éDITORIAL

 

Méfiez-vous des fichiers !

 

La loi du 30 octobre 2017 renforçait déjà la sécurité intérieure au nom de la lutte contre le terrorisme, avec l’introduction de mesures d’exception liées à l’état d’urgence sans l’accord préalable d’un juge. L’exception devenait la règle et le provisoire définitif. Depuis le 2 décembre 2020, trois décrets modifient le Code de la sécurité intérieure. De nouvelles dispositions sont énoncées, relatives au traitement des données à caractère personnel dans le cadre des « enquêtes administratives liées à la prévention des atteintes à la sécurité publique ». Suite à un référé introduit par plusieurs organisations syndicales, le Conseil d’Etat a confirmé que, « dans l’hypothèse où des activités seraient susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique ou à la sûreté de l’État, il sera possible de ficher ces activités, même si elles font apparaître les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, l’appartenance syndicale ou des données de santé de la personne. » Il n’existe pas de droit d’opposition.

Le 2e décret précise : « Les données intéressant la sûreté de l'Etat sont celles qui révèlent des activités susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou de constituer une menace terroriste portant atteinte à ces mêmes intérêts. » Quels sont ces « intérêts fondamentaux de la nation » qui ne relèvent pas des activités terroristes ? La cible serait-elle celle des « islamo-gauchistes » (nouveau délit d’opinion inventé par un membre du gouvernement) ? Celle des syndicats indépendants ? des anti-militaristes ? des zadistes ? La liste, non précisée, peut se décliner à l’infini.

«

Un élément de réflexion : au cimetière militaire de la Doua se trouve la tombe d’Henri-Jean Prébost, l’un des quatre fusillés « pour l’exemple » de Flirey assassinés le 20 avril 1915.

Henri-Jean Prébost, Félix Baudy, Antoine Morange étaient des syndicalistes engagés, conscients, membres de l’ancienne CGT. Pour les envoyer au poteau d’exécution, on a choisi en connaissance de cause. Le seul choisi « au hasard » fut le soldat Fontenaud, au nom des 250 hommes de la 5e compagnie du 157e Régiment que le général Delétoile voulait tous faire passer par les armes. Car tous étaient « coupables » - à égalité - de refuser d’aller au-devant d’une mort probable. On renonça. Mais Prébost et Baudy étaient fichés sur le fameux carnet B créé en 1909 pour, entre autres, recenser « les Français dont les attitudes et les agissements pouvaient être de nature à troubler l’ordre et à entraver le bon fonctionnement des services de mobilisation ».

Le Carnet B  avait été l'instrument principal de surveillance des « suspects », français ou étrangers, sous la Troisième République. Parmi les fichés célèbres que l’histoire a retenus : Léon Jouhaux et Roger Salengro. Créé en 1886 par le général Boulanger contre les activités d’espionnage, le carnet B fut peu à peu étendu à tous les individus pouvant troubler l'ordre public ou s'opposer à la mobilisation nationale.

Le 1er août 1914, il fut décidé par le ministre Malvy qu’il ne serait pas mis en œuvre au déclenchement de la guerre, décision prise semble-t-il pour « amadouer » la CGT au lendemain de l’assassinat de Jaurès. L’affaire de Flirey montre qu’il n’était en aucun cas effacé. Il ne fut supprimé qu’en 1947.

«

L’affaire des registres de baptême dans l’Eglise catholique nous l’a montré : un fichier est plus facile à créer qu’à détruire.

Des syndicalistes de tous bords ont lancé un appel « pour défendre les droits démocratiques d’appartenir à une organisation sans être fichés par la police et par l’Etat, au seul titre de notre appartenance ». Nous les soutenons.  

À l’heure où les caméras, les drones, la reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle voient leur usage étendu sans limites, de nouvelles lois, sur la « sécurité globale » et sur le « séparatisme », sont présentées au Parlement.

La mobilisation continue !                     

 P.G.


 

 

 rapport moral et d'activité

 

Rapport préparatoire soumis au vote des libres-penseurs de la fédération du Rhône – Congrès du 19 mars 2021


Précédent congrès : samedi 18 janvier 2020 ; c’était la dernière assemblée publique avant un confinement, qui n’en finit pas de se prolonger.

Une résolution était alors adoptée en défense de la loi de 1905. Si le texte n’a pas été modifié, l’action de la Libre Pensée y a contribué, par son action pour rassembler les forces laïques. Cela a été notre ligne de conduite (depuis 2018). En 2020, en plein confinement, nous avons lancé un appel unitaire avec la LDH, la FOL et le Cercle E. Herriot pour une manifestation nationale, disant : « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! ». Le 18 septembre, nous avons tenu une réunion publique à Bron avec les mêmes associations, et en présence d’élus de Lyon et de Bron, qui se concluait par cette résolution :

Les participants à la rencontre laïque tenue à Bron le 18 septembre 2020 (…)

 se félicitent de la non-participation de M. Grégory Doucet, maire de Lyon nouvellement élu, à la cérémonie cléricale du « Vœu de Echevins », ce qui va dans le sens d’une application stricte de la laïcité,

 s’inquiètent de la création d’un poste d’adjoint aux « Cultes et Spiritualités » à la mairie de Lyon, ainsi que d’autres postes d’ « adjoints aux cultes » dans des municipalités comme Bron,

 considèrent que d’autres signes (propos tenus par le maire de Lyon aux catholiques le soir du Vœu, pose de la 1ère pierre d’une mosquée dès le lendemain) montrent que le lien avec la politique de soumission au cléricalisme n’est pas rompu à Lyon ni en Métropole,

 constatent qu’au-delà se développe une campagne assortie d’un projet de loi « contre le séparatisme » qui réserve un sort particulier à une religion (le culte musulman, du reste extrêmement divers). Un tel projet de loi serait une mesure de type concordataire.

