PACIFISME

POUR LA FIN DES GUERRES, DE TOUTES LES GUERRES,

Au nom de la liberté de conscience reconnue par la loi de 1905,

LE DROIT DE DIRE NON À LA GUERRE

POUR LA RÉHABILITATION COLLECTIVE DES FUSILLÉS POUR L’EXEMPLE DE LA GUERRE 1914-1948

Le 11 novembre 2018, à Villeurbanne, plus de 100 citoyens, dans la fidélité au souvenir de ces millions d’hommes qui ont perdu la vie ou dont la vie et celle de leur famille a été saccagée par le militarisme, ont répondu à l’Appel des associations et syndicats :

UNIONS DÉPARTEMENTALES CGT ET CGT-FO - INSTITUT D’HISTOIRE SOCIALE DE LA CGT  - UNIONS LOCALES CGT ET CGT-FO de Villeurbanne – FÉDÉRATION DU RHÔNE DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME - COMITE DU RHÔNE DE L’ASSOCIATION RÉPUBLICAINE DES ANCIENS COMBATTANTS - CERCLE EDOUARD HERRIOT - POING COMMUN - MOUVEMENT DE LA PAIX - FÉDÉRATION DU RHÔNE DE LA LIBRE PENSÉE

Xavier Hyvert, pdt de l’Association Laïque des Amis des monuments Pacifistes du Rhône (extrait de la déclaration) :

« Ce rassemblement du 11 novembre 2018, est (…) le 25ème rassemblement pacifiste dans le Rhône dont l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône, est la cheville ouvrière. (…) 

Il se tient devant ce que nous pouvons considérer comme le cinquième monument pacifiste de feu le département du Rhône.

L’initiative d’ériger ce monument revient, en février 1922, à la municipalité présidée par Jules Grandclément, qui vient de participer à la fondation du PCF, et à un Comité pour l’érection d’un monument aux morts, présidé par un membre du patronat Villeurbannais. Le conseil municipal unanime avec ses deux composantes les plus importantes, PCF-SFIC et PS-SFIO qui « (Il) ne l’a pas fait pour perpétuer la mémoire de la guerre, mais celle de nos pauvres soldats morts », voulait un monument qui exprime la douleur, qui dénonce explicitement la guerre par les inscriptions qu’il devra porter; et qui plus est ne pourra être inauguré qu’en présence de la population et des seules autorités civiles, excluant donc, implicitement les autorités religieuses et excluant explicitement les « généraux », « surtout quand on n'est pas sûr qu’ils n’ont pas signé les exécutions de Vingré », dit le rapport présenté au Conseil municipal par le maire. Le programme adopté d’un commun accord entre la municipalité et le comité, en octobre 1922, prescrivait un monument qui exprimera la douleur, qui « ne devra avoir aucun caractère militaire ni religieux

 

ASSOCIATION LAÏQUE DES AMIS DES MONUMENTS PACIFISTES DU RHÔNE

 
 
 
 

 

et ne comporter aucune inscription contre la guerre. » Ce monument sera inauguré le 11 novembre 1925, dans le cadre précisé par un communiqué du comité pour l’érection, en accord avec la municipalité présidé par Lazare-Goujon :

« Les sociétés adhérentes défileront dans le plus grand ordre, [...] les initiateurs ne voulant manifester qu’un sentiment de tristesse et honorer simplement mais dignement les Enfants de Villeurbanne, disparus dans la grande tourmente. [...]

La population comprendra la pensée des organisateurs qui veulent célébrer dans le recueillement, en dehors et au-dessus de tout esprit politique et confessionnel, la mémoire de nos chers disparus. ». Un monument qui porte comme inscription, vous le voyez, en dehors de la liste des morts : « Villeurbanne à ses morts ».

