ÉDITORIAL
"Sur les murs de l'université
J'écris ton nom : précarité"
Slogan inscrit sur le parcours d’une manifestation, près de la Manufacture des Tabacs
A l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement Macron / Borne a fait passer en force sa loi sur les retraites, jouant de l’article 49-ter, et nul ne sait comment tournera la situation.
Le mouvement de protestation avait commencé par le refus, de la part d’une immense majorité des travailleurs de ce pays, de travailler jusqu’à l’épuisement. Les injustices liées à la réforme, comme la situation faite aux femmes, ont provoqué la colère populaire. L’unité syndicale, sans faille cette fois-ci, traduisait le refus en profondeur de la réforme.
Ce rejet englobait le refus de travailler dans des conditions rendues parfois impossibles, comme dans les secteurs de la santé et de l’enseignement.
Au fil des jours, manifestation après manifestation, journée de grève après journée de grève, grandissait le sentiment de devoir défendre … tout simplement la démocratie.
Sans être clairement formulée, cette inquiétude montait à chaque coup de force autorisé par la constitution : articles 47-1, 44-3 et pour finir : 49-3.
Rien d’étonnant, et même très logique, l’emploi de la grosse Bertha législative intervient au moment où on assiste à une militarisation de l’économie, au détriment des conquêtes sociales et des services publics. La hausse du budget des Armées jusqu'en 2030 (21 milliards) est "supérieure aux économies que doit dégager la réforme des retraites (13 milliards selon le journal patronal "Les Échos"). Entre les retraites et les missiles, le gouvernement avait déjà choisi : ce serait le retour à « l’âge des casernes ».
«
La situation faite à la jeunesse est insupportable, et nos jeunes n’attendront pas les 60 ans (ou au-delà) pour s’en apercevoir. Leurs perspectives d'avenir sont saccagées. Et on prétend maintenant embrigader tous les jeunes de 15 à 17 au moyen du "Service National Universel", opération d'embrigadement pour laquelle sont déjà prévus 3 milliards d'euros.
Le statut d'objecteur ne sera pas reconnu.
La généralisation du SNU a été annoncée par le président Macron, autrement dit son caractère obligatoire. Toujours plus d'argent et de moyens de propagande pour l'armée, toujours moins pour les retraites, pour les services publics, pour l'école et la formation.
L’école passe au second plan, et mieux vaut être aujourd’hui militaire qu’enseignant. Les perspectives de carrière sont plus claires.
Bien entendu, « si l’on n’y reste pas », et nous ne le souhaitons à personne… Mais cela a toujours été, et puis, de nos jours, on peut faire la guerre à distance. On peut même la faire par procuration, comme c’est clairement l’option choisie par Biden suivi par tous les gouvernements vassaux.
Du fait des particularités de leur métier, les militaires n’ont pas d’âge légal de départ à la retraite, mais une durée minimale d’années de service pour prétendre au versement d’une pension immédiate.
Depuis 2015, un militaire de carrière, selon son statut, peut dès l’âge de 43 ans partir en retraite. Pour un officier de l’armée, c’est après 27 ans de service, pour un officier sous-contrat, après 20 ans de service et après 17 ans de service, pour les non-officiers. Résultat paradoxal : c’est chez les militaires que l’espérance de vie de retraité en bonne santé est la plus élevée. Certes, le montant n’est pas élevé et les militaires doivent trouver des compléments.
J’ignore ce qui est prévu dans la loi Macron / Borne, mais je doute que ce « régime très spécial » soit spécialement en danger.
Régulièrement, des campagnes de publicité commanditées par l’État nous montrent à quel point les métiers de l’armée peuvent être épanouissants.
À Saint-Raphaël dans le Var, le maire a prétendu conditionner le versement des subventions aux cérémonies commémoratives. C’est un des résultats de la mise en œuvre du Contrat d’Engagement Républicain. Certes, il a été désavoué. Mais il est peut-être à l’avant-garde de notre époque de grand progrès à reculons. À chaque époque l’avant-garde qu’elle mérite !
Enfin, tout le monde ne la mérite peut-être pas. Il y a quelques personnes dans les rues en ce moment qui demandent – pacifiquement - une retraite normale.
Nous sommes avec eux !
P.G.
Congrès de la fédération 69
Le congrès de la fédération du Rhône a eu lieu samedi 28 janvier à Bron.
Le rapport moral et d’activité reproduit ci-dessous a été adopté à l’unanimité, ainsi que le rapport financier. Le montant de la cotisation n’a pas changé.
Le Bureau sortant a été reconduit. S’ajoutent deux noms à sa composition : celui de notre camarade Pierre-Yves Modicom, précédemment membre de la fédération de la Gironde, et dont la candidature à la Commission Administrative Nationale est présentée par la fédération du Rhône.