En conséquence, les participants se prononcent pour le maintien intégral de la loi de 1905, toujours menacée dans sa lettre et dans son esprit (ainsi que de la loi de 1901 sur les associations) et pour se donner les moyens de défendre la loi, au travers d’une manifestation nationale qui s’avèrera nécessaire, dès que les conditions en seront réunies, sur le mot d’ordre :

« Ne touchez pas à la loi de 1905 !

Cette réunion prenait acte du refus de la nouvelle municipalité de participer à la cérémonie symbolique du « Vœu des Echevins », quelques jours auparavant. Nous avions été présents pendant l’été pour rappeler le caractère profondément réactionnaire de cette cérémonie moyenâgeuse d’allégeance des élus à l’archevêché, très caractéristique des années « Collomb - Barbarin ». Pour une fois, notre prise de position était relayée par la presse – qui pouvait difficilement l’ignorer. Elle avait de l’écho sur les réseaux sociaux. Rappelons que le nouveau maire de Lyon, bien embarrassé, se demandait en juillet « quel sens il allait donner à sa participation au Vœu ». Il a dû tenir compte des prises de position laïques. Nous n’étions pas les seuls, bien entendu. Les élus qui ont porté le « coup de grâce » au projet d’allégeance sont des amis que nous avons eu plusieurs fois l’occasion de côtoyer lors de banquets ou de réunions publiques.

Le 24 septembre, une délégation commune initiée par la Libre Pensée était reçue à l’Hôtel de Ville. On nous donnait l’assurance que la municipalité ne participerait en aucun cas à une cérémonie cultuelle, qu’il fallait lui faire confiance et « juger sur les actes ». Dans la capitale des Gaules, un tel engagement représente un tournant dont il faut apprécier l’importance.

Pour autant, nous savons que la laïcité ne se réduit pas à ses symboles. Le financement déguisé des cultes par le biais du « culturel », celui de l’enseignement privé, tout cela doit faire l’objet de notre attention, à Lyon comme dans toutes les communes du Rhône.

Et cela n’épuise pas la question : nous savons que la loi de 1905 peut être contournée par mille moyens. Le choix de l’exécutif a été de déplacer l’offensive législative vers la loi de 1901, par une limitation de la liberté d’association qui était jusqu’à présent quasiment totale en France, ce qui contribue par ailleurs à brouiller la limite entre sphère privée et sphère publique. La Libre Pensée s’est largement sur ces questions et ce constat est de plus en plus largement partagé. Dominique Goussot a donné des éléments précis lors de la visio-conférence du 27 janvier dernier. La loi sur le séparatisme, qui aura changé de nom bien des fois, a été adoptée en 1ère lecture à l’heure où ces lignes sont écrites. Le fait qu’elle ait changé de nom au moins six fois traduit l’embarras du gouvernement, incapable de concilier son « attachement à la laïcité » et le fait que des cultes différents se voient assujettis à des régimes différents. Cela se traduit par un isolement profond (même l’Eglise catholique ne suit pas !).  Et pourtant – miracle du bonapartisme de la Ve République – la loi risque d’être adoptée.

Elle s’inscrit dans un contexte où la loi sur la « Sécurité globale », les décrets du 2 décembre sur le fichage des militants, la réforme de l’Etat affectant la représentativité des organisations syndicales, les contraintes au nom de l’état d’urgence sanitaire, tout cela dessine un modèle de société où les libertés collectives et individuelles reculent de façon spectaculaire. Drônes, caméras, intelligence artificielle complètent le tableau. Pourtant les formes de résistance sont elles aussi très fortes. La fédération du Rhône a été présente à tous les rassemblements et manifestations organisés contre l’adoption de la loi de « sécurité globale », depuis le début. Elle a toujours fait le lien entre les deux lois : « anti-séparatiste » et sécuritaire. Elle sait que les lois d’exception ont la fâcheuse tendance de transformer l’exception en règle, et qu’elles sont plus longues à disparaître que ce qui était annoncé. Ainsi la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme avait déjà porté atteinte aux libertés et droits fondamentaux, en pérennisant des mesures soi-disant exceptionnelles.

Défense des libertés démocratiques : Nous avons été présents pour exiger la libération des prisonniers politiques en Algérie, en particulier de Louisa Hanoune, secrétaire du Parti des Travailleurs, libérée le 11 février. A Lyon, nous avons participé aux différents rassemblements devant le consulat d’Algérie, et à différentes rencontres avec nos amis du FORSEM autour des enjeux démocratiques de la révolution algérienne. Cette situation n’est toujours pas dénouée.

