EDITORIAL
Mardi 23 octobre, Conseil municipal de Lyon. On peut entendre un échange étonnant, relatif à l’attribution d’une somme de 44 000 € à l’association « Les restaurants du Cœur », destinée à la réalisation d’une fresque géante à base de lumignons, place Bellecour, dans le cadre de la fête du 8 décembre. M. Broliquier, Maire du 2ème arrondissement, prend la parole en s’interrogeant sur le bien–fondé d’une telle opération, renouvelée tous les ans au bénéfice d’associations diverses : 44 000 € sans compter, bien sûr, tous les apports en nature de la Ville ! Les ventes de lumignons réalisées durant cet événement n’ont même pas permis d’atteindre l’équilibre financier en 2005, comme en 2006. On se demande bien ce que les associations en retirent, si ce n’est une visibilité, ce qui n’est déjà pas si mal, mais alors elle est bien chère payée par le contribuable ! M. Broliquier demande s’il ne vaudrait pas mieux verser directement l’argent aux associations qui en feront un meilleur usage, pour un moindre coût pour la Ville. Il ajoute : Cette opération, apparemment irréprochable, ne serait-elle pas l’alibi « social » de la Fête des Lumières, une fois encore, une fois de plus j’allais dire, aux frais des Lyonnais ? Excellentes questions, qui n’empêcheront pas M. Broliquier de voter le rapport. Pour M. Collomb, les associations préfèrent certainement à un chèque la présence symbolique à la fête sur la place Bellecour et faire en sorte que ce soit le cœur de chaque Lyonnais qui soit concerné par la dépose d’un lumignon. Importance du symbole : « Merci Marie ! » Et l’argent, qui pourrait financer quelques repas, finira, au prétexte des traditions festives, aux pieds de la Vierge qui est la véritable invitée de la fête.
Nous connaissons bien cette confusion, ce mélange des genres qui caractérise la fête du 8 décembre, vouée pour une moitié à la Vierge, pour l’autre à la Fée Electricité qui lui sert d’alibi « laïque ». La subvention sus-mentionnée n’est d’ailleurs qu’une des largesses consenties, sous des prétextes divers. Et il faut être bien naïf pour croire que nos élus s’intéressent d’abord à l’industrie du luminaire ! Leurs préoccupations « laïques » ressortissent bien davantage à l’organisation d’une main-mise œcuménique des religieux sur l’espace public. On vient de le voir récemment avec le projet des repas sans viandes dans les cantines des écoles publiques, après une consultation dont les acteurs principaux auront été les représentants catholiques, protestants, musulmans, juifs, bouddhistes et catholiques arméniens. Mais il paraît que la municipalité n’a de leçon à recevoir de personne en matière de laïcité ! C’est sans doute la raison pour laquelle M. Yves Fournel, adjoint chargé de la petite enfance, ne répond jamais à nos courriers.
A vrai dire, l’exemple vient de haut : la Libre Pensée n’a pas pu être reçue par Mme Alliot-Marie, ministre de l’intérieur et des cultes, au sujet des conclusions de la commission Machelon traitant de la « mise à jour » de la loi de 1905. Problème d’emploi du temps, nous dit-on : Mme Alliot-Marie est beaucoup trop occupée à rencontrer les représentants de tous les cultes présents sur le territoire. Si à Lyon, les religions sont à la fête, à Paris elles sont régulièrement invitées à la table de la République.
Problème d’emploi du temps, disions-nous : le nouveau traité sur le fonctionnement de l’Union européenne devait être signé le 13 décembre 2007, reprenant le contenu intégral du traité constitutionnel rejeté par une écrasante majorité de nos concitoyens au printemps 2005. Plus de référendum cette fois-ci ! L’Union n’aura plus de souci à instituer le dialogue ouvert, transparent et régulier avec les religions, en reconnaissant « leur identité et leurs contributions spécifiques ». L’adoption du traité est au programme de 2008, qui verra le pape faire sa tournée en France, occasion pour lui de s’immiscer dans les affaires intérieures de la France, comme son prédécesseur ne cessait de le faire : « Europe, sois toi-même, ravive tes racines » disait Jean-Paul II. Quant au contenu social du message papal, on peut en trouver un avant-goût dans le testament de Mgr Ricard, qui vient d’abandonner la présidence de la Conférence des évêques : un appel à poursuivre l’éveil à la solidarité universelle (…) à l’époque où le repli sur son pré carré social ou national semble marquer les esprits. Qu’on le sache, toute forme de contestation sociale sera la malvenue dans la nouvelle Europe !
