2021 09 AN II

 

 ÉDITORIAL


 

C’est le mois d’août. La rentrée se profile, dans un étrange climat de colère et d’inquiétude lié au contexte sanitaire et social. Fait sans précédent : une mobilisation sans équivalent connu à cette époque de l’année ; des manifestations atypiques mettant en cause l’application du Pass sanitaire.

Le problème serait-il médical ? A l’évidence, pas seulement. Les motivations des participants sont multiples, sur fond de méfiance à l’égard du vaccin d’abord, justifiée ou non. (De notre point de vue, dans ce cas précis, elle ne l’est pas). Mais depuis des décennies on a fait l’expérience des mensonges d’état (scandales sanitaires, sang contaminé, sans parler – sur un sujet voisin – du fameux nuage de Tchernobyl). Scepticisme accru par les mesures de santé qui ont dégradé l’hôpital public et conduit le système des urgences à l’asphyxie ; par la destruction des masques et l’affirmation de leur inutilité au printemps 2020, par les fermetures de lits, par les incohérences imputables aussi à une gestion autocratique de la crise, l’exécutif marginalisant les « corps intermédiaires ».

Méfiance donc. Car les « fake news » ne sont pas toutes issues des milieux complotistes. C’est même paradoxalement par peur des fausses informations qu’une partie des manifestants se sont mobilisés. C’est aux Antilles que la défiance est la plus marquée, et pour cause. Qu’est-ce qui explique que les habitants de la Guadeloupe soient bien moins nombreux à être vaccinés qu’en Métropole ? Le délabrement des structures médicales sans aucun doute, mais surtout l’expérience traumatisante du chlordécone, ce pesticide reconnu dangereux, interdit dans plusieurs pays mais autorisé par le gouvernement français jusqu’en 1993 (alors qu’il était interdit en Métropole depuis 3 ans !). Plus de 90% de la population adulte antillaise est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France. La population présente un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde. Le dossier est ultra-sensible aux Antilles. La pollution des sols par le chlordécone, considéré comme perturbateur endocrinien et

cancérogène probable, a été jugée par Emmanuel Macron lui-même comme un « scandale environnemental ».

Réagissant à l’hypothèse d’un non-lieu après quinze ans d’instruction, Me Christophe Leguevaques, avocat d’un collectif de victimes, a parlé en mars 2021 de « crime contre l’humanité » : « Toute la population des Antilles est concernée, et on vient nous dire que peut-être il y aurait prescription. »

Résultat aujourd’hui : les populations antillaises sont doublement victimes. Elles souffrent des conséquences de l’empoisonnement, et comme elles ont perdu confiance envers les institutions, elles renâclent à se faire vacciner et sombrent dans une situation de désastre sanitaire.

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Justifiées ou non, à notre avis fantasmatiques, les réticences face au vaccin ne sont qu’un aspect du problème. Les manifestants « anti-Pass » sont souvent vaccinés, et même partisans d’une vaccination la plus large possible. Il vaut mieux le rappeler car si l’on en croit certains medias – BFM-TV par exemple - il s’agirait plutôt d’un ramassis de nihilistes irresponsables et antisémites (avec à peine un peu d’exagération).

Mais déjà des restaurateurs mettent la clé sous la porte, des licenciements se profilent, des mesures controversées et impopulaires sont relancées en pleine période de crise, de la réforme des retraites à l’assurance-chômage, ajoutant à un climat déjà très anxiogène. Quant aux élèves du secondaire qui n’auront pas leur Pass, ils se verront « évincés » de l’enseignement en présentiel, selon l’expression du ministre Blanquer. Ils resteront à la maison et « bénéficieront » (si l’on peut dire) de l’enseignement à distance reconnu par les inspecteurs pour son inefficacité, et qui représente aussi un surcroît de travail pour des enseignants déjà surchargés. « Evincés » : le Littré donne un sens technique au mot utilisé. « Evincer » est un terme de jurisprudence qui signifie « déposséder juridiquement ».

Or il n’est pas question de jurisprudence à cette étape. Le second sens, par extension, signifie : « enlever à quelqu’un par intrigue une place, une affaire, etc. » Quel sens correspond à la pensée du ministre ? Sa feuille de route étant la réduction drastique des moyens consacrés à l’enseignement, et comme le télé-enseignement est reconnu pour permettre des économies d’échelle, la réponse est hélas facile à trouver.

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En juin dernier était adopté un appel par les personnels de l’hôpital du Vinatier, réunis en Assemblée en présence de leurs organisations syndicales. On y lisait : « Après 40 ans de fermetures de lits à l’hôpital psychiatrique public, en pleine période de développement de la précarité économique et d’exclusion sociale, abandonnant sans soins des dizaines de milliers de patients, hospitalisés jusqu’alors en psychiatrie, les envoyant souvent en prison ou les laissant errer, se clochardiser et se mettre en danger de mort, sous prétexte de leur éviter une « chronicisation institutionnelle traumatisante (…) » Ce constat est bien connu, on estime même que 60% des détenus emprisonnés dans les prisons françaises relèvent aussi de la psychiatrie. Nous assistons à un terrible retour en arrière, alors que l’on entend s’élever des voix pour remettre en cause l’irresponsabilité pénale des personnes dont le discernement est aboli. Ce serait un terrible retour en arrière. Cela doit aussi nourrir notre réflexion sur l’extension de l’arsenal liberticide actuel, qui prend des allures de course aux armements. A suivre.

P.G

 

Extrait du blog de BENOIT SCHNECKENBURGER             15 JUILLET 2021

Laïcité à Lyon : la culture a bon dos

La ville de Lyon, dirigée par une coalition réunissant EELV et diverses organisations de gauche, vient de voter une nouvelle subvention à l’Institut Français de Civilisation Musulmane au nom de l’action culturelle. Il s’agit d’une nouvelle atteinte à la laïcité, si habituelle dans la cité du Primat des Gaules.

L’ancien Maire Gérard Collomb, Ps passé LREM y avait l’habitude de subventionner largement les organismes dits culturels liés à des cultes. Il avait aussi l’habitude de s’humilier publiquement, avec bien d’autres élus notamment de droite, en allant se soumettre au serment des échevins chaque année, cérémonie où la ville de Lyon écoute symboliquement le Cardinal lui faire un sermon. Là, la tradition était invoquée, alors que d’autres maires plus courageux s’y étaient soustraits. À droite, Laurent Wauquiez a par deux fois bravé la loi en installant des crèches dans le conseil régional, là encore au nom de la tradition et de la culture. Pas de tradition établie pour un bâtiment construit par Christian de Portzamparc entre 2006 et 2011, le Conseil d’État lui a donné tort et l’a condamné.

Le Maire Grégory Doucet, et la majorité municipale avec lui, confond une fois de plus laïcité et tolérance. Il avait déjà inventé un curieux service municipal en dotant une adjointe, Florence Delaunay, de la charge des droits et égalités, de la mémoire, des cultes et spiritualités. Comme si une Mairie se devait de mettre sur le même plan l’égalité devant le droit et le dialogue avec les cultes et les spiritualités. Si la loi de 1905 assure la liberté de conscience et de culte, elle n’offre pas de service public du culte, strictement liée à l’obligation, justement, de ne reconnaître aucun culte : ce sont les articles Un et Deux de la loi de 1905.

Le conseil municipal de Lyon vient de voter une subvention de 45.000 euros à l’IFCM. Cet institut dont le site internet rappelle qu’il a été fondé avec la Grande Mosquée de Lyon, adossé à elle, assure notamment la formation des Imams. En lui attribuant une subvention, fut-ce au titre d’autres actions dites culturelles, il s’agit précisément de soulager sa trésorerie, actuellement en difficulté, par des fonds publics. C’est un détournement flagrant de la laïcité. Ces 45.000 euros auraient été bienvenus pour des actions profitant à toute la collectivité en ces temps de crise sanitaire et sociale : pourquoi pas aux associations qui promeuvent une éducation populaire, ou aux O.N.G qui viennent en aide aux victimes de la crise économique actuelle ?

Benoît Schneckenburger

 

 ÉCHOS : DU SAbre au goupillon

 

Olivier de Germay : d’officier parachutiste   à   Primat des Gaules.

 

Suite à l’échos des bénitiers de l’AN II n°183 qui se concluait par "nous y reviendrons".

   « Il aura fallu huit longs mois à Rome pour trouver un successeur à Philippe Barbarin. Pour remplacer l'archevêque de Lyon démissionnaire, mis en cause dans le retentissant scandale de pédophilie qui a traumatisé le diocèse de Lyon et ébranlé l'Église française jusqu'au Vatican, le pape François a nommé Olivier de Germay, le discret évêque d'Ajaccio.

   Une nomination surprise qui a pris de court tous les pronostics y compris la conférence des évêques de France qui n'avait pas vu passer ce nom dans la shortlist des nominables. L'intéressé confie avoir lui-même été étonné par la proposition. ‘‘J'ai reçu un appel du nonce le jour de mes 60 ans, c'est-à-dire le 18 septembre. Je l'ai ensuite rencontré à Paris où il m'a annoncé que le pape m'avait nommé archevêque de Lyon. Ç'a été une énorme surprise, pas un seul instant je n'avais imaginé une telle nomination.’’ On murmure même que plusieurs évêques ont décliné l'offre tant la tâche de restauration de la confiance et de l'image de ce diocèse semble ardue. » (Le Point.fr du 22/10/2020)

   Il n’est pas inintéressant de se rappeler que « Si le pape a accepté sa démission et qu'il n'est plus archevêque, Philippe Barbarin conserve sa calotte rouge de cardinal, comme le rappelle Le Parisien, et fait toujours partie des « 128 cardinaux-électeurs âgés de moins de 80 ans susceptibles de se retrouver en conclave ». Il n'en reste d'ailleurs pas moins proche du pape, avec qui il a célébré son 70e anniversaire à Rome » (Le Point.fr du 31/01/2021)

 

   Malgré quelques difficultés, quelques jours après la levée du 2ème confinement, le 20 décembre 2020, un remplaçant au Cardinal Barbarin, un ancien officier parachutiste est donc installé nouvel archevêque de Lyon.

 

« ‘‘Le sabre et le goupillon’’ l’expression attribuée à Clémenceau, résume à merveille les deux vies d’Olivier Germay » (C’est La Nouvelle République du 23/01/2021qui le dit.)

Le nouvel archevêque a répondu, ce jour-là, à la Nouvelle République :

   A la première question « Est-ce l’officier qui a fait le prêtre ou veillait-il dans le militaire ? », l’ancien officier parachutiste répond :

   « J’ai vécu pleinement mon métier de militaire dans l’idée de faire carrière et sans penser à devenir prêtre. » Puis : « Quel rôle ont joué vos séjours aux Tchad, en Centrafrique et en Irak, comme officier parachutiste ? » « Cela a d’abord été pour moi une belle expérience humaine. J’ai pu découvrir d’autres cultures, et vivre des missions assez exaltantes lorsqu’on a 25-30 ans. Le temps passé au Sahel n’a pas été neutre sur le plan spirituel. Le désert en effet est un lieu qui favorise un retour à l’essentiel. J’y ai rencontré des personnes pauvres mais dont la foi bousculait la mienne. Pendant la guerre du Golfe, j’ai réalisé combien l’usage démesuré de la force pouvait donner l’illusion de solutionner un problème tout en semant la haine dans le cœur de millions de personnes. »

   Selon Christian de Germay, général de cavalerie, le papa de Olivier de Germay, interrogé par le même quotidien : « Juste avant de suivre le cours de capitaine à Saumur, il se rend à l’abbaye bénédictine de Fontgombault (Indre) à la Toussaint, il nous dit avoir une grande nouvelle et, à la surprise générale, nous a annoncé vouloir quitter l’armée pour rentrer au séminaire. … Il a voulu suivre son régiment pour la guerre du Golfe, ne voulait pas se débiner même si sa décision était prise.’’  … »

Nous y reviendrons…

ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ des libres penseurs de france

COMPTE-RENDU DE L’ASSEMBLEE GENÉRALE DES ADHERENTS DU RHÔNE DE ENTRAIDE ET SOLIDARITE DU 19 JUIN 2021

 

            Invités à le faire concomitamment à l’AG de la LP du Rhône, les adhérents du Rhône de E.S.L.P.F., se sont réunis à la Maison des Associations, rue Major-Martin à Lyon 1er. Cette réunion était consacrée à la préparation de l’Assemblée générale de VOIRON du 26 août 2021.

   La discussion a permis de mettre en évidence l’enjeu : convaincre un maximum d’adhérents et d’amis de la Libre Pensée de devenir MEMBRE BIENFAITEUR. En effet, si c’est la cotisation à ENTRAIDE et SOLIDARITÉ qui ouvre droit à l’aide, les dons, comme les legs, restent indispensables pour pérenniser les ressources.  Ceci, afin de pouvoir continuer à aider les Libres penseurs en activité ou retraités, leurs conjoints, leurs enfants, en difficulté.

   Dans cet esprit, les adhérents du Rhône se sont prononcés, à l’unanimité, favorablement, sur les rapports d’activité et financier, pour le maintien de la cotisation 2021-2022 à 4€ (comme l’exercice précédent), pour les candidats au Conseil d’administration. Ils ont mandaté Xavier HYVERT pour les représenter à VOIRON.

Les adhérents du Rhône ont souhaité se doter d’un réfèrent départemental. René JAMBON, avait indiqué, en séance, réfléchir à remplir cette fonction. Il a depuis confirmé son accord. Qu’il en soit remercié.

Compte rendu établi par Xavier HYVERT.

       

10-12, rue des Fossés Saint-Jacques 75005 PARIS

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En allant sur notre site : https://www.entraideetsolidaritelibrespenseurs.org  Ou bien en adressant le mandat, ci-dessous, accompagné d’un RIB à l’adresse de l’association.

Entraide et Solidarité apporte assistance aux Libres penseuses-seurs en difficulté.

Entraide et Solidarité aide des associations laïque de bienfaisance en France et dans le monde

 

 

Les demandes d’aide, de conseil sont à adresser au Président de Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France, 10-12, rue des Fossés-Saint-Jaques 75 005 PARIS - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Pour tous renseignements : votre RÉFÉRENT dans le Rhône est René JAMBON (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

 commune de lyon 1871

Libres-penseurs à Lyon sous la Commune

Les libres-penseurs lyonnais ont joué un rôle actif et se sont organisés très tôt en sociétés au XIXe siècle. Pour autant leur histoire reste méconnue.

Ils n’ont pas fait réellement l’objet d’études historiques, contrairement aux membres de l’AIT (Alliance Internationale des Travailleurs) pour lesquels nous disposons du travail considérable de Maurice Moissonnier, spécialiste de l’histoire du mouvement ouvrier et de l’Internationale. Cette méconnaissance s’explique en partie par la disparition des archives de la Libre Pensée lyonnaise au cours de la 2e guerre mondiale, dans des circonstances que nous ne connaissons pas. Mais pas seulement : notre propre histoire est un objet d’étude relativement récent. C’est justement parce qu’elle a été longtemps négligée – à l’échelon national – qu’en 1999 a été constitué l’IRELP (Institut de Recherche et d’Etude de la Libre Pensée). Son but est de « promouvoir, soutenir et favoriser les recherches privées et institutionnelles dans les domaines historiques, littéraires, artistiques, linguistiques, philosophiques, scientifiques, psychologiques, sociologiques, etc., se rapportant plus particulièrement à la Libre Pensée » (art. 2 des statuts). Depuis plus de 20 ans, les avancées ont été considérables. A Lyon, il reste à faire.

Il faut donc saluer la parution en 2015, à l’Atelier de création libertaire, de l’ouvrage de Matthieu Rabbe : « Les Communards à Lyon » sous-titré « Les insurgés, la répression, la surveillance ». Certes cet ouvrage n’est pas consacré à la Libre Pensée, mais en renouvelant l’approche de l’histoire de la Commune de Lyon, il fournit des éléments qui permettent de mieux voir le rôle qu’y jouèrent les libres-penseurs.

Avant de donner quelques données chiffrées, il faut prévenir une erreur possible : l’histoire de la Libre Pensée ne s’identifie ni à l’insurrection parisienne ni à la lyonnaise. A Lyon, la Commune eut ses Versaillais, on trouvera donc des libres-penseurs « des deux côtés de la barricade ». Le meilleur exemple est fourni par la personnalité de Louis Andrieux, républicain détenu à la prison Saint-Joseph sous l’Empire et membre du comité qui proclama la République au balcon de l’Hôtel de Ville, le 4 septembre au matin. La Commune nouvellement élue, sous la mandature de Louis Hénon, fut réellement anticléricale. Mais le surgissement de l’insurrection parisienne, le 18 mars 1871, fit paraître au grand jour les tensions entre les républicains tenants de l’ordre bourgeois et le parti ouvrier populaire (au sens large) autrement plus radical. Louis Andrieux choisit son camp et, devenu procureur de la République, fut l’artisan de la répression qui fit au bas mot une trentaine de morts à la Guillotière, le 30 avril 1871.

Sur la place des libres penseurs dans les rangs de la République bourgeoise, nous n’avons pas de données. Mais sur celle qu’ils occupèrent dans les rangs de l’insurrection d’avril 1871, et dans les deux tentatives du 28 septembre 1870 et de mars 1871, il y a du nouveau. Voire : du lourd !

Matthieu Rabbe s’est attelé à dépouiller les fiches des dossiers individuels constitués à partir de la fin 1871 à fin de surveillance, ainsi que les dossiers des tribunaux militaires. Ce sont 1139 noms qui ont été retrouvés, parmi lesquels 18 francs-maçons seulement, alors qu’en Province – plus qu’à Paris – la franc-maçonnerie n’hésita pas à prendre publiquement parti. Les fiches de renseignements collectées portent essentiellement sur la moralité, la situation de famille, la situation financière et les opinions politiques. Voici quelques conclusions tirées de cette étude :

« Les communards lyonnais ont fait preuve de leur anticléricalisme. En chiffres, sur la totalité des individus traités, on relève 268 communards explicitement catégorisés comme « libres penseurs », environ une proportion de 23 ou 24 libres penseurs sur 100. Ainsi un quart des communards à Lyon étaient libres penseurs, une proportion probablement en-dessous de la réalité. Les membres de société, comme celle des « matérialistes » ou encore les sociétés d’enseignement libres et laïques, ne sont pas forcément indiqués comme étant des libres penseurs, mais la proportion d’hommes et de femmes y manifestant leur anticléricalisme y est probablement très élevée. »

Il se trouve que sur les 22 membres de la commission d’organisation des banquets libres-penseurs, qui fonctionna jusqu’au 4 septembre 1870, on retrouve 11 noms dans les fiches de police. Ce rapport d’un sur deux est peut-être un indice sur la répartition en deux camps, ordre établi contre révolution sociale, que nous évoquions plus haut. Mais tant de facteurs peuvent expliquer l’absence des 11 noms restants qu’on se gardera de conclusions hâtives. Du reste, avant même que se manifeste la fracture communarde, la municipalité lyonnaise avait commencé à œuvrer dans le sens d’une séparation de fait entre l’Eglise et l’Etat, même si elle ne pouvait évidemment pas prononcer la disparition du budget des cultes qui ne relevait pas d’une compétence locale. Dès le 14 septembre 1870, avant l’élection, le Comité de salut public avait publié par voie d’affiches un arrêté portant que l’enseignement donné par les congrégations religieuses était « contraire à l’esprit républicain », en conséquence de quoi :

« ART. 1er. - Nulle subvention n’est accordée dès ce jour par la Commune aux institutions religieuses de l’un et l’autre sexe.

ART. 2. – Les locaux appartenant à la Commune et servant actuellement aux écoles religieuses et aux salles d’asile seront désormais affectés à des écoles et à des salles d’asile, dirigées par des personnes laïques.

ART. 3. – Nulle personne ne peut exercer l’enseignement sans être munie d’un diplôme. »

Il était difficile d’aller plus loin !

Mais comment expliquer l’anticléricalisme radical des républicains de l’époque ? Ils avaient vu avec quel zèle les prêtres s’étaient ralliés au régime de Louis-Napoléon Bonaparte contre la République, après avoir béni les arbres de la liberté en 1848. Cette époque correspond au pontificat de Pie IX. Elle est celle de la reprise en main ultramontaine du clergé par l’autorité romaine, épouvantée par le Printemps des peuples ; celle des proclamations dogmatiques les plus réactionnaires : « Syllabus » de 1864 condamnant les Droits de l’Homme et autres « perversions de la modernité », infaillibilité pontificale en 1870, pour ne citer qu’elles. Les deux décennies qui précèdent la Commune sont chargées de sentiments anticléricaux, dans la continuité d’une tradition plus ancienne. Matthieu Rabbe rappelle le constat de l’historien René Rémond : « La Commune se proclame fille de la grande Révolution. Elle renoue avec la politique antireligieuse d’une époque de la Convention. »

A Lyon davantage que dans d’autres villes, le mouvement de 1848 était anticlérical.

Les enterrements civils, qui se transformaient parfois en manifestations spontanées, existaient avant 1850. Le refus du baptême, les cérémonies civiles sont attestés. A la fin de l’Empire, les banquets gras du « vendredi dit saint » commencent à se multiplier.

Maurice Agulhon (cité par M. Rabbe) jugeait que « le socialisme et la libre pensée étaient liés, parce que le socialisme était une idée hardie, et que la libre pensée était, par définition, l’école de la hardiesse. » On pouvait donc tout naturellement être affilié à une société de libre pensée et membre de l’Association Internationale des Travailleurs. On en a l’exemple avec Nicolas Chassin, représentant de la section de l’Internationale à Villefranche, qui dirigeait des enterrements civils. Soit dit en passant, la section de l’AIT de Villefranche était forte d’une cinquantaine de membres !

En dépouillant les fiches de police, Matthieu a trouvé 186 noms de communards lyonnais membres de l’AIT, qui recouvrent partiellement mais pas totalement les 268 noms de libres penseurs. Et ces deux ensembles sont probablement sous-évalués : d’une part on pouvait être affilié à l’AIT via l’une des 28 corporations de métiers adhérentes, et d’autre part on pouvait être membre d’une société comme celle des « matérialistes », ou d’une société « d’enseignement libre et laïque ». Dans quelle mesure la police tenait-elle compte de ces différents cas de figure, et en avait-elle-même connaissance ? Nous n’en savons rien.

Nous avons déjà évoqué dans l’An II la figure de Marie Bonnevial. D’autres personnalités mériteraient d’être connues : Michel Alphonse Cartier, Jean-Baptiste Chanoz, Anne et Jean-Marie Cluzel, François Dizin, Anthelme Favre, Antoine Filleron, Etienne Pierre Ginet, Jacques Pilon, Jacques Melinaud, Jacques Meyer, François Michaloux, Etienne Monet : si ces noms de ces libres-penseurs ne vous disent rien, ça n’a rien d’anormal. Nous y reviendrons.

Louis Palix est plus connu. Voici la notice que lui consacre Matthieu Rabbe :

« Né en 1829, tailleur. Il arriva à Lyon en 1857 et fut membre en 1866 de l’Internationale. Membre de plusieurs sociétés coopératives et libre penseur, il fut délégué de la corporation des ovalistes en 1869 au congrès de l’Internationale à Bâle. Arrêté en raison de son appartenance à l’Internationale en avril 1870, il est amnistié le 4 septembre de la même année avec la République. Membre du Comité de salut public puis membre du Comité central du Salut de la France, il signe comme d’autres internationalistes lyonnais l’affiche bakouniniste du 28 septembre. C’est chez lui que résidaient Bakounine et Lunkiewicz. Il fut arrêté à la suite du 28 septembre, mais, très malade, il fut laissé en liberté et mourut dans les premiers jours de février 1871. »

Et puis il faudra revenir sur le cas de Rodolphe Eugène Grosdenis, dit « Denis-Brack », co-rédacteur et gérant de deux journaux libres-penseurs : « L’Excommunié » (de 1869 à l’été 70) et « L’Antéchrist » (six numéros en septembre-octobre). Une figure majeure !

Ce sera pour une prochaine chronique…                                                                                            P.G.

EN HOMMAGE AUX VICTIMES

DE LA COMMUNE DE LYON,

SOLIDAIRE DE LA COMMUNE DE PARIS DE 1871,

POUR SON PROGRAMME DE PROGRES

DEMOCRATIQUE ET SOCIAL

Cette plaque en hommage aux victimes de la répression devrait être posée au printemps prochain sur les lieux de la tragédie place Gabriel Péri.

Elle sera financée par une souscription citoyenne initiée par la Libre Pensée, l’IHS-CGT et les Amis de la Commune de Paris, avec le soutien de la LLDH et l’accord de la municipalité lyonnaise. 3 €, 5 €, 10 €… ou bien sûr davantage : faites partie des souscripteurs !

Directement auprès du Bureau de la fédération ou via notre site internet – Rubrique « Faire un don »

 

 

AVENUE THIERS : une débaptisation possible ?

Peut-être bien…  et sans changer les adresses ni le cadastre ! Comment cela se peut-il ? Laissons la parole à un correspondant du journal « Le Progrès », qui fait le point sur cette affaire :

 

Le nom de l'avenue Thiers à Lyon dans le 6e, est sujet à des interrogations. Car s'agit-il bien d'une artère dédiée à Adolphe Thiers ou à un général, Auguste Thiers ?

La libre pensée ainsi que l'institut d'histoire sociale de la CGT et les Amis de la Commune de Paris ont déjà fait part de leurs doutes auprès de M. Biscarat, chargé de mission au cabinet de Florence Delaunay, chargée entre autres de la mémoire. Pierre Girod, président de la Libre Pensée et Alain Bujard, représentant de l'Institut d'Histoire Sociale de la CGT, ont pu évoquer le nom du général Thiers (1842-1890) : "Rien n'est bien sûr officiel, mais les archives municipales indiquent de quel Thiers il s'agit. Un document précise qu'Edouard Thiers était un capitaine qui a commandé les gardes mobiles du Rhône au siège de Belfort. Il fut député du Rhône en 1855. Une précision qui est mentionnée dans l'ouvrage de Maurice Vanarro, "Rues de Lyon à travers les siècles".

S'il s'agit bien du général Auguste Thiers, les associations représentées demanderont alors que la précision soit indiquée, le nom d'Adolphe Thiers étant une référence controversée en cette année de commémoration des évènements de la Commune de Lyon et Paris, Adolphe Thiers ayant réprimé ce mouvement dans le sang. Une opération possible qui ne coûterait rien et éviterait les problèmes administratifs qu'entraîne une rebaptisation ordinaire.  "La possibilité de porter cette indication sur une plaque en début d'avenue serait une possibilité". Rien n'est décidé, mais il est certain que La Libre Pensée et Institut d'Histoire Sociale de la CGT préfèrent cette référence au général Thiers plutôt qu'au responsables des massacres de la Commune.

Une revendication historique qui fait sens et a déjà reçu un accueil intéressé de la part de la municipalité, même si aucune décision n'a encore été prise.

                                                                                                                                  Dominique Cairon

 Louis lagresle

 

Louis Lagresle, cégétiste, libre penseur, est né le 2 février 1890 dans une famille ouvrière de Cours, (Rhône) célèbre pour ses couvertures.

En effet, le chauffage des habitations n'était pas aussi performant qu'aujourd'hui, et les couvertures étaient très appréciées.

 

  

Et les expéditions coloniales dévoraient des ballots de « grisons », couvertures de basse qualité, comme plus tard les armées pendant la drôle de guerre.  

La situation financière des patrons était florissante, celle des ouvriers, misérable ; ceux-ci travaillaient dans de mauvaises conditions, atmosphère polluée par la Bourse, pour de maigres salaires.

Ainsi Louis Lagresle arriva au monde en pleine grève. Commencée le 22 juillet 1899, elle dura neuf mois, eut un retentissement considérable.

Jean Jaurès, Jules Guesde se déplacèrent, une solidarité internationale fut organisée en Angleterre et en Allemagne.

Un journal local fut distribué, titrant : « Allez-vous accepter l’argent des boches, ils nous ont déjà pris l’Alsace et la Lorraine ! » La grève se termina par la mise en prison des « meneurs ».

Louis Lagresle bénéficia de l’enseignement de l’école laïque, gratuite et obligatoire. Il continua au-delà de douze ans, au cours complémentaire.

Et comme beaucoup d’enfants d’ouvriers, il fut embauché dans une entreprise de Cours, comme contremaître teinturier.

L’instruction acquise pendant sa scolarité l’aida à militer pour de meilleures conditions de travail.

Il implanta le syndicat CGT à Cours, adhéra à la Libre Pensée. Mais la gent patronale ne vit pas d’un bon œil les activités de ce contremaître teinturier, anticlérical de surcroît.

En 1921, il fut licencié, de même que son épouse.

1922 : il fut élu délégué au Congrès constitutif de la CGTU à Saint-Etienne.

Il participa au déclenchement des grèves de soie de Neulize, Charlieu, Saint-Symphorien-en-Lay, entre 1925 et 1925. Jugé responsable d’incidents entre grévistes et non-grévistes (malgré la défense de l’avocat Sérol, député-maire de Roanne et par la suite ministre de l’Intérieur), il fut condamné comme agitateur, le 5 novembre 1926, à un mois de prison et deux ans d’interdiction de séjour.

Devant la réaction populaire et de nombreuses interventions, ces condamnations furent annulées en appel. L’acharnement du patronat contre les meneurs syndicaux et en particulier Louis Lagresle empêcha celui-ci de soigner son épouse qui mourut en 1927.

Contraint à exercer des petits boulots, il confia ses deux filles à la grand-mère et à la tante paternelle.

En 1931, une nouvelle grève de trois mois éclata. Le patronat fit appel à l’armée, et les sabots des chevaux des gardes-mobiles résonnèrent sur le bitume.

Alors secrétaire du syndicat CGT de Cours et du textile roannais, il organisa l’accueil d’enfants d’ouvriers dans des familles roannaises.

En 1936, Louis Lagresle participa à l’élan syndical.

En 1939, la vague « hystérique » de répression se poursuivant dans toute la France, à Cours, alors que le secrétaire du PC Gustave Deverchère connut la prison, Louis Lagresle grâce à sa notoriété acquise parmi la population coursiaude, fut protégé.

Il cacha le drapeau de la Libre Pensée de Cours dans le local syndical.

En 1945, on vit fleurir des inscriptions sur les routes : « Adhérez à la CGT ! »

Jusqu’à la fin de sa vie en 1959, il participa à toutes les luttes laïques et ouvrières.

C’est pour rendre hommage à ce libre-penseur, inlassable militant pour les libertés, pour des conditions de vie dignes, que le groupe de Villefranche-sur-Saône de la Libre Pensée a déposé une plaque sur sa tombe à Cours : « Ni Dieu ni maître ! »

Janine Lacôte

 Libres propos, libres pensées

Faut-il promouvoir les langues régionales ou défendre le français ?

 

Comme nous ne sommes jamais à court de polémiques, voilà qu'en surgit une de plus, bien propre à diviser les français : les langues régionales.  Un député LREM breton, Paul Molac s'est fait un nom en relançant le mouvement, sous la forme d'une proposition de loi visant à favoriser l'enseignement des langues régionales aux frais des contribuables.

   "La proposition de loi de Paul Molac a plusieurs objectifs : permettre l’enseignement des langues régionales à tous ceux qui le souhaitent, en imposant le financement par les communes de l’enseignement bilingue, permettre une forme d’enseignement immersif en modifiant le code de l’éducation, et améliorer leur visibilité, via les panneaux de signalisation et l’inclusion des signes diacritiques dans l’état civil, comme le tilde sur le "n" de certains prénoms bretons. Nous sommes dans la droite ligne de la charte des langues régionales européennes."    

(Le Figaro, 9/4/2021)

Rappelons que depuis l'Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), si la langue officielle de la France est le français (et dûment gravée comme telle dans la Constitution de la République), langue qui permet à tous les citoyens d'être mieux informés de la vie de leur pays, il n'est interdit à personne d'apprendre et utiliser à titre personnel la langue de son choix, que ce soit une langue étrangère ou une langue régionale.

Par exemple, le créole est admirablement vivant aux Antilles françaises, où la très grande majorité de la population le parle car il est profondément ancré dans la culture populaire locale.

L'alsacien qui est un ensemble de dialectes locaux à base germanique, qui peuvent différer d'un canton à l'autre, est aussi très répandu et largement pratiqué en Alsace, etc.

Ce n'est plus du tout le cas du breton qui n'est plus pratiqué (couramment ?) que par 6.75% des bretons, et n'a donc plus aucune assise populaire profondément enracinée.

D'innombrables français parlent ainsi entre eux une variété importante de dialectes, patois, langues régionales ou étrangères issues de la longue histoire de la France ou de l'immigration et personne ne songera à le leur interdire ou le leur reprocher.

D'autres français apprennent pour leur seul plaisir à titre extra-scolaire et personnel des langues étrangères ou régionales et c'est tant mieux : on peut même dire que la démarche d'apprendre et utiliser une autre langue que le français est chaudement recommandé, comme tout ce qui peut améliorer intellectuellement et culturellement un individu. Mais comme toujours, la seule et vraie question qui se pose est : qui doit payer ?