Voilà donc un monument pacifiste résultat d’un compromis entre ceux qui voulaient explicitement condamner la guerre et ceux qui ne le voulaient pas, inauguré dans le respect de la loi de 1905 et dans le respect de la tradition pacifiste imposée par les survivants de depuis l’armistice, comme près d’une centaine dans le pays.

Condamner la guerre, à l’évidence, c’était la volonté de la population villeurbannaise puisqu’elle apporta au travers des souscriptions 52% du financement et qu’une grande partie participa à l’inauguration, selon le Salut Public du mercredi 11 novembre 1925 qui la décrit comme « une grande manifestation et une impressionnante cérémonie ».

 Extraits des interventions

L’intégralité des interventions est disponible dans le bulletin de l’Association des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône n° 2018-3

 
 

Pierre COCQUAN pour l'UD-CGT et son Institut d'Histoire Sociale

Je veux tout d’abord rendre hommage à tous les fusillés pour l’exemple et réaffirmer

l’exigence de leur réhabilitation collective.

Je veux aussi rendre un hommage particulier aux quatre martyrs de Flirey :

François FONTENAUD, Félix BAUDY, Antoine MORANGE et Jean Henry PREBOST.

Ces trois derniers, travailleurs dans la région lyonnaise, ont été désignés par leurs chefs

 militaires parce que membres de la CGT.

 

(…) Dans le passé, la CGT, avec d’autres organisations et associations, s’est mobilisée pour la Paix, contre la guerre, notamment celles d’Indochine et d’Algérie.  Elle a pris toute sa place dans la lutte pour le désarmement nucléaire dans les années 1970 et 1980 autour du slogan « Ni Pershings, Ni SS20 en Europe ! ».

Aujourd’hui, les politiques belliqueuses des États Unis, de la Russie, de la Chine et de nombreux autres états, la remise en cause par les États Unis de traités, notamment de désarmement nucléaire, nous met dans une situation préoccupante et dangereuse pour la Paix dans le monde.

Il est donc nécessaire que les militantes et militants de la Paix remettent ce combat à l’ordre du jour et que des luttes se développent pour que la France joue un rôle moteur pour le désarmement nucléaire et pour un monde de paix.

Salah FERKOUNE, au nom de Pascal LAGRUE, Secrétaire Général de l’UD-CGT-FO : « En cette période où les droits fondamentaux des salariés sont l’objet de régressions sans précédent, l’UD du Rhône tient à rappeler que toutes les attaques envers les femmes et les hommes au travail ou encore envers les droits qui impactent leur pouvoir d’achat (donc leurs moyens de vivre décemment), sont porteurs de germes qui favorisent les montées extrémistes en général. (…)

 

 

 

En ces périodes ou l’Homme devient trop souvent une variable d’ajustement, que ce soit au travail, dans les sociétés, dans les conflits mondiaux ou dans des politiques qui génèrent des tensions latentes, il convient de proclamer à nouveau :

« Maudite soit la guerre ! ».

Salah FERKOUNE, membre du bureau de l'UD CGT-FO du Rhône, parlant en son nom propre :

(…) Plusieurs orateurs ont fait référence au fait que Macron, le « Président des riches », avait eu l'intention de rendre hommage au Maréchal Pétain à l'occasion

de ce 11 novembre.

(…) Son slogan est inspiré directement de la propagande du gouvernement de Vichy dirigé par Pétain, inscrite sur les affiches intitulées « La France en marche ». Le contenu de son programme s'inspire directement de la « Charte du travail » qui vise l'association Capital-Travail et qui découle de l'Encyclique « Rerum novarum » du Vatican. (…) La « Charte d'Amiens », dont se réfèrent les organisations ouvrières CGT et CGT-Force Ouvrière, adoptée en 1906 ; un an après la Loi de 1905 ; a inscrit «...l'organisation syndicale regroupe les travailleurs quelle que soit leur origine, leur opinion politique ou religieuse... ».

C'est pourquoi je pense que nos organisations syndicales doivent poursuivre le combat contre laLoi El Khomri, la Loi Travail pour aboutir à leur abrogation.