Nous avons manifesté toute notre solidarité au mathématicien turc Tuna Altinel. Cet enseignant chercheur à Lyon I, désormais citoyen d’honneur de la ville de Villeurbanne,  avait été emprisonné lors d’une visite à caractère familial en Turquie, mis en accusation, acquitté mais toujours sans visa pour revenir exercer son métier en France. Ici le combat pour les libertés démocratiques rejoint la dimension pacifiste, puisque Tuna Altinel avait contribué à être un « lanceur d’alerte » pour dénoncer les massacres de populations civiles kurdes par la Turquie. Cela lui a a valu d’être traité de terroriste !

Pacifisme : le 11novembre 2020, notre rassemblement annuel n’a pas pu se tenir publiquement. Dans un communiqué à notre initiative, huit associations tenaient à rappeler que « malgré les circonstances, malgré les restrictions apportées par le gouvernement à la liberté d’expression qui interdisent tous rassemblements même sous forme réduite, tout dépôt de gerbes, toutes conférences de presse, publiques », elles continuaient à exiger la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de 1914-1918 et l’arrêt des OPEX (Opérations militaires extérieures de la France).

Service National Universel : résurgence des chantiers de jeunesse destinée à formater les consciences dans le sens d’une idéologie d’Etat, le SNU est un projet que le confinement a mis provisoirement entre parenthèses, et qui s’est heurté à de grandes difficultés. Nous n’abandonnons pas notre engagement au sein du collectif anti-SNU. Lla question sera tôt ou tard de retour dans l’actualité.

L’association Etienne Dolet – La fresque murale a été exposée un temps au « château Sans-Souci » du 3e arrdt. grâce à la persévérance de l’association Etienne Dolet animée par Marcel Picquier. Elle a dû ensuite être déplacée, le problème de son installation définitive reste en suspens. Il nous faut poursuivre nos démarches auprès de la nouvelle municipalité, car il s’agit d’une cause hautement symbolique et centrale à nos yeux : le respect de la liberté de conscience.

 

 anniversaire de la commune

 
 

La Commune a 150 ans.

La Fédération nationale participera, comme chaque année, au rassemblement du Mur des Fédérés, où s’acheva tragiquement la « semaine sanglante », le 28 mai 1871.

A Lyon, la Commune avait commencé au matin du 4 septembre 1870, lorsque la République fut proclamée (avant Paris) du balcon de l’Hôtel-de-Ville. Elle rejaillit à la fin du mois de mars, en réponse à l’insurrection parisienne. La Commune prit fin les 30 avril et 1er mai, dans le quartier de la Guillotière.

Sur l’actuelle place Gabriel Péri et dans les rues alentour où s’élevaient des barricades, la répression fit 13 morts identifiés par l’historien Maurice Moissonnier; peut-être une trentaine selon certaines sources.

A l’exception d’une fresque avenue Berthelot, rien ne commémore ces événements. La Libre Pensée, espère bien – sous une forme qui n’est pas entièrement déterminée – contribuer à faire vivre cette mémoire.

 

 

pacifisme pacifi

sme

 

COMMUNE DE LYON

Le Comité de salut public,

Considérant que l’enseignement donné par les congrégations religieuses est contraire à l’esprit républicain,

ARRETE,

ART. 1er. - Nulle subvention n’est accordée dès ce jour par la Commune aux institutions religieuses de l’un et l’autre sexe.

ART. 2. – Les locaux appartenant à la Commune et servant actuellement aux écoles religieuses et aux salles d’asile seront désormais affectés à des écoles et à des salles d’asile, dirigées par des personnes laïques.

ART. 3. – Nulle personne ne peut exercer l’enseignement sans être munie d’un diplôme.

Pour le comité :

Les présidents : CHEPIÉ, CHAVEROT, PERRET.

Mesure affichée par le Comité de salut public le 14 septembre 1870

 

 pacifisme

 

Rassemblement pour le désarmement nucléaire à Lyon le 22 janvier... sous la pluie !

Suite aux actions internationales menées par ICAN, le Traité d'Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) a été voté à l'ONU en 2017 par 132 pays. Avec les premières ratifications de 50 États, le traité est entré en vigueur ce 22 janvier 2021. A Lyon le Mouvement pour une Alternative Non-violente et l'Observatoire des Armements ont organisé un rassemblement sur les marches de l'Hôtel de Ville place des Terreaux, pour marquer l'évènement. C’est bien volontiers que la LP a répondu à leur invitation.

 

22 janvier 2021 : les armes nucléaires sont illégales !

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur le 22 janvier 2021 et ouvre une nouvelle ère : celle de l’illégalité complète des armes nucléaires au regard du droit international.

138 pays soutiennent ce traité adopté par l'ONU en 2017, alors que les 9 États nucléaires — dont la France — et leurs alliés s’y opposent fortement, contrairement à leur engagement dans le Traité de non-prolifération (de 1970) qui stipule (article 6) leur obligation à éliminer leurs armes nucléaires « à une date rapprochée ».

ICAN, la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, a obtenu le prix Nobel de la paix en 2017 pour avoir initié ce traité.

POUR AGIR devant ce danger et cette dépense publique qui n’assure en rien notre sécurité.

Savez-vous qu’en 2021, c’est la somme exorbitante de 9 152 € par minute qui sera dépensée par la France pour moderniser et renouveler les composantes nucléaires ?

