ÉDITORIAL


 

C’est le mois d’août. La rentrée se profile, dans un étrange climat de colère et d’inquiétude lié au contexte sanitaire et social. Fait sans précédent : une mobilisation sans équivalent connu à cette époque de l’année ; des manifestations atypiques mettant en cause l’application du Pass sanitaire.

Le problème serait-il médical ? A l’évidence, pas seulement. Les motivations des participants sont multiples, sur fond de méfiance à l’égard du vaccin d’abord, justifiée ou non. (De notre point de vue, dans ce cas précis, elle ne l’est pas). Mais depuis des décennies on a fait l’expérience des mensonges d’état (scandales sanitaires, sang contaminé, sans parler – sur un sujet voisin – du fameux nuage de Tchernobyl). Scepticisme accru par les mesures de santé qui ont dégradé l’hôpital public et conduit le système des urgences à l’asphyxie ; par la destruction des masques et l’affirmation de leur inutilité au printemps 2020, par les fermetures de lits, par les incohérences imputables aussi à une gestion autocratique de la crise, l’exécutif marginalisant les « corps intermédiaires ».

Méfiance donc. Car les « fake news » ne sont pas toutes issues des milieux complotistes. C’est même paradoxalement par peur des fausses informations qu’une partie des manifestants se sont mobilisés. C’est aux Antilles que la défiance est la plus marquée, et pour cause. Qu’est-ce qui explique que les habitants de la Guadeloupe soient bien moins nombreux à être vaccinés qu’en Métropole ? Le délabrement des structures médicales sans aucun doute, mais surtout l’expérience traumatisante du chlordécone, ce pesticide reconnu dangereux, interdit dans plusieurs pays mais autorisé par le gouvernement français jusqu’en 1993 (alors qu’il était interdit en Métropole depuis 3 ans !). Plus de 90% de la population adulte antillaise est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France. La population présente un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde. Le dossier est ultra-sensible aux Antilles. La pollution des sols par le chlordécone, considéré comme perturbateur endocrinien et

cancérogène probable, a été jugée par Emmanuel Macron lui-même comme un « scandale environnemental ».

Réagissant à l’hypothèse d’un non-lieu après quinze ans d’instruction, Me Christophe Leguevaques, avocat d’un collectif de victimes, a parlé en mars 2021 de « crime contre l’humanité » : « Toute la population des Antilles est concernée, et on vient nous dire que peut-être il y aurait prescription. »

Résultat aujourd’hui : les populations antillaises sont doublement victimes. Elles souffrent des conséquences de l’empoisonnement, et comme elles ont perdu confiance envers les institutions, elles renâclent à se faire vacciner et sombrent dans une situation de désastre sanitaire.

«

Justifiées ou non, à notre avis fantasmatiques, les réticences face au vaccin ne sont qu’un aspect du problème. Les manifestants « anti-Pass » sont souvent vaccinés, et même partisans d’une vaccination la plus large possible. Il vaut mieux le rappeler car si l’on en croit certains medias – BFM-TV par exemple - il s’agirait plutôt d’un ramassis de nihilistes irresponsables et antisémites (avec à peine un peu d’exagération).

Mais déjà des restaurateurs mettent la clé sous la porte, des licenciements se profilent, des mesures controversées et impopulaires sont relancées en pleine période de crise, de la réforme des retraites à l’assurance-chômage, ajoutant à un climat déjà très anxiogène. Quant aux élèves du secondaire qui n’auront pas leur Pass, ils se verront « évincés » de l’enseignement en présentiel, selon l’expression du ministre Blanquer. Ils resteront à la maison et « bénéficieront » (si l’on peut dire) de l’enseignement à distance reconnu par les inspecteurs pour son inefficacité, et qui représente aussi un surcroît de travail pour des enseignants déjà surchargés. « Evincés » : le Littré donne un sens technique au mot utilisé. « Evincer » est un terme de jurisprudence qui signifie « déposséder juridiquement ».

Or il n’est pas question de jurisprudence à cette étape. Le second sens, par extension, signifie : « enlever à quelqu’un par intrigue une place, une affaire, etc. » Quel sens correspond à la pensée du ministre ? Sa feuille de route étant la réduction drastique des moyens consacrés à l’enseignement, et comme le télé-enseignement est reconnu pour permettre des économies d’échelle, la réponse est hélas facile à trouver.

«

En juin dernier était adopté un appel par les personnels de l’hôpital du Vinatier, réunis en Assemblée en présence de leurs organisations syndicales. On y lisait : « Après 40 ans de fermetures de lits à l’hôpital psychiatrique public, en pleine période de développement de la précarité économique et d’exclusion sociale, abandonnant sans soins des dizaines de milliers de patients, hospitalisés jusqu’alors en psychiatrie, les envoyant souvent en prison ou les laissant errer, se clochardiser et se mettre en danger de mort, sous prétexte de leur éviter une « chronicisation institutionnelle traumatisante (…) » Ce constat est bien connu, on estime même que 60% des détenus emprisonnés dans les prisons françaises relèvent aussi de la psychiatrie. Nous assistons à un terrible retour en arrière, alors que l’on entend s’élever des voix pour remettre en cause l’irresponsabilité pénale des personnes dont le discernement est aboli. Ce serait un terrible retour en arrière. Cela doit aussi nourrir notre réflexion sur l’extension de l’arsenal liberticide actuel, qui prend des allures de course aux armements. A suivre.

