AN II DECEMBRE 2016

GENTIOUX (Creuse), LE 11 NOVEMBRE 2016 AVEC LA FEDERATION NATIONALE DE LA LIBRE PENSEE NOUS AVONS DIT: GUERRE A LA GUERRE, REHABILITATION COLLECTIVE DES 639 FUSILLES POUR L’EXEMPLE

 

Nous étions près d’un millier de pacifistes, devant l’émouvant écolier, en blouse, levant le point, du monument aux mort s pacifiste  de Gentioux, à l’appel de la Fédération Nationale de la Libre Pensée et avec les organisations qui partagent notre combat pour exiger la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Guerre 1914-1918.

1916: point culminant dans la barbarie de la première guerre mondiale. 1916 : c’est l’année de l’interminable bataille de Verdun. 1916 : C’est l’année de l’horrible bataille de la Somme. « Deux taches sanglantes sur

l’histoire du monde », comme l’écrit J.S. Pierre dans son éditorial du numéro 615 de la Raison. 1916: 136  fusillés pour l’exemple; plus de 18% du total des  fusillés pour désobéissance militaire de la guerre 1914-1918, dénombrés dans l’étude du Général BACH.

Nous étions à Gentioux pour nous rappeler aux bons souvenirs de ceux qui se sont reniés et qui refusent d’aller jusqu’au bout du chemin de justice que l’honneur commande à la République.

Nous étions à Gentioux pour dénoncer la barbarie et la sauvagerie de la guerre.

 

Nous étions à Gentioux pour exprimer notre opposition aux ‘’opérations extérieures’’, et manifester notre sentiment de révolte face au traitement honteux infligé aux réfugiés venant de territoires où sévissent les guerres dont les grandes puissances sont responsables. Ces guerres, qui sous les bombes des armées Syriennes et russes et celles de la coalition dirigée par les Etats-Unis et à à laquelle participe la France ont fait plusieurs centaines de milliers de mort. C’est le droit de dire NON à l’horreur que la Libre Pensée, et tous ceux qui combattent avec elles, veulent voir reconnu par l’acte solennel et symbolique de réhabilitation collective des 639 Fusillés pour l’exemple.

 

Et parce qu’un mouvement profond vient de tout le pays : 31 Conseils généraux, 6 Conseil régionaux, 2000 Communes, 75% des citoyens, (selon un sondage réalisé pour le compte de l’Humanité) sont pour la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple, à l’initiative de  la Libre Pensée:

Nous érigerons sur la ligne de front un monument qui rendra HOMMAGE, honneur et justice aux 639 fusillés pour l’exemple de 1914- 1918.

La République réhabilitera les fusillés ! Nous sommes aussi la République !

 

  80 pacifistes se sont réunis le samedi 12 novembre 2016, à 15 heures, devant le monument aux morts de Lyon, sur l’Ile du Souvenir, au Parc de la Tête d’Or,

à l’appel de :

  • - L’Union Départementale C.G.T du Rhône
  • - L’Union Départementale CGT-Force Ouvrière du Rhône,
  • - L’Institut d’Histoire Sociale de la CGT du Rhône,
  • - Le Comité du Rhône de l’Association Républicaine des Anciens Combattants  (ARAC)
  • - La fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH),
  • - Le Cercle Edouard Herriot,
  • - Le Mouvement de la Paix,
  • - Le Poing Commun,
  • - La Fédération du Rhône de la Libre Pensée (FRLP),
  • - Et L’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône (ALAMPR),

Ce rassemblement est le 23ème d’une succession ininterrompue. Le 8 mai 1994, à l’appel de l’Association Laïque des Amis des monuments Pacifistes de Dardilly et Villié-Morgon, (fondée en juin de la même année, avec le parrainage de la Libre Pensée et devenue en 2011, l’Association Laïque des Amis de Monuments pacifistes du Rhône) initie un premier rassemblement devant le monument aux morts pacifiste de Villié-Morgon. Une tradition, donc, qui puise ses racines dans le combat initié en 1916 et 1917, lorsque des voies s’élèveront notamment pour dénoncer les exécutions. Celles des députés internationalistes, Pierre Brizon, Blanc et Raffin-Dugens, tous trois membres de la Libre Pensée, qui voteront contre les crédits de guerre pour  que s’arrête la boucherie de millions d’hommes et réclameront l’arrêt des exécutions de soldats. Car malgré la censure et la répression, la présence permanente des troupes de gendarmerie pour que l’ordre règne dans les tranchées, la nouvelle arrive à l’arrière: on tue des soldats français sur ordre de l’État-major! Une tradition qui puise ses racines dans le combat des associations telles l’ARAC  (fondée en 1917), la LDH, des syndicats, qui avant 1935 ont obtenu la réhabilitation d’une quarantaine de fusillés. Cette tradition nous conduit à dénoncer les guerres qui, aujourd’hui, sous les bombes des armées américaines, russes, françaises syriennes … font  des centaines de milliers de morts et poussent des millions de gens à fuir les bombardements et la misère.

En 1914-15-16-17 : ils ont dit non à la boucherie : ils ont été fusillés pour l’exemple ! Pour que justice soit rendue à ces soldats fusillés pour désobéissance militaire, tous doivent être réhabilités.

Réhabilitation collective des 639 fusillés pour l’exemple !

Non à la guerre ! Non à toutes les guerres ! Quelle barbarie la guerre !