 
 
 
 
 

 

« L'A.R.A.C. (Association Républicaine des Anciens Combattants) vient de célébrer son centième anniversaire. Elle constitue - et est fière d'être ! - la seule organisation pacifiste en FRANCE des Anciens Combattants. Sa déjà longue histoire a tout entière été consacrée, même dans les pires conditions, à la lutte pour la Paix dans le monde (…)

La place qui était la sienne semble difficile à tenir et les lacunes à combler. Néanmoins, son exemple est toujours vivant et jusqu'à sa dernière heure, elle continuera son combat pour un monde de Paix, débarrassé à jamais du fléau de la guerre. »

 
 
 

Fernand GELIN, pdt du Comité du Rhône de l’ARAC

 
 

Claude MOUCHIKINE, pour la Fédération du Rhône de la LDH

« La dénonciation des injustices commises par les tribunaux militaires durant la 1ère guerre mondiale a été l’un des grands combats de la Ligue des Droits de l’Homme, dans le prolongement de l’affaire Dreyfus. Il a permis d’obtenir jusqu’en 1935 la réhabilitation d’une cinquantaine de fusillés pour l’exemple.

(…) C’est dans le cadre de ce combat que la délégation régionale de la LDH a créé en 2005 un groupe de travail autour de la mémoire des « fusillés pour l’exemple » du Nord-Pas-de-Calais. Il s’est fixé comme mission d’identifier ces fusillés, rechercher leur famille, faire inscrire leur nom sur le monument aux morts de leur commune d’origine ou celui de leur dernier domicile. »

 

               

       
 

Arlette CAVILLON, pour le Mouvement de la Paix du Rhône

« (…) Nous rendons hommage à toutes celles et tous ceux qui ont essayé d’éviter la guerre et les morts inutiles.et nous demandons la réhabilitation générale des fusillés pour l’exemple., eux qui dans des circonstances extrêmes ont osé dire NON !

(…)Aujourd’hui de nombreux chefs d’Etat de pays, pour la plupart impliqués dans la guerre 14-18, ont été invités à Paris par le gouvernement pour commémorer le centenaire de l’armistice de 1918 et plutôt qu’un défilé militaire nous demandons que la France envoie un message de paix, en agissant et en demandant aux peuples du monde et à leurs représentants d’agir, pour la réalisation des 17 objectifs de développement durable, pour la résolution des conflits par la négociation, pour la signature et la ratification du Traité d'Interdiction des Armes nucléaires, pour la

 
 
 
 

 

reconnaissance de l’État de Palestine et pour une paix juste et durable au Moyen Orient, pour la diminution des dépenses d’armement au profit des besoins des populations et de la sauvegarde de la planète et pour l’arrêt du commerce des armes. »

       
     
 
 

Pierre GIROD, pdt de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée

« (…) il n’y a jamais eu de défilé militaire un 11 novembre (sauf en 1944 pour de raisons liées à la Libération). Le 11 novembre n’est pas la célébration de la victoire, les anciens combattants voulant rendre impossible toute glorification guerrière du 11 novembre.

Macron qui déploie des milliers de soldats français aux quatre coins du monde s’est retrouvé en posture difficile. (…) L’un des huit qui devaient être glorifiés n’était autre que Philippe Pétain, déchu de son grade honorifique de maréchal à la Libération et condamné pour trahison et indignité nationale pour collaboration avec l’Allemagne nazie.

(…) On ne peut pas honorer à la fois les maréchaux, l’État-Major des fusilleurs qui ont tous commis des crimes contre des Français, comme le Pétain de 1940 – et en même temps rendre justice à leurs victimes. Entre Pétain et les fusillés pour l’exemple, il faut choisir !

