AN II AVRIL 2017

TOUS AU RASSEMBLEMENT PACIFISTE

LE 8 MAI 2017 A 14H30

DEVANT LE MONUMENT AUX MORTS DE VILLIE-MORGON

POUR LA REHABILITATION COLLECTIVE ET REPUBLICAINE

des FUSILLES POUR L’EXEMPLE de la Guerre 1914-1918

Nous rendrons hommage à tous ceux qui, en 1917, ont dit NON à la guerre et nous poursuivrons notre combat pour le droit de dire NON, aujourd’hui, à l’oppression et aux massacres de la barbarie militariste.

Le monument aux morts de la commune de Villié - Morgon

« Une statuaire expressive dénonciatrice de la guerre » (*)

Bien sûr, comme pour les rassemblements antérieurs,  l’Association Laïque des Amis des monuments Pacifistes du Rhône et la Libre Pensée, ont pris l’initiative de s’adresser aux Unions Locales de la CGT et de le CGT-FO de Villefranche et de Tarare, aux Unions départementales de ces syndicats, ainsi qu’à la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme et à l’Association Républicaine des Anciens Combattants pour leur proposer de préparer ensemble ce rassemblement pacifiste.

(*) Tel que celui-ci est répertorié dans l’ouvrage de Danielle  et Pierre ROY : « Autour des monuments aux morts pacifistes de France » édité par la Fédération Nationale Laïque des Associations Amis des Monuments Pacifistes, Républicains et anticléricaux.

pacifisme : hommage

Henry-Jean PREBOST, a été fusillé pour l’exemple le 20 avril 1915, en même temps que François FONTENAUD,  Félix BAUDY et le caporal Antoine MORANGE, ce sont  « les martyrs de Flirey » (2). Comme Antoine MORANGE et Félix BAUDY, il était militant de la vieille CGT. Il  était adhérant au Syndicat des Maçons et Aides de Lyon et de sa banlieue, quand, il y a 103 ans commençait la plus effroyable des guerres qui allait dévaster le monde, le continent européen, les économies des pays  et les peuples.

Le capitalisme portait en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.

Pendant les quatre ans de guerre, il y eut 639 Fusillés pour l’exemple, victimes de la haine et d’une justice militaire aux ordres. Leurs camarades et l’opinion démocratique combattirent inlassablement pour que l’honneur leur soit rendu. 40 furent réhabilités entre les deux guerres. Il en reste 600 dont il faut laver l’opprobre. Pour eux, pour leur famille, pour la République, pour la vieille CGT dont nombre d’entre eux furent membres, ce qui les désigna souvent comme « meneurs » à la vindicte de généraux assassins.

La même haine et la même vindicte des gradés et des gouvernements poursuivent à travers l’Histoire les Fusillés pour l’exemple.

Les Présidents de la République sont aux ordres de l’armée. Rien ne doit déplaire à la Grande muette qui l’est surtout quand il s’agit de rendre justice et honneur aux victimes et à leur famille. Mais cette bataille, ils l’ont encore perdue, surtout dans l’opinion publique démocratique qui les a voués aux gémonies pour leurs turpitudes honteuses. Le Président de la République s’est renié, une fois de plus. Il n’a pu, en effet, envoyer la troupe aux quatre coins du monde pour les « opérations extérieures », c’est-à-dire pour des guerres coloniales qui n’osent pas dire leur nom, et rendre justice à ceux qui ont dit non à la guerre comme il s’y était engagé quand il était président du Conseil général de Corrèze.

C’est le peuple souverain qui prononcera la réhabilitation collective des 639 Fusillés pour l’exemple de 1914-1918. La République, c’est nous.

 C’est d’ailleurs pourquoi la Libre Pensée a pris l’initiative d’ériger un monument sur la ligne de Front en hommage aux Fusillés pour l’exemple et d’une souscription nationale pour le financer à laquelle nous vous appelons à souscrire.

