Le 1er vendémiaire est l’anniversaire de la proclamation de la Première République en 1792, an I de la Liberté. Au lendemain de Valmy et de l’écrasement de la coalition des princes et des roitelets par les masses populaires, l’émancipation collective s’incarnait dans une nouvelle forme de gouvernement, abolissant l’ordre de droit divin, la monarchie absolue et les dernières scories de la féodalité. Cette République n’a pas été proclamée par une commission ad hoc, ni par un gouvernement provisoire. Elle n’est pas l’émanation d’un pouvoir putschiste installé sous la pression d’officiers conspirateurs. Elle est l’acte initial du mandat d’une assemblée constituante souveraine élue entre le 2 et le 19 septembre 1792 : la Convention nationale. C’est la Convention qui, dans les mois qui ont suivi, a mené la République à travers l’orage, les guerres, les conspirations ourdies dans l’agonie du monde des princes.
Cet anniversaire résonne avec notre présent. Il l’a même sans doute rarement autant fait. Nous ne commémorons pas le 1er vendémiaire – parce que nous ne commémorons jamais rien : nous prenons appui sur l’Histoire pour prolonger le combat séculaire pour la liberté et l’égalité. Mais cette année, c’est l’actualité qui vient elle-même à l’Histoire. L’arrivée de Macron en 2017, après l’effondrement du système partisan de la 5e, fut le lancement de la crise terminale. Les législatives de 2022 furent un palier supplémentaire. La déculottée du pouvoir après la dissolution laisse Macron devant un champ de ruines, sans autre solution que de voler le résultat au peuple, de jeter le masque centriste dont la réaction démo-chrétienne aime tant s’affubler, et de s’allier à Mme Le Pen au terme d’un barnum médiatique grotesque et interminable. Nous assistons aux spasmes consternants d’un monde où les princes, les hobereaux et les factions possédantes accaparent l’État, en s’embarrassant de moins en moins des faux-semblants d’une représentation de façade, réduite à la cooptation de fondés de pouvoirs des corps intermédiaires. Dans cette déliquescence de l’État, tout se concentre de plus en plus sur la pure présence d’un monarque concentrant tous les pouvoirs. Mais au fur et à mesure que les masques tombent et que cette omnipotence se montre, elle s’émousse. Le prince apparaît aujourd’hui comme le problème, et l’hypothèse de sa destitution fait son chemin. Les ministres se succèdent, trébuche, le parlement s’enlise dans les pactes les plus sordides. C’est que les faux-semblants de représentativité entourant le monarque servaient aussi à le protéger. Le pouvoir de l’Un, quand il apparaît comme il est, suscite l’apparition d’un mouvement inverse, celui du peuple républicain. Ce mouvement, c’est la Constituante. Aujourd’hui, le diagnostic d’obsolescence des institutions monarchistes et factieuses de la 5e République est patent. Il nous appartient, comme Libre Pensée, de d’articuler l’exigence d’une république de la justice, du travail et des libertés. Notre tâche est de marteler aux militantes et aux militants du mouvement ouvrier et démocratique que la Sociale n’adviendra pas soudainement et par surprise, mais au terme d’un travail de transition. Il n’y a qu’un chemin pour arriver à la Sociale et balayer la 5e République : le combat politique pour la Constituante.
Place au peuple, place à la République, et vive la prochaine Constituante !