ÉCHOS DES BéNITIERS

 

Suites dans l’affaire Becciu (un habitué des Échos) ou « Ça se passe comme ça au Vatican »

 

Acte I : Depuis juillet 2021, une dizaine de personnes comparaissent devant le tribunal pénal du Vatican pour fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir, blanchiment, corruption et extorsion. Parmi eux, le cardinal Angelo Becciu, 74 ans, ancien proche conseiller du pape. Il est jugé pour fraude financière. Il avait été démis de ses fonctions et déchu de ses privilèges de cardinal en septembre 2020, sur fond de scandale autour d’une transaction immobilière à Londres. Les faits sont connus.

 

Acte II : A l’été 2021, le pape François subit une lourde opération du colon, détail qui n’a été rendu public que récemment, à l’occasion de l’audience au tribunal du Vatican. Peu de temps après cette importante opération chirurgicale, le 24 juillet 2021, le cardinal Becciu appelle le pape et lui demande de confirmer avoir approuvé des mouvements financiers confidentiels. le cardinal Becciu demande au pape de confirmer avoir approuvé le déblocage de 500 000 euros pour libérer une religieuse colombienne détenue au Mali.

Il enregistre le pape à son insu. C’est l’un  de ses proches qui procède à l’enregistrement dans l'appartement d'Angelo Becciu, sur un haut-parleur, trois jours avant l’ouverture du procès de Becciu.

L’information a été rendue publique le vendredi 25 novembre 2022 par les médias italiens. Le quotidien Il Messaggero a retranscrit l’échange téléphonique

 

La vieillesse est un naufrage

«Vous en rappelez-vous ?» demande Becciu. A cette question, le pape répond « s’en souvenir vaguement ». François n’est pas un témoin fiable. Le pontife argentin, qui semble perplexe, demande alors à Mgr Becciu de faire sa demande par écrit.

Et c’est dommage pour Becciu, il ne subsiste aucune pièce comptable.

 

Sécurité bien ordonnée commence par soi-même

Parmi les personnes mises en examen, figure Cecilia Marogna, une intermédiaire embauchée par Becciu en tant que consultante en matière de sécurité et accusée d'avoir dépensé 575 000 euros reçus du Vatican en nuits d'hôtel et en produits de luxe. L’argent était supposé servir à la libération de prêtres et de religieuse détenues à l’étranger.

Selon les procureurs, les fonds versés à Mme Marogna, dite «la dame du cardinal», étaient destinés à libérer des prêtres et des religieuses retenus comme otages à l'étranger.

Crimes sexuels de l’Église : la cruauté des chiffres

Onze évêques de France accusé d’abus sexuels sur mineurs ou majeurs, directement ou pour des cas de non-dénonciation : comme le relève justement le Canard enchaîné, cela représente 5% des évêques en activité ou en retraite. Chiffre à minima, parce qu’on ne sait peut-être pas tout. Cela permet d’en finir avec l’affirmation selon laquelle « il n’y a pas plus d’abuseurs sexuels et de pédophiles dans l’Église que dans le reste de la société. »

Mais c’est peut-être comme autrefois dans l’armée : jusqu’à 5% de pertes, on peut se le permettre.

Parmi les évêques ainsi mis en cause, figurent l’actuel Lyonnais Mgr Santier, inventeur de la strip-confession (à chaque pêché avoué, on enlève un vêtement) ; Mgr Lafont, accusé par un migrant haïtien de lui avoir promis sa régularisation en échange de relations sexuelles ; n’oublions pas le cardinal Ricard en personne, qui n’avait pas hésité à prendre la tête de croisade contre les abuseurs.

Cela nous rappelle le ministre Cahuzac qui devait lutter contre l’évasion fiscale, et qui avait été confondu par Mediapart. Ricard avait été chargé par le pape François de reprendre en main les Foyers de charité, dont le fondateur avait été accusé d’avoir abusé de 26 femmes. Ricard avait d’abord accepté le poste, puis il avit démissionné après un mois « pour raisons de santé. »