Au moment où se multiplient les cérémonies officielles sur le Chemin des Dames toutes plus patriotiques, convenues, et en définitive militaristes, la réponse de la Libre Pensée est aussi dans l’organisation de rassemblements et hommages du même type et  de même configuration que celui du 20 avril 2017.

Une première cérémonie-hommage à H-J PREBOST avait eu lieu,  le 20 avril 2015 (3), à l’initiative aussi des mêmes organisations alors que des manifestations identiques avaient  dans les communes d’origines en hommage à MORANGE et BAUDY.

Extrait des déclarations:

Après avoir salué les participants et les organisations présentes au nom de l’ALAMPR  et la Fédération Nationale des Monuments Pacifistes, Xavier HYVERT pour l’ALAMPR :

 

             «  … Aujourd'hui il est hautement significatif que dans les deux Confédérations ouvrières issues de cette vieille CGT se trouvent des mots communs pour condamner l'acharnement d'une vengeance de classe dans les choix faits par les hauts gradés de faire fusiller tel ou tel poilu. La cause de la réhabilitation est aussi désormais celle du mouvement ouvrier, ce qui n'étonnera que les ignorants, puisque cette cause est une cause humaine. …. … En rendant hommage, à Henry-Jean PREBOST, nous rendons hommage à tous ceux qui, ont dit NON à la guerre et nous poursuivrons notre combat pour le droit de dire NON, aujourd’hui, à l’oppression et aux massacres de la barbarie militariste.

Sophie FERNANDEZ, secrétaire générale de l’Union Locale CGT, représentant également l’Union Départementale CGT :

« Nous sommes réunis ce 20 avril pour rendre hommage à un camarade, Henry-Jean Prébost. Pris dans la tourmente de la 1ère guerre mondiale, son bataillon ayant refusé un ultime assaut, il a été fusillé, avec trois camarades de misère, le soldat François Fontanaud, le caporal Antoine Morange et le soldat Félix Baudy, le 20 avril 1915. Pour l’exemple. …

Et si François Fontanaud fut tiré au sort, les deux autres, comme Henry-jean Prébost, ont été désignés par leurs supérieurs du fait de leur appartenance à la CGT. … Parce que la CGT s’oppose farouchement à la guerre, à la misère, à l’exploitation des femmes et des hommes, les partisans de la haine, les exploiteurs, cherchent par tous les moyens à détruire ceux qui chérissent ses idéaux.

Le sacrifice de ces militants résonne particulièrement aujourd’hui, un siècle plus tard. Alors que les armes, en Syrie, en Afghanistan, en Palestine, au Congo, … partout ont encore la parole.

Le Droit à la Paix, à la Sécurité est depuis toujours une revendication prégnante de la CGT. C’est un droit premier, en quelque sorte, pour tout être humain. Et cela doit constituer une obligation fondamentale pour les états. Une paix durable est la condition préalable à l’exercice de tous les droits et devoirs des femmes et des hommes.

Ce sont toujours les travailleurs, quelques soient leurs origines, qui sont les premières victimes des guerres et des situations de pauvreté qu’elles engendrent. Il y a cent ans, comme aujourd’hui, elles jettent sur les routes des milliers d’exilés. Et notre responsabilité, puisque nous n’avons pas réussi à éviter les guerres, est, à minima de ne pas les prolonger en opposant les pauvres à d’autres pauvres, les travailleurs à d’autres travailleurs. … Si nous sommes ici, c’est évidemment en mémoire à Henry-Jean Prébost, mais aussi, à tous ses frères. Frères de peur au fond des tranchées, Frères de sang, qui attendent une réhabilitation qui tarde tant.

Et au-delà, encore, si nous sommes ici, c’est pour rappeler notre opposition farouche à toute sorte de conflit armé.

Jacques Prévert a résumé tout cela ...: Quelle connerie, la guerre ! »

Déclaration de Salah FERKOUNE, représentant l’UD CGT-Force Ouvrière :

« Mesdames, Messieurs,

Cher (es) camarades,  chers(es) amis(es),

Je charge Salah FERKOUNE, membre du bureau de l’Union Départementale FO de me représenter lors de cet hommage à Henry-Jean PREBOST.

