AN II 168 DECEMBRE 2017

EDITORIAL

Depuis de nombreuses années, l’offensive de reconquête cléricale a pris la forme d’une confusion entretenue entre le cultuel et le culturel, au prétexte le plus souvent de promouvoir le patrimoine touristique, ce qui justifierait le versement de subsides publics (subside, au sens premier : « Secours d'argent que des sujets donnent à leur souverain » – définition du Littré).

Dérèglementation républicaine

Les subventions accordées à la Fondation Fourvière ressortissent à cette tentative de flouter la séparation entre la sphère publique (le culturel) et la sphère privée (le cultuel) ; les opérations de promotion des Ostensions en Limousin en sont un autre exemple. L’installation de cinq crèches chrétiennes dans le hall de l’Hôtel de Région par le président du Conseil régional- nonobstant l’arrêt du Tribunal Administratif de Lyon du 5 octobre 2017 – participe de la même tentative. Personne ne s’y est laissé prendre, et assurément pas les juges de première instance : « Dans l'enceinte des bâtiments publics, sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, le fait pour une personne publique de procéder à l'installation d'une crèche de Noël ne peut, en l'absence de circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif, être regardé comme conforme aux exigences qui découlent des principes de neutralité des personnes publiques.»  

Mais il semble qu’une nouvelle confusion se banalise, celle –topologique – qui consiste à associer dans un même lieu public ce qui revient à chacune des deux sphères, publique et privée. C’est ainsi qu’on célèbre la messe dans les locaux municipaux abritant l’école publique de Vauxrenard, en Beaujolais. Le maire de la commune n’y voit pas malice et prétend témérairement que dans la commune, personne – ou presque - n’est choqué.  Comme le déclare Nicolas Cadène (rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité) : « … si c’était un autre culte, imaginez le bruit que cela aurait fait, une activité cultuelle dans une mairie ! J’ai l’impression qu’il y a une grande incompréhension de la loi. » Mettons donc cela sur le compte de l’incompréhension. Pour le maire, il fait trop froid dans l’église. Et c’est vrai, l’hiver peut être rigoureux et les églises difficiles à chauffer. Serait-ce une raison pour que les paroisses s’invitent au chaud dans les bâtiments de la République ? … ou pour qu’on les invite ?

Au même moment, on apprend qu’une entrée et un espace « cuisine » sont prévus comme parties communes au Centre d’Information et d’Orientation de Villeurbanne, structure relevant de l’Education nationale, et au futur Centre Culturel Œcuménique (d’inspiration confessionnelle) dans un espace rénové, « « l’autre Soie », avec le soutien de la municipalité de Villeurbanne et à grand renfort d’argent public.

Défendre le baccalauréat

Mais au fait : a-t-on encore besoin d’un CIO ? La réforme du baccalauréat et le « plan étudiants » par lequel on entend faire gérer par les enseignants en lycée la sélection d’entrée à l’université posent désormais cette question. Le CIO « Lyon –Rive gauche » a déjà fermé ses portes à la rentrée 2017, ainsi que celui de Firminy dans la Loire. Quatre autres CIO et une antenne avaient connu le même sort en 2013-2014, sur fond de désengagement des collectivités locales, validé par les autorités académiques. Et voilà que la municipalité de Villeurbanne semble vouloir faire de son CIO local un espace œcuménique ! (voir notre dossier pages suivantes).

Le travail des conseillers d’orientation est désormais confondu avec celui des psychologues scolaires dans un même corps statutaire. Leur travail ne sera plus jamais le même si le gouvernement vient à bout du baccalauréat comme premier grade universitaire donnant accès aux études supérieures de son choix. Avec l’individualisation des parcours par modules, on passe à une autre logique : il s’agit désormais d’adapter la demande aux capacités d’accueil des filières universitaires. On passe d’un diplôme organisé selon des épreuves nationales et anonymes à des diplômes « maison » qu’aucun droit ne peut plus garantir. La fin du baccalauréat, dont il ne resterait que le nom.

Tout cela suit une même logique, celle de la dérèglementation. Elle s’applique à tous les domaines, et désormais au système scolaire. Le principe de « l’élitisme républicain », qui fit la fierté de l’enseignement français et de tous les systèmes le moins inégalitaire, cèderait la place – sous couvert de pragmatisme économique - à la mainmise des autorités locales et aux intérêts particuliers.

Il est douteux que la laïcité y trouve son compte !

P.G.

 

Merci à tous de penser au versement de votre adhésion ! Même si c’est étalé sur 2 ou 3 chèques pour la somme de 72 euros (abonnements An II et La Raison inclus).

L’Assemblée Générale a voté pour 2019 une future augmentation de 3 euros.

►   Nos comptes ont besoin d’un remontant !

►  La Libre Pensée nationale, par ses actions nationales et internationales, effectue des prélèvements élevés (il nous reste 5, 5 euros sur chaque carte).

►   Tout soutien supplémentaire est, bien sûr, le bienvenu !

►   Faites de la publicité pour nos actions, faites adhérer à la Libre Pensée !

 

 

APPEL DU TRESORIER

 

 

Et pendant ce temps-là, les tarifs de la poste augmentent…

 LAICITE RHONE

Vauxrenard : messe dans les locaux municipaux

Sous le titre « Vauxrenard: ils ne veulent plus de messes dans le bâtiment de l'école publique », le Progrès du  3 février dernier annonçait comment, la salle paroissiale ayant déménagé depuis janvier, elle se trouvait désormais installée dans le bâtiment mairie-école-bibliothèque, sous la salle du conseil.