 

ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ DES    LIBRES PENSEURS DE FRANCE

une association de libres penseurs au service des libres penseurs

Fondée en 1961, son siège est 10, rue des Fossés-Saint-Jacques 75005 Paris, Entraide et Solidarité de Libres Penseurs de France est issue de l’ancienne Mutuelle des Libres Penseurs, qui avait notamment pendant une longue période géré une maison de retraite dans le Maine et Loire destinée principalement aux libres penseurs. Depuis la fermeture de cette maison de retraite, Entraide et Solidarité a comme objectif le soutien aux libres penseurs dans le besoin, ainsi que quelques subventions données à des associations laïques à buts similaires en France ou à l’étranger.

Les adhérents d’Entraide sont par définition tous les libres penseurs qui adhèrent à l’une des Fédérations et organisations fédérées par la Fédération Nationale de la Libre Pensée. Ses ressources sont constituées par une cotisation annuelle, ainsi que par les dons et legs.

Entraide est gérée selon des statuts et un Règlement Intérieur, rassemble ses adhérents en Assemblées Générales annuelles et, est dirigée par un Conseil d’Administration élu par l’AG.

Le règlement de sa Commission sociale, adopté par le Conseil d’administration, précise que sont éligibles aux aides, en urgence ou non : « les retraités libres penseurs et/ou leurs conjoints ; les libres penseurs ou leurs conjoints ; les enfants de libres penseurs, notamment les orphelins, pour poursuivre leurs études. … .»

C’est la cotisation à Entraide qui ouvre le « droit à être secourus, quand ils se trouvent dans le besoin, de manière conjoncturelle ou structurelle. » (Règlement intérieur). L’activité d’assistance d’Entraide se situe donc bien sur le terrain de la solidarité entre Libres Penseurs et non sur celui de la charité.

 

Nos actions au niveau national (Exemples)

SECOURS D’URGENCE, OU AIDES PONCTUELLES, OU SUR LA DURÉE :

pour prothèse dentaire, pour aménagement dans une situation de handicap, des camarades retraités, pour la scolarité, bourses d’études, bourses de voyage, prêts d’honneur … .

 

 

Nous développons ÉGALEMENT deux autres types d’actions :

  • Internationales. Aide à des associations laïques de bienfaisance agissant pour la liberté de pensée en France, dans le monde (Exemple : Scolarisation des enfants libanais et déplacés syriens à Saïda (Liban) - scolarisation des enfants de familles très démunies, au Sénégal.)
  • De soutien aux Libres Penseurs, aux amis de la Libre Pensée et à leurs familles, persécutés ou en danger dans le monde

Vous le savez, les difficultés sociales sont grandissantes, le chômage grandit, la pauvreté se répand dangereusement dans toutes les couches de la population laborieuse.

Libres penseuses, Libres penseurs, ami(e)s de la Libre pensée,

Renforcez nos capacités d’assistance, de solidarité entre Libres penseurs

Devenez membre BIENFAITEURS

Cela donne droit à une information spéciale sur les actions entreprises. Les membres bienfaiteurs sont invités (comme observateurs) aux assemblées générales. Nos comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes extérieur assermenté, membre de la compagnie des Commissaires aux Comptes

 

Devenir membre BIENFAITEURS ! Oui, mais comment ?

 

Le (la) membre bienfaiteur (trice) signe mandat de prélèvement SEPA (ci-après) qui autorise notre banque (le Crédit Agricole-Ile de France) à prélever mensuellement sur votre compte la somme que vous indiquerez (à partir de 10€).

Mandat qu’il retourne à Entraide et Solidarité des Libres Penseurs d France 10,12, rue des Fossés Saint Jacques 75005 PARIS, accompagné d’un RIB.

 

Cette opération peut être interrompue à tout moment et jusqu’à huit semaines après la date de débit (droit de remboursement). La mention « Bienfaiteur Entraide » apparaitra sur votre relevé de compte.

En janvier de l’année N+, le (la) membre bienfaiteur(trice) reçoit une attestation fiscale lui permettant de déduire de vos impôts 66% des sommes prélevées. (Ex. Pour un prélèvement mensuel de 20€, la somme restant à votre charge sur 240€ de prélèvement annuel, ne sera que de 80€).

 

Mandat à remplir et retourner 10, rue des Fossés-Saint-Jacques 75005 Paris,

accompagné d’un RIB pour devenir membre Bienfaiteur

 

Le président, Xavier Hyvert

Correspondant de Entraide et Solidarité pour le Rhône.

 
 

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 virginie barbet

 

Militante anarchiste, internationaliste et libre penseuse

On a très peu de données biographiques sur Virginie Barbet, née vers 1824, peut-être à Saint-Denis-lès-Bourg dans l’Ain. La date de sa mort n’est pas connue. Paradoxalement (ou non), elle est beaucoup mieux connue par son activité de militante et ses prises de position que par les détails de sa vie privée, sur laquelle demeurent de nombreuses zones d’ombre. Et c’est peu dire. 

