Mais que se cache-t-il donc sous les collants des footballeuses ?
Par un courrier daté du 27 février M. Vincent Nolorgues, président de la Ligue de football amateur, s’est adressé aux présidents de districts et ligues afin de rappeler que le port d’équipements comme les casques ou les collants ne pouvaient être portés qu’après une autorisation médicale délivrée par la Commission Médicale de la FFF après étude approfondie au cas par cas.
La raison ? Il s’agirait d’éviter tout "détournement du principe de neutralité, sous prétexte médical". M. Nolorgues va plus loin en indiquant que même si la commission médicale venait à autoriser ces équipements, ils "ne sauraient être portés avec des signes ostensibles, visibles d’appartenance, tels qu’interdits par nos statuts."
La menace de sanction est claire : "le refus d’ôter ou de cacher la tenue ou le signe ostensibles doit conduire à une application stricte de la règle : non-participation à la rencontre de la personne concernée, et en cas de refus de se retirer, le match ne peut se jouer."
Nombre d’arbitres amateurs ont fait remonter des infractions commises par des joueurs ou joueuses qui dissimulent cuisses et genoux « suivant les principes d’un islam rigoriste ». Comme le dit le collectif contre l’islamophobie : « Où donc va s’arrêter l’obsession de la FFF ? »
Pour justifier sa position, la FFF s’appuie sur un arrêt du Conseil d’Etat du 29 juin 2023 qui valide l’interdiction de tout signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale lors des compétitions sportives, rejetant ainsi les pourvois contre la FFF introduits par plusieurs associations et, entre autres, par la LDH.
« Il résulte du principe de neutralité du service public rappelé par le I de l’article 1er de la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 qu’une fédération sportive délégataire de service public est tenue de prendre toutes dispositions pour que ses agents ainsi que les personnes qui participent à l’exécution du service public qui lui est confié, sur lesquelles elle exerce une autorité hiérarchique ou un pouvoir de direction, s’abstiennent, pour garantir la neutralité du service public dont elle est chargée, de toute manifestation de leurs convictions et opinions. (…) Une fédération sportive délégataire dispose du pouvoir réglementaire dans les domaines définis par [le] code du sport, pour l’organisation et le fonctionnement du service public qui lui a été confié. À ce titre, il lui revient de déterminer les règles de participation aux compétitions et manifestations qu’elle organise ou autorise, parmi lesquelles celles qui permettent, pendant les matchs, d’assurer la sécurité des joueurs et le respect des règles du jeu, comme ce peut être le cas de la réglementation des équipements et tenues. »
Le Conseil d’Etat laisse donc aux fédérations sportives tout loisir pour interpréter ce qui relève du prosélytisme. C’est ce qu’on appelle la laïcité à géométrie variable. Exit donc les bas et les collants, quand bien même ils ne comportent pas d’emblèmes religieux …puisqu’ils peuvent constituer un possible détournement de la loi ! Et pour ce faire, le Conseil d’Etat s’appuie essentiellement sur la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République » et son titre 1er: « GARANTIR LE RESPECT DES PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET DES EXIGENCES MINIMALES DE LA VIE EN SOCIETÉ », loi qui est un pur produit de la logique liberticide de la macronie et dont la Libre Pensée demande l’abrogation ;
Dans son chapitre 1 sur les « dispositions relatives au service public », il est dit en effet que « Lorsque la loi ou le règlement confie directement l'exécution d'un service public à un organisme de droit public ou de droit privé, celui-ci est tenu d'assurer l'égalité des usagers devant le service public et de veiller au respect des principes de laïcité et de neutralité du service public. Il prend les mesures nécessaires à cet effet et, en particulier, il veille à ce que ses salariés ou les personnes sur lesquelles il exerce une autorité hiérarchique ou un pouvoir de direction, lorsqu'ils participent à l'exécution du service public, s'abstiennent notamment de manifester leurs opinions politiques ou religieuses, traitent de façon égale toutes les personnes et respectent leur liberté de conscience et leur dignité. »
De tout cela il ressort –c’est ce que j’en retiens – que le port de bas ou collants sur un terrain de sport « contrevient aux exigences minimales de la vie en société ». Je le reconnais humblement, je ne m’en étais pas aperçu.