C’est avec ces mêmes mots que tous les orateurs ont conclu leur intervention et ont été applaudis chaleureusement par les participants. Une gerbe commune et une gerbe de la Ligue des Droits de l’Homme ont été déposées devant l’immense cénotaphe. Une minute de silence a été observée en mémoire des millions de sacrifiés dans la boucherie de 1914-1918 et en l’honneur des 639 fusillés pour l’exemple. La chanson de Craonne, pour finir a été entonnée avec enthousiasme par les participants jusqu’au refrain final et 120 euros sont venus s’ajouter au soutien déjà collecté pour l’érection du monument en l’honneur des fusillés pour l’exemple sur la ligne de front:

 Libres propos, libres pensées

Du rôle de l'armée dans la Nation républicaine : défense n'est pas bellicisme

Les Allemands étaient chez moi,

On m'a dit "Résigne-toi",
Mais je n'ai pas pu,
Et j'ai repris mon arme.

          Complainte du partisan (Londres - 1943)

Lors du dernier Congrès de la Libre Pensée du Rhône, une discussion intéressante et animée a eu lieu quant à la pertinence d'une armée de conscription. Cette idée ne peut pas être dissociée de la  conception républicaine de la Nation, que l'on cherche actuellement à dissoudre dans le patchwork loupé de l'UE et dans la globalisation néolibérale.

La Nation étant bien sûr vue au sens civique et non au sens ethnique (raciste) ou nationaliste (chauviniste) qui n'en sont que les perversions. Et l'individu n'étant pas qu'un consommateur taxé mais aussi un citoyen avec des droits et des devoirs.

Si l'on se pose la question de l'utilité de l'armée dans une nation démocratique, on doit alors aussi se poser la même question à propos de la police, de la justice et de toutes les institutions régaliennes.

 Car il ne suffit pas de crier très fort "Non à la guerre ! " pour que celle-ci ne se présente jamais à nos portes, surtout en cette époque instable.

Et si nécessité est, a-t-on besoin de citoyens déjà préparés à prendre la défense de leurs concitoyens ou bien des mercenaires soldés pour cela feront-ils l'affaire ? Ou improvise-t-on dans la panique ?

 A-t-on besoin d'une armée ou pas ?

L'actualité nous enseigne que dans ce monde très dangereux tout pays désarmé est soit vulnérable,  soit asservi et la réponse est oui. A partir de cette réponse la deuxième question est : qu'en fait-on ?

On peut utiliser la police pour réprimer le peuple, la justice pour le mater et l'armée pour agresser d'autres nations plus faibles. Ce n'est évidemment pas leur destination, ni notre conception.

La police doit servir à protéger les gens, la justice arbitrer les litiges et juger les infractions aux lois votées, l'armée à défendre le territoire national.

Et les membres et dirigeants de ces institutions doivent être des Républicains, Démocrates et Laïques, issus de la population qu'ils protègent.

Si la police et la justice ne peuvent être confiées qu'à des gens longuement et spécialement formés pour cela, l'armée peut avoir une toute autre fonction : en dehors des tâches qui ne peuvent être tenues que par des professionnels et des techniciens, elle a une fonction de creuset social : n'oublions jamais que le système de conscription a été instauré par la Révolution française dans une période de grand danger pour la nation et que dans certains pays (dont le nôtre en 1997) elle a été supprimée parce qu'elle est a été jugée moins malléable ou corvéable qu'une armée intégrale de soldats engagés et salariés : la guerre du Viet Nam s'est terminée grâce à l'opposition très violente de la population américaine qui refusait de continuer à y envoyer ses enfants tuer et mourir et le putsch des généraux d'Alger en 1961 s'est heurté au refus des appelés du contingent d'y participer et l'ont fait échouer. La suspension de la conscription n'a donc été qu'un retour à l'armée mercenaire de l'ancien régime, mise au service des objectifs de l'oligarchie régnante. Et avant les Sociétés Militaires Privées (SMP) cotées en bourse, chères aux anglo-saxons ?

L'armée de conscription a aussi un fort potentiel d'utilité initiatique et citoyenne, primordial pour la cohésion sociale : elle permet un  brassage social et culturel que n'offrira jamais le système éducatif.

La plupart des jeunes sont enseignés dans leur quartier ou dans des écoles sélectionnées par leurs parents et sont rarement immergés pendant un temps significatif et sur un pied d'égalité complète avec des jeunes d'autres milieux, d'autres cultures, religions, métiers ou horizons intellectuels : cela ne fait que favoriser la division communautariste.

En dehors d'une formation de base aux armes, certains ont pu y pratiquer leur métier tout frais appris ou servir à la protection civile et s'il est vrai que la contrainte, le sentiment d'inutilité, la bêtise de certains gradés ou officiers et la routine y sont ressentis comme rebutants, la plupart n'en ont pas gardé le souvenir d'une période atroce.

Pour beaucoup de ceux qui l'ont fait, le service militaire a été dans leur vie leur seule et unique occasion de quitter leur quartier ou village, de voyager un peu et de se confronter et d'échanger leurs points de vue avec d'autres jeunes de milieux sociaux, d'études et de formations différents en leur permettant de mieux se comprendre et se respecter.

Beaucoup qui venaient de milieux familiaux où ces notions sont affaiblies ou absentes y ont appris la nécessité humaine et sociale d'organisation, de ponctualité ou de simple propreté corporelle ainsi que le goût de l'effort individuel et collectif, de la vraie camaraderie et d'une solidarité s'exerçant même parfois aux dépens de la hiérarchie.

Le débat mérite donc d'être ouvert, à condition de s'assurer que cela soit bien au bénéfice de la paix et non au service des guerres de  l'oligarchie.       RJ