Et celui de Luc Gemet, membre de l’association des victimes de l’Église et animateur de l’association des victimes du P. Ribes, en tant que membre associé au Bureau. Bienvenue à tous deux !
Rapport moral et d’activité 2023
présenté par le Bureau de la Libre Pensée du Rhône et approuvé au congrès de la fédération
Ce rapport couvre la période depuis la précédente assemblée de congrès, le 15 janvier 2022.
Scandales de l’Église et indemnisation des victimes
L’année 2023 aura incontestablement été marquée par l’action entreprise auprès des victimes des crimes de l’Église pour obtenir juste réparation. Notre fédération a occupé une place particulière.
Reportons-nous en arrière. Début 2022, nous annoncions le début d’une démarche pour rendre publique la réalité des biens de l’Église dans le cadre d’un travail de la FNLP.
Ce travail a été accompli, il a contribué à la publication de l’ouvrage sur les richesses de l’Église et ses répercussions médiatiques, dont nous ne mesurons pas encore toute l’ampleur à la date où nous écrivons.
La lecture critique des comptes du diocèse de Lyon a été faite par un de nos adhérents, que nous remercions.
Le reste n’était pas planifié. Pour faire bref, rappelons les principales étapes : d’abord une rencontre, à l’occasion d’une mise en scène théâtrale, avec des victimes du P. Ribbes ; des réunions publiques dans plusieurs communes des monts du Lyonnais ; l’expertise comptable des comptes du diocèse ; une première conférence de presse avec les victimes, celles de Ribbes et d’autres. Naît alors l’idée d’une association, que nous aidons à constituer ; un n° spécial de l’An II, à diffusion nationale, avec des témoignages, des analyses sur le caractère « systémique » de la pédo-criminalité dans l’Église, les polémiques nées de la publication du rapport Sauvé, et des revendications qui deviennent de plus en plus claires dans un domaine que nous découvrons.
Alors que les affaires se multiplient, comme celle – extraordinaire - des Inuits venus à Lyon du Canada, nous décidons d’une journée de mobilisation, avec conférence de presse et réunion publique. Nous avons compris à cette date que toute initiative tournée vers l’archevêché était une impasse et revenait à s’en remettre à une bien hypothétique charité chrétienne. La demande d’expertises indépendantes que refusent les instances de réparation, appuyées sur une interpellation de l’État français qui n’a rien répondu aux questions et recommandations du comité des Droits de l’Enfant de l’ONU.
Saluons le travail de notre camarade Keith Porteous Wood, porte-parole de l’AILP accrédité auprès de l’ONU. Un travail colossal à la mesure des crimes de l’Église sur les cinq continents, et en France en particulier.
Un travail qu’il continue de porter par une nouvelle salve de questions à l’ONU, alors que la question posée au gouvernement français sur son absence de réponse a été reprise par un député LFI.
La balle n’est plus dans notre camp.
Toute action suscitant une réaction, nous ne sommes pas surpris d’avoir subi des attaques aussi anonymes que malveillantes sur les réseaux sociaux. Des reproches parfois très surprenants quand on nous taxe « d’anticléricalisme » ! L’Église a des relais et se défend. Il n’y a pas là de quoi s’émouvoir, ce n’est pas nous qui nous trouvons en mauvaise posture : mise en cause dans son hégémonisme moral, menacée au niveau du porte-monnaie, l’Église catholique est profondément divisée entre ceux qui veulent sauver la face, faire la part du feu et ceux qui éprouvent de la honte, tout simplement.
Nous n’avons rien à craindre, mais l’adversaire est de taille !
Loi « Sécurité globale » et CER (Contrat d'Engagement Républicain)
En 2021 et 2022, nous nous sommes opposés aux lois sur la « sécurité globale » et « séparatisme », et nous avons alerté sur les conséquences prévisibles du Contrat d’Engagement Républicain, dès le retour du congrès de Voiron. Nous avons expliqué qu’une association « loi 1901 » ne serait plus une association libre, mais une corps intermédiaire chargé de suppléer l’État dans sa fonction de surveillance, le contrôle a posteriori des subventions versées par l’État ou les collectivités, avec possibilité d’en imposer le remboursement, plaçant au-dessus d’elles une épée de Damoclès. À moins évidemment de partager les conceptions gouvernementales et ce qu’on appelle les « valeurs » de la République (non les principes). C’est pour expliquer cela que le 14 octobre, nous avons organisé une conférence à Villeurbanne avec Christian Eyschen, secrétaire général de la FNLP.