Le pape a procédé récemment, lors de son déplacement en Espagne à la béatification de 498 martyrs « victimes des républicains ». Dans le même esprit, il s’apprête à venir en France pour appuyer la dislocation de ce qui reste du cadre républicain. En soi le fait est inacceptable. Or il n’est même pas dit que cela se fera sans l’aide, déguisée plus ou moins, des pouvoirs publics pour qui la référence à 1905 n’est plus qu’une formule rhétorique. En attendant, les libres penseurs – et avec eux, nous l’espérons, tous les laïques qui se respectent - feront tout pour que ne soit pas versé pour le voyage pape un seul centime d’euro !
Pierre Girod.
VIE DE LA FÉDÉRATION
L’Assemblée Générale de la Libre Pensée du Rhône a eu lieu samedi 17 novembre 2007 à l’Hôtel des Fédérations. Elle a procédé à un important renouvellement de son Bureau, rendu indispensable cette année par le départ de notre ancien président Paul André Gaide, lequel quitte Lyon définitivement, pour des raisons familiales et professionnelles.
P.A. Gaide a rappelé combien pour lui les 12 années qu’il a passées à la tête de notre fédération ont été riches. Ces 12 ans ont vu certes des reculs de la laïcité, en lien avec toutes les atteintes portées par la Vème République et cependant le constat demeure : « la laïcité reste toujours vivante ». Après une année 2007 bien remplie (banquet de la saint-cochon, rassemblement pacifiste de Villié-Morgon en présence des représentants de l’ARAC et de la Ligue des Droits de l’Homme, initiative pour la réhabilitation du sous-lieutenant Chapelant, recours juridique et campagne contre le financement de l’ascenseur de Fourvière, faisant suite à la campagne « Sant’Egidio »…) l’année 2008 devra faire fructifier ces acquis, une priorité portant sur la campagne contre le financement public de la venue de Benoît XVI en France au printemps prochain.
Après discussion sur tous ces points et sur les tâches qui en découlent, un nouveau Bureau a été désigné, lequel constituera en même temps le comité de rédaction de l’An II :
• Président : Pierre Girod
• Secrétaire : Cédric Mulet-Marquis
• Trésorier : Jean-Louis Andrieu ; trésorier-adjoint : Marcel Picquier
• Autres membres : René Jambon (L’An II), Xavier Hyvert (activités pacifistes), Colette Giroud, Jean-Claude Dutouya, plus Eric Tosan, absent mais coopté pour travailler sur le « Portail des Fédérations » (site Web national où nous aurons notre page).
Merci à Paul André Gaide, que nous avons unanimement apprécié pendant 12 ans pour son sens des responsabilités, sa maîtrise des dossiers, sa puissance de travail. Par ses compétences, et par une forme de « sagesse » qui nous manquera, il était devenu une figure incontournable dans le paysage laïque lyonnais.
Nous le reverrons avec plaisir le 19 janvier prochain, pour un véritable « pot de départ » que nous n’avons pu organiser, dans l’urgence, ce 17 novembre. Bonnes fêtes à tous !
Du pourvoi en Conseil d’Etat
et du bon usage des articles 2 et 19 de la loi du 9 décembre 1905
1. Le pourvoi contre la subvention accordée par la municipalité de Lyon à la Fondation Fourvière pour l’ascenseur de la basilique a été déposé par l’avocat parisien, Maître Le Prado, le 26 novembre, date de rigueur. Nous n’avons pas eu la possibilité de convoquer une réunion des signataires et souscripteurs, l’avocat nous ayant fait parvenir son avis sur l’affaire et le mémoire à fournir au Conseil d’Etat trop tardivement pour nous en donner le temps. Nous avons dû nous contenter de faire circuler les documents par Internet, entre les membres du Bureau et la direction nationale.
Précisons ici que la souscription a rapporté environ 3 500 € et suffit à nos besoins actuels ; nous la considérons comme close et remercions tous les souscripteurs ; les dons s’échelonnent de 5 à 300 €; ils proviennent du Rhône, bien sûr, mais également de toute la France et même de Saint-Pierre et Miquelon !
La décision de poursuivre s’imposait d’après l’avis de l’avocat qui analyse, dans son mémoire, les nombreuses erreurs de droit qui devraient conduire à la cassation dans les jugements prononcés tour à tour par le Tribunal administratif et la Cour administrative d’Appel de Lyon. Evidemment, rien n’est garanti. Nous aurons l’occasion, dès que la partie adverse aura fourni sa réponse, de revenir sur l’argumentation juridique, au cours d’une réunion publique, si nécessaire.
2. Cette argumentation très précise pourrait nous être utile à nouveau d’ici peu … si le président de la Fondation Fourvière demande effectivement aux collectivités publiques, comme cela a été annoncé, quelque trois millions d’euros pour faire réparer les tours de sa basilique dont la construction s’avère le fait d’architectes défaillants.