« La présence d'un prêtre en habit et la tenue d'offices religieux, tous les vendredis matin, ainsi que les questions de sécurité qu'induisent les allers-et-venues des paroissiens, inquiètent les délégués départementaux de l'Education nationale (DDEN) du secteur. Pour Jean-Jacques Salanson, maire de Vauxrenard, le débat n’a pas lieu d’être. »

Or le bail emphytéotique a été accordé à une société immobilière de Villié-Morgon qui a en charge le bâti de la paroisse depuis la vente du presbytère à la municipalité en 1989, ce qui pose un problème de légalité puisque seules les associations cultuelles de loi 1905 peuvent bénéficier de ce type de baux. La municipalité devait lui fournir une salle, mais, pour respecter la loi, hors des locaux municipaux.

Autre fait choquant, le local a accueilli dans le passé des colonies de vacances (UFOVAL). Les douches ont été démolies, ce qui interdit de fait tout retour en arrière.

  1. M. Henri Humbert, président des DDEN du secteur Beaujeu-Belleville, a été mis en cause indirectement par le maire M. Salanson comme le « seul habitant » mécontent de Vauxrenard sur les 325 de la commune.

Il écrit, dans une lettre adressée au Conseil municipal : « Un rappel de la loi de 1905 : (…) elle n’a jamais été conçue comme devant créer des entraves à l’exercice des cultes, elle n’était ni négative, ni positive, elle était et se voulait simplement neutre à l’égard des religions. »

On ne saurait mieux dire. La loi de 1905 n’a rien d’une coutume villageoise. Elle est un principe républicain qui s’applique à l’ensemble du territoire national. N’y aurait-il aucun « opposant » à la pratique de la messe municipale à Vauxrenard que cela ne changerait rien à l’illégalité de la situation.

La balle est dans le camp de la municipalité.

 CCO de Villeurbanne

Selon "Viva" n°310 de novembre 2017 (L'autre Soie : singulier, ambitieux et innovant ; page 11), le magazine de la Ville de Villeurbanne, le site de l'ancien IUFM rue Alfred de Musset, fermé depuis 2013, devrait accueillir « un ambitieux projet urbain innovant, participatif et multi partenarial (GIE Est habitat, CCO, Ville) ». 

 Le Centre culturel œcuménique (CCO) souhaite y installer ses locaux, ce dont Viva (Autrement dit : M. Bret et la municipalité de Villeurbanne) se réjouit. Problème passé sous silence par le magazine Viva : dans une aile de ce bâtiment est déjà installé le Centre d'Information et d'Orientation (CIO) Lyon-Est de l'Éducation Nationale, pas censé être œcuménique mais laïque ! Il est prévu que des parties soient communes entre le CIO et le CCO.

Lors d'une visite du site du CIO Lyon-Est, le 14 février 2017, par une délégation du Comité d'Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail Académique (CHSCTA) de l'Académie de Lyon, les représentants de FO et de la FSU se sont élevés contre cette remise en cause de la laïcité.

 Réponse de la rectrice :

"Les inquiétudes évoquées quant à l’installation du centre culturel œcuménique concernent aussi son caractère religieux.

Ce centre n’est a priori pas destiné à recevoir du public (bien que le responsable ait montré son intérêt pour l’amphithéâtre), mais seulement des professionnels en espace de co-working. Le CIO et le CCO devraient partager la même entrée et l’espace cuisine. Ce partage doit faire l’objet d’une convention précisant toutes les modalités de la cohabitation."

 NB : Le centre d’information et d’orientation (CIO) Lyon Est accueille les publics scolaires et non scolaires du bassin Lyon Nord Est. Les villes concernées sont Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Décines, Meyzieu, Genas, Jonage, Jons et Pusignan.

Le CIO intervient auprès de 28 établissements scolaires publics (17 CLG, 4 LEGT, 6 LP, 1 cité scolaire).

Les conseillers d’orientation psychologues (COP) sont nommés au CIO. Ils travaillent au CIO et dans les différents établissements scolaires publics du district.

Le CIO est un lieu d’accueil d’information et de conseil en orientation pour tout type de public bien que les scolaires restent le public privilégié. C’est également un lieu où s’élabore la mise en œuvre de la politique académique d’information et d’orientation en appui aux établissements scolaires. Le CIO intervient aussi auprès des partenaires de l’éducation nationale et d’autres partenaires dans la prise en charge des jeunes en insertion, des décrocheurs ou pour toutes autres actions liées à l’information et l’orientation des élèves. Il accueille la plateforme de suivi et d’appui aux décrocheurs.

(Janvier 2018)

Confirmation en page 9 du Supplément de Viva Villeurbanne, intitulé Viva dossiers n°1 de février 2018. A l'alinéa 17 sous le titre L'Autre Soie, on peut lire :

 « De manière très innovante, l'Autre Soie réunira habitat social, hébergement d'urgence, pôle culture et formation, 5000 m² dédiés à l'économie sociale et solidaire (entreprises, restaurant solidaire, coopérative d'achats) ... Les partenaires à l'origine de l'idée sont le GIE-Est Habitat, la Ville et le CCO. Lequel quittera ses locaux de la rue Courteline. Les négociations sont en cours avec l'Etat pour acquérir le terrain de 25 000m² dont un vaste parc arboré. »

Qu’est-ce que le CCO ?

 "Le mot œcuménisme désigne l’effort des chrétiens pour parvenir à une unité institutionnelle entre les différentes Eglises et communautés qui le composent aujourd’hui.