Or Laurent Wauquiez a trouvé utile de produire un CER propre à la région Auvergne-Rhône-Alpes empiétant sur les compétences de l’État (quoi qu’on pense de la loi votée par le Parlement). Une fronde s’organise chez les associations, qui prend même la forme de recours juridiques. Il nous faut aider ce mouvement à s’organiser. C’est pourquoi fin février nous prenons l’initiative d’une réunion publique sur la « liberté de conscience » en nous adressant aux autres fédérations LP d’Auvergne-Rhône-Alpes, et aux représentants du mouvement associatif.
Pacifisme
L’année 2022 a connu deux événements majeurs, sur des plans très différents. Il y eut d’abord le vote de la loi portant réhabilitation des fusillés pour l’exemple à l’Assemblée nationale, vote qui doit être confirmé par le Sénat. L’autre événement est l’irruption de la guerre en Ukraine, qui rend notre combat pacifiste encore plus actuel.
Le sort des Russes qui refusent d’être appelés à porter les armes, menacés même de la peine de mort par le régime de Poutine, est très comparable à celui de nos fusillés de la 1ère guerre mondiale. Pour autant il n’est pas question d’exonérer l’OTAN de sa responsabilité dans le déclenchement du conflit.
C’est ce qui a été rappelé par les organisations présentes le 11 novembre au monument aux morts du Parc de la Tête d’or, réunis sur des mots d’ordre clairs :
Réhabilitation collective et républicaine des fusillés pour l’exemple de la guerre 1914-1918
Non à la guerre, non à toutes les guerres – Arrêt des OPEX de la France
Non à la militarisation de la jeunesse – Abandon du SNU
Arrêt des bombardements et des tueries en Ukraine !
Arrêt de toutes les ingérences militaires, économiques et politiques en Ukraine !
Ni OTAN, ni Poutine ! À bas la guerre ! Pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes !
La paix est l’avenir des peuples ! Les peuples du monde entier veulent la paix !
La question sociale est inséparable du combat contre la guerre.
L’augmentation du budget de l’armée est d’autant plus scandaleuse que l’école, la santé, et tous les services publics souffrent d’asphyxie. À cet égard la présence conjointe de l’UD-FO et de l’IHS-CGT faisaient sens.
SNU (Service National Universel)
Du point de vue des engagements volontaires, le SNU est actuellement un four : seulement 23 000 volontaires, conflit larvé entre l’armée et l’Éducation nationale pour l’encadrement du dispositif (même si l’armée s’invite de plus en plus régulièrement dans les établissements scolaires). Le gouvernement Macron s’est engagé dans une logique militariste d’encadrement de la société et particulièrement de la jeunesse, qui tient autant à la crainte d’une révolte sociale qu’au soutien à l’OTAN dans la guerre à en Ukraine. Mais les deux sont liés. Le budget de l’armée explose, alors que le système de santé est en ruine, et que l’école ne se porte guère mieux.
Le gouvernement Macron s’apprête à rendre obligatoire le Service National Universel. Cela va tout changer. L’existence de deux « collectifs » nationaux partagés entre le refus du SNU et la mise en place d’un SNU
« différent » est un problème nationalement. Mais dans le Rhône, le seul collectif constitué est entré en sommeil depuis la crise du COVID, il nous appartient de relancer une action commune avec les associations attachées au pacifisme et à la liberté de conscience, car les jeunes ont bien d’autres soucis qu’apprendre à marcher au pas.
La mise en place participant de la même logique que la loi « séparatisme », elle posera d’ailleurs la question de l’objection de conscience.
En mémoire de la Commune
La proposition de poser une plaque commémorative aux victimes lyonnaises du 30 avril 1871, à la Guillotière. a été « oubliée » par la municipalité au prétexte d’une situation tendue place Gabriel Péri. Nous avons quand même procédé à l’exposition d’une plaque fictive, avec l’IFS-CGT et les Amis de la Commune, et la presse en a rendu compte positivement.
Le travail réalisé à cette occasion nous a permis d’approfondir l’histoire de la Commune de Lyon, qui anticipa celle de Paris de plusieurs manières, et des pans de l’histoire de la Libre Pensée à Lyon, qui se confond partiellement avec celle de l’AIT. C’est ainsi que nous sommes entrés en contact avec l’historien Matthieu Rabbe, interviewé dans la Raison. Pour la plaque, nous ne laissons pas tomber. Après une nouvelle auprès de la Maison des Projets chargée de faire revivre le quartier, nous comptons organiser une réunion publique sur les événements de la Guillotière.
Féminisme
Notre féminisme n’est pas celui d’une certaine petite bourgeoisie fourvoyée dans une guerre des genres, il est l’exigence d’une réelle égalité des droits (droits à un vrai travail et à un vrai salaire, à la santé, à l’éducation) et au droit de la femme à disposer de son corps. Les militantes ouvrières et libres-penseuses qui ont incarné ce combat ne manquent pas dans notre histoire : Marie Bonnevial, mais pas seulement.
