Lapsus culte (article Le Progrès 22/9/2019)

La préfecture s’est pris les pieds dans le tapis de la laïcité. Le préfet a, en effet, annoncé dans son agenda public, se rendre, jeudi 19 septembre, à « l’inauguration de l’Institut français du culte musulman (IFCM) » dans le 8e arrdt de Lyon. Si le sigle est exact, le « C » ne correspond cependant pas à « culte » … mais à « civilisation ». Et c’est bien parce qu’il s’agit d’un établissement culturel et non cultuel que l’État a pu y mettre des fonds. Il est vrai, à sa décharge, que l’institut de civilisation musulmane était situé depuis des lustres, à l’intérieur de la Grande Mosquée avant qu’un nouveau bâtiment connexe soit édifié.

Châtiment divin à Notre-Dame

Le rabbin radical Shlomo Aviner a suggéré que l'incendie de la cathédrale pouvait être la réponse divine aux textes juifs qui avaient été brûlés sur la place de Grève en 1242.

Ce sioniste israélien connu pour ses positions extrémistes a suggéré mercredi 24 juillet que l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris pourrait être le châtiment divin venu punir l’autodafé du Talmud, au cours duquel des charrettes entières de textes juifs avaient été brûlés par les prêtres catholiques français, il y a huit siècles : propos en hébreu sur le site sioniste-religieux Srugim. Après avoir rejeté l’idée que l’incendie de Notre-Dame était une sanction divine – « Nous ne connaissons pas les secrets de Dieu » – Shlomo Aviner, d’origine française, a finalement déclaré qu’il était « possible de le dire ». Mais oui, tout est possible !

Du hors-contrat social

Retour sur une affaire édifiante : une enquête a été lancée, nous apprend le Canard enchaîné, sur un organisme (la FDE, Fondation pour l’École) qui s’est donné pour mission d’aider les écoles catholiques hors contrat, soit 1500 établissements représentant 75 000 élèves. La FDE risque de perdre son agrément d’utilité publique, obtenu le 18 mars 2008.  Grâce à ce label, la Fondation pour l'école peut offrir à ses donateurs des réductions d'impôts, allant jusqu'à 75% pour ceux qui sont soumis à l'ISF, et elle distribue cet argent à des écoles privées hors contrat. En effet, l’État aide aussi les écoles hors contrat. Comme l’indique la page d’accueil de la FDE, qui bénéficie des dons de donateurs généreux : « La Fondation a été reconnue d’utilité publique par le Premier ministre : son action est au service de tous les enfants ; elle développe des solutions pilotes dans le cadre d’écoles totalement indépendantes dont pourront librement s’inspirer les réformateurs des écoles publiques ou associées à l’État.» La Fondation pour l’école affirme travailler « au renouveau de l’école en France afin qu’un maximum d’enfants accède à une instruction de qualité ». Si l’on en juge par les résultats, la cause n’est pas gagnée : irrégularités de gestion et conflits d’intérêts sont apparus lors d’un 1er audit de l’Intérieur. Vitupérant le « Malin [qui] s’est invité dans la Fondation », le président licenciait alors la responsable chargée des relations institutionnelles, puis la directrice, pourtant excellente militante de la Manif pour tous. Arrêtons-nous là : les accusations croisées échappent à un récit ordonné. Dieu reconnaîtra les siens.

Soutanes jaunes

Est-ce début d’un mouvement des soutanes jaunes ? Lors d’un office au Planquay (Eure), dimanche 2 juin 2019, l’ancien curé Francis Michel a chanté « Emmanuel Macron, ô tête de con, on vient te chercher chez toi ».

Le préfet Couderc a saisi le parquet pour outrage, mais aussi pour violation de la loi de 1905.

Selon lui « la manifestation qui se passait dans l’église n’était pas une messe. »

Le préfet de l’Eure indique : « Compte tenu de la nature des faits, j’ai immédiatement saisi la Procureure de la République au titre de l’article 40, qui appréciera des poursuites à engager. Ces faits pourraient relever de la combinaison des articles 26, 34 et suivants de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des églises et de l’État ainsi que des dispositions de l’article 433-5 du Code pénal pour outrage à la personne du Président de la République. »

Francis Michel « regrette d’avoir chanté dans une église. » Sur actu.fr, il reconnaît : « Le lieu n’était pas approprié, on est loin des cantiques du dimanche. Assez vite, nous sommes tous allés dehors pour chanter. Nous ne sommes pas restés trois heures dans l’église, ce n’était pas une manifestation ».

Le curé confirme avoir chanté avec les autres Gilets jaunes. « Ces chants, je les connais car je vais sur les ronds-points et je ne m’en cache pas. Je regrette d’avoir chanté ces slogans dans une église, ce n’était pas l’endroit idéal, mais je ne renie pas mon soutien aux Gilets jaunes. »

 

Circonstances atténuantes ?

Xavier Dupont de Ligonnès a été arrêté vendredi 11 octobre dernier. Bon, ce n’était pas le vrai.

Mais ça a fait parler. Et c’est l’occasion pour nous de rappeler, s’il y a un jour procès, qu’il devrait bénéficier de circonstances atténuantes : fils d’un mère ultra-catholique fondatrice d’un groupe à caractère sectaire, il fut contraint à « se lever à 7 heures pour aller à la messe avant d’aller à l’école, faire des retraites dans des abbayes, connaître par cœur sa messe aussi bien en latin qu’en français. »

En 2010, il déclare sur un forum catholique : « Je viens de réaliser une chose étrange en lisant vos commentaires sur la FOI : j’ai été catholique convaincu pendant 35 ans… sans jamais avoir eu la foi !! », ajoutant : « Je ne peux donc pas dire que j’ai perdu la foi… puisque je ne l’ai jamais eue : j’ai juste perdu mes certitudes… » Voilà comment on fabrique des schizophrènes ! Méfiez-vous des « catholiques convaincus. »

Ligonnès ajoutait : « En quoi Dieu a-t-il besoin, ou envie, ou autre sentiment, qu’on lui offre la mort d’une bête, d’un enfant, de son Fils ? » On sait ce qu’il advint dans son cas. L’exemple venait de haut.

Une histoire de batraciens

Le petit village ardéchois de Saint-Pierre-de-Colombier (450 âmes) a vu au mois d’août une manifestation de 300 personnes pour s’opposer à la construction d’une immense église destinée à accueillir les pèlerins, au compte de la Famille missionnaire de Notre-Dame, congrégation proche de la mouvance traditionaliste.

D’une part nombre de villageois ne supportent plus d’être envahis par moines et moniales dans un climat d’ordre moral étouffant (« on les voit partout, tous les jours, ils montent en procession jusqu’à la Vierge » se plaint un militant de l’association Pour l’Avenir de Saint-Pierre).

Mais il a plus, et qui embarrasse fort le préfet : l’église se trouverait en pleine zone protégée, au cœur du Parc Naturel Régional des Monts d'Ardèche. La congrégation avait omis de signaler ce détail en sollicitant le permis de construire. Or c’est là que vit le crapaud épineux, qui s’accouple mal avec la grenouille de bénitier. Solidarité.