Ce que n’est pas l’œcuménisme : Le mot Œcuménisme est de plus en plus employé pour désigner le dialogue des chrétiens avec les juifs, avec les membres d’autres religions (musulmans, hindouistes, bouddhistes etc.) ou même les non-croyants. Cet emploi extensif, qui peut se justifier par l’origine du mot, contribue malheureusement à mettre sur le même plan des dialogues d’un autre ordre : le dialogue entre chrétiens, unis par une même foi en Jésus-Christ et un même baptême, est fondamentalement différent de tous les autres dialogues."

Définitions du Site de la Conférence des évêques de France : eglise-catholique.fr

On peut convenir que cette définition par l'église catholique de France elle-même remet sèchement à sa place la notion d'œcuménisme qui semble s'être imposée dans les esprits : une ouverture vers "les membres d’autres religions ou même les non-croyants." C'est pourtant sur cette ambiguïté voulue, comme celle savamment cultivée entre culturel et cultuel (ex : les crèches de Wauquiez) que semble reposer le CCO, Centre Culturel Œcuménique Jean-Pierre Lachaize à Villeurbanne. (Les informations suivantes sont tirées de son site officiel)

Le CCO c'est :

  • Une équipe permanente de 9 ETP (Equivalent Temps Plein) appuyée par des intermittents du spectacle et des professionnels sollicités au service des projets
  • Plus de 30 000 personnes fréquentent annuellement les différents concerts et manifestations
  • Un conseil d’administration composé de 15 administrateurs
  • Un budget annuel moyen de 650k€
  • 1400m² mis à disposition par l’Archevêché de Lyon pour développer ce projet au cœur d’une agglomération dynamique : salle de spectacle, studio de répétition danse et musique, salles de réunion, bureaux partagés, etc.
  • Un réseau de plus de 370 acteurs associatifs et d’artistes actifs dans des domaines très variés : solidarité, développement, humanitaire, écologie, culture, etc.
  • Des partenariats solides avec les services de l’État, la Région Auvergne Rhône-Alpes, la Métropole de Lyon, la Ville de Villeurbanne
  • Des centaines de bénévoles sur les projets
  • 6 volontaires civiques

Toujours selon son site officiel, "le CCO accueille des associations qui proposent des activités variées ouvertes au public pendant la saison : Accordéon, musiques des Balkans, danses contemporaine, traditionnelles françaises, orientales, africaines, hip-hop, flamenco, chant gospel, expression corporelle, ...

Permanences juridiques, paniers fruits et légumes locaux, alcooliques anonymes, ...

Historique : "Il a été créé en 1963 à Villeurbanne à proximité du campus universitaire de La Doua.

Il a été nommé en l'honneur du Père Jean Pierre-Lachaize (mort en 2002), qui fut investi dans la vie du centre.

En 1963, le père Jean Latreille (1926-2015) a créé une aumônerie catholique et protestante à destination des étudiants du campus de La Doua, alors en plein essor. Le lieu est imaginé comme un espace de liberté et de rencontres, ouvert à tous. Grâce au soutien financier de grandes entreprises et banques lyonnaise, entre 1966 et 1968, des bâtiments dédiés sont construits rue Georges-Courteline à Villeurbanne, à proximité de l’INSA.

Le CCO devient par la suite un établissement laïc tout en conservant son identité d’origine, à savoir sa volonté d’ouverture au monde et aux cultures de différents horizons."

 

Les partenaires financiers mentionnés sur son site sont : "Ville de Villeurbanne, Grand Lyon Métropole, Région Auvergne Rhône-Alpes, DRDJSCS Auvergne Rhône-Alpes (Jeunesse, Sports et Cohésion sociale), DRAC Auvergne-Rhône-Alpes (Ministère de la Culture) CGET Commissariat Général à l'Egalité des Territoires (Ministère de la Cohésion des Territoires) Union Européenne." Liste probablement non exhaustive, bien sûr.

Conclusion : Cette importante vitrine associative à vocation prétendument "universelle" (katholikos en grec !) ne pourrait évidemment pas fonctionner sans de l'argent public prélevé généreusement sur nos impôts par nos édiles, en contravention absolue avec la loi de 1905.

vie de la federation

Assemblée Générale du 27 janvier 2018 de la Libre Pensée du Rhône

24 présents (à ajouter pour le vote : 6 excusés ayant laissé un pouvoir)


  1. 1. Rapport moral et d’activité du Président sur l'année (nov. 2017 – janvier 2018) et discussion.
  • - Avec le mouvement des monuments pacifistes, organisation de rassemblements (20 avril La Doua Villeurbanne – 8 mai à Villié-Morgon – 24 juin à la Courtine – le 11 novembre à Lyon) contre la guerre et la réhabilitation des fusillés pour l'exemple
  • - Rencontres au banquet républicain, veille de Pâques avec 52 convives
  • - Interventions à propos de l'installation des crèches de Noël dans le hall de l'hôtel de Région (décembre 2016, 1 crèche – 5 décembre 2017 au 5 janvier 2018, 5 crèches). Le Président Wauquiez les justifie pour l'aspect culturel, niant l'existence de la loi de 1905, refusant le vote d'une délibération appuyant sa démarche (2 camarades qui ont visité l'hôtel de Région ont eu une réponse édifiante le 23.01 !). Autre fait très grave, la priorité donnée par Wauquiez aux établissements privés (50 millions de subventions supplémentaires !) aggravant l'application de la loi Debré.

A utiliser pour dénoncer cette politique anti-laïque.