C’est ce que nous avons rappelé lors d’une « causerie » à l’espace Tonkin, puis à l’invitation des retraités de Villefontaine faisant suite à la pièce « Une de vos Filles ».
Vie de la fédération et perspectives
Au bilan, la fédération est active, incontestablement, et nullement isolée. Nous commençons même à nous faire une (petite) place dans les médias, de haute lutte. Le problème est principalement celui des adhésions. Le nombre d’adhérents n’est pas en rapport avec les tâches que nous avons entreprises. Il y a nécessité de renforcement et de rajeunissement. C’est pourquoi nous tiendrons une réunion publique fin février autour de la « liberté de conscience » avec pour objectif – outre le combat contre le CER- de gagner les nouveaux adhérents potentiels.
En juin aura lieu la préparation du congrès national. Dans l’esprit de ce que le congrès a appelé, faute de mieux, la « confédération laïque », nous proposons d’ouvrir une partie de notre assemblée aux associations amies.
Rien ne justifie, au regard des problèmes démocratiques et sociaux, la dispersion des forces attachées à la laïcité, il faut se regrouper. La Libre Pensée a les atouts pour être au cœur de cette dynamique à créer.
ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ DES LIBRES PENSEURS DE FRANCE
assistance et la bienfaisance aux Libres Penseuses, libres penseurs, leur famille proche, confrontés aux aléas de L’EXISTENCE : Secours d’urgence, aides ponctuelles ou sur la durée. ¨Par exemple : aide pour prothèse dentaire, aménagement domicile dans une situation de handicap, pour payer le loyer en EHPAD ou un plan d’aide à domicile, pour la scolarité (bourses d’études).
Aide à des associations laïques de bienfaisance agissant pour la liberté de pensée en France, dans le monde, françaises ou étrangères, partageant les objectifs de la Libre PENSÉE (Exemples : Aide à « Tadamoun Wa Tanmia » pour la scolarisation des enfants libanais et déplacés syriens à Saïda, au LIBAN - Soutien en 2021, à deux programmes de l’UJFP, l’un d’aide à des agriculteurs dans la bande de GAZA, l’autre « Gaza, urgence déplacés », après les bombardements israéliens de mai 2021 – Aide à « Un enfant, un cartable» pour la scolarisation des enfants de familles très démunies, au SÉNÉGAL).
Soutien aux Libres Penseurs, aux amis de la Libre Pensée et à leurs familles, persécutés, en danger.
Amies, amis de la Libre pensée, Libres penseuses, Libres penseurs
Renforcez nos capacités d’assistance, de solidarité
Devenez bienfaiteur -faites un don –un legs – faites bénéficier entraide d’une assurance-vie
Pour ton contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Contrat d'engagement républicain
Le principe de cette lettre adressée au maire de Lyon et aux maires d’arrondissement, a été adopté le 24 février au cours d’une réunion d’échange sur la liberté de conscience au palais du Travail de Villeurbanne. Sa diffusion sera élargie aux maires d’autres communes de la Métropole, là où la possibilité d’un échange avec les élus sera établie.
Son contenu porte sur le Contrat d’Engagement Républicain qui est une atteinte caractérisée à la liberté d’association. Mais la mise en place du CER intervenant en même que la généralisation du Service National Universel, on voit d’autant mieux qu’une mise au pas de tout ce qui peut ressembler à de la contestation ou à une forme de désobéissance civile est l’un des buts poursuivis.
Avec le SNU, l’armée a accès au public d’âge scolaire pour faire sa promotion (de 15 à 17 ans, donc pour la première fois des mineurs), tout en leur déniant le droit à l’objection de conscience.
L’incitation à un engagement conforme « aux valeurs de la République », vanté à grand renfort de publicité et de moyens, n’est pas la même chose que l’engagement militant personnel, lequel peut prendre la forme de la désobéissance civile. Celle-ci a montré dans le passé à quel point elle pouvait être facteur de progrès : qu’on songe au mouvement des droits civils aux Etats-Unis, aux actions menées contre la guerre au Vietnam ou en Algérie, au droit à l’IVG. Et aujourd’hui : aide aux migrants ? questions environnementales ? mariage pour tous ? cause animale ? pacifisme ? Avec le SNU, on risque d’avoir un tri sélectif qui fera plus de place aux actions caritatives qu’à la critique sociale.
Sur toutes les questions évoquées ci-dessus chacun aura son avis. La Libre Pensée, pour qu’il n’existe pas de vérité révélée, la liberté de conscience n’a pas à être encadrée. C’est à l’école et à elle seule de donner au citoyen les moyens d’exercer ses capacités d’analyse. Qu’elle y parvienne toujours, en 2023 et dans le cadre de ce qu’est devenue l’Éducation nationale, ceci est une autre histoire !