P.G

 

Extrait du blog de BENOIT SCHNECKENBURGER             15 JUILLET 2021

Laïcité à Lyon : la culture a bon dos

La ville de Lyon, dirigée par une coalition réunissant EELV et diverses organisations de gauche, vient de voter une nouvelle subvention à l’Institut Français de Civilisation Musulmane au nom de l’action culturelle. Il s’agit d’une nouvelle atteinte à la laïcité, si habituelle dans la cité du Primat des Gaules.

L’ancien Maire Gérard Collomb, Ps passé LREM y avait l’habitude de subventionner largement les organismes dits culturels liés à des cultes. Il avait aussi l’habitude de s’humilier publiquement, avec bien d’autres élus notamment de droite, en allant se soumettre au serment des échevins chaque année, cérémonie où la ville de Lyon écoute symboliquement le Cardinal lui faire un sermon. Là, la tradition était invoquée, alors que d’autres maires plus courageux s’y étaient soustraits. À droite, Laurent Wauquiez a par deux fois bravé la loi en installant des crèches dans le conseil régional, là encore au nom de la tradition et de la culture. Pas de tradition établie pour un bâtiment construit par Christian de Portzamparc entre 2006 et 2011, le Conseil d’État lui a donné tort et l’a condamné.

Le Maire Grégory Doucet, et la majorité municipale avec lui, confond une fois de plus laïcité et tolérance. Il avait déjà inventé un curieux service municipal en dotant une adjointe, Florence Delaunay, de la charge des droits et égalités, de la mémoire, des cultes et spiritualités. Comme si une Mairie se devait de mettre sur le même plan l’égalité devant le droit et le dialogue avec les cultes et les spiritualités. Si la loi de 1905 assure la liberté de conscience et de culte, elle n’offre pas de service public du culte, strictement liée à l’obligation, justement, de ne reconnaître aucun culte : ce sont les articles Un et Deux de la loi de 1905.

Le conseil municipal de Lyon vient de voter une subvention de 45.000 euros à l’IFCM. Cet institut dont le site internet rappelle qu’il a été fondé avec la Grande Mosquée de Lyon, adossé à elle, assure notamment la formation des Imams. En lui attribuant une subvention, fut-ce au titre d’autres actions dites culturelles, il s’agit précisément de soulager sa trésorerie, actuellement en difficulté, par des fonds publics. C’est un détournement flagrant de la laïcité. Ces 45.000 euros auraient été bienvenus pour des actions profitant à toute la collectivité en ces temps de crise sanitaire et sociale : pourquoi pas aux associations qui promeuvent une éducation populaire, ou aux O.N.G qui viennent en aide aux victimes de la crise économique actuelle ?

Benoît Schneckenburger

 

 ÉCHOS : DU SAbre au goupillon

 

Olivier de Germay : d’officier parachutiste   à   Primat des Gaules.

 

Suite à l’échos des bénitiers de l’AN II n°183 qui se concluait par "nous y reviendrons".

   « Il aura fallu huit longs mois à Rome pour trouver un successeur à Philippe Barbarin. Pour remplacer l'archevêque de Lyon démissionnaire, mis en cause dans le retentissant scandale de pédophilie qui a traumatisé le diocèse de Lyon et ébranlé l'Église française jusqu'au Vatican, le pape François a nommé Olivier de Germay, le discret évêque d'Ajaccio.

   Une nomination surprise qui a pris de court tous les pronostics y compris la conférence des évêques de France qui n'avait pas vu passer ce nom dans la shortlist des nominables. L'intéressé confie avoir lui-même été étonné par la proposition. ‘‘J'ai reçu un appel du nonce le jour de mes 60 ans, c'est-à-dire le 18 septembre. Je l'ai ensuite rencontré à Paris où il m'a annoncé que le pape m'avait nommé archevêque de Lyon. Ç'a été une énorme surprise, pas un seul instant je n'avais imaginé une telle nomination.’’ On murmure même que plusieurs évêques ont décliné l'offre tant la tâche de restauration de la confiance et de l'image de ce diocèse semble ardue. » (Le Point.fr du 22/10/2020)

   Il n’est pas inintéressant de se rappeler que « Si le pape a accepté sa démission et qu'il n'est plus archevêque, Philippe Barbarin conserve sa calotte rouge de cardinal, comme le rappelle Le Parisien, et fait toujours partie des « 128 cardinaux-électeurs âgés de moins de 80 ans susceptibles de se retrouver en conclave ». Il n'en reste d'ailleurs pas moins proche du pape, avec qui il a célébré son 70e anniversaire à Rome » (Le Point.fr du 31/01/2021)

 

   Malgré quelques difficultés, quelques jours après la levée du 2ème confinement, le 20 décembre 2020, un remplaçant au Cardinal Barbarin, un ancien officier parachutiste est donc installé nouvel archevêque de Lyon.

