Numéro 172

De Frimaire à Nivôse de l'An 227

Novembre-Décembre 2018

 

L’année 2018 s’est terminée dans une crise sociale que personne n’avait prévue, du moins sous la forme qu’elle a prise du soulèvement des « gilets jaunes ». Un soulèvement de « petites gens » sans engagement politique, sans autre motivation que l’angoisse de ne pas pouvoir terminer la fin du mois, celle de l’endettement et des privations sans espoir.

 

« Grand débat national »

Nul n’avait pressenti la forme que prendrait la révolte populaire, nul n’en connaît les prolongements futurs. Le but de cet éditorial n’est pas d’en sonder les ressorts politiques, mais de s’interroger sur un dévoiement possible qu’on devine de la part des tenants de l’ordre social et institutionnel. Un « grand débat national » est annoncé. Il aura lieu jusqu’à la mi-mars et portera sur quatre thèmes : transition écologique, fiscalité, organisation de l’État, et démocratie et citoyenneté (dont l’immigration). Il fait incontestablement écho à la soif de démocratie que ressentent des millions de nos concitoyens frustrés par le fonctionnement du jeu politique depuis des décennies de Ve République, mais il est surtout une réponse de non-recevoir aux doléances populaires. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les « réseaux sociaux » pour voir quel scepticisme déjà il suscite. Du reste personne n’y croit, à commencer par … Chantal Jouanno elle-même qui a fait part de ses doutes au gouvernement.

 

À double tranchant

Cela ne signifie pas, bien entendu, que les plus graves problèmes politiques ne vont pas s’inviter à ce qui tiendra lieu de consultation.

Rien de plus dangereux que de laisser s’ouvrir les cahiers de doléances ! En 1789, Louis XVI l’a appris à ses dépens, en prenant la décision de convoquer les États-Généraux pour apaiser les tensions croissantes que la France connaissait.

Mais ceci est (peut-être ?) une autre histoire.

« Des débats seront organisés dans chaque ville ou chaque quartier, explique le gouvernement. »

En parallèle, il faudrait que dans chaque région se tienne une assemblée délibérante de citoyens.

Y siégeront des citoyens tirés au sort et des acteurs de la société civile, qui rassembleront les

propositions et les voteront. Celles-ci seront à leur tour rassemblées dans un « rapport général avec constat, vision de la société exprimée et propositions ». Mais bien sûr, « une fois les conclusions remontées au niveau national, l’exécutif choisira ce qu’il retiendra ou non. »

Et cahin-caha, se maintiendra comme ça jusqu’aux élections européennes. Peu de chance que le pouvoir des institutions financières internationales soit remis en cause. Et pas davantage qu’on trouve l’homme providentiel, le « sauveur suprême » quand c’est tout un système qui est failli.

 

Le choc des classes

Or les revendications des gilets jaunes portaient depuis l’origine sur le pouvoir d’achat. Quand une mère de famille isolée ne peut plus subvenir aux dépenses minimales incompressibles, tremble au moindre recommandé expédié par la Poste, culpabilise pour avoir offert un paquet de bonbons à ses enfants et s’enfonce chaque mois davantage dans l’endettement sans perspective d’en sortir, cela ne relève plus du débat. Cela n’est pas une idée, c’est un fait. À tel point que cette angoisse s’étend à des millions de salariés, de chômeurs, de précaires qui souffrent en plus du démantèlement des services publics, et qu’elle est également comprise par les trois quarts de la population française déclarant sympathiser avec la révolte sociale. 

 

Et la loi de 1905 dans tout ça ?

La perspective de révision de la loi de 1905 semble avoir été oubliée avec les événements survenus depuis la fin novembre, d’autant que l’idée de revenir sur la Séparation des Églises et de l’État était à cent mille lieues des revendications exprimées dans la rue et sur les ronds-points.

Pour autant le projet de révision de la loi de 1905 n’est pas abandonné pour autant, pas davantage que la réforme des retraites ni celle de l’État.

On devine que l’offensive de re-cléricalisation pourrait s’adosser (frauduleusement) au « grand débat national » - intégrant l’immigration- pour dénaturer la loi de 1905 au nom de la « lutte contre l’extrémisme ». On a assez vu dans le passé comment une large consultation pouvait amener des résultats aberrants, mettant sur un même plan toutes les contributions en les orientant sur des réponses définies à l’avance.