On pourrait faire un parallèle pertinent avec les pratiques religieuses qui, si elles sont totalement libres, sont une question strictement personnelle et privée, mais en État laïque (donc neutre) ne doivent pas être financées par de l'argent public.

Ce qui est loin d'être la réalité, vu le nombre d'exceptions en vigueur : concordat d'Alsace-Moselle où les ministres des cultes sont salariés, logés, socialement protégés et retraités comme des fonctionnaires et surtout les sommes pharamineuses et incontrôlables déversées sur l'enseignement privé religieux. Alors, une exception abusive de plus… 

Les partisans de Paul Molac arguent du fait que les langues régionales sont menacées de disparition "si on ne fait rien". Car c'est le "faire" qui coûte…

   C'est vrai, mais dans un contexte où la langue française, le vrai ciment de la France, est elle-même gravement menacée "si on ne fait rien" par l'omniprésence invasive de l'anglais (et pas par l'anglais littéraire mais plutôt par un indigent pidgin global-English), invasion hélas ! encouragée par nos pouvoirs publics eux-mêmes, et l'on constate journellement son appauvrissement :  vocabulaire de plus en plus limité faute de lecture livresque, même chez des jeunes gens supposés "éduqués", fautes d'orthographe ou de grammaire largement tolérées, y compris dans ce vecteur essentiel de transmission linguistique qu'est la presse écrite, remplacement de mots français précis et éprouvés par des traductions approximatives ou même carrément baroques pour des anglophones, chanteurs français qui ne chantent qu'en anglais, non-traduction systématique en français de titres de films, de livres ou publicités, etc… Il y a vingt ans 40 % des textes de l'UE étaient rédigés en français, moins de 3% aujourd'hui !

Et le français ne serait pas lui aussi en danger ?

C'est pourtant encore une des langues les plus parlées au monde, langue officielle dans 29 pays et elle est enseignée dans 84 pays. La laisser dépérir, c'est sciemment laisser dépérir la France et notre culture, dont nous sommes tous partie prenante.

Par notre indifférence coupable, faudrait-il donc abandonner à des étrangers ou à d'autres pays la défense de notre si belle et si riche langue, pendant que nous la laissons chez nous dériver à vau-l'eau ?

   Horizons et Débats, 25 mai 2021, journal zurichois publié en quatre langues, dans son article "La langue française et la francophonie" (extrait) :

"La Francophonie n'est pas le Commonwealth, qui est un club dont le critère de constitution est économique et financier, mais elle est unique au monde, c’est cela qu’il faut enseigner aux enfants : il s’agit d’une association de pays qui se réunissent autour d’une langue. C’est ainsi que le linguiste (Claude Hagège, ndr) fait appel aux parlementaires venus des quatre coins du monde se réunissant pour revaloriser le rôle du français dans le monde."

Quand le Figaro souligne que la démarche est dans la droite ligne de la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires (à ce jour non ratifiée par la France), il met le doigt sur le cœur du problème de l'Europe : l'UE ne constituera jamais un grand peuple unifié par une langue officielle (c.-à-d. enseignée à tous, lue et comprise par tous) comme les USA, la Chine, la Russie le sont, bien que nombre d'autres langages y soient aussi pratiqués. Les cultures européennes sont bien trop anciennes et trop ancrées pour accepter une langue officielle unique imposée (et laquelle ?) et l'UE restera une mosaïque de peuples, de langues, de mentalités et de cultures différentes, fruit d'histoires bien distinctes, peuples qui ne peuvent être informés de ce qui s'y passe en profondeur sans se fier à la vision rétrécie et polarisante d'un personnel administratif, politique, médiatique transnational hors-sol pour qui pérorer entre soi en anglais "bruxellois" est comme de parler le latin au Moyen-âge : c'est s'élever au-dessus du vulgum pecus plébéien avec ses vingt-quatre langues officielles et ses centaines de dialectes locaux.

   Alors émietter encore plus les peuples pour régner mieux : ne serait-ce pas la finalité ultime et non déclarée de cette Charte Européenne des Langues Régionales ?

   Mais rajouter réglementairement des couches d'incompréhension mutuelle et de divisions identitaires internes à celles déjà externes ne peut que générer d'inutiles et dangereux conflits locaux additionnels, trop bien connus dans certains pays à langues multiples : comment seront perçus et traités les gens de la région qui ne jugeront pas bon ou utile d'apprendre la langue régionale locale ?  Comme des intrus, des étrangers chez eux ?

  

   Laissons vivre leur vie aux langues régionales sans s'en mêler : s'il y a une demande populaire naturelle et spontanée, elles vivront sans puiser dans la poche des contribuables et laissons ceux qui veulent légitimement pratiquer leur langue ou dialecte régional le faire : comme pour le créole, qui se porte très bien parce que naturellement enraciné, rien ne vaut l'adhésion populaire sincère et libre pour légitimer une authentique pratique culturelle.

 Pour exister elles doivent être pratiquées pour le vrai plaisir de la convivialité et de la communication, non imposées par une dispendieuse législation de plus promue par l'UE à des fins de division. 

   Attachons-nous plutôt à financer tout ce qu'il est nécessaire pour rendre au français son lustre et son prestige culturel, pour mieux l'enseigner, ici et ailleurs, et redonnons-nous (et surtout à nos piètres "élites" anglomaniaques !) la fierté, le goût, le plaisir de le parler bien et de bien l'écrire.       RJ                                                                                                      

 

 Tuna Altinel

(Extrait du communiqué – 17 juin 2021) « La Fédération du Rhône de la Libre Pensée a appris avec un vif plaisir (et avec soulagement !) le retour à Lyon de Tuna Altinel, ce vendredi 11 juin 2021. Tuna Altinel est un mathématicien maître de conférences à l’Université Claude Bernard depuis plus de vingt ans. Lors d’un retour à caractère touristique et familial en Turquie, il s’était vu retirer son passeport par les autorités de son pays. Son retour intervient avec plus de deux ans tribulations judiciaires, dont 81 jours d’emprisonnement, diverses requêtes restées sans suite, et le refus de lui restituer son passeport même après son acquittement (…)

Lors de sa dernière déclaration publique, Tuna Altinel tenait à rappeler « que cette victoire ne sonne pas la fin de ce combat. La décision du tribunal administratif qui m'a permis de récupérer mon passeport est en appel. Une décision tardive ou négative de la cour d'appel risque de m'imposer une vie d'exilé en France. Gardons notre vigilance, restons actifs.  Dans le monde où nous vivons, où les valeurs démocratiques sont sans cesse menacées, agressées partout, il y a encore une multitude de combats qui nous attendent.

Solidairement, Tuna Altınel »

 


2021 06 AN II

 ÉDITORIAL

 

Du terrorisme intellectuel

 

Il y a 150 ans, la Commune de Paris procédait à la séparation des Églises et de l’État. Le budget des cultes était supprimé, le 2 avril 1871, soit 34 ans avant la loi historique de 1905, qui établissait la séparation définitive des Eglises et de l’Etat.

Les communards étaient honnis par toute la réaction ameutée autour du gouvernement versaillais. Aujourd’hui, sur ce point-là au moins, personne ou presque ne conteste qu’ils étaient en avance sur leur temps.

L’œuvre démocratique et sociale de la Commune ne s’arrête pas là. L’aspect social à lui seul mériterait de longs développements. Mais la Commune s’est appliquée aussi à garantir les libertés fondamentales découlant de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789. Aux termes de l’article 11 de ce texte fondateur « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »

Sommes-nous là encore, comme sur la question laïque, en phase avec l’actualité ? La réponse est claire : la loi de sécurité globale, votée le 15 avril dernier, limite la liberté de la presse, étend les pouvoirs des polices municipales, légalise l’usage des drones à des fins de surveillance de la population et insère les officines de sécurité privée dans le « continuum » de la sûreté publique.

Le 2 décembre 2020, le gouvernement publiait trois décrets donnant à la police le droit de conserver dans des fichiers numérisés des informations sur « des signes physiques particuliers » et les « opinions politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales » des citoyens, pour mener des enquêtes administratives dont rien n’indique qu’elles se limiteront à la lutte « contre le terrorisme ». Quatre syndicalistes de la CGT, de Force Ouvrière, de la FSU et de Solidaires, avec l’appui de la FNLP engagée dans le collectif contre la loi de sécurité globale, ont d’ailleurs initié une pétition demandant l’abrogation de ces décrets. Cette pétition, accessible sur le site de la FNLP, a déjà rencontré un écho considérable.

Les mœurs décadentes de la sphère politique moderne ne se limitent pas à l’élaboration de cet arsenal législatif. En quelques semaines, n’avons-nous pas assisté : à une tentative d’interdiction d’un syndicat étudiant (l’UNEF) ?

À la participation d’un ministre de l’intérieur à une manifestation politique de la police tournée contre les positions d’un de ses collègues au gouvernement ?

À la plainte déposée par ce même ministre de l’Intérieur contre une journaliste-candidate (Audrey Pulvar) qui avait émis des réserves sur le cadre de ladite manifestation ?

À une nouvelle tentative d‘assimilation de l’antisionisme à l’antisémitisme (30 députés se déclarant partisans d’une loi l’interdisant) ?

Au drapeau israélien flottant sur la mairie de Nice, au moment où les bombes écrasaient Gaza ?

Peu importe que des milliers de manifestants réclament l’arrête des bombardements. On les accuse en termes à peine voilés de vouloir « importer la guerre en France » !

Peu importe que leur revendication soit celle d’un seul Etat laïque et démocratique au Proche-Orient : la laïcité dont tout le monde se réclame ne serait qu’un slogan ou une « particularité française » sans valeur dans les autres parties du monde !

Peu importe qu’il existe une résistance juive au sionisme, incarnée par des personnalités aussi admirables que Pierre Vidal-Naquet, Raymond Aubrac, Stéphane Hessel, Hephzibah Menuhin (sœur de Yehudi, qui épousa un survivant des camps de concentration) et bien d’autres qui continuent de se réclamer d’un antisionisme lucide!

Peu importe que l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) soit présente lors des manifestations, qu’elle ait lancé une levée de fonds pour permettre de survivre aux réfugiés, qu’elle s’indigne d’une guerre coloniale dont le peuple juif, d’une certaine façon, est autant victime que le peuple palestinien !

« Nous sommes Juifs, héritiers d’une longue période où la grande majorité des Juifs ont estimé que leur émancipation comme minorité opprimée, passait par l’émancipation de toute l’humanité », écrivent ses représentants.

Devraient-ils avoir honte ? Tomber sous le coup de la loi ? Nous sommes fiers d’être avec eux. 

P.G.

 

 

 

 

 


POUR QUE TUNAL PUISSE RETROUVER SA LIBERTÉ ET RENTRER EN FRANCE !

Tuna Altinel, enseignant-chercheur en mathématiques à Lyon I, travaille en France depuis 25 ans. Le 12 avril 2019, en vacances chez lui à Istanbul, il a vu son passeport saisi à sa descente d’avion. Incarcéré le 11 mai 2019, après plus de 80 jours en prison, il a été acquitté en janvier 2020 des accusations fantaisistes de « terrorisme ».

« Citoyen d’honneur » de la ville de Villeurbanne, il est l’objet d’une campagne de mobilisation internationale. Deux ans après son arrestation, la mobilisation ne faiblit pas ! Le 11 mai 2021 a marqué le deuxième anniversaire de son incarcération. La Libre Pensée salue la mobilisation en cours et continuera d’informer sur les suites de cette campagne.

Communiqué « La Plume noire » (Communiqué de la Fédération du Rhône)

La Libre Pensée du Rhône a pris connaissance avec effroi de l’odieuse agression perpétrée contre la librairie « La Plume noire », en pleine journée, samedi 20 mars, alors que se déroulait une opération de collecte solidaire au bénéfice d’une association. Elle exprime sa sympathie et son soutien aux responsables de la librairie.

Les images filmées par les riverains parlent d’elles-mêmes : jets de pavés, bris de glaces, tentative d’intrusion, insultes homophobes menaces et saluts nazis. Ce n’est pas la première fois que la librairie est victime de violences : début d’incendie en 1997, bris de vitrines en 2016, coups portés contre des bénévoles en 2020. Les responsables ne semblent pas avoir été spécialement recherchés ni inquiétés. Pour les responsables de la librairie, « cette attaque est le signe que les éléments les plus virulents, les plus violents, ne se sentent désormais plus tenus par l’image du groupe qu’il ne fallait pas écorner ».

La Libre Pensée constate que cette agression a lieu dans le climat délétère d’atteintes aux libertés individuelles et collectives formalisées dans les lois liberticides en cours de validation dont elle demande le retrait : loi sur la « sécurité globale », loi sur le « séparatisme », parmi bien d’autres mesures.  Dans cette voie, sera-t-il encore possible, demain, d’exprimer une pensée indépendante, une sensibilité différente ? L’agression commise à l’encontre de la librairie « la Plume noire », de sensibilité nettement libertaire, augure mal de l’avenir.

 Le retrait des projets de loi liberticides serait la meilleure réponse à apporter aux apprentis-nazillons, quels qu’ils soient, autorisés ou interdits.

Congrès de la Fédération – samedi 19 juin, Hôtel des Associations

L’AG élective (convoquée à 14H30) sera précédée d’une AG de l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône, en complément de l’assemblée du 20 avril. Elle concerne les adhérents de l’ALDAMPR, mais reste ouverte bien sûr à tous ceux qui souhaitent adhérer.

L’AG du 19 juin comportera un point particulier : l’AG élective à l’association « Entraide & Solidarité », dont tous les adhérents LP sont membres de droit. Ce sera le moment d’informer sur cette structure trop méconnue dans notre fédération, sur ses buts et ses moyens.

       

10-12, rue des Fossés Saint-Jacques 75005 PARIS

Aidez votre association

Devenez membre bienfaiteur

En allant sur notre site : https://www.entraideetsolidaritelibrespenseurs.org  Ou bien en adressant le mandat, ci-dessous, accompagné d’un RIB à l’adresse de l’association.

‘‘Libre penseuse, son conjoint dépendant est en EHPAD’.

ENTRAIDE ET SOLIDARITE

lui vient en aide chaque mois’’

 

 

Les demandes d’aide, de conseil sont à adresser au Président de Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France10-12, rue des Fossés-Saint-Jaques 75 005 PARIS - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 Sur la loi "SÉPARATISME"

sans attendre le vote du projet de loi « Séparatisme »,

le gouvernement s’en prend À la FÉDÉRATION des centres sociaux

 

Madame la Secrétaire d’Etat à la jeunesse veut mettre la Fédération des Centres Sociaux au pas. Un avant-gout de ce qui attend les associations de notre pays avec la loi « Séparatisme » et la tentative d’imposer un « Contrat d’engagement républicain ».

 

   Sans attendre le vote de la loi dite de ''renforcement des valeurs de la République », la Fédération des Centres Sociaux est mise en cause dans un rapport de l'Inspection Générale de l'Education. Cette inspection a été réalisée à la demande de la Secrétaire d’État à la jeunesse, après une rencontre avec des jeunes du Réseau Jeunes des Centres sociaux.

   Rencontre qui selon la Croix du 23 mars 2021 « s’était déroulée dans une atmosphère tendue ».     La Secrétaire d’État était venue exposer la conception de la laïcité du gouvernement à près de 200 jeunes qui lui ont, semble-t-il, dit ce qu'ils avaient sur le cœur.

   Selon le même journal : « Les jeunes participants opposèrent à son plaidoyer pour la laïcité les discriminations dont beaucoup, notamment de religion musulmane, se disaient victimes …

   Selon les trois hauts fonctionnaires, la FSCF qui se réfère à un certain nombre de textes comme la charte de la laïcité de la Caisse nationale des allocations familiales, "n’a pas suffisamment mis en valeurs auprès des jeunes son engagement pour la laïcité"  Au registre des constats étaient relatées des expériences qui "toutes négatives, font état de discriminations vécues au quotidien" relève le rapport. "Pêle-mêle figurent dans cet inventaire les insultes à caractère raciste, les contrôles de police jugés répétitifs et injustifiés, l’interdiction de porter des signes religieux au lycée… Il n’y a aucun élément présenté dans ce document comme un point positif, à l’exception de la liberté offerte aux jeunes femmes musulmanes de venir voilées au centre social." … Les auteurs soulignent le choix d’une association chargée d’animer ces journées qui avait décidé d’aborder le thème des religions sous l’angle des discriminations. "Les questions posées étaient présentées de façon non neutre mais biaisées et induisaient une posture victimaire et des propositions sous forme de revendications". Ils reprochent à la Fédération de ne pas avoir apporté "un certain nombre de repères théoriques préalables qui auraient été de nature à enrichir la réflexion" et d’avoir eu "une gestion confuse de la rencontre entre les jeunes et la secrétaire d’État" ».

   Par ailleurs, dans une interview accordée au Journal du dimanchele 21 mars 2021, titré « La ministre Sarah El Haïry au JDD : "Pas un euro d'argent public ne doit aller aux ennemis de la République" », la secrétaire d’État pour qui la FCSF n’a pas été à la hauteur de ses engagements sur la laïcité, dit vouloir faire évoluer les règles d’attribution de l’agrément jeunesse et éducation populaire ; rappelle que cet agrément qui, une fois obtenu, n’est jamais remis en cause, ne serait à l’avenir attribué que pour huit ans et indique que la réforme sera mise en œuvre dans le cadre de la loi « confortant le respect des principes républicains » et va, plus largement, imposer un « contrat d’engagement républicain» à toutes les associations 1901 qui reçoivent des aides publiques.

   C’est la suppression de la subvention qui attend les récalcitrants menacés d’être mis au ban, taxés d’ennemis de la République.

   La Fédération s’est donc vu reprocher de n'avoir pas suffisamment canalisé (censuré ?) l'expression de ces jeunes. C'est une bien curieuse conception de la laïcité. La Secrétaire d’État a réaffirmé à cette occasion que ce genre de problème sera réglé par la signature du "Contrat d'engagement républicain" prévu par la loi dite de ''renforcement des valeurs de la République".

On vérifie là le but de la loi « Séparatisme » appuyée sur le projet de loi dite « de Sécurité globale » : mettre au pas les associations et la fonction du dit "Contrat d'engagement républicain".

On sait par ailleurs que grâce aux décrets de « Noël » 2020, l’Etat peut ficher les militants associatifs, syndicaux, espérant rendre encore plus difficile la résistance, indispensable, à la remise en cause des libertés, réduire autant que possible la capacité de revendiquer, de défendre nos associations, nos syndicats.

Xavier HYVERT


 

 

 

Le communiqué (reproduit, ci-dessous), mesuré au demeurant, de la Fédération, me semble devoir rencontrer, un total soutien.

A la suite de ce communiqué, la Fédération à mis sur son site les observations suivantes qui éclairent sur les intentions du gouvernement : « La FCSF a reçu il y a quelques jours le rapport final de l’Inspection diligentée après le Réseau jeunes des centres sociaux de 2020. Nous avons publié un communiqué à ce sujet. Celui-ci comportait, dans ses annexes, les observations contradictoires que la FCSF avait souhaité apporter suite à la transmission d’une version provisoire du rapport, adressée par l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche. Nous avons été très surpris par la mise en accès libre, sur le site du Ministère de l’Education nationale, du rapport final, sans que nous en ayons été informés au préalable, alors qu’il nous était demandé de ne pas communiquer ce document. Pire, nous avons été choqués de constater que la version mise en ligne avait été tronquée des observations contradictoires de la FCSF. La FCSF fait donc le choix de diffuser ces observations contradictoires en respectant un principe d’anonymisation de certaines informations. Nous n’avons pas l’intention de relancer une polémique, simplement de rétablir un peu d’équité dans l’accès à l’information. »

Après la Fédération, ce sont tous les Centres Sociaux, toutes les associations qui sont visées. C'est la liberté d'expression qui est mise en cause. La liberté d'expression bafouée, il sera interdit aux Centres sociaux d'élaborer tout projet associatif conforme au besoin de la population de leur quartier. C’est la liberté d’association elle-même instaurée par la loi de 1901 qui sera bafouée.

Le « contrat d’engagement républicain » sera la condition à l’aide publique pour des associations comme les centres sociaux qui défendent : « Dignité humaine, solidarité et démocratie : ces trois valeurs sur lesquelles se fondent la FCSF et les centres sociaux sont incarnées dans nos approches et pratiques.

Notre réseau agit pour une démocratie vivante et renouvelée dans laquelle les habitants ont une place, peuvent agir et peser sur les décisions, développer leur pouvoir d’agir en partant de ce qui est important pour eux…

Notre réseau promeut, renforce, recrée du lien social, familial, générationnel. Il invente de nouvelles formes de solidarité, développe l’action et la mobilisation collectives pour construire une société avec plus de justice sociale et moins d’inégalités. Surtout, il s’attache à la reconnaissance de la dignité humaine, dans ses postures d’accueil, d’écoute, de respect, de reconnaissance laïque de la pluralité des croyances, de refus des préjugés. »

BAS LES PATTES DEVANT LA FÉDÉRATION DES CENTRES SOCIAUX, BAS LES PATTES DEVANT LES ASSOCIATIONS, RETRAIT DU PROJET DE LOI « SÉPARATISME »,

REFUS DU CONTRAT D’ENGAGEMENT RÉPUBLICAIN

Xavier HYVERT, membre du bureau de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée

 

Communiqué de la FCSF, 22 mars 2021

A propos du Rapport final de l’Inspection Générale de l’Education, du Sport et de la Recherche sur le Réseau Jeunes des centres sociaux d’octobre 2020 -

 

« La Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France [FCSF] a reçu ce vendredi soir les conclusions finales du rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche, suite à l’inspection que la Secrétaire d’État en charge de la jeunesse et de l’engagement a diligentée après sa participation au Réseau Jeunes national des centres sociaux en octobre 2020.

Outre une stratégie de communication médiatique déployée dès dimanche par la Secrétaire d’État, ce rapport final et ses recommandations apparaissent, malheureusement, à l’image des craintes que la FCSF avait pu formuler auprès de l’Inspection :Orientés, avec une approche de l’Inspection qui s’est placée sous le point de vue de la Secrétaire d’État, interrogeant systématiquement l’approche de la FCSF et jamais le positionnement de la Secrétaire d’État lors de cette rencontre - Empreints de confusions et de mauvaises interprétations sur le thème, les processus pédagogiques et le déroulement du Réseau Jeunes, - Inquiétants, car il réinterroge clairement l’éducation populaire, ses acteurs, ses méthodes, et plus largement les libertés associatives.

La FCSF, son réseau et ses partenaires souhaitent se donner le temps d’une analyse approfondie du rapport final et de ses recommandations, avant de communiquer plus largement et d’envisager les suites à leur donner.

Dans une période où notre société est confrontée à une grave crise sociale – les centres sociaux agissent au quotidien pour maintenir le lien social et accompagner les plus vulnérables – et est traversée par les débats politiques autour des questions de séparatismes et de laïcité, la FCSF refuse d’être instrumentalisée, et avec elle l’ensemble des acteurs de l’éducation populaire et du mouvement associatif. La FCSF rappelle enfin que depuis plus de 100 ans, son réseau de 1300 centres sociaux, agit partout en France pour promouvoir les valeurs de démocratie, de solidarité et de dignité. Ferments de cohésion et de lien social, acteurs d’une démocratie vivante et d’une société plus juste, les centres sociaux incarnent au quotidien les valeurs de notre République, sans rien concéder sur la laïcité. »

 

 

 La commune a lyon

 

30 avril – 1er mai 1871 : Le massacre de la Guillotière

Fin de la Commune de Lyon

 

Il y a 150 ans…

Ces événements avaient quelque peu disparu de la mémoire lyonnaise. Si la Commune lyonnaise ne peut se comparer à celle de Paris, Lyon a été le théâtre d’une intense agitation républicaine à connotation de plus en plus révolutionnaire.  La municipalité issue du soulèvement du 4 septembre 1870 est constituée essentiellement de républicains modérés. Elle est appuyée de différents « comités » où l’élément populaire n’est pas absent.

La tension entre les tenants de l’ordre et ceux d’une République « sociale » ira croissant.  C’est à la fin du mois de mars que le divorce entre ces tendances opposées apparaît clairement, après le déclenchement de l’insurrection parisienne. Les murs de Lyon se couvrent d’affiches appelant à soutenir la Commune de Paris. 

Un mois plus tard, cet épisode s’achève par le massacre de la Guillotière.

Il n’est commémoré que par une fresque – trop peu visible et sans texte explicatif - située avenue Berthelot, à hauteur de la place Jean Macé. La Libre Pensée, en lien avec l’IHS-CGT et l’association des Amis de la Commune, avec l’appui de la LDH, a demandé l’installation d’une plaque commémorative sur les lieux du massacre. Elle devrait être placée sur le mur de l’ancienne mairie, grâce à un financement citoyen qui sera prochainement lancé.

Cette plaque reproduirait la gravure ci-dessous – sans nos explications - suivie du texte en encadré.

                

                           Grand’Rue de la Guillotière                            Rue de Marseille

Barricade du Cours de Brosses               Mairie de la Guillotière                          La pharmacie, devenue

 (aujourd’hui Cours Gambetta)                (à l’époque 3ème arrdt)            « Grande Pharmacie lyonnaise »

 

(Actuelle place Gabriel Péri)

 

 

 

 

EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA COMMUNE DE LYON,

SOLIDAIRE DE LA COMMUNE DE PARIS DE 1871,

POUR SON PROGRAMME DE PROGRÈS DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL

Le 4 septembre 1870 à 9 heures du matin, soit quelques heures avant Paris, le drapeau rouge flotte sur l’Hôtel de Ville comme « signal de la patrie en danger ». Un Comité de Salut Public de citoyens assure le fonctionnement de la ville de Lyon ; il rassemble des républicains de toutes tendances et bénéficie du soutien des classes populaires. Il veut faire reconnaître la souveraineté municipale et la Commune de Paris.

Le conseil municipal n’est pas opposé sur le fond mais refuse de partager son pouvoir.

L’Assemblée Nationale qui siège à Versailles, pour reprendre le pouvoir, convoque les citoyens à des élections municipales en même temps qu’il modifie la loi électorale : les conseillers municipaux seront élus mais dans les communes de plus de 20 000 habitants les maires seront désignés par le pouvoir.

Ces dispositions provoquent une vigoureuse opposition qui se traduira le 30 avril 1871 par une véritable insurrection armée autour de la mairie du 3ème arrondissement à la Guillotière. Les citoyens et gardes mobiles du quartier font face, retranchés derrière des barricades, à la garde nationale qui lance l’assaut appuyée par des canons. L’écrasement des insurgés marque la fin de la « Commune de Lyon ». Il y aura une trentaine de victimes.

 

 

 

Combien de victimes ?

En réalité, ce nombre n’est pas connu. Treize noms, identifiés dans la presse, sont cités par l’historien Maurice MOISSONNIER. On lit dans le « Salut public » du 2 mai 1871 (journal lyonnais pro-versaillais) : « Le nombre des tués et blessés de part et d'autre ne nous est pas exactement connu. Cependant, nous croyons savoir que les insurgés ont eu 52 morts ou blessés, et la troupe de 25 à 30.

Les salles de la Morgue de l'Hôtel-Dieu avaient reçu ce matin 16 cadavres. La plupart ont été reconnus et enlevés par leurs parents. »

Seize est donc un minimum. Parmi ces seize : au moins une femme. Il y en eut davantage. Trente est une estimation vraisemblable – sans exagération, mais avec une grande marge d’imprécision.

La Garde Nationale

L’arrêté du 2 mai se passe de commentaires, il émane : du préfet du Rhône qui procédait au désarmement des bataillons 

« Considérant que dans la journée du 30 avril une minorité factieuse s'est emparée de la mairie de la Guillotière, a empêché le vote, et a ainsi commis le plus grand attentat contre le suffrage universel, seule base possible des institutions républicaines ;

Considérant que les auteurs de cet attentat ont ajouté, à l'odieux de ce crime, les horreurs d'une lutte armée contre les troupes envoyées pour

 

 

rétablir l'ordre et faire respecter la liberté des électeurs ;

Considérant que les 19e, 20e, 21e et 22e bataillons de la garde nationale se sont rendus complices de l'insurrection par l'inaction des uns, par la présence des autres dans les rangs de l'émeute ;

(…) Art. 3. Dans le délai de quarante-huit heures, à partir de la publication du présent arrêté, les citoyens ayant appartenu à ces bataillons devront avoir déposé leurs armes" à la mairie du 3° arrondissement.»

Sur le parcours de la manifestation le 1er mai 2021 : 150 ans jour pour jour après la fin des événements, un panneau provisoire était présenté aux manifestants.

1871 – 2021 : une même tradition…

 

    (Panneau confectionné par Alain BUJARD)

 

à propos de "l'affaire barbarin"

 

 

   Mercredi 14 avril 2021, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi des parties civiles formé par huit victimes du Père PREYNAT.

   Ces victimes s’étaient opposées à l’arrêt de la Cour d’appel de Lyon de janvier 2020, qui avait relaxé Philippe Barbarin. Elles ne recevront donc pas de dommages et intérêts.

La Cour a considéré que l’obligation de dénonciation subsistait, même si les mauvais traitements paraissaient prescrits au moment où ils étaient portés à la connaissance de la personne devant les signaler. Cependant cette obligation disparaissait à partir du moment où les victimes sont elles-mêmes en état de dénoncer les faits, autrement dit lorsqu’elles ont atteint leur majorité et si elles ne sont plus en situation de fragilité.   

C’est la raison pour laquelle la Cour d’appel avait prononcé la relaxe de Philippe BARBARIN en 2020.

 

   Nous reproduisons ci-dessous la réaction de KEITH PORTEUS WOOD, porte-parole de l'AILP et président de la National Secular Society (Royaume-Uni).

  

   Il revient sur de nombreux exemples de religieux qui ne semblent pas être soumis à la loi française pour ne pas avoir signalé des abus cléricaux présumés sur des mineurs, comme cela est exigé depuis 2000, et affirme que des changements fondamentaux sont nécessaires pour que les victimes soient protégées.

Pierre GIROD

 

Les victimes d’abus cléricaux sont trahies. L’État doit agir maintenant

 

   En 2019, l'ancien cardinal le plus haut placé de France (Philippe BARBARIN) a été condamné à six mois de prison, mais avec sursis, pour avoir omis de signaler des abus commis sur des scouts pendant des décennies au sein d’une troupe catholique dirigée par Bernard PREYNAT, aujourd'hui considéré comme probablement le pédophile le plus “prolifique” de France. Preynat n'a été que récemment défroqué en tant que prêtre.

   Compte tenu du verdict de culpabilité, il y avait manifestement matière à répondre, mais les victimes de Preynat n'avaient pas réussi à persuader le procureur de la République de poursuivre le cardinal Barbarin et avaient dû se constituer parties civiles pour demander à la justice d’établir leur préjudice.

   L'opposition du procureur général s'est poursuivie lorsque la condamnation de Barbarin a fait l'objet d'un appel et une troisième fois, en avril 2021, lorsque l'affaire a atteint la plus haute juridiction française : la Cour de cassation.

   Saisie par les victimes, celle-ci avait à examiner en dernier ressort le seul volet civil de l’affaire Barbarin.

   Même sur ce terrain (dommages et intérêts), la souffrance des victimes n’a pas été entendue.

   Par cette décision extraordinaire, apparemment à la suite d'un changement de jurisprudence inexpliqué de la Cour de cassation, le cardinal a échappé à sa responsabilité civile (…).

   Le plus troublant, et à peine croyable dans un État qui s'enorgueillit de sa laïcité, est qu'en 2020, Preynat, bien qu'ayant reconnu les abus, a été autorisé sans explication à sortir libre du tribunal. Pourtant, un avocat a déclaré qu'il pensait que Preynat avait abusé de 3 000 à 4 000 victimes (bien que seules huit aient témoigné au procès).

   Sa ruse consistait à faire appel dès qu'il était condamné et, comme on pouvait s'y attendre, à retirer son appel après avoir été libéré.

   Puis, à la grande fureur de ses victimes, il a échappé à ne serait-ce qu’un jour de prison en raison d'une prétendue mauvaise santé.

   Selon les documents de l'Église, les membres de l'Église ont “l'obligation impérieuse de signaler [ces abus] à la justice civile (comme tout citoyen) et à la justice canonique”.

   Pourtant, en 2017, le média en ligne Mediapart a accusé 25 évêques français nommés, issus de tout le pays, d'avoir omis pendant des décennies de divulguer ces abus.    Les évêques n'ont pas nié ces accusations.

   Très peu de clercs ont signalé volontairement un abuseur clérical aux autorités (je n'en connais qu'un seul), du moins jusqu'à la débâcle de Barbarin.

   Il est inconcevable que de nombreux clercs n'aient pas eu connaissance de ces abus tant ils ont été nombreux.

   Le très respecté président de la commission d'enquête CIASE vient de tripler son estimation à 10.000 victimes d’abus cléricaux en France.