Comme nous l’avions fait en 2015, nous réaffirmons par ce dépôt de gerbe qui se place dans le cadre du devoir de mémoire envers le militant syndicaliste, fusillé comme l’ont été d’autres … pour l’exemple …, que ces actes ont relevé de l’ignominie et de l’injustice.

Oui, maudite a été cette guerre, comme sont maudites toutes les guerres qui ne conduisent qu’à des barbaries et tueries d’Humains par d’autres Humains !!!

En l’espèce, cette demande de réhabilitation de militants syndicalistes s’inscrit dans le prolongement de la demande globale de 634 soldats fusillés pour l’exemple au motif du refus d’accomplir un ordre injuste.

Ce qui a été qualifié de « désobéissance militaire » n’était au final que le choix par des hommes libres de n’être ni de la « chair à canon », ni des instruments de tueries…

En ce sens, dans ce refus de la soumission à des ordres  arbitraires et tyranniques, ces Hommes ont été syndicalistes dans leur comportement…et rebelles en acte. Ainsi, l’Union Départementale FO rend hommage en particulier à Henri-Jean PREBOST.

Le Secrétaire Général, Pascal LAGRUE »

La déclaration de Colette GRANGE, représentant la Section de Villeurbanne-Est lyonnais de la Ligue des Droits de l’Homme ne nous est pas parvenue au moment de l’édition de l’An II

Déclaration de Myriam CAMUSSO,

représentant l’Union Locale CGT-Force Ouvrière de Villeurbanne :

« Chers Camarades,  j'interviens ici au nom de l'Union locale Force Ouvrière de Villeurbanne. … .Si le combat militant a permis la réhabilitation d'Henri Prébost et de ses camarades en 1934, la réhabilitation est toujours refusée aux 639 autres Fusillés pour l'exemple. C’est pourquoi en ce 20 avril 2017 il est nécessaire de rappeler notre exigence de la réhabilitation collective de tous les Fusillés pour l'exemple.

Il est clair que la désignation, aux côtés de Fontanaud, de Prébost, Morange et Baudy est liée à leur appartenance à la vieille CGT, puisqu'ils étaient membres du Syndicat CGT des Maçons.

C’est pourquoi, pour nous militants syndicalistes, quel meilleur hommage pouvons-nous rendre à Henri Prébost et à ses camarades que de poursuivre leur combat militant. Poursuivre le combat pied à pied, sans faiblir, pour la défense des revendications, pour la défense des droits ouvriers. Ce combat a été mené, dans la précédente période par les syndicats qui ont décidé de ne pas accompagner les contre réformes du gouvernement, de ne pas signer les accords scélérats. Il a été mené dans l'Unité et a continué de s'exprimer récemment encore, sans trêve électorale, dans les grèves et manifestations du 7 mars dernier. Il importe que ce combat se poursuive avec détermination, quel que soit ce que l'actualité nous réservera, pour ne rien lâcher, pour exiger l'abrogation de la loi Travail, de la loi Touraine et de toutes les autres lois anti-ouvrières! C'est ce que nous réaffirmerons le 1er mai prochain.… Je vous remercie. »

Déclaration de Pierre GIROD, représentant la Fédération du Rhône de la Libre Pensée

                   « … Prébost et Baudy étaient des syndicalistes conscients de leurs actes, à l’avant-garde de leur classe sociale. C’est bien ce qu’on leur reproche. Ils étaient même fichés sur le fameux carnet B créé en 1909 pour, entre autres, recenser « les Français dont les attitudes et les agissements pouvaient être de nature à troubler l’ordre et à entraver le bon fonctionnement des services de mobilisation ». Méfiez-vous des fichiers.

Nous sommes le 20 avril, jour anniversaire de l’exécution des fusillés de Flirey. Mais nous sommes aussi en 2017, année anniversaire des mutineries. J’en profite pour vous dire que la Libre Pensée organise un colloque les 18 et 19 novembre prochains, dans les locaux du CHRD, sur le thème : « Pétain 1917-1940 : quelle continuité ? » auquel vous êtes tous conviés. Nous en reparlerons.