La première trace des activités de Virginie Barbet remonte à juillet 1868. Elle tient alors un débit de boissons à Lyon, au 123 de la rue Moncey. À cette époque, elle est signataire d’un manifeste de soutien à la Société parisienne pour la Revendication du Droit des femmes rédigé par André Léo (alias Victoire Béra), et en charge de la gestion des finances de la Commission d’initiative au congrès de Bruxelles de l’Association internationale des travailleurs (septembre 1868), chargée de réorganiser les sections lyonnaises de l’Internationale. Elle prend la parole au nom des femmes social-démocrates de Lyon lors du congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté à Berne (octobre 1868). C’est au cours de ce congrès que se cristallise l’opposition entre marxistes et anarchistes proches de Bakounine.

Un point-clé de son « programme » est l’abolition de l’héritage (problème qui constituera une pomme de discorde tactique entre Marx et Bakounine). Contre les proudhonistes, et même une partie des internationalistes qui négligent ces revendications, elle ne cesse de mettre en avant comme une question sociale la condition de la femme : « Pénétrées de cette vérité que l’ordre ne sera établi dans la société que le jour où la femme y sera ce que l’a faite la nature, c’est-à-dire égale à l’homme, nous nous unissons aux dames de Paris dans leur courageuse entreprise pour la revendication des droits religieux, moraux, sociaux et politiques de la femme. »

         
   

En juin 1869, elle participe activement à la création du groupe lyonnais de l’Alliance internationale de la démocratie socialiste, organisation bakouninienne. 

Elle écrit : « Égalitaires convaincus, nous voulons arriver à l’égalité non par la liberté politique, liberté ridicule qui laisserait subsister cet esclavage civilisé qu’on appelle le prolétariat, mais par l’abolition du droit d’hérédité, moyen sûr et décisif dans ce temps où l’on a si grand besoin des moyens sûrs, décisifs. » Cela ne l’empêche pas de préconiser une action non-violente. Elle appelle également au refus de la conscription.

 Elle ne semble pas avoir participé aux événements de la Commune de Lyon. Mais on sait qu’elle signe un appel aux femmes du Creusot en soutien à la grève des métallurgistes de mars 1870 contre une baisse salariale. Il est probable qu’elle ait ensuite participé à la Commune du Creusot en mars 1871 –tentative de prise de pouvoir rapidement réprimée. Une dénommée « femme Barbet » est condamnée par contumace.

Si c’est bien elle, cela explique qu’on la retrouve en Suisse où elle a cherché refuge, et qui constitue un bastion anarchiste.

 
   
 
 
 
 

Plaque de rue temporaire à Genève posée en 2019 par l'association Escouade en hommage aux femmes célèbres genevoises, dans le cadre de l'initiative 100Elles.

 
 

 

En 1871, elle publie la remarquable Réponse d'un membre de l’internationale à Mazzini, où elle expose sa doctrine politique en s’opposant aux conceptions mazziniennes. Elle soutient, entre autres, que l’égalité ne saurait être réalisée sans l’abolition de l’héritage ainsi que de la propriété illégitime (c’est-à-dire la propriété ne résultant pas du travail individuel) et que le sol, tout comme les matières premières, doivent relever de la propriété collective. On la retrouve à Genève en 1873, membre de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste. Elle tient un kiosque place Chevelu où elle vend notamment le Bulletin de la Fédération jurassienne, journal anarchiste.

Elle écrit le texte Religions et libre-pensée. La même année 1881, elle participe à un débat lors de la commémoration de la Commune de Paris à Genève le 18 mars.

La date de sa mort est inconnue. Elle se situerait après 1901 si c’est bien elle qui a publié à cette date : Rayon d'avenir, l’abolition du paupérisme et La veuve rouge et ses amants (deux textes signés « V. Barbet »). Encore une incertitude ! Et à partir de 1901, plus aucune trace de Barbet n’a été retrouvée.

Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini - Lyon 1871

Son texte le plus connu, et sans doute le plus important, est la Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini, brochure parue peu après la fin de la Commune de Paris.

Comme tous ses textes, il est remarquablement écrit. Virginie Barbet y soutient que l’égalité ne saurait être réalisée sans l’abolition de l’héritage. De même, la propriété ne résultant pas du travail individuel et le sol, tout comme les matières premières, doivent relever de la propriété collective.

Le texte est une défense de l’œuvre de la Commune, de l’Internationale et de Karl Marx (bien que Virginie Barbet ne fût pas marxiste, mais une des adversaires bakouniniennes de Marx).

Mazzini était un nom prestigieux, celui d’un fratello d’Italia, révolutionnaire et « père » de la nation italienne comme Garibaldi. L’obscure tenancière s’attaquait donc à forte partie. En libre-penseuse, elle réfute d’emblée tout argument d’autorité :

« (…) Dans notre vieille société idolâtre, il y a, de la part d’une citoyenne obscure, quelque témérité à faire de l’opposition à une personnalité du mérite de Mazzini ; mais dans le monde de l’Internationale, où le culte des idoles est absolument aboli, le mérite, la renommée, le savoir même s’effacent devant la force des démonstrations.

Avant de répondre au manifeste de Mazzini, ce que je me propose de faire point pour point, il a été répandu sur l’Internationale tant de calomnies, la partie adverse a déployé tant de zèle à dénaturer ses principes, qu’il ne sera pas puéril de rappeler au public les causes qui ont donné naissance à cette association et le véritable but qu’elle poursuit.