Ce fut le cas avec la « refondation de l’École » qui a conduit à mettre en place la réforme des rythmes scolaires, puis celles du collège et du lycée … avec le succès que l’on sait ! De même on n’est plus étonné de voir comment une consultation de tous les partenaires sur les régimes de retraite aboutit à prôner l’individualisation des droits.

 

Au nom de la laïcité

Les questions sécuritaires et l’état d’urgence, « économique » ou autre, autoriseraient une première entorse autour du culte du musulman, après quoi s’appliquerait la logique concordataire. Toujours au nom de la laïcité, bien entendu.

Car l’État, dans sa forme actuelle, rêve toujours d’encadrer les cultes pour leur faire jouer le rôle de régulateurs sociaux que n’ont pas pu jouer, dans la crise des « gilets jaunes », les « corps intermédiaires » que sont classiquement les syndicats, les associations, les élus locaux et d’autres formes de représentation constituées comme interfaces entre l’État et le citoyen.

C’est le cas en France, et la loi de 1905 le garantit, mais il suffit de tourner le regard vers d’autres pays d’Europe pour voir qu’il n’en va pas de même partout : en Grèce c’est l’Église orthodoxe qui assure de fait le service social.

Un rêve de M. Emmanuel Macron ?

Peut-être, à ceci près que celui-ci est catholique …et que nous sommes toujours en France !    PG

10 décembre 2018 :la délégation reçue à la préfecture du Rhône


La délégation a été reçue par Mme Caroline GADOU, directrice de Cabinet du Préfet du Rhône. Elle était constituée de: MM P. Girod, Pdt LP du Rhône, Jacques Gelly, membre du bureau de la FOL du Rhône “au titre de la    Ligue de l’Enseignement et de la FOL du Rhône“, Eric Pommet, pdt du Cercle E. Herriot, Pierre Triollier, représentant de l’association “Le Poing Commun“, Xavier Hyvert, membre du bureau LP du Rhône. En voici quelques points saillants, forcément incomplets puisque l’entrevue a duré une heure vingt :

Pdt LP 69 : Nous vous remercions pour l’organisation de cette rencontre, dans un contexte que nous savons difficile pour vos services. (…) Nous sommes inquiets en apprenant que les piliers sur lesquels repose la loi de 1905 pourraient être ébranlés : non-reconnaissance des cultes, non-financement des cultes. Si c’était le cas, la loi ne serait pas amendée mais dénaturée.

Mme la DIR. CAB.: « A ce stade nous ne sommes saisis d’aucun texte précis. Je ne pourrais vous donner d’indication que sur l’ambiance générale. Je ferai remonter ce que vous allez déclarer. Il existe une réflexion en cours au niveau des administrations centrales et particulièrement du Ministère de l’Intérieur.

Représentant L.E. : C’est tout ce que vous demandions: nous recevoir et faire remonter.

Mme la DIR. CAB.  : « A ce stade nous ne sommes saisis d’aucun texte précis. Je ne pourrais vous donner d’indication que sur l’ambiance générale. Je vais faire remonter ce que vous allez déclarer. Il existe une réflexion en cours au niveau des administrations centrales et particulièrement du Ministère de l’Intérieur. Je vous parlerai du contexte.

Représentant L.E. : Dès avant 1905, la Ligue de l’enseignement s’est résolument engagée pour la séparation des Églises et de l’État. Depuis l’adoption de la loi, nous nous sommes constamment mobilisés pour la défense de la liberté de conscience qu’elle assure. Cette liberté est fondamentale. Elle assure à chacune et à chacun le droit de se référer à la conviction philosophique ou à la religion de son choix. (…) Cette loi de 1905 a fait école dans le monde entier. Ses principes sont gravés dans ses deux 1ers articles : Art.1 « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public. » Art.2 « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » (…) Au travers d’allusions, de discours ressemblant à des ballons d’essai, d’échos dans la presse, et maintenant d’annonce d’un texte en cours de rédaction, il apparaît que les principes posés dans la loi pourraient, à nouveau, être remis en questions.

Quelques vérités face à ces annonces imprécises : s’il s’agit de mieux encadrer des dérives intégristes mettant en cause les valeurs de la République, le titre V de la loi, intitulé « Police des cultes » fournit l’arsenal juridique suffisant. S’il s’agit de financer les cultes de quelque manière que ce soit, on entre alors dans une procédure concordataire que la loi de 1905 avait précisément pour but d’abolir. Il s’agirait alors d’un reniement majeur qui conduirait à reconnaître de fait des religions en les finançant et à contredire ainsi le principe de neutralité de l’État.