Prenons dès aujourd’hui l’occasion de revenir sur un aspect capital du droit en matière de laïcité, en rapport avec notre histoire locale passée et à venir et en utilisant, en conclusion, le mémoire de notre avocat.
Un point d’histoire locale :
Dans les années 90 la mairie de Lyon et le Conseil général ont déjà versé 5, 5 millions de francs chacun pour la restauration de la basilique Fourvière.
M. Mercier, président du Conseil général avait répondu à la protestation d’un militant laïque qu’il n’y avait rien d’illégal dans ces subventions puisqu’elles étaient autorisées par le dernier alinéa de l’article 19 de la loi : « les sommes attribuées ( par l’Etat, les départements et les communes) pour réparations aux édifices affectés au culte public, qu’ils soient ou non classés comme monuments historiques […] ne sont pas considérées comme subventions , quand bien même elles seraient versées à des associations cultuelles – lesquelles ne peuvent en principe pas recevoir, sous quelque forme que ce soit, des subventions publiques ». M. Mercier ajoutait triomphalement : « Le fondement juridique de la délibération que vous critiquez est donc incontestable ; cette délibération ne porte aucune atteinte au principe de laïcité ».
La vérité oblige à dire que le militant laïque en question – c’était le signataire de cet article - prit ces analyses pour vérité d’Evangile et ne poursuivit pas le Conseil général. Il eut tort.
Consciemment ou pas, M. Mercier l’avait abusé.
La Fondation Fourvière n’avait et n’a toujours aucun droit à recevoir de telles subventions.
La réalité de la loi de 1905
Les articles 18 et 19 de la loi définissent que les associations cultuelles ne peuvent avoir que des activités cultuelles, sous peine de perdre divers avantages que la loi leur accorde.
La Fondation Fourvière qui a des activités statutaires cultuelles ( pèlerinages, culte marial…) n’est pas une association « exclusivement » cultuelle puisqu’elle a également des activités. culturelles, artistiques, sociales voire touristiques.
Elle ne relève donc pas du champ d’application de l’article 19 de la loi ni de l’alinéa Pétain.
L’argumentation de M. Mercier en 1998 était nulle. Ses subventions étaient illégales. Nous aurions pu et dû les faire annuler, comme nous devrions l’emporter dans l’ascenseur de Fourvière.
Mais la Fondation Fourvière peut-elle obtenir des subventions comme association loi 1901 ou Fondation reconnue d’utilité publique selon la loi de 1987 ? C’est encore non. Cette fois, en application de l’article 2 de la loi.
Donnons la parole à Maître Le Prado qui a la subtilité d’avoir recours à un extrait du rapport Machelon qu’il faut lire avec attention : le rapport Machelon avait été commandé par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy pour chercher les moyens de tourner la loi de 1905. M. Machelon met le doigt sur l’impasse juridique de subventions aux Eglises que représente l’association solide de l’article 2 et de l’article 19 :
« Mais la Cour administrative d’appel de Lyon a commis une erreur de droit en estimant que l’octroi de la subvention litigieuse à la Fondation Fourvière ne méconnaissait pas les dispositions de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905.
La Cour administrative d’appel de Lyon a reconnu, en premier lieu, que les dispositions de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 concrétisent le principe constitutionnel de laïcité en énonçant le principe qui « exclut qu’une subvention publique soit accordée, directement ou indirectement pour l’exercice d’un culte ». Elle s’est référée à cet égard à la jurisprudence constante du Conseil d’Etat en la matière ( CE 25 novembre 1988 Dubois, n° 65932 ; CE 9 octobre 1992 Commune de Saint Louis, n° 94455).
Dans son rapport sur la laïcité publié en 2004 (point 2.1.1), le Conseil d’Etat a réaffirmé qu’une « subvention publique est illégale même si l’association ayant des activités cultuelles a également des activités sociales ou culturelles. ».
M. Machelon, dans son rapport remis en 2006 à l’autorité gouvernementale, a conclu dans le même sens : « les associations dites « à double visage », mêlant des activités rituelles et d’autres activités étroitement liées à l’exercice du culte (publications, activités sociales, sportives) sont donc doublement pénalisées. Elles ne peuvent être regardées comme cultuelles au sens de l’article 19 de la loi de 1905, dès lors qu’elles n’ont pas pour objet exclusif l’exercice du culte, et sont donc privées des avantages de ce statut. En même temps, elles peuvent être qualifiées de cultuelles au sens, cette fois, de l’article 2 de la loi de 1905, ce qui les prive de la possibilité de bénéficier de subventions publiques. ».