Lettre au Maire de Lyon
Lyon, le 14 mars 2023
À M. le maire de Lyon
Copie à MM / Mmes les conseiller(e)s d’arrondissement
Objet : Contrat d’engagement Républicain
Monsieur le Maire,
Comme vous le savez, le Contrat d’engagement Républicain est désormais soumis aux associations ou fondations sollicitant soit des subventions ou aides matérielles, soit des agréments, soit des demandes ou renouvellements d’utilité publique.
Ce contrat d’engagement est mis en place en application de la loi dite « de renforcement des principes de la République » du 24 août 2021.
La loi séparatisme institutionnalise une défiance de l’État à l’égard du monde associatif, défiance qui s’étend aux élus locaux. En effet, cette loi, notamment via le CER, institue un droit de regard de l’État sur les financements versés par les collectivités territoriales aux associations, qui disposaient jusqu’alors d’une liberté quasi-totale.
La Libre Pensée s’est prononcée dès l’origine contre cette mesure qui aboutit à limiter la liberté formalisée dans la loi de 1901.
La raison en est simple : ce que la loi n’interdit pas constitue le champ dans lequel s’inscrit toute liberté, et donc la liberté de conscience sur laquelle aucun contrôle administratif ne saurait s’exercer. Le méconnaître, c’est entrer dans une logique d’interprétations arbitraires et problématiques. C’est restreindre les valeurs dites « de la République » aux seules valeurs consensuelles, et appauvrir singulièrement le débat démocratique.
Si le Contrat d’engagement Républicain n’était qu’un rappel à la loi, il serait déjà inutile, puisque nul n’est censé ignorer cette dernière. Malheureusement, il est dans la logique du Contrat d’engagement Républicain d’aller au-delà d’un tel rappel.
Les dérives qui commencent à se multiplier ne sont pas accidentelles, elles sont la conséquence trop prévisible de l’application du CER.
Depuis la première alerte a été l’intervention du préfet de la Vienne pour faire retirer par la municipalité de Poitiers le soutien financier au « Village des Alternatives » organisé par l’association Alternatiba Poitiers, les points de conflit se sont multipliés.
La logique des chartes et des CER ne peut qu’aboutir à la constitution de féodalités, au gré des choix idéologiques des élus locaux ou régionaux, sans oublier l’intervention possible des préfets, et à multiplier les recours administratifs. Comme vous le savez, M. Laurent Wauquiez a fait adopter son propre Contrat d’Engagement Républicain pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est une nouvelle source d’arbitraire et de confusion juridique.
Les associations musulmanes étaient visées par la loi 2021. De ce point de vue, le CER n’a pas eu de portée, aucun rôle direct d’acteurs associatifs n’ayant jamais été pointé dans la radicalisation islamiste.
Mais ce sont les acteurs écologistes ou altermondialistes qui sont inquiétés, ainsi que le Planning familial. Et demain : les syndicalistes ? On peut tout imaginer.
C’est l’ensemble du monde associatif qui a fait connaître son opposition au CER. Parmi les motifs d’inquiétude qui reviennent régulièrement, figurent l’insécurité financière qui découle du retrait rétroactif des subventions, et l’idée de responsabilité collective qui aboutit à faire des associations des supplétifs de l’Etat.
Il vous est demandé de mettre en œuvre le Contrat d’Engagement Républicain.
Nous pensons qu’un vœu soumis à délibération en Conseil Municipal demandant l’abrogation du CER et s’engageant à ne lui donner aucune portée quant aux demandes relevant de la municipalité serait de nature à satisfaire tous les acteurs de la vie démocratique.
Une telle initiative ne serait pas sans précédent : c’est ainsi qu’à Dijon douze associations signataires ou non-signataires du CER se sont adressées au maire dans un sens analogue, à propos d’une Charte de la laïcité. Parmi ces associations figuraient la Ligue des Droits de l’Homme, qui ne souhaitait pas signer « pour respecter le principe d’autonomie associative » et deux associations de Libre Pensée, pour toutes les raisons que nous venons d’exposer. Ce point de vue a été pris en compte, et l’obligation de signature a été retirée.