  • - Rappel fait sur Dardilly (des élèves "mutés" du lycée technique public vers le lycée privé sur ordre du Rectorat). Des atteintes encore plus fortes se développent sur les statuts et les missions des professeurs d'enseignement technique (en devenant formateurs de chômeurs, de reconversions à un métier, mais plus à plein temps des lycéens en formation !). Tout cela, dans un cadre de la disparition des conventions collectives (loi El Khomri et ordonnances Monron) et l'arrêt de reconnaissance de qualifications rémunérées.

La mobilisation des laïques est indispensable ! = réutiliser l'appel des laïques.

La réforme du bac et des universités ne fait que renforcer la nécessité de combattre ces réformes et actions (meeting avec les associations laïques ? lancer une conférence de presse ?).

  1. 2. Rapport financier

Volume important de trésorerie avec le voyage vers Gentioux, le banquet républicain, l'organisation du colloque (supérieur à 10 000 €)

Le bilan fait apparaître des dépenses "obligatoires" (location de salles, assurance des locaux, édition de l'An II, Web, frais de gestion) qui ne sont pas compensées par les recettes (variables chaque année = soutien des adhérents, bénéfice du banquet, etc.).

  1. 3. Un débat sur le financement de l'An II bulletin indispensable de notre expression a commencé : passer de 12 à 15 € l'abonnement annuel ? réduire le nombre de bulletins (de 6 à 5 par an) et sa diffusion par Web ?

Le bureau a été mandaté pour faire avancer les propositions.

  1. 4. Avec le vote unanime du rapport du Président, du rapport de trésorerie et quitus de la commission de contrôle, il y a eu vote de l'augmentation de la cotisation annuelle de 72 à 75 € pour 2019 (la LP nationale prélève la majorité de la cotisation pour les activités nationales et internationales !)
  2. 5. Propositions de réunions publiques (et pas seulement à Lyon). Cela suppose un coût ! (5 000 tracts / 300 affiches / 600 e-mails) et une préparation de dates et lieux.

Nouveau Bureauélu : Jean-Louis ANDRIEU, Annie DESAINTJEAN, Jean-Claude DUTOUYA, Pierre GIROD, Xavier HYVERT, René JAMBON, Laurent MOLLARD, Robert CERRO.

NB : Gilles CHAMPION, absent le 27 janvier, a été coopté au Bureau depuis cette date.

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Chaque deuxième dimanche du mois de 9H40 à 10H

PACIFISME

Le Président Macron, répondant à M. Marsaud, citoyen de Vendée qu’il considérait que les fusillés pour l’exemple « font aujourd’hui pleinement partie de la mémoire nationale » et que « Au cœur des Invalides et de l’Institution militaire leur mémoire a trouvé la place qui leur était due ». Comme ses prédécesseurs il refuse de réparer l’injustice commise contre les fusillés pour l’exemple. En réunissant les fusilleurs et les fusillés aux Invalides, ils ont assassiné une deuxième fois les soldats victimes de la guerre.

Les fusillés n’ont pas failli à leur devoir !

Ceux qui ont failli à leur devoir de justice, ce sont les Présidents de la République !

La planète devient un vaste théâtre d’opérations militaire ; Les bombardiers les plus sophistiqués, les drones militaires, les missiles téléguidés, les soldats bardés d’instruments à la technologie la plus élaborée et la plus coûteuse, tuent des civils par centaines de milliers.

Au moment où se généralisent les conflits armés, nous sommes en droit de clamer :

MAUDITE SOIT LA GUERRE ET SES AUTEURS ! ARRÊT DES OPEX !

Oui, les soldats ont été les victimes des généraux fusilleurs. La réhabilitation des Fusillés pour l‘exemple de 1914-1918 prend valeur de symbole. Tout le démontre : les descendants de ces Fusillés n’acceptent pas l’injustice qui fut commise.

Tous ensemble, avec tous les descendants de Fusillés pour l’exemple, signataires actuels ou à venir de l’Appel à la République, avec toutes les associations impliquées dans ce travail (ARAC, UPF, PDP et des sections de la LDH), avec les confédérations syndicales FO et CGT, avec toutes les forces partisanes de la réhabilitation, avec les citoyennes et les citoyens, nous rétablirons l’honneur volé des Fusillés pour l‘exemple, nous érigerons un monument de pierre pour rendre leur honneur aux 639 Fusillés pour l’exemple. Xavier Hyvert, Président de l’Association Laïque des monuments pacifistes du Rhône

 

La lettre du Sous-lieutenant Herduin du 11 juin 1918 à sa femme résonne cent ans après : « Crie, après ma mort, contre la justice militaire. Les chefs cherchent toujours des responsables. Ils en trouvent pour se dégager. » Il avait raison. Joffre, le 21 août 1914 explique au ministre : « L’offensive de Lorraine a été superbement entamée. Elle a été enrayée brusquement par des défaillances individuelles ou collectives qui ont entrainé la retraite générale et nous ont occasionné de très grosses pertes. J’ai fait replier en arrière le 15e corps qui n’a pas tenu sous le feu et a été la cause de l’échec de notre offensive. : j’y fais fonctionner ferme les Conseils de guerre. ». La Commission d’enquête militaire cherchant les causes des mutineries accuse devant les parlementaires réunis en Comité secret : Les chefs d’unité savaient qu’ils conduisaient leurs troupes à une mort inutile, certains pleuraient en donnant aux poilus les ordres de sortir de la tranchée. Nivelle, quelques jours avant l’offensive du 16 avril, disait aux chefs de corps : « Allez-y carrément ; il n’y a plus de boches devant vous !  Le Général André BACH, analyse : « A la terreur engendrée par les combats, l’Etat-major opposa la terreur de l’exécution pour abandon de poste devant l’ennemi. ».

