ÉCHOS des bénitiers

Immersion mortelle

   « Nous ne changerons jamais de rituel ! Les canons de cette religion sont en place depuis mille ans. Nous ne nous ferons pas intimider. » Voilà ce qu’a déclaré Teodosie Petrescu, l’archevêque ultra-orthodoxe de Tomis en Roumanie, lors d’une polémique provoquée par la mort par noyade d’un enfant de six semaines en février dernier. Celui-ci avait été plongé entièrement dans l’eau bénite. La pratique était certainement excellente pour son Salut éternel, moins pour son système respiratoire.

   Les pratiquants locaux s’en sont émus et ont lancé une pétition pour que les bébés aient simplement la tête aspergée, recueillant 60 000 signatures (chiffre non à jour).  Pour l’instant c’est niet.

 

Multi-récidiviste

   Ledit archevêque, membre du Saint-Synode de l'Église orthodoxe roumaine, n’a pas le même respect pour le code pénal qui, il est vrai, n’a pas encore ses mille ans. Il avait déjà été accusé de prise de pots-de-vin et de faux et usage de faux en 2009, à la suite d’une enquête du journal România Liber

   Il avait été pris la main dans le sac, empochant pour son compte l’argent des inscriptions à la Faculté de théologie. Un an plus tard, c'est un million d'euros que le fisc roumain lui réclamait, dont il ne remboursa qu'une partie - une centaine de milliers d'euros tout de même.    Plus récemment, il a été convoqué en qualité de témoin dans une sombre affaire au sujet du livre "Le mont Atos. La patrie de l'orthodoxie" soi-disant écrit en prison par un certain Gigi Becali et coordonné par l'archevêque.

   En Roumanie, c’est toute une industrie éditoriale qui s’est développée autour de livres écrits en prison, dans le seul but d’obtenir des remises automatiques de peine.

   En 2016, de fortes suspicions de corruption à plusieurs niveaux pesaient autour de la rédaction de ces livres.

 

Perseverare diabolicum

L’église parisienne Saint-Eugène - Sainte-Cécile avait déjà organisé deux messes en avril 2020, en plein confinement. Rebelote lors pour les fêtes de Pâques, un an après : le prêtre et son vicaire doivent répondre de leurs actes pour « mise en danger de la vie d’autrui », « non-port du masque » et « rassemblement de plus de six personnes sans respect des gestes barrières ».

Sur des vidéos, on voit l’hostie mise directement dans la bouche du fidèle, avec les doigts. Miserere !

 

3340 euros le blasphème

   C’est le montant non négligeable infligé au rocker polonais Adam Darski dit « Nergal », pour offense aux sentiments religieux ou aux symboles nationaux. Il est vrai que le rocker avait piétiné une image de la Vierge en 2019, et immortalisé son geste sur Instagram. Il est vrai aussi qu’il n’en était pas à son coup d’essai, ayant bravement déchiré la Bible sur scène. En fait, il en est à son 6ème procès, dont trois en cours.

Quand même, ça fait cher !

 

Solidarnosc Behemoth

   En très peu de temps, Nergal a collecté le double des 23 000 euros espérés. L’artiste avait lancé sur les réseaux sociaux un appel au soutien et à la collecte de fonds pour la défense de la liberté artistique. Quelle que soit la qualité « artistique » du groupe Behemoth qu’il a fondé en 1991 et dont la réputation a franchi les frontières, il faut reconnaître à Nergal une motivation politique qui ne manque pas de sens dans la Pologne de 2021.

   « Je tire la sonnette d’alarme, explique-t-il: en 1989 nous avons mis fin à un régime totalitaire, communiste et voilà que, peu de temps après, nous avons un nouveau régime, cette fois nationaliste-religieux

   Plus précisément, il met en cause un article du code pénal : « Je ne suis pas d’accord avec cette pathologie qu’est l’article 196 (…)  qui pénalise l’offense aux sentiments religieux, à un objet du culte ou un lieu destiné à son exercice. » Le paragraphe incriminé prévoit jusqu’à deux ans de prison pour une personne jugée coupable.

   Pour Nergal, les fonds récoltés serviront à soutenir toute action destinée à « faire comprendre aux gens qu’on court un grave danger d’annexion de notre liberté. »

De fait, selon les médias polonais, le parquet a été saisi 90 fois pour offense aux sentiments religieux en 2018, contre 136 fois l’année suivante et 146 fois en 2020. Ainsi, trois militantes des droits des homosexuels ont été poursuivies pour avoir offensé ces sentiments en collant des affiches de la Vierge Marie auréolée d’un arc-en-ciel. Elles ont quand même été blanchies. Un arc-en-ciel, c’est très joli, et pas plus choquant que douze étoiles !

 

Une affaire de goût

   Certes, Nergal n’est pas Frédéric Chopin. Son art est peut-être moins subtil. Mais il met toujours en garde qu’on assiste à ses concerts sous sa propre responsabilité. « Si vous êtes aussi vulnérable avec vos sentiments religieux, ne visitez pas mes sites internet, ne regardez pas mes vidéo-clips, vous n’êtes pas invités à voir mes concerts ».  Ses détracteurs éprouvent probablement un plaisir masochiste à regarder ses performances. « Ils y entrent et après ils se fâchent contre moi ». Effectivement.

Grand exode de croyants en Belgique

(Info « la Croix ») Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers (Belgique) a assuré, mercredi 28 avril, que près de 700 personnes avaient quitté fin mars les paroisses de son diocèse. En cause, leur désaccord avec la publication, par la Congrégation pour la doctrine de la foi, d’une note sur l’interdiction des bénédictions d’union de couples homosexuels.