(…) Maintenant, citoyen Mazzini, à nous deux.

Que Mazzini ait refusé, comme il le déclare, sa coopération à l’Internationale, il n’y a rien d’étonnant. Mazzini n’appartenant pas à la classe des exploités du capital, n’a pas ressenti la nécessité de la transformation du système social et économique, voilà tout. Ce qui a surpris bien des gens, notamment les adversaires de la cause des travailleurs, qui se sont fait un appui de ce manifeste pour déconsidérer de plus belle la grande association, c’est que le grand conspirateur ait émis des données évidemment erronées sur les théories de l’Internationale en s’adressant aux ouvriers italiens (…) »

Bibliographie

Principales sources aisément accessibles :

  • Schrupp, Antje, Virginie Barbet, une Lyonnaise dans l’Internationale, Lyon, Atelier de création libertaire, 2009, avec une présentation de Claire Auzias
  • Notice « Virginie Barbet » sur Wikipédia
  • Une notice du Maitron rédigée par Marianne Enckell, « Virginie Barbet », dans le Dictionnaire des anarchistes (consultable sur le Maitron en ligne)

Œuvres :

Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini, Lyon, Association typographique, 1871.

  • Religions et libre-pensée, Genève, Imprimerie jurassienne, 1881.
  • Déisme et athéisme, profession de foi d’une libre penseuse, Lyon, Association typographique, 1869.
  • Lettres et textes divers reproduits dans l’ouvrage d’Antje Schrupp et Claire Auzias: De l’HéréditéManifeste des Femmes lyonnaises adhérentes à l’InternationalePourquoi je suis collectivisteDéisme et athéisme, profession de foi d’une Libre-penseuse (Lyon 1969)

Et deux textes parus sous le nom de V. Barbet : Rayon d’avenir, l’abolition du paupérisme, La veuve rouge et ses amants Meulan, Auguste Réty, 1901. Mais l’attribution reste incertaine.

 


 

 tuna altinel

   Pour rappel, Tuna Altinel est ce maître de conférences de l’université Claude-Bernard-Lyon-I, de nationalité turque, dont le passeport a été confisqué sans raison par Ankara et qui, bloqué en Turquie depuis 2019, se retrouve privé de circuler et de travailler. Tout cela pour avoir été traducteur dans une réunion publique à Villeurbanne en présence d’un député kurde qui faisait connaître la réalité des massacres commis à l’encontre de populations civiles kurdes, comme à Cizre en 2016.

   Lundi 22 février, le conseil municipal de Villeurbanne l’a fait citoyen d’honneur, en signe de soutien mais aussi pour interpeller le gouvernement français. Différents intervenants à la conférence de presse tenue le même jour ont rappelé que c’était la liberté de conscience qui était bafouée (Gilbert-Luc Devinaz, Cédric Villani).

Sur ce constat, nous ne pouvons qu’approuver. Tina Altunel considère pour sa part que les libertés démocratiques sont généralement en recul dans le monde, y compris en France.

   Le sort du mathématicien, empêché de quitter la Turquie et de retrouver ses élèves alors qu’il a été « officiellement » acquitté, est apparemment incompréhensible. On comprend mieux quand on sait que le mouvement de la jeunesse universitaire turque est qualifié par un membre du gouvernement de « serpents venimeux auxquels il convient d’écraser la tête ». Sans doute veut-on aussi dissimuler la réalité des crimes commis contre les civils kurdes ? À Lyon I, la communauté universitaire suit l’affaire de près. « Tous les citoyens de Villeurbanne sont aux côtés de Tuna Altinel », affirme le maire de Villeurbanne M. Van Styvendael, tout en reconnaissant que cette citoyenneté d’honneur risque de ne pas changer grand-chose.

Sait-on jamais ? On aimerait quand même que la municipalité de Lyon (par exemple) prenne position.

 
 

Présent à Villeurbanne, Cédric Villani a déploré « le purgatoire absurde » que l’on impose à son ancien collègue de l’université de Lyon-I. « Quelle ironie tragique ! Un mathématicien comme Tuna, occupé à travailler sur la logique, se retrouve face à l’absurde le plus complet. »

Cédric Villani a rappelé que Tuna Altinel était un chercheur internationalement reconnu.

 

 