La Libre Pensée, pour sa part, est fière de l’initiative d’ériger un monument à Chauny sur la ligne de front pour honorer leur mémoire. Ce monument sera réalisé, n’en doutons pas, parce que la haine et le refus de la guerre rassemble les citoyens de ce pays. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

DROIT À L’INSOUMISSION ET A L’OBJECTION POUR LA JEUNESSE !

RÉHABILITATION DES FUSILLES POUR L’EXEMPLE !

A BAS LA GUERRE, A BAS TOUTES LES GUERRES !

Monsieur Jean-Paul CHICH, Conseiller municipal délégué Anciens combattants, mémoires et politiques patrimoniales

Simplement je vous apporte le salut de monsieur Jean-Paul Bret, le maire qui Villeurbanne qui ne pouvait pas être présent aujourd’hui et qui m’a demandé de le représenter.

Je voulais préciser qu’une partie du discours du maire, prononcé devant la mairie de Villeurbanne le samedi 10 novembre – à Villeurbanne nos cérémonies ont presque toujours lieu la veille du jour où elles sont organisées ailleurs – était consacrée à l’histoire du monument devant lequel nous sommes réunis aujourd’hui : monument pacifiste qui proclame l’horreur de la guerre (…)

Que la guerre soit maudite et que la paix règne parmi les Hommes !

 

Déclaration de clôture du Rassemblement (Xavier HYVERT), avant que l’ensemble des        participants n’entonne la Chanson de Craonne

(…) Faut-il rappeler que la chanson de Craonne a été en pleine guerre l’objet d’investigations policières, pour en découvrir alors le parolier et le châtier de façon à lui interdire la récidive, c’est-à-dire en vue de le traduire en Conseil de guerre et d’obtenir si possible qu’il soit passé par les armes comme "Fusillé pour l’exemple" ? Cette chanson a bravé le temps et l’oubli. Il n’est pas excessif de dire qu’elle a pris un caractère symbolique et qu’à elle seule, elle exprime l’immense désespoir mais aussi l’immense colère de ces centaines de milliers de jeunes hommes voués à sacrifier, qui leur vie, qui leur intégrité physique, qui leur santé mentale, pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs.

C’est notre colère que nous exprimons en la chantant. C’est votre volonté que vous exprimerez en versant massivement pour le monument pour la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple.

a.e.m.h.f.e.

Association pour l’Érection d’un Monument en Hommage aux Fusillés pour l’Exemple

RÉHABILITATION COLLECTIVE DES FUSILLÉS POUR L’EXEMPLE !

Fidèle à sa tradition pacifiste, internationaliste, la Libre Pensée, depuis près de trente ans, mène le combat pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.

Elle poursuit ainsi la lutte menée par les familles, par les associations d’anciens combattants, par la Ligue des Droits de l’Homme, dès la fin de la guerre de 1914.

Mais aujourd’hui, en 2018, le mot réhabilitation n’a toujours pas été prononcé par les autorités de l’État.

Cela ne saurait satisfaire tous ceux qui souhaitent qu’on rende leur honneur à ces hommes qui sont tombés sous des balles françaises.

C’est pourquoi la Libre Pensée a décidé d’ériger un monument pour rendre leur honneur aux 639 fusillés pour l’exemple, un monument de pierre élevé sur la ligne de front, dans l’Aisne.

La commune de Chauny a proposé d’accueillir ce monument.

La Libre Pensée appelle tous les citoyens à la souscription nationale qu’elle organise.

Ce n’est pas par goût du passé que la Libre Pensée, commémore ces hommes morts il y a un siècle.

C’est parce qu’elle rejette la guerre, celle de 14-18, avec ses millions de morts et de blessés, ses millions d’obus et ses milliards de cartouches. C’est parce qu’elle rejette les guerres, celles d’hier et d’aujourd’hui.