Nous sommes bien entendu prêts à vous rencontrer, et même très désireux d’avoir avec vous un échange sur ces questions. (…)
P. GIROD
SOUTIEN AU COLLECTIF MINEURS MIGRANTS
En région lyonnaise aujourd’hui, environ 180 mineur(e)s non accompagné(e)s se retrouvent sans droit, sans aucune ressource ni prise en charge institutionnelle. Le collectif mineurs/migrants pose la question : « Comment comprendre que la Métropole de Lyon qui se revendique accueillante et dispose d’un budget de près de quatre milliards d’euros, ne prenne pas en charge ces jeunes qui, selon les conventions internationales, européennes et la loi française, doivent être protégé.es ? »
La Libre Pensée du Rhône exprime son soutien à l’action du collectif qui demande, entre autres choses, l'explicitation dans la loi du respect de la présomption de minorité pour la personne se déclarant mineure isolée, comme le préconise la Défenseure des Droits, la Cour Européenne des Droits de l'Homme et le Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU ; et « en attendant cette clarification légale, que la Métropole de Lyon et la Préfecture mobilisent les moyens nécessaires pour que ce principe soit respecté et qu'aucun.e mineur.e ne se trouve abandonné.e à la rue dans le territoire métropolitain. »
les abusés de l'église
Dépose des vitraux dans les églises du Lyonnais :
c’est à l’Église de financer les travaux !
Le maire de Charly (Rhône) vient d’annoncer la décision de désinstaller les vitraux visibles dans l’église de sa commune, productions de Louis Ribes. Sous couvert artistique, cet ancien formateur au séminaire de Vienne-Estressin faisait poser nus des centaines d’enfants.
Il a commis des viols et agressions sexuelles sur au moins 49 d’entre eux (victimes déclarées au diocèse, mais combien ne parleront jamais ?) avant, pendant et après les poses.
Il jouait de son prestige « d’artiste » et de son autorité morale de prêtre pour manipuler les victimes et leurs familles, tout en naviguant entre les trois diocèses de Lyon Grenoble et Saint-Etienne.
Le diocèse de Lyon porte la lourde responsabilité d’avoir sciemment ignoré les signaux d’alerte.
Dès 1977, un séminariste informait pourtant la hiérarchie de la découverte qu’il avait faite de centaines de photos et de dessins pour le moins accusatrices.
En 1992, l’épouse d’une victime dénonce également les faits. En 2015, c’est l’évêque de Vienne et le cardinal Barbarin de Lyon qui sont à nouveau informés. L’Église n’a rien fait.
Aujourd’hui encore, l’idée de savoir les « œuvres » de Louis Ribes encore visibles (dans six églises entre région lyonnaise et monts du Lyonnais) ravive la douleur des victimes et de leurs familles.
Leur traumatisme n’a pas été pris en compte non plus à sa mesure par les instances dites « de réparation » comme l’INIRR, sinon de façon tardive, administrative et nettement insuffisante.
Ces faits, mis en lumière dans l’émission « Complément d’enquête : l’impossible réparation », sont désormais connus. Il semble que seul le souci de préserver son image, bien dégradée, amène l’Église à changer un peu aujourd’hui de discours, … bien tardivement !
A Dième, Charly, Sainte-Catherine, Givors, Loire-sur-Rhône, Caluire, les vitraux sont encore visibles, dont on a seulement parfois, comme à Dième, ôté la signature. A Charly, une responsable diocésaine a réaffirmé un « engagement financier ». Jusqu’à présent, les engagements du diocèse n’ont pas été suivis d’effet. Dans un premier temps, l’aide proposée était simplement le don de vitraux de remplacement, disponibles ou venant d’églises désaffectées, laissant aux communes les frais des travaux.
Les choses évoluent.
Au printemps dernier, le maire de Sainte-Catherine (Rhône) avait annoncé son accord pour procéder à l’enlèvement aux frais de sa commune. On ne saurait lui reprocher une démarche qui prend en compte le traumatisme des victimes, alors que l’Église s’en est montrée incapable. Son attitude tranche également avec celle du gouvernement français, qui n’a jamais constitué de commission d’enquête après la révélation du caractère « systémique » des crimes d’Église par le rapport de la Ciase ; et qui n’a jamais répondu aux questions du Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU sur ce sujet, ni aux interpellations de deux parlementaires sur ce sujet.
Pour autant ce n’est pas aux contribuables de payer !
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée réaffirme son soutien à l’Association des victimes de Louis Ribes et répète, dans cette affaire des vitraux comme pour les répartitions financières :
L’ÉGLISE DOIT PAYER !
Et que d’ailleurs, comme si on pouvait encore en douter :
L’ÉGLISE PEUT PAYER !
NB : La pétition de l’association peut être signée en ligne sur : https://www.mesopinions.com/petition/enfants/eglise-payer-retrait-productions-pedocriminel-abbe/200341
UN LIVRE ESSENTIEL, sous la direction de Dominique GOUSSOT
INDEMNISATION DES ABUS SEXUELS SUR MINEURS. L'ÉGLISE DOIT ET PEUT PAYER !