   À mon avis, un multiple considérable de ce chiffre serait beaucoup plus plausible : à 10 000, un tiers du total est le fait du seul Preynat.

   L'attitude indulgente des procureurs à l'égard des ecclésiastiques qui ne respectent pas l'obligation de

 

signaler les abus sexuels présumés sur des mineurs est encore plus inquiétante.

  Aucun procureur n'a engagé de poursuites à la suite de l'exposé de Mediapart.

Aucun clerc reconnu coupable n'a jamais purgé une peine de prison, ni même été condamné à une amende, comme le prévoit la loi.

Les victimes sont trahies à chaque instant et ces manquements favorisent directement la poursuite des abus.

En 2018, André FORT, ancien évêque émérite d'Orléans, semblait se considérer au-dessus de la loi républicaine. Il a refusé de se rendre au tribunal et a été menacé d'un an d'emprisonnement pour défaut de comparution et pour sa "stratégie de fuite, d'étouffement et de mensonges".

   Il devient alors seulement le deuxième évêque en France à être reconnu coupable de non-dénonciation d’abus sexuels commis par des prêtres.

   Un article publié en avril 2021 dans La Croix, qui reflète normalement la politique de l'Église, soulève de manière alarmante la possibilité que les évêques envisagent de traiter les agressions sexuelles dans les tribunaux canoniques et d'abandonner complètement les tribunaux civils.
   Les évêques français sont en train de créer un "tribunal pénal canonique interdiocésain" national apportant "une réponse ecclésiale aux délits d'agression sexuelle" ainsi qu'à l'annulation des mariages.

   Dans une section intitulée "Retour historique", des références nostalgiques sont faites à "l'Ancien Régime [c'est-à-dire l'époque antérieure à la Révolution] où les clercs étaient jugés uniquement par la justice ecclésiastique" et au fait que "le juge est l'évêque" : [étant] le principe de base de la justice ecclésiastique." (Il est clair que cela concerne les délits d'agression sexuelle plutôt que l'annulation des mariages). L'appel à l'Église est évident.

   La peine maximale de la justice ecclésiastique est la défroque, et il n'y a pas de casier judiciaire - et les juges comprendront les 25 évêques qui auraient omis de signaler les abus aux autorités civiles.

 L'article de La Croix reconnaît que certains dans les milieux ecclésiastiques voient cette évolution avec inquiétude. "Une juge formatrice du tribunal de Lyon depuis plusieurs années, Bénédicte DRAILLARD, ne cache pas son amertume :

   “Cette justice a 150 ans de retard : il n'y a pas de place pour les victimes et ce sont toujours des clercs qui jugent des clercs, c'est un bastion du cléricalisme”.

   Ses propos toucheront, je le soupçonne, la corde sensible des victimes d'abus, si impuissantes dans les procédures de justice ecclésiastique.

 

Organisation criminelle ?

   Et cette année, dans le cadre des abus cléricaux, la responsable de l'association des moines et moniales, Véronique MARGRON, dit avoir eu "l'impression qu'un certain nombre de diocèses

étaient des organisations criminelles".

   De même, l'ancien juge qui dirige la commission sur les abus a conclu que certains cas d'abus étaient proches de ressembler à "une entreprise criminelle".

   Aucune des deux chambres du Parlement français n'a pris au sérieux cette crise croissante. Combien de temps faudra-t-il encore pour qu'ils instituent, dans l'intérêt des victimes, une enquête dirigée par un juge sur les abus commis par des clercs, proposent des améliorations à la loi sur le signalement obligatoire des abus et décident comment exiger des tribunaux, des procureurs et des autres fonctionnaires impliqués dans la justice qu'ils soumettent les clercs à la loi sans ménagement ?

 

Keith Porteous WOOD

 

 

 Libres propos, libres pensées

Santé publique, libre-échange, autosuffisance, protectionnisme raisonné : tout est lié

 

    La pandémie inattendue mais brutale de Covid19 qui frappe essentiellement nos pays bien peu accoutumés aux épidémies (mais crise admirablement mieux maîtrisée en Afrique et en Asie), met cruellement en lumière la tragique dépendance de nos sociétés dites "avancées" à d'innombrables fournisseurs étrangers. 

Nous constatons journellement (et avec inquiétude pour l'avenir) que la plupart de nos achats en consommables ou services viennent "d'ailleurs".

   C'est en particulier le cas le cas d'au moins 80% de nos médicaments, fabriqués en Chine et en Inde pour le compte de multinationales occidentales dans des conditions très mal maitrisées.

On apprend ainsi que la France a acheté, entre autres fournitures médicales, pour 5,9 milliards d'euros de masques à la Chine.    

  

   Une dépendance déraisonnable largement générée par une mondialisation voulue, mise en place et assumée par nos propres "élites" (c.à.d. les PDG, les actionnaires et leurs clients !) animées depuis des décennies par l'idéologie "néolibérale", un virus mental tout aussi nuisible, qui se caractérise par une cupidité totalement désinhibée, mais aussi une haine et un mépris immémoriaux de ces soi-disant "élites" pour leurs concitoyens jugés inférieurs et indociles qui travaillent pour vivre : délocaliser c'est aussi et sciemment, leur ôter leur gagne-pain pour leur nuire. 

  

Cette idéologie d'origine US dont l'UE, leur pure création (voir An II n°183) et leur principale vassale dans le monde est en occident l'instrument qui a eu le plus d'impact directement destructeur sur l'emploi dans nos pays.  

   Cela signifie-t-il que nous sommes soudain devenus incapables de produire tous les biens dont nous avons besoin ? : évidemment non !

   C'est uniquement lié à l'exploitation, ailleurs, de salariés à des coûts très inférieurs, mais sans jamais tenir compte des incalculables et terribles dégâts et coûts sociaux et sociétaux collatéraux que cela induit chez nous, bien supérieurs aux avantages prétendus.  

   Car, bien sûr, cela ne concerne jamais les mêmes bourses, certains empochant très gros là où la très grande majorité y perd, d'où la montée apparemment inexorable des inégalités que nous constatons, maintenant très officiellement attestée.

  

   Au début des années 1910, le banquier US J.P. Morgan estimait que le (son) système capitaliste ne pouvait fonctionner que si l'écart des revenus entre dirigeants et monde du travail ne dépassait pas 1 à 30, 40 maxi : aujourd'hui, il est de 1 à + de 2000 !

  

   Le différentiel empoché résulte du simple fait qu'ils ont bradé à perte et à court terme ce que nous générons le plus naturellement : nos immenses besoins quotidiens et impérieux de consommation pour assurer notre survie, notre santé ou notre confort, perte que pour cause de capacité industrielle détruite car délocalisée nous ne pouvons plus que tenter de compenser par un endettement exponentiel auprès des bien trop fameux "marchés financiers", endettement évidemment gagé sur nos revenus futurs et surtout sur le pillage éhonté de la richesse collective créée et   accumulée au cours des siècles.

   C'est là que réside le fameux "déficit budgétaire" faussement imputé à "une compétitivité collective" insuffisante, c'est-à-dire à (presque) nous tous. 

  

   Mais ce n'est pas nouveau : en 1973, la loi "Pompidou-Giscard" a interdit à la Banque de France de prêter à l'État l'argent qu'elle avait pour fonction régalienne de créer, loi scélérate édictée au profit des banques, abrogée par la signature du contraignant traité de Maastricht (1992) puis la création de la BCE (1998) et l'Euro (2002). Pire !

   Pourtant POMPIDOU fut un exemple typique de la promotion sociale par l'école publique sous la IIIe République : grands-parents petits paysans, parents enseignants socialistes qui admiraient Jean Jaurès.  Résultat de cette exemplaire éducation aux frais de la République, (il est normalien) : il devient directeur général de la banque Rothschild !

   Puis président… de droite. Il personnifie ainsi la "trahison des élites" au service d'elles-mêmes au détriment du bien public.

   Ce parcours contraste par exemple singulièrement avec celui d'Ambroise CROIZAT, syndicaliste CGT qui travailla en usine à treize ans, connut 14 prisons vichystes mais qui, devenu ministre du Travail à la Libération institua la Sécurité Sociale et bien d'autres avancées sociales (comités d'entreprise, statut des délégués du personnel, conventions collectives, médecine préventive du travail, retraites, régime des prestations familiales, etc.) dont nous bénéficions encore.

Mais jusqu'à quand ?  

   C'est un des français à qui nous devons le plus : un million de personnes ont accompagné cet oublié du public (pourquoi ? : le black-out sur son action par les médias aux ordres) au Père Lachaise. Quiconque a une carte Vitale devrait connaître son nom. Il ne mérite pas le Panthéon, lui ? 

   Et la lutte actuelle contre la pandémie et la grave crise économique qu'elle provoque nous oblige donc à emprunter "sur les marchés financiers" des sommes pharamineuses soudainement sorties du chapeau d'un magicien, mais qu'il faudra bien rembourser un jour collectivement en vendant (pas cher) nos libertés, notre travail et les derniers bijoux de famille. Le pillage va s'accroître… :

"Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise !" (Churchill)

Car cet argent fictif issu de la "planche à billets" de la BCE et vendu (pas cher) aux banques devient soudain par miracle en passant par elles de la bonne dette solide dont on nous avertit à l'avance qu'il ne sera surtout pas question de l'annuler comme ce fut le cas d'innombrables fois (par la force tragique des évènements) tout au long de l'histoire humaine, surtout après des guerres ayant tout dévasté sur leur passage, rendant des pays entiers insolvables.

Souveraineté, libre-échange, protectionnisme

 La question du "libre-échange" est simplement liée à l'intérêt immédiat qu'y trouve une minorité.

S'ils n'y trouvaient plus leur compte la question serait bien vite réglée : des droits substantiels réapparaîtraient aussitôt pour rééquilibrer des échanges devenus soudain pour eux défavorables.

   Car après tout, des taxes douanières appropriées ne sont qu'un outil et un filtre pour atténuer des distorsions trop flagrantes entre les économies, les standards de vies, les protections sociales et freiner la surconsommation d'objets inutiles ou nocifs et l'obsolescence programmée, bien trop encouragées par l'importation massive de marchandises produites à très bas prix, totalement à l'opposé de la bonne gestion des ressources terrestres que l'on sait limitées. 

 Un petit livre parfaitement capitalo-orthodoxe d'universitaires américains, initialement paru en 1956, "Introduction au Raisonnement Économique",  à destination de l'Afrique, expliquant l'économie de marché faisait valoir que pour des considérations de "souveraineté nationale" (c.à.d. la maîtrise de son destin) et pour conserver sa main d'œuvre qualifiée et son savoir-faire, un pays doit savoir pratiquer "dans certains cas" un "protectionnisme raisonné" et mentionnait déjà que de nombreux économistes américains pensaient "que l'importation de produits fabriqués par une main d'œuvre surexploitée et sous-payée et les transferts de technologie associés constituaient une concurrence déloyale et très dangereuse pour l'avenir". Mais c'était avant la folie néolibérale !

  La Covid remet donc évidemment sur le tapis de façon brutale le problème crucial d'autosuffisance minimale vitale et de non-dépendance absolument indispensable, de la "souveraineté nationale" des peuples et du "protectionnisme raisonné", l'un étant le corollaire de l'autre. Mais la cupidité d'une minorité l'a emporté.

   Car dans un système où les maîtres mots assénés à tout-va sont sécurité et protection, mais surtout quand elles sont des sources de gros profit (par ex. la santé !) il est inconvenant qu'une nation prétende les maîtriser pour le bien-être de sa population : sanitaires, sociales, alimentaires, propres normes légales de sécurités, législatives, environnementales, défensives, etc…

  Car ce serait avant tout faire des choix "raisonnés" entre les intérêts d'une minorité active de prédateurs indûment et indécemment enrichis et le bien public en général. Mais cette (énième) mondialisation, création d'affairistes cupides tels que Jean MONNET, (voir AN II n° 183) et d'opportunistes sans foi ni loi a-t-elle gagné l'adhésion des peuples ? Rien n'est moins sûr.

Pour cette raison elle disparaîtra aussi, espérons-le pour le meilleur. Ou choisiront-ils le pire ?  RJ                          


 

2021 03 AN II

 éDITORIAL

 

Méfiez-vous des fichiers !

 

La loi du 30 octobre 2017 renforçait déjà la sécurité intérieure au nom de la lutte contre le terrorisme, avec l’introduction de mesures d’exception liées à l’état d’urgence sans l’accord préalable d’un juge. L’exception devenait la règle et le provisoire définitif. Depuis le 2 décembre 2020, trois décrets modifient le Code de la sécurité intérieure. De nouvelles dispositions sont énoncées, relatives au traitement des données à caractère personnel dans le cadre des « enquêtes administratives liées à la prévention des atteintes à la sécurité publique ». Suite à un référé introduit par plusieurs organisations syndicales, le Conseil d’Etat a confirmé que, « dans l’hypothèse où des activités seraient susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique ou à la sûreté de l’État, il sera possible de ficher ces activités, même si elles font apparaître les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, l’appartenance syndicale ou des données de santé de la personne. » Il n’existe pas de droit d’opposition.

Le 2e décret précise : « Les données intéressant la sûreté de l'Etat sont celles qui révèlent des activités susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou de constituer une menace terroriste portant atteinte à ces mêmes intérêts. » Quels sont ces « intérêts fondamentaux de la nation » qui ne relèvent pas des activités terroristes ? La cible serait-elle celle des « islamo-gauchistes » (nouveau délit d’opinion inventé par un membre du gouvernement) ? Celle des syndicats indépendants ? des anti-militaristes ? des zadistes ? La liste, non précisée, peut se décliner à l’infini.

«

Un élément de réflexion : au cimetière militaire de la Doua se trouve la tombe d’Henri-Jean Prébost, l’un des quatre fusillés « pour l’exemple » de Flirey assassinés le 20 avril 1915.

Henri-Jean Prébost, Félix Baudy, Antoine Morange étaient des syndicalistes engagés, conscients, membres de l’ancienne CGT. Pour les envoyer au poteau d’exécution, on a choisi en connaissance de cause. Le seul choisi « au hasard » fut le soldat Fontenaud, au nom des 250 hommes de la 5e compagnie du 157e Régiment que le général Delétoile voulait tous faire passer par les armes. Car tous étaient « coupables » - à égalité - de refuser d’aller au-devant d’une mort probable. On renonça. Mais Prébost et Baudy étaient fichés sur le fameux carnet B créé en 1909 pour, entre autres, recenser « les Français dont les attitudes et les agissements pouvaient être de nature à troubler l’ordre et à entraver le bon fonctionnement des services de mobilisation ».

Le Carnet B  avait été l'instrument principal de surveillance des « suspects », français ou étrangers, sous la Troisième République. Parmi les fichés célèbres que l’histoire a retenus : Léon Jouhaux et Roger Salengro. Créé en 1886 par le général Boulanger contre les activités d’espionnage, le carnet B fut peu à peu étendu à tous les individus pouvant troubler l'ordre public ou s'opposer à la mobilisation nationale.

Le 1er août 1914, il fut décidé par le ministre Malvy qu’il ne serait pas mis en œuvre au déclenchement de la guerre, décision prise semble-t-il pour « amadouer » la CGT au lendemain de l’assassinat de Jaurès. L’affaire de Flirey montre qu’il n’était en aucun cas effacé. Il ne fut supprimé qu’en 1947.

«

L’affaire des registres de baptême dans l’Eglise catholique nous l’a montré : un fichier est plus facile à créer qu’à détruire.

Des syndicalistes de tous bords ont lancé un appel « pour défendre les droits démocratiques d’appartenir à une organisation sans être fichés par la police et par l’Etat, au seul titre de notre appartenance ». Nous les soutenons.  

À l’heure où les caméras, les drones, la reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle voient leur usage étendu sans limites, de nouvelles lois, sur la « sécurité globale » et sur le « séparatisme », sont présentées au Parlement.

La mobilisation continue !                     

 P.G.


 

 

 rapport moral et d'activité

 

Rapport préparatoire soumis au vote des libres-penseurs de la fédération du Rhône – Congrès du 19 mars 2021


Précédent congrès : samedi 18 janvier 2020 ; c’était la dernière assemblée publique avant un confinement, qui n’en finit pas de se prolonger.

Une résolution était alors adoptée en défense de la loi de 1905. Si le texte n’a pas été modifié, l’action de la Libre Pensée y a contribué, par son action pour rassembler les forces laïques. Cela a été notre ligne de conduite (depuis 2018). En 2020, en plein confinement, nous avons lancé un appel unitaire avec la LDH, la FOL et le Cercle E. Herriot pour une manifestation nationale, disant : « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! ». Le 18 septembre, nous avons tenu une réunion publique à Bron avec les mêmes associations, et en présence d’élus de Lyon et de Bron, qui se concluait par cette résolution :

Les participants à la rencontre laïque tenue à Bron le 18 septembre 2020 (…)

 se félicitent de la non-participation de M. Grégory Doucet, maire de Lyon nouvellement élu, à la cérémonie cléricale du « Vœu de Echevins », ce qui va dans le sens d’une application stricte de la laïcité,

 s’inquiètent de la création d’un poste d’adjoint aux « Cultes et Spiritualités » à la mairie de Lyon, ainsi que d’autres postes d’ « adjoints aux cultes » dans des municipalités comme Bron,

 considèrent que d’autres signes (propos tenus par le maire de Lyon aux catholiques le soir du Vœu, pose de la 1ère pierre d’une mosquée dès le lendemain) montrent que le lien avec la politique de soumission au cléricalisme n’est pas rompu à Lyon ni en Métropole,

 constatent qu’au-delà se développe une campagne assortie d’un projet de loi « contre le séparatisme » qui réserve un sort particulier à une religion (le culte musulman, du reste extrêmement divers). Un tel projet de loi serait une mesure de type concordataire.

En conséquence, les participants se prononcent pour le maintien intégral de la loi de 1905, toujours menacée dans sa lettre et dans son esprit (ainsi que de la loi de 1901 sur les associations) et pour se donner les moyens de défendre la loi, au travers d’une manifestation nationale qui s’avèrera nécessaire, dès que les conditions en seront réunies, sur le mot d’ordre :

« Ne touchez pas à la loi de 1905 !

Cette réunion prenait acte du refus de la nouvelle municipalité de participer à la cérémonie symbolique du « Vœu des Echevins », quelques jours auparavant. Nous avions été présents pendant l’été pour rappeler le caractère profondément réactionnaire de cette cérémonie moyenâgeuse d’allégeance des élus à l’archevêché, très caractéristique des années « Collomb - Barbarin ». Pour une fois, notre prise de position était relayée par la presse – qui pouvait difficilement l’ignorer. Elle avait de l’écho sur les réseaux sociaux. Rappelons que le nouveau maire de Lyon, bien embarrassé, se demandait en juillet « quel sens il allait donner à sa participation au Vœu ». Il a dû tenir compte des prises de position laïques. Nous n’étions pas les seuls, bien entendu. Les élus qui ont porté le « coup de grâce » au projet d’allégeance sont des amis que nous avons eu plusieurs fois l’occasion de côtoyer lors de banquets ou de réunions publiques.

Le 24 septembre, une délégation commune initiée par la Libre Pensée était reçue à l’Hôtel de Ville. On nous donnait l’assurance que la municipalité ne participerait en aucun cas à une cérémonie cultuelle, qu’il fallait lui faire confiance et « juger sur les actes ». Dans la capitale des Gaules, un tel engagement représente un tournant dont il faut apprécier l’importance.

Pour autant, nous savons que la laïcité ne se réduit pas à ses symboles. Le financement déguisé des cultes par le biais du « culturel », celui de l’enseignement privé, tout cela doit faire l’objet de notre attention, à Lyon comme dans toutes les communes du Rhône.

Et cela n’épuise pas la question : nous savons que la loi de 1905 peut être contournée par mille moyens. Le choix de l’exécutif a été de déplacer l’offensive législative vers la loi de 1901, par une limitation de la liberté d’association qui était jusqu’à présent quasiment totale en France, ce qui contribue par ailleurs à brouiller la limite entre sphère privée et sphère publique. La Libre Pensée s’est largement sur ces questions et ce constat est de plus en plus largement partagé. Dominique Goussot a donné des éléments précis lors de la visio-conférence du 27 janvier dernier. La loi sur le séparatisme, qui aura changé de nom bien des fois, a été adoptée en 1ère lecture à l’heure où ces lignes sont écrites. Le fait qu’elle ait changé de nom au moins six fois traduit l’embarras du gouvernement, incapable de concilier son « attachement à la laïcité » et le fait que des cultes différents se voient assujettis à des régimes différents. Cela se traduit par un isolement profond (même l’Eglise catholique ne suit pas !).  Et pourtant – miracle du bonapartisme de la Ve République – la loi risque d’être adoptée.

Elle s’inscrit dans un contexte où la loi sur la « Sécurité globale », les décrets du 2 décembre sur le fichage des militants, la réforme de l’Etat affectant la représentativité des organisations syndicales, les contraintes au nom de l’état d’urgence sanitaire, tout cela dessine un modèle de société où les libertés collectives et individuelles reculent de façon spectaculaire. Drônes, caméras, intelligence artificielle complètent le tableau. Pourtant les formes de résistance sont elles aussi très fortes. La fédération du Rhône a été présente à tous les rassemblements et manifestations organisés contre l’adoption de la loi de « sécurité globale », depuis le début. Elle a toujours fait le lien entre les deux lois : « anti-séparatiste » et sécuritaire. Elle sait que les lois d’exception ont la fâcheuse tendance de transformer l’exception en règle, et qu’elles sont plus longues à disparaître que ce qui était annoncé. Ainsi la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme avait déjà porté atteinte aux libertés et droits fondamentaux, en pérennisant des mesures soi-disant exceptionnelles.

Défense des libertés démocratiques : Nous avons été présents pour exiger la libération des prisonniers politiques en Algérie, en particulier de Louisa Hanoune, secrétaire du Parti des Travailleurs, libérée le 11 février. A Lyon, nous avons participé aux différents rassemblements devant le consulat d’Algérie, et à différentes rencontres avec nos amis du FORSEM autour des enjeux démocratiques de la révolution algérienne. Cette situation n’est toujours pas dénouée.

Nous avons manifesté toute notre solidarité au mathématicien turc Tuna Altinel. Cet enseignant chercheur à Lyon I, désormais citoyen d’honneur de la ville de Villeurbanne,  avait été emprisonné lors d’une visite à caractère familial en Turquie, mis en accusation, acquitté mais toujours sans visa pour revenir exercer son métier en France. Ici le combat pour les libertés démocratiques rejoint la dimension pacifiste, puisque Tuna Altinel avait contribué à être un « lanceur d’alerte » pour dénoncer les massacres de populations civiles kurdes par la Turquie. Cela lui a a valu d’être traité de terroriste !

Pacifisme : le 11novembre 2020, notre rassemblement annuel n’a pas pu se tenir publiquement. Dans un communiqué à notre initiative, huit associations tenaient à rappeler que « malgré les circonstances, malgré les restrictions apportées par le gouvernement à la liberté d’expression qui interdisent tous rassemblements même sous forme réduite, tout dépôt de gerbes, toutes conférences de presse, publiques », elles continuaient à exiger la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de 1914-1918 et l’arrêt des OPEX (Opérations militaires extérieures de la France).

Service National Universel : résurgence des chantiers de jeunesse destinée à formater les consciences dans le sens d’une idéologie d’Etat, le SNU est un projet que le confinement a mis provisoirement entre parenthèses, et qui s’est heurté à de grandes difficultés. Nous n’abandonnons pas notre engagement au sein du collectif anti-SNU. Lla question sera tôt ou tard de retour dans l’actualité.

L’association Etienne Dolet – La fresque murale a été exposée un temps au « château Sans-Souci » du 3e arrdt. grâce à la persévérance de l’association Etienne Dolet animée par Marcel Picquier. Elle a dû ensuite être déplacée, le problème de son installation définitive reste en suspens. Il nous faut poursuivre nos démarches auprès de la nouvelle municipalité, car il s’agit d’une cause hautement symbolique et centrale à nos yeux : le respect de la liberté de conscience.

 

 anniversaire de la commune

 
 

La Commune a 150 ans.

La Fédération nationale participera, comme chaque année, au rassemblement du Mur des Fédérés, où s’acheva tragiquement la « semaine sanglante », le 28 mai 1871.

A Lyon, la Commune avait commencé au matin du 4 septembre 1870, lorsque la République fut proclamée (avant Paris) du balcon de l’Hôtel-de-Ville. Elle rejaillit à la fin du mois de mars, en réponse à l’insurrection parisienne. La Commune prit fin les 30 avril et 1er mai, dans le quartier de la Guillotière.

Sur l’actuelle place Gabriel Péri et dans les rues alentour où s’élevaient des barricades, la répression fit 13 morts identifiés par l’historien Maurice Moissonnier; peut-être une trentaine selon certaines sources.

A l’exception d’une fresque avenue Berthelot, rien ne commémore ces événements. La Libre Pensée, espère bien – sous une forme qui n’est pas entièrement déterminée – contribuer à faire vivre cette mémoire.

 

 

pacifisme pacifi

sme

 

COMMUNE DE LYON

Le Comité de salut public,

Considérant que l’enseignement donné par les congrégations religieuses est contraire à l’esprit républicain,

ARRETE,

ART. 1er. - Nulle subvention n’est accordée dès ce jour par la Commune aux institutions religieuses de l’un et l’autre sexe.

ART. 2. – Les locaux appartenant à la Commune et servant actuellement aux écoles religieuses et aux salles d’asile seront désormais affectés à des écoles et à des salles d’asile, dirigées par des personnes laïques.

ART. 3. – Nulle personne ne peut exercer l’enseignement sans être munie d’un diplôme.

Pour le comité :

Les présidents : CHEPIÉ, CHAVEROT, PERRET.

Mesure affichée par le Comité de salut public le 14 septembre 1870

 

 pacifisme

 

Rassemblement pour le désarmement nucléaire à Lyon le 22 janvier... sous la pluie !

Suite aux actions internationales menées par ICAN, le Traité d'Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) a été voté à l'ONU en 2017 par 132 pays. Avec les premières ratifications de 50 États, le traité est entré en vigueur ce 22 janvier 2021. A Lyon le Mouvement pour une Alternative Non-violente et l'Observatoire des Armements ont organisé un rassemblement sur les marches de l'Hôtel de Ville place des Terreaux, pour marquer l'évènement. C’est bien volontiers que la LP a répondu à leur invitation.

 

22 janvier 2021 : les armes nucléaires sont illégales !

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur le 22 janvier 2021 et ouvre une nouvelle ère : celle de l’illégalité complète des armes nucléaires au regard du droit international.

138 pays soutiennent ce traité adopté par l'ONU en 2017, alors que les 9 États nucléaires — dont la France — et leurs alliés s’y opposent fortement, contrairement à leur engagement dans le Traité de non-prolifération (de 1970) qui stipule (article 6) leur obligation à éliminer leurs armes nucléaires « à une date rapprochée ».

ICAN, la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, a obtenu le prix Nobel de la paix en 2017 pour avoir initié ce traité.

POUR AGIR devant ce danger et cette dépense publique qui n’assure en rien notre sécurité.

Savez-vous qu’en 2021, c’est la somme exorbitante de 9 152 € par minute qui sera dépensée par la France pour moderniser et renouveler les composantes nucléaires ?

 

ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ DES    LIBRES PENSEURS DE FRANCE

une association de libres penseurs au service des libres penseurs

Fondée en 1961, son siège est 10, rue des Fossés-Saint-Jacques 75005 Paris, Entraide et Solidarité de Libres Penseurs de France est issue de l’ancienne Mutuelle des Libres Penseurs, qui avait notamment pendant une longue période géré une maison de retraite dans le Maine et Loire destinée principalement aux libres penseurs. Depuis la fermeture de cette maison de retraite, Entraide et Solidarité a comme objectif le soutien aux libres penseurs dans le besoin, ainsi que quelques subventions données à des associations laïques à buts similaires en France ou à l’étranger.

Les adhérents d’Entraide sont par définition tous les libres penseurs qui adhèrent à l’une des Fédérations et organisations fédérées par la Fédération Nationale de la Libre Pensée. Ses ressources sont constituées par une cotisation annuelle, ainsi que par les dons et legs.

Entraide est gérée selon des statuts et un Règlement Intérieur, rassemble ses adhérents en Assemblées Générales annuelles et, est dirigée par un Conseil d’Administration élu par l’AG.

Le règlement de sa Commission sociale, adopté par le Conseil d’administration, précise que sont éligibles aux aides, en urgence ou non : « les retraités libres penseurs et/ou leurs conjoints ; les libres penseurs ou leurs conjoints ; les enfants de libres penseurs, notamment les orphelins, pour poursuivre leurs études. … .»

C’est la cotisation à Entraide qui ouvre le « droit à être secourus, quand ils se trouvent dans le besoin, de manière conjoncturelle ou structurelle. » (Règlement intérieur). L’activité d’assistance d’Entraide se situe donc bien sur le terrain de la solidarité entre Libres Penseurs et non sur celui de la charité.

 

Nos actions au niveau national (Exemples)

SECOURS D’URGENCE, OU AIDES PONCTUELLES, OU SUR LA DURÉE :

pour prothèse dentaire, pour aménagement dans une situation de handicap, des camarades retraités, pour la scolarité, bourses d’études, bourses de voyage, prêts d’honneur … .

 

 

Nous développons ÉGALEMENT deux autres types d’actions :

  • Internationales. Aide à des associations laïques de bienfaisance agissant pour la liberté de pensée en France, dans le monde (Exemple : Scolarisation des enfants libanais et déplacés syriens à Saïda (Liban) - scolarisation des enfants de familles très démunies, au Sénégal.)
  • De soutien aux Libres Penseurs, aux amis de la Libre Pensée et à leurs familles, persécutés ou en danger dans le monde

Vous le savez, les difficultés sociales sont grandissantes, le chômage grandit, la pauvreté se répand dangereusement dans toutes les couches de la population laborieuse.

Libres penseuses, Libres penseurs, ami(e)s de la Libre pensée,

Renforcez nos capacités d’assistance, de solidarité entre Libres penseurs

Devenez membre BIENFAITEURS

Cela donne droit à une information spéciale sur les actions entreprises. Les membres bienfaiteurs sont invités (comme observateurs) aux assemblées générales. Nos comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes extérieur assermenté, membre de la compagnie des Commissaires aux Comptes

 

Devenir membre BIENFAITEURS ! Oui, mais comment ?

 

Le (la) membre bienfaiteur (trice) signe mandat de prélèvement SEPA (ci-après) qui autorise notre banque (le Crédit Agricole-Ile de France) à prélever mensuellement sur votre compte la somme que vous indiquerez (à partir de 10€).

Mandat qu’il retourne à Entraide et Solidarité des Libres Penseurs d France 10,12, rue des Fossés Saint Jacques 75005 PARIS, accompagné d’un RIB.

 

Cette opération peut être interrompue à tout moment et jusqu’à huit semaines après la date de débit (droit de remboursement). La mention « Bienfaiteur Entraide » apparaitra sur votre relevé de compte.

En janvier de l’année N+, le (la) membre bienfaiteur(trice) reçoit une attestation fiscale lui permettant de déduire de vos impôts 66% des sommes prélevées. (Ex. Pour un prélèvement mensuel de 20€, la somme restant à votre charge sur 240€ de prélèvement annuel, ne sera que de 80€).

 

Mandat à remplir et retourner 10, rue des Fossés-Saint-Jacques 75005 Paris,

accompagné d’un RIB pour devenir membre Bienfaiteur

 

Le président, Xavier Hyvert

Correspondant de Entraide et Solidarité pour le Rhône.

 
 

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 virginie barbet

 

Militante anarchiste, internationaliste et libre penseuse

On a très peu de données biographiques sur Virginie Barbet, née vers 1824, peut-être à Saint-Denis-lès-Bourg dans l’Ain. La date de sa mort n’est pas connue. Paradoxalement (ou non), elle est beaucoup mieux connue par son activité de militante et ses prises de position que par les détails de sa vie privée, sur laquelle demeurent de nombreuses zones d’ombre. Et c’est peu dire. 

La première trace des activités de Virginie Barbet remonte à juillet 1868. Elle tient alors un débit de boissons à Lyon, au 123 de la rue Moncey. À cette époque, elle est signataire d’un manifeste de soutien à la Société parisienne pour la Revendication du Droit des femmes rédigé par André Léo (alias Victoire Béra), et en charge de la gestion des finances de la Commission d’initiative au congrès de Bruxelles de l’Association internationale des travailleurs (septembre 1868), chargée de réorganiser les sections lyonnaises de l’Internationale. Elle prend la parole au nom des femmes social-démocrates de Lyon lors du congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté à Berne (octobre 1868). C’est au cours de ce congrès que se cristallise l’opposition entre marxistes et anarchistes proches de Bakounine.