 

« ‘‘Le sabre et le goupillon’’ l’expression attribuée à Clémenceau, résume à merveille les deux vies d’Olivier Germay » (C’est La Nouvelle République du 23/01/2021qui le dit.)

Le nouvel archevêque a répondu, ce jour-là, à la Nouvelle République :

   A la première question « Est-ce l’officier qui a fait le prêtre ou veillait-il dans le militaire ? », l’ancien officier parachutiste répond :

   « J’ai vécu pleinement mon métier de militaire dans l’idée de faire carrière et sans penser à devenir prêtre. » Puis : « Quel rôle ont joué vos séjours aux Tchad, en Centrafrique et en Irak, comme officier parachutiste ? » « Cela a d’abord été pour moi une belle expérience humaine. J’ai pu découvrir d’autres cultures, et vivre des missions assez exaltantes lorsqu’on a 25-30 ans. Le temps passé au Sahel n’a pas été neutre sur le plan spirituel. Le désert en effet est un lieu qui favorise un retour à l’essentiel. J’y ai rencontré des personnes pauvres mais dont la foi bousculait la mienne. Pendant la guerre du Golfe, j’ai réalisé combien l’usage démesuré de la force pouvait donner l’illusion de solutionner un problème tout en semant la haine dans le cœur de millions de personnes. »

   Selon Christian de Germay, général de cavalerie, le papa de Olivier de Germay, interrogé par le même quotidien : « Juste avant de suivre le cours de capitaine à Saumur, il se rend à l’abbaye bénédictine de Fontgombault (Indre) à la Toussaint, il nous dit avoir une grande nouvelle et, à la surprise générale, nous a annoncé vouloir quitter l’armée pour rentrer au séminaire. … Il a voulu suivre son régiment pour la guerre du Golfe, ne voulait pas se débiner même si sa décision était prise.’’  … »

Nous y reviendrons…

ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ des libres penseurs de france

COMPTE-RENDU DE L’ASSEMBLEE GENÉRALE DES ADHERENTS DU RHÔNE DE ENTRAIDE ET SOLIDARITE DU 19 JUIN 2021

 

            Invités à le faire concomitamment à l’AG de la LP du Rhône, les adhérents du Rhône de E.S.L.P.F., se sont réunis à la Maison des Associations, rue Major-Martin à Lyon 1er. Cette réunion était consacrée à la préparation de l’Assemblée générale de VOIRON du 26 août 2021.

   La discussion a permis de mettre en évidence l’enjeu : convaincre un maximum d’adhérents et d’amis de la Libre Pensée de devenir MEMBRE BIENFAITEUR. En effet, si c’est la cotisation à ENTRAIDE et SOLIDARITÉ qui ouvre droit à l’aide, les dons, comme les legs, restent indispensables pour pérenniser les ressources.  Ceci, afin de pouvoir continuer à aider les Libres penseurs en activité ou retraités, leurs conjoints, leurs enfants, en difficulté.

   Dans cet esprit, les adhérents du Rhône se sont prononcés, à l’unanimité, favorablement, sur les rapports d’activité et financier, pour le maintien de la cotisation 2021-2022 à 4€ (comme l’exercice précédent), pour les candidats au Conseil d’administration. Ils ont mandaté Xavier HYVERT pour les représenter à VOIRON.

Les adhérents du Rhône ont souhaité se doter d’un réfèrent départemental. René JAMBON, avait indiqué, en séance, réfléchir à remplir cette fonction. Il a depuis confirmé son accord. Qu’il en soit remercié.

Compte rendu établi par Xavier HYVERT.

       

10-12, rue des Fossés Saint-Jacques 75005 PARIS

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En allant sur notre site : https://www.entraideetsolidaritelibrespenseurs.org  Ou bien en adressant le mandat, ci-dessous, accompagné d’un RIB à l’adresse de l’association.

Entraide et Solidarité apporte assistance aux Libres penseuses-seurs en difficulté.

Entraide et Solidarité aide des associations laïque de bienfaisance en France et dans le monde

 

 

Les demandes d’aide, de conseil sont à adresser au Président de Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France, 10-12, rue des Fossés-Saint-Jaques 75 005 PARIS - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Pour tous renseignements : votre RÉFÉRENT dans le Rhône est René JAMBON (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

 commune de lyon 1871

Libres-penseurs à Lyon sous la Commune

Les libres-penseurs lyonnais ont joué un rôle actif et se sont organisés très tôt en sociétés au XIXe siècle. Pour autant leur histoire reste méconnue.

Ils n’ont pas fait réellement l’objet d’études historiques, contrairement aux membres de l’AIT (Alliance Internationale des Travailleurs) pour lesquels nous disposons du travail considérable de Maurice Moissonnier, spécialiste de l’histoire du mouvement ouvrier et de l’Internationale. Cette méconnaissance s’explique en partie par la disparition des archives de la Libre Pensée lyonnaise au cours de la 2e guerre mondiale, dans des circonstances que nous ne connaissons pas. Mais pas seulement : notre propre histoire est un objet d’étude relativement récent. C’est justement parce qu’elle a été longtemps négligée – à l’échelon national – qu’en 1999 a été constitué l’IRELP (Institut de Recherche et d’Etude de la Libre Pensée). Son but est de « promouvoir, soutenir et favoriser les recherches privées et institutionnelles dans les domaines historiques, littéraires, artistiques, linguistiques, philosophiques, scientifiques, psychologiques, sociologiques, etc., se rapportant plus particulièrement à la Libre Pensée » (art. 2 des statuts). Depuis plus de 20 ans, les avancées ont été considérables. A Lyon, il reste à faire.