Un dernier mot sur le discours de François Hollande la semaine dernière à Cerny-en-Laonnais, où il commémorait l’anniversaire des mutineries (qui vit une nouvelle vague de condamnations pour l’exemple).

« Il ne s’agit pas de juger » a-t-il déclaré, renvoyant dos à dos les fusillés et les fusilleurs, comme il l’avait déjà au Musée des Invalides, où bourreaux et victimes sont associés dans une même « mémoire collective ». Mais la mémoire collective, ils ne l’ont jamais quittée ! et ce n’est pas pour cette prétendue « mémoire » que nous sommes là, mais pour demander justice, contre tous les fusilleurs, pour demander la réhabilitation collective qui a valeur politique de condamnation de la guerre. »

« Guerre à la guerre ! », le vieux slogan pacifiste reste d’actualité ! »

pacifisme : la chanson de craonne

1917, quand la chanson de Lorette devient la chanson de Craonne

    Le livre de Guy Marival, « La chanson de Craonne » (Éditions Regain de lecture, 2014) est le résultat d'une enquête menée pendant de longues années sur l'origine et le devenir de cette complainte célèbre en 1914-18.

   C'est une des chansons les plus connues des soldats, qui circula sur le front, dans les tranchées pendant toute la guerre. C'est une grande leçon d'histoire : étouffée par les media, traquée par la censure, elle vit et revit sans cesse de sa propre vie indépendamment de son auteur que l'on ne connaitra sans doute jamais, mort probablement dans ce gigantesque massacre. Elle fut pourtant   peu diffusée encore après la guerre, connue surtout par les combattants qui l'avaient entendu et ont voulu témoigner de ce qu'avait été vraiment la souffrance des poilus.

   On a retrouvé les premières traces dans des carnets de chansons de soldats datant de 1915. Elle est citée dans l'ouvrage de Raymond Lefebvre écrit en 1917, relatant ses souvenirs de 1916, sous le titre de chanson de Lorette. (Cet ouvrage La guerre des soldats, composé de récits-souvenirs tantôt de Lefèbvre, tantôt de Vaillant-Couturier, ne pourra sortir en raison de la censure qu'en 1919). On la retrouve dans les carnets, ou les lettres de soldats, titrée Le plateau, chanson de Lorette ou de Verdun, et en 1917 chanson de Craonne.    Elle figure dans le livre d'Henri Poulaille, Le pain de soldat, Louis Barthas en parle dans Les carnets de guerre.

   Composé sur l'air d'une chanson d'amour tendre et un peu nostalgique, très connue avant guerre, elle frôle ses paroles et les retourne de la nostalgie à la plainte contenue douloureuse. « Bonsoir m'amour, bonsoir ma mie » est devenue « Adieu la vie, Adieu l'amour, Adieu toutes les femmes ».

   Dans le souvenir que rapporte Raymond Lefebvre, elle apparaît un soir de pause de retour de tranchée, chantée par un poilu :

-Pierrot chante-nous la chanson de Lorette

-Tu peux y aller, y a que des copains

   Et tout à coup silence et regroupement, recueillement aussi, pour écouter.

   Raymond Lefebvre donne bien la raison de la force de la chanson : « Je sais que tous ceux du front, même s'ils ne la connaissaient pas, en seront touchés, et qu'ils y retrouveront le serrement de cœur de l'heure lugubre du départ des relèves, à la tombée du soir, dans les villes incendiées, les longues files d'hommes énervés, s'encombrant, des éternités, dans les boyaux où l'on s'enfonce... sur la route, une cuisine roulante tinte comme une voiture de laitier, tout autour claquent des rafales d'artillerie. Ils retrouveront l'étrange sentiment d'épouvante enfantine des solitudes suspectes quand on avance dans le grand désert blanc, l'herbe grise hérisse par touffes une terre chauve. Les oiseaux nocturnes aux repas immondes, les rats insolents dont on comprends trop bien ce qu'ils mangent pour être si gras, regardent passer les hommes. Et on guette filer, dans le ciel obscurci , la trace rouge de corps rapides qui sifflent, clairs ou graves, dans un fracas qui se martèle en des repaires proches insoupçonnables. Terre enchantée déserte et trépidante, illuminée de fusées blanches, vertes et rouges pour quelque fête cruelle . L'homme qu'on mène est là triste et passif . Il lui faut le tord-boyau versé à pleins bords les jours d'attaque, pour en faire une brute. »