Un point-clé de son « programme » est l’abolition de l’héritage (problème qui constituera une pomme de discorde tactique entre Marx et Bakounine). Contre les proudhonistes, et même une partie des internationalistes qui négligent ces revendications, elle ne cesse de mettre en avant comme une question sociale la condition de la femme : « Pénétrées de cette vérité que l’ordre ne sera établi dans la société que le jour où la femme y sera ce que l’a faite la nature, c’est-à-dire égale à l’homme, nous nous unissons aux dames de Paris dans leur courageuse entreprise pour la revendication des droits religieux, moraux, sociaux et politiques de la femme. »

         
   

En juin 1869, elle participe activement à la création du groupe lyonnais de l’Alliance internationale de la démocratie socialiste, organisation bakouninienne. 

Elle écrit : « Égalitaires convaincus, nous voulons arriver à l’égalité non par la liberté politique, liberté ridicule qui laisserait subsister cet esclavage civilisé qu’on appelle le prolétariat, mais par l’abolition du droit d’hérédité, moyen sûr et décisif dans ce temps où l’on a si grand besoin des moyens sûrs, décisifs. » Cela ne l’empêche pas de préconiser une action non-violente. Elle appelle également au refus de la conscription.

 Elle ne semble pas avoir participé aux événements de la Commune de Lyon. Mais on sait qu’elle signe un appel aux femmes du Creusot en soutien à la grève des métallurgistes de mars 1870 contre une baisse salariale. Il est probable qu’elle ait ensuite participé à la Commune du Creusot en mars 1871 –tentative de prise de pouvoir rapidement réprimée. Une dénommée « femme Barbet » est condamnée par contumace.

Si c’est bien elle, cela explique qu’on la retrouve en Suisse où elle a cherché refuge, et qui constitue un bastion anarchiste.

 
   
 
 
 
 

Plaque de rue temporaire à Genève posée en 2019 par l'association Escouade en hommage aux femmes célèbres genevoises, dans le cadre de l'initiative 100Elles.

 
 

 

En 1871, elle publie la remarquable Réponse d'un membre de l’internationale à Mazzini, où elle expose sa doctrine politique en s’opposant aux conceptions mazziniennes. Elle soutient, entre autres, que l’égalité ne saurait être réalisée sans l’abolition de l’héritage ainsi que de la propriété illégitime (c’est-à-dire la propriété ne résultant pas du travail individuel) et que le sol, tout comme les matières premières, doivent relever de la propriété collective. On la retrouve à Genève en 1873, membre de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste. Elle tient un kiosque place Chevelu où elle vend notamment le Bulletin de la Fédération jurassienne, journal anarchiste.

Elle écrit le texte Religions et libre-pensée. La même année 1881, elle participe à un débat lors de la commémoration de la Commune de Paris à Genève le 18 mars.

La date de sa mort est inconnue. Elle se situerait après 1901 si c’est bien elle qui a publié à cette date : Rayon d'avenir, l’abolition du paupérisme et La veuve rouge et ses amants (deux textes signés « V. Barbet »). Encore une incertitude ! Et à partir de 1901, plus aucune trace de Barbet n’a été retrouvée.

Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini - Lyon 1871

Son texte le plus connu, et sans doute le plus important, est la Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini, brochure parue peu après la fin de la Commune de Paris.

Comme tous ses textes, il est remarquablement écrit. Virginie Barbet y soutient que l’égalité ne saurait être réalisée sans l’abolition de l’héritage. De même, la propriété ne résultant pas du travail individuel et le sol, tout comme les matières premières, doivent relever de la propriété collective.

Le texte est une défense de l’œuvre de la Commune, de l’Internationale et de Karl Marx (bien que Virginie Barbet ne fût pas marxiste, mais une des adversaires bakouniniennes de Marx).

Mazzini était un nom prestigieux, celui d’un fratello d’Italia, révolutionnaire et « père » de la nation italienne comme Garibaldi. L’obscure tenancière s’attaquait donc à forte partie. En libre-penseuse, elle réfute d’emblée tout argument d’autorité :

« (…) Dans notre vieille société idolâtre, il y a, de la part d’une citoyenne obscure, quelque témérité à faire de l’opposition à une personnalité du mérite de Mazzini ; mais dans le monde de l’Internationale, où le culte des idoles est absolument aboli, le mérite, la renommée, le savoir même s’effacent devant la force des démonstrations.

Avant de répondre au manifeste de Mazzini, ce que je me propose de faire point pour point, il a été répandu sur l’Internationale tant de calomnies, la partie adverse a déployé tant de zèle à dénaturer ses principes, qu’il ne sera pas puéril de rappeler au public les causes qui ont donné naissance à cette association et le véritable but qu’elle poursuit.

(…) Maintenant, citoyen Mazzini, à nous deux.

Que Mazzini ait refusé, comme il le déclare, sa coopération à l’Internationale, il n’y a rien d’étonnant. Mazzini n’appartenant pas à la classe des exploités du capital, n’a pas ressenti la nécessité de la transformation du système social et économique, voilà tout. Ce qui a surpris bien des gens, notamment les adversaires de la cause des travailleurs, qui se sont fait un appui de ce manifeste pour déconsidérer de plus belle la grande association, c’est que le grand conspirateur ait émis des données évidemment erronées sur les théories de l’Internationale en s’adressant aux ouvriers italiens (…) »

Bibliographie

Principales sources aisément accessibles :

  • Schrupp, Antje, Virginie Barbet, une Lyonnaise dans l’Internationale, Lyon, Atelier de création libertaire, 2009, avec une présentation de Claire Auzias
  • Notice « Virginie Barbet » sur Wikipédia
  • Une notice du Maitron rédigée par Marianne Enckell, « Virginie Barbet », dans le Dictionnaire des anarchistes (consultable sur le Maitron en ligne)

Œuvres :

Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini, Lyon, Association typographique, 1871.

  • Religions et libre-pensée, Genève, Imprimerie jurassienne, 1881.
  • Déisme et athéisme, profession de foi d’une libre penseuse, Lyon, Association typographique, 1869.
  • Lettres et textes divers reproduits dans l’ouvrage d’Antje Schrupp et Claire Auzias: De l’HéréditéManifeste des Femmes lyonnaises adhérentes à l’InternationalePourquoi je suis collectivisteDéisme et athéisme, profession de foi d’une Libre-penseuse (Lyon 1969)

Et deux textes parus sous le nom de V. Barbet : Rayon d’avenir, l’abolition du paupérisme, La veuve rouge et ses amants Meulan, Auguste Réty, 1901. Mais l’attribution reste incertaine.

 


 

 tuna altinel

   Pour rappel, Tuna Altinel est ce maître de conférences de l’université Claude-Bernard-Lyon-I, de nationalité turque, dont le passeport a été confisqué sans raison par Ankara et qui, bloqué en Turquie depuis 2019, se retrouve privé de circuler et de travailler. Tout cela pour avoir été traducteur dans une réunion publique à Villeurbanne en présence d’un député kurde qui faisait connaître la réalité des massacres commis à l’encontre de populations civiles kurdes, comme à Cizre en 2016.

   Lundi 22 février, le conseil municipal de Villeurbanne l’a fait citoyen d’honneur, en signe de soutien mais aussi pour interpeller le gouvernement français. Différents intervenants à la conférence de presse tenue le même jour ont rappelé que c’était la liberté de conscience qui était bafouée (Gilbert-Luc Devinaz, Cédric Villani).

Sur ce constat, nous ne pouvons qu’approuver. Tina Altunel considère pour sa part que les libertés démocratiques sont généralement en recul dans le monde, y compris en France.

   Le sort du mathématicien, empêché de quitter la Turquie et de retrouver ses élèves alors qu’il a été « officiellement » acquitté, est apparemment incompréhensible. On comprend mieux quand on sait que le mouvement de la jeunesse universitaire turque est qualifié par un membre du gouvernement de « serpents venimeux auxquels il convient d’écraser la tête ». Sans doute veut-on aussi dissimuler la réalité des crimes commis contre les civils kurdes ? À Lyon I, la communauté universitaire suit l’affaire de près. « Tous les citoyens de Villeurbanne sont aux côtés de Tuna Altinel », affirme le maire de Villeurbanne M. Van Styvendael, tout en reconnaissant que cette citoyenneté d’honneur risque de ne pas changer grand-chose.

Sait-on jamais ? On aimerait quand même que la municipalité de Lyon (par exemple) prenne position.

 
 

Présent à Villeurbanne, Cédric Villani a déploré « le purgatoire absurde » que l’on impose à son ancien collègue de l’université de Lyon-I. « Quelle ironie tragique ! Un mathématicien comme Tuna, occupé à travailler sur la logique, se retrouve face à l’absurde le plus complet. »

Cédric Villani a rappelé que Tuna Altinel était un chercheur internationalement reconnu.

 

 

Message de Tuna Altinel - İstanbul, le 12 septembre 2020

« Ami-e-s solidaires, Il y a quatre mois, le 10 mai, j'ai publié un texte sur mon procès en appel, alors au point mort. Aujourd'hui, c'est avec un sentiment de soulagement réservé que j'écris ces lignes. À l’époque la mobilisation internationale de diverses institutions, dont mon université et d'organisations savantes venait de commencer, donnant lieu à l'envoi de lettres à la cour d'appel ; elle a porté ses fruits. Le pourvoi en cassation initié par le procureur a été rejeté par ladite cour, et mon acquittement est définitif depuis le 3 septembre 2020. Dans un procès à des fins politiques, les moyens du droit sont souvent insuffisants. La Turquie, comme tout pays où la justice n'est plus qu'un mot creux, regorge de tels procès. Contre ce fléau, il n'y a qu'un seul remède efficace : la solidarité des individus, des institutions sensibles à la démocratie. La conclusion du procès qui m’a été intenté en est une preuve. Je vous remercie. Mais l’acquittement au procès pénal ne met pas fin à cette séquestration dans mon propre pays qui a débuté le 12 avril 2019 par la confiscation de mon passeport à mon arrivée en Turquie. Ce passeport attend de m'être restitué. Suite au refus en septembre 2019 par la préfecture de Balıkesir de me le rendre, avec mon avocate Meriç Eyüboğlu nous avions entamé une procédure administrative. Celle-ci s'est terminée fin juillet 2020 par un rejet de notre demande malgré mon acquittement confirmé par la cour d'appel non encore définitif à l'époque. Aujourd'hui, l'acquittement étant devenu définitif, mon avocate conteste ce rejet. Elle a aussi renouvelé la demande de restitution auprès de la préfecture de Balıkesir. Nous maintenons notre vigilance. La préservation de la démocratie, le respect des droits humains imposent une vigilance continue. J'écris ces lignes au moment du 40e anniversaire du coup d'état militaire qui a bouleversé la Turquie. En quarante ans, nous n'avons pas su affronter comme il fallait les dégâts de cette tragédie, défendre avec vigilance les acquis démocratiques, et nous voilà de nouveau au fond d'un gouffre noir. Sur le plan personnel, au lieu de me contenter de mon acquittement et de la restitution de mon passeport, je demanderai des dédommagements pour mon emprisonnement injuste et la violation de mes droits.

Je continuerai à dénoncer le consulat de Turquie de Lyon, qui, au lieu de servir ses citoyens, les espionne, les calomnie et s'acharne sur des associations légales en les qualifiant de ramifications d'organisations terroristes. Ami-e-s solidaires, restons uni-e-s pour la défense de la démocratie, valeur fondamentale de l'humanité. »

Tuna Altınel

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 Libres propos, libres pensées

L'UE est-elle européenne ?

 

Les années passant, les archives et les yeux s'ouvrant, il est de plus en plus patent que notre UE néo-libérale, contrairement à la mirifique légende infusée pendant des décennies au public européen n'a jamais été un projet initié par la docte réflexion "pour la paix" de "pères fondateurs" bienveillants, Monnet, Schuman, Adenauer, Spaak, de Gasperi, Hallstein, etc. la plupart étant des adeptes de l'ordo-libéralisme allemand (État minimal, marché first,  "concurrence libre et non faussée", productivisme, subsidiarité,  austérité sociale, etc.) et des chrétiens-démocrates inspirés par la "doctrine sociale de l'Église", (d'où le drapeau bleu de Marie à douze étoiles inspiré de la médaille de la vierge du Bac), mais qu'ils en ont été plutôt les façonniers zélés, missionnés, empressés, et financièrement soutenus.

  Car ce projet est d'abord né dans les hautes sphères de l'économie et du renseignement US dès la fin de la dernière guerre mondiale quand l'économie US était intacte et hautement productive, à la différence de ses pendants européens (vainqueurs comme vaincus), détruits, ruinés, endettés et à reconstruire.

Les USA, les grands gagnants ultimes, au territoire épargné car éloigné du champ de bataille européen (à la différence de l'URSS qui a payé le prix le plus exorbitant) avaient besoin de débouchés facilement accessibles et sans trop d'entraves législatives et douanières pour la reconversion accélérée de leur puissante économie de guerre (toutefois perpétuée par l'énorme complexe militaro-industriel actuel), en une économie de consommation de masse et l'écoulement à l'exportation de tous leurs produits civils et militaires (les Etats-Unis représentaient alors 50% de la production industrielle mondiale).

Il fallut aussi lutter par une "guerre froide" contre l'influence communiste très forte après la guerre et son ambition dénoncée de "conquérir le monde" :  l'URSS était considérée alors très majoritairement par l'opinion européenne comme le vrai vainqueur de la barbarie nazie avant qu'Hollywood n'exporte au monde entier sa version liftée à l'avantage US.

   L'idée était donc l'établissement d'une vaste zone de libre-échange largement dérégulée, délivrée des règles des États-nations alors souverains et leurs lois sociales mises en place partout après 1945 (pour répondre aux besoins de peuples épuisés par la guerre), avec à terme leur dissolution prévue dans un ensemble qui fut joliment présenté comme une "troisième voie" entre l'Est et l'Ouest, alors qu'il s'agissait en fait d'en faire un grand marché ouvert sous protectorat US, pour y déverser les biens de consommation, le cinéma, l'influence économique, culturelle, les produits high tech et la propagande pour l'American Way of Life (ce qui est très largement réalisé maintenant).

   Et aussi d'en faire un laboratoire d'essai pour une mondialisation sans frontières, avec déstructuration d'États dits "souverains", mais contrôlés par les USA, leurs vassaux et d'énormes multinationales.  

Donc les structures, les financements et le lobbying nécessaires à l'implémentation rampante et discrète du projet furent mis en place par les bons "pères fondateurs", amplement soutenus par d'opaques fonds et foundations "privés" américains qui étaient ainsi censés aider à l'émergence d'un bloc politique (la "3ème voie"), concurrent des USA ! (Rires).

 

Chez les "Pères fondateurs" français, citons :

   Jean MONNET qui fut un influent conseiller de F.D. Roosevelt qui tenta (vainement, de Gaulle et la Résistance y ayant fait lourdement obstacle) de placer la France libérée sous le statut humiliant d'État occupé administré par le Gouvernement Militaire Allié des Territoires Occupés (AMGOT).   Affairiste international anglo-saxonisé, banquier à Wall Street, il fut parallèlement un fonctionnaire supranational et surtout un ardent "promoteur de l'atlantisme et du libre-échange" (Wikipédia). 

   Issu de la bourgeoisie catholique (sa sœur Marie-Louise fonda l'Action Catholique des Indépendants et fut la première femme nommée auditrice à un Concile, Vatican II), il se maria religieusement (en grand retard) en 1974 en la cathédrale de Lourdes.

   Car il s'était déjà marié civilement en 1934 dans la Moscou de Staline, grâce au bienveillant mais surprenant appui de Molotov avec la jeune épouse subornée d'un employé italien (pas de divorce en Italie !), qui fut in espresso naturalisée soviétique, unilatéralement divorcée (sans l'accord de son mari), et illico remariée de façon rocambolesque.   

  

   De "santé fragile" (il vécut 90 ans !) il fut réformé en 1914 et consacra pourtant sa vacillante santé à sillonner le monde, mêlant big business et politique et semble-t-il, en bon comprador, beaucoup plus soucieux de promouvoir les intérêts de ses amis et mandants britanniques et américains à Londres et Washington que ceux de son propre pays.

  Étant l'un des "Pères fondateurs" (jamais élu !) de l'UE, il fut cependant récompensé post-mortem par le transfert de ses cendres en 1988 au Panthéon !

À l'égal de Jean Moulin ! (et de Victor Hugo).

  

   Robert SCHUMAN, chrétien-démocrate, né en Lorraine faisant alors partie de l'empire allemand bismarckien proclamé à Versailles pendant le siège de Paris, peu avant la défaite française en 1871.

   Ni sa famille ni lui n'avaient semble-t-il jamais éprouvé la moindre nostalgie de la mère-patrie perdue (à la différence de très nombreux lorrains).    Parfaitement germanisé, il était loyal et à l'aise dans le IIème Reich prusso-wilhelmien, sa société rigide, sa langue maternelle et sa culture allemandes.

Mobilisé en 1914 sous l'uniforme allemand, il passa la guerre contre l'ennemi français dans un bureau de la Kreisverwaltung (administration territoriale) à Bolchen (Boulay) près de Metz, loin des tranchées.

   Devenu soudain français (à 32 ans) en 1918 par les aléas de la défaite de l'Allemagne et du traité de Versailles, il est élu député de la Moselle en 1919, et milita activement pour le maintien du Concordat en Alsace-Moselle et l'établissement du "statut du droit local d'Alsace Moselle", toujours existants.

   En 1925, "il affirme son rejet de l'école laïque républicaine dans la revue Notre Droit : "L'école laïque est la grande machine à déchristianiser la France. Nous la repoussons." (Wikipédia). Clair ?

  "Munichois" par inclination, il fait logiquement en 1940 partie du premier gouvernement Pétain et vote les pleins pouvoirs au maréchal. Par la suite il passa une bonne partie de la guerre en longues et pieuses retraites dans diverses congrégations religieuses (ce fut sa façon à lui de résister) en attendant de voir où tomberaient les dés (et aussi des jours meilleurs).  

  

Qui viendront, par la grâce de Dieu ! Mais surtout par la grâce d'influentes relations, il est par miracle amnistié de "l'indignité nationale" qui le frappait comme tous les anciens ministres de Pétain, ce qui entrainait automatiquement son inéligibilité.

Il peut donc reprendre une carrière politique au plus haut niveau sous la IVème République (député, président du Conseil, deux fois ministre de premier plan !) et se consacrera ensuite entièrement à sa plus grande et noble cause, la création de la future Union Européenne, dont il fut le premier Président.

   C'est peut-être ce parcours quelque peu cahoteux qui l'a empêché de rejoindre lui aussi le Panthéon ?  

   Son ultime lot de consolation sera peut-être sa béatification dont le procès est activement en cours au Vatican depuis des années. Il le mérite bien. Mais, hic, pour cela il faut un miracle au dossier.

  

   Et si la création ex nihilo de cet immense carcan babélien, bureaucratique, législatif, monétaire,

a-démocratique, dédié au dumping social et fiscal qu'est l'UE était le miracle tant recherché ?    RJ

2021 01 AN II

éDITORIAL

 

 

Cette année encore, M. Wauquiez s’est étalé à l’Hôtel de Région avec sa collection de crèches. Sous couvert d’exposition, la loi de 1905 est contournée. Une crèche : c’est interdit, le conseil d’Etat l’a clairement rappelé. Une exposition : cela ne s’interdit pas. Précisons : cela ne s’interdirait pas si l’événement était exceptionnel. Mais M. Wauquiez voudrait en faire une tradition. Le subterfuge ne trompe personne. C’est pourquoi cette initiative cléricale est peu intelligente. A terme, elle pourrait s’avérer contre-productive.

Tout comme sont particulièrement maladroites les « chartes de la laïcité » adoptées à Orléans et à Montpellier. A Orléans, la charte adoptée  met en pause la loi de 1905 durant la fête de Jeanne d’Arc, et les élus peuvent y participer avec leurs écharpes.

A Montpellier, on demande aux associations de promouvoir la laïcité, alors que le conseil municipal ne l’applique pas lui- même et vote pour la 11ème année consécutive une subvention au culte catholique de saint Roch.

Un peu partout, la mode des chartes fait florès. En région Ile de France, Valérie Pécresse impose sa charte, et elle subventionne une association d’insertion par les valeurs de l’armée et de l’église (à hauteur de 250 000 euros). Elle participe à une manifestation contre les prières de rue des musulmans et appelle à un « concordat pour un islam républicain ».

En leur temps, de telles chartes auraient pu inspirer MM. Collomb et Barbarin pour donner un vernis légaliste à la cérémonie du Vœu des Echevins. Malheureusement pour eux, à présent c’est trop tard !

Beaucoup trop tard, car la logique des chartes est en passe de devenir un problème. La différence de traitement entre les différents cultes est trop voyante. A tel point que le mot « charte » a disparu du projet de loi contre le ci-devant séparatisme devenu « loi pour conforter les principes républicains ». De même, le terme « labellisation » n’est plus en odeur de sainteté – si l’on ose dire. Mais en mettant sous contrôle l’ensemble des associations habilitées à délivrer des reçus fiscaux (par un contrôle systématique tous les cinq ans), c’est bien la même logique de « labellisation » que l’exécutif entend poursuivre. « La République demande l’adhésion de tous » nous dit-on. Malheur donc aux associations qui n’adhèrent pas à l’idéologie d’état ! C’est la liberté de conscience qui serait mise en cause. Prenons un exemple : aura-t-on encore le droit d’être royaliste ? En toute logique, ce ne serait plus possible, un royaliste étant par définition opposée aux valeurs républicaines.

La Libre Pensée n’a jamais eu d’accointances avec les royalistes, mais ce n’est pas le problème. Toute position politique, politique ou religieuse doit pouvoir s’exprimer. Celle des laïques comme celle des anti-laïques. Celle des croyants comme celle des non-croyants.

En mettant sous tutelle les associations, cultuelles ou non,  habilitées à recevoir des subventions, l’Etat porterait atteinte non seulement à l’esprit de la loi de 1905 (puisqu’il serait appelé à juger de ce qui est cultuel ou pas) – mais aussi à la liberté d’association formalisée par la loi de 1901. Elle introduirait l’obligation pour l’organisme bénéficiaire d’une subvention de signer un « contrat d’engagement républicain », analogues à ceux qui sont actuellement imposés par des collectivités ou entreprises  sous forme de « chartes ». Le projet de loi comporte d’autres aspects liberticides, comme l’introduction d’une forme de responsabilité collective qui punirait un groupe pour les actes ou les simples propos d’une seule personne. Elle ferait porter sur les associations la charge d’assurer elles-mêmes l’ordre public.  Cela fait beaucoup, et s’intègre à d’autres mesures répressives prises par décret ou formalisées par le projet de loi sur la « sécurité globale ».

On sait quel accueil a été réservé dans la rue à ce projet en décembre, la mobilisation va se poursuivre en janvier. Non, ce n’est pas fini !

      P.G.

La Libre Pensée du Rhône ne saurait trop vous inciter à la visio-conférence qui saura lieu le 27 janvier sur le thème « Liberté d’association et liberté de conscience » avec Dominique Goussot, responsable de la commission juridique de la Libre Pensée. Sa compétence nous assure un éclairage indispensable en ce début d’année 2021, année des libertés à reconquérir.


Laïcité Rhône : Quelle ÉCOLE ?

 

En rebaptisant son projet de loi contre le séparatisme « loi confortant la laïcité et les principes républicains », l’exécutif a pris un risque. Le voilà menacé d’être pris à partie sur toutes les entorses à la loi de Séparation. La laïcité ne se divise pas et son principe doit s’appliquer à tous les cultes. Il y a du travail ! Petit tour d’horizon, à travers quelques exemples rhodaniens :

 

Comme nous l’avions dès longtemps analysé, en rendant l‘école obligatoire dès l’âge de 3 ans par la promulgation de la « Loi pour une école de la confiance » de juillet 2019, le gouvernement a contraint les communes à financer l’école privée dès la maternelle.

Décines-Charpieu : la Ville doit payer deux fois plus pour financer l’école privée

Les élus ont voté la signature d’une nouvelle convention avec l’école privée Jeanne-d’Arc, qui voit sa subvention augmenter de 15 % entre 2019 et 2020. Pour chaque élève de maternelle, la contribution nouvelle s’élève à 1 402 € pour un total de 82 718 €. Cette situation est strictement encadrée et la Ville devrait percevoir une compensation de la part de l’État pour les frais de fonctionnement des maternelles.

Les élus de gauche et écologistes se sont abstenus sur cette délibération car « cette modification de la loi n’est qu’une étape de la privatisation rampante de l’Éducation nationale républicaine, constituant selon nous à un grave recul de civilisation. Ne pouvant aller contre la loi, il ne nous reste que notre refus de vote pour montrer notre désaccord avec cette loi. »

Même situation à Villeurbanne

Le 22 juin dernier, le Conseil municipal décidait à la majorité « d’approuver le montant du forfait élémentaire pour l’année scolaire 2019-2020 [991,81 € par élève] et le solde à verser aux écoles privées sous contrat au titre de ce forfait » (…) et « d’approuver le montant du forfait maternelles pour l’année scolaire 2019-2020 et le montant de la participation à verser aux écoles privées sous contrat au titre de ce forfait ». Comme il était rappelé dans le rapport introductif : le code de l’éducation dans son article L442-5 prévoit que « les dépenses de fonctionnement des classes sous contrat sont prises en charge dans les mêmes conditions que celles des classes correspondantes de l’enseignement public ».

Cette délibération était prise à la majorité, non à l’unanimité.  Au nom du groupe « Radicaux, Génération-Écologie et Citoyens » ? Jonathan Bocquet déclarait : « Vous n’avez pas voulu défendre l’abrogation de la loi CARLE et DEBRÉ. Mais dans le même temps, beaucoup ici défendaient l’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire à 3 ans. Félicitations, vous avez eu gain de cause. (…) Aujourd’hui, certains ici ont réclamé et maintenant se réjouissent que l’État compense ces subventions. Mais, navré de vous rappeler, que cela ne change absolument rien au problème. Il ne s’agit pas d’un problème comptable. La défense de l’École Publique, ce n’est pas un souci de ligne budgétaire. Ce n’est pas la question de savoir si l’argent est pris de la poche de l’État ou de la mairie. D’autant plus que dans les deux cas, il est pris dans la poche du contribuable. Et c’est ici que repose la question philosophique et politique : le contribuable doit-il contribuer à des services auxquels tous n’ont pas accès ? Non. Le contribuable doit il contribuer à autre chose qu’aux services de la communauté nationale ? Non. Le contribuable, contribue au financement des services publics, pas de ses concurrents. Alors sauf si vous souhaitez construire des DSP autour de l’éducation… il va vous falloir vous résoudre à une chose : cessez de vous lamenter sur les conséquences et combattez la cause. La cause est simple : la loi CARLE et la loi DEBRÉ. »

Les Sauvages : pas d’école publique, une mère d’élève raconte son "parcours du combattant"

Aux Sauvages, l’école élémentaire privée Sainte-Marie est un établissement privé accueillant 71 enfants. Une mère d’élève, revient sur les difficultés pour scolariser son enfant dans le public, ce qui n’était possible qu’à Amplepuis. En 2018, certains parents s’étaient déjà émus de l’absence d’école publique aux Sauvages : « C’est dommage que nous n’y ayons pas accès », « ça m’embêtait de ne pas avoir le choix ». Interrogée, la maire Annick Lafay répondait à l’époque que l’établissement était « l’école du village », et évoquait « des commentaires très marginaux. » « Du reste, nous n’avons jamais eu trop de demandes pour une école publique ».

À la rentrée, le sujet refait surface. Notre mère d’élève, dont le fils est scolarisé à l’école Sainte-Marie veut changer son fils d’établissement pendant le confinement, en faveur d’une école publique dans une localité voisine. « J’ai appelé la mairie d’Amplepuis, je pensais qu’il y avait un accord entre les communes. » C’est la douche froide, une dérogation est nécessaire. « J’ai pris contact avec la maire via mail, pour lui demander la dérogation. » La maire lui répond « qu’elle ne donnera pas d’avis favorable pour une inscription dans une autre école », la commune en possédant déjà une. Elle multiplie alors les démarches pour faire valoir son droit à inscrire son enfant dans le public : un médiateur, l’inspecteur académique de Tarare, le rectorat.

Elle s’adresse alors par mail à la préfecture du Rhône, sans réponse. Finalement, elle réussit à obtenir une dérogation qui permettra à son enfant d’être scolarisé dans l’école élémentaire publique d’Amplepuis. « Il y a beaucoup d’enfants scolarisés dans la commune, pourquoi ne pas avoir une deuxième école, publique, aux Sauvages, ou un accord entre les communes, pour répondre à la problématique du transport scolaire notamment ? »

Une école publique, c’est ce que dit la loi :

 

 

 

Article L212-2 du Code de l’Éducation

« Toute commune doit être pourvue au moins d’une école élémentaire publique. Il en est de même de tout hameau séparé du chef-lieu ou de toute autre agglomération par une distance de trois kilomètres et réunissant au moins quinze enfants d’âge scolaire. Un ou plusieurs hameaux dépendant d‘une commune peuvent être rattachés à l’école d’une commune voisine. Cette mesure est prise par délibération des conseils municipaux des communes intéressées. »

Article R211-2 du Code de l’Éducation

« Dans le cas où l’organisation du service public l’exige, le préfet du département, sur proposition du directeur académique des services de l’Éducation nationale agissant sur délégation du recteur d’académie, et après avis du conseil départemental de l’Éducation nationale, peut mettre en demeure le conseil municipal intéressé de fournir un local convenable affecté au fonctionnement de l’école ou de la classe. Faute pour la commune d‘avoir fourni ce local dans le délai fixé par le préfet, celui-ci décide de la création de l’école ou de la classe. »

 

Mme Lafay avance « qu’avoir une école privée sous contrat présente plusieurs avantages : les parents ne sont pas soumis aux grèves, quand un enseignant est absent il est immédiatement remplacé ».

Contacté, le rectorat de l’académie de Lyon évoque « une situation unique », et la préfecture du Rhône indique : « La période du confinement et le report des élections n’ont pas permis d’engager les discussions avec cette commune ».

Situation unique ? Pas tant que ça !

Situation similaire à Saint-Vincent-de-Reins

M. Jean-François Terrier, maire de Saint-Vincent-de-Reins, explique : « À Saint-Vincent-de-Reins, nous avions une école publique, qui a fermé au début des années 1970, faute d’élèves. Aujourd’hui, nous n’avons qu’une école privée dans la commune.

La question d’ouverture d’une école publique ne s’est jamais posée, et nous n’avons pas eu de demandes de parents d’élèves à ce sujet.

Au minimum, il faudrait 20 enfants, maternelle et élémentaire confondues, pour ouvrir une classe, et ce, sur décision de l’inspecteur académique. »

En somme : assez d’élèves pour le privé, trop peu pour le public ?

Meyzieu : pose de la première pierre du lycée Sainte-Marie

Ce sont les maristes qui ont entrepris la construction d’un nouveau lycée privé catholique à Meyzieu, appelé à contribuer « au rayonnement et à l’attractivité de la commune ».

Et c’est la Région AuRA, son président Laurent Wauquiez en tête, qui soutient l’opération et met en avant le manque criant de structures éducatives dans l’est lyonnais. Mais on n’ouvrira pas de lycée public.

Bron : un poste d’adjoint aux cultes et des lumignons pour Marie

La nouvelle municipalité de Bron s’est dotée d’un poste « d’adjoint aux cultes ». On ne voyait pas encore très bien où cette innovation pouvait mener. Première réponse à l’occasion de la fête mariale du 8 décembre : le maire Jérémie Bréaud et son adjoint à l’éducation ont distribué un lumignon aux 2500 élèves des écoles élémentaires.

La Ville souhaitait renouer avec « l’essence de la Fête des Lumières ».

L’essence même du cléricalisme !

 

 

 

 

Ci-après la lettre adressée par une citoyenne de la ville de Bron, réagissant à une précédente initiative municipale, qui prend tout son sens après le 8 décembre :

 

 

Le 15 septembre 2020

Monsieur le Maire,

Je viens de prendre connaissance de votre Lettre aux Parents d’Élèves, à l’occasion de cette rentrée scolaire.

Permettez- moi de vous faire part de ma stupéfaction à la lecture des mots « fonts baptismaux « (je n’aurai pas l’indélicatesse de souligner l’énorme faute d’orthographe, corrigée par mes soins, et qui n’est d’ailleurs pas la seule…). Trouver cette formule sous la plume d’un élu de la République est tout simplement confondant.

Avec tout le respect que je dois à votre fonction, faut-il vous rappeler que la Laïcité est un principe inscrit dans notre Constitution, et que Maires et Élus ont le devoir  d’y souscrire, et de s’interdire toute allusion religieuse dans leurs propos,  écrits et actes. Faut-il vous rappeler également que les citoyens de Bron ne sont pas tous chrétiens, mais aussi musulmans, orthodoxes, bouddhistes, athées, etc. et que par là même vos mots en ont choqué plus d’un.

Débuter votre mandat de premier élu de notre Ville en faisant preuve d’une telle légèreté dans le choix de vos termes, n’envoie pas un bon signe.