Il faut donc saluer la parution en 2015, à l’Atelier de création libertaire, de l’ouvrage de Matthieu Rabbe : « Les Communards à Lyon » sous-titré « Les insurgés, la répression, la surveillance ». Certes cet ouvrage n’est pas consacré à la Libre Pensée, mais en renouvelant l’approche de l’histoire de la Commune de Lyon, il fournit des éléments qui permettent de mieux voir le rôle qu’y jouèrent les libres-penseurs.

Avant de donner quelques données chiffrées, il faut prévenir une erreur possible : l’histoire de la Libre Pensée ne s’identifie ni à l’insurrection parisienne ni à la lyonnaise. A Lyon, la Commune eut ses Versaillais, on trouvera donc des libres-penseurs « des deux côtés de la barricade ». Le meilleur exemple est fourni par la personnalité de Louis Andrieux, républicain détenu à la prison Saint-Joseph sous l’Empire et membre du comité qui proclama la République au balcon de l’Hôtel de Ville, le 4 septembre au matin. La Commune nouvellement élue, sous la mandature de Louis Hénon, fut réellement anticléricale. Mais le surgissement de l’insurrection parisienne, le 18 mars 1871, fit paraître au grand jour les tensions entre les républicains tenants de l’ordre bourgeois et le parti ouvrier populaire (au sens large) autrement plus radical. Louis Andrieux choisit son camp et, devenu procureur de la République, fut l’artisan de la répression qui fit au bas mot une trentaine de morts à la Guillotière, le 30 avril 1871.

Sur la place des libres penseurs dans les rangs de la République bourgeoise, nous n’avons pas de données. Mais sur celle qu’ils occupèrent dans les rangs de l’insurrection d’avril 1871, et dans les deux tentatives du 28 septembre 1870 et de mars 1871, il y a du nouveau. Voire : du lourd !

Matthieu Rabbe s’est attelé à dépouiller les fiches des dossiers individuels constitués à partir de la fin 1871 à fin de surveillance, ainsi que les dossiers des tribunaux militaires. Ce sont 1139 noms qui ont été retrouvés, parmi lesquels 18 francs-maçons seulement, alors qu’en Province – plus qu’à Paris – la franc-maçonnerie n’hésita pas à prendre publiquement parti. Les fiches de renseignements collectées portent essentiellement sur la moralité, la situation de famille, la situation financière et les opinions politiques. Voici quelques conclusions tirées de cette étude :

« Les communards lyonnais ont fait preuve de leur anticléricalisme. En chiffres, sur la totalité des individus traités, on relève 268 communards explicitement catégorisés comme « libres penseurs », environ une proportion de 23 ou 24 libres penseurs sur 100. Ainsi un quart des communards à Lyon étaient libres penseurs, une proportion probablement en-dessous de la réalité. Les membres de société, comme celle des « matérialistes » ou encore les sociétés d’enseignement libres et laïques, ne sont pas forcément indiqués comme étant des libres penseurs, mais la proportion d’hommes et de femmes y manifestant leur anticléricalisme y est probablement très élevée. »

Il se trouve que sur les 22 membres de la commission d’organisation des banquets libres-penseurs, qui fonctionna jusqu’au 4 septembre 1870, on retrouve 11 noms dans les fiches de police. Ce rapport d’un sur deux est peut-être un indice sur la répartition en deux camps, ordre établi contre révolution sociale, que nous évoquions plus haut. Mais tant de facteurs peuvent expliquer l’absence des 11 noms restants qu’on se gardera de conclusions hâtives. Du reste, avant même que se manifeste la fracture communarde, la municipalité lyonnaise avait commencé à œuvrer dans le sens d’une séparation de fait entre l’Eglise et l’Etat, même si elle ne pouvait évidemment pas prononcer la disparition du budget des cultes qui ne relevait pas d’une compétence locale. Dès le 14 septembre 1870, avant l’élection, le Comité de salut public avait publié par voie d’affiches un arrêté portant que l’enseignement donné par les congrégations religieuses était « contraire à l’esprit républicain », en conséquence de quoi :

« ART. 1er. - Nulle subvention n’est accordée dès ce jour par la Commune aux institutions religieuses de l’un et l’autre sexe.

ART. 2. – Les locaux appartenant à la Commune et servant actuellement aux écoles religieuses et aux salles d’asile seront désormais affectés à des écoles et à des salles d’asile, dirigées par des personnes laïques.

ART. 3. – Nulle personne ne peut exercer l’enseignement sans être munie d’un diplôme. »

Il était difficile d’aller plus loin !