Bon de souscription

pour l’érection d’un monument en hommage aux fusillés pour l’exemple

Je verse :  ………… (délivrance d’un reçu permettant une déduction fiscale de 66 %, sur demande)

Je demande un reçu :     ¨ OUI           ¨ NON

Nom : ……………………………………..……………… Prénom :………………….………………………………..……

Adresse : …………………………………………………………………………………….……………………………………….

…………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Courriel : …………………………………………………………………………………………………………………………….

Chèque à l’ordre de : « A.E.M.H.F.E. » (Association pour l’érection d’un monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple)

À envoyer à :  N. Aurigny - AEMHFE - 49 rue Quentin Barré 02100 Saint-Quentin

 

Libres propos, libres pensées

Un regard inédit et éclairant sur la Guerre de 14-18

Dans son livre "La Grande Guerre des Classes", l'historien belgo-canadien Jacques Pauwels donne un éclairage inédit sur les vraies causes de la guerre de 14-18, à contre-courant de la thèse selon laquelle la guerre aurait éclaté soudain, par hasard, un beau jour d'été, déclenchée par l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand, l'héritier de l'empire austro-hongrois : comme par un fatal malentendu tragique, l'engrenage infernal des traités d'alliances aurait entraîné les nations européennes, puis le reste du monde dans cette effroyable et très imprévisible boucherie de millions d'hommes jeunes.

Il en fait remonter en réalité les vraies racines à la Révolution française et la succession ultérieure de guerres, contre-révolutions, révolutions et révoltes sociales qui ont profondément marqué l'Europe, la monstrueuse guerre de 14-18 n'étant que le bouquet final et tardif du XIXème siècle. Il met surtout en cause les concurrences féroces des impérialismes pour s'approprier le monde et ses ressources et parallèlement leurs craintes (fondées) de nouvelles révolutions ou de fortes revendications des peuples assoiffés de justice sociale et de démocratie, la guerre (comme entité) devant servir de contre-feu.

 

Exemple : pourquoi l'entrée en guerre de la GB ?

Au tournant du XXème siècle une énergie nouvelle émergeait : le pétrole. Et l'immense flotte britannique qui contrôlait toutes les mers du globe fonctionnait au charbon, dont le Royaume Uni ne manquait pas : l'expression anglaise "to carry coals to Newcastle" (transporter du charbon à Newcastle) équivaut à "amener du sable au Sahara". Mais de pétrole, encore point. Pour moderniser la flotte, il fallait avoir recours à des sources extérieures, la plus disponible étant les USA, en plein boom pétrolier.

Mais l'amitié avec ce pays n'était que de façade : c'est une ancienne colonie britannique émancipée par une très longue et dure guerre (1775-1783) qui profita traîtreusement des guerres napoléoniennes pour envahir le Canada anglophone en vue de s'en emparer, guerre (1812-1815) qui se termina par le traité de Gand qui officialisait le statu quo ante.

Mais, surtout, c'était un challenger, un concurrent sérieux et en expansion trop rapide de la domination économique mondiale de l'Empire britannique.

Il y en avait bien aussi en Perse (Iran) mais il fallait le partager avec la Russie tsariste. Restait la riche Mésopotamie (l'actuel Irak) dans l'empire ottoman.

Celui-ci, en totale déliquescence se laissait dépouiller de territoires sans même réagir mais là, le pétrole était préempté par son bon allié l'Allemagne qui d'ailleurs construisait pour cela un chemin de fer devant aller de Bagdad à Berlin par la Serbie.

Car l'Allemagne aussi avait l'ambition de détrôner le Royaume-Uni comme impératrice des mers : elle construisait à grands pas une flotte ultramoderne au pétrole. Le seul frein possible était donc la guerre pour la couper de la Mésopotamie et se l'annexer.

 

Mais comment annoncer aux britanniques qu'il fallait faire la guerre à l'Allemagne ? Après la dynastie des Stuart (1371-1714), la monarchie devient allemande : la dynastie des Hanovre (1714-1901), renommée Saxe-Cobourg-Gotha en 1901 fut rebaptisée Windsor en 1917 à cause de la guerre. Guillaume II était le cousin germain du roi George V et le petit-fils de la reine Victoria, fille de la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, son mari était le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, la famille Mountbatten sont leurs cousins les von Battenberg au nom anglicisé suite à la guerre, etc...