Vos affiches proclament que vous êtes le Maire de tous les Brondillants, employez-vous à le démontrer, et je n’ai aucun doute que vous le ferez.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de mon profond attachement à la Laïcité, seule garante du Bien-Vivre- Ensemble, et de la paix sociale.                                       

                                                                                                                                                                   Martine MILLOT

 

Public / privé : une concurrence déloyale

Nous reproduisons ici la lettre d’un parent d’élève choqué de devoir subir le télé-enseignement imposé aux élèves du public, alors ceux du privé peuvent bénéficier de cours en présentiel (situation fort courante) :

Bonjour Monsieur et Madame,

Tout d'abord je veux vous remercier pour la qualité du travail que vous menez au sein de l'établissement au profit de mes enfants (et des autres élèves). Dans le contexte difficile actuel, vous menez une action remarquable (…) Je tiens néanmoins à vous faire part à la fois de mon incompréhension et de ma colère concernant le passage à une scolarisation en alternance présentiel/distanciel pour les élèves du lycée.
Je tiens à préciser que je suis en colère non pas contre votre équipe qui tant niveau de l’administration ou des enseignants fait, comme je vous l'ai dit un travail remarquable, mais je suis atterré par  l'attitude des autorités académiques, rectorales et ministérielles qui conduisent à mettre finalement en difficultés, les établissements publics et les élèves qu'ils accueillent.
En effet, j'ai beau retourner la question dans tous les sens, j'arrive toujours au même constat final : tous les enfants, élèves de niveau lycée, que je connais dans ma famille ou au sein de mes relations amicales qui sont dans l'enseignement public passe en distanciel et tous ceux qui sont scolarisés dans l’enseignement privé restent en 100 % présentiel.
Ceci est totalement incompréhensible et crée une situation d’inégalité totale qui au niveau des apprentissages porte préjudice aux élèves de l’enseignement public. En effet les cours (ou plutôt travaux) en distanciel pourront être de la meilleure qualité possible, ils ne remplaceront pas un cours en présentiel.
A la fin de cette période difficile, si cette inégalité d’organisation devait durer entre établissements privés et publics, il est évident que des différences se créeraient au niveau des apprentissages et des acquisitions des élèves. Dans un contexte où le bac est de plus en plus « local », cela est naturellement une source d’inquiétude.
J’en suis à espérer que ce soir des annonces mettent tous les établissements sur un pied d’égalité !
Le contexte sanitaire est le même pour tous (élèves du privé comme du public).
Les mesures que vous avez mises en place (masques – des chirurgicaux ou FFP2 seraient mieux - , gel, aération…) si elles sont respectées protègent suffisamment les élèves et permettent de préserver la jeune génération dans ses apprentissages.
Il serait grandement amélioré par des campagnes de test systématiques et régulières.
Il peut exister des problèmes structurels révélés par la situation épidémique (classes surchargées empêchant une distanciation sociale, problème de la restauration scolaire rendant le moment du déjeuner à risque, « service de la vie scolaire » sous-doté en moyen humain empêchant un contrôle de l’application stricte du protocole au sein de l’établissement), mais sur ces points je ne peux que constater l’inaction du rectorat et du ministère pour les régler. Selon moi, le passage en distanciel n’est que négatif : les élèves dont les familles ne respectent pas le confinement continueront à se contaminer en dehors du lycée, les décrocheurs seront nombreux, les conduites addictives seront renforcées, les apprentissages seront négativement impactés…. Je vais faire part également de mon incompréhension et de ma colère aux autorités académiques, rectorales et ministérielles.
Je vous souhaite bon courage pour les semaines à venir et renouvelle mes remerciements pour votre action.

Sylvain D.

HISTOIRE DE la Libre Pensée


 

 

Une figure lyonnaise de la Libre Pensée : Marie Bonnevial

       
   
 
 
 

Marie Bonnevial, issue d’un milieu modeste, est née à Rive-de-Gier dans la Loire, le 28 juin 1841.

Bien qu’ayant vécu à Paris la plus grande partie de son existence, c’est à Lyon qu’eut lieu son engagement politique. C’est là qu’elle se rallia à la Commune insurrectionnelle.

C’est là qu’elle fut poursuivie pour avoir refusé de dispenser l’enseignement religieux obligatoire selon la loi Falloux. Une position qui lui coûta son renvoi de l’Instruction publique.

Syndicalisteféministesocialiste, laïque, libre penseuse, elle fait partie des pionnières de la franc-maçonnerie mixte au sein de l'Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain ».

Le soir du 2 décembre 1918, elle est renversée par une ambulance militaire. Transportée à l'hôpital Bichat, elle meurt le 4 décembre 1918.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Militantisme social

Marie Bonnevial devient institutrice sous le Second Empire. Engagée contre les injustices sociales, elle rejoint en 1871 le mouvement de la Commune à Lyon, ce qui lui vaudra d'être renvoyée de l'instruction publique. Exilée en Turquie, elle enseigne le français aux enfants de la bourgeoisie commerçante.

Elle fonde en 1872, un cercle littéraire des Dames lyonnaises. Ce club est dissous en 1873 sous prétexte du non-respect de l'interdiction d'avoir des discussions politique (article 13).

La Xe chambre correctionnelle la jugea, ainsi que Jules GuesdeGabriel Deville et Marie Manière, pour association non autorisée dans l'organisation d'un congrès ouvrier international prévu le 5 septembre 1878 à Paris.

 

La Commune de Lyon :

Le 4 septembre, à 9H du matin, la République est proclamée à Lyon (avant Paris) du balcon de l’Hôtel de Ville. Marie Bonnevial est présente. Elle a 29 ans et elle est déjà déléguée d’arrondissement de la Libre Pensée. L’épisode révolutionnaire lyonnais, qui durera jusqu’au 30 avril, date du massacre de la Guillotière, n’a pas l’ampleur de l’insurrection parisienne. Mais à Lyon, en écho aux événements de Paris, la question sociale recouvre de plus en plus la revendication républicaine. On retrouve Marie Bonnevial membre de la commission de répartition des secours aux familles des détenus politiques. En 1873, elle perd son gagne-pain, chassée de l’instruction publique à l’issue d’une campagne de dénigrement calomnieux. Il est difficile de diriger une école « sans Dieu », même sous statut d’école libre et laïque. Citons le mot que lui adresse Victor Hugo :

"Mademoiselle, la réaction vous frappe, là-bas à coup d’épingle, ici à coup de massue. Continuez l’œuvre sainte. Restez la patience sans la faiblesse, la résignation sans l’abaissement. Tous les honnêtes gens vous admirent : moi je vous bénis. Victor Hugo, Paris le 27 septembre."

Elle trouve refuge pour un temps à Constantinople dans sa belle-famille, puis regagne la France et crée alors une école professionnelle dans le 18e arrondissement de Paris. La question de l’enseignement importera toujours à Marie Bonnevial, également impliquée dans la création des Bourses du travail.

Aux côtés du jeune Jules Guesde, elle aide à la constitution de syndicats féminins, une tâche difficile à contre-courant des mentalités de l’époque, aussi bien de la part des hommes que des femmes. Mais la question lui paraît essentielle. En 1872, elle contribue à fonder le syndicat des membres de l’Enseignement. Entre bien d’autres choses, puisque la même année, elle fonde aussi un Cercle littéraire des Dames lyonnaises.

Pour Marie Bonnevial, syndicalisme, féminisme et laïcité sont trois causes indissolublement liées.

Cette conviction sera constante tout au long de sa vie. Voici comment elle interpelle ses collègues en novembre 1900 : « C’est par la femme que vous triompherez ! Prenez deux ménages. Dans l’un la femme est bigote dans l’autre elle est libre penseuse. Il y a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent pour que les enfants du premier soient baptisés et le restent, tandis que les enfants du second seront élevés hors du giron de l’Eglise. Et comme la plupart des femmes en France subissent la domination du prêtre, concluez. La femme a une plus grande puissance de prosélytisme que l’homme, Messieurs. Émancipez-la donc ! »

Elle organise en 1900 le congrès international de la condition et des droits de la femme. En 1899, elle représente au congrès de Paris, le syndicat des membres de l'enseignement. En 1900, elle est déléguée au congrès des organisations socialistes de Paris, puis au congrès de Tours. Elle assiste à plusieurs congrès de la Fédération des Bourses du Travail.

De 1897 à 1903, elle écrit des articles dans La Fronde à la rubrique « travail » et elle collabore à la Revue Socialiste. Elle entre en 1905 dans la fédération de la Seine de la S.F.I.O et jusqu’ à la première guerre mondiale, elle est une proche collaboratrice de Jaurès, auquel elle voue une immense admiration – si ce n’est plus. Pendant la guerre, elle ne se joindra jamais au courant patriotiste et cantonnera son action au secours aux blessés.

En 1904, elle devient présidente de la Ligue française pour le droit des femmes, un droit qu’elle n’opposera jamais à celui des hommes. Elle est membre également de la LDH.

 

Franc-maçonnerie Elle rencontre Maria Deraismes, fondatrice de l'obédience maçonnique  mixte internationale « Le Droit Humain ». Elle est alors initiée en franc-maçonnerie, le 3 novembre 1894, dans la loge no 1 qui la choisira pour la représenter au congrès de la Libre-Pensée en 1904 à Rome.

Elle crée, en 1895 à Lyon, la loge no 2, Évolution et Concorde. Elle en devient vénérable puis vénérable d'honneur ad vitam. La loge no 4 à Paris, qu'elle fonde en 1904, porte désormais son nom.

Présidente de la commission permanente du Suprême Conseil en 1913, elle succède à Marie-Georges Martin, comme grand maître élu du Droit Humain entre 1916 et 1918.

 

Bibliographie

 

Incontournable : Dominique Segalen, Marie Bonnevial, communarde et syndicaliste, Detrad, coll. « Personnalités emblématiques du DH », 2018

Documentation directe: après être passées entre les mains des nazis puis par l’URSS,  les archives de Marie Bonnevial ont été restituées au Conseil national des femmes françaises, puis données à l'université d'Angers, où elles sont conservées au  Centre des archives du féminisme, à la Bibliothèque universitaire d’Angers.

Louis Couturier lui consacre plusieurs pages dans son ouvrage « les Femmes et la Libre Pensée », publié par l’IRELP. Il existe une notice « Marie Bonnevial », sur Wikipedia, malheureusement insuffisante (comme cet article, du reste), mais comportant de nombreuses références.

Signalons un riche ouvrage sur la Commune de Lyon : « Les communards à Lyon – Les insurgés, la Répression, la Surveillance » de Matthieu Rabbe (2015 Atelier de création libertaire)

Notre ami Gilles Champion, membre de l’Union des écrivains AuRA, a tiré de la vie de Marie Bonnevial sa pièce « Une de vos Filles », pièce féministe et militante, dont la dédicace a eu lieu vendredi 18 décembre à la librairie de l’Union des écrivains.

 


Libres propos, libres pensées

"Ce pays vit. Partout où ne règnent pas le pouvoir et l’argent, ce pays vit !"

 

Cette phrase est la conclusion d'un article intitulé "Patience !" de Frédéric Lordon dans le Monde Diplomatique, commentant une merveilleuse vidéo réalisée par les danseurs et danseuses de l'Opéra Garnier, chacun dansant seul, confiné chez soi, sur un ballet de Prokofiev : la beauté et l'art magnifiés.

Mais surtout, (et bien peu de gens l'ont sans doute remarqué), cette vidéo est en sa fin dédiée à une longue liste, ici non exhaustive, de professions allant des scientifiques, laborantins, médecins, soignants, aux éboueurs, ouvriers, agriculteurs, commerçants, professeurs, caissières, livreurs, postiers, etc., soit à l'ensemble des gens qui travaillent et font marcher la société, et qui contribuent chacun à sa souvent modeste mais nécessaire mesure à son bon fonctionnement.

Bref, un magnifique hommage dédié au Peuple français dans son ensemble et sa grande diversité.

 

La Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 proclame : "Tous les hommes naissent et demeurent égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune".

Mais ceci, c'est quand on ne les divise pas en leur instillant insidieusement des réflexes catégoriels engendrant une culture toxique du mépris de "l'autre", de façon toutefois bien plus informelle que l'antique système des castes en Inde, quasi-institutionnel et toujours bien vivace dans les têtes (bien qu'officiellement aboli…), où chacun méprise en cascade celui qui est juste au-dessous de lui.

 

Car si l'on n'y prend garde, on pourrait bien penser que notre futur pourrait ressembler à l'Inde : des îlets d'incommensurables richesses, des îlots de confortable prospérité high-tech dans un immense océan de misère, de mépris, d'ignorance, de maladie, de superstition, de crasse et de pollution.

Avec pour faire tenir tranquilles tous ces gueux inutiles les diverses religions qui leur promettent le paradis ou une bonne réincarnation, s'ils supportent leur triste sort avec fatalisme et "se tiennent bien". Car prier, débiter par cœur des mantras ou des versets les dispense de réfléchir sur l'origine réelle de leurs maux. Et les exciter les uns contre les autres les occupe, pendant que le business continue.

Détourner les esprits grâce aux instruments que sont les médias tombés aux mains d'oligarques, maniés par quelques illusionnistes professionnels de talent surpayés, a de toute éternité été la recette favorite des puissants pour conserver leur pouvoir.

Mais à la fin, et depuis toujours aussi, cette façon de gouverner a toujours engendré des catastrophes.

La dédicace au peuple de cette belle vidéo nous rappelle que chacun a une place dans la société qui lui a été échue par les hasards de la naissance, du genre, de la géographie, du milieu social et familial, de l'éducation ou son absence, par les opportunités et rencontres qui lui sont offertes d'exploiter ses talents s'il en a et de ses aspirations et ambitions ou manque d'ambitions car tout le monde ne peut (ou ne veut !) prétendre à devenir "premier de cordée".

Ceux "qui ne sont rien ! ", le mépris, toujours… : visiblement notre "président-intellectuel" n'a pas lu Machiavel qui conseille au Prince de ne jamais sous-estimer ni mépriser son peuple (et de fuir les flagorneurs…) car celui-ci peut être parfois bien mieux équipé en talents et intelligence que ceux qui sont ou se croient importants. Et ils le savent !

Car pourquoi élever leur progéniture à part, dans des cursus d'enseignement privés "d'excellence" et financièrement inaccessibles au tout-venant, sinon pour ne pas les mettre en concurrence loyale avec des enfants doués de la plèbe ? Que craignent-ils ?

C'est le rôle et l'intérêt de la société de ne pas gaspiller les talents en donnant une chance à tous et en promouvant tous ceux disponibles dans le pays sans préjuger de leur sexe et origine sociale ou raciale et non les laisser aux diverses et coûteuses écoles cultivant "l'entre soi" qui délivrent souvent des diplômes privés et donc au fond, achetés, telles ces prestigieuses universités américaines privées de la Ivy League qui reçoivent d'énormes "dons" parentaux afin d'être bien sûrs que les héritiers en sortiront prestigieusement diplômés.

Au final on obtient ceux qu'Emmanuel Todd qualifie "d'imbéciles diplômés" : fiers, arrogants, au conformisme formaté par la doxa néolibérale et destinés "par nature" à prendre les rênes du pays et diriger des gens souvent bien plus capables qu'eux.

Car c'est bien l'argent, le "profit d'abord", qui domine dans cette société, qui décide qui aura des soins approfondis, une bonne éducation, une belle carrière, un accès à la justice et le tout à l'avenant.

 

Regardons la crise du Coronavirus : les morts, les malades, la perte globale de richesse, d'emplois, les faillites équivalant en quelques mois à une guerre-éclair dans des pays occidentaux obsédés par "l'austérité" (très sélective !), "la concurrence libre", "la compétitivité", et les cours en temps réel de la bourse excède (et de très loin) les investissements hospitaliers, humains et matériels qu'il aurait fallu préventivement engager ou préserver pour se prémunir contre une pandémie qui aura coûté inutilement un nombre ahurissant et inexcusable de vies, dont beaucoup étaient porteuses d'un savoir-faire définitivement perdu ayant coûté très cher, à eux-mêmes, à leur famille ou à la société. La doctrine néo-libérale du "tout pour nous, rien pour les autres" atteint ainsi les limites extrêmes du supportable.

Des pays bien moins riches et "avancés" en Asie, en Afrique ont écouté leurs vieux réflexes de survie (ils sont accoutumés à la survie !) et leur bon sens ancestraux et anticipé et paré immédiatement avec un incommensurable succès à la menace pandémique émergente. Mais pas nos belles "élites" si intelligentes, malgré les sérieux et pressants avertissements venus à temps de toutes parts.

 

Mais malgré eux ce pays vivra !                   RJ

 

2020 11 AN II

Notre amie et camarade Colette Giroud nous a quittés, à l’âge de 87 ans. La Fédération du Rhône de la Libre Pense a salué, samedi 7 novembre, la mémoire d’un de ses piliers, au poste qu’elle a occupé tout au long d’une vie militante bien remplie, au service de l’école républicaine et de la laïcité.

Cette disparition intervient 25 ans après celle de son époux Roger, ancien président de notre fédération, disparition qui affecta profondément Colette. A ses côtés, puis seule et avec courage, elle a poursuivi cette œuvre militante au cours d’années difficiles. Nos derniers souvenirs sont les bureaux tenus dans son appartement de la rue Ferdinand Buisson – quel nom prédestiné ! – et les séances d’envoi de notre bulletin fédéral.  Même diminuée, Colette tenait encore à apporter sa pierre au combat pour les valeurs qui étaient les siennes.

Colette Giroud, c’était d’abord un attachement viscéral pour cette école républicaine qu’elle avait servie comme directrice d’école : l’école publique  laïque, celle de l’instruction qu’elle concevait comme un moyen d’émancipation et de formation du citoyen. C’était l’engagement pour la République sociale qui motivait ses choix politiques et son activité de syndicaliste. Et c’était l’attachement à la laïcité institutionnelle instituée et garantie par la loi de 1905.

Colette, nous te saluons une dernière fois, au nom de tous les amis et camarades qui t’ont connue.

 

éDITORIAL

 

 

Le 16 octobre dernier avait lieu le meurtre de Samuel Paty, provoquant une immense vague d’indignation.

Tout indique que cet enseignant apprécié accomplissait son travail avec rigueur, cherchant à éveiller l’esprit critique de ses élèves. Le monde politico-médiatique a-t-il fait preuve du même sérieux, de la même volonté de distanciation ?

A l’évidence non. Certains se sont offusqués de la place trop importante laissée aux parents à l’école, sans rappeler que depuis des décennies les projets locaux (incluant parents, élus territoriaux et groupes de pression divers) mettaient en question l’indépendance pédagogique des enseignants. Les autorités de l’Etat et le ministère de l’Education se gardaient bien d’expliquer en quoi la multiplication des « missions », la diminution inexorable des moyens (enseignants et personnels confondus), les injonctions visant à faire passer la politique gouvernementale rendaient de plus en plus difficile la tâche des pédagogues, quelle que soit l’implication de ces derniers.

Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire : on leur a demandé de lire le jour de la rentrée en hommage à Samuel Paty une lettre de Jean Jaurès. Belle référence. Hélas la lettre a été « tripatouillée ». A disparu le passage où Jaurès défendait l’autonomie et la liberté des enseignants !

On ne doit plus s’étonner que le ministre Blanquer ait remis en cause la liberté d’opinion reconnue aux fonctionnaires en introduisant dans le code de l’Education une référence à « l’engagement et l’exemplarité des personnels de l’Education nationale ».

Cela fait longtemps que l’école n’est plus un« sanctuaire » qui devrait être protégé de toute pression religieuse ou idéologique, et consacré exclusivement d’une part à la transmission des savoirs, d’autre part à la formation de l’esprit critique. La dénaturation insidieuse de la notion de programme laisse les enseignants démunis face à un clientélisme de plus en plus agressif. Les programmes ne sont même plus sanctionnés par un bac national et anonyme, et les enseignants qui s’opposent à la disparition du bac sont sanctionnés. Quant à la « laïcité » dont tout le monde se prévaut, elle  n’est plus qu’un mot creux désignant une option applicable aux seuls établissements publics, contribuant au phénomène des « ghettos ».  C’est aussi cela que sanctionne le drame du 16 octobre.

Il faut rappeler qu’avant sa fin tragique, Samuel Paty  avait subi la visite d'un IPR (inspecteur) de la cellule « Valeurs de la République ». Il avait été tenu de s'excuser devant la classe. Et il n’était pas le premier. Le ministère ne s’en est pas vanté.

«

Nous avons manifesté en hommage à Samuel Paty. Comme le disait Jean-Sébastien Pierre, président de la FNLP : « Nous y étions donc, mais pas avec n’importe qui. » Certainement pas aux cérémonies officielles aux côtés de ceux qui organisent les OPEX, ni aux côtés qui n’ont en tête que  d’organiser eux-mêmes le séparatisme par une loi d’exception contre les musulmans. Ni aux côtés de ceux qui persistent à trouver normal les subventions accordées aux cultes, en particulier à l’Eglise catholique. Ni aux côtés de ceux qui organisent la répression contre toute voix discordante dans la République.

Les lois d’exception, qui tendent de plus en plus à devenir la règle, sont le cadre qui permettent une attaque d’une violence inouïe contre les libertés démocratiques. Dernière « trouvaille » si l’on peut dire: le projet de loi sur la sécurité globale, qui autoriserait, si elle était adoptée, une limitation du droit à filmer les forces de police dans l’exercice de leurs missions. Il fallait y penser.

Je reprends l’excellente formule utilisée sur le site Mediapart : « Comme un pompier pyromane, le gouvernement semble allumer des incendies pour prouver qu’il sait les éteindre, sans s’émouvoir de ce qui aura brûlé par sa faute. Après une polémique estivale aussi débridée que vaine sur « l’ensauvagement » supposé de la société française, l’étape suivante se profile : le projet de loi contre le séparatisme. »

En attendant – ou justement pour s’y préparer-, il y a d’autres urgences. La Libre Pensée 69 s’est adressée aux associations laïques  du Rhône pour leur proposer de rejoindre  la large campagne publique initiée par la LP de Haute-Savoie. Il s’agit de s’opposer au financement de la faculté catholique d’Annecy par la Région. M. Wauquiez doit nous recevoir ! Après tout, lui aussi est un tenant de la « laïcité ». On est prié de ne pas rire.

PG

 

COMMUNIQUÉ de la Libre Pensée 74 (Haute-savoie)

Malgré le confinement et les restrictions apportées aux libertés démocratiques sous couvert d'épidémie, les organisations laïques ont maintenu une conférence de presse commune jeudi 5 novembre.

Le collectif des 11 associations laïques et syndicales a ainsi fait le point de sa campagne contre le financement public de la construction d'une « université » privée catholique à Annecy, contre les trois subventions votées par la Région, le Département et le Grand Annecy à ce projet privé confessionnel.

A part Mr Rigaut qui a reçu une délégation le 13 mars à la veille des élections municipales, elles constatent que les élus politiques n'ont pas donné suite aux demandes de rendez-vous, pas même un accusé de réception aux courriers qui leur ont été envoyés. Que ce soit Wauquiez, Monteil, Lardet et Astorg qui ont été sollicités, c'est un silence général et assourdissant dénotant une drôle de conception de la démocratie.

Ils ne répondent pas. Et pourtant, ils ont des comptes à rendre sur l'utilisation des deniers publics, l'argent des contribuables, auprès des citoyens et de leurs associations. Ils ne répondent pas car ils sont gênés.

Ils voudraient organiser dans l'ombre et l'opacité un véritable détournement de fonds publics au détriment de l’École publique qui souffre de l'austérité budgétaire en postes, en locaux et en crédits.

Mr Denis Varaschin, président de l'Université Publique Savoie Mont-Blanc, nous a déclaré le 26 juin dernier : « …. les moyens manquent à l'Université de Savoie. Il faudrait la création de 100 postes de professeurs par l 'Etat pour passer de 14 000 à 20 000 étudiants. Il y a un sousinvestissemnt public sur le territoire. La Haute-Savoie, un département de 820 000 habitants, avec 15 000 habitants de plus chaque année, et un campus à Annecy avec 4 500 étudiants à Annecy. On figure parmi les universités les moins loties sur un territoire dynamique. L'USMB n'est pas en mesure de répondre aux besoins et on le regrette. »

En effet, suite à Parcoursup, des milliers de bacheliers chaque année restent sans affectation dans l'enseignement supérieur faute de places, d'enseignants et de crédits.

Sauf à s'inscrire dans des établissements privés payants et élitistes pour gens fortunés.

Tout cela n'est pas acceptable.

On nous parle à tout propos des « valeurs de la République » sans jamais préciser lesquelles.

Les organisations laïques rappellent leur attachement à la loi républicaine de 1905 de Séparation des Églises et de l’État qui stipule : article 2 - « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » Elles rappellent leur attachement au principe républicain: « Fonds publics à l' École publique, fonds privés à l'école privée »

En conséquence, elles décident de poursuivre et amplifier la campagne laïque. Elles appellent à signer massivement l'Appel aux laïques – pétition en ligne - http://chng.it/cjy7mf454s

Elles renouvellent publiquement leur demande d'entrevue aux élus politiques.

Elles saisissent leurs structures dans les autres départements afin d'élargir la campagne laïque à financement public de l' « université » catholique : la Libre Pensée saisit la justice administrative toute la Région AURA. Ainsi les Fédérations de la Libre Pensée des 12 départements ont écrit une lettre commune à Mr Wauquiez pour qu'il reçoive une délégation.

En outre, en Haute-Savoie, la Libre Pensée avec le soutien des autres associations a décidé d'intenter un recours devant le Tribunal Administratif de Grenoble contre la délibération du Grand Annecy du 24 septembre 2020 qui octroie une subvention de 1,5 million d'euro à l' « université » catholique.

Annecy le 7 novembre 2020



LAICITE

Rencontre avec la municipalité de Lyon 24 septembre 2020

Une délégation de représentants de la laïcité a été reçue par la nouvelle municipalité de Lyon, jeudi 24 septembre dans les locaux de l’Hôtel de Ville.

Cette rencontre faisait suite à une demande de la fédération du Rhône de la Libre Pensée, formulée dans une lettre ouverte datée du 10 juillet largement diffusée. Cette lettre s’élevait contre la décision du nouveau maire M. Grégory Doucet de participer au « Vœu des Echevins » (sans en avoir défini la forme) et la création d’un poste d’adjoint.e délégué.e aux « cultes et spiritualités ».

La délégation était composée : de MM P. Girod, X. Hyvert et G. Champion pour la Libre Pensée, et de M. Eric Pommet représentant le Cercle Edouard Herriot. Les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Fédération des Œuvres Laïques  n’ont pas pu se rendre disponibles au moment du rendez-vous.

Noyus avons été reçus par M. Pierre-Jérôme Biscarat, chargé de mission auprès de Mme Florence Delaunay, déléguée « aux droits et égalités, à la mémoire, aux cultes et spiritualités » de la Ville de Lyon. Me Delaunay devait être présente, mais s’est excusée en raison de problèmes d’emploi du temps liés à la gestion de la pandémie.

Quelle que soit la compétence de notre interlocuteur (membre de l’exécutif), la délégation regrette de ne pas avoir rencontré directement un élu.

Non-participation de la municipalité au Vœu des Echevins :

Nous avons eu confirmation qu’aucun représentant n’a participé à la cérémonie ni n’a remis l’Ecu d’or. Si des adjoints ont assisté à la messe, c’était à titre personnel, et en aucun cas ès qualités. Ce qui est leur droit le plus absolu et ne pose aucun problème à la délégation.

M. le Maire a « entendu le message des laïques » et a déclaré qu’il ne se rendrait à aucune cérémonie religieuse au cours de son mandat, quel que soit le culte. C’est ainsi qu’il ne se rendra pas au « Pardon des Mariniers » qui est une célébration cultuelle. La subvention (importante, de l’ordre de de 10 ou 12 000 euros) allouée par l’ancienne municipalité ne sera attribuée qu’à condition de revoir le dossier sous la forme d’une « fête de quartier », la messe et le « Pardon » proprement dit restant des événements connexes qui ne seront pas financés sur fonds publics.

Cultes et spiritualités

Sur ce point (création d’un poste d’adjoint.e portant cette mention), force est de constater quela délégation n’a pas reçu d’explication. Le mot « spiritualités » (au pluriel contrairement à ce qu’on lisait sur le site municipal) ne serait qu’un équivalent de « cultes » sans portée particulière.  Le seul exemple donné a été le bouddhisme. L’intitulé choisi serait seulement la marque d’une volonté « d’ouverture » à toutes les sensibilités religieuses.

Notre commentaire : dans ces conditions, pourquoi avoir ajouté « spiritualités » à « cultes » ? Sans compter que le mot « cultes » employé seul pose lui-même le problème de la neutralité du pouvoir public. Pas de réponse.

Sur le même sujet, la délégation s’est étonnée du discours par M. Doucet tenu aux catholiques le 8 septembre,  après la cérémonie du Vœu :

« (…) Je suis venu là humblement pour rencontrer, partager, entendre, voir et écouter. Je vous remercie aussi pour l’attention que vous avez accordée à ces quelques paroles. Je sais que mon choix de vous rejoindre seulement maintenant en décontenance certains. Soyez néanmoins assuré de mon profond respect pour votre religion et votre foi et de mon total engagement pour la défense de la laïcité qui garantit à toutes et à tous la liberté de croire et de ne pas croire.

A ce propos, vous le savez, l’encyclique à laquelle je viens de faire référence s’adresse à la fois aux croyants et aux non croyants. A toutes les personnes de bonne volonté. Je ne peux que louer cet esprit d’ouverture. Qu’il nous anime les uns et les autres. Les unes et les autres. En homme de bonne volonté, permettez-moi d’avoir l’audace de penser que mes actions contribueront à la réalisation du message du Pape François. [ souligné par nous] « Au coeur du commun combat, il y a celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, mais quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».

Il est évident qu’une telle offre de service, de la part d’un élu de la République, contrevient au principe de neutralité. La municipalité peut difficilement soutenir le contraire !

Pose de la première pierre de la mosquée de Gerland

Le choix de procéder à la pose de la 1ère pierre de la future moquée de Gerland a fait couler beaucoup d’encre et a suscité de nombreuses réactions relayées dans la presse. Elle intervenait le 9, soit dès le lendemain du Vœu des Echevins. Ce télescopage de date a aussi été source d’incompréhension.  L’explication donnée est que 1°) la mairie n’a participé à aucun financement, 2°) il ne s’agissait pas d’une cérémonie religieuse et il n’y avait pas d’appel à la prière.

Autres éléments d’explication : il s’agit d’un islam « modéré », donc d’interlocuteurs dont nous avons besoin aujourd’hui. L’islam ne possède pas de « bâti » comme les cultes inscrites depuis plus longtemps dans le paysage national. Cela pose problème.

A ce sujet, la délégation a répondu que toute discussion sérieuse à ce sujet commence par le fait de ne pas verser un centime aux religions en place (et en premier à celles qui en reçoivent déjà le plus). Elle a exposé la position des associations représentées, attachées à ne dénaturer en aucun cas la loi de 1905 – ni celle de 1901 – par le traitement particulier adressé à une religion (l’islam) qui relèverait forcément d’une logique concordataire.

Rupture avec le système « Collomb-Barbarin » ?

Les atteintes graves à la laïcité ont marqué les mandatures précédentes : financement du dialogue inter-religieux (affaires Sant-Egidio, Conférence des Eglises européennes), du Musée du christianisme, aménagements du site de Fourvière pour ne citer que les plus marquantes, et tout cela …au nom du rayonnement de la ville de Lyon, du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. On a délibéré jouer sur la confusion entre cultuel et culturel, en particulier devant la justice administrative. La délégation a indiqué qu’elle serait particulièrement attentive à la politique qui serait conduite à l’avenir.

La réponse de la municipalité est d’affirmer son attachement à la laïcité et de dire : « Faites-nous confiance ». Et : « Jugez-nous sur nos actes ».

C’est bien ce que nous ferons !

La place des femmes

La nouvelle municipalité entend donner une « plus juste place aux femmes », par exemple dans le choix des noms de rue (sans aller à débaptiser des noms actuels de rues ou autres lieux publics). Elle est ouverte à toute proposition pour promouvoir  la mémoire de femmes lyonnaises remarquables, que ce soit par des conférences publiques, des rencontres ou d’autres moyens.

La délégation a avancé le nom de Marie Bonnevial, libre-penseuse qui a combattu pour l’école laïque, la République, les droits des femmes. Cette proposition nous a semblé avoir été accueillie avec intérêt.

Etienne Dolet

Affaire symbolique au plus haut point du point de la défense de la liberté de conscience : la pose d’un panneau mobile, actuellement visible au Château « Sans-Souci » du 3e arrondissement, à la mémoire d’Etienne Dolet « Martyr de la Renaissance – Héros de la liberté de penser ». Son installation n’est toujours pas pérennisée, ce qui suscite l’inquiétude de l’Association des Amis d’Etienne Dolet, dont sont membres de nombreux libres-penseurs, et présidée par M. Marcel Picquier.