Notre position ne consiste pas seulement à rappeler ces principes, y compris dans leurs modalités concrètes d’application. Elle consiste à demander l’application effective de la loi dans toutes ses dimensions.

DIR. CAB.: Lorsque la loi a été votée, la situation était différente : pas autant de musulmans. L’outillage juridique donné par la loi de 1905 n’est plus adapté à la situation Il existe des demandes d’étendre le Concordat. Mais le gouvernement a toujours fermé la porte.

Cette réflexion sur faut-il modifier ou nom la loi de 1905 s’explique par la difficulté importante de réguler le culte musulman. Il n’est pas structuré comme les autres religions vis à vis de l’Etat et vis à vis d’eux-mêmes. Il faut donc donner un cadre.

Question à résoudre : faut-il renforcer le CFCM (qui n’a pas répondu aux attentes - système électoral bizarre) ou le remplacer ? Autre question : comment assurer la présence en France d’imams qui maîtrisent la langue française, soient imprégnés de la culture française alors que nous avons souvent affaire fonctionnaires d‘ Etats étrangers ? De plus, il y a un foisonnement d’associations.

Il existe des mouvements très radicaux à certains endroits. Nous cherchons les bons leviers. Il existe un avant-projet de loi que je n’ai pas. Le but c’est de trouver des solutions pragmatiques.

Représentant L.E. : (…) Le gouvernement a ignoré les corps intermédiaires. On en voit aujourd’hui le résultat. Il se retrouve face à la masse. Nous sommes parmi ces corps.

Pdt LP : Ce qui nous inquiète, c’est que des dispositions soient prises contre UNE religion, alors que des atteintes graves sont commises par nos élus au compte d’une autre religion, la religion catholique (pour mémoire : Vœu des Echevins, crèche chrétienne à l’Hôtel de Région, élus au Vatican, financement des lycées privés). Il faudrait d’abord que nos élus  respectent la loi.

DIR. CAB. : La liberté de conscience est à défendre partout et toujours. Mais on n’a pas tous les instruments pour lutter. La loi. / Les élus quand ils vont aux cérémonies religieuses, c’est parce qu’ils sont invités par les autorités religieuse. Et toutes les religions sont traitées à égalité.

Représentant L.E. : Intervient par rapport à la rencontre aux Bernardins et relit l’article 35 titre V de la loi de 1905 sur la police des cultes pour insister sur le fait que tous les moyens sont présents et qu’il n’y a nul besoin d’en rajouter ou de modifier la loi.

DIR. CAB.: Le problème n’est pas si simple. L’article que vous citez ne concerne que les ministres du culte. Or il existe toutes sortes de gens qui tiennent des discours islamistes sans qu’il soit possible de les identifier comme des représentants de la religion.  La loi sanctionne les responsables religieux mais pas les associations. Il existe des Imams autoproclamés. (…) Nous sommes face à une augmentation de la religiosité qui pose des problèmes nouveaux. L’organisation du CFCM n’a pas donné de résultats satisfaisants. Mais il est certain que le problème doit être traité sérieusement et qu’entre l’encadrement des religions et le respect des principes de la loi, « il y a un équilibre à trouver » et donc un risque.

Pdt LP : si l’on crée un statut particulier pour le culte musulman et hors des religions reconnues en Alsace, quid des Témoins de Jéhovah, des scientologues, des évangélistes et autres ? On ne peut que multiplier les problèmes. 

DIR. CAB.: Le président veut pousser le culte musulman à s’organiser. On n’attend pas un document. Il faut peut-être voir les députés. Il existe un groupe de travail au sein des députés de « LREM ». Peut-être Mme BRUGNERA dans le Rhône. Intervention probable du pdt sur cette question au début de l’année prochaine. Mais pas de consultation prévue sur le sujet pour le moment.

Un dossier complet est remis à Mme la directrice de cabinet. Celle-ci remercie la délégation pour l’intérêt de cet échange, dont elle ne manquera pas de faire état.

Notre commentaire:  la discussion a été riche, elle a porté largement sur les questions liées au culte musulman. Cependant  à aucun moment il n’a été répondu sur les nouveaux modes de financement, dispositions fiscales, etc.) Faut-il y voir un signe sur un aspect du projet beaucoup plus difficile à faire passer? Dans tous les cas, la mobilisation continue.