Message de Tuna Altinel - İstanbul, le 12 septembre 2020

« Ami-e-s solidaires, Il y a quatre mois, le 10 mai, j'ai publié un texte sur mon procès en appel, alors au point mort. Aujourd'hui, c'est avec un sentiment de soulagement réservé que j'écris ces lignes. À l’époque la mobilisation internationale de diverses institutions, dont mon université et d'organisations savantes venait de commencer, donnant lieu à l'envoi de lettres à la cour d'appel ; elle a porté ses fruits. Le pourvoi en cassation initié par le procureur a été rejeté par ladite cour, et mon acquittement est définitif depuis le 3 septembre 2020. Dans un procès à des fins politiques, les moyens du droit sont souvent insuffisants. La Turquie, comme tout pays où la justice n'est plus qu'un mot creux, regorge de tels procès. Contre ce fléau, il n'y a qu'un seul remède efficace : la solidarité des individus, des institutions sensibles à la démocratie. La conclusion du procès qui m’a été intenté en est une preuve. Je vous remercie. Mais l’acquittement au procès pénal ne met pas fin à cette séquestration dans mon propre pays qui a débuté le 12 avril 2019 par la confiscation de mon passeport à mon arrivée en Turquie. Ce passeport attend de m'être restitué. Suite au refus en septembre 2019 par la préfecture de Balıkesir de me le rendre, avec mon avocate Meriç Eyüboğlu nous avions entamé une procédure administrative. Celle-ci s'est terminée fin juillet 2020 par un rejet de notre demande malgré mon acquittement confirmé par la cour d'appel non encore définitif à l'époque. Aujourd'hui, l'acquittement étant devenu définitif, mon avocate conteste ce rejet. Elle a aussi renouvelé la demande de restitution auprès de la préfecture de Balıkesir. Nous maintenons notre vigilance. La préservation de la démocratie, le respect des droits humains imposent une vigilance continue. J'écris ces lignes au moment du 40e anniversaire du coup d'état militaire qui a bouleversé la Turquie. En quarante ans, nous n'avons pas su affronter comme il fallait les dégâts de cette tragédie, défendre avec vigilance les acquis démocratiques, et nous voilà de nouveau au fond d'un gouffre noir. Sur le plan personnel, au lieu de me contenter de mon acquittement et de la restitution de mon passeport, je demanderai des dédommagements pour mon emprisonnement injuste et la violation de mes droits.

Je continuerai à dénoncer le consulat de Turquie de Lyon, qui, au lieu de servir ses citoyens, les espionne, les calomnie et s'acharne sur des associations légales en les qualifiant de ramifications d'organisations terroristes. Ami-e-s solidaires, restons uni-e-s pour la défense de la démocratie, valeur fondamentale de l'humanité. »

Tuna Altınel

Espace Culturel Mésopotamie, Amitiés Kurdes de Lyon Auvergne Rhône Alpes, Association France Kurdistan du Rhône, Comité universitaire de soutien à Tuna Altinel, Comités génération-s de la métropole de Lyon, Ensemble ! Rhône, Étudiants communistes du Rhône, Europe Écologie Les Verts du Rhône, Jeunes communistes du Rhône, Ligue des droits de l’homme Rhône, Libre Pensée du Rhône, Mouvement pour la Paix, NPA Rhône, Parti Communiste Français du Rhône, Parti socialiste du Rhône et de la Métropole de Lyon, UD CGT69, Confédération nationale du travail Rhône, FSU 69, Union des fédéralistes Européens ARA, Union Syndicale Solidaire du Rhône.

 Libres propos, libres pensées

L'UE est-elle européenne ?

 

Les années passant, les archives et les yeux s'ouvrant, il est de plus en plus patent que notre UE néo-libérale, contrairement à la mirifique légende infusée pendant des décennies au public européen n'a jamais été un projet initié par la docte réflexion "pour la paix" de "pères fondateurs" bienveillants, Monnet, Schuman, Adenauer, Spaak, de Gasperi, Hallstein, etc. la plupart étant des adeptes de l'ordo-libéralisme allemand (État minimal, marché first,  "concurrence libre et non faussée", productivisme, subsidiarité,  austérité sociale, etc.) et des chrétiens-démocrates inspirés par la "doctrine sociale de l'Église", (d'où le drapeau bleu de Marie à douze étoiles inspiré de la médaille de la vierge du Bac), mais qu'ils en ont été plutôt les façonniers zélés, missionnés, empressés, et financièrement soutenus.

  Car ce projet est d'abord né dans les hautes sphères de l'économie et du renseignement US dès la fin de la dernière guerre mondiale quand l'économie US était intacte et hautement productive, à la différence de ses pendants européens (vainqueurs comme vaincus), détruits, ruinés, endettés et à reconstruire.

Les USA, les grands gagnants ultimes, au territoire épargné car éloigné du champ de bataille européen (à la différence de l'URSS qui a payé le prix le plus exorbitant) avaient besoin de débouchés facilement accessibles et sans trop d'entraves législatives et douanières pour la reconversion accélérée de leur puissante économie de guerre (toutefois perpétuée par l'énorme complexe militaro-industriel actuel), en une économie de consommation de masse et l'écoulement à l'exportation de tous leurs produits civils et militaires (les Etats-Unis représentaient alors 50% de la production industrielle mondiale).

Il fallut aussi lutter par une "guerre froide" contre l'influence communiste très forte après la guerre et son ambition dénoncée de "conquérir le monde" :  l'URSS était considérée alors très majoritairement par l'opinion européenne comme le vrai vainqueur de la barbarie nazie avant qu'Hollywood n'exporte au monde entier sa version liftée à l'avantage US.

   L'idée était donc l'établissement d'une vaste zone de libre-échange largement dérégulée, délivrée des règles des États-nations alors souverains et leurs lois sociales mises en place partout après 1945 (pour répondre aux besoins de peuples épuisés par la guerre), avec à terme leur dissolution prévue dans un ensemble qui fut joliment présenté comme une "troisième voie" entre l'Est et l'Ouest, alors qu'il s'agissait en fait d'en faire un grand marché ouvert sous protectorat US, pour y déverser les biens de consommation, le cinéma, l'influence économique, culturelle, les produits high tech et la propagande pour l'American Way of Life (ce qui est très largement réalisé maintenant).

