Georges Ibrahim Abdallah, prisonnier de l'état français
Bonjour à toutes et tous.
Je m'exprime ce soir au nom du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien. Tout d'abord, merci à nos amies et amis de la Campagne Unitaire pour l'organisation de ce rassemblement et à toutes les organisations signataires. Notre présence à tous et toutes aujourd'hui est essentielle car soutenir Georges Abdallah, défendre sa vie, exiger sa libération n'est rien d'autre en réalité qu'une lutte plus que légitime en faveur de la justice et de la démocratie.
Il s'agit d'une lutte démocratique parce que Georges Ibrahim Abdallah, enseignant, résistant communiste libanais - "combattant arabe" comme il aime à le préciser - est détenu illégalement en France depuis maintenant 40 ans.
Nous sommes aujourd'hui le 24 octobre 2024 ; et c'est le 24 octobre 1984 ici même, à Lyon, que les autorités françaises arrêtent Georges Abdallah. Il est condamné dans un premier temps à quatre ans de prison, pour détention de faux papiers. En 1987, à l'issue d'un procès qui relève de la mascarade, c'est à la prison à perpétuité qu'il est condamné, accusé de complicité dans l'assassinat d'un membre du Mossad et d'un diplomate américain (en 1982). Des faits qu’il a toujours niés. Durant toute cette période, Georges Abdallah doit subir une campagne médiatique calomnieuse, pour dresser l'opinion publique contre lui.
Son propre avocat était en fait un agent des services secrets français, payé par le gouvernement pour le trahir et assurer sa condamnation. Cet homme, Jean-Paul Mazurier, déclara à la télévision : "Je reconnais devant vous que j'ai les mains sales, que j'ai fait un sale boulot ; mais surtout, mais avant tout, j'ai agi sur ordre, j'ai agi sur ordre de l'état".
Georges Ibrahim Abdallah est éligible depuis 1999, c'est-à-dire 25 ans maintenant, à une libération conditionnelle ; à ce jour, toutes ses demandes ont été rejetées.
Pourtant, en 2013, la Chambre d'Application des Peines de Paris accepte enfin sa demande de libération. Mais c'est cette fois le gouvernement français lui-même, sous pression des USA, qui intervient pour bloquer sa sortie. Laurent Fabius et Manuel Valls, sur demande d'Hillary Clinton, refusent de signer l'arrêté d'expulsion nécessaire à son retour au Liban, qui a pourtant déjà demandé le retour de son ressortissant.
Sa défense dénonce depuis des années cette pression mise par les Etats-Unis. Et son pays, le Liban, a réaffirmé son accord pour son retour à maintes reprises. Dernièrement, en juin 2024, le Premier Ministre libanais Najib Mikati a de nouveau demandé aux autorités françaises de libérer Georges Abdallah. Chaque année se tiennent à Beyrouth des manifestations populaires et des rassemblements devant l'ambassade de France pour exiger la libération de celui qui est le plus vieux prisonnier politique d'Europe.
Sa dernière demande de libération conditionnelle a été déposée en juin 2023. Nous sommes à quelques jours du délibéré de cette dixième demande, après pas moins de neuf refus par la Justice française. Aujourd'hui, cela fait quatre décennies que Georges Ibrahim Abdallah, âgé de 73 ans, est détenu dans les geôles de l'état français.
Ce traitement que la France lui inflige est contraire aux Droits Humains. Ce refus de le remettre en liberté est en total opposition avec le Droit International.
A titre d'exemple, en 2021, la Cour Européenne des Droits de l'Homme avait condamné la Hongrie pour avoir prononcé une peine de plus de 40 ans d'emprisonnement, ce qu'elle considère comme "un traitement inhumain et dégradant".
Comment tout cela est-il possible ?
C'est parce qu'en vérité, Georges Abdallah est une cible politique pour les USA et la France et son maintien en détention est éminemment politique. Même Yves Bonnet, ancien patron des services secrets français, décrit une vengeance d'état. Il déclara à la télévision : "Il y a des pressions. Je ne vois pas d'autres raisons d'ailleurs, de le maintenir en détention que des pressions émanant de services extérieurs, en l'occurrence des américains et des israéliens."
En réalité, l'emprisonnement de Georges Abdallah nous laisse à voir la nature véritable de la démocratie libérale et de la France, qui se targue sans cesse d'être "le pays des Droits de l'Homme". L'Etat français se proclame défenseur des droits humains quand dans le même temps, il bafoue les droits démocratiques les plus élémentaires.