          Esquisse du Monument

SOUSCRIVONS POUR LE MONUMENT AUX FUSILLES POUR L’EXEMPLE

A MAIZY, DANS L’AISNE, SUR LA LIGNE DE FRONT !

Ce monument national sera le symbole de l’injustice dont les Fusillés furent victimes, de leur réhabilitation par le peuple français, par les citoyens, puisque c’est une souscription publique nationale qui en aura permis sa réalisation.

Chèque à l’ordre de : « A.E.M.H.F.E. » (Association pour l’érection d’un monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple)

Et à envoyer à : Fédération du Rhône de la Libre Pensée 7, rue Major-Martin 69002 LYON

 banquet 2018

 BANQUET-DÉBAT RÉPUBLICAIN ET ANTICLÉRICAL

VENDREDI 30 mars,  à partir de 19 H

« Salle des familles » LYON 7e

 5 rue Ravier (Métro Jean Jaurès)

CONTRE LES INTERDITS RELIGIEUX

POUR LA LAÏCITÉ

POUR LE RESPECT DE LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE

  • - un repas royal, mais républicain: apéritif, vin, charcuteries d’Auvergne, colombo de porc, fromages, dessert, café
  • - des chansons, de la musique…
  • - des communications, des infos…

 

Æ Possibilité de cochonnailles 

 En direct d’un producteur auvergnat qui n’utilise pas des élevages industriels de porc :

 Saucisse sèche – boites de pâtés confit foie de porc – jarret – tranches jambon cru sous vide

       Avec la participation musicale de Sébastien Baylet

 
 

COMMENT S’INSCRIRE ?

par mail, téléphone ou courrier avant dimanche 25 mars au soir.

 

Règlement par courrier ou le soir du banquet : 15 euros (tarif de base)

18 euros (tarif de soutien

… ou plus si possibilité !

 

Aussi vite que possible, afin de faciliter la tâche des organisateurs !

 

 

 

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui »

 (Évangile de Jean, 6, verset 56) 

 

 

 

Réservation et règlement par chèque à l'ordre de :

 Libre Pensée du Rhône     7 rue Major Martin 69001 LYON     -   CCP  Lyon 4820 70 M

Ou confirmation avant le 25 mars par mail à : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.,

Téléphone (messagerie) : Jean-Louis. 04 78 68 52 88           Pierre G.     04 78 24 88 80

(si possible: adresse et mail des participants)

 

libres propos, libres pensées

 

Il y a 500 ans la proclamation de Luther (1ère partie)

     Le pape catholique est allé en Suède à l'invitation des protestants pour « commémorer » le placard de Luther de 1517. Pour s'amuser sans doute, les protestants l'ont fait recevoir par un éminent représentant du clergé protestant, une archevêque femme. Le pape a dû avaler sa mitre. Des articles de presse sont revenus sur cet anniversaire le 31 octobre. Le moins qu'on puisse dire c'est que le souci de restaurer le rôle des religions en Europe pour les bourgeois, les rend beaucoup moins respectueux des faits que leurs ancêtres (Voltaire, Diderot) du 18ème siècle.

Que s'est-il donc passé vraiment en 1517 ?

La bourgeoisie marchande s'affirme et

provoque un bouleversement de la pensée.

     De 1300 à 1500, les villes italiennes sont au cœur des progrès économiques, l'artisanat a mis au point par exemple les lunettes de vue qui permettent aux artisans (orfèvres notamment) de travailler au-delà de l'âge de 50 ans sur des opérations minutieuses.

     Si Galilée peut construire la lunette astronomique sur les plans que lui a envoyés Kepler, c'est parce qu'il utilise les progrès techniques de l'artisanat du verre de Venise, que les touristes vont toujours admirer à Murano. Dans ces villes la bourgeoisie découvre que des techniques modernes étaient connues dans l'Antiquité. Il va donc y avoir un véritable engouement pour les textes du passé.

     Dans l'art, la sculpture, l'architecture, la peinture, l'histoire, la médecine, voilà que l'idée se répand : l'Antiquité était en avance sur nous. Les hommes instruits se jettent dans la recherche de ce passé qui devient vite une terre à redécouvrir. Ce n'est pas un hasard si les expéditions maritimes vers l'est ou vers l'ouest, s'efforcent de déchiffrer ce qu'avaient compris les anciens grecs et romains. Christophe Colomb part avec des cartes et des calculs basés sur les textes de l'antiquité.

     Les humanistes sont donc des érudits comme Pétrarque (1304-1374) ou Boccace (1313-1375), qui ont accès aux textes de l'Antiquité par les érudits de Byzance, dont les plus prestigieux viennent s'installer à Venise ou Florence, du fait du déclin puis de la menace de la chute de l'empire byzantin. Venise ayant détourné une croisade pour saccager Byzance en 1203 a pris le contrôle du commerce en Méditerranée, et ce sont les villes italiennes qui attirent les savants. Venise n'a pas

ramené seulement les lions de bronze installés sur la cathédrale St Marc, mais aussi des savants. Après

la prise de Constantinople par les turcs en 1453, les savants arrivent avec les textes grecs dans leurs bagages, à Florence un grand savant grec Manuel Chrysoloras a enseigné le grec et constitué une bibliothèque des textes grecs anciens inconnus depuis 700 ans.