   Et aussi d'en faire un laboratoire d'essai pour une mondialisation sans frontières, avec déstructuration d'États dits "souverains", mais contrôlés par les USA, leurs vassaux et d'énormes multinationales.  

Donc les structures, les financements et le lobbying nécessaires à l'implémentation rampante et discrète du projet furent mis en place par les bons "pères fondateurs", amplement soutenus par d'opaques fonds et foundations "privés" américains qui étaient ainsi censés aider à l'émergence d'un bloc politique (la "3ème voie"), concurrent des USA ! (Rires).

 

Chez les "Pères fondateurs" français, citons :

   Jean MONNET qui fut un influent conseiller de F.D. Roosevelt qui tenta (vainement, de Gaulle et la Résistance y ayant fait lourdement obstacle) de placer la France libérée sous le statut humiliant d'État occupé administré par le Gouvernement Militaire Allié des Territoires Occupés (AMGOT).   Affairiste international anglo-saxonisé, banquier à Wall Street, il fut parallèlement un fonctionnaire supranational et surtout un ardent "promoteur de l'atlantisme et du libre-échange" (Wikipédia). 

   Issu de la bourgeoisie catholique (sa sœur Marie-Louise fonda l'Action Catholique des Indépendants et fut la première femme nommée auditrice à un Concile, Vatican II), il se maria religieusement (en grand retard) en 1974 en la cathédrale de Lourdes.

   Car il s'était déjà marié civilement en 1934 dans la Moscou de Staline, grâce au bienveillant mais surprenant appui de Molotov avec la jeune épouse subornée d'un employé italien (pas de divorce en Italie !), qui fut in espresso naturalisée soviétique, unilatéralement divorcée (sans l'accord de son mari), et illico remariée de façon rocambolesque.   

  

   De "santé fragile" (il vécut 90 ans !) il fut réformé en 1914 et consacra pourtant sa vacillante santé à sillonner le monde, mêlant big business et politique et semble-t-il, en bon comprador, beaucoup plus soucieux de promouvoir les intérêts de ses amis et mandants britanniques et américains à Londres et Washington que ceux de son propre pays.

  Étant l'un des "Pères fondateurs" (jamais élu !) de l'UE, il fut cependant récompensé post-mortem par le transfert de ses cendres en 1988 au Panthéon !

À l'égal de Jean Moulin ! (et de Victor Hugo).

  

   Robert SCHUMAN, chrétien-démocrate, né en Lorraine faisant alors partie de l'empire allemand bismarckien proclamé à Versailles pendant le siège de Paris, peu avant la défaite française en 1871.

   Ni sa famille ni lui n'avaient semble-t-il jamais éprouvé la moindre nostalgie de la mère-patrie perdue (à la différence de très nombreux lorrains).    Parfaitement germanisé, il était loyal et à l'aise dans le IIème Reich prusso-wilhelmien, sa société rigide, sa langue maternelle et sa culture allemandes.

Mobilisé en 1914 sous l'uniforme allemand, il passa la guerre contre l'ennemi français dans un bureau de la Kreisverwaltung (administration territoriale) à Bolchen (Boulay) près de Metz, loin des tranchées.

   Devenu soudain français (à 32 ans) en 1918 par les aléas de la défaite de l'Allemagne et du traité de Versailles, il est élu député de la Moselle en 1919, et milita activement pour le maintien du Concordat en Alsace-Moselle et l'établissement du "statut du droit local d'Alsace Moselle", toujours existants.

   En 1925, "il affirme son rejet de l'école laïque républicaine dans la revue Notre Droit : "L'école laïque est la grande machine à déchristianiser la France. Nous la repoussons." (Wikipédia). Clair ?

  "Munichois" par inclination, il fait logiquement en 1940 partie du premier gouvernement Pétain et vote les pleins pouvoirs au maréchal. Par la suite il passa une bonne partie de la guerre en longues et pieuses retraites dans diverses congrégations religieuses (ce fut sa façon à lui de résister) en attendant de voir où tomberaient les dés (et aussi des jours meilleurs).  

  

Qui viendront, par la grâce de Dieu ! Mais surtout par la grâce d'influentes relations, il est par miracle amnistié de "l'indignité nationale" qui le frappait comme tous les anciens ministres de Pétain, ce qui entrainait automatiquement son inéligibilité.

Il peut donc reprendre une carrière politique au plus haut niveau sous la IVème République (député, président du Conseil, deux fois ministre de premier plan !) et se consacrera ensuite entièrement à sa plus grande et noble cause, la création de la future Union Européenne, dont il fut le premier Président.

   C'est peut-être ce parcours quelque peu cahoteux qui l'a empêché de rejoindre lui aussi le Panthéon ?  

   Son ultime lot de consolation sera peut-être sa béatification dont le procès est activement en cours au Vatican depuis des années. Il le mérite bien. Mais, hic, pour cela il faut un miracle au dossier.

  

   Et si la création ex nihilo de cet immense carcan babélien, bureaucratique, législatif, monétaire,

a-démocratique, dédié au dumping social et fiscal qu'est l'UE était le miracle tant recherché ?    RJ