Il y a, dès lors, une contradiction de la part de la Cour administrative d’appel de Lyon à rappeler le principe d’interdiction d’une aide publique à une personne morale exerçant une activité cultuelle, fût-elle non exclusive, et à reconnaître, par ailleurs, au nom de l’intérêt général, la possibilité donnée à la collectivité publique de verser une aide à cette même personne morale. »
La suite au prochain numéro.
Marcel Picquier , Lyon, 4 décembre 2007
Ces architectes Pierre-Marie Bossan et Sainte-Marie Perrin qu’on veut nous faire prendre pour des génies ont prétendu appliquer les méthodes d’architecture industrielle d’Eiffel. On n’a jamais entendu dire que les œuvres d’art gigantesques d’Eiffel et de ses élèves, construites à la même époque, menacent de s’écrouler. Les hommes de l’art élus par l’Eglise de Lyon ne savaient peut-être pas calculer les forces en jeu.
2 Cet alinéa n’est rien d’autre que la loi Pétain du 25 décembre ( sic ) 1942 que nous dénonçons depuis toujours.
3 En fait la lettre du C.G du 5 novembre 1998 était signée pour le président par Pierre Jamet, directeur-général des services.
4 Il faut être attentif au vocabulaire : il faut utiliser ici le mot « cultuel » et non pas « religieux » ou « confessionnel » qui sont presque synonymes mais ne veulent rien dire devant un tribunal et que nous avions eu tort d’utiliser dans l’affaire Bissuel : la loi dit que la République « ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte ». L’exercice de la religion, n’est évidemment pas interdit par la loi qui garantit la liberté d’opinion.
FEDERATION NATIONALE DE LA LIBRE PENSEE
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Communiqué de presse du 3 novembre 2007
Mini-traité constitutionnel européen :La Libre Pensée n’ira pas à Canossa !
C’est avec un certain étonnement que la Fédération française de la Libre Pensée a pris connaissance du communiqué de la Fédération Humaniste Européenne, en date du 18 octobre 2007. Celui-ci indique : » Les membres du CA de la Fédération Humaniste Européenne tiennent à féliciter Madame Véronique de Keyser, députée européenne, pour son initiative d’organiser « Les Petits Déjeuners de la Libre Pensée ». Ces rencontres auront lieu chaque mois au Parlement européen, à Strasbourg, sur la même base que les réunions œcuméniques déjà existantes.
Le président du Parlement européen a donné son accord pour l’organisation des “Petits Déjeuners de la Libre Pensée” qui doivent être considérés dans le cadre de l’article 15 ter du projet de traité modificatif qui garantit une égalité de traitement entre les conceptions de vie laïques et non confessionnelles et celles qui sont religieuses ».
La Fédération française de la Libre Pensée, fondée en 1866, tient à indiquer solennellement qu’elle n’a strictement rien à voir avec cette initiative et qu’elle en conteste fortement la dénomination. Elle considère que la formulation « Libre Pensée » (avec les majuscules) est abusive, car la Libre Pensée n’a pas pour objectif « d’être à la communauté européenne non confessionnelle ce qu’est la COMECE (conférence européenne des Épiscopats catholiques) pour la communauté catholique » (Communiqué de la FHE). La Libre Pensée rappelle son attachement à l’égalité en droits des citoyens qu’elle oppose aux droits des communautés qui en sont la négation institutionnelle.
La Libre Pensée s’inquiète qu’il puisse s’agir d’une manipulation pour tenter de l’impliquer dans la ratification du nouveau traité européen. Elle rappelle, si besoin en était que ce Traité constitutionnel a été rejeté par les peuples français et néerlandais, notamment du fait des dispositions antilaïques qu’il contenait, favorisant outrageusement les privilèges antidémocratiques des Églises.
La Libre Pensée a constaté que l’article 15 du nouveau traité européen reprend intégralement les dispositions contenues dans l’article 52 de l’ancien traité qui donnaient un statut légal de partenaires officiels aux religions. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement, lorsque l’on lit que « Valéry Giscard d’Estaing avoue qu’il n’y a pas de différence entre le traité simplifié et le traité constitutionnel rejeté par les Français en 2005. « Les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a changé. » déclare, sur son blog et dans le journal anglais The Independent, l’ancien président de la République. Pour Valéry Giscard d’Estaing, qui dirigeait, en 2002 et 2003, Convention sur le Futur de l’Europe, la différence entre le traité constitutionnel (TCE) de 2005 et le traité modifié de 2007 est dans la méthode plus que dans le contenu.
Le texte de 2005 avait été débattu publiquement et devait remplacer tous ceux écrits précédemment : « Il s’agissait de simplifier les institutions européennes rendues inefficaces par les derniers élargissements, de mettre davantage de démocratie et de transparence dans l’Union européenne, et d’ouvrir la voie vers une Constitution pour les citoyens européens. » Pour le traité de Lisbonne, le processus n’a pas été le même, ce sont les juristes du Conseil qui ont été chargés de rédiger le texte, mais aucune suggestion n’a été faite, ils ont simplement repris les mêmes principes dans un ordre différent » (Source : lettre électronique la-sociale.net).
