la bataille lorsqu’une bombe tuant un dimanche matin 4 petites filles d’une école religieuse nous a montré amèrement qu’elle n’était pas terminée. En lançant le slogan « un homme, une voix ? » qui a pénétré au plus profond des états du Sud, nous sommes parvenus à obtenir l’inscription des Noirs sur les listes électorales. |
Aujourd’hui, nous devons faire face à un autre problème : celui des profonds écarts de salaires entre les deux communautés. Le chômage s’accroît rapidement, se transformant en chaudron dans lequel bouillent l’amertume sociale, le désenchantement, le désespoir et nous devons lutter contre l’exploitation économique mais aussi contre une police complice qui, matraquant les opposants, devient le symbole de l’oppression.
À Chicago, 41 % des logements Noirs sont insalubres. Ce qui n’empêche pas leurs loyers d’être 10 % plus élevés que ceux des Blancs, alors qu’ils ne bénéficient que seulement de deux tiers des services collectifs de la ville.
À Chicago, il y a 100 000 chômeurs, hommes et femmes, dont 70 % de Noirs. Ce qui nous permet de dire que l’exploitation systématique des Noirs est encore plus révoltante dans le Nord que dans le Sud, sachant que de telles disparités ne se limitent pas aux seuls États-Unis et que le monde entier est confronté à ce combat.
Si, en ce moment, nous luttons pour mettre fin au colonialisme interne qui interdit aux Noirs d’avoir accès au développement économique et les confine dans un ghetto de pauvreté, nous n’ignorons pas que cette lutte contre les forces de domination politique appartient à l’histoire de notre temps et concerne l’univers tout entier.
En privant un homme de son travail, on le prive de son humanité et c’est une forme encore plus générale de l’esclavage.
C’est pourquoi note combat est un immense encouragement pour le reste du monde car il contribue à faire naître l’aurore d’un monde nouveau où tous, communistes, capitalistes, noirs, blanc, jaunes, catholiques, protestants, riches, pauvres pourront se respecter réciproquement et coexister dans la paix.
(…) Assuré de votre aide et de votre prière, je me sens d’autant plus fort pour chanter avec vous : « We Shall Overcome ». Nous triompherons un jour. »
Libres propos, libres pensées
L'AN II ça vous parle ? Et VALMY ? Une Défense PACIFISTE, un Oxymore ?
La plupart des français n'ont maintenant plus d'illusion sur les projets de Macron à leur égard : il suit un agenda qui n'est pas le leur et surtout pas dans leur intérêt.
Ses commanditaires sont tout autres… Son projet d'imposer le SNU a un relent pétainiste qui vise essentiellement à séduire des volontaires pour s'engager dans la défense et la sécurité : dans les armées, la police, la gendarmerie, les pompiers, la sécurité́ civile, les réserves opérationnelles et accessoirement dans des tâches civiles et civiques.
Ceci pose une fois de plus la question de cette Vème République à bout de souffle et de ses institutions régaliennes : à quoi et surtout QUI servent-elles ?
Nul ne peut contester que JAURÈS était un vrai pacifiste, célébré pour ses tonitruants discours et innombrables écrits contre la guerre et que c'est ce pacifisme militant qui lui a finalement coûté la vie.
Mais les historiens ont souligné l'étendue de sa pensée pacifiste, socialiste, internationaliste mais cependant partisan d'une armée nationale citoyenne, au point d'avoir écrit en 1910 un volumineux essai sur "L'Organisation Socialiste de la France : l'Armée Nouvelle", en étroite coopération avec son ami, le capitaine républicain et socialiste Henri GÉRARD (1873-1940).
Celui-ci tenait une rubrique militaire créée par Jaurès dans l'Humanité sous la signature collective de Rossel en hommage à Louis ROSSEL, colonel communard fusillé "pour faire un exemple" le 28 novembre 1871 à 27 ans sur ordre de THIERS.
Partant du constat, hélas, plus que jamais d'actualité, que ce monde est dangereux, surtout pour tout pays mal armé, mal préparé ou pire, désarmé, (servitude assurée !) il milite pour le système de milice citoyenne : un peuple armé, formé de façon active à la défense du pays et bien déterminé à se défendre. C'est le cas de la SUISSE qui n'a jamais eu jusqu'ici la volonté d'agresser qui que ce soit, mais seulement de bien préparer sa population en cas d'invasion.