Autrement dit, malgré une "Entente cordiale" affectée (1904), les britanniques étaient avant 1914 nettement plus germanophiles qu'amis de la France, l'ancestrale rivale, l'ennemie jurée de l'Angleterre.

 

Mais l'ambition démesurée du Kaiser, le cher "cousin germain" Guillaume II ne pouvait plus être ignorée : il fallait bien se rapprocher de ces maudits français qui, justement, se cherchaient des alliés contre une Allemagne à nouveau menaçante.

Nécessité fait loi et il est bien connu que les États n'ont pas d'amis, rien que des intérêts. Donc, OK pour aider les français à contrôler la Manche et les côtes atlantiques et leur envoyer quelques troupes.

Après que l'Allemagne eût attaqué la France, on comptait sur celle-ci et son alliée la Russie pour lui régler rapidement son compte. Mais la France comptait aussi sur les britanniques pour tenir leurs engagements.

Mais, toujours, comment faire voter le parlement britannique en faveur d'une guerre à l'Allemagne ? Et alliés avec la France ! Le public et la presse n'y était pas prêts… du tout. Et là, divine surprise : les allemands eurent la mauvaise idée de piétiner la petite Belgique neutre pour envahir la France, neutralité garantie par le traité de Londres (1839).

Le prétexte inespéré était là, tout trouvé !

À peine la guerre votée, leurs troupes venues d'Inde et d'Égypte étaient déjà au Levant, leur front le plus crucial. Les rebellions arabes contre les ottomans (1916-1918) furent coordonnées par le fameux "archéologue" T.E. Lawrence "d'Arabie" avec promesses d'États arabes "libres".

Mais des promesses faites aussi aux sionistes... (déclaration Balfour, 1917). Et par les accords secrets Sykes-Picot de 1916, ils promirent les bas-morceaux du Moyen-Orient aux français (Syrie-Liban) pour en garder le précieux pétrole de l'Irak, du Koweït et d'Arabie. Well done !                          RJ

               

Dans son livre "La Grande Guerre des Classes", l'historien belgo-canadien Jacques Pauwels donne un éclairage inédit sur les vraies causes de la guerre de 14-18, à contre-courant de la thèse selon laquelle la guerre aurait éclaté soudain, par hasard, un beau jour d'été, déclenchée par l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand, l'héritier de l'empire austro-hongrois : comme par un fatal malentendu tragique, l'engrenage infernal des traités d'alliances aurait entraîné les nations européennes, puis le reste du monde dans cette effroyable et très imprévisible boucherie de millions d'hommes jeunes.

Il en fait remonter en réalité les vraies racines à la Révolution française et la succession ultérieure de guerres, contre-révolutions, révolutions et révoltes sociales qui ont profondément marqué l'Europe, la monstrueuse guerre de 14-18 n'étant que le bouquet final et tardif du XIXème siècle. Il met surtout en cause les concurrences féroces des impérialismes pour s'approprier le monde et ses ressources et parallèlement leurs craintes (fondées) de nouvelles révolutions ou de fortes revendications des peuples assoiffés de justice sociale et de démocratie, la guerre (comme entité) devant servir de contre-feu.

 

Exemple : pourquoi l'entrée en guerre de la GB ?

Au tournant du XXème siècle une énergie nouvelle émergeait : le pétrole. Et l'immense flotte britannique qui contrôlait toutes les mers du globe fonctionnait au charbon, dont le Royaume Uni ne manquait pas : l'expression anglaise "to carry coals to Newcastle" (transporter du charbon à Newcastle) équivaut à "amener du sable au Sahara". Mais de pétrole, encore point. Pour moderniser la flotte, il fallait avoir recours à des sources extérieures, la plus disponible étant les USA, en plein boom pétrolier.