On l'a toujours su, mais on n'imaginait pas à quel point les abus sexuels, principalement sur mineurs, étaient courants au sein de l'Église catholique. La Commission présidée par Jean-Marc SAUVÉ, ancien président du Conseil d'État, a révélé qu'en quelques décennies, des centaines de milliers d'enfants, garçons et filles, auraient été abusés par d'innombrables prêtres de l'Église catholique. Contrainte à plaider coupable celle-ci a dû, sous une énorme pression, envisager une indemnisation a minima des victimes, plaidant de "sa pauvreté".
Mais une autopsie superficielle des biens de l'Église de France faite par la Libre Pensée estime que ceux-ci s'élèvent AU MINIMUM à huit milliards d'Euros. Une indemnisation convenable des très graves préjudices causés s'élèverait à deux milliards. Ce livre fait un bilan (non exhaustif) de ces biens les plus visibles.
"Et en pénitence, vous devrez trois Pater, deux Ave… et deux milliards"
272 pages - 12 € aux Éditions de la Libre Pensée
Libres propos, libres pensées
L'Illusion Démocratique : "Légalité" ou "Légitimité" du Pouvoir ?
SUISSE : "Selon notre Constitution où est gravée la Démocratie Directe, chez nous, c’est le peuple qui décide quels projets sont à réaliser, et non pas le gouvernement !"
cf. la Conseillère nationale suisse SEILER-GRAF commentant le rejet par le gouvernement "pour raisons techniques" d'une initiative populaire aboutie devant constitutionnellement amener à un référendum sur l'achat d'avions d'attaque US F35, et selon elle "parce que les "serviteurs du peuple souverain" en ont marre de ne pas pouvoir faire ce qui leur plaît."
Le gouvernement suisse a enfin pu acter l'achat des F35 litigieux sans demander son avis à la population !
En un temps où notre gouvernement s’efforce de créer un lien malhonnête et scandaleusement frauduleux entre son CNR (Conseil National de la Refondation) et le VRAI CNR (Conseil National de la Résistance) fondé en pleine guerre en 1943 par Jean Moulin, héros qui a sacrifié sa vie à l'idéal de liberté, avec les Résistants de tous bords, et ses extraordinaires réalisations industrielles et sociales d'après-guerre dont tous les français ont bénéficié, il est bon de méditer un peu sur la thèse d’un intellectuel bengali, Partha CHATTERJEE, sur la vraie légitimité d'un pouvoir et son acceptation par les citoyens.
Selon lui, à notre époque, la légitimité d’un pouvoir découle de moins en moins de processus électoraux et d'institutions prétendument "démocratiques" périodiquement réactivés lors d'élections cycliques et très distantes, mais dont on se rend compte que toujours moins de gens dans le monde y croient encore. Ils ont beau voter (et de par leurs déceptions cumulées avec de plus en plus de réticence), ils se rendent compte que leurs aspirations et décisions ne sont jamais respectées quand elles ne sont pas simplement piétinées : cf. le référendum de 2005, dont le résultat net et sans appel a été "légalement" contourné, usage "légal" et répété d'oukases scélérats (du type 49-3), qui abrogent tout débat législatif (cf. les lois "Travail" El Khomri ou "Retraites" très largement rejetées par l'opinion publique), décisions "légales" d'une "Cour Suprême" (USA) où seulement cinq (sur neuf) quasi-gérontes nommés à vie au bon vouloir d'un président transitoire peuvent l'emporter sur une opinion publique largement majoritaire.
Mentionnons aussi les institutions de l'UE dites "indépendantes" (et évidemment non élues) : Commission, Banque Centrale, Cour de Justice européennes, qui sont les outils majeurs de l'élaboration d'un Droit européen qui n'est en réalité que le programme économique ultra-néolibéral de déconstruction ciblée et systématique des droits nationaux et sociaux existants d'États européens encore prétendus "souverains", le tout en plus parfaite mais obscure "légalité démocratique".
N'oublions pas le Sénat, cette chambre conservatrice inutile et incroyablement coûteuse par les innombrables privilèges de ses sénateurs et agents, dont le rôle structurel est d'approuver avec ardeur toute mesure réactionnaire et de tuer dans l'œuf toute mesure quelque peu progressiste venant de l'Assemblée Nationale.
Tout cela porte un nom : Démocrature.
Définition Google : "La démocrature est définie comme étant un régime politique qui, par son système d'élection est démocratique, mais où la réalité de l'exercice du pouvoir penche vers la dictature par la suppression de l'État de Droit. La démocrature est par conséquent un simulacre de démocratie."
En bref : un système constitutionnel biaisé à la base pour ne laisser aucune chance au dèmos.
D'où un hiatus s'amplifiant d'année en année entre "légalité" et "légitimité", hiatus que les citoyens constatent et estiment de plus en plus insupportable, en France et dans le monde réputé "démocratique".
