Réhabilitation du Sous-Lieutenant CHAPELANT.
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Le 11 novembre 2007, pour la première fois depuis le 29 juin 1934, date du rejet définitif de la dernière demande de réhabilitation par la Cour spéciale militaire, la mémoire du sous-lieutenant Chapelant, martyr des tribunaux militaires, fusillé pour l’exemple le 10 octobre 1914, a été rappelée par le maire de sa commune natale, Ampuis dans le Rhône. Le journal Le Progrès du 11 novembre a consacré un bel article à l’événement.
Nous avons rencontré le 3 décembre, le maire, M. Gérard Banchet . Il nous a dit qu’il ne connaissait rien de l’affaire Chapelant avant qu’André Gerin, le député-maire de Vénissieux, lui communique la lettre qu’il venait d’adresser au président de la République pour demander la réhabilitation du fusillé. Les lecteurs de l’An II savent que l’heureuse initiative d’André Gerin a été sa réponse à la démarche décidée en direction des élus du département, le 8 mai 2007 devant le monument aux morts pacifiste de Villié-Morgon. Le texte suivant avait été adopté :

« Les participants au rassemblement du 8 mai 2007 devant le monument aux morts pacifiste de Villié-Morgon, à l’appel de l’ARAC, de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Libre Pensée s’adressent à vous.
A la suite de la lettre adressée par les responsables nationaux de nos organisations, demandant la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la guerre 14-18, nous souhaitons mener une action particulière pour la réhabilitation du sous-lieutenant Chapelant, inhumé à Ampuis. Reprenant à notre compte le vœu adopté en sa faveur par le Conseil général du Rhône le 30 août 1923, nous demandons que soit définitivement effacée l’indignité attachée à Jean-Julien Chapelant à la suite d’un simulacre de procès. Nous nous joignons par cela à la démarche engagée à l’échelle nationale. Nous tenons à votre disposition toutes les informations nécessaires et vous prions de croire à notre attachement à la justice républicaine. »
M. le Maire nous a communiqué sa contribution qui va être publiée dans le Bulletin municipal de décembre en défense du sous-lieutenant. Il annonce :
« J’ai l’intention, d’ici quelques semaines, d’organiser une cérémonie pendant laquelle nous rendrons hommage vibrant à ce soldat émérite ».
Nous y serons. Il s’agit d’arracher enfin la réhabilitation, avec le sous-lieutenant Chapelant, de tous les fusillés pour l’exemple.
Cette manifestation répondra, 85 ans plus tard, à la première grande manifestation publique organisée à Ampuis le 1er novembre 1922, en défense de Jean-Julien Chapelant .
M. le Maire en parle dans le Bulletin municipal. Elle avait été organisée par le courageux secrétaire de mairie et instituteur du village d’Ampuis, Gabriel Trancy, honneur de sa corporation.
Elle rassembla une véritable foule des habitants de la commune et d’élus nombreux, qui défilèrent, musique en tête, après le discours prononcé par l’instituteur.
Les parents sont morts de chagrin, le père en 1936, la mère en 1940.
Au moment où les bruits de bottes retentissent de tous côtés, la bataille pour la réhabilitation du sous-lieutenant Chapelant est le combat pour la paix que menaient déjà sans doute autour de leur instituteur, les habitants d’Ampuis qui avaient voulu, en dépit des ganaches militaires, que le nom du fusillé figure sur le monument aux morts et qui ont choisi de faire inscrire au bas
de la liste des morts « Victimes de la guerre. »

Marcel Picquier 5 décembre 2007