Mais comment expliquer l’anticléricalisme radical des républicains de l’époque ? Ils avaient vu avec quel zèle les prêtres s’étaient ralliés au régime de Louis-Napoléon Bonaparte contre la République, après avoir béni les arbres de la liberté en 1848. Cette époque correspond au pontificat de Pie IX. Elle est celle de la reprise en main ultramontaine du clergé par l’autorité romaine, épouvantée par le Printemps des peuples ; celle des proclamations dogmatiques les plus réactionnaires : « Syllabus » de 1864 condamnant les Droits de l’Homme et autres « perversions de la modernité », infaillibilité pontificale en 1870, pour ne citer qu’elles. Les deux décennies qui précèdent la Commune sont chargées de sentiments anticléricaux, dans la continuité d’une tradition plus ancienne. Matthieu Rabbe rappelle le constat de l’historien René Rémond : « La Commune se proclame fille de la grande Révolution. Elle renoue avec la politique antireligieuse d’une époque de la Convention. »

A Lyon davantage que dans d’autres villes, le mouvement de 1848 était anticlérical.

Les enterrements civils, qui se transformaient parfois en manifestations spontanées, existaient avant 1850. Le refus du baptême, les cérémonies civiles sont attestés. A la fin de l’Empire, les banquets gras du « vendredi dit saint » commencent à se multiplier.

Maurice Agulhon (cité par M. Rabbe) jugeait que « le socialisme et la libre pensée étaient liés, parce que le socialisme était une idée hardie, et que la libre pensée était, par définition, l’école de la hardiesse. » On pouvait donc tout naturellement être affilié à une société de libre pensée et membre de l’Association Internationale des Travailleurs. On en a l’exemple avec Nicolas Chassin, représentant de la section de l’Internationale à Villefranche, qui dirigeait des enterrements civils. Soit dit en passant, la section de l’AIT de Villefranche était forte d’une cinquantaine de membres !

En dépouillant les fiches de police, Matthieu a trouvé 186 noms de communards lyonnais membres de l’AIT, qui recouvrent partiellement mais pas totalement les 268 noms de libres penseurs. Et ces deux ensembles sont probablement sous-évalués : d’une part on pouvait être affilié à l’AIT via l’une des 28 corporations de métiers adhérentes, et d’autre part on pouvait être membre d’une société comme celle des « matérialistes », ou d’une société « d’enseignement libre et laïque ». Dans quelle mesure la police tenait-elle compte de ces différents cas de figure, et en avait-elle-même connaissance ? Nous n’en savons rien.

Nous avons déjà évoqué dans l’An II la figure de Marie Bonnevial. D’autres personnalités mériteraient d’être connues : Michel Alphonse Cartier, Jean-Baptiste Chanoz, Anne et Jean-Marie Cluzel, François Dizin, Anthelme Favre, Antoine Filleron, Etienne Pierre Ginet, Jacques Pilon, Jacques Melinaud, Jacques Meyer, François Michaloux, Etienne Monet : si ces noms de ces libres-penseurs ne vous disent rien, ça n’a rien d’anormal. Nous y reviendrons.

Louis Palix est plus connu. Voici la notice que lui consacre Matthieu Rabbe :

« Né en 1829, tailleur. Il arriva à Lyon en 1857 et fut membre en 1866 de l’Internationale. Membre de plusieurs sociétés coopératives et libre penseur, il fut délégué de la corporation des ovalistes en 1869 au congrès de l’Internationale à Bâle. Arrêté en raison de son appartenance à l’Internationale en avril 1870, il est amnistié le 4 septembre de la même année avec la République. Membre du Comité de salut public puis membre du Comité central du Salut de la France, il signe comme d’autres internationalistes lyonnais l’affiche bakouniniste du 28 septembre. C’est chez lui que résidaient Bakounine et Lunkiewicz. Il fut arrêté à la suite du 28 septembre, mais, très malade, il fut laissé en liberté et mourut dans les premiers jours de février 1871. »

Et puis il faudra revenir sur le cas de Rodolphe Eugène Grosdenis, dit « Denis-Brack », co-rédacteur et gérant de deux journaux libres-penseurs : « L’Excommunié » (de 1869 à l’été 70) et « L’Antéchrist » (six numéros en septembre-octobre). Une figure majeure !

Ce sera pour une prochaine chronique…                                                                                            P.G.

EN HOMMAGE AUX VICTIMES

DE LA COMMUNE DE LYON,

SOLIDAIRE DE LA COMMUNE DE PARIS DE 1871,

POUR SON PROGRAMME DE PROGRES

DEMOCRATIQUE ET SOCIAL

Cette plaque en hommage aux victimes de la répression devrait être posée au printemps prochain sur les lieux de la tragédie place Gabriel Péri.

Elle sera financée par une souscription citoyenne initiée par la Libre Pensée, l’IHS-CGT et les Amis de la Commune de Paris, avec le soutien de la LLDH et l’accord de la municipalité lyonnaise. 3 €, 5 €, 10 €… ou bien sûr davantage : faites partie des souscripteurs !