Ils n'ont de généraux qu'en période de guerre alentour, et ÉLUS (en allemand gewählt : choisis) par vote de l'Assemblée Fédérale : démocratie suisse oblige ! Ils sont pacifistes mais prudents… mais de nos jours peut-être imprudents !
Car certaines "élites" suisses sont de plus en plus tentées d'adhérer au triptyque UE-US-OTAN, ce qui fait chez eux gravement polémique, car près de 90 % des suisses tiennent strictement à leur neutralité historique et légendaire : beaucoup pensent avec raison que la neutralité n’offre certes pas automatiquement une protection garantie… mais son abandon non plus. Car leur Constitution le stipule on ne peut plus clairement (Art.54a2) :
Art. 1 - La Suisse est NEUTRE. Sa neutralité est PERPÉTUELLE et ARMÉE. Art. 2 - La Suisse n'adhère à aucune ALLIANCE MILITAIRE
Souveraineté, neutralité, démocratie directe :
du pur réalisme pragmatique gravé dans la loi !
Paradoxalement, le principe d'armée de milice citoyenne qui fut inscrit dans la Constitution de la République Helvétique à sa mise en place en 1798 et qui perdure jusqu'à nos jours était directement inspiré par les armées révolutionnaires françaises !
"Faisant suite aux armées professionnelles de l'Ancien Régime ou de mercenaires utilisées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la conscription moderne est principalement créée et développée par la Révolution française, avec la fameuse levée en masse de l'AN II en 1793" (Wikipédia).
Car après VALMY le 20/09/1792 et l'abolition à l'unanimité de la royauté le lendemain même, la Révolution était menacée d'anéantissement par la "Coalition des Rois ou des Brigands couronnés, contre la République française".
(Titre d'une estampe en eau-forte de 1794, BNF)
Et là on comprend mieux l'arrêt de la conscription. En 1996, Jacques Chirac prend la décision de professionnaliser les armées et de suspendre le service national. En clair, cela signifie l'expulsion du peuple d'un principe de défense citoyenne et populaire engendré par la Révolution : la Défense du Peuple par le Peuple, pour le remplacer par des soldats professionnels engagés et soldés, le plus souvent pour de prosaïques raisons économiques, de ce fait forcément plus flexibles, moins enclins à renâcler ou désobéir ou même, pourquoi pas, à se saisir des armes comme lors de la tentative avortée du putsch des généraux fascistes à Alger en 1961 :
"Des unités d'appelés refusent d'obéir aux ordres des mutins (2e et 8e RPIMa), d'autres se soulèvent à leur tour et arrêtent les officiers putschistes en leur sein." (Wikipédia).
Des citoyens-soldats ont simplement fait leur devoir de Résistance face à un coup d'État factieux.
Quid de mercenaires soldés et sans états d'âme ?
Et sous prétexte du pacifisme dont elle se réclamait, si elle avait gagné en 1871, la Commune aurait-elle renoncé à avoir une armée de citoyens pour se défendre contre ses ennemis ?
Et la révolte des conscrits du 17ème (Béziers 1907) est-elle oubliée ?
En conséquence cette décision revenait à couper l'armée de la société civile, en refaire une secte "à part", une caste fermée avec ses propres codes, bien à l'abri de l'œil critique des civils incorporés dans ses rangs et services pour un temps et qui l'observaient, la décryptaient, la jugeaient et au besoin… la dénonçaient à l'opinion publique.
Un retour direct et voulu à l'armée mercenaire d'Ancien Régime dans les règles !
Cela revenait seulement à remplacer la conscription citoyenne par du mercenariat institutionnalisé que l'on peut utiliser à volonté, en particulier pour des OPEX où les pertes dans leurs rangs n'émeuvent pas trop une population dorénavant largement indifférente et déconnectée de leur sort.
Ils ont signé…
Couper l'Armée de la société, n'était-ce pas le but ?
L'Armée n'est qu'un instrument régalien, un outil au service de la défense d'un pays, comme en Suisse. En vraie démocratie ce sont les buts fixés par le pouvoir politique élu qui l'utilise qui comptent.