     Puis à partir de 1450, la bourgeoisie étend ses positions commerciales dans toute l'Europe du nord. L'Eglise est entrainée dans cette mode de l'engouement pour l'Antiquité. Le premier pape humaniste Nicolas V (1405-1455) fonde la bibliothèque vaticane. Son secrétaire Lorenzo Valla crée l'humanisme philologique qui analyse et donc soumet à critique les textes sacrés de la Bible.

Il démontre que des textes considérés comme sacrés sont des faux. Cette volonté de retrouver et chercher à mieux comprendre provoque un essor passionné de l'esprit critique.

     Il n'y a donc pas à ce moment-là d'opposition des sommets de l'Eglise à cet essor de la recherche.

Ce qui explique aussi le prestige de l'Italie dans toute l'Europe. Le père de Montaigne, noble d'Aquitaine, qui part guerroyer en Italie, en revient tellement enthousiasmé par ce pays qu'il impose que son fils soit éduqué uniquement en parlant latin.

     On connait bien la place des Médicis à Florence ou des Fugger à Augsbourg, les banquiers marchands ont déjà une vision mondiale des affaires. Antoine Fugger aura des concessions commerciales vers 1550, au Chili, au Pérou, à Moscou.

La bourgeoisie a ses intérêts propres qui entrent en contradiction avec l'ordre féodal

     Toute la société est corsetée dans la féodalité où le clergé est l'ordre qui gouverne, car il est l'interprète de la volonté divine et les nobles sont ses vassaux. Si, dès qu'un roi ou empereur puissant veut contrôler son clergé, des conflits majeurs se développent, le principe du pouvoir totalitaire du clergé et du pape reste un fondement de la société défendu becs et ongles par le haut clergé qui vit dans le luxe le plus ostentatoire possible.

     Mais la bourgeoisie de plus en plus riche développe le crédit pour les rois et les princes, ce qui suppose des levées d'impôts toujours plus lourdes pour assurer le service de la dette publique, les intérêts étant fort élevés.

     Il arrive un moment où la lutte pour accaparer la richesse produite par le paysan-serf et la part des bourgeois issue de l'échange, va opposer le clergé qui doit assurer son train de vie toujours plus dépensier - les palais, les cathédrales, sont toujours plus luxueux - et les bourgeois qui poussent les rois pour payer leurs dettes à augmenter les impôts sur les artisans, commerçants, paysans.

     Ce n'est pas un hasard si la question des indulgences va exploser en Allemagne. Du fait que l'empereur d'Allemagne avait dû aller à Canossa (1077) se prosterner, embrasser les pieds du pape et demander pardon, le clergé avait gardé dans les principautés allemandes des moyens de pillage absolument colossaux, et chaque année des convois d'or partait vers Rome et le Vatican. Les indulgences étaient un nouveau moyen d'enrichissement qui pesait surtout sur les riches puisque pour obtenir le pardon du pape, quelques siècles de purgatoire en moins, ou l'annulation de son mariage, il fallait payer cher. On payait pour avoir une année de moins au purgatoire, 2 ans, 10 ans, etc.… une indulgence a été accordée pour 60.000 ans de purgatoire.

Que Luther dise que le clergé ne pouvait forcer la main de dieu avec de l'argent, quel toupet !

Le porte-monnaie du pape en a pâli de rage.

Mais que des artisans écrasés d'impôts y aient vu une vérité évangélique, logique !

Des petits marchands

     Le banquier Fugger chargé de lever des indulgences pour le pape prélevait sa commission qui était de 50%. La formule de tous les vendeurs d'indulgences de l'empire était « dès que la pièce d'or retentit au fond du coffre, l'âme sort du purgatoire et s'envole délivrée dans le ciel ».

Non ce n'est pas un prospectus des pieds-nickelés, l’archevêque de Mayence, qui vendait lui aussi des indulgences, prélevait lui aussi son petit 50%.

     Jacob Fugger forma un cartel bancaire en 1519 pour acheter l'élection de Charles Quint comme empereur, il leva l'équivalent de trois tonnes d'or fin, il avait ainsi asséché le marché du crédit en Europe et les agents de François 1er qui voulait lui aussi acheter son élection, furent incapables de

suivre cette enchère. Ce qui donne une idée de la puissance de la bourgeoisie. Les Fugger, un siècle plus tôt n'étaient que des petits marchands.

     Ce système faisait gronder donc aussi bien les bourgeois qui devaient déjà graisser la patte des nobles pour faire commerce, que la petite noblesse des chevaliers appauvris, jaloux du train de vie scandaleux des évêques, cardinaux et abbés des monastères toujours plus nombreux.

     En 1514 le pape Léon X renouvelle l'indulgence pour la construction de St Pierre de Rome. Quand Luther en 1517 affiche sa proclamation sur le mauvais usage des indulgences, il exprime une idée qui est dans l'air du temps comme on dit aujourd'hui. Par la suite sa critique se développe en critique religieuse, donc en reforme religieuse, mais elle va susciter des développements qui le dépassent.

Une diffusion rapide

     Il serait d'ailleurs incompréhensible que si vite ses idées se répandent sous des formes d'ailleurs variées, si elles n'avaient pas été portées par les luttes de classes et diffusées par l'imprimerie, invention considérée comme divine par le clergé jusqu'à ce que les imprimeurs reproduisent en quantité les thèses de Luther et la critique de nombreux érudits.

     À ce moment-là, changement d'appréciation. Sans qu'il y soit pour rien, Luther constate, étonné, cette diffusion ultra-rapide de ses textes. Selon un recensement qui évidemment ne peut être exhaustif, c'est à 300 000 exemplaires que seront diffusés ses écrits. Cinquante ans plus tôt son affiche n'aurait pu être reproduite qu'à quelques dizaines d'exemplaires recopiés par un scribe.