L’historique de l’association a été rappelée depuis le projet de statue devant la mairie du 7e (soutenue par Herriot) jusqu’aux réalisations plus récentes. La pose du panneau actuel – réalisation pourtant modeste qui ne remplacera pas ladite statue- s’est heurtée au mauvais vouloir de la municipalité précédente, c’est le moins qu’on puisse dire.

Réponse : il n’y a pas de raison pour que ce projet ne soit pas finalisé. Un avis pleinement favorable est donné pour reconsidérer tout le dossier et parvenir à un accord, en lien avec l’association.

En guise de conclusion

Comme nous l’a répété M. Biscarat :

   « Faites-nous confiance »

  «  Jugez-nous sur nos actes »

   « le canal est ouvert » (pour une concertation sur tout sujet intéressant la laïcité et la démocratie républicaine - La mairie est d’ailleurs prête à mettre à notre disposition des salles de l’Hôtel de Ville, information que nous avons bien enregistrée !)

Bien des réponses sont positives, mais c’est exactement cela :

 

C’est sur les actes que nous jugerons !


 éDITORIAL

 

 

Le 16 octobre dernier avait lieu le meurtre de Samuel Paty, provoquant une immense vague d’indignation.

Tout indique que cet enseignant apprécié accomplissait son travail avec rigueur, cherchant à éveiller l’esprit critique de ses élèves. Le monde politico-médiatique a-t-il fait preuve du même sérieux, de la même volonté de distanciation ?

A l’évidence non. Certains se sont offusqués de la place trop importante laissée aux parents à l’école, sans rappeler que depuis des décennies les projets locaux (incluant parents, élus territoriaux et groupes de pression divers) mettaient en question l’indépendance pédagogique des enseignants. Les autorités de l’Etat et le ministère de l’Education se gardaient bien d’expliquer en quoi la multiplication des « missions », la diminution inexorable des moyens (enseignants et personnels confondus), les injonctions visant à faire passer la politique gouvernementale rendaient de plus en plus difficile la tâche des pédagogues, quelle que soit l’implication de ces derniers.

Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire : on leur a demandé de lire le jour de la rentrée en hommage à Samuel Paty une lettre de Jean Jaurès. Belle référence. Hélas la lettre a été « tripatouillée ». A disparu le passage où Jaurès défendait l’autonomie et la liberté des enseignants !

On ne doit plus s’étonner que le ministre Blanquer ait remis en cause la liberté d’opinion reconnue aux fonctionnaires en introduisant dans le code de l’Education une référence à « l’engagement et l’exemplarité des personnels de l’Education nationale ».

Cela fait longtemps que l’école n’est plus un« sanctuaire » qui devrait être protégé de toute pression religieuse ou idéologique, et consacré exclusivement d’une part à la transmission des savoirs, d’autre part à la formation de l’esprit critique. La dénaturation insidieuse de la notion de programme laisse les enseignants démunis face à un clientélisme de plus en plus agressif. Les programmes ne sont même plus sanctionnés par un bac national et anonyme, et les enseignants qui s’opposent à la disparition du bac sont sanctionnés. Quant à la « laïcité » dont tout le monde se prévaut, elle  n’est plus qu’un mot creux désignant une option applicable aux seuls établissements publics, contribuant au phénomène des « ghettos ».  C’est aussi cela que sanctionne le drame du 16 octobre.

Il faut rappeler qu’avant sa fin tragique, Samuel Paty  avait subi la visite d'un IPR (inspecteur) de la cellule « Valeurs de la République ». Il avait été tenu de s'excuser devant la classe. Et il n’était pas le premier. Le ministère ne s’en est pas vanté.

«

Nous avons manifesté en hommage à Samuel Paty. Comme le disait Jean-Sébastien Pierre, président de la FNLP : « Nous y étions donc, mais pas avec n’importe qui. » Certainement pas aux cérémonies officielles aux côtés de ceux qui organisent les OPEX, ni aux côtés qui n’ont en tête que  d’organiser eux-mêmes le séparatisme par une loi d’exception contre les musulmans. Ni aux côtés de ceux qui persistent à trouver normal les subventions accordées aux cultes, en particulier à l’Eglise catholique. Ni aux côtés de ceux qui organisent la répression contre toute voix discordante dans la République.

Les lois d’exception, qui tendent de plus en plus à devenir la règle, sont le cadre qui permettent une attaque d’une violence inouïe contre les libertés démocratiques. Dernière « trouvaille » si l’on peut dire: le projet de loi sur la sécurité globale, qui autoriserait, si elle était adoptée, une limitation du droit à filmer les forces de police dans l’exercice de leurs missions. Il fallait y penser.

Je reprends l’excellente formule utilisée sur le site Mediapart : « Comme un pompier pyromane, le gouvernement semble allumer des incendies pour prouver qu’il sait les éteindre, sans s’émouvoir de ce qui aura brûlé par sa faute. Après une polémique estivale aussi débridée que vaine sur « l’ensauvagement » supposé de la société française, l’étape suivante se profile : le projet de loi contre le séparatisme. »

En attendant – ou justement pour s’y préparer-, il y a d’autres urgences. La Libre Pensée 69 s’est adressée aux associations laïques  du Rhône pour leur proposer de rejoindre  la large campagne publique initiée par la LP de Haute-Savoie. Il s’agit de s’opposer au financement de la faculté catholique d’Annecy par la Région. M. Wauquiez doit nous recevoir ! Après tout, lui aussi est un tenant de la « laïcité ». On est prié de ne pas rire.

PG

 

COMMUNIQUÉ de la Libre Pensée 74 (Haute-savoie)

Malgré le confinement et les restrictions apportées aux libertés démocratiques sous couvert d'épidémie, les organisations laïques ont maintenu une conférence de presse commune jeudi 5 novembre.

Le collectif des 11 associations laïques et syndicales a ainsi fait le point de sa campagne contre le financement public de la construction d'une « université » privée catholique à Annecy, contre les trois subventions votées par la Région, le Département et le Grand Annecy à ce projet privé confessionnel.

A part Mr Rigaut qui a reçu une délégation le 13 mars à la veille des élections municipales, elles constatent que les élus politiques n'ont pas donné suite aux demandes de rendez-vous, pas même un accusé de réception aux courriers qui leur ont été envoyés. Que ce soit Wauquiez, Monteil, Lardet et Astorg qui ont été sollicités, c'est un silence général et assourdissant dénotant une drôle de conception de la démocratie.

Ils ne répondent pas. Et pourtant, ils ont des comptes à rendre sur l'utilisation des deniers publics, l'argent des contribuables, auprès des citoyens et de leurs associations. Ils ne répondent pas car ils sont gênés.

Ils voudraient organiser dans l'ombre et l'opacité un véritable détournement de fonds publics au détriment de l’École publique qui souffre de l'austérité budgétaire en postes, en locaux et en crédits.

Mr Denis Varaschin, président de l'Université Publique Savoie Mont-Blanc, nous a déclaré le 26 juin dernier : « …. les moyens manquent à l'Université de Savoie. Il faudrait la création de 100 postes de professeurs par l 'Etat pour passer de 14 000 à 20 000 étudiants. Il y a un sousinvestissemnt public sur le territoire. La Haute-Savoie, un département de 820 000 habitants, avec 15 000 habitants de plus chaque année, et un campus à Annecy avec 4 500 étudiants à Annecy. On figure parmi les universités les moins loties sur un territoire dynamique. L'USMB n'est pas en mesure de répondre aux besoins et on le regrette. »

En effet, suite à Parcoursup, des milliers de bacheliers chaque année restent sans affectation dans l'enseignement supérieur faute de places, d'enseignants et de crédits.

Sauf à s'inscrire dans des établissements privés payants et élitistes pour gens fortunés.

Tout cela n'est pas acceptable.

On nous parle à tout propos des « valeurs de la République » sans jamais préciser lesquelles.

Les organisations laïques rappellent leur attachement à la loi républicaine de 1905 de Séparation des Églises et de l’État qui stipule : article 2 - « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » Elles rappellent leur attachement au principe républicain: « Fonds publics à l' École publique, fonds privés à l'école privée »

En conséquence, elles décident de poursuivre et amplifier la campagne laïque. Elles appellent à signer massivement l'Appel aux laïques – pétition en ligne - http://chng.it/cjy7mf454s

Elles renouvellent publiquement leur demande d'entrevue aux élus politiques.

Elles saisissent leurs structures dans les autres départements afin d'élargir la campagne laïque à financement public de l' « université » catholique : la Libre Pensée saisit la justice administrative toute la Région AURA. Ainsi les Fédérations de la Libre Pensée des 12 départements ont écrit une lettre commune à Mr Wauquiez pour qu'il reçoive une délégation.

En outre, en Haute-Savoie, la Libre Pensée avec le soutien des autres associations a décidé d'intenter un recours devant le Tribunal Administratif de Grenoble contre la délibération du Grand Annecy du 24 septembre 2020 qui octroie une subvention de 1,5 million d'euro à l' « université » catholique.

Annecy le 7 novembre 2020



LAICITE

Rencontre avec la municipalité de Lyon 24 septembre 2020

Une délégation de représentants de la laïcité a été reçue par la nouvelle municipalité de Lyon, jeudi 24 septembre dans les locaux de l’Hôtel de Ville.

Cette rencontre faisait suite à une demande de la fédération du Rhône de la Libre Pensée, formulée dans une lettre ouverte datée du 10 juillet largement diffusée. Cette lettre s’élevait contre la décision du nouveau maire M. Grégory Doucet de participer au « Vœu des Echevins » (sans en avoir défini la forme) et la création d’un poste d’adjoint.e délégué.e aux « cultes et spiritualités ».

La délégation était composée : de MM P. Girod, X. Hyvert et G. Champion pour la Libre Pensée, et de M. Eric Pommet représentant le Cercle Edouard Herriot. Les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Fédération des Œuvres Laïques  n’ont pas pu se rendre disponibles au moment du rendez-vous.

Noyus avons été reçus par M. Pierre-Jérôme Biscarat, chargé de mission auprès de Mme Florence Delaunay, déléguée « aux droits et égalités, à la mémoire, aux cultes et spiritualités » de la Ville de Lyon. Me Delaunay devait être présente, mais s’est excusée en raison de problèmes d’emploi du temps liés à la gestion de la pandémie.

Quelle que soit la compétence de notre interlocuteur (membre de l’exécutif), la délégation regrette de ne pas avoir rencontré directement un élu.

Non-participation de la municipalité au Vœu des Echevins :

Nous avons eu confirmation qu’aucun représentant n’a participé à la cérémonie ni n’a remis l’Ecu d’or. Si des adjoints ont assisté à la messe, c’était à titre personnel, et en aucun cas ès qualités. Ce qui est leur droit le plus absolu et ne pose aucun problème à la délégation.

M. le Maire a « entendu le message des laïques » et a déclaré qu’il ne se rendrait à aucune cérémonie religieuse au cours de son mandat, quel que soit le culte. C’est ainsi qu’il ne se rendra pas au « Pardon des Mariniers » qui est une célébration cultuelle. La subvention (importante, de l’ordre de de 10 ou 12 000 euros) allouée par l’ancienne municipalité ne sera attribuée qu’à condition de revoir le dossier sous la forme d’une « fête de quartier », la messe et le « Pardon » proprement dit restant des événements connexes qui ne seront pas financés sur fonds publics.

Cultes et spiritualités

Sur ce point (création d’un poste d’adjoint.e portant cette mention), force est de constater quela délégation n’a pas reçu d’explication. Le mot « spiritualités » (au pluriel contrairement à ce qu’on lisait sur le site municipal) ne serait qu’un équivalent de « cultes » sans portée particulière.  Le seul exemple donné a été le bouddhisme. L’intitulé choisi serait seulement la marque d’une volonté « d’ouverture » à toutes les sensibilités religieuses.

Notre commentaire : dans ces conditions, pourquoi avoir ajouté « spiritualités » à « cultes » ? Sans compter que le mot « cultes » employé seul pose lui-même le problème de la neutralité du pouvoir public. Pas de réponse.

Sur le même sujet, la délégation s’est étonnée du discours par M. Doucet tenu aux catholiques le 8 septembre,  après la cérémonie du Vœu :

« (…) Je suis venu là humblement pour rencontrer, partager, entendre, voir et écouter. Je vous remercie aussi pour l’attention que vous avez accordée à ces quelques paroles. Je sais que mon choix de vous rejoindre seulement maintenant en décontenance certains. Soyez néanmoins assuré de mon profond respect pour votre religion et votre foi et de mon total engagement pour la défense de la laïcité qui garantit à toutes et à tous la liberté de croire et de ne pas croire.

A ce propos, vous le savez, l’encyclique à laquelle je viens de faire référence s’adresse à la fois aux croyants et aux non croyants. A toutes les personnes de bonne volonté. Je ne peux que louer cet esprit d’ouverture. Qu’il nous anime les uns et les autres. Les unes et les autres. En homme de bonne volonté, permettez-moi d’avoir l’audace de penser que mes actions contribueront à la réalisation du message du Pape François. [ souligné par nous] « Au coeur du commun combat, il y a celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, mais quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».

Il est évident qu’une telle offre de service, de la part d’un élu de la République, contrevient au principe de neutralité. La municipalité peut difficilement soutenir le contraire !

Pose de la première pierre de la mosquée de Gerland

Le choix de procéder à la pose de la 1ère pierre de la future moquée de Gerland a fait couler beaucoup d’encre et a suscité de nombreuses réactions relayées dans la presse. Elle intervenait le 9, soit dès le lendemain du Vœu des Echevins. Ce télescopage de date a aussi été source d’incompréhension.  L’explication donnée est que 1°) la mairie n’a participé à aucun financement, 2°) il ne s’agissait pas d’une cérémonie religieuse et il n’y avait pas d’appel à la prière.

Autres éléments d’explication : il s’agit d’un islam « modéré », donc d’interlocuteurs dont nous avons besoin aujourd’hui. L’islam ne possède pas de « bâti » comme les cultes inscrites depuis plus longtemps dans le paysage national. Cela pose problème.

A ce sujet, la délégation a répondu que toute discussion sérieuse à ce sujet commence par le fait de ne pas verser un centime aux religions en place (et en premier à celles qui en reçoivent déjà le plus). Elle a exposé la position des associations représentées, attachées à ne dénaturer en aucun cas la loi de 1905 – ni celle de 1901 – par le traitement particulier adressé à une religion (l’islam) qui relèverait forcément d’une logique concordataire.

Rupture avec le système « Collomb-Barbarin » ?

Les atteintes graves à la laïcité ont marqué les mandatures précédentes : financement du dialogue inter-religieux (affaires Sant-Egidio, Conférence des Eglises européennes), du Musée du christianisme, aménagements du site de Fourvière pour ne citer que les plus marquantes, et tout cela …au nom du rayonnement de la ville de Lyon, du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. On a délibéré jouer sur la confusion entre cultuel et culturel, en particulier devant la justice administrative. La délégation a indiqué qu’elle serait particulièrement attentive à la politique qui serait conduite à l’avenir.

La réponse de la municipalité est d’affirmer son attachement à la laïcité et de dire : « Faites-nous confiance ». Et : « Jugez-nous sur nos actes ».

C’est bien ce que nous ferons !

La place des femmes

La nouvelle municipalité entend donner une « plus juste place aux femmes », par exemple dans le choix des noms de rue (sans aller à débaptiser des noms actuels de rues ou autres lieux publics). Elle est ouverte à toute proposition pour promouvoir  la mémoire de femmes lyonnaises remarquables, que ce soit par des conférences publiques, des rencontres ou d’autres moyens.

La délégation a avancé le nom de Marie Bonnevial, libre-penseuse qui a combattu pour l’école laïque, la République, les droits des femmes. Cette proposition nous a semblé avoir été accueillie avec intérêt.

Etienne Dolet

Affaire symbolique au plus haut point du point de la défense de la liberté de conscience : la pose d’un panneau mobile, actuellement visible au Château « Sans-Souci » du 3e arrondissement, à la mémoire d’Etienne Dolet « Martyr de la Renaissance – Héros de la liberté de penser ». Son installation n’est toujours pas pérennisée, ce qui suscite l’inquiétude de l’Association des Amis d’Etienne Dolet, dont sont membres de nombreux libres-penseurs, et présidée par M. Marcel Picquier.

L’historique de l’association a été rappelée depuis le projet de statue devant la mairie du 7e (soutenue par Herriot) jusqu’aux réalisations plus récentes. La pose du panneau actuel – réalisation pourtant modeste qui ne remplacera pas ladite statue- s’est heurtée au mauvais vouloir de la municipalité précédente, c’est le moins qu’on puisse dire.

Réponse : il n’y a pas de raison pour que ce projet ne soit pas finalisé. Un avis pleinement favorable est donné pour reconsidérer tout le dossier et parvenir à un accord, en lien avec l’association.

En guise de conclusion

Comme nous l’a répété M. Biscarat :

   « Faites-nous confiance »

  «  Jugez-nous sur nos actes »

   « le canal est ouvert » (pour une concertation sur tout sujet intéressant la laïcité et la démocratie républicaine - La mairie est d’ailleurs prête à mettre à notre disposition des salles de l’Hôtel de Ville, information que nous avons bien enregistrée !)

Bien des réponses sont positives, mais c’est exactement cela :

 

C’est sur les actes que nous jugerons !


 

Tuna Altinel

Une histoire à rallonge

ou « quand le gouvernement de M. Erdogan ne respecte pas sa propre justice ».

Tuna Altinel acquitté, mais toujours privé de passeport. Situation ubuesque. L’An II a rendu compte de cette affaire étalée sur plusieurs mois et rappelée dans le communiqué de presse reproduit ci-après. Depuis, la mobilisation se poursuit. Le 12 septembre dernier, le mathématicien turc (enseignant à Lyon I) adressait ce message à ceux qui l’ont soutenu:

« Ami-e-s solidaires, Il y a quatre mois, le 10 mai, j'ai publié un texte sur mon procès en appel, alors au point mort.

Aujourd'hui, c'est avec un sentiment de soulagement réservé que j'écris ces lignes. [souligné par nous] À l’époque la mobilisation internationale de diverses institutions dont mon université et d'organisations savantes venait de commencer, donnant lieu à l'envoi de lettres à la cour d'appel ; elle a porté ses fruits. Le pourvoi en cassation initié par le procureur a été rejeté par ladite cour, et mon acquittement est définitif depuis le 3 septembre 2020. Dans un procès à des fins politiques, les moyens du droit sont souvent insuffisants. La Turquie, comme tout pays où la justice n'est plus qu'un mot creux, regorge de tels procès. Contre ce fléau, il n'y a qu'un seul remède efficace: la solidarité des individus, des institutions sensibles à la démocratie. La conclusion du procès qui m’a été intenté en est une preuve. Je vous remercie. Mais l’acquittement au procès pénal ne met pas fin à cette séquestration dans mon propre pays qui a débuté le 12 avril 2019 par la confiscation de mon passeport à mon arrivée en Turquie. Ce passeport attend de m'être restitué. Suite au refus en septembre 2019 par la préfecture de Balıkesir de me le rendre, avec mon avocate Meriç Eyüboğlu nous avions entamé une procédure administrative. Celle-ci s'est terminée fin juillet 2020 par un rejet de notre demande malgré mon acquittement confirmé par la cour d'appel non encore définitif à l'époque. Aujourd'hui, l'acquittement étant devenu définitif, mon avocate conteste ce rejet. Elle a aussi renouvelé la demande de restitution auprès de la préfecture de Balıkesir. (…)

 Je continuerai à dénoncer le consulat de Turquie de Lyon, qui, au lieu de servir ses citoyens, les espionne, les calomnie et s'acharne sur des associations légales en les qualifiant de ramifications d'organisations terroristes. Ami-e-s solidaires, restons uni-e-s pour la défense de la démocratie, valeur fondamentale de l'humanité. »

Communiqué de presse                                                        Lyon le 13 octobre 2020

 

TURQUIE : LA « JUSTICE » DU DICTATEUR S’ACHARNE !

 

Tuna Altinel est maitre de conférence à l’Université Lyon1 depuis plus de 20 ans.

Le 12 mai 2019, Tuna a été emprisonné en Turquie. Il est resté 81 jours en prison. Son« crime » ? Avoir signé une pétition d’Universitaires pour la Paix et avoir participé(comme interprète) le 21 février 2019 à une réunion publique à Villeurbanne dénonçant les crimes commis par l’armée turque dans la ville kurde de Cizre.

En janvier 2020, un tribunal l’acquittait de ces accusations. Malgré un appel de procureur, l’acquittement était confirmé le 3 septembre 2020.Tuna était donc libre, mais… les autorités turques refusaient de lui rendre son passeport, l’empêchant ainsi de rentrer en France et de reprendre son travail à l’Université où il est attendu depuis plus d’un an.

Tuna et son avocate ont donc entrepris les démarches nécessaires au recouvrement de ce passeport.

Or nous apprenons ce 13 octobre que les autorités turques (bureau des passeports de Balikesir) en refusent la restitution, sans aucunement justifier cette décision, en ces termes : « Veuillez être informé que votre requête vient d’être refusée par la Commission chargée des décisions administratives de la police locale de Balikesir et que par conséquent votre passeport demeurera en état de rétention » !

C’est donc l’arbitraire le plus absolu qui régit en Turquie une prétendue justice au service du dictateur Erdoğan et de son projet de rétablissement de l’Empire ottoman où il se voit en commandeur des croyants !

Cet arbitraire est inadmissible, comme le sont les atteintes continues aux droits humains, à la démocratie et à la paix dans la région.

Nous exigeons la restitution immédiate de son passeport à Tuna !

Nous demandons avec force aux autorités françaises, à tous les niveaux, de s’impliquer pour qu’aboutisse la demande de Tuna de restitution de son passeport, afin qu’il puisse revenir en France et reprendre son activité professionnelle en citoyen libre !

Comité Lyonnais pour la Libération de Tuna Altinel           Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Signataires : Amitiés Kurdes de Lyon Rhône Alpes, Association France Kurdistan du Rhône,Comité universitaire de soutien à Tuna Altinel, Comités génération-s de la métropole de Lyon,Ensemble ! Rhône, Europe Écologie Les Verts du Rhône, France Insoumise-Rhône, Ligue desdroits de l’homme-Fédération du Rhône Rhône, Libre Pensée du Rhône, Nouveau partiAnticapitaliste du Rhône, Parti Communiste Français du Rhône, Parti de Gauche- Rhône, Partisocialiste du Rhône et de la Métropole de Lyon, Union départementale CGT 69, Confédérationnationale du travail Rhône, Fédération Syndicale Unifiée du Rhône, Presse fédéraliste, Union desfédéralistes européens Auvergne Rhône Alpes, Union Syndicale Solidaire du Rhône.

 

Libres propos, libres pensées

Voulez-vous vraiment du communautarisme anglo-saxon ?

 

 

Une fois de plus un mode de pensée anglo-saxon s'impose insidieusement à nous : faisant suite au mouvement Black Lives Matter et à l'assassinat de George Floyd perpétré en public et de pur sang-froid par un policier américain, d'innombrables citoyens français (et de totale bonne foi !) se prennent de passion et manifestent pour "les droits des communautés opprimées".

Mais de quoi parle-t-on ? Le monde anglo-saxon est une vaste constellation de communautés bien distinctes qui ne se mélangent jamais, ou très peu. Depuis toujours, le séparatisme ethnico-racial y est de règle et même quasi institutionnel : la paix civile ne serait garantie que par le "chacun-chez-soi". Voire ! De leur côté, les français sont des champions avérés en termes d'intégration par mariages interraciaux ou interreligieux. À l'inverse des anglo-saxons, le communautarisme clôturé et isolationniste a chez nous plutôt mauvaise presse.

Pourquoi ? Sauf erreur, depuis 1789 la République française n'a reconnu de droits qu'aux individus qui la composent et qui sont réputés être tous égaux même si, hélas ! c'est bien loin d'être le cas dans la réalité quotidienne et si le racisme, phénomène hélas universel, est souvent prégnant ou sous-jacent. Mais alors, travaillons-y !

Tous les citoyens ayant les mêmes droits, (et les mêmes devoirs…), des droits associatifs existent pourtant (partis, syndicats, associations…) MAIS :

"le droit français s’attache à les traiter comme des droits individuels regroupés et non comme des droits reconnus à des groupes en tant que tels, ce qui signifie en particulier que l’affiliation et la désaffiliation sont libres." (Prof. P-H Prélot)

Un état plutôt flou de "minorité", même opprimée, ne soude les individus concernés que par des liens non officiels, informels, affectifs, des opinions, des croyances et ne lui confère légalement, (malgré de nombreuses entorses à la loi dans les faits) ni droit, ni privilège spécial. Seuls comptent en France les droits des individus qui la composent.

Car reconnaître comme on tente de nous y amener "pour les défendre", des droits communautaires, c'est prétendre créer des niches légalement inédites et des statuts distincts appropriés, c'est préparer la balkanisation (ou libanisation) mentale de la France en factions divisées et hostiles : c'est donc donner à des regroupements minoritaires de citoyens des droits spéciaux, parallèles et différents du citoyen lambda, qu'il soit communautarisé ou non.

Car chez nous, et même si elle est très imparfaite, la seule "communauté" reconnue légalement et politiquement est la communauté nationale, dont la Constitution dit qu'elle est une République laïque, démocratique, sociale et indivisible et précise que "la langue de la République est le français", ce qui n'interdit à personne d'apprendre et utiliser une langue, dialecte ou patois régional à son gré, ni de vénérer (ou non) librement le/s dieu/x de son choix, ceci étant garanti à tous par nos lois.

Constitutionnellement, c'est une entité juridique créant un peuple d'égaux, transcendant toute autre communauté, où tous les citoyens sont tributaires des mêmes lois, communes à tous.

Ce n'est donc surtout pas encourager ceux-ci à se reconnaître d'abord dans une communauté raciale, religieuse, linguistique, régionale, sexuelle, etc. réclamant pour elle un statut légal spécial, et surtout les inciter à se référer aux instructions et exhortations de leaders charismatiques bien souvent autoproclamés… et même parfois inquiétants.

Et surtout, qu'en est-il de celles ou ceux qui aimeraient échapper à l'emprise d'une communauté par trop invasive, trop archaïque, trop sexiste, trop pesante, trop rigoriste, trop bornée ? : les vouer à être jugés par des tribunaux ethnico-religieux comme au Royaume Uni ou au Canada ?

Car ce n'est en fait que la stratégie hasardeuse, et pas toujours heureuse, qui fut utilisée par les anglo-saxons dans leurs anciennes colonies : reconnaître, favoriser, prébender des chefs religieux ou ethniques pour les aider à maintenir leurs populations dans la sujétion.

Mais c'est surtout faire le jeu de ceux qui veulent "cloisonner pour mieux régner". Antique tactique !

La modeste ambition de la plupart de ceux qui sont exploités, maltraités, méprisés, montrés du doigt n'est-elle pas plutôt de devenir invisibles et se fondre sans bruit ni vagues dans la population (mais est-ce le but des leaders communautaires ?) et non d'arborer avec défi une identité schismatique entretenant un sentiment d'infériorité opprimée (ou de supériorité !) par rapport à la société ambiante ?

Statistiques ethniques.

Dans la foulée de l'émotion légitime issue d'un problème qui n'est pas le nôtre et "afin de mieux appréhender et résoudre les difficultés des gens", certains, qui osent même se proclamer "de gauche" (donc supposément universalistes !), réclament des statistiques ethniques par lesquelles chacun dans les futurs recensements devrait "s'auto-définir" en fonction de son "ressenti personnel". Bonne idée ?

Sous de fallacieux prétextes, faut-il fixer en stats un "ressenti" qui pourrait n'être que ponctuel ?

Afin d'alimenter de très problématiques bases de données ethniques, chacun devrait donc lui-même se définir : blanc ("caucasien", à la mode US ?) Noir, métis, juif, arabe, sikh, parsi, pastafarien, etc.,

…le tout sommeillant sagement dans des fichiers ?

C'est donner un aspect visible à ce qui ne doit pas l'être : attacher à chacun une identité ressentie "à part" qui ne doit jamais être institutionnalisée.

Je connais en Afrique le cas d'un couple de cadres aisés dont le mari, brillant professionnel, métis de mère anglaise, belles études supérieures en GB, est camerounais (quid de l'ethnie locale et religion ?) et britannique et son épouse est germano-tunisienne (idem). Ils ont un enfant né, élevé en Côte d'Ivoire francophone, déclaré britannique et allemand.

Réduire en statistiques "ethniques" des données intimes aussi disparates ? Ce n'est pas sérieux !

Mais surtout : quel en est l'intérêt ?

Gardons-nous des généralisations hasardeuses : d'où qu'il vienne, un individu est le produit involontaire et unique d'une époque, d'un milieu social, d'une langue, d'une culture et d'une éducation, mais il est avant tout ce qu'il devient : parfois le meilleur, et parfois le pire.

Et qu'en est-il des fratries qui peuvent se définir différemment ? J'ai connu un yougoslave qui me disait qu'il se sentait serbe et son frère croate (ou l'inverse, j'ai oublié) de par les origines respectives de leurs parents à une époque où ces deux parties d'une même nation encore unifiée s'affrontaient dans la violence et la haine, bien encouragées par des puissances extérieures "bienveillantes" pour finir par l'éclatement du pays dans un bain de sang,

Certains pays africains se déchirent à cause de la mise en demeure faite à certains citoyens légaux de prouver leur vraie "ivoirité" ou "gabonité", etc.

Ceci n'est que la tentative d'écarter et rejeter ces citoyens jugés illégitimes par une ascendance "douteuse" ou par l'instrumentalisation d'autres ferments de division de la société par des politiciens intéressés (de tous bords) jouant la carte ethnico-politico-religieuse pour avancer leurs pions électoraux, sans se soucier des conséquences.

Ne mettons jamais les doigts dans ces engrenages infernaux à présentation prétendument vertueuse visant à dissocier artificiellement, durablement et dangereusement les peuples au profit de manipulateurs patentés qui cherchent leur avantage dans de fictives divisions, exacerbées et cultivées, parfois sous le couvert apparent mais fallacieux d'une "laïcité" sélective et à sens unique.

La laïcité n'a pas pour finalité d'exclure mais d'inclure, d'intégrer, d'émanciper l'individu et elle ne doit surtout pas être instrumentalisée à des fins purement partisanes ou communautaires.

Pour TOUS ses citoyens, un État (tout comme ses agents) se doit d'être, sans faux-semblant, totalement neutre, impartial et laïque, face à l'immense diversité concrète de sa population.

Et surtout, ne nous laissons pas entraîner dans les dérives et le grave délabrement social et sociétal de l'Empire américain and Co, difficultés souvent le résultat fatal d'une communautarisation excessive. Gardons-nous-en bien et ne les imitons surtout pas.

RJ

 

GRACE A DIEU, de François Ozon

Par le THEATRE PARTS CŒUR-CAS de Lyon, en coproduction avec les compagnies amateurs DEMENINGEURS-ENTRE’AXES-HARMATTAN

Spectacle « Grâce à Dieu » : à venir, du 19 au 23 janvier 2020. Détails dans le prochain An II

L’AN II : Gilles, tu fais du théâtre et montes « GRACE A DIEU », un acte militant ?

Gilles Champion : L'art vivant est déjà en soi un acte de résistance à la médiocrité et à la pression inouïe des médias capitalistes, divertissements compris. C'est encore plus vrai pour « GRACE A DIEU » qui « colle » totalement à la résistance des protagonistes de l'association qui a porté plainte. Dans  le contexte anxiogène lié à la crise COVID et à sa gestion calamiteuse pour la Culture par ce gouvernement, c'est 1000 fois plus vrai et chaque spectateur, même masqué, est un « résistant » de la vie tout court.

L’An II : Penses-tu que nous en ayons fini avec la pédophilie dans l'Eglise ?

Gilles : Comme toute la Libre Pensée, on suit la commission Sauvé, qui dit faire ce qu'elle peut pour éradiquer ces crimes, le processus ira-t-il à son terme ? Ou cela est- il consubstantiel à l'Eglise catholique ? Je ne sais pas répondre mais le maintien du dogme du célibat des prêtres ne peut que maintenir cet état de frustration.

L’AN II : Le spectacle est-il fidèle au film ?

Gilles : Totalement, à la différence que les images de scouts ont été remplacées par deux jeunes qui vont faire des interventions de danse hip hop, break danse, pour exprimer la révolte des corps et des esprits des jeunes

L’An II : Et tu joues ?

Gilles : Ou et j'assume de faire le Barbarin, que d'aucun appelait à Rome Mgr Tartarin !   Un comédien n'a pas d'état d'âme ! (d'ailleurs, les comédiens ne sont-ils pas plus ou moins des barbares depuis Molière victime de la cabale des dévots ?)     

 

2020 08 ECHO DES BENITIERS

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ÉCHOS des BÉNITIERS

La Femme est l’avenir du Fils de l’Homme

Depuis ce 22 juillet, Sylvaine Landrivon est la nouvelle candidate au poste d’archevêque de la capitale des Gaules. Avec elle, le collectif « Toutes apôtres » a proposé la candidature de sept femmes à des fonctions réservées aux hommes : évêque, nonce, curé, diacre ou prédicatrice laïque.