De la laïcité en entreprise à la sauce lyonnaise 


Alain Mérieux et le financement de l’Université Catholique de Lyon

En 2011, la faculté alias université catholique de Lyon devait réunir 65 millions d’euros pour bâtir son campus sur l’ancienne prison Saint-Paul. Elle avait été préférée au groupe Partouche  qui souhaitait y implanter son casino « Pharaon ». Mais c’est la catho qui a pu toucher le pactole, dans un secteur identifié pour son attractivité au cœur des enjeux urbains de Lyon : le nouveau quartier Confluences.

La construction du futur campus de 35 000 m² devait commencer à la rentrée 2012 pour accueillir, à la rentrée 2015,  les pôles droit, sciences économiques et sociales, sciences, la bibliothèque universitaire, le département de formation continue de CPE Lyon et l’Observatoire social de Lyon. Il restait à réunir les fonds nécessaires.
La vente des actuels locaux de la « catho », rue du plat, permettait d’en réunir une partie.  C’est à la Sofade, entreprise immobilière propriété du groupe   Dentressangle que la catho a vendu les locaux …et racheté le terrain de la maison d’arrêt.  N. Dentressangle fait partie du réseau des grands  patrons catholiques de la ville.  Le nouveau recteur de la Catho comptait aussi sur l’aide du conseil régional Rhône-Alpes et du conseil général. Ses vœux seront exaucés. Enfin le mécénat privé permet de boucler le budget. Alain Mérieux, président des laboratoires Mérieux, aide alors la faculté catholique de Lyon de façon spectaculaire. Il déclare alors : « J’essaie d’aider l’Université catholique de Lyon à trouver des financements pour son futur campus. D’abord, leur Ecole supérieure de biologie, biochimie et biotechnologie a formé la plupart des techniciens de laboratoire travaillant chez bioMérieux et leurs diplômés trouvent tous des débouchés. Ensuite, c’est aussi ma religion. »

Un supplément du journal Le Progrès du 18 décembre 2018 intitulé « Les secrets du business catholique » revient sur les raisons pour lesquelles les réseaux chrétiens »sont si puissants à Lyon ». Alain Mérieux y est décrit comme le seul Lyonnais capable de collecter 10 millions d’euros auprès d’entreprises pour boucler le financement du déménagement de la faculté catholique. Parmi les autres grands patrons, sont cités Erik Roux de Bézieu (dirigeant de l’agence Syntagme), Thierry de la Tour d’Artaise (patron de SEB), Norbert Dentressangle ; et tous anciens élèves des Maristes : Jean-Christophe Aguettant (Céanothe), Brice Robert, Jérôme Bocuse ou Olivier Ginon (PDG du groupe GL Events). Un autre mouvement, celui des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC), compteraient quelque 200 membres.

Comme le confiait un prêtre du diocèse : « Il n’y a pas de souci du tout à se faire pour les finances de l’église de Lyon. Il faut reconnaître au cardinal Barbarin un grand mérite : il est très fort pour aller chercher des donateurs et l’industriel Alain Mérieux est toujours là pour le soutenir. »

Question : à l’heure où d’aucuns veulent promouvoir des « chartes de la laïcité en entreprise » opposées aux droits et libertés des salariés, que penser de ces chefs d’entreprises qui disposent des fonds de leurs sociétés en fonction de leurs convictions

Les Vœux de la Libre Pensée

2019 : Bonne Année laïque !

1959 : Vote de la Loi Debré 2019 : Plus de 12 milliards d’Euros de fonds publics détournés vers l’enseignement privé

 

Libres propos, libres pensées

Un regard inédit et éclairant sur la Guerre de 14-18

Dans son livre "La Grande Guerre des Classes", l'historien belgo-canadien Jacques Pauwels donne un éclairage inédit sur les vraies causes de la guerre de 14-18, à contre-courant de la thèse selon laquelle la guerre aurait éclaté soudain, par hasard, un beau jour d'été, déclenchée par l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand, l'héritier de l'empire austro-hongrois : comme par un fatal malentendu tragique, l'engrenage infernal des traités d'alliances aurait entraîné les nations européennes, puis le reste du monde dans cette effroyable et très imprévisible boucherie de millions d'hommes jeunes.

Il en fait remonter en réalité les vraies racines à la Révolution française et la succession ultérieure de guerres, contre-révolutions, révolutions et révoltes sociales qui ont profondément marqué l'Europe, la monstrueuse guerre de 14-18 n'étant que le bouquet final et tardif du XIXème siècle. Il met surtout en cause les concurrences féroces des impérialismes pour s'approprier le monde et ses ressources et parallèlement leurs craintes (fondées) de nouvelles révolutions ou de fortes revendications des peuples assoiffés de justice sociale et de démocratie, la guerre (comme entité) devant servir de contre-feu.