     Le pape ne put que changer son fusil d'épaule et l'invention divine devint invention du diable, aussi créa-t-il l'Index, liste des livres interdits conduisant tout droit au bûcher auteurs ou lecteurs.

Christian Coudène

(à suivre)

« Avec la force brutale de toutes les chicaneries de la religion, avec la terreur des tortures, toutes les terreurs de l'excommunication et du refus de l'absolution, toutes les intrigues du confessionnal étaient mises en jeu pour extorquer aux sujets leur dernier pfennig ou accroitre le patrimoine de l'Eglise. La falsification de documents était chez ces dignes personnages un moyen habituel et favori d'escroquerie. Cependant quoique, en dehors des redevances et des taxes ordinaires, ils perçussent de plus la dîme, tous ces revenus ne leur suffisaient pas encore. La fabrication d'images de saints et de reliques miraculeuses, l'organisation de pèlerinages sanctifiants, le trafic des indulgences étaient appelés à la rescousse pour arracher au peuple un surcroît de redevances et longtemps avec le meilleur succès »                                  (Engels, la guerre des paysans)

Démocratie ou Servitude Volontaire au XXIème siècle ?

Dans nos sociétés réputées "démocratiques" une question se pose de façon lancinante : qu’est-ce qui peut inciter des électeurs vivant (souvent très mal) de leur travail au mois le mois, sinon au jour le jour, à réclamer toujours plus de politiques de droite ?

Essayons donc de comprendre : le rôle premier de la politique est de façonner l'organisation sociale et le fonctionnement au quotidien de la société, dont l’élément le plus essentiel est l’économie.

Pourquoi l'économie ? Très prosaïquement parce que depuis toujours l'immense majorité des humains a besoin de s'activer pour survivre et que l'addition de toutes ces activités individuelles conduit à une organisation sociale des collectivités humaines.

La vraie question est donc : comment se répartit entre tous le fruit global de ce travail ? Qui paie l’impôt et combien ? Doit-on travailler 35 heures ou 65 heures ? Tout le monde, tous les jours, la nuit, les week-ends ? Même les enfants ? Avec quels temps de repos par an ? Et jusqu’à quel âge ? Quelle retraite ? Financée comment ? Par qui ? etc.

     Certaines activités vitales à la nation, la population, l’environnement doivent-elles relever d'arbitrages collectifs ou être laissées au bon vouloir du marché ? Un grand patron salarié doit-il gagner 500 fois le salaire moyen ou devrait-il se contenter de bien moins ? Peut-on accepter les inégalités et la pauvreté grandissantes (et donc à terme très dangereuses) ? etc. La politique n'est que l’arbitrage de ces triviales questions de gros sous, qui permet de répondre à nos besoins en éducation, santé, emploi, niveau de vie, vieillesse, infrastructures, transports, défense, lois, justice, culture, environnement, recherche, etc.

L'économie, c'est notre vie quotidienne.

C'est l’argent de l'impôt citoyen collecté sur toute l'activité économique commune qui permet l'organisation et la satisfaction de tous ces besoins humains en équipements et institutions collectifs qui participent à la cohésion sociale et culturelle d’une nation. Pour éluder cette épineuse question de l’arbitrage équitable de la répartition des ressources en faveur de l’intérêt collectif et parce que seulement environ 20% des électeurs ont un réel intérêt économique personnel à voter à droite, il faut donc (pour faire une majorité) en détourner le maximum parmi les 80% restants vers des enjeux immatériels que l’on baptisera "la défense des vraies valeurs" : famille, éducation, sécurité, liberté, histoire, mémoire, sexe, contraception, morale, spiritualité, mœurs, race, immigration, patriotisme, genre et même depuis peu orthographe (inclusive), etc., et on les invitera jour après jour à ratiociner sans fin sur ces thèmes mais surtout sur la décadence continue des "valeurs".

En fait, toute polémique qui brouille les cartes et les citoyens entre eux est bonne à attiser et les médias en raffolent. L’éventail des controverses factices diviseuses d’opinion publique en catégories incompatibles et irréconciliables est inépuisable et il faut aussi, hélas, constater que le public adore cela.

Résultat concret : plus les électeurs votent pour la restauration des "valeurs" bafouées qu’on désigne quotidiennement à leur attention, plus ils obtiendront le dépeçage du patrimoine national, la promotion de la rente financière, les réductions d’impôts pour les hyper-riches, la quasi-suppression de l’impôt sur les grosses successions qui perpétuera la caste des oligarques héréditaires, la refonte de l'ISF, l'impunité absolue des très grands fraudeurs et grands évadés fiscaux, la concentration des médias confiés à quelques mains amies et fortunées pour mieux les anesthésier, un chômage croissant grâce aux très fructueuses délocalisations d’activités en attendant la juteuse privatisation programmée de la totalité de nos vies : santé, assurances sociales, retraites, services publics, etc. : l’homo-economicus se doit de rapporter gros mais ne rien coûter.

     Ils votent pour avoir l’ordre et la sécurité et ils auront à la place le saccage social, le "toilettage" du Code du Travail, en attendant celui de la Loi de 1905 qui remettra en selle l’influence morale du Vatican qui saura bien mieux s’occuper (comme à son regretté âge d'or féodal) des questions d’éducation, de santé, de solidarité (pardon : de charité) tout en prélevant sa substantielle dîme d'existence au passage.

En bref, et très démocratiquement, ils auront subrepticement tout ce qui leur nuit.