Sylvaine Landrivon, titulaire d’un doctorat en théologie, rappelle que les premiers évêques n’étaient pas prêtres. Elle non plus, et pour cause. En plus, la maline est divorcée-remariée. Jésus Marie Joseph !

Cette candidature est donc la 2ème après celle de la théologienne Anne Soupa annoncée le 25 juin. Plus de 5 600 personnes avaient signé la pétition de soutien à cette démarche. Parmi les signataires, des catholiques souvent identifiés au courant progressiste, mais aussi des personnalités du monde politique ou médiatique, comme l’écologiste Cécile Duflot.

Était-ce bien le moment ?

Pendant le confinement du printemps 2020, les églises ont été confinées. À Lourdes, les marchands du Temple on a fermé boutique (c’est le cas de le dire). À la reprise il a fallu désinfecter, distancier, sécuriser. Prendre des précautions avec les hosties, le corps du Christ lui-même étant potentiellement pathogène. À Lyon Marie n’a pas fait de miracle. Triste bilan. Échec de la toute-puissance divine.

C’est pourtant début juin que le Vatican a attribué une guérison miraculeuse à Pauline Jaricot (1799-1862). La religieuse lyonnaise peut être proclamée « bienheureuse ».

Les faits : en 2012, une petite Lyonnaise de trois ans avale une saucisse apéritive.  Elle manque de s’étouffer et sombre dans le coma. Grâce au Ciel et au service de réanimation, elle guérit. Au bout d’un an, elle a récupéré. Aux quatre coins du monde, on avait prié Pauline Jaricot d’agir pour la fillette.

Alors, n’aurait-on pas dû mobiliser davantage Pauline Jaricot pendant la crise du coronavirus ?

Nous poserons la question au professeur Raoult.

 

Jésus-Christ reprend des couleurs

L’évêque de Cantorbéry Justin Welby, chef de l’Église d’Angleterre (26 millions de fidèles dans plus de 165 pays) estime que les institutions religieuses devraient reconsidérer les représentations de Jésus en homme blanc.

Sur la BBC Radio 4, il a déclaré que l’Église anglicane et les autres institutions religieuses du monde devraient cesser de montrer un Jésus blanc. Il a observé au cours de ses voyages d’autres représentations. « Vous voyez Jésus dépeint de tant de façons qu'il y a de cultures, de langues et de compréhensions (…) Vous ne voyez pas un Jésus blanc. Vous voyez un Jésus noir ou un Jésus chinois ou un Jésus du Moyen-Orient, qui est le plus juste. » D’accord, mais dans ce cas : juif ou palestinien ?

 

Black Power

Un Jésus noir, pourquoi pas ? La preuve en Afrique : « Le Burundi est une exception parmi d’autres nations, a déclaré le porte-parole de la présidence, car c’est un pays qui a donné à Dieu la première place, un Dieu qui le garde et le protège de tout malheur. »

 

Au revoir les enfants !

Georg Ratzinger, aîné de Benoît XVI, est décédé en Bavière à l'âge de 96 ans, deux semaines après une visite de son pape émérite de frère. Les deux hommes, ordonnés prêtres le même jour en juin 1951, étaient très proches. Ils partageaient l’amour de la musique.

Georg Ratzinger avait suivi une formation poussée en composition et en direction musicale.

De 1964 à 1994, il avait dirigé le chœur catholique des petits chanteurs de Ratisbonne, et s’était retrouvé au centre d'une enquête pour avoir potentiellement abrité maltraitances physiques et agressions sexuelles. Mais il avait assuré n'avoir pas eu connaissance de sévices parmi les enfants.

Frère d’un pape ! On pouvait lui donner le bon Dieu sans confession.

Allah et le coronavirus

Une étudiante de 26 ans, Emna Chargui, a été condamnée le 14 juillet 2020 à Tunis pour « atteinte au sacré ». Verdict : 6 mois de prison ferme et 2000 dinars d’amende (environ 620 euros). Motif : le 4 mai, pendant le confinement lié au Covid-19, elle avait partagé sur son compte Facebook un texte humoristique intitulé « Sourate Corona », parodiant une sourate du Coran et reprenant sa mise en page.

Elle a été menacée sur les réseaux sociaux et fort logiquement, la justice lui a reproché une « incitation à la haine entre les genres, les religions ou les populations ».

À l’origine, le pastiche avait été écrit par un internaute athée algérien vivant en France. 

« Il n'y a pas de différence entre rois et esclaves, suivez la science et laissez les traditions », pouvait-on lire dans le texte présenté comme une page du Coran.

 

"Incitation à la haine entre les religions"

La réaction des autorités n’a pas traîné. Le parquet a immédiatement ouvert une enquête.

Et dès le 5 mai, la jeune femme a été convoquée par la police. Le lendemain, elle a été entendue dans le bureau du procureur par sept enquêteurs, selon l’ONG Human Rights Watch. L’un d’entre eux lui aurait expliqué « qu’il n’y a pas de liberté d’expression quand on touche à la religion ». Résultat : elle est poursuivie pour « atteinte au sacré », « atteinte aux bonnes mœurs et incitation à la violence ».

La justice s’est basée sur l’article 6 de la Constitution selon lequel « l'État s’engage à (…) protéger le sacré et empêcher qu’on y porte atteinte ». En même temps, il est dit que « l'État protège la religion, garantit la liberté de croyance, de conscience ». Si vous y comprenez quelque chose, écrivez-nous.

Le sabre contre le goupillon

Cela arrive. L'abbé Philippe de Maistre, curé de la paroisse Saint-André-de-l'Europe, à Paris VIIIe, diffusait sur les réseaux sociaux la messe dominicale pour ses paroissiens privés de messe depuis le début du confinement. Le19 avril, en pleine célébration, le curé a vu des policiers faire irruption dans son église pour interrompre la cérémonie.

« Nous étions sept personnes : moi-même, un servant, un chantre, un organiste, et trois paroissiens pour donner la réplique et faire les lectures. Au milieu de la messe, trois policiers armés ont pénétré dans l’église, raconte le père de Maistre. Or, l’autorité de police dans une église, c’est le curé ! À part les pompiers, la police ne peut entrer, tant qu'elle n'est pas appelée par le curé. »

S’il faut maintenant protéger les prêtres des violences policières, juste ciel, où va-t-on ?

 

Don du Ciel

« Loué sois-Tu, ô Seigneur, pour fratello Coronavirus, qui nous a réappris l’humilité, la valeur de la vie et la communion. » C’est la prière adressée par des religieuses de Milan sur le modèle d’un cantique de saint François d’Assise et relayé par les congrégations salésiennes.

 

Vache qui pisse

À New Delhi aussi, on a le sens du sacré. Des fanatiques hindous se sont rassemblés pour boire à grandes lampées de l’urine de vache. Souverain remède contre la pandémie.

 

Armageddon

En Israël, chez les juifs orthodoxes, on a le sens des priorités : « Sans les enfants qui étudient la Bible, le monde ne survivra pas, et ce danger est plus grand que le coronavirus. »

 

 

AN II AOUT 2020

Remarques grammaticales

Commençons par ouvrir le Littré :

SPIRITUALITÉ

 1°  Terme de métaphysique. Qualité de ce qui est esprit.

 2°  Terme de vie dévote. Tout ce qui a rapport aux exercices intérieurs d'une âme dégagée des sens, qui ne cherche qu'à se perfectionner aux yeux de Dieu.

 3°  En général, caractère de ce qui est dégagé de la matière et des sens.

La nouvelle municipalité de Lyon s’occupe-t-elle de métaphysique, de dévotion, ou des choses invisibles de l’Esprit ? Nous sommes d’autant plus perplexes que la nouvelle adjointe est présentée par ces mots  sur le site officiel de la mairie: « Florence Delaunay – Droits et égalités, mémoire, culte et spiritualité ». Spiritualité au singulier, « culte » également  – et « égalités » au pluriel alors que la presse a partout noté : « adjointe aux Spiritualités » … au pluriel et invariablement avec une majuscule !

Si ces choix orthographiques ne sont pas une étourderie, cela signifie :

1°  que Mme Delaunay – sur laquelle nous nous garderons de porter un jugement personnel à cette étape – n’est pas garante du principe d’égalité des droits, mais « des égalités ». Et les égalités ne sont pas un principe.

2e qu’elle est chargée « du culte ». Lequel ? Celui de l’Etre suprême ? Celui qu’on appelait à Lugdunum le culte des trois Gaules ? S’il avait été question « des cultes », nous n’aurions pas été d’accord, mais nous aurions compris : parce que c’est ce qui commence à se faire partout.

3° qu’elle est en charge de la spiritualité municipale, dont elle s’occupe peut-être depuis un Bureau immatériel. Difficile à dire. Et si elle est en charge DES Spiritualités, que faut-il comprendre ? Il ne s’agirait pas des Cultes, ce mot ayant déjà été employé. Alors, de qui ? de quoi ?

Et bien, chers adhérents, chers sympathisants de la Fédération du Rhône : de vous, par exemple ! La Libre Pensée avait bien été conviée à une rencontre élyséenne censée consacrer la « convergence des spiritualités » pour faire face à la crise du coronavirus. D’autres associations n’avaient pas eu cet honneur. Nous avons décliné l’invitation, et nous l’avons fait savoir.

La Fédération du Rhône ne s’occupe pas de la spiritualité de ses adhérents (qui sont pourtant tous très spirituels, sans aucun doute). Défendre la liberté de conscience nous suffit. Et avec elle, sans même parler de l’école républicaine, des services publics, des libertés démocratiques : la loi de 1905 qui la garantit !           P.G.                     

Remarque : nous reproduisons ci-après le texte adopté comme synthèse de l’assemblée préparatoire au congrès national. A cette date, la nomination d’une adjointe à la « spiritualité » n’était pas connue.

Depuis, nous avons appris qu’à Bron (ou a été créé un poste « cultes »), les élus d’opposition ont apostrophé le nouveau maire : « Depuis quand les cultes relèvent-ils des compétences du maire ? Votre seule compétence se limite à l’entretien du bâti des édifices religieux construits avant la loi de 1905 […] Les croyances et les pratiques religieuses relèvent de la sphère privée, et vous, premier magistrat de l’Etat républicain laïc, les intégrez à la fonction d’élu de la République. »

Une question a été posée au sénat par M. Pierre Ouzoulias au ministre de l’intérieur, sur le fait d’avoir confié à des adjoints élus une délégation de fonction pour exercer une attribution relative à »un culte » ou à « des cultes ». Nous ne connaissons pas la réponse.

 

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Contribution du Rhône au congrès 2020

L’AG de la Fédération du Rhône préparatoire au congrès de FNLP s’est tenue en visio-conférence vendredi 26 juin, avec un prolongement en « présentiel » vendredi 10 juillet.

L’assemblée a adopté l’ensemble des rapports à l’unanimité, ainsi que les candidatures aux différentes instances nationales.   Elle a considéré l’ensemble comme un tout destiné, pour l’ensemble de la Fédération nationale, à gagner en efficacité et à jouer tout son rôle à l’avant-garde du mouvement laïque.  Nous sommes en effet à un moment où « mécaniquement » les atteintes à la liberté de conscience et plus généralement aux libertés publiques vont continuer à se multiplier. Il ne saurait en être autrement dans un monde où la crise sociale s’étend, en France et sur tous les continents.

La liberté de conscience, c’est d’abord la loi de 1905. Sur le terrain de la défense de la loi, dans la perspective d’une manifestation nationale, notre fédération du Rhône a pris ses responsabilités et a apporté sa pierre à l’unité des laïques et de leurs organisations. Nous devons continuer dans cette direction, en saisissant toutes les opportunités pour rassembler les laïques.

Ainsi, l’AG a décidé de s’adresser au nouveau maire de Lyon et au nouveau président de la Métropole pour leur dire : « Ne participez pas au Vœu des Echevins ! » Cette tradition cléricale organisée chaque 8 septembre n’est en aucun cas une tradition républicaine. Or c’est tout le système Collomb – Barbarin qui a été « dégagé » au 2d tour des municipales. Que feront les élus écologistes ? Nous n’allons pas tarder à le savoir, et s’il le faut, organiser la mobilisation contre la soumission des élus à l’archevêché. Cette bataille doit se mener en mettant au cœur la défense de la loi de 1905.

Pour notre fédération, une autre opportunité existe pour défendre conjointement liberté de conscience et Séparation, autour de la fresque Dolet installée dans une salle municipale. Son « vernissage » doit être l’occasion de gagner un peu d’espace dans notre communication publique.

Les différents rapports ont été adoptés. Cela ne signifie qu’il n’y a pas eu controverse.

En particulier la formulation utilisée dans le rapport d’orientation à propos de la décroissance a semblé malheureuse à beaucoup d’entre nous et a provoqué des avis divergents. 

Il y est écrit que nous devons « faire de la question de la lutte contre la décroissance, conception réactionnaire et rétrograde, notre cheval de bataille. »

Si le but est de dénoncer une doctrine venant de milieux très ciblés et visant à replâtrer le système par un plan de régression sociale, nous en sommes d’accord : « Il n’y a pas de capitalisme vert ».

On peut partager l’affirmation du camarade Alexandre Lucrèce dans l’Idée libre n° 327 : « L’écologisme est une orientation qui s’est infiltrée partout, des sommets de l’Etat jusque dans les syndicats. Il ne s’agit en rien de sciences, mais d’une campagne savamment orchestrée par la réaction face à ce vieux monde qui s’effondre et aux peuples qui cherchent à en finir avec le capitalisme. » Sans doute, mais il s’agira de démontrer, pas d’affirmer. Et, c’est bien parce qu’il convient de rester sur le terrain de l’argumentation et pas de la simple condamnation, qui serait l’exact contraire de notre méthode qu’il est dit avec justesse dit au paragraphe précédent : « Défendre la raison, c’est refuser les préétablis, où le concept précède la preuve. C’est l’application du principe de liberté́ de conscience rapporté à la recherche scientifique » ? Dans aucun domaine ne soyons doctrinaires. On peut très bien concevoir que, dans la jeunesse en particulier, l’idée de décroissance soit assimilée à une forme d’anti-capitalisme. La croissance n’est-elle pas un indicateur de l’économie de marché ? Une République sociale doit être fondée sur d’autres principes : l’égalité en droit, la satisfaction des besoins, la hausse du pouvoir d’achat, l’équité dans la distribution des richesses créées par le travail, sans oublier bien entendu la liberté de conscience ni les libertés fondamentales. D’autre part la jeunesse est sensible aux questions environnementales, non sans raison.

Et la jeunesse, plus que jamais, est un enjeu. La génération nouvelle se trouve dans une situation désastreuse. La fédération du Rhône a tenu sa place dans le début de bataille contre le SNU, dont la mise en œuvre va monter en puissance. Comme la réforme des retraites et tant d’autres, sa mise en place a été interrompue par la pandémie, mais nullement abandonnée. La précarité va gagner du terrain. Et l’école est l’objet d’une entreprise de destruction/ privatisation d’une ampleur inégalée, livrée aux appétits des officines privées et aux enjeux territoriaux. Le baccalauréat national et anonyme a vécu. Tous ces aspects devront être pris en compte dans l’activité de la FNLP et dans celle du Rhône. Nous devons nous disposer pour préparer le congrès de l’AILP à Madrid dont la réussite aidera à rassembler le mouvement laïque en défense de la loi de 1905.

 

Paris, Lyon, Strasbourg : A propos des cultes et des spiritualités : Comme un petit air de macronisme concordataire !

Les élections municipales viennent d’avoir lieu, avec en métropole, un taux d’abstentions record. La République en Marche a subi un revers cinglant et pourtant… Il semble que les anciens et nouveaux Élus empruntent largement à l’arsenal du macronisme.

Pendant la crise aiguë du Covid19Emmanuel Macron a tenté de réaliser une union sacrée autour de sa personne sur le thème de « la convergence des spiritualités ». La Fédération nationale de la Libre Pensée a refusé de participer à cette mascarade néo-concordataire, qui a été un échec réel.

Et pourtant…. L’Esprit semble souffler où il veut !

On connaît la définition théologique du « Saint-Esprit »  par Blaise Pascal : sa circonférence est nulle part, son noyau est partout, l’Esprit souffle où il veut. Il semble donc que le Saint-Esprit a soufflé à la mairie de Paris, de Strasbourg et aussi de Lyon.

Ainsi à Lyon, la nouvelle municipalité « verte-gauche» a nommé une adjointe chargée, entre autres choses, de « Droits et égalités, mémoire, culte et spiritualité ».

Ainsi à Paris, l’ancienne et nouvelle municipalité « socialiste-gauche-écologiste » a nommé une adjointe « en charge du patrimoine, de l’histoire de Paris et des relations avec les cultes ».

Ainsi à Strasbourg, la nouvelle municipalité « verte » a nommé une adjointe en charge de « la Tranquillité publique, police municipale, prévention, médiation, gestion des crises, aide aux victimes, relation avec les cultes ». Cette mission n’existait pas auparavant et n’est donc pas le produit du statut d’exception cléricale d’Alsace-Moselle.

Et au même moment, le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en sortant d’une synagogue, se présente comme « Le ministre des Cultes », poste qui a été supprimé depuis l’adoption de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat. Même Pétain n’avait pas osé entre 1940 et 1944.

Et pourtant Gérald Darmanin ose, il parait que c’est même à cela qu’on le reconnaît. Sur le site du ministère de l’Intérieur, il peut s’appuyer sur cette curieuse définition qui date de 2016 (sous François Hollande donc), on peut lire :

Le ministère de l’Intérieur, ministère des cultes

« Le Bureau central des cultes est chargé des relations avec les autorités représentatives des religions présentes en France et de l’application de la loi de 1905 en matière de police des cultes.

L’Etat, depuis la loi de 1905, ne reconnaît aucun culte mais il n’en ignore plus aucun. La non-reconnaissance des cultes ne signifie pas que l’Etat cesse d’entretenir des relations avec les institutions religieuses. L’article 4 de la loi de 1905 prévoit que l’Etat prend en compte l’organisation interne de chacun des cultes dans la mesure où cette organisation n’entre pas en contradiction avec les règles républicaines.

C’est le ministère de l’Intérieur qui est en charge des cultes. Au sein de la sous-direction des libertés publiques, le Bureau central des cultes est chargé des relations avec les autorités représentatives des religions présentes en France et de l’application de la loi de 1905 en matière de police des cultes.

En ne reconnaissant aucun culte, l’Etat traite, en principe, toutes les confessions religieuses de façon égale. L’Etat est neutre vis-à-vis de tous les cultes et aucun texte ne définit ce qu’est une religion ou ce qu’est une secte. »

Chacun pourra apprécier la formule « en principe ». En pratique, Lionel Jospin quand il était Premier ministre avait mis en place une instance de dialogue permanent avec l’épiscopat catholique (cela dure toujours). Les autres cultes n’avaient pas eu la même faveur.
Comme tous les antilaïques, le ministère de l’Intérieur joue sur les mots « reconnaître » et « connaître » pour abuser le chaland. « Reconnaître », c’est ouvrir des droits, comme pour un enfant. « Connaître » relève de la civilité. Si la consonance des mots est proche, le contenu est totalement différent.

La Libre Pensée alerte les militants laïques

Tout ceci ne peut être le produit du hasard. Sous couvert de « spiritualités », on est en train de nous concocter un nouveau concordat « néo-spirituel », qui risque de n’être guère réjouissant pour la laïcité de l’Ecole et de l’Etat.

 

La LAÏCITÉ en ehpad

                           QUESTIONS DE LAÏCITÉ EN EHPAD (1)

 

Quelle est la situation en EHPAD des personnes hébergées, des personnels, des visiteurs, des bénévoles, des dirigeants, au regard de la Laïcité, c’est-à-dire de la liberté de conscience ?

 

La crise sanitaire, a été une occasion saisie pour remettre en cause la laïcité et la liberté de conscience à l’hôpital et en EHPAD.

 

Nous l’avons constaté dans l’article publié dans le numéro 179, traitant des dispositions relatives aux aumôneries, applicables aux établissements d’hospitalisation et d'hébergement.

 

Cet article a pour but de rappeler les dispositions applicables au sein des EHPAD.

Il n’abordera pas les questions liées à la fin de vie. Il ne traitera pas non plus de la règlementation hospitalière. Autant de questions qui pourront faire l’objet d’autres articles.

La liberté de conscience en EHPAD

Les EHPAD publics et privés sont régis par le Code de l'Action Sociale et des Familles.

Ils constituent la 6° catégories d'établissements mentionnée à l'article L. 312-1 dudit code.

 

CASF Version en vigueur au 19 avril 2020 (Article L312-1) :

« I. Sont des établissements et services sociaux et médico-sociaux, au sens du présent code, les établissements et les services, dotés ou non d'une personnalité morale propre, énumérés ci-après : … 6° Les établissements et les services qui accueillent des personnes âgées ou qui leur apportent à domicile une assistance dans les actes quotidiens de la vie, des prestation s de soins ou une aide à l'insertion sociale. »

Ce même code précise dans son

Article L311-1 : « L'action sociale et médico-sociale, au sens du présent code, s'inscrit dans les missions d'intérêt général et d'utilité sociale suivantes. … . »

Il n’est pas question ici de service public, ni même de missions de service public.

Les tableaux ci-dessous donnent un aperçu des etablissements et services PRENANT EN charges des personnes âgées en France.

 

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Le Monde – Les décodeursEHPAD : état des lieux de l’accueil des personnes âgées sur le territoire Par Mathilde Damgé Publié le 30 janvier 2018 à 17h07 - Mis à jour le 09 mai 2018 à 12h26

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En général, les EHPAD sont dotés de la personnalité morale (2) ; parfois publics, ils sont dans leur majorité privés. Un EHPAD peut ne pas avoir de personnalité morale et être annexé à un hôpital public (un Etablissement Public de Santé : EPS) ou être un service municipal (par exemple géré par un CCAS)

 

  • Les personnes hébergées

 

Il convient de le réaffirmer : quelle que soit la nature juridique de l'EHPAD, les personnes qui y sont admises disposent de l'intégralité des droits et libertés fondamentales (sous réserve d’une mesure de protection juridique), conformément à l'article L. 311-3 du CASF (3) qui garantit notamment le respect de leur vie privée.

Le citoyen n’est pas tenu à un principe de neutralité et l’usager non plus

 

Les résidents peuvent manifester leur appartenance religieuse dans le cadre entièrement privatif de leur chambre mais aussi dans celui des parties communes, de même que chacun est libre de le faire dans le hall de son immeuble. Ils ont la liberté de recevoir et donc de ne pas recevoir un ministre du culte de leur choix ou à se rendre à un office religieux. Chaque résident devant donc respecter les droits et libertés des autres résidents.

Ne serait-il pas erroné de soutenir que les EHPAD sont astreints à une obligation de neutralité dans leurs parties communes ? C'est la conséquence de la liberté de conscience :

Loi de 1905 - Article premier : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. ».

Des personnes croyantes doivent pouvoir trouver un refuge dans leur vieillesse tout en bénéficiant de l'aide sociale qui leur est accordée (et non à l'établissement) ; des non-croyants doivent pouvoir aussi trouver refuge dans une maison de retraite.

  • Les visiteurs

Le citoyen n’est pas tenu à un principe de neutralité, le visiteur est un citoyen en visite. Seuls les représentants de l’Etat, les fonctionnaires et collaborateurs du Service public ainsi que les salariés d’une entreprise ou d’une association dotée d’une mission de service public y sont contraints. Le visiteur entrant dans une EHPAD devra

Donc respecter les droits et libertés fondamentaux des autres résidents.

  • Qu’en est-il des gestionnaires et des personnels des EHPAD ?

 

  • - Lorsqu'ils travaillent dans un EHPAD public : les uns, comme les autres sont astreints à une neutralité absolue puisque relevant du statut de la fonction publique hospitalière ou de la fonction publique territoriale ou bien encore d'employés contractuels d’un établissement public.
  • - Lorsqu’il s'agit d‘un établissement privé la réponse mérite analyse.

 

Lorsque l'EHPAD est privé, à but lucratif ou à but non-lucratif (le cas le plus fréquent) rappelons que l’article L311-1 du CASF définit des « missions d’intérêt général » et pas des missions de service public.

 

Le gestionnaire de l'établissement privé peut donc afficher publiquement une appartenance religieuse et ses personnels sont fondés à se prévaloir de leur liberté de conscience protégée par le code du travail

(L. 1121-1), sous réserve du règlement intérieur, prévu à l’article L. 1321-2-1 du même code,  introduit par la loi du 8 août 2016 (4), qui peut restreindre «  la manifestation des convictions des salariés » en contradiction avec la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 31 décembre 1905 qui n’a imposé la neutralité que dans la sphère publique, aux ministres, élus, fonctionnaires, contractuels de droit public, salariés travaillant dans une entreprise, une association dotée d’une mission de service public, et ce  dans l’exercice de leur fonction, nullement aux autres citoyens.

 

Si l’établissement privé est habilité, par convention, à l’aide sociale : le service de l'aide sociale du département ou de la Métropole qui accorde les aides publiques aux résidents constitue un service public.

Les ressources de l'établissement habilité et conventionné à l'aide sociale résultent alors non pas de subvention mais d'une tarification réglementée.

L’EHPAD conventionné à l'aide sociale, s’il peut afficher une orientation religieuse ou philosophique doit s'engager à recevoir tous bénéficiaires de l'aide sociale quel que soit leur opinion philosophique ou religieuse.

  • La question des bénévoles. Ce n'est pas une question secondaire !

 

Les conditions d’intervention des bénévoles au sein des établissements sociaux et médico-sociaux sont précisées dans une convention-type fixée par l’article R. 1110-1 du Décret n° 2003-462 du 21 mai 2003 relatif aux dispositions réglementaires des parties I, II et III du code de la santé publique.

Cette convention est l’annexe 11- 1 du Code de la Santé Publique (5).

 

Une convention doit être mise en place au sein d’un établissement, qu’il soit public ou privé, recevant des bénévoles. Les dispositions de celle-ci ne peuvent entrer en contradiction, avec les dispositions législatives et réglementaires en vigueur et avec la convention type. La vérification de l’existence d’une telle convention, du respect des lois et règlement par celle-ci et par les bénévoles dans leurs activités au quotidien, n’est quelquefois pas superflue (Cf. article de l’AN II de 2013 - n°140).

Xavier HYVERT

_______

 

 

 

 

2020 05 AN II

éDITORIAL

 

A NOS LECTEURS

Ce n° de L’An II n° 179 est envoyé sous forme numérique à nos adhérents et abonnés. Les circonstances exceptionnelles liées au confinement ne nous permettent pas l’envoi « papier » sous la forme habituelle.

Un tirage papier sera cependant assuré, que nous transmettrons à nos lecteurs ne disposant pas des moyens nécessaires pour recevoir la version numérique, ou à ceux qui nous en feront la demande

 

 

 

 

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le début du « déconfinement » est organisé par les autorités de l’Etat, dans une atmosphère étrange où les millions de Français confinés caressent l’espoir de retrouver une vie normale mais éprouvent aussi la crainte d’avoir à affronter une situation où les conditions de sécurité ne seraient pas assurées.

Cette méfiance s’explique assez par l’expérience vécue au cours de printemps 2020, sans masques de protection ni organisation massive de dépistages  réputés « inutiles » du seul fait …qu’on n’avait pas le matériel nécessaire ! Quant à la situation des services de santé, on s’avise un peu tard que la mise en coupe réglée du système hospitalier était grosse d’une catastrophe prévisible. La résistance obstinée des personnels de santé et en particulier des urgentistes n’ayant pas suffi à faire reculer la technocratie dirigeante,  on s’est retrouvé avec des services débordés, des personnels épuisés, des patients à traiter selon des priorités de moins en moins médicales. Ajoutons la mortalité en EHPAD est encore très loin d’être connue, et qu’elle est manifestement sous-évaluée.

Toutes ces questions devront trouver une réponse, et les personnels de santé s’y préparent. Ils ont même déjà commencé, si l’on en juge par les prises de position, pétitions en ligne, courriers, motions syndicales dont il ne nous appartient pas de faire le compte. Du reste ce sont les médecins et les soignants qui en parlent le mieux.

C’est une certitude : rien ne sera plus comme avant. Et il ne s’agira pas seulement de « gestes-barrières », mais des questions politiques les plus cruciales. Pour ne prendre qu’un seul exemple : que restera-t-il de l’Europe de Maastricht ? Le respect des « critères de convergence » a volé en éclats face à la crise sanitaire ; et Bruxelles s’est trouvée devant le fait accompli.

Les étudiants dont on supprimait les APL, les retraités dont la modeste pension était grevée par la CSG, les « Gilets jaunes » renvoyés à leur insuffisance en culture économique, les manifestants contre la remise en cause du système des retraites, tout ce « petit » monde découvre avec consternation que l’argent existe, par milliards, dès qu’il s’agit de sauver l’entreprise libérale. Et ils s’en souviendront.

Le journal patronal « les Echos » écrivait le 21 avril : « Le déconfinement progressif qui se fait jour dans la plupart des pays du monde pourrait relancer les mouvements de protestation : troubles sociaux, manifestations violentes, révoltes, voire révolution. » D’une certaine façon, nous partageons la même analyse.

Le rôle de la Libre Pensée n’est pas de se substituer aux syndicats ni aux partis. En revanche, si l’élaboration de programmes sociaux n’est pas notre affaire, il nous importe beaucoup que toute forme d’organisation sociale se fasse sur les principes qui garantissent la laïcité, la liberté de conscience, les droits et  libertés individuels et collectifs, le libre choix du citoyen formé à l’école de la République. Nous en en sommes assez loin, quand on voit les mesures d’exception se multiplier, et pas seulement depuis la crise sanitaire.

Au fait : c’est bien beau de réfléchir aux sociétés à venir. Mais aux dernières nouvelles ? M. Emmanuel Macron est toujours président, et il n’a sûrement pas renoncé à dénaturer la loi de 1905.

Commençons donc par là. Car très vite nous devrons être prêts avec tous les laïques pour dire : « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! »

P.G.

 

BOB DEVILLE

 

COMMUNIQUE DU 24 MARS 2020

EN HOMMAGE AU MILITANT LAÏQUE BOB DEVILLE

Le Bureau de la Libre Pensée du Rhône a appris avec une grande tristesse la disparition de Robert, dit « Bob » Deville, à l’âge de 90 ans.

Elle présente ses plus sincères condoléances à son épouse Elise, à sa famille et à ses proches.

Pour la Libre Pensée comme pour tous les laïques et les militants de l’Education, le nom de Bob Deville signifiait beaucoup de choses : un engagement de chaque instant au service l’école publique et laïque, un engagement concret de chaque jour qu’il a assumé comme principal de collège dans son village de Villié-Morgon, puis à la direction de la fédération du Rhône des Œuvres laïques, pendant 21 ans, de 1984 à 2005.

On lui doit la création du centre de vacances UFOVAL de Lépin-le Lac en Savoie, fermé en 2005 mais qui a marqué des générations d’enfants pendant un demi-siècle. Donner du bonheur à tous, et donc aux moins fortunés, par la promotion d’un tourisme social, voilà ce qui le motivait.

C’est ce même souci humaniste qui lui faisait dire, au moment de quitter la présidence de la F.O.L. :

« Enseigner, éduquer, c’est permettre de construire des hommes et des femmes différents, mais qui se respectent. A une condition, ne pas avoir d’un côté l’école Sainte-Marie, et de l’autre l’école-ghetto des petits Maghrébins. »

Bob Deville était attaché viscéralement aux principes de laïcité. Il a témoigné de sa vie professionnelle et militante dans un « récit » au titre éloquent : « L’Ecole au cœur » où l’on comprend ce qu’a été le dévouement pour l’école publique de ces instituteurs issus des Ecoles Normales honnies par le Régime de Vichy.

Bob faisait volontiers confidence d’un certain désenchantement politique : jamais il n’a oublié les 11 millions de signatures en 1960 pour l’abrogation de la loi Debré et le « serment solennel » de Vincennes « de lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ».

La trahison laïque de la gauche au pouvoir après mai 81 l’a profondément touché.

Mais Bob ne s’est jamais non plus découragé. Nous avons trouvé en lui un allié sûr, engagé et généreux dans les affaires Bissuel ou Sant ’Egidio, cadeaux offerts aux Eglises et aux cléricaux.

Car Bob était aussi attaché la justice sociale qu’à la liberté de conscience.

Récemment encore, il s’élevait contre l’organisation de la messe et l’installation d’un local paroissial à l’intérieur du bâtiment de la mairie de Vauxrenard, de plain-pied avec l’école communale.

Nous nous souvenons aussi qu’il participait régulièrement aux cérémonies pacifistes organisées autour du monument de Villié-Morgon. Il se proposait même de présider une réunion publique à l’initiative de l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône en 2020, pour présenter le livre sur le monument de Chauny en mémoire des « Fusillés pour l’exemple » de la 1ère guerre mondiale. Il ne sera plus là, mais ce qu’il aurait souhaité sera réalisé.