Directement auprès du Bureau de la fédération ou via notre site internet – Rubrique « Faire un don »

 

 

AVENUE THIERS : une débaptisation possible ?

Peut-être bien…  et sans changer les adresses ni le cadastre ! Comment cela se peut-il ? Laissons la parole à un correspondant du journal « Le Progrès », qui fait le point sur cette affaire :

 

Le nom de l'avenue Thiers à Lyon dans le 6e, est sujet à des interrogations. Car s'agit-il bien d'une artère dédiée à Adolphe Thiers ou à un général, Auguste Thiers ?

La libre pensée ainsi que l'institut d'histoire sociale de la CGT et les Amis de la Commune de Paris ont déjà fait part de leurs doutes auprès de M. Biscarat, chargé de mission au cabinet de Florence Delaunay, chargée entre autres de la mémoire. Pierre Girod, président de la Libre Pensée et Alain Bujard, représentant de l'Institut d'Histoire Sociale de la CGT, ont pu évoquer le nom du général Thiers (1842-1890) : "Rien n'est bien sûr officiel, mais les archives municipales indiquent de quel Thiers il s'agit. Un document précise qu'Edouard Thiers était un capitaine qui a commandé les gardes mobiles du Rhône au siège de Belfort. Il fut député du Rhône en 1855. Une précision qui est mentionnée dans l'ouvrage de Maurice Vanarro, "Rues de Lyon à travers les siècles".

S'il s'agit bien du général Auguste Thiers, les associations représentées demanderont alors que la précision soit indiquée, le nom d'Adolphe Thiers étant une référence controversée en cette année de commémoration des évènements de la Commune de Lyon et Paris, Adolphe Thiers ayant réprimé ce mouvement dans le sang. Une opération possible qui ne coûterait rien et éviterait les problèmes administratifs qu'entraîne une rebaptisation ordinaire.  "La possibilité de porter cette indication sur une plaque en début d'avenue serait une possibilité". Rien n'est décidé, mais il est certain que La Libre Pensée et Institut d'Histoire Sociale de la CGT préfèrent cette référence au général Thiers plutôt qu'au responsables des massacres de la Commune.

Une revendication historique qui fait sens et a déjà reçu un accueil intéressé de la part de la municipalité, même si aucune décision n'a encore été prise.

                                                                                                                                  Dominique Cairon

 Louis lagresle

 

Louis Lagresle, cégétiste, libre penseur, est né le 2 février 1890 dans une famille ouvrière de Cours, (Rhône) célèbre pour ses couvertures.

En effet, le chauffage des habitations n'était pas aussi performant qu'aujourd'hui, et les couvertures étaient très appréciées.

 

  

Et les expéditions coloniales dévoraient des ballots de « grisons », couvertures de basse qualité, comme plus tard les armées pendant la drôle de guerre.  

La situation financière des patrons était florissante, celle des ouvriers, misérable ; ceux-ci travaillaient dans de mauvaises conditions, atmosphère polluée par la Bourse, pour de maigres salaires.

Ainsi Louis Lagresle arriva au monde en pleine grève. Commencée le 22 juillet 1899, elle dura neuf mois, eut un retentissement considérable.

Jean Jaurès, Jules Guesde se déplacèrent, une solidarité internationale fut organisée en Angleterre et en Allemagne.

Un journal local fut distribué, titrant : « Allez-vous accepter l’argent des boches, ils nous ont déjà pris l’Alsace et la Lorraine ! » La grève se termina par la mise en prison des « meneurs ».

Louis Lagresle bénéficia de l’enseignement de l’école laïque, gratuite et obligatoire. Il continua au-delà de douze ans, au cours complémentaire.

Et comme beaucoup d’enfants d’ouvriers, il fut embauché dans une entreprise de Cours, comme contremaître teinturier.

L’instruction acquise pendant sa scolarité l’aida à militer pour de meilleures conditions de travail.

Il implanta le syndicat CGT à Cours, adhéra à la Libre Pensée. Mais la gent patronale ne vit pas d’un bon œil les activités de ce contremaître teinturier, anticlérical de surcroît.

En 1921, il fut licencié, de même que son épouse.

1922 : il fut élu délégué au Congrès constitutif de la CGTU à Saint-Etienne.

Il participa au déclenchement des grèves de soie de Neulize, Charlieu, Saint-Symphorien-en-Lay, entre 1925 et 1925. Jugé responsable d’incidents entre grévistes et non-grévistes (malgré la défense de l’avocat Sérol, député-maire de Roanne et par la suite ministre de l’Intérieur), il fut condamné comme agitateur, le 5 novembre 1926, à un mois de prison et deux ans d’interdiction de séjour.

Devant la réaction populaire et de nombreuses interventions, ces condamnations furent annulées en appel. L’acharnement du patronat contre les meneurs syndicaux et en particulier Louis Lagresle empêcha celui-ci de soigner son épouse qui mourut en 1927.

Contraint à exercer des petits boulots, il confia ses deux filles à la grand-mère et à la tante paternelle.

En 1931, une nouvelle grève de trois mois éclata. Le patronat fit appel à l’armée, et les sabots des chevaux des gardes-mobiles résonnèrent sur le bitume.