Ce qui a été rejeté hier ne saurait être accepté aujourd’hui. Alors que le peuple souverain sera privé d’utiliser le suffrage universel pour exprimer son avis sur le « nouveau » traité européen, la Libre Pensée déclare qu’elle n’ira pas déjeuner à Strasbourg ou à Bruxelles et ce ni à
matines ni à complies.
LIBRES PROPOS, LIBRES PENSÉES
Benoît XVI constant dans l'ignominie :
C'est avec une remarquable constance que le Vatican se complaît dans l'abjection lorsqu'il s'agit d'évoquer l'avortement ou la contraception, principalement en terres africaines. Lors de ses précédents voyage en Afrique, le précédent pape Wojtyla avait à de nombreuses reprises condamné l'usage du préservatif. Malgré les morts par millions à cause du SIDA, malgré des taux de contamination pouvant atteindre quarante pour cent de la population dans certains pays comme l'Angola, Wojtyla resta toujours sur la ligne criminelle d'un refus obstiné du préservatif.
Wojtyla comme Ratzinger se sont aussi particulièrement distingués dans leur appréciation de l'avortement. On retiendra par exemple le rapprochement nauséabond que tous deux ont fait entre l'interruption de grossesse et la shoah. Poursuivant ce discours, Ratzinger a dénoncé le dix-neuf novembre dernier le rôle des organisations internationales dans la promotion de l'avortement en Afrique. Il a ainsi affirmé : « la destruction de vies innocentes ne peut trouver de justification, quelles que soient les circonstances ». Chacun appréciera la phrase, sachant qu'elle vaut aussi pour les femmes enceintes à la suite de viols, situation hélas courante dans les pays ravagés par la guerre.
Cédric Mulet-Marquis
Delanoë, Alliot-Marie et la "laïcité nouvelle".
« A l’occasion du deuxième consistoire (création de nouveaux cardinaux) de Benoît XVI, samedi 24 et dimanche 25 novembre 2007 à Saint-Pierre de Rome, le nouveau cardinal français André Vingt-Trois, archevêque de Paris, était accompagné par Bertrand Delanoë, maire de Paris, et par Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, qui a témoigné de "la reconnaissance de la France envers l'Eglise catholique (...) pour son rôle historique et sa contribution à la définition d'indispensables repères moraux". Le nouveau cardinal s'est réjoui d'une "laïcité nouvelle" qui ne se réduit plus à "une interdiction des références religieuses ». Henri Tincq Le Monde 27/11/07
La « rupture » tant promise, c’est donc aussi cela : « une laïcité nouvelle » nous est imposée subrepticement, par petites touches. Comme la « constitution européenne » rebaptisée pudiquement « mini-traité » le prévoit explicitement, les religions seront consultées de plus en plus souvent sur les questions de société et instilleront en douce leur ordre moral et leurs normes à tous, croyants comme incroyants, même si la très grande majorité des français n’a plus de pratique cultuelle autre que celle dictée occasionnellement par une coutume ancestrale dépouillée de toute conviction religieuse profonde.
La Reconquista est en route et a pour objectif de nous renvoyer vers le temps béni pour l’obscurantisme religieux où la raison, la science et même les rois devaient s’incliner devant l’homme en haut des marches qui disait : « J’ai questionné Dieu et voici sa réponse ».
Cette époque s’appelait le Moyen-Age.
René Jambon
Mort de la démocratie en Europe :
Le 18 octobre à Lisbonne, les chefs d'état et de gouvernement européens ont acté la fin d'une démocratie européenne moribonde. Les peuples français et néerlandais ont indiqué par leur vote de 2005 qu'ils rejetaient une Europe entendue comme une arène dans laquelle se déroulerait la concurrence libre et non faussée de chacun contre tous, une Europe belliciste dont l'ambition en matière de politique internationale se bornerait à seconder les Etats-Unis dans leurs projets.
Tout pourtant fut mis en oeuvre pour que les citoyens se résignent dans la joie à la servitude volontaire. Un matraquage idéologique en faveur de l'adoption du projet de traité constitutionnel déferla pendant des mois dans la quasi-totalité des médias. Les procédés les plus bas furent utilisés pour déconsidérer ceux qui osaient émettre une opinion contraire. Un parallèle infamant fut soigneusement entretenu entre les partisans du non et les responsables des heures les plus sombres de l'histoire du vingtième siècle. Les procès en incompétence et en irresponsabilité furent quotidiens. Des descriptions apocalyptiques nous montraient une Europe plus dévastée que pendant les pestes noires médiévales si le projet de constitution venait à être rejeter.
