ÉCHOS DES BéNITIERS

 

Querelles orthodoxes

Jean-Michel Dhimoila, ancien moine de 48 ans, a été condamné par la 6e chambre du tribunal correctionnel de Lyon, pour « dénonciation calomnieuse ».

L’ancien moine a écopé d’une amende de 1 000 € et d’1 € symbolique de dédommagement, pour ses propos tenus contre Nikolaos Kakavelakis, représentant de l’église grecque orthodoxe à Lyon depuis 2012.

L’ancien moine dénonçait des supposées dérives, à longueur de blog et de courrier, en particulier auprès de l’ambassade de Grèce à Paris, l’employeur du prêtre. « C’était devenu une obsession, un acharnement », a plaidé l’avocat de la partie adverse, le 20 novembre dernier. La thèse du lanceur d’alerte, avancée par la défense, n’a pas été retenue par le tribunal. M. Dhimoila ne s’y était pas présenté, mais il a annoncé qu’il ferait appel.

 

Gangs of Chicago

À Chicago et dans tout l’Illinois, l'ampleur du scandale des prêtres pédophiles n’en finit pas de finir (comme de la Californie à la Nouvelle-Angleterre). Vendredi 14 décembre, la justice américaine a publié les noms de 700 membres du clergé de l’Illinois accusés d'agression sur mineur. Parmi eux, 185 sont prêtres visés par des « accusations sérieuses ».

La procureure de l'Illinois avait lancé une enquête en août. Ses services ont épluché les archives des six diocèses. Leurs conclusions sont accablantes, même dans ce qui n’est encore qu’un rapport d’étape.

En effet « la plupart des cas n'ont pas fait l'objet d'enquêtes appropriées, ou n'en ont pas du tout fait l'objet » indique la procureure en regrettant que la justice n'ait pas été saisie.

Elle note également le manque de respect et de transparence des autorités ecclésiastiques.

 

Plus blanc que blanc

Le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, a montré toute son intrépidité en publiant immédiatement un communiqué de contrition. Puis, soulignant que la grande majorité des agressions avaient eu lieu plusieurs décennies avant, il s’est vanté d'être, avec ses prédécesseurs « à la pointe de la réponse au scandale des abus sexuels dans l'Église depuis près de trois décennies ».

 

Nouveau monde

L’enquête de l’Illinois avait été lancée après un rapport sur l'Église de Pennsylvanie qui avait suscité une onde de choc. Les révélations du Boston Globe de 2002, popularisées dans le film Spotlight, avaient libéré la parole des victimes à Boston …et ailleurs.

Depuis, de nombreux prêtres ont été exclus du clergé et poursuivis en justice. L'Église a versé des sommes importantes pour dédommager les victimes. On a même craint le défaut de paiement.

Rebelote cet été, les services du procureur de Pennsylvanie ont détaillé les abus perpétrés par plus de 300 prêtres sur un millier d'enfants au cours de plusieurs décennies.

L'archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl, accusé d'avoir contribué à étouffer le scandale, a dû démissionner. Des listes noires ont été publiées et une dizaine d'États ont initié des investigations.

 

Grâce à Dieu

Inspiré de l’histoire des victimes lyonnaises de pédophilie dans l’Église, le film « Grâce à Dieu », tourné dans la plus grande discrétion, est une fiction inspirée des affaires de pédophilie dans le diocèse de Lyon.

Sa sortie est prévue le 20 février.

 « Le film est un portrait de ces hommes abusés, comment ils ont vécu avec leur traumatisme, comment ils ont libéré leur parole et quelles ont été les conséquences familiales et sociales. Ce film est vraiment raconté du point de vue des victimes », confiait François Ozon au journal Le Progrès le 5 octobre.

Le fait générateur du film est l’affaire Preynat. Le prêtre avait été mis en examen en janvier 2016 pour des agressions sexuelles sur des scouts lyonnais entre 1986 et 1991.

Le procès de ceux qui l’ont couvert aura lieu du 7 au 9 janvier 2019 (à moins d’une manœuvre de dernière minute du Saint-Esprit, qui ne manque pas d’expédients). Comparaîtront le cardinal Barbarin et six autres prévenus pour non-dénonciation de ces agressions. Puis viendra le procès de Preynat lui-même.

 
 

L’innocence flétrie

« Ma démarche est juste d’empêcher la sortie avant le procès » indique l’avocat du père Preynat. « C’est un problème de respect de principes essentiels. On ne peut pas empêcher l’information ni la création. Il n’existe pas de possibilité d’interdire un documentaire, sauf en cas d’atteinte disproportionnée.

Et c’est au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel de trancher (…) Sortir une fiction pour relater des faits correspondant à un procès qui va se tenir à court terme, et qui a été hypermédiatisé au travers de la communication des victimes, c’est quelque chose qui peut porter atteinte à la présomption d’innocence ».

 

 

 

Dans le secret des Borgia

On n’en est pas loin, puisque tout s’est passé à la Chapelle sixtine.

Le Vatican a lancé une enquête pour soupçons de blanchiment, fraude aggravée et détournement de fonds sur le produit des concerts visant le directeur administratif et financier du Chœur de la Chapelle sixtine.

Le directeur musical, Massimo Palombella, est lui aussi directement mis en cause. Des accusations de mauvais traitements ont été portées par des parents de petits chanteurs à l’encontre du « maestro ». Ratzinger frère l’avait déjà prouvé avec son chœur de Ratisbonne : la musique n’adoucit pas les mœurs ecclésiastiques.

 

Déménagement de la Madone Paul Bert- Baraban

Depuis que l’immeuble de l’ancienne Charade, rues Paul-Bert et Baraban, a dû être démoli puis rebâti, des habitants du quartier se sont interrogés sur le sort réservé à la madone installée à l’angle des deux rues.

Au cours d’une réunion sur le devenir des bâtiments, Thierry Philip, maire du 3e, a depuis longtemps précisé qu’elle serait sauvegardée et proposée à la paroisse voisine.

L’ancienne Vierge a donc rejoint l’église du Sacré-Cœur. L’Église y perdrait-elle ?

Non, car la madone sera remplacée par une nouvelle œuvre plus ambitieuse de l’artiste Christine Cornillon : une « Vierge de Miséricorde » protégeant des enfants.

Ce n’est pas un luxe, avec tout ce qui se passe de nos jours.