Mais l'amitié avec ce pays n'était que de façade : c'est une ancienne colonie britannique émancipée par une très longue et dure guerre (1775-1783) qui profita traîtreusement des guerres napoléoniennes pour envahir le Canada anglophone en vue de s'en emparer, guerre (1812-1815) qui se termina par le traité de Gand qui officialisait le statu quo ante.

Mais, surtout, c'était un challenger, un concurrent sérieux et en expansion trop rapide de la domination économique mondiale de l'Empire britannique.

Il y en avait bien aussi en Perse (Iran) mais il fallait le partager avec la Russie tsariste. Restait la riche Mésopotamie (l'actuel Irak) dans l'empire ottoman.

Celui-ci, en totale déliquescence se laissait dépouiller de territoires sans même réagir mais là, le pétrole était préempté par son bon allié l'Allemagne qui d'ailleurs construisait pour cela un chemin de fer devant aller de Bagdad à Berlin par la Serbie.

Car l'Allemagne aussi avait l'ambition de détrôner le Royaume-Uni comme impératrice des mers : elle construisait à grands pas une flotte ultramoderne au pétrole. Le seul frein possible était donc la guerre pour la couper de la Mésopotamie et se l'annexer.

 

Mais comment annoncer aux britanniques qu'il fallait faire la guerre à l'Allemagne ? Après la dynastie des Stuart (1371-1714), la monarchie devient allemande : la dynastie des Hanovre (1714-1901), renommée Saxe-Cobourg-Gotha en 1901 fut rebaptisée Windsor en 1917 à cause de la guerre. Guillaume II était le cousin germain du roi George V et le petit-fils de la reine Victoria, fille de la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, son mari était le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, la famille Mountbatten sont leurs cousins les von Battenberg au nom anglicisé suite à la guerre, etc...

Autrement dit, malgré une "Entente cordiale" affectée (1904), les britanniques étaient avant 1914 nettement plus germanophiles qu'amis de la France, l'ancestrale rivale, l'ennemie jurée de l'Angleterre.

 

Mais l'ambition démesurée du Kaiser, le cher "cousin germain" Guillaume II ne pouvait plus être ignorée : il fallait bien se rapprocher de ces maudits français qui, justement, se cherchaient des alliés contre une Allemagne à nouveau menaçante.

Nécessité fait loi et il est bien connu que les États n'ont pas d'amis, rien que des intérêts. Donc, OK pour aider les français à contrôler la Manche et les côtes atlantiques et leur envoyer quelques troupes.

Après que l'Allemagne eût attaqué la France, on comptait sur celle-ci et son alliée la Russie pour lui régler rapidement son compte. Mais la France comptait aussi sur les britanniques pour tenir leurs engagements.

Mais, toujours, comment faire voter le parlement britannique en faveur d'une guerre à l'Allemagne ? Et alliés avec la France ! Le public et la presse n'y était pas prêts… du tout. Et là, divine surprise : les allemands eurent la mauvaise idée de piétiner la petite Belgique neutre pour envahir la France, neutralité garantie par le traité de Londres (1839).

Le prétexte inespéré était là, tout trouvé !

À peine la guerre votée, leurs troupes venues d'Inde et d'Égypte étaient déjà au Levant, leur front le plus crucial. Les rebellions arabes contre les ottomans (1916-1918) furent coordonnées par le fameux "archéologue" T.E. Lawrence "d'Arabie" avec promesses d'États arabes "libres".

Mais des promesses faites aussi aux sionistes... (déclaration Balfour, 1917). Et par les accords secrets Sykes-Picot de 1916, ils promirent les bas-morceaux du Moyen-Orient aux français (Syrie-Liban) pour en garder le précieux pétrole de l'Irak, du Koweït et d'Arabie. Well done !                          RJ