Malgré cela, les peuples français et néerlandais jugèrent ce qui leur était proposé non conforme à leurs vœux. Si la notion de souveraineté populaire avait encore un sens en Europe, la conséquence de ce refus aurait dû être l'élection d'une assemblée constituante ayant légitimement mandat d'écrire une nouvelle proposition de traité constitutionnel. Après rédaction, il aurait fallu soumettre ce projet au vote des citoyens. Sans doute ce processus aurait-il pris du temps. Mais pouvait-on faire autrement si l'on souhaitait que la construction de l'union européenne soit l'œuvre de ses citoyens ?
A n'en pas douter les dirigeants de l'union ont décidé que la comédie constituant à feindre de prendre en compte la volonté générale avait assez duré. Puisque le peuple n'avait pas voté comme on l'entendait, il fallait le dépouiller du maigre pouvoir qu'on lui octroyait encore. La réunion de Lisbonne est le dernier acte d'un processus visant à priver le peuple de la moindre influence sur le contenu des décisions prises dans le cadre de l'union.
Un projet de traité fut rejeté il y a deux ans par le suffrage universel. La décision de le faire adopter par un congrès que l'on sait d'avance acquis au texte n'a qu'une seule interprétation possible. Le peuple ne doit pas être consulté pour les décisions importantes, ce n'est pas à lui de décider de son avenir. Cela est l'affaire de quelques esprits prétendument supérieurs qui savent ce qui est bon. Le gouvernement des meilleurs, cela a un nom : l'aristocratie.
On ne sera pas surpris que ce traité organise le retour des religions dans l'espace public, les associe à la prise des décisions politiques. L'obéissance à un ordre supérieur divin est un principe fondateur de toutes les religions qui toutes clament que seule la loi de dieu doit s'appliquer, et qu'il est sacrilège de s'y opposer en décidant librement de ce qui est bon et mauvais. Cela n'est pas compatible avec l'exigence démocratique affirmant que les hommes, et eux seuls, décident des lois qu'ils se donnent. Manifestement, cela s'accorde par contre avec la vision d'une Europe subsidiaire dans laquelle les subordonnés ont pour seule tâche d'appliquer les décisions prises aux échelons supérieurs.
Les zélateurs du traité vantent une Europe moderne, garante des liberté, assurant la prospérité. Nous savons ce que signifient en réalité ces paroles. En fait de modernité, on détruit méthodiquement ce qui permet à chacun d'avoir une vie décente : hôpitaux, écoles, droit du travail, sécurité sociale. La liberté que l'on nous promet, c'est celle d'asservir sans contrainte. Quant à la prospérité, il n'est guère question que de celle des riches actionnaires. L'Europe qui se construit contre la volonté des peuples, cléricale, guerrière, est lourde de menaces. Faisons en sorte qu'elle n'advienne pas.
Cédric Mulet-Marquis
Atheist
Chacun connaît l’importance et l’influence prises par la religion aux Etats-Unis, un pays dont l’ambition est de faire la pluie, le beau temps et plus dans le monde entier. Pourtant les USA sont le premier pays à avoir institutionnalisé par le 1er amendement de sa constitution la séparation des églises et de l’état mais la religion s’est réinsérée insidieusement au fil des décennies dans les rouages des institutions américaines pour prendre la tournure tendancieuse et inquiétante que l’on connaît actuellement. Dans certains états, les violations sont constantes ( ex. : prière à l’école, au stade, au travail sous peine de marginalisation sociale). L’athéisme est l’abomination suprême. Et peu importe la religion, il faut croire. On peut donc se demander ce que pensent de cela les athées américains et ce qu’ils font pour le combattre. Menacés de basculer en régime quasiment théocratique par l’interprétation par la Cour Suprême de la séparation églises-état (la voix d’un seul juge pourrait faire pencher la balance), ils sont loin d’être muets et inactifs et sont bien décidés à ne plus se taire. Selon Richard Dawkins, auteur du best-seller « The God delusion », ( l’illusion de Dieu) le temps est venu de dire : « Trop, c’est trop », et de le dire haut et fort. Livres, conférences, congrès, interviews télévisées, Internet, vidéos, satire, ils s’expriment. Un petit exemple d’argumentaire nous est donné par une courte vidéo en anglais signée Zak Attack diffusée sur YouTube, et appelée simplement :« Atheist » :
Athée : celui qui n’a pas de croyance en un dieu. 36 millions d’Américains ne croient pas en un dieu (ce nombre inclut aussi les agnostiques) selon Barna Research 2004.