Ce que l'on nomme avec mépris "populisme" (mot très péjoratif issu d'un mot jugé vulgaire : "peuple") n'est-il pas simplement une exigence de respect et de considération pour les aspirations et besoins essentiels des populations ?
Et pas uniquement des intérêts d'oligarques dont on constate l'indécent et inconcevable enrichissement ***, et la clique de leurs innombrables larbins qui, élus, hauts-fonctionnaires, médiacrates, sont in fine récompensés par des pantouflages dorés quand ils ont "bien fait leur travail" … de démolition, alors que la société se délite.
Selon CHATTERJEE la légitimité d’un pouvoir et l'acceptation de bon gré de son autorité régalienne découlent essentiellement du contrat social de cohésion nationale liant étroitement les citoyens à leur État, ses institutions et leurs délégués dûment élus.
Selon lui, sous son autorité élue, juste, vigilante, contraignante, (et sous contrôle !) l'État doit veiller au respect de diverses valeurs sociales bénéficiant à la majorité des citoyens puisque telle est la règle de base de la démocratie.
Le devoir d'un État réellement démocratique (et non caché derrière des mots creux, alibis pour anesthésier l'opinion) est de procurer à tous ses citoyens les plus élémentaires des Droits de l'Homme : la possibilité pour chacun, en lui en donnant les moyens de vie et d'éducation, de mener une vie digne et libre selon ses capacités et aspirations, en paix sociale et en sécurité civile.
En un mot de ne pas être vu comme un consommateur passif d'objets ou de services à abrutir de publicités et de propagande mais comme un citoyen institué, conscient et responsable.
De ne pas être exploité par des charognards soucieux de tirer la moindre once de profit du moindre besoin ou activité humains, d'être à l'abri des abus de pouvoir : étatique, (habeas corpus) entrepreneurial, individuel par la puissance physique, fonction, argent, sexe ou toute autre possible forme d'abus, grâce à une justice accessible à tous, impartiale et équitable.
Le droit d'être informé de façon vaste, diversifiée, impartiale, extensive et non être soumis à un lavage de cerveau permanent destiné à détourner et formater l'opinion où la moindre contradiction est blâmée "complotiste".
En effet quel attachement viscéral peuvent avoir les citoyens à un État qui requiert d'eux le paiement de taxes, impôts, sanctions diverses : la révolution américaine était motivée par le slogan "Pas de taxation sans représentation !"
Mais de vraie représentation, car : sommes-nous (le peuple) réellement représentés par nos élus ? Sont-ils vraiment "les serviteurs du peuple souverain" ? Quels sont leurs origines sociales, connexions, desseins et intérêts personnels ? Quel pourcentage proportionnel de la population en ouvriers, employés, classes moyennes ? Un tirage au sort serait sûrement bien plus équitable !
S'ils ont reçu certes une éducation supérieure à la majorité des français, sont-ils par essence ou naissance d'une intelligence supérieure ?
Alors que nos services publics s'effondrent faute de moyens, les citoyens savent trop bien que certains modernes "ci-devant" échappent impunément et effrontément à l'impôt et bien trop souvent très légalement au sein même de l'UE (c'est sa raison d'être !)
Car lorsqu'on nous parle d'inflation, on ne mentionne jamais l'inimaginable hyper-hyper-hyper inflation des profits *** et prébendes de soi-disant "élites" qui ne sont jamais qu'une résurgence exacerbée à l'extrême de l'esprit de classes ou de castes dont le peuple français a voulu se débarrasser par leur révolution de 1789.
Pour être respectable (et respectée), la Démocratie doit-elle être légitime ou se satisfaire d'être légale ?
Auquel cas elle a failli à sa raison d'être. RJ
*** QUI A DIT QUE L'ART N'A PAS DE PRIX ? ATTENTION AU VERTIGE ! Petite chronique du marché de l'art (ou dollar ?) : Les Échos nous apprennent que la vente aux enchères à New York d'une partie de la collection de Paul ALLEN, co-fondateur de Microsoft disparu en 2018, a atteint le montant ahuristronomique d'un milliard et demi de $. Calculons un peu : La somme exacte est de 1.506.386.000 $, soit 1.492.385.272 € à la date de la vente, pour 61 tableaux (dont un Georges Seurat vendu seul à 149,24 millions de $ !) Ce montant si énormissime qu'il en est abstrait pour nous représente donc en mois de SMIC net 2023 (1.353 €) 1.492.385.272 € / 1.353 € = 1.103.019 MOIS de SMIC / 12 = 91.918 ANNÉES de SMIC /100 = 919 SIÈCLES de salaire d'un travailleur payé au SMIC PRESQUE 92 MILLÉNAIRES ! Ces incroyables aberrations sont "légales" mais sont-elles "légitimes" ? Ne devraient-elles pas être illégales ? |