Alors secrétaire du syndicat CGT de Cours et du textile roannais, il organisa l’accueil d’enfants d’ouvriers dans des familles roannaises.

En 1936, Louis Lagresle participa à l’élan syndical.

En 1939, la vague « hystérique » de répression se poursuivant dans toute la France, à Cours, alors que le secrétaire du PC Gustave Deverchère connut la prison, Louis Lagresle grâce à sa notoriété acquise parmi la population coursiaude, fut protégé.

Il cacha le drapeau de la Libre Pensée de Cours dans le local syndical.

En 1945, on vit fleurir des inscriptions sur les routes : « Adhérez à la CGT ! »

Jusqu’à la fin de sa vie en 1959, il participa à toutes les luttes laïques et ouvrières.

C’est pour rendre hommage à ce libre-penseur, inlassable militant pour les libertés, pour des conditions de vie dignes, que le groupe de Villefranche-sur-Saône de la Libre Pensée a déposé une plaque sur sa tombe à Cours : « Ni Dieu ni maître ! »

Janine Lacôte

 Libres propos, libres pensées

Faut-il promouvoir les langues régionales ou défendre le français ?

 

Comme nous ne sommes jamais à court de polémiques, voilà qu'en surgit une de plus, bien propre à diviser les français : les langues régionales.  Un député LREM breton, Paul Molac s'est fait un nom en relançant le mouvement, sous la forme d'une proposition de loi visant à favoriser l'enseignement des langues régionales aux frais des contribuables.

   "La proposition de loi de Paul Molac a plusieurs objectifs : permettre l’enseignement des langues régionales à tous ceux qui le souhaitent, en imposant le financement par les communes de l’enseignement bilingue, permettre une forme d’enseignement immersif en modifiant le code de l’éducation, et améliorer leur visibilité, via les panneaux de signalisation et l’inclusion des signes diacritiques dans l’état civil, comme le tilde sur le "n" de certains prénoms bretons. Nous sommes dans la droite ligne de la charte des langues régionales européennes."    

(Le Figaro, 9/4/2021)

Rappelons que depuis l'Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), si la langue officielle de la France est le français (et dûment gravée comme telle dans la Constitution de la République), langue qui permet à tous les citoyens d'être mieux informés de la vie de leur pays, il n'est interdit à personne d'apprendre et utiliser à titre personnel la langue de son choix, que ce soit une langue étrangère ou une langue régionale.

Par exemple, le créole est admirablement vivant aux Antilles françaises, où la très grande majorité de la population le parle car il est profondément ancré dans la culture populaire locale.

L'alsacien qui est un ensemble de dialectes locaux à base germanique, qui peuvent différer d'un canton à l'autre, est aussi très répandu et largement pratiqué en Alsace, etc.

Ce n'est plus du tout le cas du breton qui n'est plus pratiqué (couramment ?) que par 6.75% des bretons, et n'a donc plus aucune assise populaire profondément enracinée.

D'innombrables français parlent ainsi entre eux une variété importante de dialectes, patois, langues régionales ou étrangères issues de la longue histoire de la France ou de l'immigration et personne ne songera à le leur interdire ou le leur reprocher.

D'autres français apprennent pour leur seul plaisir à titre extra-scolaire et personnel des langues étrangères ou régionales et c'est tant mieux : on peut même dire que la démarche d'apprendre et utiliser une autre langue que le français est chaudement recommandé, comme tout ce qui peut améliorer intellectuellement et culturellement un individu. Mais comme toujours, la seule et vraie question qui se pose est : qui doit payer ?

On pourrait faire un parallèle pertinent avec les pratiques religieuses qui, si elles sont totalement libres, sont une question strictement personnelle et privée, mais en État laïque (donc neutre) ne doivent pas être financées par de l'argent public.

Ce qui est loin d'être la réalité, vu le nombre d'exceptions en vigueur : concordat d'Alsace-Moselle où les ministres des cultes sont salariés, logés, socialement protégés et retraités comme des fonctionnaires et surtout les sommes pharamineuses et incontrôlables déversées sur l'enseignement privé religieux. Alors, une exception abusive de plus… 

Les partisans de Paul Molac arguent du fait que les langues régionales sont menacées de disparition "si on ne fait rien". Car c'est le "faire" qui coûte…

   C'est vrai, mais dans un contexte où la langue française, le vrai ciment de la France, est elle-même gravement menacée "si on ne fait rien" par l'omniprésence invasive de l'anglais (et pas par l'anglais littéraire mais plutôt par un indigent pidgin global-English), invasion hélas ! encouragée par nos pouvoirs publics eux-mêmes, et l'on constate journellement son appauvrissement :  vocabulaire de plus en plus limité faute de lecture livresque, même chez des jeunes gens supposés "éduqués", fautes d'orthographe ou de grammaire largement tolérées, y compris dans ce vecteur essentiel de transmission linguistique qu'est la presse écrite, remplacement de mots français précis et éprouvés par des traductions approximatives ou même carrément baroques pour des anglophones, chanteurs français qui ne chantent qu'en anglais, non-traduction systématique en français de titres de films, de livres ou publicités, etc… Il y a vingt ans 40 % des textes de l'UE étaient rédigés en français, moins de 3% aujourd'hui !