Dans une étude de l’Université de Minnesota, plus de 2000 personnes ont été questionnées pour savoir auxquels de leurs concitoyens il manquait la correcte vision de la société américaine : plus que noirs, gays, immigrants, lesbiennes ou même musulmans… les athées sont vus comme les moins américains (selon le sondage).
Les chrétiens représentent 75 % de la société américaine : ils représentent 75 % de la population carcérale. Les athées représentent 10 % de la population américaine : Ils représentent 0.02 % de la population carcérale. (Bureau Fédéral des Prisons 1997).
« Non, je ne crois pas que les athées puissent être considérés comme des citoyens, ni être considérés comme des patriotes. This is a nation under God ( Ceci est une nation sous (le pouvoir de) Dieu » , George Bush Senior.
Psaume 14 - 1 : « L’idiot ( the fool ) a pensé en secret : il n’y a pas de Dieu. Ils sont corrompus, leurs actions sont viles : il n’y en a aucun qui agisse bien. »
« Idiots »… selon la Bible… Suit une longue galerie de portraits d’intellectuels américains ou étrangers, se revendiquant publiquement athées, dont beaucoup mondialement connus, écrivains, linguistes, philosophes, biologistes, inventeurs, généticiens, paléontologistes, entomologistes, historiens, astronomes, psychologues, professeurs à Oxford, Harvard , MIT et autres universités prestigieuses, Prix Nobel dans différentes disciplines, Prix Pulitzer, etc.
Selon la Bible… tous ces hommes et femmes brillants sont des idiots.
Ecclésiaste 4 - 12 : « Une corde de trois brins n’est pas facilement brisée » (une relation qui inclut Dieu sera beaucoup plus forte).
En 1999 le sociologue chrétien G.Barna publia son étude sur les taux de divorce : Chrétiens « born again » : 27 % de probabilité de divorce. Courant central protestant : 24 %. Athées et agnostiques : 21%
Psaume 14 - 1 : « L’idiot a pensé en secret : il n’y a pas de Dieu. Ils sont corrompus, leurs actions sont viles: il n’y en a aucun qui agisse bien. »
« Vils »… selon la Bible… Suit une nouvelle galerie de portraits de personnalités se déclarant ouvertement athées, la plupart mondialement connues, acteurs, chanteurs, metteurs en scène, artistes, sportifs, écrivains, humoristes, hommes d’affaires et philanthropes, etc.
La vidéo se termine par une citation de Carl Sagan, astronome, astrobiologiste, Prix Pulitzer : « Il est beaucoup mieux de comprendre l’univers tel qu’il est, plutôt que de persister dans l’illusion, bien que celle-ci puisse être satisfaisante et rassurante ».
R J
Tony Blair et Dieu.
Vous croyez sans doute que la démocratie est le meilleur moyen de choisir des dirigeants sages, rationnels et pragmatiques ?
C’est probablement vrai si les électeurs sont majoritairement sages, rationnels, pragmatiques et de surcroît bien informés, ce que les médias actuels s’efforcent de rectifier en les concentrant au maximum sur des sujets futiles, du rêve éveillé et des besoins imaginaires. La spiritualité mystique est de ceux-ci.
Résultat, ils élisent des dirigeants irrationnels qui les conduisent sur des voies (du Seigneur) regrettables avec la meilleure bonne conscience.
Un excellent exemple nous est donné par Tony Blair, qui au cours d’une interview télévisée récente sur BBC One avait déclaré qu’il avait longuement prié Dieu avant de décider si oui ou non il devait envoyer des troupes britanniques en Irak.
Ayant intensément prié puis décidé enfin que sa conscience lui disait de le faire, il en conclut logiquement que cette décision lui avait été dictée par Dieu. ( Dieu se trouvant probablement pour quatre ans domicilié à la Maison Blanche).
Il a précisé que du temps où il était Premier Ministre, il évitait de faire référence à sa foi en public de peur de provoquer des moqueries et de passer pour un « cinglé ».
Ces déclarations tardives ont déclenché des polémiques aussi bien du côté des
anti-guerre en Irak ( la mère d’un soldat tué à Bassora en 2004 déclara : « Je suis réellement dégoûtée par ces propos. C’est une plaisanterie. » et le Dr Harris, député et membre de la National Secular Society dit que ces commentaires étaient « bizarres », mettant en garde contre les politiciens faisant référence à la déité, aussi bien que du côté des religieux qui le critiquèrent pour ces propos, l’évêque de Rochester déclarant : « Je suis désolé que Tony Blair pense qu’il ne devait pas parler de sa foi en public, de peur que les gens pensent qu’il est cinglé »
Il n’est guère charitable de sa part de critiquer un homme qui, où qu’il se trouvât le dimanche, demandait à ses assistants de lui trouver une église pour assister à la messe.