Et ce sont bien les gouvernements en place qui décident de son utilisation, pour le meilleur… ou le pire.
Danièle SALLENAVE, grande amie de la Libre Pensée, cite dans son livre "Rue de la Justice" cette réflexion de l'historien Jean-François CHANET, autre ami de la Libre Pensée, (il fait l'objet d'une très élogieuse note de lecture dans La Raison n° 684 pour son livre "L'École républicaine et les petites patries"), réflexion en accord total avec les conceptions de JAURÈS sur l'institution militaire : "Le pacifisme n'est pas forcément antimilitariste."
Elle cite aussi le philosophe ALAIN (1868-1951) : "Nier le devoir militaire est puéril. Si peu que vaille une organisation sociale, il se peut toujours qu'on ait à la défendre contre des ennemis plus barbares encore." À qui pensait donc Alain en son temps ?
À l'évidence, comme JAURÈS, Jean MOULIN et le CNR étaient des pacifistes s'opposant à la barbarie mais bien décidés à la combattre par les armes !
Mais tout dépend ÉVIDEMMENT des objectifs qu'une VRAIE démocratie fixe à ses armées et aux personnels et officiers permanents qui y servent, qui
doivent être obligatoirement assermentés à la Constitution d'une (pourquoi pas nouvelle ?) République Souveraine, Indivisible, Laïque, Démocratique et Sociale (art.1er).
Et non soumise aux diktats de l'UE… Ou autre ?
Une Défense Nationale est indispensable, (le nier serait absurdement et collectivement suicidaire), mais il faut qu'elle soit au service exclusif de la Défense de la Nation et de ses citoyens, et non en supplétive des funestes et belliqueuses aventures extérieures du sinistre trio US-UE-OTAN.
Une "Défense Européenne" est une illusion : l'UE est un patchwork jamais achevé de nations qui n'ont pas de langue commune, qui ont des histoires, des cultures, des standards sociaux, des coutumes, des religions, des alliances (ou des allégeances ?) extérieures divergentes, des intérêts économiques très différents et même très souvent antagonistes.
C'est avant tout une construction mercantile créée pour favoriser la circulation des investissements, intérêts et profits du capitalisme, mais surtout pas ceux de ses peuples, qui n'y ont jamais eu la parole, ou alors systématiquement piétinée.
Le plus bel exemple : 2005 !
Qui voudrait mourir pour le drapeau européen ? (ce drapeau inspiré à son auteur Arsène Heitz par la médaille "miraculeuse" de la vierge du Bac.)
À terme, elle ne pourra survivre à sa déliquescente sociale, économique et industrielle croissante et à sa vassalité bien trop servile aux USA : une soi-disant "Défense Européenne" ne fera que remplir de très coûteux armements OFFENSIFS les arsenaux de l'OTAN dirigée par les USA et leurs ambitions hégémoniques et ne bénéficiera qu'au complexe militaro-industriel US.
Et à rembourser les prêts iniques en forme de "crédit-bail" du FMI & Co, supportés par les impôts (de ceux qui en paient sans frauder !)
Et la guerre en UKRAINE nous enseigne que deux pays très proches par la géographie, la langue, la culture mais aussi très couramment par des liens du sang, qui ont été unis de très près dans une autre vaste organisation supranationale disparue, l'URSS, peuvent devenir des ennemis mortels et se faire une guerre fratricide impitoyable, surtout si on les y pousse !
Cela démontre qu'en fonction de l'instable alchimie politique (la nôtre et celle des autres), un État prétendument "AMI" peut devenir un ennemi acharné à nous détruire, si un gouvernement, même légal, démocratique et légitimement élu ne lui plaît pas.
Cela commence toujours par des "révoltes populaires". "Spontanées", bien sûr… mais bien noyautées, bien organisées, bien financées…
Des "sanctions" suivent, inévitablement, de tragiques et dévastateurs antécédents contemporains ne manquent pas.
La guerre est toujours au bout : les moutons sont de nature et d'esprit pacifistes, les loups, non…
JAURÈS avait-il tort de penser qu'une DÉFENSE
Nationale Citoyenne et Dissuasive serait peut-être une bonne assurance sur la paix ? RJ