La très haute bourgeoisie financière qui aimerait que l’Église reprenne en main son office primordial d'auxiliaire dans le magistère des esprits croit-elle au ciel et aux antiques fables et mythes moisis colportés par elle ? Bien sûr que non ! Son paradis est ici-bas. Mais elle croit fermement au rôle actif de la religion comme contention des esprits et placebo à toutes les insatisfactions générées par sa politique de rapacité malfaisante.

L'athée Bonaparte avait fort bien discerné ce formidable et utile effet sédatif, d'où son concordat contre-révolutionnaire (1801) encore en vigueur en Alsace-Moselle, malgré son abrogation en 1905.

     Et partout l’opposition parlementaire proclamée "de gauche", croyant à une demande spontanée (et non manipulée) des électeurs, au lieu de s’atteler à la bonne vieille grosse question de la justice économique et sociale qui fâche se croit obligée de suivre (et même de précéder) en courant sur le terrain des "valeurs" si prisées par la droite, de se justifier sans fin, d’accepter tout ce que les électeurs sont censés exiger (selon les sondages !) et qu’en réalité on leur a suggéré jour après jour, d’intégrer même son vocabulaire, lui-même détourné de ses significations premières : libéralisme (en économie), privilèges (les petits, bien sûr), laïcité (forcément ouverte et positive), tolérance (zéro), guerres (humanitaires) etc.

Elle finit par tenir pratiquement le même discours et quand elle arrive au pouvoir montre la même désinvolture pour ses électeurs, le même désintérêt pour la laïcité républicaine et la même politique économique, (il n’y a pas d’alternative !) imitant ces partis (ex-) progressistes étrangers (New Labour au Royaume-Uni, SPD en Allemagne, Démocrates aux USA, entre autres) qui ont déjà abdiqué depuis bien plus longtemps encore la défense des intérêts des électorats populaires qui est pourtant (il y a prescription) à l'origine de leur fondation. 

Et plus les électeurs seront déçus et amers, plus on leur assènera que c’est à cause des "valeurs" bafouées par le laxisme intellectuel, la perte des repères religieux, les fainéants, la sécularisation de la société, les fonctionnaires paresseux et toujours en grève, les syndicats sectaires, l’athéisme sans morale, la démission des enseignants, les immigrés, les musulmans, la contraception, l'avortement, etc.

     Les boucs-émissaires sont légion et très utiles, car avec l’aide des grands médias concentrés entre de bonnes mains, maîtres en mal-information et en détournement de l’opinion vers les besoins futiles et les stigmatisations utiles, les effets de mode, le rêve éveillé, les twitts irréfléchis sur les réseaux dits "sociaux", les choses superficielles de la vie ou des problèmes imaginaires, l’imprégnation dès l’enfance d’une culture de compétition et d’individualisme forcenés qui n'ont pour véritable objectif que de fragiliser l’individu en l'isolant de ses semblables, ils focalisent l’attention du public sur des sujets savamment montés en épingle et renouvelés en permanence qui occultent si bien ceux qui sont plus concrètement embarrassants.

     Et pour ceux que la simple consommation d'objets, de presse people, de sport-spectacle à gros budget et de divertissements débiles et avilissants ne satisfait pas, ceux qui ont des velléités spirituelles, les religions (quelles qu’elles soient) qui par leurs spiritualités mystiques, leurs dogmes "révélés" non questionnables et leurs promesses de consolations extra-terrestres annihilent la réflexion rationnelle, ruinent l’esprit critique et démobilisent la légitime revendication terre-à-terre, font comme jadis partie intégrante du dispositif anesthésiant de ce vaste marché de dupes. C'est Jérusalem vs Athènes, la passion mystique contre la raison.

Ainsi dans les esprits se délite le clivage économique au profit de celui de concepts moraux et des gens richissimes ou leurs mandants peuvent se permettre de prétendre qu’ils sont proches du peuple puisqu’ils partagent les mêmes "vraies valeurs fondamentales" (sauf leurs valeurs boursières, évidemment).

C’est ainsi que l’on voit des ouvriers, des employés, des cadres moyens, des petits commerçants, des gens pauvres, des chômeurs choisir résolument de vrais nantis comme les meilleurs défenseurs de leurs intérêts (les Trump, Clinton, Fillon, Le Pen, Macron et Cie) et acceptent leurs oukases, leurs frasques, leurs impunités et même leurs insultes sans protester et souvent sans même s’en apercevoir, tant ils sont inattentifs ou adéquatement lobotomisés.

Nul besoin de coup d’état sanglant, il suffit par un travail expert de sape intellectuelle et de savant viol des mots de savoir convaincre l’opinion qu’il n’y a pas d’alternative !

De plus en plus préfèreront alors s'abstenir de voter plutôt que de participer à des élections qu'ils voient ne jamais rien changer. Plus besoin d'une incontestable majorité des électeurs inscrits pour être élu démocratiquement : les sièges électifs aux assemblées seront toujours aussi occupés !

La boucle est bouclée. Tant que les électeurs ainsi détournés du débat public n’auront pas assimilé que les décisions de ces individus intéressés leur nuisent concrètement et personnellement dans leur vie quotidienne et future, ainsi qu'à leur descendance et que leur objectif réel n’est pas la satisfaction de l’intérêt général, mais la perpétuation du pouvoir d’une minuscule caste accapareuse cela continuera. Selon Noam Chomsky, "la manipulation de l’opinion publique est à la démocratie ce que la violence est à la dictature".

Cela s’avère plus vrai chaque jour.             R J