Au cours du show télévisé, Tony Blair évoqua son moment de Premier Ministre le plus embarrassant : Donnant une conférence de presse en France on lui demanda s’il y avait des politiques françaises qu’il aimerait imiter.
Essayant de répondre en français, il dit : «Je désire votre Premier Ministre dans beaucoup de différentes positions ».
Comme quoi, si Dieu peut inspirer des actes, il n’est pas d’un grand secours sur la parole (ou alors il maîtrise mal le français).
R J
Abbé Pierre, c’est sur toi que je bâtirai mon église
En présence (comme il se doit) du trio infernal constitué des compères Barbarin, Mercier, Gérard Collomb, plus le représentant du préfet, la place de l’église d’Irigny vient d’être rebaptisée « Place de l’abbé Pierre », le samedi 1er septembre 2007.Un monolithe a été érigé pour l’occasion. Car c’est dans cette commune que le citoyen Henri Grouès a passé son enfance, c’est là aussi qu’il a dit la messe lors de visites. On est parfois prophète en son pays.
Fallait-il pour cela neutraliser le fonctionnement des services municipaux ? Fallait-il faire coller des mots dans le carnet de correspondance des élèves du primaire pour annoncer la cérémonie ? Fallait-il assurer, comme l’a fait le maire d’Irigny dans son éditorial du bulletin municipal, que l’abbé avait su « réveiller les consciences » ? A chacun d’en juger.
Une bonne nouvelle cependant : la famille Grouès s’est opposée à ce qu’une municipalité quelconque baptise une rue ou place du nom de l’abbé Pierre si elle n’avait pas moins de 20% de logements sociaux. Cela devrait nous éviter le problème à Lyon. PG
Article d’Anne-Claire Genthialon, paru dans Lyon Capitale le 11 décembre 2007
Les fondamentalistes multiplient les incidents à Lyon 1.
Biologie. Les thèses créationnistes prennent de plus en plus d’ampleur dans le monde. A Lyon, pour contrer cette montée en puissance, les enseignants organisent leur réponse intellectuelle et éducative.
La scène se passe en septembre, dans un amphithéâtre de l’Université Lyon 1. Alors qu’elle donne son cours de biologie de l’évolution à ses étudiants de Master 1, Dominique Pontier, chercheuse au CNRS, est interrompue par une femme. Cette dernière prend à parti l’enseignante en prônant des thèses créationnistes. L’épisode se répète quelques jours plus tard dans un autre cours. Incident isolé ? A en croire Hubert Pinon, le Directeur de l’UFR de biologie de Lyon 1 : « Ce n’était pas une situation inconnue ». « Plusieurs enseignants m’ont relaté ce genre d’incidents en Licence ». Dans l’enseignement secondaire, Georges Grousset, inspecteur d’académie constate une recrudescence du phénomène. « Il y a toujours eu des contestations sur l’enseignement de l’évolution. Ce n’est pas un mouvement global mais nous remarquons que de plus en plus de créationnistes cherchent à imposer leur avis dans les cours de biologie ». Le créationnisme s’oppose à la théorie de l’évolution issue des travaux de Darwin. Le postulat premier de cette théorie créationniste étant que la Terre et la vie ont été créées par Dieu comme le décrit la Genèse. Exit donc Lucie, les homo sapiens et autres fossiles ! Cette volonté de mettre sur le même plan science et croyance entraîne des difficultés dans l’enseignement de la biologie. L’an dernier, universités, collèges et lycées avaient été inondés par l’ouvrage créationniste « L’atlas de la création » d’Harum Yahya. En réaction à ces incidents et à cette diffusion massive, le Comité de Déontologie de l’université de Lyon 1 a organisé sa réponse « multiforme et éducative ». Hubert Pinon l’expose : « C’est de notre devoir de concourir à la diffusion du savoir scientifique et technologique dans l’ensemble de la société ». Colloques, conférences, carnet scientifique sur l’évolution distribué dans les collèges et lycées… Les scientifiques ont sorti l’artillerie lourde pour contrer cette tendance difficile à gérer dans le secondaire. Georges Grousset l’explique : « C’est un sujet délicat, il ne s’agit pas de se mettre en réaction par rapport aux croyances de l’élève. Notre seul moyen, c’est d’apporter des explications scientifiques : à la croyance, on oppose la réalité observée
Notre commentaire :
La Libre Pensée se félicite que les professeurs d’Université se mobilisent pour défendre les sciences contre les croyances. La LP était présente à la conférence du 14 décembre où un communiqué a été diffusé.
Nous reviendrons sur le contenu et le déroulement du débat et les problèmes politiques qu’il soulève notamment quant à l’enseignement du fait religieux à l’école et la remise en cause de la loi de 1905.