 

Exemple : pourquoi l'entrée en guerre de la GB ?

Au tournant du XXème siècle une énergie nouvelle émergeait : le pétrole. Et l'immense flotte britannique qui contrôlait toutes les mers du globe fonctionnait au charbon, dont le Royaume Uni ne manquait pas : l'expression anglaise "to carry coals to Newcastle" (transporter du charbon à Newcastle) équivaut à "amener du sable au Sahara". Mais de pétrole, encore point. Pour moderniser la flotte, il fallait avoir recours à des sources extérieures, la plus disponible étant les USA, en plein boom pétrolier.

Mais l'amitié avec ce pays n'était que de façade : c'est une ancienne colonie britannique émancipée par une très longue et dure guerre (1775-1783) qui profita traîtreusement des guerres napoléoniennes pour envahir le Canada anglophone en vue de s'en emparer, guerre (1812-1815) qui se termina par le traité de Gand qui officialisait le statu quo ante.

Mais, surtout, c'était un challenger, un concurrent sérieux et en expansion trop rapide de la domination économique mondiale de l'Empire britannique.

Il y en avait bien aussi en Perse (Iran) mais il fallait le partager avec la Russie tsariste. Restait la riche Mésopotamie (l'actuel Irak) dans l'empire ottoman.

Celui-ci, en totale déliquescence se laissait dépouiller de territoires sans même réagir mais là, le pétrole était préempté par son bon allié l'Allemagne qui d'ailleurs construisait pour cela un chemin de fer devant aller de Bagdad à Berlin par la Serbie.

Car l'Allemagne aussi avait l'ambition de détrôner le Royaume-Uni comme impératrice des mers : elle construisait à grands pas une flotte ultramoderne au pétrole. Le seul frein possible était donc la guerre pour la couper de la Mésopotamie et se l'annexer.

 

Mais comment annoncer aux britanniques qu'il fallait faire la guerre à l'Allemagne ? Après la dynastie des Stuart (1371-1714), la monarchie devient allemande : la dynastie des Hanovre (1714-1901), renommée Saxe-Cobourg-Gotha en 1901 fut rebaptisée Windsor en 1917 à cause de la guerre. Guillaume II était le cousin germain du roi George V et le petit-fils de la reine Victoria, fille de la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, son mari était le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, la famille Mountbatten sont leurs cousins les von Battenberg au nom anglicisé suite à la guerre, etc...

Autrement dit, malgré une "Entente cordiale" affectée (1904), les britanniques étaient avant 1914 nettement plus germanophiles qu'amis de la France, l'ancestrale rivale, l'ennemie jurée de l'Angleterre.

 

Mais l'ambition démesurée du Kaiser, le cher "cousin germain" Guillaume II ne pouvait plus être ignorée : il fallait bien se rapprocher de ces maudits français qui, justement, se cherchaient des alliés contre une Allemagne à nouveau menaçante.

Nécessité fait loi et il est bien connu que les États n'ont pas d'amis, rien que des intérêts. Donc, OK pour aider les français à contrôler la Manche et les côtes atlantiques et leur envoyer quelques troupes.

Après que l'Allemagne eût attaqué la France, on comptait sur celle-ci et son alliée la Russie pour lui régler rapidement son compte. Mais la France comptait aussi sur les britanniques pour tenir leurs engagements.

Mais, toujours, comment faire voter le parlement britannique en faveur d'une guerre à l'Allemagne ? Et alliés avec la France ! Le public et la presse n'y était pas prêts… du tout. Et là, divine surprise : les allemands eurent la mauvaise idée de piétiner la petite Belgique neutre pour envahir la France, neutralité garantie par le traité de Londres (1839).

Le prétexte inespéré était là, tout trouvé !

À peine la guerre votée, leurs troupes venues d'Inde et d'Égypte étaient déjà au Levant, leur front le plus crucial. Les rebellions arabes contre les ottomans (1916-1918) furent coordonnées par le fameux "archéologue" T.E. Lawrence "d'Arabie" avec promesses d'États arabes "libres".

Mais des promesses faites aussi aux sionistes... (déclaration Balfour, 1917). Et par les accords secrets Sykes-Picot de 1916, ils promirent les bas-morceaux du Moyen-Orient aux français (Syrie-Liban) pour en garder le précieux pétrole de l'Irak, du Koweït et d'Arabie. Well done !                          RJ