   On en trouve de nombreuses versions puisqu'elle circulait oralement, et l'année 1917, année de la révolution russe, de l'offensive Nivelle, de la boucherie du plateau de Craonne, des grèves et des mutineries, elle prend son titre définitif, témoin du passage de la tristesse poignante à la révolte de moins en moins contenue.

   Raymond Lefèbvre, fondateur de l'ARAC avec Barbusse et Vaillant-Couturier, participera au 2ème congrès de l'Internationale communiste en 1920. Pour s'y rendre le périple était long, difficile et dangereux. Avec deux autres jeunes ouvriers militants CGT, Lepetit et Vergeat, il revint par le nord. Leur embarcation fit naufrage. Ils disparurent en mer. Par la suite cette chanson resta populaire dans le mouvement ouvrier, bien que toujours refoulé dans l'ombre par l’establishment artistique et le politiquement correct. L'auteur du livre n'explique pas pourquoi elle connut une nouvelle éclipse après 1935 ; Mais avec l'alignement du PCF sur la défense nationale, à partir de 1935, (accords Staline-Laval), elle fut à nouveau obligée de prendre les sentiers camouflés. Elle ne disparut pas cependant et chaque période de combat du mouvement ouvrier contre la guerre et l'exploitation la vit réapparaître. Après 1968 elle fut reprise par de nombreux chanteurs. Dans la dernière période un enregistrement par Maxime Leforestier a fait sauter le dernier paragraphe, et justement c'est cette version tronquée que l'on fait chanter lors de commémorations.

  Il en est ainsi des œuvres d'art, elles vivent leur vie indépendamment des artistes qui les ont créés et même parfois malgré leurs auteurs.

 La plus ancienne version recueillie : septembre 1915, dans un carnet du soldat Louis Rousseau :

On voit que dès ce moment-là, elle a sa version quasi définitive, en effet les variantes qu'on trouve sont minimes. D'abord les lieux, Lorette, Verdun, Craonne, ce sont à chaque fois les lieux associés au dernier grand massacre. Au lieu de « c'est bien fini et pour toujours de cette vie infâme » dans le refrain c'est désormais : « c'est bien fini, et pour toujours de cette guerre infâme ». Parfois un mot change pour mieux rimer ou parce qu'il a été mal retenu à l'oral.    Dans son récit de 1917, Raymond Lefebvre ne mentionne pas le dernier refrain. La censure militaire ne permet pas de publier un livre qui donne un témoignage qui n'est pas patriotard.

Il ne pourra sortir d'ailleurs qu'en 1919. En 1917

lorsque déferlent les mutineries, le massacre le plus récent c'est Craonne. Pendant l'offensive de Nivelle, ce plateau symbolise le mépris des généraux pour la vie de leurs soldats, l'horreur inutile, le sentiment d'être sacrifiés pour rien. La chanson devient tellement populaire qu'elle se trouve copiée dans de très nombreux courriers, cahiers, et même publié par un journal du Nord de la France sous contrôle allemand, sans doute pour montrer que le moral est bas dans l'armée française. Les allemands savent bien que des mutineries ont lieu, et s'ils n'en profitent pas c'est parce qu'ils sont confrontés au même problème chez eux, avec en plus, coté front est, la contagion des fraternisations qui se multiplient car les soldats russes n'obéissent plus à leurs officiers.            Christian Coudène