Et le français ne serait pas lui aussi en danger ?

C'est pourtant encore une des langues les plus parlées au monde, langue officielle dans 29 pays et elle est enseignée dans 84 pays. La laisser dépérir, c'est sciemment laisser dépérir la France et notre culture, dont nous sommes tous partie prenante.

Par notre indifférence coupable, faudrait-il donc abandonner à des étrangers ou à d'autres pays la défense de notre si belle et si riche langue, pendant que nous la laissons chez nous dériver à vau-l'eau ?

   Horizons et Débats, 25 mai 2021, journal zurichois publié en quatre langues, dans son article "La langue française et la francophonie" (extrait) :

"La Francophonie n'est pas le Commonwealth, qui est un club dont le critère de constitution est économique et financier, mais elle est unique au monde, c’est cela qu’il faut enseigner aux enfants : il s’agit d’une association de pays qui se réunissent autour d’une langue. C’est ainsi que le linguiste (Claude Hagège, ndr) fait appel aux parlementaires venus des quatre coins du monde se réunissant pour revaloriser le rôle du français dans le monde."

Quand le Figaro souligne que la démarche est dans la droite ligne de la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires (à ce jour non ratifiée par la France), il met le doigt sur le cœur du problème de l'Europe : l'UE ne constituera jamais un grand peuple unifié par une langue officielle (c.-à-d. enseignée à tous, lue et comprise par tous) comme les USA, la Chine, la Russie le sont, bien que nombre d'autres langages y soient aussi pratiqués. Les cultures européennes sont bien trop anciennes et trop ancrées pour accepter une langue officielle unique imposée (et laquelle ?) et l'UE restera une mosaïque de peuples, de langues, de mentalités et de cultures différentes, fruit d'histoires bien distinctes, peuples qui ne peuvent être informés de ce qui s'y passe en profondeur sans se fier à la vision rétrécie et polarisante d'un personnel administratif, politique, médiatique transnational hors-sol pour qui pérorer entre soi en anglais "bruxellois" est comme de parler le latin au Moyen-âge : c'est s'élever au-dessus du vulgum pecus plébéien avec ses vingt-quatre langues officielles et ses centaines de dialectes locaux.

   Alors émietter encore plus les peuples pour régner mieux : ne serait-ce pas la finalité ultime et non déclarée de cette Charte Européenne des Langues Régionales ?

   Mais rajouter réglementairement des couches d'incompréhension mutuelle et de divisions identitaires internes à celles déjà externes ne peut que générer d'inutiles et dangereux conflits locaux additionnels, trop bien connus dans certains pays à langues multiples : comment seront perçus et traités les gens de la région qui ne jugeront pas bon ou utile d'apprendre la langue régionale locale ?  Comme des intrus, des étrangers chez eux ?

  

   Laissons vivre leur vie aux langues régionales sans s'en mêler : s'il y a une demande populaire naturelle et spontanée, elles vivront sans puiser dans la poche des contribuables et laissons ceux qui veulent légitimement pratiquer leur langue ou dialecte régional le faire : comme pour le créole, qui se porte très bien parce que naturellement enraciné, rien ne vaut l'adhésion populaire sincère et libre pour légitimer une authentique pratique culturelle.

 Pour exister elles doivent être pratiquées pour le vrai plaisir de la convivialité et de la communication, non imposées par une dispendieuse législation de plus promue par l'UE à des fins de division. 

   Attachons-nous plutôt à financer tout ce qu'il est nécessaire pour rendre au français son lustre et son prestige culturel, pour mieux l'enseigner, ici et ailleurs, et redonnons-nous (et surtout à nos piètres "élites" anglomaniaques !) la fierté, le goût, le plaisir de le parler bien et de bien l'écrire.       RJ                                                                                                      

 

 Tuna Altinel

(Extrait du communiqué – 17 juin 2021) « La Fédération du Rhône de la Libre Pensée a appris avec un vif plaisir (et avec soulagement !) le retour à Lyon de Tuna Altinel, ce vendredi 11 juin 2021. Tuna Altinel est un mathématicien maître de conférences à l’Université Claude Bernard depuis plus de vingt ans. Lors d’un retour à caractère touristique et familial en Turquie, il s’était vu retirer son passeport par les autorités de son pays. Son retour intervient avec plus de deux ans tribulations judiciaires, dont 81 jours d’emprisonnement, diverses requêtes restées sans suite, et le refus de lui restituer son passeport même après son acquittement (…)

Lors de sa dernière déclaration publique, Tuna Altinel tenait à rappeler « que cette victoire ne sonne pas la fin de ce combat. La décision du tribunal administratif qui m'a permis de récupérer mon passeport est en appel. Une décision tardive ou négative de la cour d'appel risque de m'imposer une vie d'exilé en France. Gardons notre vigilance, restons actifs.  Dans le monde où nous vivons, où les valeurs démocratiques sont sans cesse menacées, agressées partout, il y a encore une multitude de combats qui nous attendent.

Solidairement, Tuna Altınel »