Qui je suis et d’où je parle ?

 

Le texte ci-dessous reproduit la 1ère partie de l’intervention de Bob Deville au colloque organisé par la FNEC – Fo le samedi 1er octobre 2011 « Un Combat pour l’Ecole » :

« Je suis un maître d’école retraité. Je suis entré en fonction au lendemain de la guerre de 40, un peu après la Libération, avec, dans ma tête, dans mon cœur et dans ma chair, le souvenir cuisant des restrictions, des bombardements, de la peur d’un occupant agressif, et des arrestations inopinées d’inconnus, d’amis, ou de proches…

Je suis un enseignant d’une autre génération, mais qui a vécu intensément, à différents moments de l’histoire, de grandes et belles luttes pour défendre l’Ecole, l’Ecole publique, l’Ecole de la république, ouverte à tous, sans aucune distinction.

Des luttes qui marquent et qui comptent par l’importance numérique des manifestations qu’elles ont générées :

Ÿ   Comme celle de 1959-1960 à partir et contre la loi Debré, et qui fut marquée par l’inoubliable Dimanche 19 juin 1960 où, avec les 25 000 délégués réunis au parc des expositions de la Porte de Versailles, nous portions les cahiers débordants des 10 813 697 signatures de pétitionnaires hostiles à la loi de division, inoubliable dimanche où nous avons prêté solennellement serment de fidélité à l’école de la République !

Ÿ   Comme celle du 20 novembre 1983, à Yssingeaux, en Haute-Loire. Yssingeaux sans lycée public, Yssingeaux dont l’arrondissement ne comptait, cependant, pas moins de 5 lycées privés… et où nous fûmes 35 000 manifestants !

Ÿ   Ou celle de janvier 1994 contre le projet Bayrou, qui visait à modifier la loi Falloux et apporter une nouvelle aide financière à l’enseignement privé.

Ce 16 janvier 1994 fut une immense manifestation citoyenne, joyeuse et bon enfant, mais ferme et claire, une manifestation qui a stimulé la confiance des laïques de ce pays qui, au-delà des structures traditionnelles des partis, des syndicats et des organisations, ont voulu rappeler qu’il ne faut pas toucher aux valeurs-références de la République, dont la plus précieuse, parce que la plus porteuse d’espérance est l’école, l’école laïque !

Enthousiaste, partout je répétais alors : La laïcité, c’est comme l’oxygène dans l’air… dès qu’on en manque, les Français réagissent !

En 1984, j’ai été élu Président actif de la FOL du Rhône, et pendant vingt-deux années, préoccupé par l’éducation populaire dans ce magnifique réseau de près d’un millier d’associations laïques conduisant dans le Rhône une multitude d’actions sportives, culturelles et de loisirs, en direction des jeunes, en direction des citoyennes et des citoyens, dans chaque quartier, dans chaque village…

C’est dire que j’ai consacré ma vie toute entière à un généreux militantisme, au service de l’instruction et de l’éducation dans l’école, et au-delà, au service de l’éducation populaire.

Deux mots encore, pour dire que j’ai été profondément marqué, dans mon jeune temps, par le régime de l’Etat français du Maréchal Pétain, avec son salut aux couleurs du lundi matin où, l’on faisait chanter aux petits écoliers que nous étions, Maréchal nous voilà et un refrain édulcoré de la Marseillaise… le refrain préféré du Maréchal, Amour sacré de la Patrie !

Comme m’ont marqué les exactions de la milice, et la propagande de cette triste période au cours de laquelle, je le rappelle, la Ligue de l’enseignement, et donc la Fol du Rhône, furent interdites…

Aussi, dès mon entrée à l’Ecole normale d’instituteurs, en 1946, ai-je épousé, pour la vie, la conviction que la laïcité est l’une des plus précieuses valeurs républicaines, porteuse d’un ambitieux projet humaniste et émancipateur, indispensable à la construction du vivre ensemble dont notre société avait déjà besoin… et depuis…, je n’ai jamais cessé de promouvoir et de défendre la laïcité ! »

à propos de l’affaire preynat

 COMMUNIQUÉ                                                          Lyon, le 20 avril 2020

La Fédération du Rhône de la Libre Pensée a pris connaissance de l’appel interjeté par l’ancien prêtre Bernard Preynat qui aboutit pour ce prédateur sexuel à une impunité de fait. La libération de Bernard Preynat intervient à l’issue d’une longue procédure, retardée et entravée par la hiérarchie catholique depuis des décennies et à tous les niveaux.

Le « cas » Preynat aurait dû être réglé depuis des décennies, ce qui aurait épargné des souffrances indicibles à tant de victimes, qui en subissent les conséquences encore à l’âge adulte. Par « hiérarchie catholique » nous entendons les archevêques qui se sont succédés à Lyon depuis les années 60, tous cardinaux et primats des Gaules : Renard, Decourtray, Balland, Billé, Barbarin. En somme, le gratin du gratin.

C’est aussi le Vatican, d’où viennent les directives. Mais le cardinal Ferrer, son représentant mis en cause par Barbarin et cité à son procès, a tout fait pour échapper à ses responsabilités. Comme nous l’expliquait François Devaux, président de l’association « la Parole libérée » :

« Il y a eu 3 tentatives pour lui faire remettre une citation à comparaître. La seconde a nécessité de faire traduire et certifier conforme la citation à comparaître en espagnol et italien, je vous laisse imaginer le coût de ces 70 pages. Pour la 3ème on a fait appel à la valise diplomatique car le Vatican est un état. Mais comme Ferrer n’a pas signé l’avis de réception de la requête, la justice française ne peut pas statuer. »

L'association « La Parole libérée » a été créée en décembre 2015 à l'initiative de victimes du prêtre dans les années 80. Elle a rendu le dossier public le dossier et accusé les évêques successifs du prêtre de ne pas avoir pris de mesure immédiate. Après un an de fonctionnement l'association a dénombré 400 personnes victimes d'actes de pédophilie.

Son président, M. Devaux, nous déclarait aussi : « C’est Barbarin qui est au cœur de ce qui nous intéresse, car il représente le système, au-delà des délits de Preynat. » Nous sommes totalement d’accord.

Aux yeux de la libre Pensée, ce système comprend la concussion anti-laïque institutionnalisée à Lyon, avec les subventions au culte catholique et au « dialogue inter-religieux », la promotion du culte marial lors du 8 décembre ou à l’occasion du Vœu des Echevins. Comme on est entre amis, les élus locaux, à commencer par le maire Gérard Collomb, n’ont eu cesse d’accorder leur soutien à l’Eglise et à M. Barbarin en particulier.

M. Collomb était clair à ce sujet, au micro de Jean-Jacques Bourdin. C’était en mai 2016 :

« Je comprends évidemment qu’il y ait eu ces victimes de la part de l’Eglise catholique, ça je condamne totalement. Mais pour connaître Barbarin, ce n’est pas quelqu’un qui cherche à cacher les choses. Je pense qu’il essaie de mettre de l’ordre dans sa maison. C’est peut-être pour cela d’ailleurs que le Pape dernièrement l’a défendu avec autant de vigueur. »

 

DERRIÈRE PREYNAT : BARBARIN ; ET DERRIÈRE BARBARIN : LE VATICAN.

LA LIBRE PENSÉE DU RHONE EST CONSCIENTE QUE TOUT CELA FAIT SYSTEME, STRUCTURE SUR LES CINQ CONTINENTS.

C’est pourquoi elle livre à la réflexion de chacun cet extrait du blog de Keith Porteous Wood, porte-parole de l’Association Internationale des libres Penseurs et son rapporteur sur les affaires de pédophilie dans l’Église

 

LIBRE PENSÉE/Association Internationale de la Libre Pensée L’IMPUNITÉ DES ECCLÉSIASTIQUES DEVANT LA LOI UN BLOG DE KEITH PORTEOUS WOOD (*)

 

Pourquoi les institutions françaises tolèrent-elles et facilitent-elles les actes pédophiles ?

    

 

Au mois de mars, un tribunal de Lyon a libéré Bernard Preynat bien que l'ancien prêtre ait été reconnu coupable de violences sexuelles à grande échelle sur des mineurs pendant des décennies.

Preynat avait été condamné à cinq ans de prison mais n'a pas été incarcéré, en attente d'un appel.

85 victimes ont témoigné au cours du procès. Preynat lui-même a admis avoir agressé et abusé sexuellement d'enfants depuis les années 1960 ; on pense que ceux-ci sont au nombre de 2 000.

Malheureusement, la plupart de ces crimes tombent sous le coup du délai de prescription étonnamment court en France. Néanmoins, la peine équivaut à un seul jour de prison pour chacune de ses victimes.

La peine était inférieure au minimum de huit ans recommandés par le procureur.

Même huit ans semblent une peine légère pour un pédophile à une telle échelle qui n'a montré aucun remord pour ses crimes. La plupart des victimes étaient des scouts.

En plus d'abuser de la confiance que l’institution religieuse lui accordait en tant que prêtre, Preynat a abusé de la confiance qu'on lui accordait en tant que chef scout. Il avait des amis haut placés. Il a été protégé par cinq cardinaux archevêques de Lyon successifs : Renard, Decourtray, Balland, Billé et Barbarin.

L'affaire Preynat est devenue célèbre lorsque le cardinal Barbarin a été reconnu coupable de ne pas avoir signalé aux autorités les sévices infligés aux enfants par le prêtre, à l’encontre des lois françaises sur l’obligation de signalement.

Preynat a déclaré au tribunal qu’il avait reconnu ses crimes devant Barbarin en 2010 et 2014.

Cependant, Preynat n'a été défroqué qu'en 2019, plus d'un demi-siècle après que l'Eglise ait appris qu'il abusait sexuellement d'enfants. Le cardinal Barbarin est impénitent sur ce point et sur ses propres échecs à dénoncer Preynat, se considérant comme une victime parce que ses manquements ont détruit sa réputation.

Le ministère public avait refusé de traduire Preynat en justice, obligeant ses victimes à engager des poursuites privées qui ont abouti à un verdict de culpabilité. La condamnation de Barbarin a été annulée en appel, mais les victimes de Preynat font appel de cette décision devant la plus haute juridiction française.

Le puissant film-documentaire sur la lutte des plaignants pour la justice, “Grâce à Dieu”, a provoqué une tempête en France. Le titre est tiré de la remarque de Barbarin aux journalistes choqués : "Par la grâce de Dieu, la plupart des délits sont couverts par la prescription".

De nombreux Français et les victimes elles-mêmes se sentent totalement abandonnés par le système judiciaire français. Certains experts estiment que Preynat, qui a 74 ans, pourrait arriver au bout de sa vie sans avoir purgé une seule journée de prison. La remise en liberté d'un prédateur pédophile aussi dangereux dans l'attente de son appel, qui pourrait prendre des années, est une insulte supplémentaire aux victimes et aux citoyens concernés.

L'affaire Preynat-Barbarin n'est qu'une facette d'un énorme problème. Une enquête de la télévision française a révélé que 25 évêques catholiques ont protégé 32 religieux ayant abusé d'enfants en France au cours du dernier demi-siècle. Certains d’entre eux ont été déplacés dans d'autres paroisses ou même à l'étranger, une stratégie Classique de l'Église catholique.

Quatre de ces évêques sont toujours en fonction et Barbarin n'a démissionné que récemment face à la pression de l'opinion publique et des médias. Aucun d'entre eux n'a été inculpé, et encore moins emprisonné pour avoir bafoué les lois sur l’obligation de signalement par un système judiciaire qui semble ne voir aucun problème à remettre en liberté un prédateur condamné aussi dangereux que Preynat.

L'actuel évêque de Bayeux et ses deux prédécesseurs n'ont pas dénoncé le prêtre Roger Matassoli, accusé de multiples crimes sexuels contre des enfants sur six décennies.

Des sources au sein de la police française ont affirmé que Matassoli avait été protégé. La liste des 25 évêques n'est pas complète ; elle exclut, par exemple, l'évêque de Bayeux.

Et son absence de signalement n'a été révélée qu'en raison de la publicité faite autour du meurtre de Matassoli à la fin de l'année 2019. Le meurtrier présumé affirme que Matassoli a abusé de lui et de son père avant lui et que son grand-père s'est suicidé en apprenant cela. Le suspect a été décrit comme ayant des problèmes mentaux et est actuellement détenu dans un hôpital de la prison.

Si les évêques avaient obéi aux lois sur le signalement obligatoire, les victimes de Matassoli auraient peut-être été épargnées, deux personnes ne seraient pas mortes et un jeune homme ne serait pas confronté à la perspective de vivre dans un asile de prisonniers.

Certains observateurs affirment que sa santé mentale n'est peut-être même pas en cause.

Cela m'amène à la complicité du Saint-Siège (Vatican) au plus haut niveau. Le Comité des droits de l'enfant a vivement critiqué le Saint-Siège en 2014 à propos des "prêtres qui ont été félicités pour avoir refusé de dénoncer les abuseurs d'enfants", en référence à une lettre de 2001 accréditée par le Pape Jean-Paul II.

Des fonctionnaires et des organismes haut placés du Vatican ont activement encouragé la désobéissance aux lois françaises exigeant, entre autres, le signalement des abuseurs présumés.

En 2015, le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi du Saint-Siège a conseillé au Cardinal Barbarin "d'éviter le scandale", au mépris des lois françaises sur le signalement obligatoire, conseil que Barbarin semble avoir suivi avec enthousiasme. Le fait de ne pas signaler un cas de maltraitance d'enfant n'est pas un crime sans victime. Comme le montrent de nombreux documents, de tels manquements ont permis d'autres abus, souvent sur plusieurs décennies, ruinant d'innombrables vies avec un coût énorme pour la société à différents niveaux.

Les citoyens français ont peut-être besoin d'ouvrir un débat sur le maintien du pouvoir de l'Église catholique en France malgré la prétendue laïcité républicaine que de nombreux politiciens invoquent lorsqu'ils veulent se permettre d'interdire le voile du visage et les prières publiques pour les musulmans.

La République française semble certainement être revenue à l'époque prérévolutionnaire où les princes de l'Église et leurs prêtres pouvaient impunément bafouer le droit civil. Tout le monde devrait être égal devant la loi et j'encourage tout le monde, y compris les médias, à attirer l'attention sur tout favoritisme et exceptionnalisme qui profite aux sectes religieuses et leur permet d'agir en dehors de la loi.

Je demande instamment une réforme majeure de la législation sur le signalement obligatoire en France afin de renforcer les sanctions en cas de non signalement des abus commis sur des enfants dans des institutions, y compris les écoles religieuses, les unités de scoutisme et d'autres organismes et, en attendant, la pression publique sur les autorités pour qu'elles appliquent et fassent respecter les lois existantes.

Les lois de prescription de ces crimes doivent être révisées pour tenir compte du fait qu'il faut en moyenne 33 ans aux victimes d'abus pour se manifester et parler de ce qu'elles ont enduré dans leur enfance.

La protection de ceux qui dénoncent ces crimes est également essentielle.

Toutes ces réformes sont recommandées par le groupe de pression MandateNow (**) !

L'application et l'exécution des lois existantes et la réforme de ces lois sont nécessaires pour assurer la conformité de la loi française avec l'article 19 de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, qui vise à "... protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, y compris les abus sexuels".


(*) Keith Porteous Wood est l’un des porte-parole de l’Association Internationale de la Libre Pensée, en charge de la campagne contre les crimes sexuels des Eglises. (**) www.mandatenow.org.uk

 

 

 

 

 

 

aumôneries

AUMÔNIERS, AUMÔNERIES

À L’HÔPITAL ET EN EHPAD PUBLICS

 

La question des aumôneries dans les hôpitaux : quelles dispositions légales et réglementaires essentielles ?

 

La loi de 1905 de sur la Séparation des Eglises et de l’Etat a posé : (1).

 

Dans ans son Article 1 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » et dans son article 2 :

« La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites aux budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons »Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3. »

C’est à ce titre qu’il appartient aux établissements relevant du titre IV du statut général des fonctionnaires (2) d’assurer le fonctionnement d’un service d’aumônerie destiné à répondre aux besoins spirituels des patients ou résidents qu’ils accueillent.

 

Au terme de la circulaire du 20 décembre 2006 (3) : « des services d’aumônerie, au sens de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905, peuvent être mis en place pour chaque culte qui le demande, en fonction des besoins exprimés ou recensés par l’établissement hospitalier, social ou médico-social concerné. Quel que soit le culte auquel ils appartiennent, les aumôniers sont recrutés ou autorisés par les chefs d’établissement sur proposition des autorités cultuelles dont ils relèvent en fonction de leur organisation interne : évêchés, consistoires israélites central, régionaux ou locaux, aumônier national hospitalier du conseil français du culte musulman ou des conseils régionaux du culte musulman et commissions nationale ou régionale des aumôneries des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux de la fédération protestante de France ou présidents des Conseils régionaux de l’église réformée de France, etc. En l’absence d’autorité cultuelle clairement identifiée, il ne peut être donné droit à une demande de mise en place d’un service d’aumônerie. »

Nous traiterons plus loin des particularités relatives aux établissements sociaux et médico-sociaux.

 

C’est aux aumôniers des établissements de santé mentionnés à l’article 2 de la loi du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière (4), qu’incombe la charge d’assurer, dans ces établissements, le service du culte qu’ils représentent et d’assister les patients et leur famille qui en font la demande ou ceux qui, lors de leur admission, ont déclaré appartenir à tel ou tel culte.

Quel que soit le culte auquel ils appartiennent, les aumôniers sont recrutés en qualité d’agents contractuels ou autorisés en tant que bénévoles par les chefs d’établissement, sur proposition des autorités cultuelles dont ils relèvent en fonction de leur organisation interne.

Les aumôniers doivent pouvoir disposer d’un local de permanence pour recevoir à proximité du lieu réservé au recueillement. Les cultes sont célébrés au sein des établissements soit dans un lieu de culte existant, lorsqu’il s’en trouve un dans l’enceinte de l’établissement, soit dans une salle rendue disponible à cet effet.

Il est possible de prévoir une salle polyvalente, partagée entre différentes aumôneries, dès lors qu’il y a accord entre les aumôniers de différents cultes. Ces obligations doivent cependant être conciliées tant avec les exigences du service hospitalier qu’avec les possibilités de l’établissement. Les directions veilleront particulièrement à la bonne signalisation de ces locaux et à ce que les personnes ou les résidents disposent d’une information claire sur les différents services d’aumônerie de l’établissement.

 

Dans chaque établissement, conformément à la circulaire du 5 septembre 2011 (5), un référent chargé du service des aumôneries hospitalières est désigné. Il est l’interlocuteur privilégié des représentants des différents cultes et doit faciliter les relations entre les aumôniers, les services et les usagers de l’hôpital. Il est chargé d’organiser l’information des patients et de leur famille, dès l’admission et tout au long du séjour, sur la possibilité de faire appel à un ministre du culte de leur choix. Il est chargé de rédiger le projet de service des aumôneries, qui doit chercher avec les différentes obédiences, la meilleure prise en compte des convictions des uns et des autres.  Il doit rédiger le rapport d’activité du service des aumôneries.

 

La Fédération nationale de la Libre Pensée a dénoncé dès le premier jour pour ce qu’elle est, cette circulaire du 5 septembre 2011 et la Charte nationale des aumôneries qui lui est annexée : une circulaire, qui autant par son contenu et sa méthode est profondément anti laïque, élaborée en partenariat avec les chefs religieux.

 

Qu’on en juge : les aumôniers ont la charge d’assister les patients qui en font la demande (rien de plus normal), mais aussi : « ou ceux qui, lors de leur admission, ont déclaré appartenir à tel ou tel culte. »

Ce qui enclenche le mécanisme suivant : vous déclarez être de telle religion, automatiquement on vous remet entre les mains de tel religieux. C’est du pur communautarisme : la volonté librement exprimée du citoyen, croyant ou non est limitée, sinon abolie par une déclaration d’ordre général. Nombreux sont les patients qui déclarent une religion et qui n’acceptent pas pour autant d’être dérangés dans leur chambre par tel ou tel, fut-il de la religion en question.

À supposer qu’il soit légal d’interroger les patients et donc de les ficher sur leur appartenance religieuse.

Ajoutons, après expérience personnelle, que les représentants des aumôneries ne se gênent pas, quelquefois et tant qu’il n’y a pas un rappel à la loi, de circuler dans les couloirs des hôpitaux pour aller proposer leur service aux malades dans les chambres sans que ces derniers les aient sollicités. Il arrive que le(a) représentant(e) de l’aumônerie et le(a) bibliothécaire proposant, dans les chambres des livres et revues au hospitalisés, soit une seule et même personne installant une confusion sur laquelle il est facile de jouer.

 

Plus grave encore, « les aumôniers éclairent, le cas échéant, l’équipe médicale et soignante sur les implications que peuvent avoir certaines de leurs décisions au regard des convictions et pratiques religieuses des patients. » Que les aumôniers « éclairent » les équipes, voilà qui est tout à fait inacceptable.

C’est au patient et à lui seul, (par directives anticipées ou par personne de confiance interposée, le cas échéant) qu’il revient de donner ou pas un consentement libre et éclairé aux soins !

Ce principe fondamental de liberté individuelle pour le patient et d’éthique professionnelle pour les équipes ne peut ni ne doit être remis en question. Pur communautarisme encore le fait de prétendre que le chef religieux parle « de droit » au nom du citoyen réduit ici à n’être que le fidèle soumis aux dogmes.

Ce n’est pas un détail non plus qu’un fonctionnaire hospitalier, désigné comme « référent du service des aumôneries », soit chargé de rédiger le « projet de service » et le « rapport d’activité » du service des aumôneries, comme s’il s’agissait d’un service hospitalier participant à la prise en charge des malades et non plus comme une simple possibilité offerte par la Loi de Séparation au citoyen qui voudrait à titre personnel pratiquer le culte de son choix durant une période d’hospitalisation.

 

La Libre Pensée rappelle qu’elle a demandé, dès sa parution, l’abrogation de cette circulaire du 5 septembre 2011, qui à ce jour ne l’est toujours pas.

La Libre Pensée rappelle également que l’intervention d’un représentant d’une religion auprès d’un patient ne peut, en tout état de cause, se faire qu’à la demande exclusive du patient.

 

L’application de la loi de 1905 dans les Etablissements d’Hébergement des Personnes ÂGÉES Dépendantes publics  (EHPAD) : quelles dispositions légales et réglementaires essentielles ?

 

Les EHPAD sont régis par le code de l'action sociale et des familles.

Ils constituent la catégorie d'établissements mentionnés au 6° de l'article L. 312-1 du CFAS (6).

En général, les EHPAD sont dotés de la personnalité morale (ils sont autonomes), parfois publique, en majorité privés. Ils peuvent être annexé à un Etablissement Public de Santé ou dépendre service municipal. Bien sûr, et quelle que soit la nature de la personnalité du gestionnaire de l'EHPAD, les personnes qui y sont admises disposent de l'intégralité des droits et libertés fondamentales (sous réserve de curatelle, curatelle renforcée ou tutelle), conformément à l'article L. 311-3 du CFAS qui garantit notamment le respect de leur vie privée.

Par conséquent, outre ce que nous avons pu écrire concernant les personnes hospitalisées, les résidents d’un EHPAD, public (ou privé) peuvent manifester leur appartenance religieuse :

  • Dans le cadre entièrement privatif de leur chambre
  • Mais aussi dans celui des parties communes, de même que chacun est libre d'exhiber une belle croix romaine dans le hall de son immeuble.
  • Ils sont également fondés à recevoir un ministre du culte de leur choix ou à se rendre à un office religieux de son choix et s’ils ne peuvent se déplacer, celui doit être organisé au sein de l’établissement.

 

Il sera utile d’examiner d’autres aspects de l’application de la laïcité dans les établissements hospitaliers publics et les EHPAD publics, comme :

  • La situation des patients, des visiteurs, au regard de la Laïcité, c’est-à-dire de la liberté de conscience, à l’Hôpital comme en EHPAD, au regard des droits et libertés de choix des patients, des résidents, au regard de l’alimentation, du traitement, du choix du médecin, de la pratique éventuelle d’un culte ;
  • Les droits et devoirs des personnels.

 

J’attire l’attention sur le paragraphe 7 des points d’alerte de l’avis du 30 mars du Conseil scientifique placé auprès du Président de la République pendant la crise sanitaire pris au mépris de la loi de 1905 et de l’obligation de neutralité de l’Etat en matière religieuse et, qui ne peut que conforter la Libre Pensée dans son opposition la circulaire du 5 septembre 2011 et son incitation à engager ses adhérents à faire remonter tous les cas de violations de la laïcité qui viendraient à leur connaissance et à multiplier les initiatives pour son abrogation:

 

« 7. Accompagnement spirituel. En termes de santé publique, le « soin pastoral » est également essentiel dans toute réponse à une crise épidémique. Le Conseil scientifique recommande de soutenir l’initiative des principaux représentants des communautés religieuses pour la création d’une permanence téléphonique nationale. Cette permanence prendrait la forme d’accompagnement spirituel et bénéficierait d’écoutants sélectionnés, proposés et pris en charge par chacun des cultes, qui sont disposés à les mettre à disposition dans les plus brefs délais. Les écoutants, qui répondront dans une démarche inter-cultes, pourront orienter ceux qui le souhaitent vers des personnes désignées par chaque culte pour répondre à leurs besoins spécifiques. Le Conseil scientifique souhaite attirer l’attention sur la nécessité d’accompagner les initiatives actuelles notamment de création d’une permanence téléphonique nationale d’accompagnement spirituel inter-cultes. »

 

 

La Libre Pensée n’entend pas renoncer au combat pour le retour au respect intégral de la Loi de Séparation de l’État et des Cultes de 1905, telle qu’elle fut votée par la majorité républicaine de l’époque.

Xavier Hyvert.

  • (1) Légifrance - Version en vigueur au 23 avril 2020.
  • (2) Légifrance -Loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière. Version en vigueur au 23 avril 2020
  • (3) Légifrance - Circulaire DHOS/P1 n° 2006-538 du 20 décembre 2006 relative aux aumôniers des établissements mentionnés à l’article 2 de la loi no 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière.
  • (4) Légifrance - Loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière. Version en vigueur au 23 avril 2020
  • (5) Légifrance – Circulaire n° DGOS/RH4/2011/356 du 5 septembre 2011 relative à la charte des aumôneries dans les établissements mentionnés à l'article 2 de la loi 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière.
  • (6) Légifrance - Code de l'action sociale et des familles – Version en vigueur au 23 avril 2020 - Section 1 : Etablissements et services sociaux et médico-sociaux  - Article 312-1- I.-

 

Libres propos, libres pensées

 

Comment Taïwan a contenu le Coronavirus

 

On peut sans conteste juger du degré de civilisation d'un État à la façon dont il traite, respecte, écoute et protège sa population. Et on peut aussi faire des comparaisons...          RJ

Interviewé le 3 avril 2020 par Amy Goodman (Democracy Now! New York), le Dr Jason Wang, directeur du Centre pour Politiques, Conséquences et Prévention de l'Université Stanford (Silicon Valley, Californie) décrit les mesures prises par le gouvernement taiwanais.

En dépit de la faible distance (160 km) de la Chine continentale, avec des vols réguliers de et vers Wuhan, Taiwan a réussi à contenir la propagation du Covid19 par une action précoce et des mesures énergiques, telles que l'accroissement immédiat et spectaculaire de la production d'équipements médicaux et un suivi avancé des citoyens détectés et assignés à quarantaine, démontrant que gouverner ne se résume pas à interdire.

Voici une synthèse des propos du Dr Jason Wang sur les mesures prises à Taïwan

 

 

  • Fin 2019, dès les premières rumeurs de nouveau Coronavirus, le gouvernement taiwanais a envoyé aussitôt des médecins de son Centre de Contrôle et Prévention des Maladies (CDC) pour enquêter à Wuhan.
  • Ils ont constaté que cela pouvait mener à une nouvelle épidémie et même une pandémie. Ils ont immédiatement décrété un niveau de vigilance élevée, comportant une campagne de dépistage massif.
  • Dès le 1er janvier 2020, ils ont commencé à monter dans les avions arrivant de Wuhan pour inspecter tous les signes et symptômes sur les passagers et vérifier s'ils avaient de la fièvre et des symptômes respiratoires.
  • Ils ont ainsi pu trier à l'intérieur même de l'aéroport tous les passagers avant leur sortie, plaçant les passagers malades en secteur 3 (confiné). Puis ils ont stoppé tous les vols venant de Wuhan et activé l'alerte de niveau 3.
  • Il a été imposé à tous les passagers passés par le secteur 3 de subir une quarantaine de 14 jours, pendant lesquels le gouvernement leur a procuré nourriture et contrôle médical trois fois par jour. (NdR : Selon le vice-président Chen Chien-jen, un épidémiologiste et ancien ministre de la Santé, initiateur de la stratégie taïwanaise, la quarantaine à impliqué 50 à 60.000 personnes revenues de l'étranger.)
  • Si une personne décidait de rompre la quarantaine, il lui serait infligé une grosse amende.
  • Si leur état empirait, le gouvernement les dirigeait par un cheminement médical spécial, loin des grands hôpitaux pour les amener dans un hôpital spécial pour états fiévreux.
  • Puis ils ont intégré leur programme d'Assurance Santé Nationale à la base de données du programme d'immigration et des douanes, mais (pour protéger les données privées), seulement pour les 14 derniers jours.
  • Ainsi, si un médecin doit voir un patient et constate (par son accès aux données croisées) qu'il a été à Wuhan dans les derniers 14 jours, il s'assure que lui-même et les soignants soient équipés des vêtements de protection appropriés pour procéder aux tests, ce qui permit à tous les employés de santé en première ligne d'être protégés.
  • Ils ont fait dès janvier 2020 un rapide inventaire de tous leurs stocks disponibles en équipements médicaux : il y avait 44 millions de masques chirurgicaux disponibles, soit presque deux masques par personne.
  • Ils ont décrété la fin immédiate des exportations de masques afin de pourvoir leur population en priorité.
  • Ils ont aussitôt interdit à tous les fabricants des trois couches des textiles nécessaires pour la confection d'un masque d'en vendre, afin de les réserver à la fabrication locale.
  • Ils ont établi 60 lignes de productions de masques. En trois semaines la production est passée de 2 millions à 12 millions par jour et ils ont pu faire des donations de masques à l'UE et aux USA.
  • Le gouvernement s'est préoccupé d'équiper en priorité tous les professionnels de santé en 1ère ligne en équipements spéciaux PPE (Personal Protective Equipment).
  • Ils ont interdit de stocker à titre personnel ou spéculatif tous les équipements de protection : pour obtenir des masques il faut obligatoirement présenter sa carte de Sécurité Sociale.
  • Chaque citoyen normal peut obtenir 10 masques par semaine. Il peut ainsi en changer et continuer à aller à l'école, travailler, prendre le métro, mener une vie normale et non confinée.
  • Le gouvernement a misé sur le dépistage précoce, l'information, l'éducation et le civisme des citoyens. Il insiste massivement depuis le début de la pandémie sur la nécessité absolue de l'hygiène des mains, du port du masque et de rester strictement à la maison si l'on est assigné à quarantaine suite à des tests positifs.
  • Dès le début le gouvernement a utilisé des méthodes qui lui ont été reprochées en Occident (la paille et la très grosse poutre…) car jugées invasives et liberticides (suivi des personnes en quarantaine par GPS/Bluetooth) pour contrôler le respect absolu de la quarantaine pour ceux qui y sont astreints, mais selon le Dr Wang ceci est de moins en moins nécessaire, car cette règle est très largement respectée.
  • Ce pouvoir spécial de surveiller de près les gens contaminés a été accordé au gouvernement grâce à un pacte transpartisan démocratique unanimement accepté et de façon provisoire et exceptionnelle, qui ne pourra en aucun cas être prorogé au-delà de la crise, étant ainsi largement accepté par la population.
  • Jason Wang termine en disant que si le gouvernement n'avait pas eu le support massif du public, il n'aurait pu agir et cela se traduit par un taux de 90% de satisfaction de la gestion de la crise dans les sondages.

Dessin « Le Canard enchaîné »

 

 

 

Et maintenant vous pouvez cocher tout ce que notre propre gouvernement n'a pas, ou mal fait.

 

  • BILAN : Au 27/4/20, TAIWAN, 23 millions d'habitants, n'a toujours que 429 cas confirmés et 6 décès (1,39 %). La plupart des écoles et des entreprises restent ouvertes. L'économie fonctionne.
  • Même date : FRANCE, 67 millions d'habitants, 160.847 cas confirmés et 22.856 décès (14,20 %) L'économie est à l'arrêt.

(Chiffres du CSSE de la John Hopkins University à Baltimore, Maryland.)

   

POUR MÉMOIRE : "À 63 reprises entre 2011 et 2018, la Commission Européenne a recommandé aux États membres de l’UE de privatiser certains pans du secteur de la santé et de réduire leurs dépenses publiques en matière de santé."

(Déclaration de Martin SCHIRDEWAN, Eurodéputé allemand Die Linke)   CQFD ?