Comme Georges lui-même le disait déjà en 1987 : « Qu’un combattant arabe soit jugé par une Cour Spéciale en Occident, rien de plus normal. Qu’il soit traité de criminel et de malfaiteur, rien de vraiment nouveau. Déjà les "bandits de l’Aurès", les "terroristes" de Palestine, ainsi que les "fanatiques lépreux" d’Ansar et Khiam ont été l’objet de ces honorables qualificatifs. Ils rappellent à tous ceux qui ont la mémoire courte le patrimoine de votre justice occidentale ainsi que votre civilisation judéo-chrétienne... Mais que le criminel yankee, bourreau de tous les déshérités de la terre, soit, en plus, le représentant des prétendues victimes devant vous, il y a bien de quoi alors s’abstenir de tout commentaire sur la nature de votre Cour ainsi que sur la tâche qui lui est assignée. »
Ainsi, ce qui doit être clair pour chacun et chacune d'entre nous, c'est ce que défendre la vie de Georges Abdallah, exiger sa libération, est un enjeu démocratique véritable pour toutes celles et ceux qui veulent préserver les valeurs d'égalité, de justice et les libertés publiques.
Défendre Georges Ibrahim Abdallah, c'est aussi soutenir la résistance palestinienne ; car Georges Abdallah est un résistant, un fervent combattant de la cause palestinienne, qui a pris les armes pour lutter contre la brutalité coloniale sioniste, en Palestine comme au Liban.
C'est pour cette raison que les états étasunien et français s'acharnent contre lui. A l'heure d'aujourd'hui, alors que le génocide se poursuit en Palestine, alors que l'offensive coloniale sioniste se durcit au Liban, les USA et la France intensifient la répression à l'égard de toutes les voix qui s'expriment en solidarité avec le peuple palestinien et toutes celles et ceux qui combattent le colonialisme.
Georges Abdallah fait peur à nos gouvernants, car il n'a jamais renié ses convictions. Malgré des décennies d'enfermement, jamais sa voix n'a tremblé en dénonçant l'injustice ; jamais sa détermination n'a failli ; jamais il n'a renié sa lutte révolutionnaire ; jamais, en somme, il n'a renié la Palestine. Il ne faudrait surtout pas pour nos dirigeants qu'un combattant aussi déterminé, qu'un infatigable militant de la cause palestinienne, puisse devenir un exemple pour la jeunesse de France ou de Palestine.
C'est pour toutes ces raisons qu'il essentiel pour nous d'être présentes et présents ici aujourd'hui, ensemble, dans un mouvement commun, unitaire, pour exiger la libération de Georges Abdallah mais en soutien à tous les prisonniers et prisonnières du régime colonial sioniste.
C'est pour toutes ces raisons que nous appelons chacun et chacune à se placer fermement, résolument, du côté de la justice et du droit. Nous, le Collectif 69 Palestine, ne cesserons pas de nous mobiliser, de manifester, d'interpeller les élues et élus, comme nous le faisons depuis des années, pour obtenir enfin la liberté pour Georges Abdallah.
Nous devons nous tenir debout et dignes, comme tous les prisonnières et prisonniers de la cause palestinienne, comme Georges n'a cessé de le faire durant ces quatre longues décennies d'un emprisonnement aussi illégal qu'illégitime.
Que notre gouvernement essaie tant qu'il le voudra d'étouffer sa voix : nous nous ferons le relais de sa parole ; car elle s'exprime en soutien aux opprimées et opprimés, pas seulement ceux de Palestine et du Liban, mais en faveur de toutes celles et ceux qui combattent l'oppression coloniale partout où elle se trouve :
"Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine, camarades, ne peut pas nous laisser indifférents. Depuis plus d’une soixantaine d’années et avec quel héroïsme et quelle obstination les masses palestiniennes et leurs avant-gardes combattantes font face à l’une des dernières entités de colonisation de peuplement.
Ensemble, camarades, encore une fois, ensemble nous vaincrons et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons.
Certainement, camarades, c’est toujours en assumant la solidarité avec les masses populaires que l’on apporte la solidarité la plus significative aux prisonniers révolutionnaires.
A bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et leurs complices réactionnaires arabes !
Honneur aux martyrs et aux peuples en lutte !"
Alors, n'abandonnons pas Georges Abdallah ; continuons à parler de lui, à exiger sans relâche sa libération car il est temps, il est plus que temps qu'il reprenne sa place auprès des siens.
Et, comme lui, ne cessons jamais de répéter de toutes nos forces que la Palestine vivra et que la Palestine vaincra !
Le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien, Jeudi 24/10/2024