service national universel (snu)

Ainsi que nous le titrions en première page de l’An II n° 177 de Novembre-Décembre 2019 :

NON au SNU ! NI EMBRIGADEMENT,

NI MILITARISATION, NI TRAVAIL OBLIGATOIRE !

Comme nous le rappelions également un Appel national a été lancé par une trentaine d’associations, à l’initiative de l’Union Pacifiste de France, et un Collectif Lyon 69 contre le SNU a été créé, comme dans de nombreuses villes. Plusieurs réunions se sont déjà tenues à Lyon à l’initiative du Collectif Lyon 69 contre le SNU. La dernière en date, au moment nous écrivons a eu lieu le 10 février dernier et une prochaine réunion d’organisations aura lieu le 9 mars afin de mettre en place une réunion publique pour exiger, dans l’unité la plus large pour exiger le retrait du SNU.

« Le Service national universel répond à un constat sans appel : la jeunesse manque d’un moment de cohésion, de mixité, de cohésion sociale et territoriale, autour des valeurs de la République. …».

Gabriel Attal Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse

À terme, de 700 000 jeunes seront mobilisés : toute une classe d’âge. Sans possibilité de s’y opposer par l’objection de conscience. Pour mieux le faire accepter, il prend de manière transitoire une forme "volontaire".

Le congrès, d’août 2019, de la Fédération nationale de la Libre Pensée s’est prononcé clairement : avec la jeunesse, avec les parents d’élèves, avec les enseignants qui vont être appelés à encadrer le dispositif sous la houlette des militaires, avec les citoyens qui dénoncent la ponction budgétaire sur les moyens consacrés à l’instruction publique, en considération de tout ce qui précède :

Non à l’embrigadement de la jeunesse ! Exigeons le retrait du SNU !

Si pour le Service civique étaient exclus les Comités d’entreprise, les syndicats, les partis et les associations religieuses, pour le SNU, il n’est fait mention d’aucune incompatibilité.

On manque de personnels : dans les écoles pour aider les élèves ? SNU ; dans les établissements pour personnes âgées, les hôpitaux, dans lesquels le gouvernement refuse de créer les postes nécessaires ?  SNU ; pour protéger l’environnement ? SNU ; dans les associations étranglées financièrement ? SNU.

Chacun pourra se servir en main d‘œuvre gratuite.

 

Remplacer des salariés qui ont une convention collective ou un statut, des droits individuels et collectifs, droit de grève et de syndicalisation par des jeunes « SNU » quelle aubaine !

Avec le SNU: pas de droit du travail, de droit au chômage ni à la retraite, pour à peine 600€ par mois (pour la phase 2) sous la forme d'un service civique ! Le financement sera pris en partie dans le budget de l’Éducation nationale. Une partie de l’encadrement du SNU serait, d’ailleurs, issue de l’Éducation Nationale.

Le SNU est intégré dans la scolarité des élèves, comme « aboutissement du parcours citoyen, débuté à l’école primaire et poursuivi au collège ». Blanquer : les programmes d’« Éducation Morale et citoyenne » de 3e et Seconde seront articulés avec les contenus du SNU.

   Ferdinand Buisson, Président de la Libre Pensée et artisan de la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État disait au Congrès de la Paix de Lausanne en 1869 : « Ce n’est pas seulement dans les assemblées populaires, dans les journaux, dans les congrès, qu’il faut combattre et extirper le militarisme. […] Il faut le combattre dans le goût qu’on a pour l’uniforme. […] Habituer les enfants à se dire : un uniforme c’est une livrée, et toute livrée est ignominieuse, celle du prêtre et celle du soldat, celle du magistrat et celle du laquais. » Faire marcher au pas la jeunesse au son du clairon, saluer le drapeau tricolore et leur faire chanter des hymnes patriotiques, a toujours été l’objectif des totalitaires.

 

   Le 31 juillet 1940, un décret du Régime de Vichy crée les Chantiers de jeunesse :

« Article 1 : Les jeunes gens incorporés les 8 et 9 juin 1940 sont relevés à compter du présent décret de leurs obligations militaires d’activité. Article 2 : A partir de la même date, ils sont versés, pour une durée de six mois, dans les groupements de jeunesse constitués sous l’autorité du Ministre de la Jeunesse et de la Famille ». La nouvelle structure est confiée au général de la Porte du Theil.

 

Les similitudes sont grandes avec le projet du Service national universel d’Emmanuel Macron.

Enrôler la jeunesse, pour lui apprendre à obéir, et à lui faire aimer la couleur et le goût du Kaki.

 

Source : BnF Gallica

 

« 160 volontaires expérimentent la version bêta du SNU, un mois d'engagement pour les jeunes à partir de 15 ans, qui présente de nombreux points communs avec le service militaire ». (FR3 Centre Val de Loire 19/06/2019)

Les guerres d’hier préparent toujours les guerres de demain

Dans son audition du 22 mars 2018, le général de corps d’armée Ponties a précisé que :

« L’instauration du SNU permettra non seulement de renforcer l’esprit de défense, mais aussi de valoriser l’offre du ministère des Armées et ainsi de se conformer aux enjeux de pérennisation du modèle d’armées français qui dépend d’un volume de recrutement ambitieux. »

Et, pour maintenir l’oppression et l’exploitation de ce vieux monde qui sent la poudre, la mort et la misère, il faut réprimer la jeunesse et tous ceux qui se révoltent.

Comme au temps du préfet Raymond Marcellin, en 1968, lycéens et étudiants, nous l’appelions « Raymond la matraque », la police et les gardes mobiles de Castaner frappent sans cesse aujourd’hui.

Le bilan est là, éloquent et dramatique : C’est un carnage répressif.

 

La liberté de conscience, la simple expression d’une opinion est menacée sur tous les plans. Elle est malmenée, brutalisée. Tout le monde a vu ou vécu la violence de la répression des manifestations.

On a vécu la violence de la répression des manifestations. Les Gilets Jaunes mutilés, les tabassages, l’utilisation d’armes considérées comme armes de guerre, les lycéens à genoux les mains sur la tête, les jugements expéditifs, les emprisonnements, les contrôles préventifs …

Tout le monde a été révolté par la mort du jeune Steve, suite à une agression policière lors d’une manifestation festive et par la mort de Zineb Redouane lors d’une manifestation à Marseille en décembre 2018.

Les journalistes et les acteurs ne sont pas mieux lotis. Corinne Masiero, une actrice, a donné son point de vue de citoyenne et refuse d’aller à l’Élysée. Elle a été rabrouée et des menaces de sanctions à peine voilées sur sa carrière ont été proférées. Huit journalistes ont été auditionnés en quelques semaines par la DGSI, comme Michel Despratx, sur la question des ventes d’armes au Yémen. Nous pourrions allonger la liste…

La Libre Pensée est solidaire des lycéens et des professeurs en lutte contre les E3C et dénonce la violence sans précédent et demande l’arrêt de la répression intolérable avec laquelle le ministre Blanquer répond.

 Ce sont les mêmes en uniforme qui réprimaient, fusillaient pour l’exemple, les déserteurs, les mutins, les syndicalistes entre 1914 et 1918, parce qu’ils ne voulaient pas mourir pour rien.

Mutilés pour l’exemple, fusillés pour l’exemple, condamnés pour l’exemple, réprimés pour l’exemple.

C’est toujours la même répression pour tenter de sauver un monde à l’agonie.

 Maudite soit la guerre. Non l’embrigadement qui la prépare.

Non à la militarisation. Non au travail obligatoire.

unité pour exiger l’abrogation du SNU